Bien le bonjour tout le monde !
Un extrait vient d'être dévoilé pour le roman The Temptation of the Force, écrit par Tessa Gratton, qui paraîtra le 11 Juin aux USA.
Attention, il s'agit de la suite de la phase III de ce grand projet corss-média qu'est la Haute République, si vous n'êtes pas à jour sur The Eye of Darkness, cet extrait risque de vous spoiler le sort de certains personnages !
Une traditionnelle remise en contexte étant de mise, ce sera donc le deuxième roman adulte de la phase III de la Haute République, cet ambitieux projet qui s'étend sur différents supports (notamment littéraires, mais pas que) pour raconter une histoire se déroulant lors de l'âge d'or de la République, 200 ans avant les évènements de la Menace Fantôme ! The Eye of Darkness avait introduit la Zone d'Exclusion Nihil, responsable de la séparation entre Avar Kriss et Elzar Mann pendant plus d'un an. Désormais, l'heure est aux retrouvailles... et à la contre-attaque !
La Phase III commencera en France le 11 Juillet avec la sortie de l'Oeil des Ténèbres, la date de sortie française pour celui-ci n'est pas encore connue (on a pu néanmoins apprendre à Cusset que ce serait pour l'année prochaine), mais pour le moment, découvrez cet extrait dans une traduction réalisée par les soins de votre serviteur, après un rappel de la couverture, qui offre un magnifique portrait des deux personnages !
Avar Kriss marchait en silence le long des couloirs du Temple Jedi, une bouteille en céramique d'hydromel d'aigrepierre dans une main, une boîte de pâtisseries aux noix de keldov dans l'autre. Quand elle atteignit les quartiers d'Elzar Mann, elle s'arrêta, plaça la liqueur sous son bras, et appuya la paume contre le métal froid de la porte.
Dans la quasi totalité du Temple, le chant de la Force s'écoulait paisiblement, sans heurt. Ce lieu n'y faisait pas exception. Elle poussa sa conscience un peu plus loin, cherchant la présence de son ami. Il était à l'intérieur. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, mais avant qu'elle ne puisse toquer, la porte coulissa. Elzar se grattait la barbe, et il laissa immédiatement retomber sa main quand il la vit.
- Avar.
- Elzar. Je pars au levé du soleil, annonça-t-elle alors que son sourire se fondait en une expression douce et expectative.
- Je sais, répondit-il simplement en la regardant.
Avar attendit, étudiant les fines rides de stress autour de ses yeux, des yeux qui la fixaient sans ciller. Sa barbe était épaisse, mais elle restait taillée plus courte que celle de Stellan ne l'avait été. Il ne portait que la première couche de ses robes du temple, une tunique et un pantalon blancs, et il était pieds nus. Quand il remarqua que son regard s'était porté dessus, il remua les orteils contre le tapis.
- Est-ce que je peux entrer ? demanda-t-elle.
"La dernière fois que je suis partie, je ne l'ai pas fait proprement. Je ne veux pas partir à nouveau sans toi. Sans nous." voulut-elle ajouter.
- Bien sûr, répondit Elzar en reculant.
Avar le suivit en pressant la boîte de pâtisseries contre son ventre.
- Est-ce que ça vient de chez Tal-Iree ? demanda-t-il d'un ton feutré.
- L'échoppe est toujours au même endroit, en bas de cette ruelle dans le quartier de Jadeite, répondit-elle en souriant.
- Je vais chercher des assiettes, souffla-t-il en se dirigeant d'un pas léger vers le meuble dans le coin de la pièce.
- Et des verres ! ajouta-t-elle en posant l'hydromel par terre pour retirer ses bottes, sa cape et les pans dorés de ses robes. Après quelques secondes de réflexion, elle retira sa ceinture et son sabre laser également.
Au cours des six dernières semaines, depuis son retour du du territoire occupé par les Nihil, elle ne s'était pas encore réhabituée à porter l'attirail Jedi au complet. Pourtant, elle adhérait à l'uniforme du Temple pour ce qu'il symbolisait : faire partie d'un tout, une mélodie au sein d'une symphonie plus vaste. Et elle regrettait que cette nouvelle mission nécessite de le retirer. A l'inverse, Elzar avait toujours détesté les tenues formelles, mais les portait désormais tous les jours. Ils avaient dû chacun s'adapter.
Avar se pencha, étirant ses jambes et ses mollets, et attrapa la liqueur.
- Il y en a trois, dit soudain Elzar.
Elle leva les yeux, surprise. Il se tenait au comptoir, où deux petites assiettes et tasses étaient empilées sur un plateau sombre, et gardiat les yeux baissés sur la boîte à pâtisserie ouverte.
- Quand je suis entrée dans la boutique, déglutit Avar, je me suis sentie... submergée. L'odeur était identique, le menu était le même, les tabourets étaient toujours aussi ébréchés, même ce vieux tableau au dessus du comptoir était là. J'ai commandé la même chose qu'avant sans réfléchir, et quand je m'en suis rendu compte, je n'ai pas pu me résoudre à le changer.Elzar hocha la tête et plaça les trois brioches sur le plateau. Quand il se tourna vers elle, il souriait tristement.
- Je vois que tu fais déjà comme si tu étais chez toi, la taquina-t-il.
- Le bazar qui règne ici est trop familier pour que je ne m'y sente pas à l'aise, le taquina-t-elle en retour.
Les quartiers d'Elzar étaient aussi basiques que tous les autres au Temple, à l'exception d'une petite table, d'un lit bas, d'une plateforme de méditation, et chaque étagère était couverte de bric-à-brac. Beaucoup de pièces mécaniques, d'outils, de bouts d'ordinateurs, et de datapads. Des vêtemenst et des robes étaient négligeamment posés sur le dossier de la seule chaise. Avar repoussa un tas ressemblant à des morceaux de plaques de droïde loin du pied du lit et se laissa tomber sur le tapis. Elle s'appuya contre le lit et déboucha le pichet d'hydromel pendant qu'Elzar la rejoignait.
Elle s'affaira à remplir les verres.- Tu l'as dilué ? demanda Elzar.
- Avec du jus de rosepomme, dit-elle doucement.
En dénicher avait été la raison première de son excursion dans le quartier de Jadeite. Ils avaient toujours dilué l'hydromel d'aigrepierre pour faire plaisir à Stellan, quand ils avaient quinze ans et qu'ils faisaient les idiots. Pas parce qu'il n'aimait pas l'alcool, mais pour en adoucir le goût.
Une fois les coupes pleines, ils trinquèrent et burent le liquide. Ce n'était pas aussi bon que dans son souvenir - peut-être à cause de tous les évènements qui l'avaient accablée ces derniers mois. A l'époque, elle n'avait aucune idée de ce qui les attendait. Bien sûr, c'était le cas pour tout le monde, mais lorsqu'elle était adolescente, Avar pensait qu'elle serait une exception. Elle, Elzar, et Stellan, tout les trois exceptionnels.
En un sens, elle n'avait pas tort.
Avar prit une des brioches aux noix et rompit la croûte brune jusqu'à la mie moelleuse. Du menton, elle désigna la table en face.
- Ca ressemble à des pièces du dispositif Sunvale.
- J'ai fait quelques expériences avec différents alliages pour les blindages, et des styles de construction plus flexibles pour rendre le dispositif plus adaptable à différents types de vaisseaux. Les circuits internes - tout ces câbles, ces lignes de code, ces systèmes informatiques - ça, je n'y touche pas. Je comprends à peine ce qu'Avon et Keven ont conçus pour le procédé de fonctionnement.
- Je suis contente que tu les aides, murmura-t-elle avant de mordre dans la brioche et de se pencher contre l'épaule d'Elzar.
- Je ne pouvais pas te laisser retourner au-delà du Mur-Tempête sans qu'une partie de moi ne t'accompagne.
Avar faillit s'étouffer avec un bout de brioche en entendant la sincérité qui émanait de ces quelques mots.
Elle savait à quelle point cette mission était dangereuse. La technologie expérimentale créée pour traverser le Mur-Tempête n'avait pas encore été testée. Elle devrait coordonner les efforts des Jedi et de la CDR - la Coalition de Défense de la République - pour déterminer la fiabilité de cette technologie et mener des incursions dans les deux sens. Toutes les chances que ces voyages soient sans retour demeuraient. Le Mur-Tempête restait pratiquement impénétrable. Elle devait le savoir, elle était la première à s'en être échappée après un an de tentatives.
- Une fois que le procédé sera au point, ce ne sera plus très excitant, dit-elle. Juste des allers-retours, évacuer le plus de gens possible et livrer des provisions aux contacts de Maz Kanata dans la zone d'Occlusion. Peut-être que certains Jedi encore en vie là-bas pourront...
Elle s'interrompit en repensant à Porter Engle, qui s'était sacrifié pour distraire le général Nihil Viess pendant l'évasion d'Avar. Il était encore difficile de concevoir la mort de la grande Lame de Bardotta. Mais pas même un Jedi exemplaire ne pouvait survivre à l'explosion d'un vaisseau et au vide de l'espace.
- Ce sera mission après mission, reprit-elle en se secouant avec une gorgé d'hydromel, chaque fois avec différentes priorités, différents objectifs. Des sauvetages, des opérations de soutient...
- Ca me semble bien. Ca fera sans doute la différence, là-bas, souffla Elzar avec un ton chargé de sous-texte. "Ce sera toujours mieux que ce que font les politiques ici. Toujours mieux que ce que je fais."
- Du danger, des usages expérimentaux de la Force, des alliés questionnables... énuméra Avar en le regardant du coin de l'oeil. Ca ressemble surtout à une mission parfaite pour Elzar Mann.
- Je ferais mieux de rester sur Coruscant, grimaça-t-il.
- Mais pourquoi ?
- Ca fait bientôt un an et demi que j'assure la liaison entre le Conseil et la Chancelière. Ce serait perturbant que je parte. La Chancelière a confiance en moi.
- El, dit-elle doucement, avec seulement une pointe de reproche.
C'était une réponse pour le Sénat, ou pour le public. Peut-être pour un camarade Jedi. Mais pas pour elle.
Pendant un long moment, il resta silencieux. Avar pouvait l'entendre dans la Force. Ca avait été horrible, durant l'année écoulée, de ne pas savoir si elle pourrait l'entendre à nouveau un jour. Le confort, l'harmonie nécessaire de son chant familier. En être coupée quand elle en avait besoin lui avait appris beaucoup de choses sur ce qu'elle cherchait. Sur qui elle était.
Avar attrapa la brioche d'Elzar et en rompit un morceau. Elle tendit un morceau vers sa bouche, il esquissa l'ombre d'un sourire et le mangea. Alors qu'il mâchait, il se fit plus introspectif.
A différents moments de leur vie, ils avaient été aussi proches que deux être peuvent l'être. Elle le connaissait mieux que personne, et elle pouvait affirmer qu'Elzar connaissait la vraie réponse à sa question. Il cherchait une version qu'il voudrait bien lui partager.
Il y a bien longtemps, il lui aurait tout partagé, sans retenue.
Un extrait teinté de mélancolie, entre deux amis très proches marqués par le deuil et qui ne savent plus comment s'ouvrir l'un à l'autre...
En attendant de découvrir la suite lors de la sortie du roman, rendez-vous sur le forum pour en discuter !