Leur objectif : détruire un centre de recherche élaborant un nanovirus. Ils sont peu nombreux et faiblement armés, et les choses semblent mal commencer puisque Darman, l’expert en démolition, se voit séparé des siens au moment même de leur arrivée sur la planète. Même sa chance apparente, lorsqu’il rencontre la Padawan Etain Tur-Mukan, semble s’évanouir lorsque cette dernière lui avoue son inexpérience. Pour le clonetrooper et la jeune Jedi, un long et dangereux voyage se profile. Entre des esclavagistes Trandoshans, les Séparatistes et les indigènes locaux, un seul faux pas signifierait leur arrêt de mort. Pour n’importe qui, cette mission serait impossible… excepté pour un Commando de la République…
Oubliez le jeu vidéo, Contact Zero est tout sauf un produit commercial copié/collé de Republic Commando, visant à vendre le livre qui va avec, bla bla bla... Non, vous avez un petit bijou d'originalité entre les mains (mais explosif, faites gaffe, à manier avec précaution). Admirez la magnifique couverture, tournez la page, c'est parti.
Premier Contact
Ce livre est tout simplement le premier à nous donner un aperçu de la « vie » des clones. Le sujet peut sembler aisé (voire ennuyeux) mais là où beaucoup d'auteurs auraient certainement cédé à la facilité, en allant trop loin dans l'humanisation pour forcer sur le pathos ou en en faisant des pures machines de guerre, Karen Traviss prend la tangente et donne une autre dimensions aux hommes de l'ombre. Explication.
L'histoire est brillamment traitée parce qu'accessible par différentes entrées. Le livre peut se lire comme un pur « one shot », où l'on assiste à la première vraie mission d'Oméga, une escouade de commandos de la République (différents des fantassins standards). Composée de quatre soldats clones ayant comme point commun d'être les seuls survivants de leurs anciennes escouades respectives qui ont péri lors du premier déploiement sur Géonosis, l'équipe est remarquablement bien dépeinte. On apprend ainsi à connaître ses hommes au fur et à mesure qu'ils apprennent eux-même à le faire entre eux. Processus narratif intelligent, dupliqué avec le personnage d'Etain, jeune Padawan peu douée, ayant perdu son maître, bombardée général de l'unité clone bien malgré elle. Par son biais, un regard nouveau nous est donné sur les clones : présentés comme des soldats ultra-compétents (Traviss connaît son jargon militaire sur le bout des doigts et le livre fourmille de focus sur leur armement, technologies, techniques...), on réalise très vite que leur conscience du monde qui les entoure et leur âge réel sont extrêmement bas (Etain les perçoit par moments dans la Force comme des enfants), ce qui fait d'eux des personnages complexes, attachants, intrigants,... et explosifs.
Le quotidien des héros
L'ouvrage peut également se lire comme le prologue d'une série plus longue, où le background des clones et leur entraînement sur Kamino est disséminé ça et là au cours du récit. À travers les souvenirs de chacun ou au sein des dialogues, la genèse des clones se dessine peu à peu, et c'est un pur bonheur. On a droit en quelque sorte à l'envers du décor. Là où l'on a pu entrevoir un processus « propre » dans l'Attaque des Clones, Contac Zero nous ramène à la réalité d'une guerre, de ce que doit endurer un soldat, particulièrement quand il a été entraîné à balles réelles dès son enfance. De quoi faire réfléchir donc, sans pour autant nous asséner des propos moralisateurs, l'auteur faisant preuve dans ces passages d'une concision et d'une retenue impeccables, et proposant en contrepoints de l'humour et de l'action comme on voudrait bien souvent en voir dans un bouquin Star Wars.
L'ensemble du roman est ainsi sans cesse sur le fil et parvient à maintenir un parfait équilibre de bout en bout, qu'il s'agisse de l'histoire (action/introspection) ou de la psychologie travaillée des personnages. Traviss l'explique elle-même, son travail sur ses protagonistes est primordial et lui prend beaucoup de temps, elle leur donne le maximum de traits de caractère avant l'écriture ; ils évoluent ainsi « d'eux-même » et les questions sur leurs actions et réactions au moment de la rédaction ne se posent plus pour l'auteur. Au fil des pages, les clones semblent en effet s'animer sous nos yeux, et ne sont jamais spectateur du récit, écueil que l'on trouve bien souvent en littérature, dévoilant l'artificialité d'une histoire.
Niner, Fi, Atin, Darman : quatre garçons plein d'avenir
Comme une mise en bouche, Karen Traviss nous sert une entrée appétissante, mais en a encore sous la pédale pour exploiter tout le potentiel de son cycle. N'hésitez pas à vous immerger dans cette partie de l'Univers Étendu, car comme on le dit maintenant au sein du staff, c'est dans les opus qui suivent que madame Traviss « envoie du gros pâté ».