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Le flot de lumières blanches et bleues se tarit et l’hyperespace redevint l’espace… Les lourds vaisseaux de l’Alliance apparurent un à un, en quelques secondes, au devant de cet astre magnifique qu’était Naboo. La manœuvre de sortie du vol hyperspatial avait été prévue pour être extrêmement brève, de manière à assurer à l’escadre expéditionnaire suffisamment de temps pour se répartir autour de la Flotte impériale. Les risques de collision étaient de ce fait plutôt élevés, mais Ackbar connaissait bien ses hommes – leurs qualités comme leurs limites. Il n’avait guère d’inquiétude à ce sujet.

A la vue de cette planète qu’il avait pour intention et mission de libérer, Ackbar ne put s’empêcher de ressentir une espèce d’émotion pathétique. Jusque là, il n’avait jamais vu Naboo autrement que par vision holographique. Ici, à l’heure présente, c’était le monde réel qui se tenait sous ses yeux.

Un monde d’une beauté tragique.

Assis sur le fauteuil de commandement du croiseur Home One, Ackbar se jura intérieurement de faire payer les criminels qui avaient osé massacrer cette planète. Oh ça oui, il y veillerait personnellement. Mais pour le moment, il importait surtout de sauver ce qui pouvait encore l’être.

- Manœuvre d’encerclement par les points CG-57 et JK-08, ordonna-t-il, comme à l’exercice. Exécution du plan Météorite, phase II.

Des centaines de chasseurs entouraient les croiseurs calamari. Jamais l’Alliance n’en avait réuni autant – même à Endor, qui avait davantage tenu de la mission commando et avait dès lors poussé Ackbar à économiser ses forces pour n’en envoyer qu’une partie à l’assaut de l’Etoile noire.

L’hétérogénéité de l’ensemble pouvait paraître à la fois consternante et… intéressante. Bombardiers Ailes Y, démodés mais encore redoutables, Chasseurs Ailes X, désespérément classiques, Intercepteurs Ailes A, nouveaux modèles à l’efficacité confirmée, s’ajoutaient aux Ailes-B, personnellement conçus par Ackbar, des coucous aptes à toutes les missions, l’escorte comme le bombardement, l’exploration comme l’interception… Pas génialement maniables, mais ô combien meurtriers.

Grosso merdo, on allait se battre à deux contre un. Pour la première fois au cours d’un affrontement de cette importance, l’Alliance possédait la supériorité numérique. Ackbar savait que ce ne serait là qu’une question de minutes. Aussi fallait-il faire vite, en attendant l’inévitable assaut de cette autre escadre impériale que les services de renseignements avaient été incapables de repérer…





Debout devant la baie vitrée de la passerelle de commandement du destroyer Epouvante, le Grand Amiral Takel n’eut aucunement besoin du rapport de la fosse d’équipage pour réaliser que la Flotte rebelle venait – enfin – de surgir de l’hyperespace, à la manière d’un blizzard issu de nulle part.

- Regardez, commenta-t-il d’un air déçu au capitaine de l’Epouvante. Regardez-les se positionner autour de nous… Une manœuvre digne de la bataille du Cercle de Fer.
- Oui, Excellence, approuva le capitaine, méfiant.
- Leurs vaisseaux sont rapides et, ma foi, impressionnants, reprit Takel. Ces derniers modèles sortis de Mon Calamari valent décidément nos meilleures unités, du moins si je me fie à leur apparence.
- Excellence, ajouta le capitaine, nos rapports d’observation nous signalent que les vaisseaux rebelles forment un arc-de-cercle autour de nous.

Takel esquissa un sourire qui en disait long sur ses intentions.

- Evidemment, capitaine. Ackbar me déçoit beaucoup. Il aurait pu faire dans l’originalité. Il se contente de plagier les manuels d’Histoire.

Et, avant même que le capitaine ne réagît, Takel énonça ses instructions :

- Que nos groupes de chasse se tiennent prêts à intervenir dans les secteurs désignés. Batteries de turbolaser prêtes ?
- La Flotte attend vos instructions.
- Parfait.

Il avait prévu que les Rebelles attaqueraient de cette manière : la bataille du Cercle de Fer qui servait visiblement de modèle à Ackbar était en effet le meilleur exemple de destruction éclair d’une escadre adverse par un adversaire supérieur en nombre. Et il savait à quel endroit ces minables arriveraient.

Aussi, les batteries de turbolaser de ses six destroyers avaient été préparées en conséquence. Et se trouvaient à même d’ouvrir le feu, en à peine quelques secondes. Takel n’était pas Grand Amiral pour rien.

Son regard cibla les vaisseaux rebelles qui se positionnaient entre l’espace et son escadre, bloquant cette dernière devant Naboo.

- Feu à volonté, dit-il d’une voix calme et glacée.





Plusieurs traits de laser issus des destroyers fendirent le cosmos pour rencontrer leurs cibles, deux vaisseaux rebelles installés au centre du dispositif d’Ackbar. Leurs boucliers tirent bon, mais perdirent beaucoup de leur puissance. Deux nouvelles salves de cette importance les réduiraient en miettes.

Les Rebelles répliquèrent instantanément, conjuguant leur feu sur trois destroyers impériaux. Là encore, les boucliers résistèrent, mais n’en sortirent que plus affaiblis. A ceci près que la puissance de feu des destroyers et leurs capacités d’absorption des tirs laser étaient supérieures à celle de n’importe quel engin de l’Alliance…

C’était pourquoi Ackbar donna l’ordre à la chasse de passer à l’action. Tout en faisant – lentement – avancer ses vaisseaux vers l’escadre impériale…

Ca, c’était la nouveauté qu’il comptait introduire dans cette bataille rappelant celle du Cercle de Fer…





L’Escadron Sobre, c’est vraiment…
La dernière chance au dernier moment…
Les mauvais coups, des truands
L’Escadron les fait tout le temps…
Si l'injustice vous attend
L’Escadron Sobre, l'attend au tournant
Pour la victime aux abois
Il se fout bien de celle-là
Dans les dangers, ces rois du sang-froid
Ces voyageurs, sans visa
Ont livré le bon combat…

- Eh, les gars, explosa (de rire) Kir dans le comlink de son Aile-X. On a not’propre générique, maintenant !
- Ca veut dire que le courrier des lecteurs nous a plébiscités, traduisit Cocktail. Mmm… Je kiffe la popularité…
- De leader, grogna Virgilio en réajustant certains boutons de son cockpit. Fermez la !

C’était pas possib’, chaque heure, c’était de pire en pire… Virgilio se demanda soudainement si Kir et Cocktail n’étaient pas déjà passés à l’acte…

- Les ordres sont…
- … de faire preuve d’un esprit destructeur maximal, acheva PQ.
- EH ! hurla Virgilio. C’est moi qui…
- A l'intérieur de soi-même, deep inside, vraiment à l'intérieur, quelque chose de invincible qui s'appelle le spirit, l'esprit, l’interrompit Vandam, lequel, enfoncé dans son cockpit, avait hâte d’en découdre. On a été bâti comme ça, on a été fait avec le spirit. Ca, c'est la ligne droite du corps, nous on pense horizontal, 1 h, 2 h, 3 h, 4 h, on est insecure, les gens ont peur du temps. Quel âge tu as, quarante ans ? Alors quand je dis que j'vais mourir à quarante-cinq ans, ouais, j'me fous de la gueule des gens, moi ! Ils n'ont pas compris…
- Vandam ! gueula le leader. La ferme !
- … parce que le temps, les secondes entre toi et moi sont des secondes mais pour l'oxygène qui est une matière moins compressée que ton corps humain ; 1 seconde, c'est 100 secondes et la pierre et la brique et chais pas quoi, elle est faite de compression énorme. Il faut la Black & Decker. Mais tu enlèves cette pression et tu deviens vertical comme l'esprit. Tout tombe, qu'est-ce qui reste en vie ? Les molécules faites d'électricité parce que ça bouge. Alors il y'a les molécules qui est faite de flèches et alors l'électricité qui est faite au plus fin de sa couche de feeling qui s'appelle love et mon feeling est : je sais que tu m'écoutes avec attention. Mais c'est dur d'entendre des choses comme ça quand il parle de la pomme et du serpent et de Adam and Eve mais ça c'est….
- VANDAM !
- … des questions beaucoup plus possibles. Le Big Bang Theory d’Hayn-Stayn, I mean, tu mets une molécule que tu crées, qu'il n'a pas lui, hein, il a pas la molécule, mais nous on l'a, on veut la garder, tu vois et lui il a cette énergie qui a fait le Big Bang et l'univers a grandi et c'est ça le monde, c'est pas compliqué la vie !
- C’est vachement vrai, ce que tu dis, commenta Whisky, pas rassuré à la vue des nombreux TIE qui fonçaient à leur rencontre.

Nombreux, ouais, c’était le bon qualificatif. Virgilio s’assura que ses coéquipiers étaient tous au poil niveau PBA (Propulsion, Bouclier, Armement), ce qui, par extraordinaire, était le cas. Son écran tactique révélait la présence de six destroyers de classe Imperator, monstres sortis des usines des Industries Kuat, protégés par près de six cents TIE. Sanglant, ça allait être.

- Ils vont essayer de briser nos formations, observa Virgilio. N’oubliez pas que nous devons assurer le passage des bombardiers vers les destroyers.
- Waaaaaazaaaaaaaa !!! cria Kir.
- Waaaaaazaaaaaaaa !!! renchérirent les Sobres.

Des centaines de traînées de missiles apparurent soudainement dans l’espace, courant à une vitesse folle vers leurs cibles. D’autres traînées, tout aussi nombreuses, s’élancèrent à leur rencontre, formant une sorte de toile d’araignée à la complexité réduite à néant par le désordre guerrier.

Le cosmos fut tout à coup sauvagement ébloui par d’innombrables tâches de lumière que traversaient sans gêne les faisceaux émis par les turbolaser. Flash… Flash… Flash… Plusieurs TIE se désintégrèrent. Plusieurs chasseurs rebelles aussi.

Les deux masses d’aéronefs se rencontrèrent alors – choc titanesque à l’échelle historique et si infime à celle de l’Univers.

L’Aile X de Virgilio fut aspergée de laser verts tirés par un TIE à panneaux hexagonaux qui le dépassa en trombe. Il redressa immédiatement, de manière à échapper à ces deux Intercepteurs qui rappliquaient, se retrouvant au beau milieu d’une mêlée opposant d’autres Intercepteurs à des Ailes Y isolées, leur couverture étant aux prises avec plusieurs dizaines de TIE.

Très vite, un TIE se matérialisa sur son écran de contrôle. Puis un autre. Puis un troisième. Virgilio, la gorge sèche, décida de faire appel aux missiles qui lui restaient, sélectionna le dispositif de visée des torpilles… Le réticule de visée vira au rouge lorsque l’un des chasseurs fut prisonnier du ciblage automatique… Virgilio pressa un bouton…

… une espèce de boule de feu bondit de l’Aile X, s’abattit sur le TIE, lequel vola en éclats…

Bordel… M’en reste deux…

Les deux TIE l’avaient visiblement repéré et lui larguèrent chacun une torpille avant de se disperser pour traquer des bombardiers. Virgilio n’avait d’autre choix que d’accroître sa vitesse pour décrocher vers la droite et ainsi espérer éviter ces hostiles… Il téléporta toute l’énergie de son bestiau de l’armement aux générateurs… Putain, trop tard…

L’un des missiles explosa à proximité, libérant une pelletée de minuscules lames coupantes qui multiplièrent les trous dans la carapace blindée du chasseur, ce qui eut pour effet de faire beugler puis taire définitivement l’unité R-2 tout en multipliant les courts-circuits dans les générateurs frappés à mort… Virgilio plongea le manche à balai vers l’avant pour tenter d’éviter l’autre missile, mais sut qu’il n’en sortirait pas lorsque…

… le missile explosa…

Virgilio ferma les yeux. Virgilio ouvrit les yeux. Il s’attendait à être réduit en bouille cosmique, en particules galactiques. Mais l’au-delà ressemblait toujours à cet affrontement entre deux Flottes stellaires. Il en déduisit qu’il était malheureusement bien vivant – malheureusement parce que toujours responsable de l’Escadron Sobre…

La dérive d’une Aile-B qui s’était transformée en torche métallique lui apporta l’explication de ce miracle. Un autre pauvre con de pilote avait pris la torpille sur la gueule et par hasard…

- De leader, mon appareil est presque hors d’usage et mon unité R-2 est HS. Je branche les générateurs auxiliaires et enclenche les circuits autonomes, mais cela ne m’assurera qu’une survie prolongée de deux heures.

Quelques jurons retentirent parmi les Sobres. Ces derniers devaient également faire face à des TIE décidément bien plus pugnaces que d’habitude.

Nous sommes tombés sur les meilleurs pilotes de l’Empire… Cette conclusion agaça plus qu’elle n’inquiéta Virgilio.

Cocktail, pour sa part, prenait son pied, en dépit de la mésaventure du lieutenant. Elle en était déjà à son deuxième TIE abattu, mais devait reconnaître que ces fumiers constituaient de supers coups, c'est-à-dire qu’ils se défendaient bien.

Sa main droite caressait langoureusement le manche à balai, son pouce daignant tantôt effleurer, tantôt toucher le bouton de mise à feu. Divers gémissements peu équivoques s’échappaient de sa bouche lorsqu’elle détruisait des adversaires.

Un Intercepteur courait après une Aile Y. Cocktail se positionna derrière lui, de manière à effectuer une levrette inversée, méthode qu’elle se plaisait à pratiquer quoique elle préférât la levrette classique. Mais elle ne put réprimer un cri de rage en voyant que l’Intercepteur avait déjà décoché plusieurs rafales de laser sur sa cible, la réduisant en poussière de ferraille.

- Mon salopard, je vais te faire connaître la pire humiliation qui puisse toucher un homme !

La panne sexuelle !

Au cri de « P’tite queue », Cocktail usa de ses laser pour mettre hors de combat les générateurs du TIE, le laissant dériver dans l’espace… Un missile venu de nulle part acheva le chasseur ennemi réduit à l’impuissance… Dommage, songea Cocktail. J’aurais bien voulu prolonger la honte…

- De Kir à Cocktail. Ca boume ?
- Ca gicle, ouais, répondit Cocktail. Et toi ?

L’Ewok se mit à ricaner méchamment.

- J’ai perdu le contact avec les gars que l’on devait escorter, mais je m’en tape.
- Comment ça, vous vous en tapez ? tempêta Virgilio. Restez dans la formation !

Kir regarda autour de lui, toute cette mêlée confuse de TIE et d’Ailes rebelles.

- Quelle formation ? C’est un peu le chacun pour soi, là…
- Ne me faites pas le coup de la solitude face au destin cruel ! répliqua Virgilio. Nous avons une mission et…
- Quand tu montes dans un chasseur... tu penses ! le coupa Vandam, qui venait de coincer un TIE dans son réticule de visée. A des tas de choses; à des créations, à des gens, à des souvenirs... (le réticule de visée vira au jaune) Donc on est jamais seul spirituellement ! (Vandam pressa le bouton de tir) Mais physiquement, "dans l'enveloppe", si je suis seul... eh bien... (les laser rouge rencontrèrent le TIE) je suis là. Et je reste là. (le TIE n’était plus là) Jusqu'à ce que les portes s'ouvrent... Et puis je commence à marcher. Je bouge mon enveloppe. Vers ma mission de tous les jours...
- J’suiiis un Rebeeeeelleuh… entonna Whisky sur l’air de ce célèbre holo-soap-opéra, Sous le Sommeil. Orange jusqu’au cou… La guerre éternelle… Jusqu'à en oublier tout… Fermer les yeux… C’est être bigleux… De la gueule, ça a d’être Rebelle…

Virgilio en était stupéfait. Sans voix. Cette baston promettait d’être très dure, et… non, c’était tout simplement pas descriptib’.

- On rêve d'un avenir sans nuage… ajouta Kir. Sommes-nous prêts pour ce voyage… On veut un monde idéal et clair… Sans voir d'où vient la lumière… J’suis un Rebelle…
- On cherche des yeux le Baron Fel… reprit Cocktail. Mais on ne voit pas l'essentiel… On voit la vie bien plus belle ailleurs… Que celle proposée par l’Empereur… J’suis un Rebelle…
- Votre remarque sur le Baron Fel tombe fort à propos, fit observer PQ. Les conversations que j’ai interceptées m’indiquent que le 181e est plus près de nous qu’on pourrait le croire…
- You pinaise ! se félicita Bière. Youhou !

Une phrase tournoyait dans l’esprit de Virgilio. C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai…

Et effectivement, ce que les circuits auditifs de PQ avaient entendu, les yeux de ses collègues le confirmèrent. Car plusieurs TIE percèrent l’ensemble des chasseurs rebelles, fonçant sur eux, les Sobres. L’on pouvait en effet clairement distinguer, grâce à la lumière reflétée par Naboo, ce symbole imparable : plusieurs bandes rouges horizontales peintes sur leurs panneaux solaires… Une pour chaque pilote rebelle abattu.

- PQ ? intervint Cocktail.
- Qu’y a-t-il, très chère ? répondit le droïd pilote.
- Si tu as pu casser leurs codes de transmission pour les écouter, tu peux aussi leur parler, non ?
- Exact, mais…
- Tu peux me rendre un service ? susurra Cocktail. Et après ce chaos, je te jure que je te ravitaillerai en octanes…
- Vous êtes une demoiselle fort convaincante, Cocktail ! répondit PQ.

Mais qu’est-ce qu’elle prépare ? stressa Virgilio. Et pourquoi diable avait-il fait connaître ses états d’âme au commandant d’escadre lors de la reddition de Neemai ?

- J’ai repéré Fel ! prévint Bière. Je m’en charge d’avance…





L’Aile A s’annihila en un puissant jet de lumière. Enfoncé dans son cockpit d’Intercepteur TIE dernière génération, Soontir Fel, tout en ne perdant pas de vue les événements retranscrits sur son écran de contrôle, ne put s’empêcher de réprimer un sinistre soupir.

Devant, à côté, derrière, dessus, dessous, partout, régnait le chaos. Des centaines de TIE et de chasseurs rebelles de toutes les marques possibles et imaginables s’entretuaient dans un ballet mortel. Pas une seconde ne s’écoulait sans que Fel ne vît une explosion, ou un appareil ami ou ennemi désemparé. Un essaim d’Ailes X talonnait deux Intercepteurs. Trois Ailes B rasèrent la proue d’un destroyer, évitant les tirs de la DCA, larguant leurs projectiles, semant la destruction. Une Aile A abattit à bout portant deux TIE à panneaux hexagonaux.

- De Sabre Leader à effectifs, de Sabre Leader à effectifs, regroupez-vous, on va tenter une Marg Sabl atténuée.

Fel esquissa une brève grimace, tout entier tendu par l’effort. Les quelques Intercepteurs qui constituaient le 181e escadron de chasseurs impériaux – escadron rebaptisé « Sabre » depuis la bataille d’Endor – exécutèrent sans ciller l’ordre reçu. S’agissait de conserver un semblant d’ordre dans cette tempête d’acier et de feu. Et plusieurs escadrilles d’Ailes Y étaient sur le point de percer le mur formé par les TIE devant les destroyers.

D’où la Marg Sabl atténuée. Hyper classique, mais les Ailes Y n’étaient pas réputées pour leur rapidité, et leurs escorteurs étaient aux prises avec nombre de chasseurs impériaux.

- De Sabre 2 à Sabre Leader, je ne suis pas certain qu’une manœuvre de ce type réussisse…
- De Leader à Sabre 2, on ne vous demande pas votre avis. Leader, terminé.

Sonntir Fel, ulcéré, serra les dents. Sabre 2 n’était autre que son adjoint, Thur Phennir, as et impérial jusqu’à la moelle de ses os d’athlète blondinet. Professionnel du pilotage, certes, mais farouchement ambitieux, et possédé par la haine de tout ce qui touchait, de près ou de loin, à la Rébellion – et en particulier Wedge Antilles. Phennir, apparemment, n’avait pas une entière confiance dans la foi impériale du Major Fel. Et le lui faisait fréquemment savoir, de toutes les manières possibles, mais jamais la directe. Ce qui faisait régner une ambiance forcément joyeuse au sein du 181e… Fel se demandait parfois si Phennir ne nourrissait pas l’intention de lui tirer dans le dos…

Pour l’heure, pas le temps de réfléchir. S’agissait d’agir vite et bien, d’autant que ces salopes d’Ailes Y avaient franchi le barrage et fonçaient à toute vitesse sur le destroyer Geonosis, lequel couvrait l’Epouvante, le vaisseau amiral.

Fel allait donner l’ordre d’attaque lorsque ses unités informatiques se mirent à beugler.

- De Sabre 4 à Leader ! cria son comlink. Bordel, Leader, y a une escadrille d’Ailes X qui nous tombe dessus !

Fel tabula comme un ouf sur son écran contrôle, obtenant la visualisation des hostiles – six Ailes X, en tout et pour tout. Qui leur tombaient dessus, à revers.

- Dispersion ! gueula Fel. Dispersion !

Les TIE se séparèrent juste à temps, évitant les rafales de laser rouges qui leur étaient destinées. L’Intercepteur de Fel accomplit lui-même un looping à moitié bâclé pour échapper aux missiles que lui avait décoché un chasseur ennemi…

- C’était moins une, grommela Fel.
- Mmmmm… Est-ce bien au Major Sonntir Fel que je m’adresse ?

Il se retint de laisser éclater un cri de surprise… Comment cette… voix aussi suave que délicieuse… était-elle parvenue à…

- Qui êtes-vous ?
- Mes amants me connaissent sous le pseudo de Cocktail… Mmmm… Laisse-toi aller, mon chéri, et je satisferai tous tes fantasmes…
- Hein ? pesta le Major. Vous vous moquez de moi ?

Il tenta de repérer la source, mais autant dénicher une aiguille dans une meule d’aiguilles…

- Si tu as envie de t’éclater en direct, caresse la touche « étoile noire » de ton comlink… poursuivit la dénommée « Cocktail ».
- Eh, protesta Fel, mais je suis marié, je ne peux pas…
- … attention ! poursuivit la voix sexy de « Cocktail » comme si de rien n’était. Cet espace réseau est uniquement réservé aux adultes, alors tape les deux chiffres de ton âge,

Soudain, un de ses TIE se fit choper par trois torpilles dans l’arrière-train et se dispersa façon puzzle. Fel essayait d’échapper au crétin qui le coursait… Et la même voix, toujours :

- Si tu veux participer à nos séances du baisodrome spatial, appuie sur « 1 ». Si tu veux jouer les voyeurs, appuie sur « 2 »…

Pas la peine de brouiller la communication. D’une part, parce que ça pourrait constituer un handicap dans les communications avec ses coéquipiers, d’autre part en raison de ce constat tout con : si cette « Cocktail » était parvenue à briser leurs codes de transmission, rien n’excluait qu’elle y arrivât de nouveau…

- Oh oui, mmm… plus que quelques secondes à attendre, avant la sex-party !

Au loin, les Ailes Y survolaient le destroyer Geonosis…

L’Intercepteur de Fel était plus rapide que l’Aile X, et tout aussi maniable. Fel évitait les tirs de laser sans grande difficulté, mais ne pourrait maintenir cette situation bien longtemps… A moins…

… à moins d’exécuter un looping – très risqué, mais à tenter… Son dispositif high-tech hurlait toujours autant… Fallait bouger…

La quasi-totalité de ses ressources énergétiques fut transférée aux réacteurs… Fel mit la gomme… Le TIE exécuta une magnifique boucle… échappant de peu à un missile tiré par son poursuivant…

… et se retrouva…

…. derrière ce dernier…

… Magne-toi…

… Fel le cadra dans son réticule de visée…

… lequel vira au jaune…

… pressa le bouton de mise à feu…

… quatre rayons laser…

… une explosion…





- Nom d’un Hutt ! beugla Kir. Ce salaud nous a buté Bière !

La manœuvre du Baron Fel, d’une audace stupéfiante, avait laissé sans voix les Sobres. Et Bière, qui s’était chargé de mettre l’Impérial hors de combat, venait d’en payer le prix… Ses restes étaient à présent réduits à néant…

- Bière… murmura Cocktail, la voix étouffée. Bière est… mort…

Bière est… mort ?!? Virgilio se racla la gorge, à la fois amer et fou de rage… Certes, il fallait s’y attendre, mais… ce genre de catastrophe survenait toujours trop tôt…

- C’est impossible, dit Vandam.
- C’est arrivé, dit PQ.

C’est arrivé… Alors autant se battre, se dit Virgilio, furieux. Autant continuer. En s’efforçant de limiter les dégâts… Même si tout le monde n’était pas totalement de son avis :

- Cette fois, murmura Whisky aux autres, ça va être la guerre, mais totale !!!

A peine avait-il prononcé ces mots que le destroyer Geonosis, sévèrement bombardé par les Ailes Y et deux croiseurs calamari, se disloquait, déchiré en plusieurs tronçons… qui disparurent derrière une immense boule d’énergie et de lumière…

Mais aucun des Sobres ne songeait à crier victoire. Surtout…

… surtout…

… surtout lorsqu’ils aperçurent une quinzaine de…

… destroyers…

… une quinzaine de destroyers impériaux déboucher de l’hyperespace, non loin de l’escadre d’Ackbar…





- Amiral Hiffrig, au rapport ! clama un haut-gradé impérial assez âgé, via l’holocommunication.

Toujours debout sur la passerelle, Takel ne vociféra pas de joie. Les militaires flirtant avec la réussite se contentaient d’un sourire discret. Et ce fut par un sourire discret qu’il accueillit celui qui serait le sauveur de l’Empire.

- Exécutez le plan conformément aux instructions reçues, déclara simplement Takel.
- A vos ordres ! répondit Hiffrig en se figeant dans une posture martiale.

Fin de transmission. Et voilà. C’était tout. En quelques mots, Takel venait d’apporter la touche – presque – finale à l’opération. Là où Vador et l’Empereur lui-même s’étaient cassés les dents, lui, Takel, connaîtrait fortune et gloire.

La situation pouvait en effet, à cette seconde, se résumer de la manière suivante : l’escadre d’Ackbar était prise entre deux feux. Devant elle, l’escadre de Takel, et derrière, celle d’Hiffrig. Les vaisseaux de l’Alliance étaient par conséquent encerclés, et les destroyers Interdictor s’étaient ramenés pour empêcher toute fuite hyperspatiale.

Le sourire de Takel s’élargit. Ackbar et ses salopards de Rebelles étaient perdus. Ce ne serait plus qu’une question d’heures, à présent. Voire peut-être moins…
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