Cade Skywalker a fait de bien mauvaises choses dans sa vie, mais probablement rien de pire que de livrer un Jedi capturé – Maître Hosk – aux Sith. Maintenant, il est de retour sur Coruscant pour faire face à ses pêchés, et avec un peu de chance, délivrer Hosk. Mais ce dernier n'est pas le seul que Cade a croisé, et une rencontre hasardeuse avec un couple de vieux amis pourrait l'envoyer dans une nouvelle direction.
Scénario
Seconde grande aventure de la série Legacy, Claws était très attendu. Après une série de courtes aventures mettant en scène personnages principaux ou secondaires, la série est parvenue à installer son univers et ses différentes composantes. On a vu les différentes factions à l’oeuvre, leurs tentatives d’alliance ou de trahison, et les figures de proue de chaque camp. On a vu aussi un personnage clé apparaître de manière totalement inattendue : Morrigan Corde, la mère de Cade Skywalker.
Claws débute avec un Cade Skywalker décidé à réparer ses fautes et à tenter de venir en aide au Jedi qui a été capturé par sa faute lors d’Anéanti. S’en suit une histoire très classique durant laquelle Cade se retrouve aux mains de Dark Krayt qui tente de le convertir au Côté Obscur et de mettre à profit ses pouvoirs très spéciaux (basiquement, celui de ressusciter les morts). Mais au-delà de ce cadre, comme depuis le début de la série, Ostrander s’attache à mixer habillement les traditions starwarsiennes avec une écriture volontairement incisive et moderne. Les dialogues sont percutants, les personnages (au premier rang desquels on trouve Cade) sont sans concessions, les rebondissements sont permanents et le scénariste ose mettre en danger des personnages importants et laisse même planer un gros doute quant à leur sort à la fin de l’histoire. Pour la partie classique, on a le droit à tout le background de Krayt, sa véritable identité, le rôle de Ben Kenobi et des Vongs dans sa progression vers le Côté Obscur, sans oublier les liens enfin révélés entre les romans Legacy of the Force et notre série de comics. Sans en dire trop, précisons simplement qu’Ostrander a l’intelligence de ne pas axer son histoire sur ces points de continuité (sujets à discussion) mais d’en faire une toile de fond qui s’étend de la Guerre de Clones jusqu’à Legacy en traversant toutes les périodes de l’univers Star Wars et en mettant à profit leur richesse. Alors bien entendu, il y a toujours une large place offerte à l’interprétation et certains fans se braqueront contre la réécriture (la même que dans LOTF) d’un personnage important, l’utilisation de Kenobi et l’évolution de celui qui est devenu Krayt. En l’état, il faut reconnaître que certains passages répondent à des choix un peu faciles, cependant ils ne conditionnent pas le déroulement de l’histoire dans le présent. L’aventure principale et l’évolution de Cade demeurent très self-contained avec la conclusion la plus convenue à ce stade de la série, ce qui n’empêche pas Ostrander d’orchestrer tous les éléments pour que la fin demeure ouverte jusqu’au bout. La conclusion justement est assez renversante. Rien qu’à elle seule, elle peut justifier une relecture de la série.
Dessins
Aux dessins, c’est l’équipe traditionnelle de Legacy avec un niveau de qualité qui ne déçoit pas. Au contraire, j’ai eu l’impression que les dessins (surtout au niveau des personnages) de Duursema sont de plus en plus aboutis, les personnages s’éloignent des stéréotypes du genre, ils sont reconnaissables, pas forcément très beaux, mais ont toujours du style. Et c’est globalement le cas de l’ambiance de la série, toujours très soignée via les décors, les jeux des ombres puisqu’on est souvent dans les bas-fonds de Coruscant, et une colorisation de qualité. D’ailleurs, au-delà de la performance de Duursema qui régale toujours autant, c’est un réel travail d’équipe avec l’encreur et le coloriste qui permettent de créer des variations dans le rendu des dessins d’un panel à l’autre selon l’ambiance que l’on veut donner. Enfin, impossible de passer sous silence les magnifiques couvertures de Travis Charest. Depuis ses prestations sur KOTOR, je trouvais ses illustrations assez timorées, des pin-ups classiques pour lui, montrant des scènes assez froides qui n’embarquent pas toujours le lecteur. Ici, on garde la qualité et en plus on a le droit à beaucoup d’inspiration. Dès la couverture, le lecteur a envie de foncer lire l’intérieur du numéro. Profitez bien de la galerie d’images ;)
Conclusion
En conclusion, ne faisons pas de fausses promesses, les changements sont très limités à l’issue de cette aventure. L’attente suscitée chez les lecteurs est forte depuis les premiers numéros de cette série, et si on ne juge la qualité de l’histoire que sur cet étalon de mesure, alors le succès est relatif. J’aurais tendance à vouloir juger le travail d’Ostrander et Duursema sur la valeur intrinsèque de leurs épisodes et pas sur des « ils auraient pu ». Dans cette optique, force est de constater que c’est une histoire parfaitement maîtrisée et, entre Anéanti et Claws, n’importe quel fan de Star Wars devrait être comblé. De plus, dans le même temps, il y a un vrai souci de sortir des standards, de moderniser le contenu comme le ton. Si les évènements peuvent se résumer en une ou deux phrases, l’approfondissement psychologique des personnages et les interactions développées entre eux sont extrêmement riches. Et dire qu’une partie des personnages de la série n’a pas été impliquée. Vivement la suite !