Cette série met en scène Cade Skywalker, un descendant de Luke Skywalker ! Cade a reçu la formation de chevalier Jedi mais a quitté l'Ordre Jedi. Il a complété sa formation auprès du pirate Rav et vit avec des chasseurs de primes, des vauriens et des pirates. En plus de son statut de Jedi, Cade a aussi abandonné son nom de famille... La série débute par l'attaque du temple Jedi, la trahison d'un Empereur ainsi que la renaissance des Sith.
Attention, les couvertures présentées dans la galeries d’images sont susceptibles de contenir des spoilers majeurs sur l'intrigue
Il est relativement difficile de se livrer à la critique du premier story-arc de Legacy. Alors que fréquemment, on manque sérieusement d’éléments à commenter, cette fois c’est plutôt l’abondance d’évènements qui est compliquée à gérer. John Ostrander et Jan Duursema ont résolu une équation plutôt alambiquée : comment travailler au sein d’un univers existant depuis 30 ans, plutôt bien défini, dans lequel prétendument tout ou presque a été raconté, en s’offrant un départ « neuf » laissant une large place à la créativité.
Scénario
Après plusieurs dizaines de numéros de Republic à son bilan, et surtout la création du premier héros iconique des comics Star Wars, John Ostrander repart de zéro avec pas mal d’interrogations à son égard : saura-t-il se renouveler ? Et si oui, comment va-t-il procéder ? Continuera-t-il dans un style assez sombre, ou au contraire plus space opera ? Avec Broken, il a mis tout le monde d’accord en poussant peut-être encore plus loin son univers et ses nouveaux personnages dans les zones troubles, et les comportements franchement sombres qui sont sa marque. Son héros, Cade, est sans aucun doute encore plus en porte-à-faux avec l’Ordre Jedi que Quinlan Vos, ce qui n’est pas rien. Son destin (bien qu’il reste encore beaucoup de choses à découvrir) n’est pas forcément plus tragique, mais il est très dur et certainement plus violent dans ses conséquences. Et comme il se doit, les actions de Cade sont à l’avenant. Attendez-vous à un anti-héros poussé dans ses derniers retranchements. Autour de ce point focal, ce Skywalker qui comme tout ses ancêtres semble être le point d’équilibre qui fait basculer la galaxie d’un côté ou de l’autre, Ostrander a créé un casting extrêmement touffu, à l’image des forces en présence. Il serait trop long de tous les passer en revue, alors disons simplement que les personnages sont une alternance intelligente entre archétypes (il en faut) et subtilité. Les rebondissements sont multiples au cours de cette première aventure, et certains personnages cachent bien leur jeu dans le numéro introductif (Legacy #0).
Enfin, l’intrigue a le droit à son lot d’éloges. Elle concentrait mes principales inquiétudes. Selon moi, le travail de définition des personnages, des différentes puissances en action, était avant même la lecture du premier numéro une réussite. Il était la garantie d’un climat et d’une galaxie extrêmement partagés, tiraillés entre les différentes factions, et propices à de très bonnes aventures. Néanmoins, il fallait mettre tout cela en mouvement au sein d’aventures originales, en gros s’extirper des clichés, ce qui me semblait particulièrement ardu. Ce premier story-arc répond définitivement à mes attentes : le rythme est très bien géré, le suspense est au rendez-vous, les situations dramatiques s’enchaînent avec des passages beaucoup plus orientés sur l’action. Comme on l’a déjà vu, les rebondissements sont au rendez-vous et pour faire monter encore un peu plus la tension, Ostrander nous sert quelques cliffhangers bien sentis en fin de numéros.
Dessins
Jan Duursema, Dan Parsons, Brad Anderson. L’équipe qui a fait le succès de Republic continue de nous offrir du grand spectacle. Il n’y a pas réellement de changement fondamental par rapport à ce qu’ils produisaient sur la précédente série. Les artistes poursuivent au même niveau, et c’est un peu ce qui compte. Le style de Duursema est toujours aussi dynamique, agrémenté de décors très réussis à l’occasion et de gros plans sur des personnages hyper expressifs. Grâce à ces petites touches, Duursema évite à sa galerie de personnages d’être victime de stéréotypes excessifs. Finalement, le seul point qui aura soulevé les critiques, ce sont les essais de mélange 2D-3D que la dessinatrice a tentée sur certaines couvertures. Ce genre de tentative me laisse un peu indifférent, ce qui n’est pas le cas de la venue de Adam Hughes qui a réalisé de très bonnes couvertures pour Broken avant de se faire cadenasser par un contrat d’exclusivité chez DC !
Conclusion
Autant, l’annonce de Legacy avait soulevé un vent de révolte parmi les fans-internautes les plus assidus. Aussi prompt à brûler leurs idoles qu’ils l’ont été à les encenser les années précédentes avec Clone Wars, les mois qui ont séparé l’annonce de Dark Horse de la sortie du premier numéro ont vu des réactions plus salées les unes que les autres. Puis le #1 est sorti, et un tsunami de satisfaction a douché ceux qui avaient anticipé un échec cuisant. L’opinion publique (on va l’appeler ainsi) avait réagi de manière épidermique à l’annonce de concepts qu’elle jugeait essorés : Empire, Skywalker, Rébellion, Sith étaient autant de notions inexploitables. Personnellement, j’ai un adage qui veut que le concept, aussi usé soit-il, est toujours susceptible d’abriter les meilleurs développements pour peu que l’auteur aux manettes soit talentueux et bourré d’idées. On le voit constamment dans le petit monde des comics, et une fois encore cela s’est confirmé. Se faisant, Dark Horse a réussi à se créer une figure de proue pour sa ligne de comics Star Wars qu’elle a entièrement relancé l’an dernier. Aujourd’hui, et après 9 numéros sortis, la bonne nouvelle est que Legacy vit bien sans Duursema. La dessinatrice aura bien du mal à assurer plus de 8 numéros par an, il est donc indispensable que tant les artistes fill-in que les scénarios soient à la hauteur afin d’éviter tout décrochage du lectorat, déjà bien mis à mal par les retards à répétition.