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Chapitre 28. Fuites
 
Wetzel pressa la détente…

… et fut emporté par une terrible déflagration.

Le colonel se retrouva plusieurs mètres plus loin, assommé par le choc, sans avoir eu le temps de dire « dommage »…





Lando ne s’était pas arrêté – ne pouvait pas s’arrêter, ne pouvait pas laisser Nora ici. L’homme qui leur avait crié dessus avait disparu. Les obus et les laser pleuvaient. Une traînée de missile s’acheva sur l’un des immeubles qui dominaient le hangar de Konga. Le haut de l’immeuble vola en éclats. L’immeuble se ramassa sur la gueule.

Konga faisait de grands signes à Lando, lui gueulant de rappliquer fissa. Lando grommela un vague machin peu aimable à l’égard du Hutt et poursuivit sa route. Les cris, les détonations lui ravageaient les tympans. Des types en civil, tous des non-humains, fuyaient devant lui, les armes à la main. Un type tomba dans un trou d’eau boueuse. Un autre fut fauché par un laser. Ils couraient. Ils couraient vite. Lando avait déjà plongé dans divers merdiers militaires, mais celui-là était plutôt haut de gamme.

Un hurlement terrifiant éclata dans son dos. Il ne se jeta pas au sol – ne pouvait se jeter au sol – et put voir le bombardier TIE redresser après avoir largué ses bombes. Un éclair aveuglant frappa la tranchée où se trouvaient Konga et ses gardes du corps. L’onde de choc fut trop forte pour Lando : elle le jeta en arrière, il dut lâcher le corps de Nora, qui roula sur le sol, à ses côtés… Il se fracassa la colonne vertébrale… Non, simple douleur… Il se releva, s’agenouilla, affaibli, se releva de nouveau, s’approcha de Nora, ses cheveux blonds, son visage étaient maculés de boue et de poussière, il la reprit dans ses bras, la souleva, l’emmena avec lui, marcha vers les lignes tenues par les Résistants. Il ne renonçait pas. Il ne renoncerait pas.

Je ne te lâche pas.





Wetzel ouvrit les yeux. Wetzel cligna des yeux. Wetzel avait mal partout. Wetzel s’abstint de pousser un gémissement – seuls les faibles gémissaient.

Il se souvint. Il était dans l’Invisec. L’Empire avait entrepris de réduire l’Invisec. Wetzel s’était rendu sur la ligne de front. Il allait cueillir deux humains égarés. Une explosion avait pété non loin. Il avait failli perdre connaissance.

Le colonel se releva, la colère lui faisant oublier son état. Des Stormtroopers allaient et venaient, autour de lui, d’autres couraient, arme au poing, repoussant chaque seconde cette racaille non-humaine. Wetzel chercha sa casquette. Une canonnière atterrit, larguant quelques Soldats de Choc. L’un d’eux se cogna en sortant. Wetzel ne retrouva pas sa casquette. Mais il s’aperçut qu’il tenait toujours son blaster serré dans la main droite. Il réalisa qu’il était indemne.

- Mon colonel, ne restez pas ici ! l’avertit un Soldat de Choc.
- Je suis un soldat avant tout, répliqua froidement Wetzel.

Il recoiffa maladroitement ses cheveux, se dirigeant vers un poste de commandement improvisé installé à l’abri d’un lambeau de paroi. Un Soldat de Choc y avait déballé une installation radio. La voix du général Hadelayd braillait de plus en plus fort, aboyant des ordres dénués de réalisme à qui voulait 1) l’entendre, 2) lui obéir. Wetzel arracha le micro des mains du Stormtrooper.

- Ici Wetzel, fermez-là deux minutes !
- Quoi ? gueula Hadelayd de l’autre côté du réseau.
- Je vous conseille de mettre le paquet sur la zone d’où je vous parle. C’est là que se trouve le gros de leurs troupes.
- Leurs troupes, colonel ? le tança Hadelayd. Un conglomérat de sales petits merdeux tout juste capables de viser correctement à un mètre de distance !

Wetzel mit fin à la communication. Ce n’était franchement pas la peine d’insister, avec ce genre de crétin. Le Stormtrooper récupéra son micro, la visière de son casque blanc encadrant le colonel. Ce dernier – ça se voyait – était au bord de l’explosion.





Lando rejoignit la tranchée – ce qu’il en restait. Il y déposa Nora, très soigneusement. Celle-ci était encore inanimée.

- Alors, merde ! Ca traîne !

Lando reconnut la voix – celle, complètement éraillée, de Konga.

- Je te croyais mort… soupira-t-il, soulagé.

Le Hutt gisait au milieu d’un monceau de cadavres. Sa chair se gonflait et se dégonflait par intermittences. Il haletait. Ses yeux noirâtres s’étaient comme… éclaircis.

- J’en sais rien, grogna Konga. On a reçu un sacré paquet de bombes sur la chetron.

Chetron. Tronche. Lando s’adaptait rapidement au sicba. Il venait du même milieu, non ?

- Ta copine, dit Konga avec difficulté. Elle va bien ?
- Elle est vivante – mais inconsciente.
- Tout comme les accros à la dope, en somme, ricana le Hutt avant de pousser un gémissement de douleur.
- Tu es sûr que ça va ?

Lando s’était approché. Il avait remarqué la marre de sang.

- C’est pas le mien, grommela Konga. Mes crétins de gardes du corps… Tous surpayés, en fait. Tu n’es pas de mon avis ?

Pour une fois, le Hutt mentait mal… Lando ne réfléchit pas plus. Une détonation, non loin, l’interrompit. Suivie d’une autre. Et encore une autre.

- Ca se rapproche, dit Lando en tournant la tête vers le point d’origine des explosions.

Konga toussa – un genre de vomi, ignoble. Respiration saccadée.

- Laisse-moi ici, grommela le Hutt.
- Pas question ! se récria Lando.

Sourire cynique de Konga. Sa respiration s’était accrue.

- Emmène ta copine loin d’ici. Je suis le genre intransportable, tu vois… Et puis, ça ferait mauvaise presse ! Rends-toi compte : tu contribues à zigouiller Jabba, et tu me sauves la vie quelques jours plus tard ? Magnifique non-sens, n’est-il pas ?
- En effet.

Lando se retourna. Nora, péniblement, venait de se relever, main sur le front. C’était elle qui venait de causer.

- Nous ne devons pas rester ici, ajouta-t-elle.
- Tu vois ? toussa Konga. Allez, Lando, fais pas le con. Tire-toi d’ici.

Calrissian jeta un dernier regard sur le Hutt – et un autre sur les cadavres alentours, sur les ruines, sur les soldats impériaux qui accouraient, sur les bipodes qui, plus loin, tiraient dans le tas, sur le Walker qui, encore plus loin, progressait avec lenteur vers le cœur de l’Invisec. Et sur Nora. Nora qui n’avait pas l’air enthousiaste, mais dont le regard était sans ambiguïté.

- Fais pas chier, Calrissian… maugréa Konga. Je vais pas me laisser crever comme ça, je te le garantis.

Lando ramassa un blaster qui traînait. Le cala dans la patte du Hutt. Lando savait que Konga souriait. Le-sourire-des-mauvais-coups. Konga toussa une fois de plus. Lando recula.

Nora lui prit doucement la main, le tira en arrière. Lando se dégagea. Ils se remirent à courir. Ils couraient au milieu des gravats et des ruines, des cratères et des débris, ils piétinaient des cadavres, des restes de bras, de jambes, des têtes… L’air était plein d’explosions et de hurlements. L’air était empuanti par l’odeur du sang, l’odeur de la mort.

Ils galopaient dans une immense fosse commune.





- Mon colonel ! Nous tenons un de leurs chefs !

Le Stormtrooper avait l’air particulièrement fier de l’annonce. Wetzel arma son blaster et le suivit jusqu’à l’endroit indiqué, où se tenait une dizaine de Soldats de Choc. Se demanda s’il n’aurait peut-être pas dû enfiler un casque. Et ce vacarme qui n’en finissait pas…

Ils arrivèrent au-dessus de ce qui ressemblait vaguement à une tranchée – enfin, avec un peu d’imagination… Sans doute le produit involontaire du bombardement effectué par les TIE.

- Il était armé, il nous en a tué deux… commenta avec aigreur l’armure blanche.
- Comment savez-vous qu’il s’agit d’un de leurs chefs ? demanda Wetzel, méfiant.
- Voyez-vous même.

Le colonel s’approcha de la fosse. Aperçut les cadavres de Gamorréens et autres inférieurs. Aperçut ce qui ressemblait à une grosse bouse vivante… L’odeur pestilentielle lui agressa sauvagement les narines. Alors il comprit.

Les Stormtroopers tenaient le Hutt en joue. Wetzel crut entendre une espèce de… oui, c’était ça… La bestiole respirait… La bestiole était vivante…

Wetzel contourna le parapet de gravats, descendit dans le cratère, dévisagea le Hutt.

- Z’êtes qui, vous ? interrogea la chose, qui cherchait de l’air.
- Wetzel, Ubiqtorate, répondit sèchement le colonel. Comment allez-vous, Seigneur Konga ?
- On fait aller, soupira Konga.

Manifestement, il éprouvait de sacrées difficultés à respirer. Tant mieux.

- Pourquoi vous êtes-vous embarqué dans cette galère ? demanda Wetzel, qui s’en moquait bien.

Konga trouva la force de rigoler – Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Arf ! Putain de rire...

- C’est une question drôlement bonne que vous me posez là, monsieur Wetzel. J’ai droit à l’avis du public ?

Wetzel esquissa un sourire. Puis il se mit à rire, franchement. Konga parut hésiter, avant de rire à son tour. Tous les deux rirent de bon cœur, tels de vieux potes qui ne s’étaient pas revus depuis Carida. Presque un fou rire. Ils se lâchaient. Les Stormtroopers ne rigolaient pas. Les Stormtroopers ne pigeaient pas.

Brusquement, le visage de Wetzel se referma. Tout à coup, son regard étincelait de mépris envers cette monstruosité physique qu’était Konga. Le Hutt avait également calmé ses zygomatiques. Le Hutt respirait de plus en plus nerveusement. Le Hutt flippait. Le Hutt voulait un peu d’air. Le Hutt aurait échangé ses comptes contre un peu d’air.

Le colonel resta là quelques secondes, à dévisager Konga. Puis il tourna les talons, sortit de la « tranchée », fit un geste significatif à l’adresse des Stormtroopers. Les soldats hochèrent la tête et réactivèrent leurs blasters.

Wetzel avait déjà parcouru quelques pas lorsque les détonations retentirent.





Les terrasses, les immeubles, y en avait partout. Lando et Nora dévalaient escaliers sur escaliers, franchissaient des ruelles aériennes, des ponts, des usines bousillées… Ils n’étaient plus que deux êtres parmi une foule de fuyards – des mâles et des femelles qui emportaient leurs enfants, des mâles et des femelles qui s’efforçaient de les protéger… Pas un humain à l’horizon – sauf eux deux, précisément.

Ils étouffaient dans cette marée de chair et de cris. Ils suffoquaient sous cette fumée, ces relents de sang et de putréfaction. Ils n’en pouvaient plus – mais ils couraient, écrasés par cette pluie dense qui n’en finissait pas. Ils trébuchaient sur des corps geignant et gémissant, criant et implorant. Tout l’Invisec déménageait, un véritable exode. Peut-être était-ce là l’objectif des Impériaux : pousser les gens à se barrer, vers une destination qu’ils savaient être… illusoire. On ne s’évadait pas de l’Invisec. Le peuple fuyait la mort pour mieux la rejoindre.

Les immeubles brûlaient. Les immeubles craquelaient. Les immeubles s’effondraient – chute spectaculaire d’édifices minables. Nuages de fumée. Vacarme infernal. Les TIE zébraient les foules de laser, de missiles… Le choc combiné de plusieurs explosions suffisait parfois à balayer un baraquement délabré situé plus loin, à broyer, à déchiqueter, à souffler des centaines, des milliers de corps.

Des vaisseaux de petite taille parvenaient à décoller de l’Invisec – sans doute les non-humains les mieux lotis de l’endroit, les exploiteurs, donc. Des speeders, également. Les TIE faisaient un carton. Mais certains réussissaient à passer.

Nora trébucha – punaise, ça faisait cliché ! Lando sentit quelque chose se crisper sur sa jambe, une main. Lando se dégagea. Lando se tourna vers Nora. Lando reçut un formidable coup à l’abdomen. Lando s’effondra au sol. Lando avait le souffle coupé. Personne ne s’arrêta pour leur venir en aide – c’était le sauve-qui-peut général, le chacun-pour-soi total. Des troupeaux de Twi’lecks, de Bothans, de Sullustéens, de Neimoidiens, de Calamari, d’Elonim, partout, à tous les niveaux, tous les étages, criant, hurlant, pleurant, grouillant, se répandant comme le torrent ayant dévasté un barrage…

Ne pas perdre connaissance, songea Lando. Surtout…

… violente douleur à la tête…

… ne pas perdre connaissance…

La foule fuyait. La foule hurlait. La foule courait. La foule écrasait tout.

Il perdit connaissance.





Wetzel se jeta dans un speeder de commandement, casque enfoncé sur le crâne. Il rabattit la visière et tout en réactivant son arme, ordonna au chauffeur de foncer derrière le quadripode géant le plus proche. Avec un peu de chance, il tomberait sur ce Lando Calrissian et son mystérieux complice – mais il n’y comptait pas trop, n’y comptait plus trop.

Les Soldats de Choc vidaient leurs blasters façon gamins. Ils ne s’attardaient pas à viser, n’avaient pas à le faire. Un tir dans la masse de gens qui s’enfuyait au devant d’eux pouvait faucher plusieurs de ces sales bêtes à la fois. Un Stormtrooper s’était même levé, à l’arrière d’un speeder, avait armé son blaster, visait au hasard. Un Gamorréen – bête repoussante ! Feu ! La tête du Gamorréen explosait. Autre cible… Une femelle bothane… Feu ! Dans le mille. Preuve que la réduction de l’Invisec n’avait plus rien à voir avec une bataille – elle prenait désormais des allures de safari.

Wetzel sortit du speeder, enjamba quelques carcasses d’animaux – probablement des Calamari, à leur morphologie –, rejoignit une escouade d’armures blanches. Devant eux, à quelques mètres, le Walker, tétrapode gigantesque, s’avançait avec majesté au milieu des insectes…

Des canonnières survolaient la foule, avec à leur bord des Soldats de Choc armés de mitrailleuses lourdes. Les laser fusaient sur les réfugiés. Les Soldats de Choc larguaient des détonateurs thermiques. Les détonateurs thermiques éclataient. Les détonateurs thermiques arrachaient les têtes, les troncs, les bras, les jambes, les pieds… Le sang giclait sur les survivants. Le sang giclait sur les gravats. Le sang giclait jusque sur les canonnières.

Wetzel en avait presque la nausée. De loin, c’était déjà moche à voir, moche à entendre – alors, en plein dedans… D’autant que certaines espèces se putréfiaient à une vitesse vraiment remarquable… Il enfila un respirateur : l’odeur – pourrissement des corps, pollution des lieux, mers de sang – devenait franchement insupportable.





Quelqu’un le secouait puissamment. Lando ouvrit un œil, puis deux. A côté, un tas de peuple. Devant, le tenant par les épaules, cette face de droïd qu’il ne connaissait que trop bien…

C-3-PO ?

- C’est moi ! dit Tope-là en secouant Lando de plus belle.

Les rangs des réfugiés s’étaient clairsemés. Les Impériaux les talonnaient. Les bipodes se rapprochaient dangereusement.

- Où est Nora ?
- Le major Reeze est au speeder, répondit Tope-là en entraînant Lando avec lui. Elle nous y attend…

Ils fendirent la foule, se dirigèrent vers une impasse, coincée entre deux usines défoncées par des tirs de barrage. Tope-là avait réussi à y caser son speeder. Des gars avaient essayé de s’en emparer, mais Nora les tenait à distance, armée de deux blasters. Les gars ne voulaient pas insister. A la vue de Tope-là et de Lando, ils se taillèrent. Ils devaient les prendre pour des Impériaux…

Tope-là et Lando se jetèrent dans le speeder – Nora mit les gaz et décolla, rasant le déluge de réfugiés.

- Comment nous-as tu retrouvé ? cria Lando en bouclant sa ceinture.
- Pifomètre et coupdebolisme, répondit aimablement le droïd en faisant de même. Mes senseurs ont également joué un rôle non négligeable.
- Je disposais d’un récepteur, expliqua Nora en éclatant de rire.

Bien sûr…

- Et moi qui espérais faire croire à mes légendaires talents de profiler ! se fâcha Tope-là, grillé.

Une volée de rayons manqua de peu de perforer la bagnole. Nora enfonça l’accélérateur, poussant leur engin à fond.

- Avec un peu de chance, ils n’auront pas le temps de nous voir filer, hasarda Tope-là.
- Faut croire que la chance nous a abandonnés, répliqua Lando en armant un blaster que lui avait refilé Nora.

Il se retourna de suite, visa le motospeeder qui était à leurs trousses… Pressa la détente… Damned, manqué ! Visa à nouveau… Pressa la détente…

Le motospeeder piqua vers l’avant, roula sur lui-même, largua son pilote dans le vide, s’écrasa sur un immeuble…

- Vous n’avez pas perdu la main, major Doclianas, fit remarquer Tope-là.
- N’est-ce pas, sourit Lando, narquois.

L’appareil de Nora zigzagua entre plusieurs tours encore fumantes… Dans quelques secondes, ils quitteraient cet enfer, dans quelques secondes…

Des Stormtroopers, en bas, leur tiraient dessus – ils étaient trop bas. Moins bas, par contre, était ce Walker dont la tête mécanisée pivota en pointant sur eux ses canons antiaériens. Nora tenta le tout pour le tour, ne lâcha pas son cap – ce serait une question de vitesse et de chance.

A chaque fois, les salves du Walker les loupèrent de quelques millimètres… Le tétrapode laissa tomber, retourna au massacre des fuyards.

- Personne ne nous suit ! triompha Tope-là.
- Ils sont trop occupés à flinguer les non-humains… commenta sombrement Nora.
- Fumiers ! grinça Lando.

L’air-speeder se retrouva bientôt hors du futur ex-Secteur Invisible, traversa quelques canyons avant de se retrouver dans un boulevard volant, millions de véhicules aériens filant les uns derrière les autres, à quelques kilomètres des lieux d’un massacre d’une ampleur jamais vue sur Corus’.

Retour à la normale. Lando se laissa aller. Nora se laissa aller. Leur speeder reprit une allure normale – fallait éviter de se faire repérer pour un banal excès de vitesse…

Sauvés. Ils étaient sauvés. Lando ne savait qui remercier. Tope-là, Nora, la chance, la Force… Il était sauvé.

Sauvé…

Mais les autres, eux, ne l’étaient pas. Et Lando Calrissian, le destructeur de l’Etoile noire, n’y pouvait absolument rien. C’était peut-être ça qui le mettait vraiment en rogne… Non, le terme était encore trop faible…





« Gloire et salut ! » Le cri de ralliement des Soldats de Choc résonnait dans tout l’Invisec. Le général Hadelayd était venu saluer ses troupes victorieuses. La Propagande s’en donnait à cœur joie. Wetzel cherchait à éviter les holocaméras.

Mais les holocaméras étaient partout. Une dizaine de Stormtroopers posa devant une pile de corps – image historique : les holocaméras tournaient. Deux Soldats de Choc s’amusaient à décapiter un maximum de prisonniers à la vibrolame – c’était à qui battrait le record : les holocaméras enregistraient. Les Walkers tambourinaient – lourdeur habituelle d’une symphonie mortelle : les holocaméras suivaient.

Les opérations de maintien de l’ordre se s’interrompaient pas, mais dans l’ensemble, une pause s’était faite sentir. Hadelayd l’avait dit : le but n’était pas d’exterminer, mais de causer un maximum de souffrances. Les différentes industries impériales ne souhaitaient pas perdre une main d’œuvre aussi bon marché. Et puis il n’y avait pas que l’Invisec qui s’était soulevé… D’autres secteurs attendaient leur lot de forces mécanisées.

Wetzel enjamba une rangée de cadavres, la tête lourde. Il n’avait finalement pas retrouvé Calrissian, mais il existait une forte probabilité que ce dernier n’eût point réchappé à ce carnage. Seulement, Nesta se moquait des probabilités. Ce que Sa Sainteté voulait, c’était des faits.

Mais Wetzel en avait marre, soudainement. Il avait eu son compte pour la journée. L’opération bothane était imminente… Sans doute moins de quarante-huit heures à attendre. Quelques heures à conserver le Document de Caamas à l’abri, avant de pouvoir connaître la consécration. Calrissian n’aurait jamais le temps de les gêner. Tout était déjà en route.

Et puis ce soir, il était pris. Que Nesta le veuille ou non.

Wetzel sortit son comlink, enclencha le code correspondant.





Une brève sonnerie – le comlink portatif de Nora, se dit Lando.

- Qui t’appelle ? suspecta-t-il.
- Le salopard brillant, répondit-elle en activant son comlink.

Lando s’enfonça sur son siège, ruminant des pensées qui faisait passer le Côté obscur pour une page blagues d’Holo-Loisirs.

- Yohanz ? dit Nora en adoptant le ton de l’amoureuse-qui-attendait-l’appel-de-son-homme.





- Nora ? C’est moi…

Pour la première fois depuis longtemps, un authentique sourire illumina le visage de Wetzel.

- Où es-tu ? Ca fait des heures que j’essaie de te joindre…





- En mission, chéri, répondit-elle. Tu connais nos patrons. Tant qu’ils peuvent compter sur les jeunes générations pour leur faire tout le travail… Et toi ?

Lando mima ses paroles sans proférer un mot, grimaçant outrageusement. Tope-là restait muet – il avait tant appris, sur le comportement de la race humaine…





Wetzel jeta un regard à une tranchée comblée par des cadavres de non-humains. Détourna la tête. Tomba sur d’autres monceaux de corps…

- Euh… En mission également… La journée a été très agitée, pour moi aussi… C’est toujours d’accord, pour ce soir ?





- Si je suis toujours d’accord ? rit-elle. Tu oses en douter ?

Qu’est-ce qu’ils racontent ? Qu’est-ce qu’ils racontent ? Marrant comment la jalousie parvenait à faire oublier un génocide… Cela dit, il paraissait que Yan s’était remis à faire des blagues dans les trente secondes qui avaient suivi la destruction d’Alderaan…





- Bien, sourit Wetzel. Alors rendez-vous à 21 heures à l’Hobbie-One. Je compte sur toi…

Il put l’entendre éclater de rire. Il adorait ça. Il adorait l’entendre…

Cette soirée promettait d’être intéressante. Depuis des jours qu’ils avaient prévu la date…





- Sans problème, dit Nora sur un ton suave laissant présager un déferlement torride de sensualité sauvage. A ce soir…

Elle mit fin à la communication. Rangea son comlink. Tourna à gauche, s’engageant dans un énième canyon…

- Que se passe-t-il, ce soir ? s’impatienta Lando.

Nora lui adressa un sourire par le biais du rétro.

- Ce soir ? On passe à l’action.

Le sourire qui ne présageait rien de bon.

Très joyeux…
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