Après l’Ordre 66, peu de Jedi osent s’aventurer hors de leurs cachettes, les rumeurs du sombre Dark Vador hantant chacun de leurs instants. Néanmoins, certains choisissent une autre voie. Un petit nombre d’entre eux se rencontre afin de déterminer ce qu’il est possible de faire contre les Seigneurs Sith. Cependant, l’Empire est partout et Vador lui-même est impatient de se confronter à n’importe quel Jedi pouvant le conduire à l’homme qui l’a trahi : Obi-Wan Kenobi.
Scénario
Cette histoire est le meilleur one-shot Star Wars depuis bien longtemps. Les 22 pages sont exploitées à fond, que ce soit au niveau de la narration ou des thèmes abordés. Concernant la narration, la recette est relativement simple : une mise en place des personnages et du cadre bien menée, des rebondissements inattendus, une chorégraphie et un déroulement du combat parfaitement menés, et un épilogue savoureux. Bref, une histoire bien maîtrisée, mais c’est surtout au niveau des thèmes de réflexions abordés, et du comportement des personnages qu’ils apportent, qu’Ostrander excelle. Ce numéro condense les différentes positions des Jedi par rapport à la prise de pouvoir des Sith, il résume les travers qui les ont amenés là, mais aussi les qualités inaliénables qui les font d’eux des Jedi et expliquent pourquoi l’Ordre est voué à renaître. A ce titre, la caractérisation de Tsui Choi en fait un personnage remarquable. Le lecteur peut alors balancer tout au long de l’histoire entre les positions pragmatiques des uns et plus philosophiques des autres.
Et impossible de passer sous silence les Sith et Vader. Ostrander prend tout le monde à contre-pied et plutôt que de nous montrer la brute attendue, le combat amène une succession de scènes plus subtiles qui dresse un portrait pathétique de Vader. Certes, il se bat dans le style brutal qu’on lui connaît, mais son orgueil (et le doigté d’Ostrander) le fait passer à deux doigts de la chute et montre à quel point Palpatine ne se positionne pas du tout dans la même logique de démonstration de force, y compris alors qu’il est maintenant seul (sans les Jedi) au pouvoir. Il gagne au contraire sur tous les tableaux : son poulain est toujours rongé par ses erreurs, il progresse mais pas trop vite, et la réputation des Sith est amplifiée contre toute attente.
Dessins
Impossible pour Wheatley d’être aussi brillant qu’Ostrander. Néanmoins, pas un seul instant on ne regrette Duursema, ce qui est une première performance. En comparaison, il est bien au-dessus du niveau affiché dans l’adaptation de l’Episode III. Il est également plus percutant que sur ces derniers Republic, soignant à la fois l’expression des visages (ce à quoi il est habitué) tout en livrant des scènes de combats bien musclées. Rien à dire sur la couverture de Hughes, un véritable délice.
Conclusion
Un one-shot terrible, peut-être la meilleure histoire « individuelle » produite en comic Star Wars. Dès son annonce, elle est apparue comme le pont entre les époques Republic et Dark Times et l’on pouvait regretter que Dark Horse en réserve pas un support plus conséquent à une histoire de cette ampleur. Et pourtant, Ostrander laisse un tel sentiment de maîtrise que le lecteur en perd tous ses regrets. Un seul espoir désormais : que Dark Horse ne déserte pas totalement la période Dark Times face aux embûches éditoriales. Si des histoires au long cours semblent exclues, il reste toujours de la place pour des one-shots ou mini-séries du niveau de Purge.