J'ai ressenti une perturbation dans la Force.
Des mots sinistres quelle que soit la situation, mais encore plus lorsqu'ils sont prononcés par l'Empereur Palpatine. Sur Batuu, aux confins des Régions Inconnues, une menace envers l'Empire prend racine - son existence encore au stade d'étincelle, ses conséquences encore inconnues. Mais elle est suffisamment troublante pour que le dirigeant de l'Empire envoie ses deux agents les plus puissants pour enquêter : l'impitoyable Seigneur Dark Vador et le brillant stratège qu'est le Grand Amiral Thrawn. Rivaux féroces pour obtenir les faveurs de l'Empereur, et adversaires au franc-parler concernant les affaires Impériales - y compris le projet Etoile de la Mort - le formidable duo semble improbable pour une mission aussi cruciale. Mais l'Empereur sait que ce n'est pas la première fois que Vador et Thrawn ont uni leurs forces. Et derrière son ordre royal, il y a plus que ce que les deux hommes suspectent.
Il y a une éternité, le Général Anakin Skywalker de la République Galactique et le Commandant Mitth'raw'nuruodo de l'Ascendance Chiss se croisaient pour la première fois. L'un suivait une quête personnelle désespérée, l'autre avait des motivations inconnues... et secrètes. Mais en faisant face à de nombreux dangers sur un monde éloigné, ils ont forgé une alliance précaire - aucun d'eux conscient de ce que le futur leur réservait.
Aujourd'hui, réunis une nouvelle fois, ils se retrouvent de nouveau sur la planète où ils avaient combattu côte à côte. Là, ils vont devoir faire face à un ouble challenge : réussir un test d'allégeance à l'Empire, et combattre un ennemi qui menace même leur puissance combinée.
Précédemment dans Thrawn…
Le tome précédent nous présentait l’ascension entière de l’Amiral au sein de l’Empire. Un sujet intéressant mais n’offrant pas une histoire palpitante, en effet on passe de mission courte en mission courte avec un petit fil rouge presque artificiel entre elles.
Mais voilà il fut annoncé ce Thrawn Alliances qui se concentrera sur une mission de l’Amiral en coopération avec Dark Vador. L’intérêt était grand ! Une vraie mission, entière, en bordure de l’espace connu, sur une mystérieuse perturbation de la Force. On a donc comme ingrédients : l’Empire, les Chiss, les Régions Inconnues, la Force (Jedi ? Sith ? Autre chose ?), le Chimaera etc. Comment ne pas vouloir lire ce livre ? Mais voilà une autre annonce fut faite : le livre racontera aussi la rencontre et la première mission entre Thrawn et Anakin… Bon pourquoi pas si on a des petits flashbacks… Mais il y aura aussi Padmé qui a disparu sur une planète… Ah ok ça sera une histoire entière. Résultat avant que le livre ne sorte on en savait plus sur cette histoire The Clone Wars (TCW) que sur celle de l’Empire. Résultat ? Ça n’a pas raté, environ 40% d’Empire et 60% de TCW
The Clone Wars
C’est incroyable comment l’ambiance d’une œuvre et le déroulement de son histoire ont tendance à ressembler à la série télé de la période où elle prend place. J’explique rapidement : une œuvre qui se déroule en période Guerre des Clones ressemble dans sa narration à la série du même nom. Une œuvre en période Rebels ? Idem.
Ici la partie TCW va suivre ce schéma, résultat Padmé a disparu, Anakin part la chercher, il découvre un allié inattendu, Padmé n’a finalement pas besoin d’aide et les sauve eux, en chemin il découvre une nouvelle usine et arme secrète de la CSI, qu’ils détruisent. Fin. Scénario de 50% (en faisant un peu mon Marseillais) des épisodes de la série et je dirai presque scénario de la BD Windu.
Heureusement c’est dans les détails que se cache l’intérêt. Bon déjà on passe la planète Batuu (la planète qui sera le théâtre du prochain parc d’attraction Star Wars Disney), cette planète ressemble à toutes les autres et la ville du futur parc est presque présentée comme trois cahutes et une cantina, ce n’est pas ce détail-là qui est intéressant. Non l’intérêt est plus sur la cause de la présence de Thrawn, sur ce que fabrique la CSI… comment il le fabrique (petite canonisation au passage d’un élément Legends) et pourquoi !
La décision finale d’Anakin elle aussi est intéressante, surtout pour ses conséquences mais encore une fois la motivation de notre lecture est de découvrir les révélations finales, le reste c’est du TCW : pif, paf, boum.
Empire
Là on rentre tout de suite dedans sans un prétexte téléphoné (le coup de la sénatrice qui part toute seule enquêter sur une planète perdue, franchement ? Au bout de dix fois à la place d’Anakin je dis « prends un contingent de clones avec toi »).
La dynamique Vador/Thrawn est excellente, leur manière de faire si opposée crée d’excellents moments et le fait que Thrawn soit en charge et impose ses choix (toujours bons et corrects évidemment) à Vador rajoute de l’attrait. Dès les premières pages on a un mystère de posé et celui-ci ne cesse de grandir (alors que côté TCW le mystère sur l’usine de la CSI apparait au milieu de l’histoire).
Enfin face à une enquête de cette ampleur et face à cette menace inédite, Thrawn peut déployer tout son talent et les mouvements tactiques et ingénieux sont pléthores. Enfin au milieu de tous ces grands schémas militaires, la commodore du Destroyer, le Noghri Rukh, un pilote impérial de la série Rebels, et une escouade de Stormtroopers tiennent aussi une part importante. L’enquête se fait cette fois-ci progressivement, distillant les révélations et informations sur les Régions Inconnues, une de ses menaces et les Chiss tout le long du livre.
Même si le roman ne nous donne pas tout ce qu’on veut savoir au sujet de l’espèce de l’amiral et de cette région de l’espace, on en apprend déjà beaucoup au détour de diverses conversations entre Thrawn et Vador et on voit déjà le futur plan de l’Empereur (plan avorté mais qui donnera naissance au Premier Ordre) se dessiner. Et je précise que c’est ce plan qui peut justifier l’acceptation des actions de Thrawn aux yeux de l’Empire. Il ne faut pas y voir d’incohérence si on sait ce que Palpatine a en tête !
Cohésion
Le plus gros point noir du livre, au-delà de sa partie TCW, c’est que les deux parties n’ont rien à voir l’une avec l’autre si ce n’est ses acteurs (Anakin/Vador et Thrawn) et le lieu de l’action. D’ailleurs le livre vendu comme se passant sur Batuu, se passe d’avantage sur une autre planète… passons.
Ici on a une histoire TCW intercalée dans une histoire Empire où l’auteur s’amuse à réécrire la même phrase en fin de chapitre et en début de chapitre suivant et où la seule révélation possible ou lien entre les deux est le fait que Thrawn pourrait deviner que Vador = Anakin.
Pour le reste comme d’habitude, l’histoire est bien intégrée dans l’univers, même si Zahn a ce complexe « mère poule » qui fait que tout le monde glorifie Thrawn et que Palpatine le trouve aussi important que Tarkin ou Vador.
Incroyable mais vrai d’ailleurs, l’écriture de Zahn est méconnaissable en période TCW que ce soit dans le style ou dans l’histoire. Le scénario de cette partie est bombardé de ficelle scénaristiques aussi grosses que des cordes de frégates espagnoles. C’est d’une tristesse.
On notera pour finir un dernier parallèle assez plaisant : dans la partie TCW c’est Anakin le commandant de la mission alors que dans la partie Empire il s’agit de Thrawn. Les dynamiques sont inversées et permettent de voir les deux facettes d’une même pièce !
En conclusion, un roman artificiellement allongé avec une histoire peu passionnante là où celle sur l’Empire aurait pu être plus longue avec même plus d’ampleur. Il ne reste qu’un roman focalisé sur une mission (enfin deux) de Thrawn est plus intéressant qu’un sur son ascension au sein de l’Empire.
La partie Empire
Tout le background apporté sur les Chiss, régions inconnues
Padmé qui fait du Padmé
TCW-like (manque de diversité)
A l'époque de la sortie du roman "Thrawn", j'avais été déçu. Le roman était long, trop long eu égard au faible nombre de rebondissements qu'il contenait et à une focalisations sur le personnage d'Arhinda Pryce pas forcément pertinente. J'ai donc abordé ce roman avec une certaine méfiance, tout en me laissant avoir par la couverture. Thrawn et Vador ensemble ? Il y a de quoi être intéressé !
A qui se destine ce roman ?
Nul besoin d'avoir lu le premier roman pour profiter de celui-ci. En cela, "Thrawn – Alliances" n'est pas une suite du roman "Thrawn", aucun personnage ne revient – si ce n'est bien évidemment le Grand Amiral – Eli Vanto n'est jamais mentionné, Pryce non plus... Ce roman aurait parfaitement pu être un roman « one-shot », une première présentation de Thrawn dans l'Univers Officiel que cela n'aurait gêné en aucune façon. Le roman est donc parfaitement accessible ! D'ailleurs, à aucun moment il n'est indiqué qu'il s'agit d'un tome 2.
En revanche, le visionnage de la saison 3 de Rebels apporte un confort de lecture non négligeable. La bataille d'Atollon est plusieurs fois citée, comme le personnage de Kanan Jarrus, Vador ne manquant aucune occasion de railler le Chiss, stratège « si » habile qui s'est fait avoir par une bande d'insurgés et un sous-Chevalier Jedi. En ce sens, le roman fait une transition parfaite entre les deux dernières saisons de la série, justifiant ainsi l'absence du Grand Amiral lors des premiers épisodes de la saison 4, occupé qu'il était à identifier la perturbation dans la Force ressentie par l'Empereur.
Dernier point, et pas des moindres : le roman permet de revenir sur ce qui était supposé depuis de nombreuses années et teasée dans le précédent opus, la rencontre entre le Chiss et Anakin Skywalker en pleine Guerre des Clones version The Clone Wars. Une large part de l'intrigue se déroule en effet une vingtaine d'années plus tôt, et le roman profite de l'occasion pour faire vivre au même duo des situations qui se font écho... au point que Thrawn va très vite suspecter la double-identité du Sith !
Sherlock Thrawn
Thrawn est un génie.
On le savait déjà dans l'Univers Légendes, on l'avait deviné dans l'Univers Officiel mais là c'est confirmé, à un point qui en devient parfois excessif. Que ce soit dans le passé ou à l'époque présente, le Chiss se glisse la peau d'un Sherlock Holmes version Star Wars au point d'en devenir presque sa décalcomanie. Ainsi donc, Thrawn a droit à son assistant (Pellaeon dans le Légendes, Vanto dans le précédent roman, Faro ici) et surtout, surtout, refuse de dire ce qu'il pense, ce qu'il suppose, ce qu'il a déjà deviné, préférant attendre confirmation à travers une mise en scène, un test, la suite des événements, peu importe.
A l'époque de la Guerre des Clones, sa présence éclipse totalement Anakin, même si on admettra qu'étant obnubilé par la disparition de Padmé, il n'a peut-être pas les idées claires ; néanmoins, pour bien enfoncer le clou, la seule initiative d'Anakin, initiative dont Thrawn se méfie, se solde finalement par un désastre... A l'époque de l'Empire, son refus de dévoiler ce qu'il sait face à Vador le rend parfois agaçant, même si le Sith est souvent réduit à la figure de la brute qui se retient d'une seule chose : saisir son sabre-laser et se débarrasser de ce si intelligent Grand Amiral dont la loyauté semble fluctuante.
Timothy Zahn fait du Timothy Zahn
Au-delà du personnage de Thrawn lui-même, l'auteur délivre des intrigues nettement plus élaborées et construites que celle du premier tome mais dont on reconnaît bien les marottes de l'auteur : cette idée que l'Ascendance Chiss est en danger à cause d'une menace non-identifiée issue des Régions Inconnues, menace qui risque de déborder dans la galaxie. C'était le cas des Yuuzhan Vong ou des Vagaari (mais si, c'était dans ceci), ici ce sont dons les Grysks qui ont cet honneur. Au-delà de ce cliché classique des productions Zahn, les deux intrigues se suivent sans déplaisir, et on prend un certain plaisir à retrouver Anakin et Padmé ensemble, tout comme voir Vador et Thrawn se jauger de façon perpétuelle. La présence d'un Rukh tout aussi redoutable que son homologue Légendes apporte également un supplément bienvenu par rapport au précédent opus.
Bilan
"Thrawn – Alliances" est donc nettement plus réussi que son prédécesseur. L'alternance des deux époques et le jeu de références qui en découle est appréciable, et voir les interactions respectives entre Anakin/Vador et Thrawn est très intéressant. Il est cependant dommage que Thrawn soit autant glorifié par son créateur, et que les autres personnages aient ainsi du mal à briller dans son ombre...
Vivement l'année prochaine pour la traduction du troisième tome, Thrawn – Treasons !
NOTE : 80 %