Bonjour à tous,
Le roman Padawan, centré sur Obi-Wan Kenobi, est disponible depuis le 8 février dernier aux éditions Pocket. Signé Kiersten White, dont il s’agit là de la première incursion dans la licence, ce roman pour jeune adulte nous ramène donc à l’époque où Obi-Wan n’avait que 16 ans et était donc le Padawan de Qui-Gon Jinn, pour lui faire vivre une aventure loin de la tutelle de son mentor, le tout sur un peu moins de 400 pages.
Cette critique est basée sur l'exemplaire VF offert par les éditions Pocket, que j'en profite pour remercier chaleureusement au passage.
Mais d'abord, un rappel de la couverture et du synopsis !
Le jeune Obi-Wan Kenobi face au vertige existentielle de l'adolescence !
Nouvel apprenti de Qui-Gon Jinn depuis peu, Obi-Wan Kenobi ne peut s'empêcher de se demander si leur association n'est pas une erreur. Le Padawan excelle au maniement du sabre laser, mais Qui-Gon veut surtout qu'il travaille la méditation. Et tandis que d'autres Padawans accompagnent leur maître pour des missions lointaines et passionnantes, Qui-Gon et son élève restent sur Coruscant. Aussi, lorsqu'Obi-Wan découvre des indices concernant une affaire restée en suspens sur une planète mystérieuse, il convainc Qui-Gon d'aller y enquêter. Mais le matin du départ, son maître demeure introuvable. Furieux et blessé, Obi-Wan décide de partir seul pour accomplir cette mission.
Arrivé sur Lenahra, il découvre que les seuls habitants de la planète sont de jeunes utilisateurs de la Force. Plus il passe de temps avec eux, loin du quotidien du Temple, plus il doit affronter sa plus grande crainte : peut-être n'a-t-il jamais été destiné à devenir un Jedi ? Pourtant il ne peut s'empêcher de sentir que quelque chose ne va pas sur Lenahra. Obi-Wan parviendra-t-il à rétablir son lien avec la Force à temps pour se sauver, ainsi que tous ceux qui l'entourent ?
Pocket, 384 pages, 10,30 €
La critique de L2-D2
Un format désormais connu, et qui a ses limites
Les romans pour jeunes adultes, on commence à les connaître dans la licence. On prend un héros de la saga et on lui fait vivre une aventure plus ou moins importante ou anecdotique, destinée à le former, à introduire un personnage secondaire ou à justifier un point d’un des films, le tout sans jamais prendre trop de risques, que ce soit pour le protagoniste ou pour le lecteur. Le lecteur aura donc le choix entre Leia à 16 ans, Han Solo et Qi’ra à 16 ans, Poe Dameron à 16 ans, Jyn Erso à 16 ans, Padmé à 16 ans ou, comme c’est le cas pour le présent opus, Obi-Wan Kenobi à 16 ans. C’est presque étonnant de ne pas nous avoir encore fait vivre une aventure d’Anakin Skywalker à 16 ans, tiens.
Alors, j’aime bien Obi-Wan Kenobi, et en cette année où nous fêtons le 25ème anniversaire de La Menace Fantôme, la publication d’un tel roman en France est évidemment la bienvenue. Mais mince Lucasfilm, ça ne vous dit pas, je ne sais pas, d’essayer d’innover un peu dans cette formule ? On aurait pu imaginer Qui-Gon Jinn à 16 ans sous la tutelle de Dooku, par exemple : on restait sur le format « jeune de 16 ans », mais avec un peu plus de potentiel. Mais évidemment, Qui-Gon Jinn est moins connu qu’Obi-Wan Kenobi… Surtout lorsque le roman sort outre-Atlantique pile un mois après la fin de la série Disney+ sur le personnage.
Surtout qu’on reste sur quelque chose d’extrêmement classique : Obi-Wan se retrouve sur une planète isolée, rencontre un petit groupe de jeunes qui va le faire réfléchir à sa manière d’utiliser la Force, sa place dans le Temple, il sera assez incompris dans un premier temps pour ensuite envisager d’intégrer ce groupe… jusqu’au moment où un méchant très méchant sans autre motivation que d’être méchant va débarquer, et que la déesse autrice va décider d’accélérer les choses parce qu’il faut conclure dans trente pages. On enrobe ça avec la première rencontre, pas forcément emballante, avec un des alliés d’Obi-Wan vu dans l’un des films, et le tour est joué pour une aventure anecdotique au possible.
Mais finalement, le problème du roman n’est pas là.
Obi-Ouin Kenobi
Il est là, le problème. Pendant la plus grande partie du roman, Obi-Wan ne va pas cesser de se plaindre. De douter. De lui, de son Maître, de sa place dans le Temple, de ses choix de vie, de la Force qui l’abandonne, ou pas d’ailleurs, etc, etc, etc. Et c’est très vite trop. Ouin, mon Maître ne m’aime pas. Ouin, mes amis Padawans ont une meilleure vie que moi. Ouin, je n’ai pas ma place dans l’Ordre...
Il y a d’ailleurs un souci dans le placement chronologique. Dans ce roman, Obi-Wan est censé avoir 16 ans, et être l’apprenti de Qui-Gon depuis presque 3 ans, ce qu’on ne ressent à aucun moment. Au contraire, on dirait qu’ils font équipe depuis quelques semaines, quelques mois tout au plus. Obi-Wan est méfiant, doute de tout, passe son temps à râler, à rechigner aux enseignements de son Maître qu’il ne comprend pas et dont il pense que, finalement, il ne l’apprécie pas, peut-être même regrette-t-il son choix, etc, etc. Ce choix narratif, s’il permet évidemment une nette évolution entre le Obi-Wan du début et celui de la fin du roman (mission accomplie!), n’en est pas moins douteux, pour un certain nombre de raisons…
L’une d’entre elles, c’est le choix même du personnage. Voilà donc qu’Obi-Wan Kenobi a vécu, pendant les 3 premières années de son tutorat, ce qu’en gros son propre futur apprenti connaîtra. Là, évidemment, on se dit que l’autrice est maligne, hein ? Et bien pas vraiment tant il paraît par conséquent improbable qu’Obi-Wan ait pu à ce point avoir des soucis dans la formation d’Anakin. N’aurait-il pas dû se rappeler sa propre jeunesse, les propres doutes qu’il avait à l’égard de son mentor ? Ne pouvait-il pas comprendre ? Padawan m’a ainsi donné l’impression de, sans le vouloir, charger davantage Obi-Wan, décidément un bien piètre professeur…
Et puis il y a l’excuse poussant Obi-Wan à partir seul. Obi-Wan, qui ne contacte même pas son Maître, ne se rend pas dans ses quartiers, n’essaye pas de savoir. Boudeur, un peu rageux comme on dirait aujourd’hui, il décide de partir seul, se montant tout un scénario en tête, d’autant plus qu’un de ses camarades lui a sorti un secret un peu plus tôt, que Qui-Gon n’a jamais choisi Obi-Wan mais que c’est Yoda qui le lui a « imposé », un aveu dont on se demande s’il est vrai, d’où il sort et pourquoi, finalement, il n’est pas davantage exploité… si ce n’est pour justifier les doutes d’Obi-Wan. Et régulièrement, pendant tout le reste de l’intrigue sur Lenahra, on va à nouveau y avoir droit. Jusqu’au moment où Obi-Wan a une révélation et, dès lors, ça va mieux.
Pour le lecteur aussi.
De la Haute République, en veux-tu, en voilà… pas ?
Pour amorcer l’intrigue, quoi de mieux qu’un lien avec la Haute République, démarrée un an plus tôt lors de la sortie du roman aux USA ? Le lecteur curieux sera donc ravi d’apprendre que la mission d’Obi-Wan démarre grâce à un message laissé au sein du Temple par Orla Jareni, une Cheminante que nous avons pu suivre dans la Phase 1 de la Haute République. L’occasion d’en apprendre plus sur elle ?
Et bien, pas du tout. Le nom d’Orla est plusieurs fois répété au début du roman, comme pour bien inciter le lecteur à continuer, à s’assurer qu’il est bien ferré, pour qu’une fois sur Lenahra, on n’entende plus trop parler d’elle, à une exception près, lorsque la scénariste semble se rappeler qu’il faut bien expliquer deux ou trois trucs, tout de même. Là encore, la chronologie des médias pose problème, car il paraît assez inconcevable qu’en ayant fait ses recherches sur le personnage en début de roman, Obi-Wan n’est pas appris sa disparition à bord du Flambeau Stellaire. Problème : le roman narrant la dite-disparition n’étant pas encore sorti au moment de la publication de Padawan, on en sera quitte pour faire l’impasse sur cet événement, dont on imagine pourtant bien qu’il en aurait parlé à Qui-Gon Jinn…
Difficile donc de ne pas se dire que les liens avec la Haute République ne soient pas là simplement pour, peut-être pas tromper le lecteur, mais du moins pour l’attirer. On est pas loin du coup de comm’ marketing...
Conclusion
Vous l’aurez compris, le roman ne m’a absolument pas convaincu. Entre un concept désormais éculé, une intrigue mollassonne et un personnage principal pas loin d’être méconnaissable, les 384 pages m’ont parues bien longue. Un roman à éviter ?
NOTE : 50 %
A noter que le roman porte le numéro 200 !
N'hésitez pas à nous dire ce que vous avez pensé du roman en vous rendant sur sa fiche ou bien sur le topic du forum qui lui est dédié, histoire de m'expliquer à quel point je n'ai rien compris au roman !
Encore merci aux éditions Pocket pour l'exemplaire offert pour la critique, et à bientôt pour une prochaine ActuaLitté ! ;-)
Jagged Fela a écrit:Problème de caractérisation et d'écriture de toute évidence.
Et puis il y a l’excuse poussant Obi-Wan à partir seul. Obi-Wan, qui ne contacte même pas son Maître, ne se rend pas dans ses quartiers, n’essaye pas de savoir.