La République est devenue un Empire, une dictature gouvernée d’une main de fer par le malfaisant Empereur Palpatine, avec l’appui de son nouveau bras droit : Dark Vador. La galaxie n’a même pas le temps de se relever pour panser les blessures que lui a infligée la Guerre des Clones qu’elle doit à présent être le témoin d’une nouvelle tragédie : l’éradication totale des Chevalier Jedi. Quelques mondes sont néanmoins décidés à résister et à faire front aux bouleversements apportés par l’Ordre Nouveau. L’une des nouvelles tâches du Seigneur Vador est d’éteindre au plus vite ces feux naissants et de n’en faire qu’un tas de cendres fumantes. Une mission susceptible de lui faire prendre conscience de sa véritable puissance et de prouver à tous que sa place de numéro deux n’est en rien usurpée.
J’ai lu Dark Lord un peu par hasard. Ce livre m’inspirait assez peu, craignant que l’auteur enfonce des portes ouvertes avec le personnage de Vador, ou bien brode sur des thèmes classiques type « Vador est un incompris, c’est juste un paumé plus à plaindre qu’autre chose ». Au final, il y a bel et bien de ça, mais il y a aussi plein d’autres éléments développés.
Dark Vador au centre du roman
C’est l’enjeu du livre, et c’est plutôt un pari assez élevé car jusque là le personnage se divisait en deux caricatures : d’un côté le Vador traditionnel, implacable, tyrannique, mass-murderer à ses heures perdues ; de l’autre Anakin qui se réveille dans l’armure pour la première fois et hurle à la fin de l’Episode III dans une scène assez pathétique. Entre les deux : un monde, un monde dont on ne sait rien. Anakin devient-il Vador du jour au lendemain ? A-t-il des doutes, et si oui survivent-ils longtemps ? Le pari est en partie remporté seulement. L’auteur se retrousse les manches, explore la progression psychologique du personnage, n’use pas de facilité. Certaines phases d’introspection d’Anakin-Vador sont même très glauques (un vrai plaisir). Petit à petit Anakin découvre comment remplir au mieux son costume de Dark Lord, il découvre aussi les attraits du Côté Obscur lorsqu’on l’embrasse pleinement - ce qu’il n’avait pas fait jusqu’ici « techniquement ». C’est plutôt bien mené de la part de Luceno et c’est ce que je souhaitais pour ce roman même si la période chronologique trop courte m’empêche d’adhérer complètement. L’occasion n’est pas donnée au lecteur d’apprécier Vador à la tête des troupes impériales au-delà de ses premières « sorties ». Son évolution dans le roman se fait par le biais de la chasse aux Jedi et les interactions avec d’autres personnages que les clones sont quasi inexistantes.
Les autres personnages
Un des prés requis évidents, même lorsque le roman s’appelle Dark Vador, c’est de mettre en scène des personnages incarnant un idéal un peu plus positif. Dans notre cas : les fameux Jedi chassés par Vador. Au demeurant, ils n’ont rien d’exceptionnel et devraient rapidement être oubliés du commun des mortels. L’impression est la même depuis l’Episode III : on nous montre des Jedi qui ne se définissent que par rapport à leur appartenance à l’Ordre. Sans lui, ils apparaissent paumés. A mon sens c’est un paradoxe énorme car les Jedi sont par définition les serviteurs de la Force, non pas d’un Ordre et encore moins de la République. Qu’un Jedi abandonne parce qu’il estime que les Sith sont intouchables, passe dans la clandestinité en attendant que la Force lui indique son heure, et œuvre à sa manière (en surveillant les jumeaux pour Ben ou en menant des combats mineurs pour d’autres), c’est compréhensible. Malheureusement, les auteurs n’apportent pas tous cette subtilité et le concept de « serviteur de la Force » est gentiment jeté aux orties. Dans ce livre comme dans d’autres avant lui, les auteurs mettent en scène des Jedi estimant que leur époque est révolue et passant dans l’ombre sans plus de cérémonie.
Au final, les choix de personnages de Luceno se défendent mais sont beaucoup moins brillants que ceux de Dark Rendez-Vous par exemple. C’est là un autre de mes regrets : que les personnages introduits au gré des romans précédents ne soient pas exploités à nouveau alors que l’on en créé des nouveaux qui répondent des mêmes archétypes tout en étant moins inspirés.
Conclusion
J’ai attaqué ce roman avec un à priori plutôt réservé, craignant que l’auteur enfonce des portes ouvertes concernant le personnage de Vador, ou bien brode sur des thèmes classiques type « Vador est un incompris, c’est juste un paumé plus à plaindre qu’autre chose ». Au final, il y a un peu de cela mais il y a aussi de nombreux apports. On regrettera que le roman n’exploite pas plus les interactions avec les histoires plus visuelles (comics, webstrips) sortis dans la même période. Dans cette logique, j’espère que les romans Coruscant Nights, les comics ou autres séries télés appelés à mettre en scène Vador sauront profiter de l’impulsion donnée par Luceno.