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Chapitre 34. Vénalité
 
Les vaisseaux se rassemblaient. Une puissante force d’attaque se mettait en place. Des croiseurs, des frégates, des corvettes de tous les modèles, issus des chantiers de Mon Cal ou de Corellia, fonds de tiroir de la mythique flotte Katana, vaisseaux dérobés à l’Empire. L’attaque serait bientôt lancée.

- Y a pas à dire, ça en jette toujours, dit Acritt à l’individu qu’il avait fait entrer dans son bureau perso.

Acritt ne méprisait pas sa modeste condition de capitaine des services spéciaux – laquelle condition lui avait offert un bureau certes bordélique mais doté d’une baie vitrée avec couverture externe métallisée. C’était le pied, de bosser avec l’espace à côté de soi…

- En effet, mon capitaine, approuva benoîtement l’humain qui lui faisait face, debout.

Acritt se prélassait sur son siège de manière limite provocante. Ses cheveux en désordre, ses cernes, sa barbe de plus de trois jours en révélaient beaucoup sur son état mental.

- Si je vous ai fait venir, enseigne, commença Acritt, c’est pour vous féliciter.

Air surpris de l’enseigne.

- Je… ne suis pas certain de comprendre.

Sourire sincère d’Acritt.

- Si, vous êtes brillant. Je savais que je ne me trompais pas en vous embauchant. Esprit d’initiative, discipliné sans être coincé du cerveau, belles capacités d’analyse et de synthèse, connaissance approfondie des codes et des structures des services impériaux… (il imita la voix de Yoda) Vraiment très bon, vous êtes.

L’humain parut se détendre.

- Je ne vois pas quoi répondre…
- Vraiment ? Je vous tresse des louanges et vous restez coi ? J’en suis navré…

Rires. Ca faisait du bien, en cette période de stress.

- En réalité, je ne vous cache pas que vous êtes notre meilleur élément, concéda Acritt. Sans blague, et soit mentionné en passant : je ne dis pas ça par préférence pour la race humaine, n’est-ce pas ?

L’enseigne pinça ses lèvres. Et timide, avec ça…

- Non, non, ne faites pas le modeste, sourit Acritt en se levant. Vous êtes un élément brillant. Si brillant…

La voix d’Acritt s’assombrit.

- … que vous avez été en mesure de travailler simultanément pour deux services différents. Le mien, et celui des Bothans.

L’humain saisit instantanément son blaster, mais Acritt lui agrippa puissamment le bras, le plia vers le bas de telle sorte que son adversaire dût lâcher son arme… Acritt lui asséna un violent uppercut à la mâchoire qui l’envoya bouler contre la porte de sortie. L’enseigne n’eut pas le temps de se relever qu’Acritt le saisissait par le col, lui filant un violent coup de boule qui manqua de l’assommer. Un autre coup de boule, et il le traîna sur une chaise à répulseur qui traînait, l’y bouclant avec des menottes magnétiques.

- Salopard de fils de pute, gronda Acritt. Tu te croyais réellement capable de me duper plus longtemps ?
- … vous êtes plus fort que nous ne l’imaginions, marmonna l’enseigne avec un sourire.

Nouvelle teigne dans la gueule. L’humain cessa de sourire.

- Comment… m’avez vous repéré ? gémit-il.

Acritt afficha une moue triomphale.

- Ce fut si simple. Tu en serais dégoûté…
- Allez-y…
- T’as commis une erreur. Tu as profité d’une heure de pause pour croiser le chemin d’un de tes contacts, à qui tu as remis une datacarte – c’est ce que l’on voit, certes non sans mal, sur les caméras de surveillance. Je savais que ladite personne bossait occasionnellement pour les Bothans. Ce qui m’a intrigué. Alors j’ai enquêté. Et j’ai déniché quelques trucs intéressants. Tu avais créé un compte perso. Ouais, je sais, chacun le fait, mais pas de bol, il se trouve que je suis plutôt hacker sur les bords, tu vois. Et en cherchant bien, j’ai fini par trouver trace de multiples transferts de sommes plutôt rondelettes. Rien de bien méchant, ça aurait pu venir du pillage de quelques comptes impériaux. Seulement voilà, ces transferts provenaient d’une société dont j’ai découvert qu’elle était aussi bidon que le nouveau cul de Cœur de Glace. Tu me connais, je suis intrigué, face à ça. Alors je creuse. Et que trouvé-je ? Que cette société compte un actionnaire majoritaire. Que cet actionnaire majoritaire est une autre société, elle-même comprenant un actionnaire majoritaire… Et ainsi de suite. Un cycle tordu qui nous mène à une société-écran dont je sais qu’elle est pilotée par… par…

Pas de réponse de l’humain. Acritt lui refila un nouveau pain.

- … par les Bothans… avoua l’enseigne avec difficulté.
- Exact – tu vois quand tu veux ? En somme, t’étais, depuis déjà un sacré bout de temps, financé par ces salopards. Quel enfoiré… T’as même pas fait ça par conviction ! Fallait que le fric entre en jeu, non ?

Nouveau sourire de l’enseigne.

- Vous ne pouvez rien contre moi… Travailler pour les Bothans ne constitue nullement une trahison. Virez-moi de votre équipe… Je trouverais toujours de nouveaux employeurs…

Acritt soupira bruyamment. Pas par dépit. Non, c’était plutôt un autre genre de soupir. Style désappointement simulé.

- Pour trouver de nouveaux employeurs, encore faudrait-il que tu sortes en bonne santé de ce bureau…

Regard bizarre de l’enseigne. Bingo, se dit Acritt.

- Vous n’oseriez pas, dit l’humain. Ce n’est pas digne d’un officier de l’Alliance…
- Ah parce que le coup de poignard dans le dos est également digne d’un officier de l’Alliance, enfoiré ?

Acritt s’était emparé de… d’une espèce de stylet… l’approcha de l’œil droit de l’enseigne…

- Non… glapit l’humain. Non… Quelqu’un entrera, vous serez mis aux arrêts… Vous n’avez pas le droit…
- Tu sais, l’état d’urgence justifie hélas bien des décisions regrettables.

Le stylet était vraiment proche de l’œil.

- Tu sais qui je suis, reprit Acritt. Et tes salauds de patrons aussi. Tu sais que je suis foutu d’agir comme je suis sur le point de le faire.
- Vous ne pouvez pas… il est interdit de représenter une scène de torture dans la saga…
- Plus depuis le NJO, coco… Magne ! Ton œil droit va sauter comme un geyser si tu n’avoues pas.
- Putain, mais avouer quoi ?!?

L’enseigne hurlait, presque.

- Tu peux crier, c’est insonorisé – construction calamari. Personne ne nous dérangera. Maintenant, parle.
- Pour dire quoi ? gueula l’humain, terrorisé.

La lame était à moins d’un centimètre de l’œil, cette fois. Acritt agrippait très fort la tête de l’enseigne.

- C’est toi qui a causé de Labyrinthe aux Bothans, n’est-ce pas ?
- Bordel, mais…
- C’est toi, oui ou non ? rugit Acritt.

L’enseigne s’affaissa sur le fauteuil.

- Oui…
- Et qu’as-tu dit ?
- Virez ce couteau !!!
- Non ! cria Acritt. Ce n’est pas ça que tu leur as dit. Que leur as-tu révélé exactement ?

Quelques millimètres… l’œil de l’autre se refermait et s’ouvrait par intermittence, exorbité… L’enseigne respirait par saccades, en proie au flip de sa vie…

- PARLE !!! beugla Acritt.

L’enseigne se pissa dessus. Et déballa tout en moins de quatre minutes. L’aveu coulait façon déluge, mais l’interrogé avait su conserver son esprit analytique jusqu’au bout. L’exposé de sa forfaiture fut structuré et exhaustif.
Il restait un dernier point à élucider.

- A qui transmettais-tu tes informations ?
- C’est là que ça devient étrange… maugréa l’enseigne.
- Ah ouais ? Quel genre ?
- Je vais vous mener à lui.
- Pas question. Tu me dis son nom.
- Allez vous faire foutre.
- Tu veux que je t’arrache les yeux, oui ou non ?
- Je suis un homme mort, à présent. Ce que vous pouvez me faire n’a aucune espèce d’importance.
- C’est ce que tu crois.
- Ecoutez-moi. Il se trouve sur un autre vaisseau, à l’heure actuelle. Je vous y mène et je vous le dénonce moi-même. Quitte à le larguer, autant l’assumer jusqu’au bout. Si vous me laissez ici, ses gars me flingueront. Si je reste avec vous, ils hésiteront peut-être. De toutes façons, je suis grillé.

Acritt réfléchit au plan. Oui, c’était risqué, mais compte tenu du fait qu’il n’avait jamais eu l’intention d’exploser les yeux de cette ordure, c’était peut-être la seule chose à faire. Et puis au moins la dénonciation serait forte, éclatante… Bien sûr, il ferait amener une escorte.

Ouais, c’était pas idiot.

- Ouais, c’est pas idiot, concéda-t-il. J’appelle d’abord des types à moi. Nous irons ensemble voir ton contact.

Après avoir balancé quelques instructions par l’intercom, Acritt lui défit quelques menottes, lui laissant les poignets attachés dans le dos, et le fit lever de son siège.

- Mes gens vont rappliquer. On va les rejoindre directement au hangar d’embarquement. D’ici là, souris et ne fais pas le con.
- Avec plaisir, mon capitaine.

Acritt lui répondit en lui fichant une claque. L’humain se dirigea vers la sortie puis…

… un flot de chair et de sang, d’os et de bouillie éclata dans toute la pièce. Le choc propulsa Acritt sur la baie vitrée, balayant datacartes, sièges et bureau. La dernière chose qui vint au regard du capitaine, c’était le rouge, du rouge partout. Il s’était noyé dans un marécage de sang.





- Mon capitaine…

D’où venait cette voix ? Etait-ce un ange ?

- Mon capitaine…

Pang ! D’où venait cette claque ? Un ange sadique ?

Un œil s’ouvrit. Puis l’autre. L’ange n’était pas blond – mais avait une tronche de Neimoidien. L’ange neimoidien flottait dans un nuage rougeâtre. Ca puait drôlement, ici…

- Mon capitaine, c’est moi, Wlutt…

Wlutt. Son agent neimoidien. Le financier de l’équipe.

- Où… suis… je… balbutia Acritt.
- Il y a eu une explosion, dit Wlutt. On n’a rien entendu, puis Qarman est entré. Il est dans les pommes. Y a quelqu’un qui a été littéralement désintégré, ici !

Acritt se releva lentement. Sentait des choses lui coller au visage, à l’uniforme… Des… Oh, non…

Du sang, partout. De la peau, de la chair, de la graisse, des boyaux, deux pieds, deux mains, des restes de bras et de jambes… Partout. L’enseigne avait salopé tout le bureau. Des medics s’étaient incrustés – rien à faire pour la victime, évidemment. L’un d’eux s’empara d’Acritt.

- Merci, je n’ai rien.
- Ce n’est pas vrai, répliqua le droïd. Vous…
- Fichez-moi la paix et nettoyez cette… hutterie… gronda Acritt.

Vite, prendre une douche. Prendre une douche avant de perdre connaissance à nouveau.

Il lui avait pété à la gueule !!!

Et pire que tout : il n’avait plus de témoin.

Cela dit, tout n’était peut-être pas encore perdu…

- Que l’on me prépare une navette, ordonna-t-il, la voix tremblante. Je dois me rendre sur le croiseur Alliance.
- A vos ordres, fit le Neimoidien, suspicieux. Vous voulez de l’aide, mon capitaine ?
- Pas besoin d’aide pour le moment, répliqua froidement Acritt en jetant un regard de braise à Wlutt.

Il allait sortir de son bureau quand…

… il se ravisa.

- Wlutt…
- Oui mon capitaine ?
- Vous enverrez ce message à Mon Mothma via l’holocom.
- A… Mon Mothma ?
- Oui. Vous lui direz que le Rancor est sorti de son trou.
- Je… vous demande pardon ?

Le Neimoidien avait l’air stupéfait.

- Vous m’avez parfaitement compris. Envoyez ce message maintenant ! Et préparez cette saloperie de navette ! Je suis prêt dans cinq minutes.

Peut-être dix, en fait… Wlutt partit exécuter les ordres.

A présent, ça allait barder. Comme l’avait dit Maître Gizmo, « si tu fais la guerre, deviens la guerre ! ».





* * *







Il était contre cette opération. Elle ne pouvait que mal tourner.

Borsk Fey’lya quitta la passerelle de commandement du croiseur Alliance, où il venait de présenter ses ultimes arguments à l’amiral Ackbar, et regagnait ses quartiers.

Ackbar savait que les Impériaux leur tendaient un piège, mais il espérait encore les vaincre. Cet espoir mènerait l’Alliance au désastre, non au triomphe. Crétins de militaires… Pouvaient-ils donc être aussi aveugles ? Fey’lya avait néanmoins fait son boulot. Il avait remis tous les derniers renseignements à sa disposition sur la Flotte impériale, il avait formulé ses objections. Le problème était qu’il ne pouvait se contenter de s’en laver les mains. Mince, il n’y jouait pas seulement son poste, mais aussi sa peau !

Fey’lya s’engagea dans le dernier couloir qui menait à sa cabine, richement décorée – il n’était pas n’importe qui, il était Conseiller au sein des hautes instances exécutives de l’Alliance rebelle, qui devait incessamment sous peu hériter du titre de « Nouvelle République ».

Tiens, mais où étaient passés les vigiles à l’entrée ? Et qui était ce petit homme aux tempes grisonnantes qui semblait l’attendre ?

- Capitaine Acritt ? fit Fey’lya. Que faites-vous ici ?
- Je devais vous voir personnellement, Conseiller, dit Acritt, la voix glacée. Puis-je… ?
- Evidemment, répondit sèchement Fey’lya. Au fait, savez-vous ce que sont devenus mes vigiles ?
- Je les ai fait déplacer. Ainsi serons nous plus tranquilles.
- Je vois.

A peine le Conseiller pénétrait-il dans sa cabine qu’Acritt le saisissait par la bride et jetait à plat ventre, avant de le redresser et de lui foutre une claque – méthode traditionnelle, hélas… Allez, une autre beigne.

- Espèce de salaud, grogna Fey’lya en crachant du sang. On peut savoir ce qu’il vous prend ?
- Oh, rien du tout, répondit Acritt, dont le ton restait glacial. Je viens de découvrir qu’un agent de mon équipe me trahissait depuis le début. Et lorsque je le démasque, il m’explose à la tronche. Une paille.
- J’en suis navré, geignit Fey’lya (Acritt l’avait carrément retourné et lui écrasait le bras).
- Il y a de quoi.

Il balança Fey’lya sur la couchette, dégainant son blaster.

- Vous… vous êtes un malade ! hurla Fey’lya. Je vous ferai enfermer !
- Pas si fort, rétorqua Acritt. Quelqu’un pourrait entrer.
- Vous allez me payer ça.
- Je ne crois pas que la mère Mothma ira écouter un individu qui envoie des renseignements confidentiels aux Impériaux.

Fey’lya explosa – au sens figuré. Ce fut une déferlante de jurons, de crachats et de mépris. Le Bothan se lâchait.

- Voyons, Conseiller, ne faites pas la pucelle outragée. Il se trouve que je dispose de preuves contre vous.
- C’est cela, oui… répliqua Fey’lya sur un ton exagérément aristocratique.

Acritt faisait des moulinets avec son arme. Les moulinets avaient une vertu irritative.

- La taupe que j’ai découverte – et qui hélas est décédée il y a peu – avait un compte en banque alimenté par une société elle-même contrôlée par capital majoritaire d’une autre société, et ainsi de suite jusqu’à un consortium lié aux intérêts bothans. Il se trouve que ce consortium est pour une large part… à la disposition, non pas même de votre clan, mais de votre famille.

Fey’lya le dévisagea avec stupeur. Aucun son ne sortit de sa bouche. Acritt esquissa un sourire sardonique.

- Ah, je vois que je commence à vous intéresser. Donc, vous payez cet agent. Votre agent. Et cet agent vous a transmis des informations relatives à une opération en cours. Une opération extrêmement sensible qu’il m’est interdit d’évoquer, quoique vous devriez la connaître, à présent. Et, coïncidence fâcheuse, les Impériaux ont eu vent du projet. Etrange, non ?
- Pas vraiment, objecta Fey’lya. Vos hommes sur place ont pu commettre une gaffe et…

Acritt hocha négativement la tête.

- Non, je ne crois pas. Mes p’tits gars se trouvaient sur une planète impériale et n’ont été… « menacés » qu’au bout de trois jours, dans certaine planque censée demeurer secrète. Comme par hasard, votre taupe a livré ses informations la veille à l’un de ses contacts.
- Comment le savez-vous ?
- Je ne vous cache pas que ce fut difficile. J’ai simplement fait appel à la vidéo-surveillance du croiseur sur lequel je réside. Puis j’ai eu de la chance de tomber sur cet échange, effectué de manière subreptice, très professionnelle. Le coup du transfert de datacarte par poignée de main, c’est usé, mais ça fonctionne encore !
- Et cette… « taupe »… vous dites qu’elle est décédée ?
- Exact. Pour son contact, c’est tout comme : disparu sans laisser de traces. Fabuleux, non ? Enfin, je poursuis mes déductions et hypothèses, et j’arrive à vous.
- Bien raisonné, en effet, sourit Fey’lya. Cela étant, j’ai cru comprendre que Labyrinthe se portait bien…

Ce fut au tour d’Acritt de grimacer. Son visage vira au rouge. S’énervait trop, ce type.

- Espèce de salaud, alors c’était bien vous…

Il balança une nouvelle baffe à Fey’lya. Ce dernier s’écrasa sur la paroi qui longeait sa couchette.

- Vous êtes à côté de la plaque, capitaine… marmonna Fey’lya.
- Fous-toi de ma gueule, ordure ! gronda Acritt. Tu vas morfler devant la cour martiale !
- Vous êtes en train de commettre une magnifique boulette…
- Bien sûr. Veuillez me tendre vos mains, s’il vous plait. Pour les menottes, vous comprendrez…

Un nouveau sourire éclaira le visage de Fey’lya.

- C’est Mon Mothma qui vous a confié cette mission, n’est-ce pas ? dit-il. Et elle vous a spécifié : « n’y mêlez pas les Bothans, en aucun cas, à aucun prix ». Je me trompe ?

Pas de réponse chez Acritt. Les yeux de ce dernier se plissèrent.

- Comment le savez-vous ?

Il n’avait jamais parlé de Mon Mothma à ses gars. L’intervention de Madame le Sénateur restait théoriquement entre elle et lui.

- C’est à elle et personne d’autre que vous devez rendre des comptes pour cette mission, continua Fey’lya.
- Comment… comment le savez-vous ?

Fey’lya ricana, puant de mépris.

- Comment je le sais ? Pauvre naïf… Vous croyiez avoir exclu les Bothans du jeu, hein ? Vous étiez joyeux à cette idée ?
- Expliquez-vous, connard, répliqua le capitaine en multipliant les moulinets.

Les yeux de Fey’lya étincelaient d’orgueil et de fierté.

- Comment je le sais, donc ? Mais c’est très simple : c’est moi qui ai initié cette opération.






* * *






Ce fut d’abord le silence. Puis le choc. Puis une nouvelle décharge de violence de la part d’Acritt. Fey’lya se prit une nouvelle tape sur le museau…

- S’il est vrai que ma veulerie eût pu vous offenser… balbutia le Bothan.
- Ta gueule ! cria Acritt en balançant Fey’lya sur une table non loin.
- … il est vrai que je ne le ferai pas tous les jours… maugréa le Conseiller en s’aplatissant la face…

Acritt se calma. Réfléchit. Pensa. Fit des trucs avec son cerveau.

Il avait cherché à attraper les Bothans : récupérer sur leur compte un document croustillant. Bien sûr, il était de l’intérêt de la République de savoir à quoi s’en tenir à propos de Caamas. Bien sûr, « Labyrinthe » résultait d’un ordre secret de Mon Mothma, laquelle ne devait absolument pas être mise en cause, de quelque manière que ce soit – classique… Mais le capitaine avait nourri d’autres objectifs. Il avait espéré agir à l’insu de Bothawui et de se rendre maître d’un machin compromettant, histoire de définitivement tenir ces salopards de bestioles par les couilles.

Echec total, donc. Car Fey’lya avait été plus fort que lui.

- Ca y est, vous avez eu votre dose ? grommela Fey’lya en se relevant.
- On peut dire ça, oui. Et maintenant (il s’approcha du Bothan qui gisait à terre, s’agenouilla près de lui), pouvez-vous m’en dire plus ?
- Avec plaisir… Aidez-moi à me relever…
- Vous êtes encore jeune et frais, vous pouvez bien vous en sortir tout seul…
- Je ne néglige jamais mes amis, sourit perfidement Fey’lya.

Acritt lui saisit fortement l’avant-bras, lui cala une main dans le dos et l’aida à reprendre pied.

- Pourquoi moi ? demanda Acritt avec suspicion. Pourquoi ne pas avoir choisi un de vos réseaux bothans ?

Fey’lya sortit un mouchoir, s’essuya son museau ensanglanté.

- Vous savez bien pourquoi, répliqua-t-il. Caamas met en jeu des éléments bothans – j’ignore lesquels. Cela fait des années que j’enquête sur l’affaire, et tout me porte à croire que… que…
- … que les responsables sont suffisamment haut-placés pour vous bloquer, n’est-ce pas ?
- Exactement.

Fey’lya poussa un soupir, s’assit sur son lit… S’affala, plutôt…

- J’ai appris incidemment voici quelques semaines que nos services de renseignements avaient pu s’emparer du Document de Caamas, poursuivit Fey’lya. Hélas, comme vous le savez, les Impériaux ont réussi à nous contrer.
- Et le Document a disparu.
- Lorsque votre agent de l’Ubiqtorate, lequel travaillait également pour moi, a affirmé avoir retrouvé le Document, j’ai immédiatement saisi l’occasion qui se présentait d’en savoir plus. Mais voilà…
- … vous ne pouviez pas utiliser vos propres réseaux.

Sourire fey’lyen.

- En effet. Je ne voulais pas risquer d’alerter la… « concurrence »…

Acritt émit un sourire tout aussi fey’lyen. La concurrence… Si c’était ainsi qu’il nommait des bouchers génocidaires…

- Laissez-moi poursuivre, fit-il. Vous contactez Mon Mothma, votre plan en poche. Vous avez été suffisamment gentil pour penser à mon Bureau spécial. Ce en quoi je vous remercie.
- Vous étiez le meilleur.
- Arrêtez, mes chevilles… remercia modestement Acritt.
- Par contre, une chose m’échappe, s’interrogea Fey’lya. Pourquoi avez-vous envoyé Calrissian là-bas ?
- Je serais tenté de vous répondre qu’il était un excellent candidat, répondit Acritt. C’était du moins ce qu’exigeait le Major Reeze : elle désirait bosser avec lui et a avancé moult arguments convaincants que je n’ai eu qu’à ressortir au susnommé.
- Ah.

Acritt se renfrogna.

- De toutes façons, nous sommes sur la voie de l’échec, Conseiller. Nos agents sont poursuivis par les Impériaux. Ils ont été livrés.
- Effectivement, le fait d’avoir fait l’objet d’une tentative d’arrestation au bout de trois jours milite en ce sens, approuva Fey’lya.
- Surtout quand on sait qu’un de mes gars, lequel bossait pour… vous, a livré des informations sur Labyrinthe peu avant.
- D’où vos soupçons.
- Bien légitimes, non ?
- Et on le serait à moins. Mais ce n’est pas moi qui ai trahi vos agents. Je ne vois pas pourquoi j’aurais tenu à saborder une opération dont j’ai eu l’idée.

Un rictus déforma le visage d’Acritt. Fey’lya, décidément, était toujours fidèle à lui-même… Il vendrait père et mère pour une statue alderanienne… C’était pas possible, ce mec avait nécessairement une conscience, non ?

- Au risque de vous surprendre, dit le Bothan, je n’ai jamais reçu d’informations de l’agent qui… vous a explosé en pleine figure, si j’ai bien compris. J’étais suffisamment bien renseigné par vos rapports…
- Y a pas de quoi, répliqua sarcastiquement Acritt. Pourtant, la société qui finançait ce salaud appartient à votre clan, non ?

Fey’lya éclata de rire.

- Votre haine pour moi vous aveugle… Vous savez bien que les clans sont infiltrés par les autres. Avant d’espionner l’Empire, avant d’espionner l’Alliance, nous nous espionnons nous-mêmes.
- Vous êtes vraiment schizos, y a pas à dire.
- Je vous en prie. En fait, je crois que je tiens une piste…

Le regard d’Acritt se mit à flamber.

- Une…
- … piste, oui. Vous savez, cette fameuse société que vous évoquez…
- Eh bien ?
- Elle ne m’appartient pas. C’est une lointaine cousine à moi qui s’en occupe.
- Parce que même les femelles…
- Silence, laissez-moi continuer. Il se trouve que cette cousine a épousé un grand hiérarque d’un clan voisin. Lequel, sans aucun doute, joue son rôle dans la gestion de ladite société.
- Et vous voyez qui c’est, ce gars ?

Une lueur de triomphe surgit dans les yeux du Bothans. Son pelage s’était mis à frissonner d’excitation.

- Mon premier suspect dans l’affaire de Caamas, répondit-il simplement. Un type affreux, que je n’ai jamais pu supporter.
- Et pourtant, il a épousé une fille de votre clan, une de vos cousines ?
- Chaque clan comporte son lot d’idiotes et de pimbêches, rétorqua sèchement Fey’lya. C’est une politique d’alliance que mène chaque famille depuis des générations, en vue de contrôler des territoires, de l’argent, de la considération, du pouvoir.
- Ouais, bon… Et… son nom, c’est quoi ?
- C’est l’un des pontes de nos services de renseignements. Vous le connaissez peut-être. Il répond au patronyme de Mek’Thra.





*


* *





Une heure plus tard, une navettes de l’Alliance rebelle quittait le vaisseau calamari. A bord, deux personnes qui ne pouvaient pas se supporter mais qui devaient faire contre mauvaise fortune bon cœur : Borsk Fey’lya, et aux commandes : Yan So… non, je déconne, Acritt évidemment.

- Le Bothan qui a géré l’affaire de Neemaï… murmura Acritt, le souffle coupé.
- Vous aussi, cette opération vous a paru louche ? rit Fey’lya.
- Et comment… Mek’Thra s’entretient avec le Moff local et se contente d’échanger des phrases creuses de toute évidence cryptées…
- Pas idiot. Vous pensez que Neemaï a un rapport avec le Document ?
- Je crois, Conseiller, que des Impériaux ont eu l’idée de faire chanter vos compatriotes, et que ce qui est arrivé jusque là n’est que du pipi de gremlin à côté de ce que sera le futur.
- Et quelle est votre vision du futur, capitaine ?
- Mêlez-y un spectre du passé du genre Caamas, le tout dans un contexte où l’Alliance se cherche encore et où l’Empire s’effondre sur ses bases, et vous pouvez obtenir quelque chose de saignant. Je ne sais pas, quoi… De toute évidence, les maîtres-chanteurs ont de la suite dans les idées et si j’en crois ce qui est arrivé à mes agents, travaillent main dans la main avec les Bothans. Et ça, a priori, ce n’est jamais très bon pour l’Alliance.
- Il me vient une idée, capitaine, hasarda Fey’lya.
- La même que la mienne ?
- Comment se nomme le Gouverneur du système Neemaï, déjà ?
- Ciercecca. Et il se trouve toujours là-bas, en debriefing…
- Vous croyez que nous devrions tenter la chance ?
- Voyons… Nous n’allons pas travailler ensemble, tout de même…
- Je fais appeler une navette.
- Vous me devancez, Conseiller.
- Comme d’habitude…

Sourires mutuels. Cette fois dénués d’hypocrisie.

Enfin, un peu quand même…
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