1. Description
Shadows of the Empire Compositeur : Joel McNeely Année de composition : 1996 Sortie CD : 23 Avril 1996 Label : Varèse Sarabande Référence : VSD-5700 Prix : 20 € Acheter sur Amazon |
2. Contenu (51:22)
- 01. Main Theme From STAR WARS and Leia Nightmare* (3:41)
- 02. The Battle Of Gall (7:59
- 03. Imperial City (8:02) Ecouter
- 04. Beggar's Canyon Chase (2:56) Ecouter
- 05. The Southern Underground (1:48)
- 06. Xizor's Theme (4:35)
- 07. The Seduction Of Princess Leia (3:38)
- 08. Night Skies** (3:43)
- 09. Into The Sewers (2:55)
- 10. The Destruction Of Xizor's Palace (10:44) Ecouter un extrait
* Composé par John Williams
** Inclus The Imperial March & The Force Theme (non credité) par John Williams
3. Critique par Benje Socar
Le milieu des années 90 marque un retour progressif de Star Wars sur le devant de la scène. Après les comics, ce sont les romans qui sont venus illustrer le destin de cette galaxie lointaine, lui conférant une profondeur et une pérennité nouvelle. L’idée d’une deuxième trilogie cinématographique commence à faire son chemin, et avec la ressortie des films originaux en coffret vidéo (ce cher coffret qui m’a fait découvrir les films) l’annonce est officielle. Il s’agit donc, à travers de vastes opérations, de remettre Star Wars sur le devant de la scène. L’année 1996 donne naissance à une entreprise plutôt unique en son genre, et qui demanderait à être renouvelée. Nous pourrions appeler cela l’opération « Ombres de l’Empire ». Une histoire illustrée simultanément à travers plusieurs médias – romans, bandes dessinées, jeu vidéo et, c’est ce qui nous intéresse ici, musique originale – comme pour accompagner la sortie d’un nouveau film. Or ce film n’existe pas.
L’histoire des Ombres de l’Empire se situe chronologiquement entre les Episodes V et VI. On y retrouve tous les personnages de la saga, Luke, Leia, Chewie, Lando, Dark Vador, l’Empereur, les droïdes… dans une aventure qui fait habilement le pont entre les deux épisodes. Tandis que nos héros font tout leur possible pour enlever Han des mains de Boba Fett, ils se trouvent confrontés à la gigantesque organisation criminelle du Soleil Noir. Son chef, le puissant Xizor, cherche à gagner les faveurs de l’Empereur pour devenir son bras droit, évinçant de ce fait Vador. Une rivalité s’installe entre les deux, et c’est dans ce cadre que Xizor décide de mettre la tête de Luke Skywalker à prix pour contrer les recherches de son adversaire. Tous les ingrédients des films sont réunis dans cette histoire, avec infiltration, batailles spatiales et complots. Le roman est bien réussi, et il est très agréable de retrouver Vador. Si la BD est moyenne, le jeu vidéo est plutôt pas mal et se centre sur le personnage secondaire de Dash Rendar, un contrebandier travaillant avec l’Alliance et chargé de protéger Luke ; les cinématiques nous montrent à quoi aurait pu ressembler un film d’animation sur le sujet.
Il avait déjà été question d’illustrer musicalement une nouvelle aventure Star Wars, à propos de la trilogie de Zahn. Mais le projet n’avait pas abouti, la tâche semblant peut-être trop complexe. L’opération Ombres de l’Empire a relancé le sujet jusqu’à lui donner vie. C’est Joel McNeely qui a été choisi pour composer cette bande originale de livre. Il a déjà brillamment collaboré avec Lucasfilm sur la série des Aventures du jeune Indiana Jones, ainsi que sur le film Radioland Murders, et c’est donc tout naturellement qu’il est engagé sur Shadows of the Empire. Le compositeur a les coudées franches, débarrassé des contraintes filmiques. Utilisant les thèmes de John Williams, il n’a pourtant pas cherché à imiter son style, nous offrant ainsi quelque chose de vraiment neuf, et aussi de très impressionnant.
1. Main Title & Leia’s Nightmare
L’album s’ouvre sur l’inévitable Main Title, joué brillamment par le Royal Scottish Orchestra. Nous sommes immédiatement transportés dans l’univers Star Wars. Pourtant, dès la fin du Main Title, quelque chose nous dit que nous avons affaire à une aventure différente. L’orchestre se tait, majestueusement ai-je envie de dire, et une intrigante mélodie est jouée par les cordes et un ensemble de clochettes ; c’est pour moi la traduction musicale de « A long time ago, in a galaxy far, far away… » . Après quoi, le morceau enchaîne sur une reprise de la scène de la congélation de Han Solo dans L’Empire contre-attaque, organisée autour de la Marche Impériale et du thème amoureux. Un bon morceau, qui nous met dans l’ambiance, tout en nous intrigant par les rares notes nouvelles qu’il distille habilement.
2. The Battle of Gall
Shadows of the Empire applique au plus près les règles de la trilogie originale et nous offre donc des combats spatiaux épiques. Deux dominent le roman, et occupent une place importante sur l’album. Le premier d’entre eux est la Bataille de Gall ; Lando a appris grâce au contrebandier Dash Rendar que le Slave I avait été aperçu près de la lune de Gall ; Luke contacte l’Escadron Rogue afin de sauver Han. Mais ce secteur est en fait une base avancée impériale, et l’Escadron, Luke à bord de son Aile-X et Lando dans le Faucon, sont pris en chasse par une centaine de chasseurs TIE et deux destroyers. Pour cette longue piste de huit minutes, Joel McNeely a fait le choix d’une structure typiquement cinématographique, avec un enchaînement de diverses séquences entrecroisées, comme pour un vrai film. L’ensemble commence en douceur avec la reprise du motif qui avait fait la transition entre le Main Title et Carbon Freeze. L’ambiance s’assombrit, et une série de six notes graves, répétée trois fois dans des tons grinçants, nous plonge dans les préparatifs de la bataille. Petit glissement, avec le retour à une ambiance plus calme avec flûtes et cuivres, soutenues par de très légers froissements de tambour. La tension monte avec les cordes, ce qui n’empêche pas le morceau d’enchaîner sur une mélodie plus légère. Une explosion de l’orchestre nous fait rejoindre les feux de la grande bataille, avec une mélodie rapide et tendue qui introduit un thème narquois. Peu à peu, tout l’orchestre est convoqué au fur et à mesure que la situation devient critique. Silence. Une mélodie jouée par les bois semble traduire un apaisement qui n’est qu’illusoire. Très vite, les combats reprennent, redoublant d’intensité. Une marche militaire sous-tend l’affrontement spatial, plus tendu de seconde en seconde. Puis tout s’envole, à grand fracas des cuivres. Les instruments semblent dialoguer entre eux, alternant des passages assourdissants à des solos rapides accompagnant nos héros. Ce que j’avais appelé un « thème narquois » fait son retour annonce la dernière manche du combat, plutôt imposante. Un grand fracas, puis plus rien.
3. Imperial City
Coruscant, siège du palais impérial, n’a jamais été montrée dans la trilogie originale, même si Ralph MacQuarrie avait réalisé de nombreux dessins pour tenter de la visualiser. D’une manière générale, à ce stade de l’Univers Etendu, la capitale est difficile à appréhender, et la vision qu’on s’en fait est légèrement différente de celle qui nous sera donnée dans la nouvelle trilogie. Les cinématiques du jeu vidéo sont les premières images en mouvement de la cité-planète. Joel McNeely est ainsi le premier à lui donner une signature musicale, très différente de celle de Williams. Les fanfares qui sonnent dans ce morceau n’ont pas l’exubérance joyeuse des films, l’atmosphère est plus celle de vieux monuments, d’un passé millénaire, alors que tout semble neuf dans les Episodes I à III. C’est peut-être ici que l’on perçoit le mieux la différence de style entre les deux compositeurs. Si dans la piste précédente, McNeely avait opté pour une écriture très cinématographique, il en va autrement avec cette seconde pièce de huit minutes qui fonctionne d’un seul tenant.
Le morceau commence en douceur, instaurant une atmosphère feutrée, comme la douce contemplation de l’obscurité étoilée de la galaxie, avec au loin le scintillement de Coruscant. Le voyage commence, porté par les bois et des arpèges délicats. Tout est serein dans l’espace. Tout est paisible tandis qu’on s’approche du globe étincelant. Un chœur lointain nous accompagne, toujours plus près, au gré d’une mélodie empreinte de noblesse. Les cuivres, graves, ponctués par de sourds tambours, renforcent cette noblesse antique. Les chœurs reviennent, plus puissants, a cappella, chantant la grandeur de la cité, dialoguant avec les cuivres. Puis ils nous mènent à une véritable explosion de l’orchestre, et le morceau s’emballe, nous faisant voler à travers les rues de la ville pour découvrir ses plus beaux monuments et ses plus belles places. Ce qui se dégage de cette musique est difficile à décrire, tout y évoque une beauté qui a traversé les âges, les cuivres et les voix, dans leur dépouillement, évoquent la grandeur de Coruscant, et sa fierté, même si des passages plus plaintifs semblent déplorer la domination de l’Empereur. En fait, ce n’est pas la capitale de l’Empire en tant que telle qui est à l’honneur, mais la ville elle-même, centre historique et culturel, le « Joyau du Noyau » auquel une fanfare transcendée par l’élément choral élève un monument d’immortalité. Peu à peu, tout s’apaise. Le voyage touche à sa fin. La planète s’éloigne, pour redevenir un point argenté dans l’étendue scintillante de la galaxie.
4. Beggar’s Canyon Chase
Luke est retourné sur Tatooine, pour y guetter la venue de Boba Fett. Logeant dans l’ancienne demeure d’Obi-Wan, il s’est fabriqué un nouveau sabre-laser et profite du calme des lieux pour perfectionner les enseignements de Yoda. Mais sa tête a été mise à prix par le Soleil Noir, et très vite des mercenaires du coin décident de toucher la prime. Ils gagnent la maison de Kenobi en swoops et tendent un piège à Luke. Toutefois, celui-ci réussit à déloger un adversaire de son appareil et une course poursuite s’engage dans les canyons de Tatooine, jusqu’au Canyon du Mendiant que Luke connaît très bien pour y avoir joué si souvent dans son enfance. Nous avons là une scène qui fait immédiatement écho, avec un regard a posteriori, à la course de podracers de l’Episode I. C’est une musique tout aussi enjouée qui illustre cette course poursuite : un rythme enlevé pour un scherzo tendu convoquant tout l’orchestre dans des sonorités acides, comme pour traduire le danger qui menace Luke. Tout ici respire la vitesse et l’aventure. Puis quand le Jedi reprend le contrôle de la situation, le morceau s’éclaire, sans pour autant perdre son allure. Une marche écrasante nous conduit finalement à une petite fanfare victorieuse lorsque Luke, avec l’aide de Dash Rendar, met hors circuit ses derniers attaquants. A nouveau une piste où les styles de Williams et de McNeely se démarquent très nettement.
5. The Southern Underground
Après la frénésie de la course de swoops, une pause s’installe dans le récit musical avec un morceau d’une ambiance toute particulière. Leia et Chewie ont rejoint Coruscant pour rencontrer un membre du Soleil Noir, et ils se trouvent dans un des multiples niveaux souterrains de la ville, le Southern Underground, en comparaison duquel la fréquentation de Mos Eisley est des plus amicales. L’atmosphère qui se dégage de ce morceau est étrange, parcourue par la harpe et les violons. Nous avons presque affaire à un thème se développant en deux temps, le second plus doux que le premier. Si à la première écoute ces deux minutes peuvent paraître insignifiantes par rapport au reste de l’album, elles attirent de plus en plus l’attention au fur et à mesure des nouvelles écoutes.
6. Xizor’s Theme
Le personnage de Xizor est un personnage très intéressant de l’Univers Etendu, complexe et intrigant. Après l’Empereur et Vador, il est le troisième maître de la galaxie grâce à son organisation criminelle, le Soleil Noir. Les siens ont été détruits par des expériences supervisées par Vador, et cela ne fait que renforcer sa haine pour le Seigneur Sith dans sa recherche de pouvoir. S’il désire devenir l’homme de main de l’Empereur, ce n’est que pour mieux succéder à ce vieillard sénile après sa mort. Xizor’s Theme consiste en un voyage dans le palais de Xizor sur Coruscant, de ses geôles jusqu’à sa salle du trône. Le Falleen se veut raffiné et subtilement intelligent, mais ici c’est sa véritable nature de reptile sauvage qui transparaît, une force brute indomptable, assoiffée de pouvoir. Un roulement de timbales introduit une mélodie qui met mal à l’aise, portée par des bruissements de l’orchestre et brisée par des éclats de cuivres. Très vite, un motif vraiment étrange, très reptilien, composé de trois sous-motifs exécutés par les cuivres, jouant sur la tonalité des instruments et s’enchaînant par superposition, casse la ligne mélodique par deux fois, comme pour traduire ce caractère d’individu à sang froid, dangereux et imprévisible, que représente le Prince du Soleil Noir. Le morceau se poursuit, après de petites envolées, sur un passage plus classique, où un chœur feutré nous dévoile enfin le thème de Xizor, un thème beaucoup plus long que ceux de la trilogie originale, mais tout à fait dans le même esprit : il en découle immédiatement que Xizor est quelqu’un de très dangereux, et de très puissant. Après une exposition complète du thème, dans des tonalités qui m’ont toujours fait penser, sans que je sache pourquoi, à certains moments du Roi Lion de Zimmer, le chœur murmure encore de façon presque inaudible quelques notes, lourdes de menaces et de grandeur. L’utilisation de ce passage dans l’une des cinématiques du jeu vidéo est vraiment du plus bel effet. La dernière partie du morceau est peut-être la plus forte, révélant tout la vraie nature de Xizor : des pépiements de l’orchestre et des percussions tribales introduisent la répétition de deux notes graves répétées en crescendo par les cordes, aboutissant à un déchaînement des cuivres dans la lignée de ceux précédant l’exposition du thème de Xizor, en plus effréné toutefois, et ponctué par des chœurs enragés (à la manière de Stargate de David Arnold). Court silence. Les percussions reprennent de plus belle, plus puissantes que jamais, et le thème de Xizor revient en force, à la trompette puis au violon, alternant avec des passages plus nobles où les percussions se taisent. Un excellent morceau, très atypique dans l’univers Star Wars, mais qui sait très vite s’y faire une place de choix.
7. The Seduction of Princess Leia
La Princesse Leia, qui recherchait auprès du Soleil Noir des informations pour découvrir qui souhaitait la tête de Luke, est capturée et conduite devant le Prince Xizor. Celui-ci décide d’entreprendre de la séduire, à sa manière. Les Falleen, en plus de leur grâce naturelle, émettent des phéromones qui envoûtent complètement leurs victimes femelles. Très vite, Leia tombe sous le charme, et elle est tiraillée entre son amour pour Han et le désir qui naît en elle. Xizor l’embrasse, délicatement au début, puis de plus en plus fougueusement, et dans un premier temps elle finit par céder. Mais sa passion pour Han est telle qu’elle réussit à se ressaisir, et l’intrusion de Chewbacca met fin à cette mascarade. Le choix de McNeely a été ici de renforcer la scène par rapport au roman, de l’intensifier, voire de l’exagérer. Une atmosphère délicate ouvre le morceau, présentant un motif qui sera répété et qui semble être attaché à la Princesse Leia. En quelques secondes, les bases d’une valse s’installent, tandis que Xizor commence ses approches de séduction. Les cordes rendent parfaitement sa beauté reptilienne et paradoxalement, pourrait-on dire, féline. Le morceau s’emballe et s’accélère tandis que la tête de Leia commence à lui tourner et qu’elle tombe sous le charme du Falleen. Après un grand crescendo, l’orchestre diminue son volume, mais pas sa rapidité d’exécution, dans une valse endiablée à mi-chemin de celle de la Robe dans Legend de Goldsmith (où le Démon tente aussi de séduire la jeune femme) et la folie débridée de la valse du Joker dans Batman d’Elfman. Leia tente de reprendre ses esprits et le motif du début se fait à nouveau entendre. Mais Xizor renforce le taux de phéromones et multiplie les approches. La valse revient, plus outrancière que jamais, avant de déboucher sur une explosion des violons, dans une mélodie très « grand Hollywood » qui évoque très fortement des passages d’Imperial City et de la fin de Xizor’s Theme. Dans les trois morceaux, ces passages jouent le rôle d’efficaces épanchements cathartiques, de soupapes si vous préférez, qui font redescendre la tension à des niveaux plus tranquilles. Un thème très doux est joué, sans doute lié à Leia. Un soudain crescendo semble annoncer la victoire de Xizor, mais Chewbacca surgit. A nouveau le motif du début refait surface, Leia reprend complètement ses esprits. Des assonances éraillées mettent en évidence la colère de Xizor.
8. Night Skies
Un morceau très réflexif, où Xizor et Vador, chacun de leur côté, se perdent dans leurs pensées. L’un songe à Leia, à sa farouche résistance qui ne la rend que plus désirable, et l’autre à son fils, dont il sent la présence sur la capitale. Le morceau commence en douceur, avec un accompagnement ténu et quelques notes chantées par le chœur. Un motif grave, assez proche de ce qu’on peut entendre dans les Episodes III et VI (avec un quasi-silence autour de Vador), introduit une reprise du thème de Xizor, accompagné par le chœur qui s’affirme après un moment d’hésitation atmosphérique. Le tout enchaîne immédiatement sur quelques notes énergiques de la Marche Impériale, aussitôt suivie par le thème que j’avais appelé « a long time ago… » et qui n’est autre que la signature musicale de cet « Episode V.2 ». Après un court silence, les voix reviennent, très feutrées, s’élevant au fur et à mesure que les cuivres jouent le thème de Vador. Une très belle construction qui nous conduit à un nouvel éclat sur les dernières notes de la Marche Imperiale, faisant la transition sur le thème de la Force, lié ici à Luke. D’abord très doux dans sa première moitié, il convoque tout l’orchestre et le chœur pour un final éblouissant. La Marche Impériale, entrecoupée de chœurs en decrescendo, conclut le morceau sur des notes dissonantes.
9. Into the Sewers
Luke, Lando, Dash et Chewbacca partent à la rescousse de Leia, toujours aux mains du Prince Xizor. Le seul moyen de pénétrer dans son palais est d’emprunter les conduits d’égouts. Cette scène, grouillante de bestioles, à l’atmosphère lourde, n’est pas sans rappeler l’épisode du broyeur à ordures dans Un nouvel espoir, et de manière générale les deux pièces musicales fonctionnent sur le même principe d’un motif sans cesse répété, jusqu’à un agressif crescendo. L’orchestration de McNeely est cependant plus riche, convoquant plus d’instruments et de sonorités. Un morceau efficace qui aiguise notre tension pour le grand final.
10. The Destruction of Xizor’s Palace
Le morceau de bravoure du roman, et donc de cet album. McNeely y convoque tous les thèmes précédemment développés : Xizor, Vador, « a long time ago » , motifs de la Bataille de Gall… L’action commence dans le Palais de Xizor, puis après la destruction de ce dernier se poursuit dans l’espace, où le Faucon, rejoint par une couverture des Forces Rebelles, doit affronter les vaisseaux de la flotte du Soleil Noir, jusqu’à ce que Vador intervienne pour éliminer son rival. Une grande bataille digne des films. L’action commence, comme toujours ou presque ici, en douceur, avec une mélodie à la flûte, accompagnée des murmures du chœur qui s’élèvent peu à peu. Une fois de plus, une grande noblesse se dégage de ce chant. L’orchestre prend le relais, de façon très fluide, accélérant le rythme du morceau tandis que les forces ennemies se rassemblent. Une brève fanfare annonce les retrouvailles avec Leia, et le début des combats. Luke affronte Guri, le droïde femelle de Xizor, alors que tout le monde fuit : Lando a déclenché un détonateur thermique qui ne va pas tarder à faire exploser le Palais. La course s’engage, avec un vif sentiment d’urgence traduit par les cuivres et les cordes. Quelques notes évoquent Xizor, comme celles entendues au début de la piste 6, puis retentit le thème lui-même, renforcé par des chœurs atonaux. Quelques roulements de piano et de cuivres grinçants, de sourds battements de tambours amènent un dernier retour du motif identitaire de l’album, plus tendu qu’à l’accoutumée. Silence et crescendo des chœurs : que la bataille commence ! La maîtrise de l’orchestre est impressionnante, tout y est distinct et violent à la fois, très rapide et très puissant. La complexité du morceau empêche une description précise : l’orchestre part dans tous les sens pendant les prémisses de la bataille, tandis que les ennemis surgissent de partout et que le détonateur menace d’exploser d’une seconde à l’autre. Plusieurs motifs s’enchaînent avant de revenir à un ensemble plus organisé où les chœurs en mandalorien occupent une place de choix, très agressifs, chantant le poème Dha Werda Verda composé par Ben Burtt. Un moment de toute beauté. Peu à peu l’ensemble gagne en intensité tandis que le Faucon gagne l’espace avec une petite fanfare et que le Palais explose dans un grand déferlement orchestral et choral. La bataille fait rage, puis roulement de tambours, et silence. Magistrales, accompagnées par le bruissement du chœur, les premières notes de la Marche Impériale font leur apparition dans des sonorités complètement nouvelles, et déclenchent un lent écho des premières notes, plus faibles, du thème de Xizor. Les combats reprennent de plus belle, les motifs d’avant l’explosion reviennent, parcourus désormais brillamment par la Marche Impériale. Les chœurs redoublent de violence dans un déferlement apocalyptique où Marche Impériale et thème de Xizor s’affrontent, jusqu’à la défaire du Prince du Soleil Noir et la destruction de la base spatiale sur laquelle il se trouvait. Les Rebelles s’éclipsent. Grand crescendo de l’orchestre et des chœurs. Puis silence. Le motif paisible que l’on avait déjà entendu au milieu de la Bataille de Gall est réitéré, de façon plus sereine encore, bercé par les chœurs, sans doute pour pleurer les héros morts dans la bataille, tels Dash Rendar, et l’attente de pouvoir retrouver Han. L’album se clôt sur une fanfare victorieuse, qualifiée d’Hymne de Combat de l’Alliance. Tout l’orchestre et les chœurs tirent leur révérence, signant majestueusement la fin d’une nouvelle aventure dans une galaxie lointaine, très lointaine…
Au final, cet album est une excellente surprise qui ne pourra que ravir les fans de Star Wars et les amateurs de musique de film. L’absence de contraintes a permis une liberté très productive et une richesse musicale qu’il aurait été difficile d’atteindre dans un film, autorisant même de longs moments réflexifs ou des voyages fabuleux à travers Coruscant. Une grande qualité de l’album est aussi de ne pas avoir cherché à imiter l’écriture de John Williams, mais au contraire de revendiquer une identité propre, avec des thèmes et des sonorités particulières qui ne trahissent pas pour autant le souffle épique de la saga. On pourra cependant regretter que McNeely n’ait pas employé un peu plus les thèmes des films : le thème de Leia, par exemple, aurait été plus que bien venu dans le morceau The Seduction of Princess Leia, pareil pour le thème de Luke lors de la course-poursuite en swoops.
Mais cette critique n’est en fait qu’un prétexte pour demander plus de musique. Personnellement, j’en veux encore. Une telle opération mériterait d’être répétée, et ce serait bien que d’autres albums de ce genre voient le jour, avec Joel McNeely, bien sûr, mais aussi d’autres compositeurs : imaginez un thème pour le Grand Amiral Thrawn, ou encore les Yuhzann Vong ! La perspective d’une série télé ouvre aussi de nouveaux horizons, et après les récompenses qu'il a reçues sur les Aventures du jeune Indiana Jones ainsi que l’aisance avec laquelle il a mené cet album, on ne peut qu’espérer que Joel McNeely soit de la partie…
Benje Socar (Jean-Christophe BENZAL).
L’histoire des Ombres de l’Empire se situe chronologiquement entre les Episodes V et VI. On y retrouve tous les personnages de la saga, Luke, Leia, Chewie, Lando, Dark Vador, l’Empereur, les droïdes… dans une aventure qui fait habilement le pont entre les deux épisodes. Tandis que nos héros font tout leur possible pour enlever Han des mains de Boba Fett, ils se trouvent confrontés à la gigantesque organisation criminelle du Soleil Noir. Son chef, le puissant Xizor, cherche à gagner les faveurs de l’Empereur pour devenir son bras droit, évinçant de ce fait Vador. Une rivalité s’installe entre les deux, et c’est dans ce cadre que Xizor décide de mettre la tête de Luke Skywalker à prix pour contrer les recherches de son adversaire. Tous les ingrédients des films sont réunis dans cette histoire, avec infiltration, batailles spatiales et complots. Le roman est bien réussi, et il est très agréable de retrouver Vador. Si la BD est moyenne, le jeu vidéo est plutôt pas mal et se centre sur le personnage secondaire de Dash Rendar, un contrebandier travaillant avec l’Alliance et chargé de protéger Luke ; les cinématiques nous montrent à quoi aurait pu ressembler un film d’animation sur le sujet.
Il avait déjà été question d’illustrer musicalement une nouvelle aventure Star Wars, à propos de la trilogie de Zahn. Mais le projet n’avait pas abouti, la tâche semblant peut-être trop complexe. L’opération Ombres de l’Empire a relancé le sujet jusqu’à lui donner vie. C’est Joel McNeely qui a été choisi pour composer cette bande originale de livre. Il a déjà brillamment collaboré avec Lucasfilm sur la série des Aventures du jeune Indiana Jones, ainsi que sur le film Radioland Murders, et c’est donc tout naturellement qu’il est engagé sur Shadows of the Empire. Le compositeur a les coudées franches, débarrassé des contraintes filmiques. Utilisant les thèmes de John Williams, il n’a pourtant pas cherché à imiter son style, nous offrant ainsi quelque chose de vraiment neuf, et aussi de très impressionnant.
1. Main Title & Leia’s Nightmare
L’album s’ouvre sur l’inévitable Main Title, joué brillamment par le Royal Scottish Orchestra. Nous sommes immédiatement transportés dans l’univers Star Wars. Pourtant, dès la fin du Main Title, quelque chose nous dit que nous avons affaire à une aventure différente. L’orchestre se tait, majestueusement ai-je envie de dire, et une intrigante mélodie est jouée par les cordes et un ensemble de clochettes ; c’est pour moi la traduction musicale de « A long time ago, in a galaxy far, far away… » . Après quoi, le morceau enchaîne sur une reprise de la scène de la congélation de Han Solo dans L’Empire contre-attaque, organisée autour de la Marche Impériale et du thème amoureux. Un bon morceau, qui nous met dans l’ambiance, tout en nous intrigant par les rares notes nouvelles qu’il distille habilement.
2. The Battle of Gall
Shadows of the Empire applique au plus près les règles de la trilogie originale et nous offre donc des combats spatiaux épiques. Deux dominent le roman, et occupent une place importante sur l’album. Le premier d’entre eux est la Bataille de Gall ; Lando a appris grâce au contrebandier Dash Rendar que le Slave I avait été aperçu près de la lune de Gall ; Luke contacte l’Escadron Rogue afin de sauver Han. Mais ce secteur est en fait une base avancée impériale, et l’Escadron, Luke à bord de son Aile-X et Lando dans le Faucon, sont pris en chasse par une centaine de chasseurs TIE et deux destroyers. Pour cette longue piste de huit minutes, Joel McNeely a fait le choix d’une structure typiquement cinématographique, avec un enchaînement de diverses séquences entrecroisées, comme pour un vrai film. L’ensemble commence en douceur avec la reprise du motif qui avait fait la transition entre le Main Title et Carbon Freeze. L’ambiance s’assombrit, et une série de six notes graves, répétée trois fois dans des tons grinçants, nous plonge dans les préparatifs de la bataille. Petit glissement, avec le retour à une ambiance plus calme avec flûtes et cuivres, soutenues par de très légers froissements de tambour. La tension monte avec les cordes, ce qui n’empêche pas le morceau d’enchaîner sur une mélodie plus légère. Une explosion de l’orchestre nous fait rejoindre les feux de la grande bataille, avec une mélodie rapide et tendue qui introduit un thème narquois. Peu à peu, tout l’orchestre est convoqué au fur et à mesure que la situation devient critique. Silence. Une mélodie jouée par les bois semble traduire un apaisement qui n’est qu’illusoire. Très vite, les combats reprennent, redoublant d’intensité. Une marche militaire sous-tend l’affrontement spatial, plus tendu de seconde en seconde. Puis tout s’envole, à grand fracas des cuivres. Les instruments semblent dialoguer entre eux, alternant des passages assourdissants à des solos rapides accompagnant nos héros. Ce que j’avais appelé un « thème narquois » fait son retour annonce la dernière manche du combat, plutôt imposante. Un grand fracas, puis plus rien.
3. Imperial City
Coruscant, siège du palais impérial, n’a jamais été montrée dans la trilogie originale, même si Ralph MacQuarrie avait réalisé de nombreux dessins pour tenter de la visualiser. D’une manière générale, à ce stade de l’Univers Etendu, la capitale est difficile à appréhender, et la vision qu’on s’en fait est légèrement différente de celle qui nous sera donnée dans la nouvelle trilogie. Les cinématiques du jeu vidéo sont les premières images en mouvement de la cité-planète. Joel McNeely est ainsi le premier à lui donner une signature musicale, très différente de celle de Williams. Les fanfares qui sonnent dans ce morceau n’ont pas l’exubérance joyeuse des films, l’atmosphère est plus celle de vieux monuments, d’un passé millénaire, alors que tout semble neuf dans les Episodes I à III. C’est peut-être ici que l’on perçoit le mieux la différence de style entre les deux compositeurs. Si dans la piste précédente, McNeely avait opté pour une écriture très cinématographique, il en va autrement avec cette seconde pièce de huit minutes qui fonctionne d’un seul tenant.
Le morceau commence en douceur, instaurant une atmosphère feutrée, comme la douce contemplation de l’obscurité étoilée de la galaxie, avec au loin le scintillement de Coruscant. Le voyage commence, porté par les bois et des arpèges délicats. Tout est serein dans l’espace. Tout est paisible tandis qu’on s’approche du globe étincelant. Un chœur lointain nous accompagne, toujours plus près, au gré d’une mélodie empreinte de noblesse. Les cuivres, graves, ponctués par de sourds tambours, renforcent cette noblesse antique. Les chœurs reviennent, plus puissants, a cappella, chantant la grandeur de la cité, dialoguant avec les cuivres. Puis ils nous mènent à une véritable explosion de l’orchestre, et le morceau s’emballe, nous faisant voler à travers les rues de la ville pour découvrir ses plus beaux monuments et ses plus belles places. Ce qui se dégage de cette musique est difficile à décrire, tout y évoque une beauté qui a traversé les âges, les cuivres et les voix, dans leur dépouillement, évoquent la grandeur de Coruscant, et sa fierté, même si des passages plus plaintifs semblent déplorer la domination de l’Empereur. En fait, ce n’est pas la capitale de l’Empire en tant que telle qui est à l’honneur, mais la ville elle-même, centre historique et culturel, le « Joyau du Noyau » auquel une fanfare transcendée par l’élément choral élève un monument d’immortalité. Peu à peu, tout s’apaise. Le voyage touche à sa fin. La planète s’éloigne, pour redevenir un point argenté dans l’étendue scintillante de la galaxie.
4. Beggar’s Canyon Chase
Luke est retourné sur Tatooine, pour y guetter la venue de Boba Fett. Logeant dans l’ancienne demeure d’Obi-Wan, il s’est fabriqué un nouveau sabre-laser et profite du calme des lieux pour perfectionner les enseignements de Yoda. Mais sa tête a été mise à prix par le Soleil Noir, et très vite des mercenaires du coin décident de toucher la prime. Ils gagnent la maison de Kenobi en swoops et tendent un piège à Luke. Toutefois, celui-ci réussit à déloger un adversaire de son appareil et une course poursuite s’engage dans les canyons de Tatooine, jusqu’au Canyon du Mendiant que Luke connaît très bien pour y avoir joué si souvent dans son enfance. Nous avons là une scène qui fait immédiatement écho, avec un regard a posteriori, à la course de podracers de l’Episode I. C’est une musique tout aussi enjouée qui illustre cette course poursuite : un rythme enlevé pour un scherzo tendu convoquant tout l’orchestre dans des sonorités acides, comme pour traduire le danger qui menace Luke. Tout ici respire la vitesse et l’aventure. Puis quand le Jedi reprend le contrôle de la situation, le morceau s’éclaire, sans pour autant perdre son allure. Une marche écrasante nous conduit finalement à une petite fanfare victorieuse lorsque Luke, avec l’aide de Dash Rendar, met hors circuit ses derniers attaquants. A nouveau une piste où les styles de Williams et de McNeely se démarquent très nettement.
5. The Southern Underground
Après la frénésie de la course de swoops, une pause s’installe dans le récit musical avec un morceau d’une ambiance toute particulière. Leia et Chewie ont rejoint Coruscant pour rencontrer un membre du Soleil Noir, et ils se trouvent dans un des multiples niveaux souterrains de la ville, le Southern Underground, en comparaison duquel la fréquentation de Mos Eisley est des plus amicales. L’atmosphère qui se dégage de ce morceau est étrange, parcourue par la harpe et les violons. Nous avons presque affaire à un thème se développant en deux temps, le second plus doux que le premier. Si à la première écoute ces deux minutes peuvent paraître insignifiantes par rapport au reste de l’album, elles attirent de plus en plus l’attention au fur et à mesure des nouvelles écoutes.
6. Xizor’s Theme
Le personnage de Xizor est un personnage très intéressant de l’Univers Etendu, complexe et intrigant. Après l’Empereur et Vador, il est le troisième maître de la galaxie grâce à son organisation criminelle, le Soleil Noir. Les siens ont été détruits par des expériences supervisées par Vador, et cela ne fait que renforcer sa haine pour le Seigneur Sith dans sa recherche de pouvoir. S’il désire devenir l’homme de main de l’Empereur, ce n’est que pour mieux succéder à ce vieillard sénile après sa mort. Xizor’s Theme consiste en un voyage dans le palais de Xizor sur Coruscant, de ses geôles jusqu’à sa salle du trône. Le Falleen se veut raffiné et subtilement intelligent, mais ici c’est sa véritable nature de reptile sauvage qui transparaît, une force brute indomptable, assoiffée de pouvoir. Un roulement de timbales introduit une mélodie qui met mal à l’aise, portée par des bruissements de l’orchestre et brisée par des éclats de cuivres. Très vite, un motif vraiment étrange, très reptilien, composé de trois sous-motifs exécutés par les cuivres, jouant sur la tonalité des instruments et s’enchaînant par superposition, casse la ligne mélodique par deux fois, comme pour traduire ce caractère d’individu à sang froid, dangereux et imprévisible, que représente le Prince du Soleil Noir. Le morceau se poursuit, après de petites envolées, sur un passage plus classique, où un chœur feutré nous dévoile enfin le thème de Xizor, un thème beaucoup plus long que ceux de la trilogie originale, mais tout à fait dans le même esprit : il en découle immédiatement que Xizor est quelqu’un de très dangereux, et de très puissant. Après une exposition complète du thème, dans des tonalités qui m’ont toujours fait penser, sans que je sache pourquoi, à certains moments du Roi Lion de Zimmer, le chœur murmure encore de façon presque inaudible quelques notes, lourdes de menaces et de grandeur. L’utilisation de ce passage dans l’une des cinématiques du jeu vidéo est vraiment du plus bel effet. La dernière partie du morceau est peut-être la plus forte, révélant tout la vraie nature de Xizor : des pépiements de l’orchestre et des percussions tribales introduisent la répétition de deux notes graves répétées en crescendo par les cordes, aboutissant à un déchaînement des cuivres dans la lignée de ceux précédant l’exposition du thème de Xizor, en plus effréné toutefois, et ponctué par des chœurs enragés (à la manière de Stargate de David Arnold). Court silence. Les percussions reprennent de plus belle, plus puissantes que jamais, et le thème de Xizor revient en force, à la trompette puis au violon, alternant avec des passages plus nobles où les percussions se taisent. Un excellent morceau, très atypique dans l’univers Star Wars, mais qui sait très vite s’y faire une place de choix.
7. The Seduction of Princess Leia
La Princesse Leia, qui recherchait auprès du Soleil Noir des informations pour découvrir qui souhaitait la tête de Luke, est capturée et conduite devant le Prince Xizor. Celui-ci décide d’entreprendre de la séduire, à sa manière. Les Falleen, en plus de leur grâce naturelle, émettent des phéromones qui envoûtent complètement leurs victimes femelles. Très vite, Leia tombe sous le charme, et elle est tiraillée entre son amour pour Han et le désir qui naît en elle. Xizor l’embrasse, délicatement au début, puis de plus en plus fougueusement, et dans un premier temps elle finit par céder. Mais sa passion pour Han est telle qu’elle réussit à se ressaisir, et l’intrusion de Chewbacca met fin à cette mascarade. Le choix de McNeely a été ici de renforcer la scène par rapport au roman, de l’intensifier, voire de l’exagérer. Une atmosphère délicate ouvre le morceau, présentant un motif qui sera répété et qui semble être attaché à la Princesse Leia. En quelques secondes, les bases d’une valse s’installent, tandis que Xizor commence ses approches de séduction. Les cordes rendent parfaitement sa beauté reptilienne et paradoxalement, pourrait-on dire, féline. Le morceau s’emballe et s’accélère tandis que la tête de Leia commence à lui tourner et qu’elle tombe sous le charme du Falleen. Après un grand crescendo, l’orchestre diminue son volume, mais pas sa rapidité d’exécution, dans une valse endiablée à mi-chemin de celle de la Robe dans Legend de Goldsmith (où le Démon tente aussi de séduire la jeune femme) et la folie débridée de la valse du Joker dans Batman d’Elfman. Leia tente de reprendre ses esprits et le motif du début se fait à nouveau entendre. Mais Xizor renforce le taux de phéromones et multiplie les approches. La valse revient, plus outrancière que jamais, avant de déboucher sur une explosion des violons, dans une mélodie très « grand Hollywood » qui évoque très fortement des passages d’Imperial City et de la fin de Xizor’s Theme. Dans les trois morceaux, ces passages jouent le rôle d’efficaces épanchements cathartiques, de soupapes si vous préférez, qui font redescendre la tension à des niveaux plus tranquilles. Un thème très doux est joué, sans doute lié à Leia. Un soudain crescendo semble annoncer la victoire de Xizor, mais Chewbacca surgit. A nouveau le motif du début refait surface, Leia reprend complètement ses esprits. Des assonances éraillées mettent en évidence la colère de Xizor.
8. Night Skies
Un morceau très réflexif, où Xizor et Vador, chacun de leur côté, se perdent dans leurs pensées. L’un songe à Leia, à sa farouche résistance qui ne la rend que plus désirable, et l’autre à son fils, dont il sent la présence sur la capitale. Le morceau commence en douceur, avec un accompagnement ténu et quelques notes chantées par le chœur. Un motif grave, assez proche de ce qu’on peut entendre dans les Episodes III et VI (avec un quasi-silence autour de Vador), introduit une reprise du thème de Xizor, accompagné par le chœur qui s’affirme après un moment d’hésitation atmosphérique. Le tout enchaîne immédiatement sur quelques notes énergiques de la Marche Impériale, aussitôt suivie par le thème que j’avais appelé « a long time ago… » et qui n’est autre que la signature musicale de cet « Episode V.2 ». Après un court silence, les voix reviennent, très feutrées, s’élevant au fur et à mesure que les cuivres jouent le thème de Vador. Une très belle construction qui nous conduit à un nouvel éclat sur les dernières notes de la Marche Imperiale, faisant la transition sur le thème de la Force, lié ici à Luke. D’abord très doux dans sa première moitié, il convoque tout l’orchestre et le chœur pour un final éblouissant. La Marche Impériale, entrecoupée de chœurs en decrescendo, conclut le morceau sur des notes dissonantes.
9. Into the Sewers
Luke, Lando, Dash et Chewbacca partent à la rescousse de Leia, toujours aux mains du Prince Xizor. Le seul moyen de pénétrer dans son palais est d’emprunter les conduits d’égouts. Cette scène, grouillante de bestioles, à l’atmosphère lourde, n’est pas sans rappeler l’épisode du broyeur à ordures dans Un nouvel espoir, et de manière générale les deux pièces musicales fonctionnent sur le même principe d’un motif sans cesse répété, jusqu’à un agressif crescendo. L’orchestration de McNeely est cependant plus riche, convoquant plus d’instruments et de sonorités. Un morceau efficace qui aiguise notre tension pour le grand final.
10. The Destruction of Xizor’s Palace
Le morceau de bravoure du roman, et donc de cet album. McNeely y convoque tous les thèmes précédemment développés : Xizor, Vador, « a long time ago » , motifs de la Bataille de Gall… L’action commence dans le Palais de Xizor, puis après la destruction de ce dernier se poursuit dans l’espace, où le Faucon, rejoint par une couverture des Forces Rebelles, doit affronter les vaisseaux de la flotte du Soleil Noir, jusqu’à ce que Vador intervienne pour éliminer son rival. Une grande bataille digne des films. L’action commence, comme toujours ou presque ici, en douceur, avec une mélodie à la flûte, accompagnée des murmures du chœur qui s’élèvent peu à peu. Une fois de plus, une grande noblesse se dégage de ce chant. L’orchestre prend le relais, de façon très fluide, accélérant le rythme du morceau tandis que les forces ennemies se rassemblent. Une brève fanfare annonce les retrouvailles avec Leia, et le début des combats. Luke affronte Guri, le droïde femelle de Xizor, alors que tout le monde fuit : Lando a déclenché un détonateur thermique qui ne va pas tarder à faire exploser le Palais. La course s’engage, avec un vif sentiment d’urgence traduit par les cuivres et les cordes. Quelques notes évoquent Xizor, comme celles entendues au début de la piste 6, puis retentit le thème lui-même, renforcé par des chœurs atonaux. Quelques roulements de piano et de cuivres grinçants, de sourds battements de tambours amènent un dernier retour du motif identitaire de l’album, plus tendu qu’à l’accoutumée. Silence et crescendo des chœurs : que la bataille commence ! La maîtrise de l’orchestre est impressionnante, tout y est distinct et violent à la fois, très rapide et très puissant. La complexité du morceau empêche une description précise : l’orchestre part dans tous les sens pendant les prémisses de la bataille, tandis que les ennemis surgissent de partout et que le détonateur menace d’exploser d’une seconde à l’autre. Plusieurs motifs s’enchaînent avant de revenir à un ensemble plus organisé où les chœurs en mandalorien occupent une place de choix, très agressifs, chantant le poème Dha Werda Verda composé par Ben Burtt. Un moment de toute beauté. Peu à peu l’ensemble gagne en intensité tandis que le Faucon gagne l’espace avec une petite fanfare et que le Palais explose dans un grand déferlement orchestral et choral. La bataille fait rage, puis roulement de tambours, et silence. Magistrales, accompagnées par le bruissement du chœur, les premières notes de la Marche Impériale font leur apparition dans des sonorités complètement nouvelles, et déclenchent un lent écho des premières notes, plus faibles, du thème de Xizor. Les combats reprennent de plus belle, les motifs d’avant l’explosion reviennent, parcourus désormais brillamment par la Marche Impériale. Les chœurs redoublent de violence dans un déferlement apocalyptique où Marche Impériale et thème de Xizor s’affrontent, jusqu’à la défaire du Prince du Soleil Noir et la destruction de la base spatiale sur laquelle il se trouvait. Les Rebelles s’éclipsent. Grand crescendo de l’orchestre et des chœurs. Puis silence. Le motif paisible que l’on avait déjà entendu au milieu de la Bataille de Gall est réitéré, de façon plus sereine encore, bercé par les chœurs, sans doute pour pleurer les héros morts dans la bataille, tels Dash Rendar, et l’attente de pouvoir retrouver Han. L’album se clôt sur une fanfare victorieuse, qualifiée d’Hymne de Combat de l’Alliance. Tout l’orchestre et les chœurs tirent leur révérence, signant majestueusement la fin d’une nouvelle aventure dans une galaxie lointaine, très lointaine…
Au final, cet album est une excellente surprise qui ne pourra que ravir les fans de Star Wars et les amateurs de musique de film. L’absence de contraintes a permis une liberté très productive et une richesse musicale qu’il aurait été difficile d’atteindre dans un film, autorisant même de longs moments réflexifs ou des voyages fabuleux à travers Coruscant. Une grande qualité de l’album est aussi de ne pas avoir cherché à imiter l’écriture de John Williams, mais au contraire de revendiquer une identité propre, avec des thèmes et des sonorités particulières qui ne trahissent pas pour autant le souffle épique de la saga. On pourra cependant regretter que McNeely n’ait pas employé un peu plus les thèmes des films : le thème de Leia, par exemple, aurait été plus que bien venu dans le morceau The Seduction of Princess Leia, pareil pour le thème de Luke lors de la course-poursuite en swoops.
Mais cette critique n’est en fait qu’un prétexte pour demander plus de musique. Personnellement, j’en veux encore. Une telle opération mériterait d’être répétée, et ce serait bien que d’autres albums de ce genre voient le jour, avec Joel McNeely, bien sûr, mais aussi d’autres compositeurs : imaginez un thème pour le Grand Amiral Thrawn, ou encore les Yuhzann Vong ! La perspective d’une série télé ouvre aussi de nouveaux horizons, et après les récompenses qu'il a reçues sur les Aventures du jeune Indiana Jones ainsi que l’aisance avec laquelle il a mené cet album, on ne peut qu’espérer que Joel McNeely soit de la partie…
Benje Socar (Jean-Christophe BENZAL).
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