Le règne de l'Empire Galactique s'est étendu jusqu'à la Bordure Extérieure, et la planète de Jelucan, où l'aristocrate Thane Kyrell et la villageoise rurale Ciena Ree lient leur amour au pilotage. S'enrôler ensemble à l'Academie Impériale afin de devenir des pilotes pour le glorieux Empire n'est rien d'autre qu'un rêve pour tous les deux. Mais les rêves de Thane s'évanouissent lorsqu'il s'aperçoit des horribles méthodes utilisées par l'Empire pour maintenir sa poigne de fer.
Amer et déçu, Thane rejoint la bourgeonnante Rébellion, mettant Ciena dans une position impossible : choisir entre sa loyauté pour l'Empire et son amour pour l'homme qu'elle connait depuis l'enfance.
Désormais dans des camps opposés lors de la guerre, ces amis devenus ennemis trouveront-ils un moyen de se réunir, ou bien leur devoir va-t-il les déchirer, eux et la galaxie ?
On va commencer avec un petit constat :
Suivant les centres d’intérêt et les envies de chacun, on perçoit les livres différemment, ici je pense qu’on est au moins tous fans de Star Wars, après, nos goûts divergent. Par exemple, je suis un grand fan du genre horreur donc j’avais adoré les romans de Schreiber et été très critique sur Maul: Lockdown, qui justement ne répondait pas à mes attentes. Mais j’ai d’autres côtés : je suis aussi un romantique dans l’âme qui pense que pour qu’une histoire soit bonne, voire même très bonne, il faut une bonne dose de romance. Or il en est évidement question dans ce livre. Vous me demanderez où je veux en venir ? C’est simple, je suis déjà en train de me justifier pour le fait que j’ai ADORÉ ce roman, mais que de par mon côté un peu fleur bleue, je n’ai sans doute pas été le plus objectif, mais que voulez-vous… je suis un sentimental. Je rajouterai même d’ailleurs que ce roman sera le premier depuis le NOJ que je relirai avec plaisir !
I) Une love story...
Hormis entre Han et Leia, jamais une histoire d’amour n’a été aboutie, approfondie et exploitée entièrement dans l’UE, et même Han et Leia c’est du Legends maintenant...
En effet, Star Wars a rarement rimé avec amour, alors que c’est le fondement même de prélogie. Pourtant, les guerres amènent leur lot de tragédies, il était donc facile d’imaginer une histoire à la Roméo et Juliette dans des camps opposés, enfin pas Roméo et Juliette mais Thane et Ciena ! Qu’est-ce qu’une bonne histoire d’amour ? Il n’y a pas de recette miracle (car encore une fois les goûts et les couleurs...) mais à mon sens il ne faut pas que ce soit trop « facile » (exit le coup de foudre mutuel), qu’elle ait son lot de péripéties, et que ça dure !
Je vous plante le décor : 550 pages et une histoire à raconter sur une période de 16 ans. Deux enfants, amis, issus de deux familles qui se détestent, amis puis concurrents à l’académie, collègues puis amants avant de finir ennemis au sein de deux armées différentes. Mais leur force est que leur devoir passe avant tout, pas celui pour leur cause, mais celui qu’ils ont l’un envers l’autre. C’est beau, c’est bien, mais un peu facile...
Si votre amant vous quitte, vous et l’armée impériale, pour des terroristes qui tuent vos collègues et amis, ne voudriez-vous pas vous venger et le tuer ? L’attraper ou au moins le blesser physiquement ou psychologiquement ? Il y a quand même le potentiel pour un beau combat à mort en chasseur ! Mais non... Cependant, Claudia Gray semble avoir trouvé la parade : l’impériale, celle qui reste, c’est la fille qui se montre finalement comme moi : trop sensible.
Je finis cette partie en disant que pour un roman jeunesse, ce livre est le livre Star Wars le plus osé que j’ai lu, le mot interdit qui commence par un « S » et finit par un « X » est même écrit plusieurs fois !
II)... sur fond de trilogie ...
Comment revisiter l’ensemble de la trilogie et ses batailles épiques des yeux de jeunes recrues, que ce soit dans un camp ou dans l’autre ? C’est simple, Lost Stars !
Tous ces combats que vous avez aimé sont dans ce livre, que ce soit Yavin, Hoth ou Endor, mais ne vous attendez pas à voir l’ensemble du combat. Ce n’est pas ce qui importe, on sait déjà ce qui s’y passe. Non, vous verrez une partie de celui-ci. Par exemple, vous ne verrez que le combat de chasseurs et pas celui des vaisseaux amiraux, ou l’inverse, ou que le combat d’un point de vue impérial (ce qui change !), bref, uniquement le combat vu par nos héros. Là où ça va plus loin, c’est que nos héros ne sont pas très haut gradés, enfin au début, donc ils n’ont pas à connaitre tous les tenants et les aboutissants de chaque bataille que nous, nous connaissons, les faisant se questionner et montrant un regard neuf sur les deux camps. Il est par exemple très intéressant de voir ce que pense un pilote lambda de Luke Skywalker, du Moff Tarkin, ou de l’Etoile Noire !
Autre chose très intéressante sur la bataille d’Endor, c’est qu’avec ce roman on en est à trois points de vue de cette bataille différents grâce aus livres Journey to the Force Awakens, et tous se recoupent. J’ai vérifié dans Shattered Empire, il y a bien une allusion à l’escadron de notre héros, de même dans ce roman il a des allusions à Shattered Empire et à Aftermath au sujet de cette bataille. Tout est connecté et c’est très bien comme ça ! On retrouve aussi des allusions à pleins d’autres œuvres, que ce soit des livres JttFA, Rebels, TCW et même de petits détails des films.
III)... mais pas que !
On va plus loin que les films en montrant ce qui se passe, avant, pendant, entre et après ! Vous découvrirez encore une fois comment fonctionne la grande machinerie impériale, en en apprenant encore plus qu’avec Tarkin (le roman) notamment sur l’académie et son fonctionnement. Cependant, comme ficelle scénaristique, on notera le fait qu’un officier impérial puisse facilement changer de poste, allant de pilote à stoormtrooper jusqu’à officier de pont avant de revenir à pilote... Alors oui il est important de positionner Ciena au bon endroit au bon moment pour que ses rencontres guidées par le destin, enfin la Force, avec Thane, aient lieu dans les conditions souhaitées ; mais toutes ces rencontres lors des batailles qui se passent ou pas en coulisses des films sont les bienvenues, et comme le dit Thane sur un ton de désespoir « This galaxy isn’t big enough... ».
Un inconvénient par contre, pour toutes ces batailles « coulisses », nos héros, encore une fois, ne connaissent pas les raisons de ces escarmouches, ce qui fait que nous aussi, nous laissant donc dans l’ombre. C’est ainsi que la bataille tant attendue de Jakku, un an après Le Retour du Jedi, est pour ainsi dire passée sous silence et on saura uniquement qui a gagné sans savoir comment et pourquoi. Je vous rassure quand même, au vu de la couverture on voit bien comment le destroyer s’est crashé !
Justement dans cette fin du livre, a lieu la conclusion de l’histoire de nos amants, pour lesquels on s’est demandé comment ça finira, vivront-ils heureux ? Mourront-ils comme les deux amants de Shakespeare dans un acte désespéré ? Et bien je suis déçu car il faudra un autre livre pour qu’on en sache plus (même si la plupart ne nos questions trouvent réponse dans cette fin, qui reste malgré tout trop ouverte). Mais ensuite vient ce qui me semble être l’indice le plus important au sujet de The Force Awakens, ça en dit beaucoup tout en laissant le doute planer... Savons-nous enfin le fin mot de l’histoire ? Peut-être, peut-être pas...
Je termine juste en disant que ce livre n’est absolument pas Lost Stars... mais Love Stars !
- La liste serait trop longue donc on va dire l’ensemble du livre sauf les moins ci-dessous
- La fin des amants pas assez conclusive
- Bataille(s) dont on ne sait pas grand-chose, surtout Jakku
J’ai déjà lu le roman lors de sa première sortie chez Pocket Jeunesse.
Non, ne partez pas tout de suite : je ne m’en souvenais guère. Tout ce dont je me rappelais, c’était du lien entre les deux protagonistes et le concept, donc, de lui au sein de l’Alliance, d’elle au sein de l’Empire. Du coup, j’ai relu ce livre comme on redécouvre un film que l’on avait apprécié mais sans plus cinq ans plus tôt. Et là...
Across the stars (love theme)
Ce qui te marquera, toi lecteur de ce roman, c’est avant tout l’histoire d’amour entre les deux protagonistes. Thane Kyrell et Ciena Ree sont deux créations originales totalement réussies, savamment développées, par petites touches, par des références régulières à leur passé. Ce sont des personnages normaux, mais dans le bon sens, et surtout crédibles. Ce ne sont pas des aspirants Jedi qui se découvrent des talents dans la Force, pas une princesse, pas un Seigneur Noir des Sith. Non, ce sont deux amis, issus d’un trou paumé, qui vont tout faire pour devenir les meilleurs dans leur domaine. Et leur parcours va s’étaler sur une bonne quinzaine d’années, avec évidemment une focalisation sur les dernières années, celles recouvrant les événements de la trilogie originale.
Et très vite, les personnages vont se rendre compte à quel point ils sont amoureux. Mais ce n’est pas une romance à la Han et Leia, faite de piques déguisées, ni non plus une romance à la Anakin et Padmé, un peu trop mièvre à mon goût : c’est là encore une relation réaliste, avec un véritablement développement de leurs sentiments, de leurs colères, de leurs doutes… et ce alors même que les personnages, alors qu’ils s’avouent enfin leurs sentiments, vont se retrouver séparés.
Et là, un parfum de tragédie se dégage petit à petit du roman. Ils ont beau être omniprésents dans les pensées l’un de l’autre, c’est tout sauf niais, tout sauf puéril, mais c’est une véritable relation. Mais lors des rares séquences où ils se retrouvent réunis, c’est une réussite totale. Et bien sûr, le climax est atteint lors de la dernière partie, celle qui illustre la couverture du roman. Bien malin celui qui devinera comment tout cela va finir !
Allez, j’en rajoute une couche : la relation entre Thane et Ciena est sans doute pour moi la meilleure relation amoureuse entre personnages des films, romans et comics Star Wars. Je vous défie de trouver plus beau, plus dramatique, plus humain !
Voyage vers la trilogie originale
Le roman est parfaitement accessible. Vous avez vu la trilogie originale ? Vous vous souvenez de l’Étoile de la Mort, d’une bataille dans la neige et d’une autre Étoile de la Mort ? C’est bon !
Vous serez ravis de retrouver tous les événements marquants de la trilogie originale, et de voir l’impact qu’ils auront sur Thane et Ciena, mais aussi sur les seconds rôles introduits à l’Académie Royale de Coruscant. Mais sans que ce soit envahissant ! Ne vous attendez par exemple pas à voir Thane faire équipe avec Luke, Leia et Han, absents du roman, même s’ils sont mentionnés. De même, Dark Vador ne fera qu’une poignée d’apparitions, mais n’aura quasiment pas de rôle actif. Et ça fait un bien fou de voir des focalisations sur Tarkin, Ozzel ou Piett, par exemple, ou une belle scène avec Mon Mothma. Claudia Gray n’a pas fait dans la facilité, et c’est tant mieux, et il ressort de tout cela une belle manière de montrer les coulisses des événements des films.
A l’inverse, une certaine facilité scénaristique se dégage de tout cela, peut-être : l’omniprésence de Thane et Ciena, surtout elle en fait côté Impérial, dans les événements liés aux films...
Voyage vers Star Wars : Le Réveil de la Force
Parce que le roman s’inscrit dans le Voyage vers le Réveil de la Force, il fallait bien des liens avec le futur film (à l’époque) ! Ils sont nombreux, et j’avais même loupé certains à l’époque de ma première lecture, c’est dire !
Néanmoins, le lecteur exigeant pourra reprocher un manque de contexte certain lié à la Bataille de Jakku, qui fait irruption dans le roman comme un cheveu sur la soupe sans réelles justifications. Mais comme l’essentiel de cet ultime acte n’implique finalement pas la bataille à proprement parler, disons que ça passe...
Voyage vers… le reste de l’Univers Officiel
Le voilà, le principal hic du roman. Et pour le coup, il n’est pas imputable à Claudia Gray directement.
En effet, à l’époque de sa première publication, le nouvel Univers Officiel était tout récent. Mais aujourd’hui, il est nettement plus développé, et certaines réflexions, remarques ou éléments de contexte ont bien du mal à passer. Il en est ainsi de la discussion entre Thane et Wedge, dont on sait aujourd’hui grâce à la série Rebels qu’il est lui aussi un ancien cadet impérial. Ou bien de la bataille de Jakku, largement développée avec la trilogie Riposte. D’une remarque qui affirme que jamais les Rebelles n’ont réussi à détourner un Destroyer Stellaire, à croire que l’Alliance a oublié un certain Harbinger. Du mépris de certains officiers impériaux sur la flotte rebelle à Yavin, venant de l’équipage du Devastator qui a participé à la bataille de Scarif au cours de Rogue One. Et d’autres encore…
Rien de rédhibitoire et, encore une fois, la faute n’est pas imputable à Claudia Gray. Mais l’amoureux de la continuité tiquera peut-être à quelques reprises à la lecture.
Bilan
Étoiles perdues est un roman absolument merveilleux, qui n’a de roman catégorie « jeunes adultes » que le nom. Si quelques défauts sont présents, notamment a posteriori, la revisite de la trilogie originale et surtout la sublime relation entre Thane et Ciena justifient largement la lecture et en font sans aucun doute LE roman à conseiller aux nouveaux lecteurs. Ce sera peut-être surprenant, la licence ne nous ayant guère habitué à cela, mais ça fonctionne du tonnerre !
Oh, Disney+, un conseil : oubliez vos Mandaloriens dans des planètes désertiques, et faîtes-nous une mini-série adaptant le roman !
NOTE : 95 %