Wyl Tarson n'est pas que le lieutenant d'un des bandits les plus puissants de la galaxie, c'est aussi un maître dans l'art du mensonge et du vol mais aussi un héros de l'alliance Rebelle ! Pendant des années Wyl a récupéré nombres d'informations pour la rébellion grâce au réseau criminel de son employeur Raze. Malheureusement Raze a découvert que Wyl est un espion rebelle. Maintenant, soumis à un procédé mystérieux, Wyl est devenu prisonnier de son propre corps, sujet à chaque caprice de Raze.
Scénario
A l’image du premier arc, Rob Williams continue à mettre en scène des personnages inconnus, créés spécialement pour la série, et évoluant dans des intrigues secondaires à l’opposition principale Rébellion-Empire. Secondaires mais pas totalement indépendantes, heureusement d’ailleurs car au-delà des personnages que nous allons évoquer ensuite, ce type d’intrigue à trop vouloir s’éloigner des héros surexploités de la période prend le risque de perdre ses lecteurs dans des aventures dont ils ne voient pas la portée. Ici, le scénariste met du temps à y venir mais la dernière partie remet les évènements en perspectives et récompense les lecteurs qui ont été jusqu’au bout. Côté personnages, Williams place Wyl Tarson au centre de l’intrigue. L’agent de l’Alliance qui a infiltré un réseau d’espionnage est démasqué et envoyé en mission suicide par son infâme employeur avec une bombe dans la tête. Situation de piège classique mais qui fonctionne à tous les coups. Pour lui venir en aide, il ne peut mobiliser des agents rebelles actifs et a donc retour à ceux dont personne ne veut. Au final, l’esprit des 12 Salopards plane sur cet assemblage de voyous qui recèle quelques bonnes surprises pour les lecteurs assidus de l’Univers Etendu qui vont revoir des têtes connues. Tarson et ses compagnons sont tous plus ou moins torturés et sans être vraiment attachants, ils n’en demeurent pas moins complexes et intrigants pour le lecteur jusque dans les dernières pages. Encore une fois, la conclusion de cette aventure est brillante malgré des développements mal rythmés (le milieu est très lent).
Dessins
Dire que les dessins de Lacombe ont moins de puissance que ceux de Badeaux s’apparente à enfoncer des portes ouvertes. Pour sûr, le style de Lacombe est moins populaire que celui de son prédécesseur sans que cela soit pour autant un obstacle à la réussite de Ahakista Gambit. Lacombe se débrouille très bien avec les personnages, fait preuve de finesse dans leurs expressions et rend des scènes de dialogues bien plus vivantes que grand nombre de dessinateurs actuels qui misent tout sur l’action. L’action justement, un point sur lequel Lacombe ne peut rivaliser avec Badeaux et Williams en a tenu compte dans son script. Le précédent arc avait énormément misé sur l’explosivité et l’aspect spectaculaire de ses scènes d’actions. Au contraire, celui-ci nous présente une histoire d’infiltration où l’action se résume en quelques plans spatiaux, quelques explosions et quelques duels au sabrelaser (oui oui, si Luke n’est pas là, avec qui Vader peut-il bien se battre !?). La tension dramatique est moins exacerbée qu’avec Sunber mais présente de manière plus continue. Au final, autant d’éléments auxquels Lacombe s’ajuste parfaitement. Lacombe s’encre lui-même et au jeu des comparaisons, si Badeaux et Ching ont progressé, il a toujours plusieurs longueurs d’avance dans la qualité de la finition. Mentionnons également les superbes couvertures de Ryan Sook dotées d’une ambiance bien particulière.
Conclusion
En synthèse, le principal point faible de cette histoire réside le manque d’envergure des évènements et protagonistes impliqués. La réussite de KOTOR ou Legacy, sans la présence de figures fédératrices venues des films, repose sur des facteurs externes (jeu vidéo et réputation des créateurs) dont Rebellion ne bénéficie pas. Dark Horse devra être prudent à ne pas semer en route les lecteurs les moins impliqués dans l’UE Star Wars. Pour les autres, force est de constater que cette histoire prend le contre-pied de Empire (qui misait surtout sur le trio Luke-Han-Leia) avec un résultat beaucoup plus brillant que certains arcs de Empire qui ont occupé les numéros 20 à 35. La dernière partie donne envie d’en savoir plus et de revoir Tarson et ses compagnons dont les mésaventures se concluent dans des situations qui laissent envisager des développements enthousiasmants. L’autre gagnant est à mon goût Lacombe. Certes, le côté spectaculaire de Brandon Badeaux manque et les lecteurs ne sont pas toujours tendres avec celui qui n’est perçu que comme un remplaçant, mais sa performance d’ensemble est suffisamment soignée pour lui permettre de prétendre à de futurs numéros dans ce contexte relativement éloigné du space-opera.