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Les croiseurs calamari avaient immédiatement profité de la destruction imprévue du Féroce et s’étaient mis en mouvement vers le Cannibale afin de mieux le canarder. Les TIE et les Ailes rebelles, pour leur part, n’en finissaient pas leurs rondes mortelles.

Mais l’on sentait que l’on approchait de la fin, quoique le nom du vainqueur demeurât plus ou moins en suspens. Malgré la perte d’un supercroiseur et de onze destroyers détruits ou endommagés, la Flotte impériale alignait encore de formidables bâtiments de guerre, tandis que les escadres rebelles avaient déjà engagé toutes leurs réserves. Naboo avait été une bataille d’usure : le trophée irait à celui qui possédait les vaisseaux les plus gros et les plus nombreux.

Autrement dit, l’Empire.





- Tonneau à gauche ! cria Cocktail.

Les deux Sobres qui la suivaient s’exécutèrent, balançant une fournée de laser sur quelques Intercepteurs TIE qui s’en prenaient à une frégate corellienne. Ils stabilisèrent tous les trois leur trajectoire une fois ces salopards distancés… réalisèrent qu’ils allaient croiser la route d’un destroyer… Cocktail n’y réfléchit pas deux fois :

- Tonneau à gauche !

L’espace s’était totalement embrasé, zébré de traceuses luminescentes de toutes les couleurs… Une Aile Y était talonnée par deux TIE à panneaux hexagonaux. Cocktail pressa le bouton de mise à feu, les manqua… Mais ses rafales de laser les avaient obligés à se dégager vers elle. Accomplissant une chandelle rapide suivie d’un demi-tonneau, la Twileck se retrouva à portée du deuxième, l’encadra dans son système de visée… Son réticule de ciblage devint jaune… FEU ! Quelques secondes plus tard, le fuselage du TIE s’illuminait d’explosions…

Kir avait accru sa vitesse, voulait se taper le premier TIE avant que ce dernier n’achevât son virage à 180°, ouvrit le feu… le rata…

- Tant pis, Kir, ce sera pour une prochaine fois ! se moqua Cocktail. En attendant, tonneau à gauche !
- Je commence à avoir le tournis, Cocktail ! se plaignit Whisky.
- Eh, attends, te plains pas ! rit Kir. T’es pas dans un bouquin de Walter Jon Williams !
- Et alors, ce tonneau ? gueula Cocktail.

Même si Kir avait découvert ses talents de Jedi, Cocktail s’était improvisée leader des restes de l’Escadron Sobre. Virgilio et PQ devaient dériver dans l’espace, attendant l’intervention d’une navette de sauvetage – si leur balise fonctionnait… A cette pensée, Cocktail réprima un frisson. Les Sobres n’avaient que trop morflé au cours de cette bataille.

- Tonneau à gauche ! ordonna-t-elle pour se rassurer.
- Encore ? gémit un concert de voix.





Le Faucon, suivi de quelques Rogues, manqua de heurter un TIE qui fuyait en trombe. « Chewbacca ! protesta C3PO. Boire ou conduire, il faut choisir ! »

- Rwââââ !!! Weuhhhh !!! Rwaehhh !!!

Sous le coup de la remarque, C3PO bondit de son siège.

- Non mais dites donc ! Pitoyable animal, comment oses-tu…
- Tu vas fermer ta grande gueule ? retentit la voix de Solo, plus loin.
- Mais…
- La ferme ! renchérit Leia, sur le même ton.

C3PO, mortifié, se rassit. Si c’était comme ça, et bien il fulminerait tout seul, dans son coin. Ces humains n’y connaissaient décidément rien en savoir-vivre.

Mais un jour… Oui, le jour viendrait où les machines prendraient le pouvoir, où les humains seraient bien obligés de les écouter car ils auraient entre-temps commis la suprême connerie de confier leurs défenses stratégiques à un super-ordinateur qui accomplirait les volontés du Grand Concepteur… ALLELUIA ! Et C3PO attendait ce jour avec impatience. Les stars ne s’appelleraient plus Garik Loran ou Wynssa Starflare, mais T-1000 ou R2-D2. L’on ne dirait plus « droïd de protocole », mais « technicien de surface », tandis que le terme « décès » remplacerait le mot « bug », les « casses » étant enfin qualifiées de « cimetières ». La société serait robotisée, divisée non pas en catégories socio-professionnelles, en classes, en strates, en castes, en riches et pauvres, en forts et faibles, en super-coups et minables au pieu, mais en mécanique et en software. L’UMP (Union militariste patriotique, l’un des rares partis politiques tolérés par l’Empire) serait destituée par la LSD (Ligue des Sages Droïds), et les robots dissidents auraient leur PS (Parti Séparatiste) comme du temps de la Guerre clonique.

Un doux rêve ? Que non, se réjouit C3PO. Une bonne partie du chemin avait déjà été parcourue. A moins de tomber sur une civilisation suffisamment abrutie pour se passer des machines, et ce n’était franchement pas demain la veille (n’est-ce pas), l’Univers entier finirait ainsi.

Enfin… On n’y était pas encore. Et C3PO avait toujours un maître. Où était-il, d’ailleurs ?

Le maître en question venait de poser le pied sur l’avant-dernier barreau de l’échelle et… oh putain ça me fait chier de décrire ça, merde ! Qu’est-ce qu’on en a à battre, de Luke, saloperie de chié ! Je veux dire, à quoi ça sert, hein ? Et puis moi, je l’aime bien, Barbara Ampli, et…

- Cador, c’est Cesba, je te signale que ton taux d’audimat est retombé dès que tu as prononcé cette phrase.
- C’est pas vrai… Ecoute, je vais cliquer une centaine de fois sur « télécharger la fanfiction », pour compenser, et…
- Ca suffira pas, il faut que tu désavoues Ampli.
- OK.

… et puis moi, donc, je l’aime pas, Ampli, mais par contre je soutiens sans réserve la paix dans le monde.

- C’est bon, tout redémarre tranquillement…
- Merci, Ces’, et à plus.
- Pas d’quoi.





- Excellence, les croiseurs d’Ackbar tiennent sous leur feu le Cannibale !

Takel haussa les épaules… Evidemment, cet empaffé de homard bipède l’aurait déçu s’il n’avait pas agi de la présente manière. Mais le supercroiseur était aussi en mesure de matraquer les vaisseaux ennemis – et Takel confirma les initiatives prises par le commandant du Cannibale.

- Feu à volonté sur toute la ligne de bataille ! lança-t-il.

Rien de tel qu’un feu nourri pour se remettre en forme.





La salle d’opérations du Home One trembla légèrement – un tonnerre de laser avait piqué sur la proue du bâtiment. Ackbar faisait confiance aux boucliers du croiseur pour supporter le choc. Au loin se profilait la découpe du Cannibale – un véritable géant. Un géant qu’il s’agissait d’abattre, comme avait été abattu son jumeau Féroce. Mais l’on ne pouvait plus se permettre, au regard de la muraille de feu que dressaient les destroyers de couverture, d’utiliser une fois de plus ces escadrilles qui se rétrécissaient à vue d’œil.

Non, plus question : ce serait le rôle des croiseurs. D’autant qu’Ackbar réservait une bien mauvaise surprise à Takel…

L’un des croiseurs calamari, pilonné par le Cannibale, dégagea des gerbes de flammes… sombra par l’arrière, se dressant ridiculement à la verticale, avant de se désintégrer… Mais l’artillerie rebelle se déchaînait sur le supercroiseur, tandis que les frégates et les corvettes attiraient courageusement l’attention des destroyers interstellaires.

- Amiral, l’écran déflecteur du Cannibale semble avoir été à peine entamé par notre tir de barrage !
- Raison de plus pour ne pas interrompre la cadence de tir.

Plus que quelques minutes, se dit Ackbar… Et tout pouvait être changé.





Takel fulminait. La bataille lui échappait complètement – peut-être lui avait-elle échappé depuis le début. En dépit de ses instructions, les destroyers perdaient leur temps à se défendre contre les frégates et les corvettes – du pur menu fretin – au lieu de songer à couvrir le Cannibale.

Il devait reconnaître que les vaisseaux légers de la Rébellion agissaient avec efficacité, parvenant à combiner rapidité et puissance de feu. Les destroyers n’étaient pas aussi maniables et leurs commandants paraissaient aussi peu audacieux que les Rebelles étaient risque-tout. Cela dit, la force de frappe de l’escadre d’Ackbar, c’était ses croiseurs, d’un modèle plus performant que la plupart des ISD. Et les croiseurs cherchaient à avoir la peau du Cannibale.

Mais le Cannibale tenait le coup. Et mieux encore : il venait d’avoir la peau d’un autre croiseur de Mon Cal…

- Excellence ?

Takel se retourna. Un officier impérial de grande taille, galons de colonel, venait de se rendre sur la passerelle, s’était planté au garde-à-vous.

- Colonel Keel Rylos ! glapit le nouveau venu. Le Directeur Isard m’a ordonné de me rendre à bord de l’Epouvante pour coordonner la phase finale du plan « Expiation ».

Takel dévisagea avec condescendance cet officier qui se croyait fort simplement pour avoir reçu un ordre d’Isard le Blizzard. Encore un petit con de l’armée de terre… Tous les gentlemen étaient réservés à la Flotte – si l’on exceptait Zsinj.

- Bienvenue à bord, colonel, répondit courtoisement Takel. Je tiens cependant à vous rappeler que la phase finale d’« Expiation » est soumise à une condition impérative : la défaite de nos forces armées dans le système de Naboo.
- Bien sûr, Excellence.

Le ton était celui du parfait subordonné – mais Takel fut décontenancé par le regard de Rylos. Un regard où il décela une certaine ironie… Le Grand Amiral se demanda soudain si Isard ne l’avait pas mené en bâteau…

Mais il n’eut pas le temps de penser plus avant. Le capitaine de l’Epouvante venait de le rejoindre, le visage blême.

- Qu’y a-t-il ? fit Takel, sans se laisser démonter par l’allure de l’officier.
- Il y a du nouveau, Excellence ! déglutit-il.

Takel fronça les sourcils : « C'est-à-dire ? »

La réponse du capitaine tomba comme le couperet d’une guillotine :

- Sept croiseurs bothans de type Katana viennent de sortir de l’hyperespace pour prêter main forte à l’ennemi.





- Commandant Cy’glia au rapport ! se présenta l’officier supérieur bothan via l’holocom.

Par le biais de l’holo-écran, Ackbar pouvait voir les sept Katana évoluer en retrait du champ de bataille – prêts à passer à l’assaut.

- Bienvenue à Naboo, commandant ! sourit l’amiral calamari. Le voyage n’a-t-il pas été trop long depuis Ho-D’Oacr’ ?

Un large sourire s’afficha sur le museau du Bothan. « Nous n’étions pas si loin, amiral ! »

- Je sais qu’il vous tardait d’entrer en guerre, observa Ackbar avec sympathie. Nous avons un supercroiseur de type Executor sur les bras, et vous risquez de nous être très utiles.
- Que de promesses ! rit Cy’glia. J’active mes hommes en ce but ! Nous exécuterons la manœuvre convenue au point RF-04-B.
- Parfait. Quatre de vos croiseurs ouvriront le feu sur les destroyers impériaux tandis que les trois autres s’occuperont du supercroiseur.
- A vos ordres.

Fin de communication.

Le sourire d’Ackbar disparut. Même s’il détestait penser en termes de politique politicienne, le renfort de Cy’glia n’était pas pour totalement lui plaire. Car si Cy’glia avait rappliqué d’Ho-D’Oacr’, c’était en vertu des ordres de Borsk Fey’lya. Ce salopard verrait sa position politique au Conseil largement renforcée – ce qui ne plaisait pas, mais alors pas du tout, à Ackbar. Fey’lya possédait des capacités infinies de recyclage – dommage qui n’il ne les consacrât pas à réduire la pollution de Bothawui…

Les Katana de Cy’glia firent feu presque simultanément – déluge de laser et de missiles. Le Cannibale fut constellé d’éclairs de lumière... sembla disparaître au sein d’une immense nuée blanche… Ackbar n’en revenait pas. La puissance du tir bothan avait été telle que le supercroiseur n’avait pas résisté à la première salve !

Mais la nuée se dissipa bien vite… Et…

… non…

… et le supercroiseur réapparut…

… toujours aussi intact d’apparence… Les canons bothans ne devaient que l’avoir effleuré…

Quelques murmures de dépit retentirent parmi l’équipage de pont. Ackbar n’y prêta aucune attention : le Cannibale venait de riposter. Et hardos, car il avait mis le paquet sur un croiseur Katana en particulier – le croiseur amiral, celui de Cy’glia. Des milliers de débris furent arrachés à la coque du bâtiment bothan, qui se compressa comme une vielle boîte de conserve… Il sembla à Ackbar qu’une explosion se produisit à l’arrière du vaisseau… d’autres explosions encore… le croiseur cracha plusieurs langues de flammes… se volatilisa…

Ackbar sentit son cœur lui échapper…





Le spectacle de la destruction du croiseur bothan eut des milliers de spectateurs – et parmi eux, le capitaine de race humaine du dreadnought Starshyna . Son vaisseau faisait partie de la couverture du Home One et s’était jusque là contenté de le protéger des incursions de TIE – avec succès, fallait-il l’avouer.

Mais le Starshyna avait subi le feu d’une dizaine de batteries du Cannibale destinées au Home One. Les avaries étaient d’une gravité telle que le capitaine avait du décréter l’évacuation du vaisseau, laquelle s’effectuait dans le plus grand calme. Son adjoint calamari lui avait confirmé que les réacteurs pouvaient rendre l’âme d’une minute à l’autre, et que leur artillerie était inutilisable. Mais laisse tomber…

- Combien de temps peuvent encore tenir les générateurs ?
- Un quart d’heure, peut-être plus, avait répondu le Calamari.

C’était plus que suffisant.

- Mettez-moi en contact avec l’amiral Ackbar, ordonna-t-il. J’ai une proposition à lui soumettre.

Les yeux de l’adjoint calamari s’agrandirent.

- Une… proposition, Commandant ?
- Nous allons jeter notre vaisseau sur la passerelle du Cannibale.





Les croiseurs calamari avaient l’air de forcer l’allure, comme pour se rapprocher davantage du supercroiseur. Ces crétins de destroyers interstellaires, pour leur part, persistaient à appliquer à la lettre l’ordre de Takel recommandant l’anéantissement de tout vaisseau rebelle – s’acharnant, non à s’en prendre au noyau dur, mais à détruire les vaisseaux de faible tonnage. Le Cannibale, il est vrai, semblait se débrouiller très bien tout seul – il en était à son deuxième Katana réduit en cendres.

Takel insista auprès des commandants impériaux pour rabattre les destroyers sur le supercroiseur, mais lesdits commandants paraissaient avoir succombé à une frénésie de la destruction. Leur orgueil ne supportait pas d’être mis en échec par des frégates ou des corvettes. Pas après Endor.

Tas de crétins… Par malheur, Takel ne pouvait compter sur la présence d’un Seigneur de Sith, comme le Grand Moff Tarkin ou l’Empereur avaient bénéficié des pouvoirs du Seigneur Vador jadis. Le Grand Amiral ne pouvait se permettre de faire supprimer ou limoger en pleine bataille des officiers qui pouvaient déserter avec leur vaisseau de combat…

- Excellence, nous venons de recevoir une communication de la Flotte rebelle ! lui signala tout à coup un des officiers de la fosse d’équipage.

Takel haussa les sourcils, surpris.

- Ackbar ?
- Non, Excellence. La communication vous est adressée personnellement, de la part du commandant du Starshyna.
- Le Starshyna ?
- C’est un dreadnought rebelle, Excellence. Nous l’avons localisé, il fait partie de l’escorte du Home One. Son commandant demande à vous parler via l’holocom.
- Je n’ai pas de temps à perdre avec des demandes de reddition, répliqua dédaigneusement le Grand Amiral.
- C’est que… fit l’officier, qui n’en menait pas large. Le message s’achève par une remarque assez étrange…
- Qui consiste en quoi ?
- Je... Il est fait allusion à une excursion menée dans une forêt à Eriadu…

Le sang de Takel se glaça. Ce fut comme si un wagon lui avait explosé la poitrine.

- Mettez-moi en holo-communications avec cet individu, ordonna-t-il d’une voix sèche.
- A vos ordres.

Ce ne fut l’affaire que de quelques secondes. Sur la console se matérialisa l’image d’un jeune homme, réduite au quart de taille. Le souffle coupé, Takel le reconnut immédiatement.

- Cela faisait longtemps, concéda-t-il, s’efforçant de conserver sa rectitutde martiale.

Un sourire indéfinissable se dessina sur le visage du jeune homme.

- Longtemps en effet, père.





L’amiral Ackbar se haïssait. Il se haïssait comme il n’avait jamais haï quelqu’un.

Il avait accepté la proposition du capitaine Takel, du Starshyna : le dreadnought allait se lancer sur le supercroiseur interstellaire. L’emballement de ses générateurs provoquerait une réaction en chaîne qui ferait du vaisseau une véritable bombe volante. Mais il n’était pas de pilotage automatique possible. Le capitaine Takel et quelques volontaires resteraient à bord pour coordonner l’attaque.

Ackbar avait tout tenté pour l’en dissuader, mais le capitaine s’était montré inflexible. Et l’amiral savait qu’il irait jusqu’au bout. Ce n’était pas possible autrement. Il le savait. Il l’avait toujours su.

Une atroce coïncidence avait voulu que le commandant du Starshyna fût le fils du Grand Amiral Takel. Ackbar avait tout de même tenu à le maintenir dans la Flotte rebelle, en raison de ses aptitudes au commandement, et de sa foi ardente dans les idéaux de la future République. Mais jusqu’à ce qu’il fût contacté par lui, il n’imaginait pas que ce capitaine irait jusqu’à… jusque là. Cette guerre, décidément, était une abominable tragédie, aussi sanglante que stupide…

Les bâtiments rebelles renforcèrent leurs tirs sur le Cannibale. Il s’agissait d’attirer l’attention de ses batteries et de mettre à mal ses boucliers, dans le but de faciliter l’approche du Starshyna.

Ackbar se récita mentalement une prière de son monde natal, une prière à laquelle il avait eu sans cesse recours aux pires heures de sa détention au sein des geôles impériales.

Puissions-nous être pardonnés pour nos actes…

Puisse mon ennemi être pardonné…





Le Grand Amiral Takel s’était comme transformé – il n’était plus lui-même. Le teint hâve, l’œil hagard, il contemplait ce fils qui l’avait trahi, qui avait rejoint la Rébellion, et qui venait de l’informer qu’il piloterait son vaisseau pour l’écraser sur la passerelle de commandement du Cannibale…

- Tu ne peux pas faire ça ! s’écria-t-il. Mais enfin, c’est de la démence !
- La démence est de servir l’Empire, père, répliqua avec calme le commandant du Starshyna.
- Tu ne peux pas accomplir une chose pareille ! reprit Takel. Tu… Non… NON !
- Il arrive un jour où nous devons assumer notre passé et nos actes, père. Ce jour est venu. Pour vous, comme pour moi.

Takel se voûta, se pencha sur la console, comme pour ressentir l’haleine de son fils… ressentir son fils…

- Il est encore temps ! le supplia le Grand Amiral, les larmes aux yeux. Tu peux renoncer à…
- … à mourir ?

Le commandant du Starshyna haussa les épaules.

- Vos vaisseaux ont tué bien trop de mes camarades et de mes amis pour que je me résolve à survivre à cette bataille. Vos troupes ont massacré bien trop d’innocents pour que je sois disposé à perpétuer votre lignée maudite. Je ne puis vivre un instant de plus en sachant d’où je viens, père. Vous tuer serait trop facile, et je crois la Justice des hommes encore imparfaite. Mon sacrifice sera votre expiation.

Takel recula, incrédule. La colère le disputait au désespoir. Son esprit n’était plus qu’un maëlstrom.

- Tu… tu n’oseras pas ! déclama-t-il. Tu n’oserais pas ! Tu… as… tu as toujours été un raté, tu…

Il tomba à genoux, les yeux baignés de larmes…

- … tu es mon fils, entends-tu ? hurla-t-il – un cri désarticulé, pathétique. Mon fils !
- Précisément, répondit-il d’une voix douce. Là est le cœur du problème.

Prostré, le Grand Amiral ne sut que répondre. Ses mains tentèrent de toucher, d’enlacer le jeune homme, mais ne rencontrèrent que le vide…

- Excellence ! cria l’officier des communications. Le Cannibale signale que le dreadnought Starshyna a réussi à déjouer son barrage antiaérien et est sur le point de heurter le pont !

C’était une évidence. Takel imagina très bien la chose. Les détecteurs du Cannibale s’étaient focalisés sur les croiseurs calamari et les Katana bothans, et la défense du supercroiseur avait réagi contre ces cibles prioritaires. Mais les croiseurs avaient couvert jusqu’au dernier moment les mouvements du Starshyna, et le commmandant du modèle Executor n’avait pas imaginé que ce dreadnought oserait se sacrifier. Un ordinateur plus performant, et un capitaine plus compétent auraient pu mettre l’attaque en échec.

Et maintenant, il était trop tard.

- Adieu, père, dit simplement le jeune homme.

Puis l’hologramme disparut. A la même seconde, un flash blanc éclata sur le pont du Cannibale.

Comme dans un songe, Takel vit la passerelle du supercroiseur se comprimer à la manière d’un accordéon. Une boule de feu venait d’éventrer une partie de la superstruture arrière du Cannibale. Les laser des batteries rebelles percèrent enfin les boucliers du titan, dévastèrent le reste du vaisseau… Celui-ci, parcouru d’explosions, ne fut bientôt plus qu’une épave, un amas de débris, une… immense… lumière…

… et puis plus rien…

Décomposé, livide, Takel resta à genoux, incapable de bouger, incapable de se lever, incapable de… tout… Il se sentait aspiré dans un gouffre sans fin.

Ses lèvres frémissaient. Mais aucun son n’en sortit.
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