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Chapitre 39. Débriefing
 
Leur navette avait atterri sur Neemaï après quatre heures de trajet. Quatre heures au cours desquelles Fey’lya et Acritt avaient eu tout le loisir de mettre au point leur stratégie.

La planète Neemaï I n’était pas Naboo, ça, on pouvait s’en douter. L’endroit tenait plutôt d’une usine robotisée de l’ancienne Fédération du Commerce… Le ciel était aussi gris qu’un uniforme impérial délavé, la pollution aurait faire fuir n’importe quel militant aguerri de Paix Verte.

- Et ce sont des Bothans qui ont voulu conquérir ça ? se scandalisa Fey’lya.
- Conquérir, oui, y habiter, non, corrigea Acritt.

Le vaisseau des deux visiteurs atterrit sur l’aire d’atterrissage du Palais gouvernemental, au sein duquel le Moff Ciercecca se trouvait encore en résidence surveillée depuis sa récente défection.

Un général humain se rendit à leur rencontre dès qu’ils posèrent le pied sur la piste. Salut militaire, garde-à-vous.

- Conseiller Fey’lya, c’est un honneur…
- Tout l’honneur est pour moi, répondit Acritt. Le Conseiller Fey’lya ici présent voudrait…
- … interroger le Gouverneur Ciercecca, acheva le Bothan en jetant un regard noir au capitaine.

Le général hocha la tête négativement.

- Le Président Ciercecca va être relâché dans quelques heures, afin d’organiser des élections libres qui devront porter au pouvoir une nouvelle équipe gouvernementale, conformément aux accords passés avec lui par l’Alliance rebelle.
- J’en suis heureux, général, répondit Fey’lya. Mais il est de la plus haute importance que nous nous entretenions avec le… Président Ciercecca. Maintenant.

Le général parut hésiter… Le Bothan avait l’air d’insister…

- C’est que… fit l’homme.
- Dois-je vous rappeler que le Conseiller Fey’lya est votre supérieur ? se fâcha Acritt.

Ce fut l’argument ultime. Le général se détendit et les invita à le suivre.





Le nouveau Président Ciercecca enfilait un costume officiel dans ses appartements privés lorsque le général fit entrer Fey’lya et Acritt avant de se retirer, conformément aux instructions reçues.

Acritt jaugea l’homme en un clin d’œil. Assez grande taille, corps bien constitué, visage épuré, cheveux gris coupés court, il présentait une ressemblance assez éloignée avec l’ancien Chancelier Valorum… Le costume qu’il venait de revêtir était une longue tunique mauve à manches amples, selon l’ancienne mode républicaine… Le genre de type à la fidélité totalement interchangeable, capable de servir aussi bien le Sénat que l’Empereur. Et aimant le luxe, à voir l’intérieur des appartements…

- Bien le bonjour, Monsieur le Président, sourit hypocritement Fey’lya. J’espère que nous ne vous dérangeons pas.

Ciercecca leur jeta un coup d’œil rapide, mi-soupçonneux, mi-sympathique.

- Absolument pas, Conseiller Fey’lya, répondit-il avec courtoisie.
- Vous me connaissez ? se surprit à demander le Bothan.
- Vous faisiez partie de notre liste noire, du temps de l’Empire.

La semaine dernière, donc, se dit Acritt.

- Mais je vous en prie, asseyez-vous, dit Ciercecca. Que puis-je pour vous ?

Il se la jouait vraiment collabo. Pour lui, à n’en pas douter, l’Empire avait déjà perdu la guerre. Acritt se demanda d’où lui venait une telle certitude.

L’ancien Moff s’assit derrière son bureau, en face de Fey’lya. Acritt restait debout.

- Nous aurions voulu obtenir quelques renseignements sur votre défection, déclara d’emblée Fey’lya.
- Encore ? (Ciercecca avait l’air irrité. Il haussa les épaules, comme navré) J’ai subi un grand nombre d’interrogatoires, s’il me faut une fois de plus répondre à vos questions, je finirai par faire appel à mon cabinet juridique !
- Ne vous en faites pas, Monsieur le Président (Fey’lya avait insisté sur ce dernier terme). Il nous faut simplement quelques informations. Si peu de choses, en fait.

Ciercecca croisa les mains sur son bureau, vaguement agacé. Acritt se souvint alors qu’il avait fait imploser un destroyer impérial qui menaçait de faire capoter le passage à la Rébellion du système Neemaï… Alors, cet agacement, hein…

- Que dire d’autre ? fit Ciercecca. J’ai pris contact avec un de vos compatriotes en vue de « choisir la liberté ». La suite, vous la connaissez.
- En effet, approuva Fey’lya, qui ne se départait pas de son sourire. Vous et le Conseiller Mek’Thra avez accompli un travail formidable.
- Merci.
- Comment avez-vous pris contact avec le Conseiller Mek’Thra ? demanda soudainement Acritt.
- Un peu par hasard. Je voulais parler à un membre de l’Alliance. Il fut le premier à recevoir mon message. Je crois qu’il s’agit d’un des dirigeants des services de renseignements bothans. Il devait être au courant de mes intentions de mettre fin à la tutelle impériale.

Choisir la liberté… Mettre fin à la tutelle impériale… Jamais il ne dirait, tout simplement, qu’il avait purement changé de camp, le zigue… L’art de l’euphémisme.

- Les Bothans sont de grands espions, ajouta l’ex-Moff dans un sourire.
- Nous ne le savons que trop, répondit aimablement Fey’lya.
- Êtes-vous certain de ne pas vouloir revenir sur votre témoignage ? intervint à nouveau Acritt.

Ciercecca lui adressa un regard sinistre.

- Je ne comprends pas votre question, capitaine.
- Je voulais simplement savoir, répéta tranquillement Acritt, si vous ne vouliez pas revenir sur votre témoignage.
- Un… témoignage ?
- Une déposition, si vous préférez.

Le visage du nouveau Président vira au rouge.

- Qu’est-ce que cela signifie, Conseiller Fey’lya ? Fais-je encore l’objet d’un interrogatoire ?
- Pas tout à fait, répondit le Bothan. Mais il se trouve que vous êtes encore sous le contrôle de l’Alliance rebelle, pour quelques heures seulement.
- Ce qui signifie qu’il faudra vous montrer coopératif, traduisit Acritt en faisant le tour de la table.
- Que faites-vous ? lui demanda Ciercecca, soudainement inquiet.

Acritt s’assit sur son bureau, près de lui. Le visage tranquille, donc flippant.

- Les soldats en faction sont membres de l’Alliance, précisa-t-il. Ils n’interviendront pas sans mon ordre direct.

Ciercecca allait se lever, protestant… Acritt le saisit brutalement par les épaules, le contraignit à s’asseoir.

- C’est un scandale ! cria Ciercecca. Je porterai plainte…
- … devant qui ? fit négligemment Fey’lya. Je suis membre du Conseil de Guerre de l’Alliance. La plus haute instance dirigeante de la Rébellion.
- Ca ne vous met pas pour autant au-dessus des lois… de vos lois…
- Ouh, j’ai peur… ricana Acritt en se levant. Je répète ma question : êtes-vous certain de ne pas vouloir revenir sur votre témoignage ?
- Allez vous faire voir… Je n’ai rien à faire avec vous…

Acritt jeta un regard à Fey’lya. Le Bothan se contenta de répondre par un hochement de tête.

Le capitaine se leva, s’approcha de Ciercecca, qui se protégea le visage des mains… pas totalement, cependant, puisqu’il se prit un pain dans la gueule qui l’envoya cogner la table…

- Bande de sauvages… grogna Ciercecca en redressant la tête…

L’ex-Moff passa sa main sur son visage, constata qu’elle était rouge de sang…

- Vous allez entendre parler de moi ! bredouilla-t-il, fou de rage.
- Oui, dans la RPT.
- Les Résidus de Procédés Thermiques ?
- La Revue des Pires Tortures, rectifia Acritt en lui filant une nouvelle beigne.

Le capitaine sortit des menottes magnétiques de son uniforme, les joignit aux poignets du Président plaqués sur le dossier de sa chaise, et lui donna une nouvelle tape dans la joue droite. Clap !

- Bande d’enfoirés ! hurla Ciercecca. Je vous ferai tous fusiller !
- Chassez le naturel, il revient au galop, sourit Acritt. Alors ? Comment as-tu connu Mek’Thra ?
- Et pourquoi vous le dirais-je ?

Acritt se tourna vers le Bothan.

- Il refuse de parler, constata le capitaine à regret.
- Que faites-vous ? l’interrogea Fey’lya, brusquement mal à l’aise.
- J’use de méthodes plus conventionnelles… répondit Acritt en sortant la dague qu’il avait utilisée contre feu le traître de son équipe…
- Non ! cria Fey’lya. Vous n’allez pas faire ça !

Acritt s’approcha de Ciercecca… le couteau à la main… Fey’lya se leva, furieux.

- Nous avions dit que nous n’emploierions pas la manière forte ! gueula-t-il.
- Et comment voulez-vous le faire parler ? protesta maladroitement Acritt en jouant avec son ustensile.

Ciercecca transpirait comme un malade, ses yeux exorbités reflétant une terreur extrême. L’horreur lui bouclait la bouche. Il essayait de bouger de sa chaise, sans succès, du fait de ces saletés de menottes… Des malades… Il était tombé sur des malades…

- Pas question de le torturer ! explosa Fey’lya. Je vous connais, Acritt ! Je connais votre réputation ! Vous êtes la honte de l’armée, vos atrocités ne se comptent plus !
- Racontars et billevesées, rétorqua dédaigneusement Acritt.
- Ah ouais ? poursuivit Fey’lya, vraiment énervé, sur le coup. Et ce Moff que l’on a retrouvé les mains éclatées, les doigts pliés vers le haut et les ongles arrachés ? Et cet espion impérial que vous avez… mince, je n’ose même pas prononcer le mot…
- Ne me dites pas que j’aurais mérité mille fois la Cour martiale ! contre-attaqua Acritt. Tant que mes méthodes servaient les objectifs de l’Alliance, personne n’y trouvait rien à redire. Même la fois où j’ai désossé à mains nues la jambe d’un salopard d’indic’ !

Ciercecca manqua de tomber dans les pommes… Le simple fait d’imaginer cet officier rebelle scier une partie de la jambe du gars pour plonger ses mains boudinées dans la chair et le sang afin d’en extraire des os à la force du poignet suffit à le remplir d’horreur… Il eut envie de dégueuler… Quoique Moff, c’en était trop, pour lui…

- Acritt-le-malade, qu’on vous appelle ! reprit Fey’lya en haussant davantage le ton.
- Alors, sortez de la pièce ! sourit triomphalement Acritt. Et revenez dans… une heure… Non, deux heures…

Fey’lya accorda un coup d’œil de pitié à Ciercecca, lequel lui répondit par un regard cette fois implorant.

- Ce mec est un fou dangereux… expliqua Fey’lya au Président menotté. Personnellement, je me lave les mains de toute cette histoire…

Fey’lya marcha vers la sortie, tandis qu’Acritt s’emparait de la tête de Ciercecca, la dague se rapprochant de l’œil droit…

- T’en fais pas, mon coco, ce sera rapide…

Et alors se produisit le miracle. Ciercecca l’ouvrit enfin.

- OK, je vais tout vous dire, tout… promit-il.

Fey’lya interrompit sa marche, fit demi-tour. Acritt recula la dague…

Ciercecca ne le vit point, mais les deux types s’adressèrent un petit clin d’œil de satisfaction…






Les aveux de Ciercecca furent aussi longs que circonstanciés. C’était en fait très simple. Le genre équation.

Hypothèse : Monsieur Moff était mouillé à fond dans les affaires du Soleil Noir.

Conséquence : il avait fini par faire l’objet d’une enquête lancée par le Bureau financier de l’Ubiqtorate. Ladite enquête promettait d’aboutir : Ciercecca était l’un des affiliés de Nesta, Gouverneur de Coruscant et membre de la « corporation des Moffs », ainsi appelée par Xizor car entièrement constituée de Gouverneurs aux mains de son organisation (des vigos officieux, en quelque sorte). Or, la chute du Parrain falleen avait abouti à l’anéantissement progressif et irrémédiable de toute l’organisation du crime. Les flics allaient bientôt tout découvrir, Nesta et Ciercecca seraient peut-être même personnellement exécutés par le redouté Seigneur Vador…

Endor les avait sauvés – du moins à titre provisoire… La mort de l’Empereur et de Vador avait permis à l’Alliance rebelle de devenir une alternative politique viable. Mais la disparition de ces pontes risquait d’entraîner de nouvelles purges dans le cadre de la lutte pour le pouvoir au sein du Centre impérial… Nesta, révéla Ciercecca, eut alors une idée de génie : il envisagea de passer un accord « en ferrobéton » avec l’Alliance. Un accord qui non seulement leur sauverait tous les deux la vie mais leur assurerait également le contrôle total de l’organisation de Xizor…

Nesta ordonna donc à Ciercecca de contacter un haut-gradé bothan, un certain Mek’Thra, pour lui faire connaître la reddition du système Neemaï. Mek’Thra, avait révélé le Gouverneur de Coruscant, se montrerait compréhensif : il avait participé à la destruction de Caamas et Nesta possédait un document qui le prouvait – de quoi tenir le Bothan par le museau jusqu’à la fin des temps.

Ciercecca devait simplement organiser sa défection – afin de permettre à Nesta de mettre au point la seconde phase de son plan. La libération de Neemaï n’était autre qu’un gage de bonne volonté que le patron adressait aux Bothans, une sorte de cadeau préparatoire à ce qu’il était prêt à offrir si Mek’Thra acceptait de coopérer. Le Gouverneur de Coruscant avait poussé la perfidie jusqu’à pousser Ciercecca à miner deux destroyers stellaires susceptibles de gêner l’opération. L’un de ces destroyers, le Cauchemar, avait d’ailleurs été détruit… Acritt se souvenait encore des images – très impressionnantes.

De toute évidence, Mek’Thra avait fini par accepter l’offre de Nesta. Quant à Ciercecca, il était tranquille, les Rebelles, briefés par Mek’Thra, ne lui cherchèrent pas noise. Le plan marchait comme prévu.

« Qu’est donc prêt à offrir Nesta ? » avait demandé Fey’lya.

« Que peut-il offrir qui soit en mesure de séduire un Bothan ? » avait répliqué Ciercecca.

Le pouvoir…

Acritt et Fey’lya avaient compris au même moment. Ciercecca avait offert un système planétaire en guise de gage… Nesta ferait mieux : il livrerait Coruscant aux Bothans…

Ciercecca avait confirmé par un hochement de tête.

« Pour quelle date est prévue l’opération ? » avait demandé Acritt.

« Dès que la flotte rebelle s’en prendra à Naboo », avait répondu l’ancien Gouverneur.

C’est à dire aujourd’hui même. Dans quelques heures à peine.

C’était plus qu’il n’en fallait. Acritt et Fey’lya étaient aussitôt sortis de la salle, laissant l’ancien Moff solidement attaché à sa chaise et leur braillant des imprécations blasphématoires…

Sur l’aire d’atterrissage, la pluie s’était mise à tomber. Super présage.

- Et maintenant, on fait quoi ? demanda Acritt, secoué, tout en se repassant l’enregistrement.
- Attendez… Je sais où aller, expliqua Fey’lya. Je sais où trouver Mek’Thra.
- Et où crèche-t-il ?
- Navré, répondit le Bothan alors que le vent se mettait de la partie, froissant son pelage. Il y a des choses que même un allié ne doit pas connaître !
- Faites chier, Borsk…

Un jeune officier courut sur la piste, à leur rencontre. La pluie s’était solidifiée… Saleté de temps…

- Qu’y a-t-il ? s’écria Acritt à destination du jeune type, entre deux éternuements.
- Message pour vous de la part d’un certain Wlutt ! répondit-il. Il ne parvenait pas à vous joindre autrement.
- Que vous a-t-il fait transmettre ? demanda le capitaine, le cœur battant.
- Voici le message, dit le gars en lisant un papelard qui partait en lambeaux. « Phase finale Labyrinthe réussie ». Je répète : « Phase finale Labyrinthe réussie ».

Acritt laissa exploser sa joie. C’était la plus belle nouvelle depuis des siècles ! Et Fey’lya avait compris, lui aussi…

Calrissian avait récupéré le Document de Caamas.

- Très bien, déclara Acritt, soudainement rétabli. Borsk, voici ce que vous faites. Vous allez cueillir Mek’Thra et vous voyez sur place, pour l’offensive bothane.
- Avec plaisir, sourit Fey’lya. Et vous ?

Acritt hocha la tête, d’un air faussement pensif.

- Je vais récupérer moi-même Calrissian. Avec ce bordel qui risque de tomber sur Coruscant, mieux vaut agir vite… Je vais réquisitionner un vaisseau impérial sur cette planète et partir avec quelques volontaires…
- Entendu, fit Fey’lya. Au fait…
- Oui ? marmonna Acritt qui s’apprêtait à partir.

Le Bothan sembla grimacer. « Sembla ». Sa main droite s’éleva, tendue vers le capitaine. Acritt fronça les sourcils, stupéfait. Puis il sourit. Sa main droite rencontra celle du Bothan.

- C’est un vrai plaisir de travailler avec vous, reconnut Fey’lya.
- Faites attention, rétorqua le capitaine avec amusement. D’aucuns pourraient se méprendre sur la véritable nature de nos relations.

Fey’lya daigna esquisser un sourire. Puis ils se séparèrent.

Moins de trois quarts d’heure plus tard, deux vaisseaux quittaient Neemaï I et passèrent en hyperespace. L’un faisait route vers le chantier spatial bothan d’Ho-D’Oacr. L’autre, une navette de type Lambda, se dirigeait à toute allure vers le Centre Impérial…
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