Après trois ans d’incessants combats, la Guerre des Clones est sur le point de toucher à sa fin. Une franche hostilité oppose désormais le Chancelier Suprême Palpatine au Conseil Jedi, mais quand ce dernier se fait capturer par l’armée Séparatiste lors de l’attaque de Coruscant, c’est Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker qui sont appelés pour aller à sa rescousse. L’Élu et son ancien Maître sont devenus les héros de la République. Plus que des amis, les deux frères sont sur le point de mettre un terme à la guerre mais ils ignorent qu’ils sont les acteurs du dernier acte d’une tragédie à l'échelle galactique. Séduits par les sombres enseignements de Palpatine, Anakin est sur le point de faire des choix qui détermineront non seulement son destin, mais aussi celui de la galaxie.
La novélisation du dernier Star Wars a été confiée à Matthew Stover, déjà auteur au sein de l’Univers Etendu de Point de Rupture et Le Traître. Stover s’est construit auprès des lecteurs, fans de Star Wars ou non, une réputation d’auteur musclé au style peu conventionnel. Globalement, ses deux premiers romans lui ont valu les faveurs des fans de Star Wars et il était intéressant de le voir mettre son style personnel au service d’une histoire extrêmement cadrée.
Par rapport aux précédentes novélisations de la prélogie, Stover nous propose quelque chose de très peu linéaire, très peu similaire à la narration du film. Il reprend bien évidemment les principaux points de passages, les scènes et les moments incontournables de l’histoire, mais à partir de cette base il distord allègrement la narration, accélère ou ralenti dans sa narration. Cette écriture créé un effet très théâtral dans la manière dont l’histoire se déroule qui donne au lecteur un très fort sentiment de tragédie. Stover nous donne l’impression page après page, comme il le dit lui-même parfois dans le roman, que c’est la fin d’une époque, que des évènements grandioses et un peu cataclysmiques, sont en train de se dérouler sous nos yeux.
C’est là le point fort du roman. L’auteur ponctue les chapitres de passages descriptifs, où les personnages sont présentés et étudiés, qui marquent un temps mort dans le déroulement de l’action et obligé le lecteur à prendre du recul sur les évènements au beau milieu de sa lecture et à obtenir une certaine perspective. Cette méthode permet de mettre en valeur les personnages et leurs actions (Obi-Wan et le piège à Jedi pour ne citer que les plus marquants) sans jamais nuire au dynamisme de l’histoire. Ces ralentissements ne suscitent pas d’ennui chez les lecteurs, au contraire les scènes d’action restent bien haletante avec des partis-pris dans la narration (un des points forts de Stover) qui permettent de contourner le manque visuel par rapport au cinéma. Malheureusement, force est de constater que les quelques points faibles du roman correspondent à des moments faibles similaires au sein du film.
Au final, l’essentiel de l’histoire ne change pas, ce qui signifie que les faiblesses structurelles de l’Episode III ne sont pas, et ne pouvaient pas être, corrigées. Au mieux, Stover a rendu les passages plus agréables à suivre. Les changements majeurs portent donc sur la manière de raconter cette histoire et ils apparaissent avec le recul indispensables, à la fois à cause de certaines faiblesses d’origines, mais aussi pour ce qu’ils apportent intrinsèquement. Pour le reste, on a le droit à une bonne caractérisation même si on aurait aimé voir certains personnages beaucoup plus fouillés (Anakin et Sidious) ou plus utilisés (Padmé qui ne parvient pas à sortir de la nasse dans laquelle elle est dans le film). En tout état de cause, une lecture indispensable qui permettra de porter un regard différent sur la conclusion de la prélogie, avec un sentiment de tragédie poussé comme il aurait du l’être dès le départ, le complément parfait à la réussite graphique qu’est le film (faute de disposer d’une réalisation irréprochable).