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Le Serviteur de l'Empereur
 
J-4


***

«Nous avons appris ce matin qu’Aldwin Faraday avait été la cible d’un attentat hier soir alors qu’il regagnait le centre de détention, après une journée d’audience pour le moins mouvementée. Selon des informations fragmentaires que nous sommes parvenus à recueillir, Faraday n’aurait été que légèrement blessé dans cette tentative d’assassinat et pourra selon toute vraisemblance être présent aujourd’hui. Bien que le commandant Joshua Tenling de l’Antiterrorisme se soit refusé à tout commentaire, il semblerait que cet attentat soit l’œuvre des Lames de la Justice, un groupuscule qui chercherait à tuer Faraday par tous les moyens afin de lui faire payer ses crimes passés. En tout cas, cet évènement vient pimenter un procès déjà très tendu et fort en rebondissements. En effet, après la controverse autour du rôle prétendument héroïque de Faraday lors de la Guerre des Clones, nous rentrons aujourd’hui dans le vif du sujet. Le général Impérial devra ainsi répondre aux questions les plus sensibles autour de sa participation au règne sanglant de Palpatine. Nul doute que celui que l’on nommait à l’époque le Serviteur de l’Empereur aura de grandes difficultés à justifier les actes horribles qui lui sont reprochés. C’était Alinya Kalway en direct du Tribunal Exceptionnel du Jugement des Crimes Impériaux, pour la Nouvelle Tribune Galactique. »


***

Joshua Tenling tapotait l’accoudoir droit du confortable fauteuil dans lequel il était installé quand le général Airen Cracken fit enfin son apparition dans le grand bureau. Il referma vivement la porte derrière lui avant de s’asseoir prestement en face de Tenling qui le salua aussitôt. Puis, Cracken expira bruyamment avant de déclarer :
- Très bien commandant, si je vous ai fait venir ce matin, c’est pour m’entretenir avec vous des derniers développements concernant la Dernière Volonté de l’Empereur.
- Je m’en doutais un peu, répondit Joshua d’une voix tendue.
Cracken se passa nerveusement la main dans les cheveux avant de demander :
- Bon, je vais aller droit au but. J’ai cru comprendre que selon Faraday, il ne nous restait plus que quatre jours avant le déclenchement de ce fameux projet ?
- C’est ce qu’il a dit.
Airen sembla réfléchir quelques secondes à cette confirmation avant de demander :
- Honnêtement commandant, quel crédit pouvons nous accorder à cette affirmation ?
Tenling répondit alors tout en s’avançant dans son fauteuil :
- Maximal, je le crains. Faraday est intimement convaincu que dans quatre jours, Coruscant ne sera plus qu’un champ de ruines. Il est même persuadé que son procès ne verra pas son terme. Personne ne peut mentir aussi bien que ça ! Il sait que ce qu’il avance va inéluctablement se produire.
- Et qu’avez-vous appris de concret sur cette Dernière Volonté de l’Empereur ?
- Pas grand-chose. A l’évidence l’Empereur ne souhaitait pas ébruiter l’information et il est clair que Faraday était à la tête du projet. Je me demande même s’il n’est pas le dernier homme dans toute la galaxie à savoir ce que ce plan implique vraiment.
- Et vous, qu’en pensez vous?
- Je ne sais pas trop…apparemment ce projet a nécessité de mobiliser beaucoup de ressources, tant matérielles qu’humaines…
- Ce qui éloignerait la possibilité d’une simple arme de destruction massive cachée quelque part sur Coruscant ?
- Probablement car à ma connaissance, aucune source d’énergie ne pourrait raser la surface de Coruscant. En fait, je pense que le plan de l’Empereur était plus…vicieux.
Cracken afficha une mine contrite avant de revenir à la charge :
- Avez-vous une idée pour empêcher cette Dernière Volonté de s’appliquer ?
Tenling souleva les épaules de dépit :
- Je vous l’ai dit, il n’y a que Faraday qui soit en mesure de nous mettre sur la bonne piste. Cet homme est la clé de toute cette histoire et j’ai bien peur que l’avenir de Coruscant repose sur ses seules épaules !
- Voilà une pensée qui ne me rassure guère. Est-ce que quelque chose pourrait l’amener à nous dire la vérité, à nous révéler ce qu’il sait ?
- Dans l’état actuel des choses ? Hum…je ne pense pas.
Tenling fit une courte pause avant de murmurer :
- Ceci dit…
- Oui ? Le pressa Airen.
- Et bien…j’ai l’impression que ce procès a une incidence sur le comportement de Faraday. Après tout, il est en train de revivre les heures les plus sombres de sa vie. Peut-être que la poursuite de ce procès l’amènera de lui-même à nous dire ce qu’il sait.
Cracken afficha un air surpris en soulevant ses sourcils gris :
- Vous voulez dire que Faraday pourrait avoir des remords ?
- Je ne sais pas. Mais c’est notre meilleure chance.
Le général de la Nouvelle République se leva alors et commença à déambuler dans son bureau, la moquette moelleuse amortissant ses pas :
- Pas forcément! Je vous ai également fait venir dans mon bureau pour vous annoncer que les scientifiques qui travaillent dans l’appartement de Faraday sont sur le point de pénétrer dans la mystérieuse petite pièce si bien protégée.
- Ils ont réussi à ouvrir la porte ? S’étonna Tenling.
- Pas exactement. Mais peu importe la manière dont ils comptent entrer. Nous devons comprendre ce que cette salle renferme car je suis intimement convaincu que cela nous permettra d’en apprendre bien plus sur la Dernière Volonté de l’Empereur.
Tenling se leva à son tour et regarda pendant quelques instants par la fenêtre avant de dévisager de nouveau son interlocuteur :
- Et pour ce qui est des centrales chargées de déployer le bouclier planétaire ?
- Rien à signaler, tout est calme. Peut-être les informations trouvées dans le repaire de ces terroristes impériaux n’étaient-elles que des leurres.
- Possible…admit Tenling qui ne semblait pourtant pas franchement convaincu.
Il se dirigea alors vers la porte du bureau et tandis qu’il l’ouvrait, le général Cracken l’interpella une dernière fois :
- Commandant !
Celui-ci pivota sur lui-même. Airen lança alors :
- J’espère que vous avez compris qu’une évacuation même partielle de Coruscant est totalement impossible. La Nouvelle République n’en a ni le temps, ni les moyens. Si vous ne parvenez pas à découvrir ce qu’implique cette Dernière Volonté de l’Empereur, les pertes seront innombrables. Ce sera probablement l’évènement le plus dramatique que cette planète ait jamais connu.
Tenling approuva d’un bref signe de tête et sortit dans la foulée.

***

Quand le commandant de l’Antiterrorisme pénétra dans l’appartement de Faraday, il vit que les choses avaient changé en peu de temps. Il y avait beaucoup moins de monde dans le salon et tout ce qui était de valeur avait été emporté pour être conservé sous scellé avant d’être probablement remis à certains musées. En fait, seuls trois scientifiques s’activaient toujours autour de la fameuse petite pièce. Mais ils ne travaillaient plus à proprement parler sur la porte d’entrée, puisqu’ils étaient en fait en train de découper l’un des murs à l’aide d’un puissant laser. Tenling ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux en voyant ces hommes porter à trois le lourd outil qui propulsait cette impressionnante source d’énergie violette. L’énergie concentrée venait littéralement perforer le métal renforcé comme si cela avait été du beurre. Une puissante odeur d’acier fondue se répandait dans le salon. Voyant que Joshua les regardait, l’un des scientifiques lâcha le lourd outil après avoir prévenu les deux autres qui renforcèrent aussitôt leur prise. Puis le scientifique se dirigea vers Tenling et dit d’une voix joyeuse :
- Vous arrivez pile au bon moment commandant, nous avons presque fini !
Tenling constata en effet que le laser était en train de finir de découper un carré assez large pour laisser passer un homme.
- Vous avez renoncé à passer par la porte ? Demanda Joshua.
- Trop compliqué ! Surtout quand il suffit de découper cet acier renforcé de dix centimètres d’épaisseur, assura l’homme en affichant un grand sourire.
- Faraday tient absolument à protéger ce que cette pièce renferme.
- A l’évidence.
Tout à coup, les deux hommes qui portaient le laser arrêtèrent leur machine infernale et lancèrent :
- Cette fois ci, on y est ! Y a plus qu’à pousser !
Le troisième scientifique rejoignit ses collègues, puis ils exercèrent une forte pression sur l’énorme plaque d’acier. Au début, rien ne se passa. Mais au bout de quelques secondes, la plaque commença à bouger dans un craquement inquiétant avant de basculer à l’intérieur de la pièce et de s’écraser sur le sol dans un tumulte assourdissant. Tout l’appartement sembla trembler sur ses bases et Joshua ne put s’empêcher d’exprimer sa surprise.
- Ouah…ce truc devait peser lourd.
- Venez voir commandant, je crois qu’on a décroché le gros lot!
Tenling s’approcha de l’ouverture par laquelle les trois scientifiques regardaient déjà à l’intérieur de la petite pièce. Celle-ci était plongée dans l’obscurité, même si les voyants lumineux d’une grande console de contrôle l’éclairaient faiblement par intermittence. A part cette grande console, il n’y avait rien d’autre dans la pièce. Fronçant les sourcils, Tenling pivota vers les scientifiques et lança :
- Quoi, c’est tout ?
L’un d’entre eux haussa les épaules :
- Cette plateforme de commandes pourrait actionner n’importe quoi…
Tenling sembla réfléchir quelques secondes avant de se décider. En prenant garde à ne pas toucher les bords brûlants qui venaient d’être découpés, le commandant se glissa par l’ouverture et entra dans la petite pièce. Il fut aussitôt suivi par un des experts qui n’avait d’yeux que pour la console de contrôle. Devant celle-ci, un simple siège en cuir avait été installé. L’expert se vautra dedans et s’apprêta à poser ses mains sur les commandes.
- Hop, hop, hop, qu’est ce que vous faîtes là ? S’enquit Tenling.
- Comment voulez vous qu’on découvre quoi que ce soit si je ne touche pas aux commandes ? Il faut au moins que je rentre dans l’ordinateur principal !
- Mais vous savez utiliser un truc de ce genre ?
- Je suis un expert en technologie de diffusion et de réception de l’information. Je ne connais pas un seul système informatique qui puisse me résister. En fait, mon vrai métier, c’est d’utiliser des consoles de ce genre, pas de découper des murs avec un laser !
- Oui bon, pas la peine de me jeter votre diplôme à la figure ! Je préfère être prudent.
- Rassurez vous commandant, cette console est entre de bonnes mains.
Disant ceci, le scientifique posa ses mains sur le clavier noir qui était encastré dans la console et tenta de pénétrer dans le système d’exploitation. C’est alors que l’écran devant lui s’alluma et un message écrit en rouge se mit à clignoter : INTRUSION.
- Et ça, c’est normal ? Demanda Joshua avec ironie.
- Euh…
Une voix métallique sortit alors des hauts parleurs intégrés à la console :
- Séquençage ADN non reconnu. Procédure d’autodestruction activée.
- Quoi ? S’écrièrent en même temps Tenling et l’expert.
Celui-ci regarda Joshua et afficha une mine déconfite :
- Nom d’un chien…ce clavier analyse l’ADN de celui qui l’utilise. Si l’ordinateur ne reconnaît pas l’ADN de Faraday, il lance l’autodestruction.
- Merci j’avais compris ! Vous pouvez empêcher ça ?
Un chiffre apparut alors sur l’écran principal et commença à défiler :
- Euh…pas en quinze secondes.
- On dégage de là ! S’écria Joshua.
Ce dernier et le scientifique se ruèrent vers l’ouverture et sautèrent littéralement à travers. Retombant sur la moquette du salon, Tenling cria aux deux autres scientifiques :
- Reculez, reculez !
Au moment où Joshua s’éloignait à grandes enjambées, l’explosion se produisit. Elle fut heureusement contenue par les murs épais de la petite pièce, même si elle réussit tout de même à faire trembler tout l’appartement. Tenling vit également des flammes se propager par l’ouverture faite dans le mur, avant de se rétracter. Les trois experts et Joshua se regardèrent avant que ce dernier ne fasse d’une voix très lasse :
- Messieurs, j’espère que vous n’avez rien contre le fait de vous retrouver au chômage ?


***

Assis autour d’une grande table en bois passablement abîmée, les membres du groupuscule Second Empire attendaient avec une certaine impatience que la réunion commence. Tous les individus présents étaient des humains, tous fidèles à l’Empire et qui ne pouvaient tolérer que Coruscant soit aux mains des Rebelles. Trop de sacrifices avaient été faits pour que l’Empire ne survive pas plus de mille ans, comme Palpatine l’avait lui-même promis. Il fallait reconquérir la planète, coûte que coûte. Et si cela passait par sa destruction, qu’il en soit ainsi. Le Second Empire que souhaitait établir les membres du groupuscule portant le même nom, pourrait ainsi reconstruire la planète comme il l’entendait, la façonnant littéralement selon ses envies, créant par la même occasion une société pure, entièrement composée d’humains. Un monde peuplé d’élus. Une Nouvelle Coruscant. C’était là le rêve absolu, celui qui motivait ces impériaux infiltrés en plein territoire ennemi.

La réunion avait lieu dans un appartement miteux mais qui avait l’avantage de ne pas attirer l’attention des autorités. Loué sous un nom d’emprunt, les impériaux prenaient également garde à payer scrupuleusement toutes leurs factures. Se comporter en citoyen modèle était même leur priorité, pour l’instant du moins. Le salon dans lequel avaient été installé la table et les chaises était dans un état lamentable. Le sol était sale, la moquette arrachée, les meubles éventrés, la tapisserie couverte de tâches suspectes et le plafond s’effritait. Mais les impériaux n’avaient besoin d’aucun confort pour mettre leur plan à exécution.
Les dix individus présents autour de la table se levèrent comme un seul homme quand leur chef pénétra dans l’appartement, revêtu d’une tenue de civil passe-partout. Il alla s’asseoir en bout de table et fit d’une voix claire et ferme :
- Asseyez-vous messieurs, je vous en prie.
Tous s’exécutèrent aussitôt. Le chef reprit alors la parole tout en posant ses bras sur la table en bois de mauvaise qualité :
- Les informations que je vous apporte sont excellentes. Selon toute vraisemblance, la Dernière Volonté de l’Empereur est sur le point de s’appliquer. Faraday a envoyé la commande d’activation comme prévu, juste avant d’être capturé. Si je ne me trompe pas, il ne nous reste donc plus que quatre jours.
L’homme fit une courte pause avant de continuer avec un mince sourire au bord des lèvres :
- Messieurs, il est temps d’agir.
La plupart des individus affichèrent une mine satisfaite et certains ne purent s’empêcher d’exprimer leur joie. Ils attendaient ce moment depuis si longtemps. Ils allaient enfin pouvoir passer à l’action pour la gloire de l’Empire Galactique.
Cependant, l’un des plus jeunes membres du Second Empire demanda :
- Peut-on savoir à présent ce qu’implique concrètement cette Dernière Volonté de l’Empereur ?
- Non, pour la bonne et simple raison que j’ignore moi-même les détails de ce projet. Seul le général Faraday est au courant et c’est mieux ainsi. Si l’un de nous vient à être capturé, il sera de fait dans l’incapacité de fournir quelques renseignements que ce soit aux Rebelles. Tout ce que je sais, c’est que nous devons neutraliser les centrales qui projettent le bouclier planétaire. Et c’est bien ce que je compte faire.
- Nous sommes tous là pour ça, affirma un homme au visage couvert de cicatrices.
- Et je suis content de l’entendre. Messieurs, vous l’avez compris, nous avons quatre jours pour nous préparer. Quand la Dernière Volonté de l’Empereur s’appliquera, les boucliers planétaires ne devront plus représenter un obstacle.
- En attendant votre arrivée, je me suis permis de faire un petit tour de table et je peux vous assurer que les sept équipes sont prêtes à passer à l’action, fit un autre impérial aux yeux étonnamment inexpressifs.
- Parfait.
- Le démantèlement de la huitième équipe ne va-t-elle pas nous porter préjudice ? Demanda un autre.
Le chef répondit aussitôt :
- En aucun cas. Nous disposons du matériel et des hommes nécessaires à la réalisation de notre plan. Ce constat m’amène d’ailleurs à une autre mission que j’aimerai que certains d’entre vous mènent à bien.
Personne ne répondit. A l’évidence, cette « mission » n’était nullement prévue à l’origine. Le chef du groupe Second Empire enchaîna alors :
- J’irai droit au but, je souhaite que nous libérions le général Faraday. Et le plus vite sera le mieux. Nous aurons besoin de lui pour reconstruire le Second Empire. Je suis même intimement persuadé que par son charisme et sa légitimité, il rassemblera sans difficulté les Seigneurs de Guerre et les Moffs réfugiés sur Bastion. Nous aurons besoin d’un leader pour écraser les Rebelles, et Faraday est cet homme.
- Ce sera avec un grand honneur que mon équipe s’attellera à sa libération, affirma un impérial immense et à la carrure impressionnante.
- Votre dévotion est toute à votre honneur Galwen ! A la fin de cette réunion, vous viendrez me voir pour que nous peaufinions les derniers préparatifs. Je pense avoir déterminé le moment idéal pour libérer Faraday.
Le dénommé Galwen approuva d’un bref signe de tête. Puis le chef continua :
- Bien, messieurs, nous sommes à l’aube du renouveau de l’Empire. Tâchons d’être à la hauteur du grand honneur qui nous est fait ! C’est à nous qu’il appartient d’appliquer la Dernière Volonté de l’Empereur. Puisque l’équipe de Galwen sera assignée à la libération de Faraday, il nous reste six équipes. Une pour chaque centrale. Nous agirons tous en même temps, de manière parfaitement synchronisée et j’insiste sur le fait que rien ne doit être laissé au hasard! Et cette maudite Rébellion comprendra enfin qu’elle n’aurait jamais du affronter le Grand Empire Galactique.
Et il conclut :
- Messieurs, préparez vous à entrer dans l’Histoire.

***

Quand Joshua Tenling s’assit aux côtés de Connor Skell dans le grand amphithéâtre, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui et vit que les gradins étaient pleins à craquer.
A l’évidence, le procès de Faraday passionnait toujours, d’autant plus depuis que son principal protagoniste avait réchappé de justesse à un attentat spectaculaire.
- Vous êtes juste à l’heure commandant. Quelque chose vous a retardé ? Interrogea Connor alors que les juges prenaient place.
- L’enquête sur la Dernière Volonté de l’Empereur piétine plus que jamais. J’ai bien peur qu’il n’y ait plus que Faraday qui puisse empêcher cette catastrophe annoncée.
Connor ne répondit rien. Alors que Faraday était appelé à la barre, Tenling leva les yeux vers le grand dôme de verre qui surplombait l’immense salle. Il vit alors que des nuages noirs menaçants s’agglutinaient dans le ciel de Coruscant, annonçant très probablement un violent orage. A l’évidence, les cieux avaient décidé de reproduire fidèlement l’état d’esprit du commandant de l’Antiterrorisme.

Aldwin Faraday regarda furtivement Veldran Ballawick tandis qu’il empoignait fermement la barre. Son avocat lui fit un petit clin d’œil et afficha un sourire confiant. L’impérial fut une fois de plus surpris par l’apparente décontraction de Ballawick. Comme si ce qu’il se passait dans cette immense salle n’avait finalement pas d’importance, comme si la vie d’un homme n’était pas en jeu. Faraday ne ressentait pas du tout le même sentiment réconfortant. Il savait qu’il allait être interrogé sur les années les plus sombres de sa vie, sur sa participation au régime de Palpatine. Et tandis que le juge s’apprêtait à prendre la parole, Aldwin ressentit un drôle de sentiment poindre en lui. Il comprit alors qu’il redoutait de se replonger dans ces tragiques évènements.
- Bien, général, nous allons aujourd’hui parler de l’avènement et du règne de l’Empire Galactique. La première question qui me vient à l’esprit est celle-ci : qu’avez-vous ressenti quand l’Empire a été proclamé sur les ruines de la République ?
Faraday attendit quelques secondes avant de répondre, ce qui lui permit de constater qu’un imposant silence avait envahi la salle d’audience, preuve que tout le monde était suspendu à ses déclarations :
- Je crois que j’ai ressenti la même chose que des milliards d’individus de par la galaxie. Une immense joie, une satisfaction incommensurable. Quand j’ai écouté le discours de Palpatine, j’ai compris que la guerre était enfin terminée, que la paix était de retour. Fini les combats, fini les massacres…J’avais passé l’immense majorité de la Guerre des Clones sur la Bordure Extérieure, et j’étais épuisé physiquement et moralement. Je croyais en Palpatine, j’étais convaincu que seul lui pouvait tous nous sauver et mettre un terme aux exactions sanglantes des Séparatistes. Quand l’Empire a été proclamé, j’ai été heureux…et ce pour la première fois depuis des années.
Le juge hocha la tête lentement comme s’il essayait de comprendre les implications de ce que venait de dire Faraday. Puis il enchaîna :
- Et le massacre des Jedi ?
Aldwin renifla de dédain avant de rétorquer d’un ton méprisant :
- Des traîtres ! Des sorciers qui ne pouvaient pas admettre que Palpatine était plus puissant qu’eux, qu’il était le plus à même de sauver cette galaxie du chaos.
- Je vois. Pouvez vous nous décrire comment êtes vous devenus, je cite, « le Serviteur de l’Empereur » ?
Faraday se pinça imperceptiblement les lèvres avant de répondre :
- Ce…surnom…n’est qu’une pure invention de la presse !
- Vous n’étiez donc pas un fidèle de l’Empereur ?
- Bien sur que si…j’ai su faire mes preuves. Avoir servi ce grand homme est la plus belle fierté de ma vie !
- Qu’entendez-vous par « faire vos preuves ».
Faraday écarta les bras:
- Je suppose que j’ai surtout impressionné l’Empereur par mes actes lors de la Guerre des Clones. Il m’a été raconté que Palpatine avait même été époustouflé par la Charge Héroïque d’Excelsior. La première fois que j’ai rencontré l’Empereur, il m’a nommé commandant et m’a chargé d’assurer l’encadrement des Forces de Pacification de Coruscant. C’était un grand honneur qui m’était fait, je me suis empressé d’accepter. J’étais tellement heureux de pouvoir servir un homme qui avait comme objectif ultime la paix, l’ordre et la sécurité. Le trio parfait. En servant Palpatine, j’oeuvrais pour un pouvoir qui incarnait les valeurs dans lesquelles je croyais ! En devenant commandant dans l’armée de l’Empire Galactique, je tenais la promesse que j’avais faite à mes parents des années plus tôt. J’y ai vu un signe, j’ai compris que je devais emprunter ce chemin.
Tout en parlant, Faraday avait adopté un ton de plus en plus passionné et ses yeux de glace s’étaient illuminés.
Le juge Principal fit alors :
- Et c’est au nom de ce « trio parfait » que vous avez pris part au Massacre de la Nuit des Ombres ?
A l’évocation de ce nom, un tressaillement parcourut l’assemblée et l’on entendit même quelques gémissements chez ceux pour qui ce nom était synonyme de souffrance et de malheur. Faraday essuya une goutte de sueur qui coulait le long de sa tempe droite avant de balbutier :
- Non, attendez…c’est plus compliqué que ça !
- Quoi ? Vous n’avez pas pris part à ce carnage ?
Aldwin chercha visiblement ses mots et afficha un regard quasi paniqué. Il fut soulagé quand son avocat vola à sa rescousse :
- Messieurs les juges, je suis certain que le général Faraday s’expliquera sur ce qu’il s’est passé cette fameuse nuit, mais avant…
Ballawick fit une petite pause pour ménager le suspense. Puis il termina sa phrase :
- …je souhaite l’interroger sur un autre évènement tragique qui nous permettra de mieux apprécier les circonstances qui ont mené au Massacre de la Nuit des Ombres. Cet évènement s’est d’ailleurs passé seulement deux semaines auparavant.
Le Juge Principal regarda ses assesseurs avant de lancer à Ballawick :
- Entendu, allez-y.
Ballawick se précipita vers Aldwin Faraday et tout en joignant ses mains pour former un triangle, demanda :
- Général, pouvez-vous nous parler de votre première grande opération de pacification dans les bas fonds de Coruscant ?
Faraday sentit les battements de son cœur s’accélérer et plongea son regard dans celui de son avocat. Celui-ci lui fit un discret signe de tête pour l’encourager. Alors l’impérial prit son inspiration et commença.

***
Coruscant, 20 ans plus tôt.

Aldwin Faraday n’était plus le même homme. Les évènements tragiques de la Guerre des Clones l’avaient à l’évidence fait vieillir prématurément. Des rides étaient apparues aux coins de ses yeux et sur son front, tandis que ses cheveux blonds étaient à présent striés de blanc. Seuls ses yeux de glace gardaient leur vigueur d’autrefois, lui assurant le même regard plein de détermination qu’il affichait déjà au début de la Guerre des Clones.

Le commandant Impérial se tenait à la tête d’un imposant détachement de stromtroopers d’élite qui avaient été triés sur le volet pour servir dans la prestigieuse Force de Pacification de Coruscant. Quand l’Empereur en personne avait confié cette responsabilité à Faraday, il avait bien insisté sur le fait que sa mission était essentielle. Palpatine avait besoin d’asseoir son pouvoir en imposant l’ordre sur Coruscant, ce qui passait par l’écrasement des mouvements de résistance. Au début, les missions avaient été assez simples et Faraday ne prenait même pas la peine de se déplacer lui-même sur le terrain, déléguant à des hommes très compétents et dévoués à la cause de l’Empire.
Mais cette mission était différente. L’Empereur en personne avait insisté pour que Faraday soit à la tête des opérations. Le commandant avait été informé trois jours plus tôt qu’une communauté d’individus vivant dans les bas fonds de Coruscant s’opposait au pouvoir de l’Empire. Plus inquiétant encore, ces individus possédaient des pouvoirs psychiques qui permettaient d’influencer les esprits. Faraday avait appris que cette communauté était composée de Keldrak, une espèce dont la planète d’origine était devenue inhabitable depuis un cataclysme survenu des milliers d’années auparavant. Les Keldrak étaient en voie d’extinction et la communauté présente sur Coruscant était l’une des dernières dans toute la galaxie.
Les ordres étaient pourtant clairs. Il fallait éradiquer à tout prix le danger que représentait les Keldrak. L’Empereur avait insisté sur le fait qu’il ne pouvait tolérer que des êtres au pouvoir psychique si développé s’opposent à l’Empire. Voilà pourquoi Faraday menait toute une escouade de stromtroopers dans un quartier misérable de Coruscant, là où l’on ne voyait quasiment jamais la lumière du jour et là où les gouttes de pluie ne tombaient jamais.

Faraday tourna brutalement à droite et s’engagea dans un petit escalier à l’état lamentable qui s’enfonçait sous terre. Des torches projetaient une lumière faiblarde qui tentait d’éclairer cet escalier malodorant. Faraday fit signe à ses soldats de faire le moins de bruit possible. Puis, le commandant Impérial se saisit de son blaster et accéléra l’allure, descendant les marches deux par deux. Si leurs informations étaient exactes, ils ne tarderaient pas à trouver les Keldrak et à les prendre au piège dans leur repaire.
Les Impériaux débouchèrent enfin dans un vaste réseau de galeries souterraines qui avait du être construit des années auparavant, quand la République dominait encore la galaxie. L’odeur y était insupportable et Faraday du se baisser pour ne pas se cogner contre le plafond particulièrement bas. Il fit signe à ses hommes de le suivre et se lança vers la droite sans hésiter une seule seconde. Une fois encore, Faraday fut surpris de l’exactitude et de la précision des renseignements des Services Secrets Impériaux. Ces derniers n’avaient jamais été pris en défaut et fournissaient toujours des informations très précieuses.
Faraday tourna alors à gauche, s’engageant dans un corridor encore plus exigu que le précédent. En constatant que les murs étaient couverts de graffitis et le sol jonché d’ordures en tout genre, l’impérial se demanda comment des individus pouvaient accepter de vivre dans de telles conditions. Progressant toujours en file indienne, les impériaux arrivèrent enfin dans un espace plus grand qui donnait sur une lourde double porte métallique. Faraday murmura alors à ses troupes, dont l’armure blanche ressortait particulièrement dans cet environnement répugnant :
- On y est. Préparez vous à entrer.
Aussitôt les stormtroopers se mirent en position d’attaque et l’un d’entre eux vînt poser une petite quantité d’explosifs sur la porte en métal. Tout le monde recula de quatre pas avant que l’explosion ne se produise. Dans un fracas assourdissant, la porte vola en morceau, s’arrachant littéralement de ses gonds avant de retomber lourdement sur le sol. Et tandis que le nuage de fumée commençait à se disperser, Faraday cria à ses hommes :
- Lancez l’assaut !
Sans hésiter un seul instant, les soldats de choc de l’Empire pénétrèrent dans la pièce et ouvrirent le feu. Faraday traversa à son tour ce qu’il restait du nuage de fumée et se retrouva dans une immense salle qui constituait le logis de toute la communauté Keldrak. Ces derniers étaient en fait des bipèdes d’un mètre cinquante, au corps maigre et aux bras très longs qui touchaient presque le sol. Leur tête s’allongeait vers l’arrière jusqu’à former une pointe et leurs petits yeux globuleux bougeaient très vite. Leur peau était d’un vert pâle et ils portaient tous de larges tuniques marron informes qui les enlaidissaient encore d’avantage.

Au moment où les stormtroopers ouvraient le feu, les Keldrak se saisirent eux-mêmes de leurs armes et ripostèrent. La plupart avaient d’antiques blasters mais certains devaient se contenter de barres d’acier souvent tordues. Les malheureux se jetaient sur les soldats de choc avec l’énergie du désespoir mais ceux-ci les fauchaient en pleine course sans aucune difficulté. Faraday tira à plusieurs reprises, faisant mouche à chaque fois. Un chaos indescriptible régnait dans la grande salle car certains Keldrak couraient dans tous les sens, cherchant à s’abriter derrière leurs maigres possessions. Mais c’était peine perdue car les soldats de l’Empire les traquaient avec une redoutable précision, ne leur laissant aucune chance de salut. Bientôt, le sol que les Keldrak avaient jadis en partie recouvert de tapis, fut jonché de cadavres et les tirs cessèrent progressivement. Il ne restait plus aucun Keldrak armé encore en vie. En revanche, en levant les yeux, Faraday vit que des femelles et des enfants s’étaient réfugiés dans un des coins de la pièce. Dans un geste de protection maternelle, les femelles s’étaient regroupées devant les enfants, faisant barrage de leur corps.

Faraday fit alors quelques pas en avant, enjambant au passage plusieurs cadavres avant de s’immobiliser à deux mètres du groupe de survivants qui tremblaient littéralement de peur. Le commandant fixa son regard sur ces rescapés et ne bougea plus, visiblement perturbé . S’il avait abattu sans hésitation les opposants armés, abattre ces survivants en apparence inoffensifs était une toute autre chose.
Il entendit malgré tout le chef d’escouade s’approcher de lui et demander de sa voix froide :
- Commandant, quels sont les ordres ?
Faraday ne répondit pas. Lui-même avait brandi son blaster vers les femelles mais n’arrivait pas à presser la détente, comme si quelque chose l’avait paralysé.
- Commandant, quels sont les ordres ? Insista le soldat.
C’est alors que l’un des petits Keldrak échappa à la vigilance de sa mère et se dirigea d’un pas hésitant vers Faraday. Il ne devait pas mesurer plus de quatre vingt centimètres et portait une tunique qui était bien trop grande pour lui. Il s’arrêta à quelques centimètres du canon de l’arme de Faraday et regarda l’impérial avec ses grands yeux noirs. Aldwin sentit un profond malaise l’envahir face à cette situation inattendue. Alors, son doigt se crispa sur la gâchette et il sentit les battements de son cœur s’accélérer.
Un silence imposant s’était emparé de la salle et tous les stormtroopers avaient les yeux rivés sur le petit Keldrak qui regardait toujours avec étonnement le canon de l’arme de Faraday. Celui-ci sentit une goutte de sueur couler le long de son cou et plissa les yeux, comme si ce geste allait lui conseiller ce qu’il devait faire. C’est alors que le Keldrak décida pour lui en faisant le tour de Faraday qui ne broncha toujours pas. Puis, suivi par le reste de son peuple, le petit Keldrak prit la direction de la porte de sortie. Le chef d’escouade revînt une nouvelle fois à l’assaut :
- Commandant j’insiste, quels sont les ordres ? Commandant ? Commandant, devons nous tirer ?
Il ne fallut que quelques secondes pour que l’ensemble des survivants Keldrak traverse la grande salle en slalomant entre les stormtroopers. Puis ils sortirent et prirent aussitôt la poudre d’escampette. Faraday rangea enfin son arme et se tourna vers le soldat qui n’avait cessé de l’interpeller :
- Non, on les laisse partir.
Le lendemain de cette opération, Aldwin Faraday était convoqué par l’Empereur en personne.

Palais Impérial, le lendemain :

Le commandant s’arrêta devant l’imposante porte du bureau de l’Empereur et écarta comme il le put le col de son uniforme pour essayer de mieux respirer. Le cœur battant de plus en plus fort, Faraday s’apprêta à frapper à la porte quand celle-ci s’ouvrit d’elle-même, dévoilant le bureau de Palpatine. Celui-ci était assis dans son trône, en haut d’une volée de marches en marbre blanc. Derrière lui, une immense baie vitrée circulaire offrait une vue saisissante sur Coruscant et particulièrement sur le majestueux Sénat Galactique. Faraday avança lentement dans la pièce et sentit les portes se refermer derrière lui, comme s’il était irrémédiablement pris au piège.

Palpatine avait posé ses mains squelettiques sur les accoudoirs de son imposant trône. Revêtu de sa tunique noire habituelle, l’Empereur de la galaxie dégageait une aura de puissance impressionnante. Son visage ravagé par les rides était en partie dissimulé par une épaisse capuche qui laissait tout de même apercevoir ses yeux perçants d’un jaune maladif. En regardant l’Empereur, Faraday eut l’impression qu’il sombrait dans des abysses sans fin et ne put réprimer un frisson. Il eut même le sentiment qu’une vague de noirceur le submergeait, s’enroulait autour de son cœur et l’enserrait de plus en plus. Luttant contre ce sentiment inquiétant, Faraday s’inclina légèrement avant de dire :
- Votre Majesté, je suis venu dès que j’ai pu.
La voix qui lui répondit était intimidante et caverneuse. Elle respirait la puissance et l’autorité :
- J’en suis heureux. Savez-vous pourquoi j’ai voulu vous voir commandant ?
Faraday se sentit encore plus mal à l’aise et balbutia après avoir déglutit :
- Je suppose que…enfin…par rapport à l’opération d’hier…
- Précisément, siffla Palpatine.
Celui-ci tapota d’impatience sur son accoudoir droit avant de déclarer :
- Vous m’avez déçu commandant. Je suis très…désappointé.
Ces mots étaient aussi douloureux que des coups de vibrolame et instinctivement, Faraday eut un mouvement de recul, son regard de glace affichant une lueur de crainte :
- Mais votre majesté, ce n’étaient que des enfants !
L’Empereur se redressa alors et Aldwin eut l’impression que la lumière du jour s’effaçait devant cette présence obscure. L’impérial crut qu’il entrait dans un tunnel impénétrable dont les parois se resserraient inéluctablement autour de lui. Palpatine, du haut des marches, le dominait et ses yeux inquisiteurs semblèrent transpercer l’âme de Faraday.
- N’avez-vous pas compris commandant que ces enfants seront bientôt de farouches ennemis ? Pensez-vous sérieusement qu’ils ne chercheront pas à se venger de l’Empire ?
- Mais…
- Silence ! Je vous avais bien stipulé qu’aucun de ces êtres répugnants ne devaient en sortir vivant. Je vous faisais confiance pour rétablir l’ordre sur Coruscant. Vous avez échoué !
Faraday voulut parler mais il sentit brusquement sa cage thoracique se contracter sous l’influence d’une force invisible. L’impérial tenta d’inspirer mais ses poumons refusèrent de fonctionner et sa vue commença à se brouiller. Face à lui, il ne distinguait plus que le regard perçant et effrayant de l’Empereur. La voix pernicieuse de celui-ci s’insinua alors dans son esprit :
- L’Empire ne peut se permettre d’être gangrené de l’intérieur par des êtres faibles ! Je ne peux tolérer que mes propres serviteurs n’appliquent pas à la lettre mes directives.
- Cela…ne…se…reproduira…plus ! Réussit à crachoter Faraday qui mit un genou à terre.
- Précisément, répondit Palpatine.
Celui-ci se rassit alors sur son trône et Faraday sentit l’étau qui l’écrasait disparaître tout d’un coup. L’impérial en profita pour prendre une grande goulée d’oxygène avant de se remettre péniblement sur pied. Palpatine le dévisagea alors avant d’afficher un sourire machiavélique qui distendit son visage hideux :
- J’ai appris que vous aviez fondé une famille, ici sur Coruscant.
Cette déclaration électrisa Faraday qui retrouva toute sa contenance. Comment l’Empereur était il au fait de cette information ? Aldwin avait pris les plus grandes précautions pour que personne ne soit au courant. Mais tandis que l’Empereur reprenait la parole, Faraday comprit que rien ne pouvait échapper au leader suprême de cette galaxie :
- Félicitations commandant. Quelle âge à t-elle ?
- Trois ans. Elle se nomme Kelya.
L’Empereur garda le silence quelques secondes avant de déclarer :
- Cette enfant mérite la plus grande attention. Et comme vous êtes continuellement au service de l’Empire, je pense que vous devriez la confier à une éducatrice.
- Mais sa mère peut…
- Je suis intimement persuadé que des études sur Carida lui seront à l’avenir très bénéfiques. En plus, elle y sera en parfaite sécurité, sous bonne protection. J’y veillerai personnellement. Après tout, la fille d’un des plus fidèles serviteurs de l’Empereur pourrait courir de grands dangers.
Faraday ne répondit rien car il avait parfaitement compris le message. A cause de son erreur de la veille, sa fille allait lui être enlevée et emmenée sur une planète éloignée. Faraday n’était pas dupe, si Palpatine voulait la garder sous la main, c’était pour s’assurer qu’à l’avenir, il exécuterait sans ciller les ordres de l’Empereur. Tous ses ordres, même les plus destructeurs. Aldwin Faraday avait commis une erreur et c’est sa famille qui allait en payer le prix. Se maudissant intérieurement, il releva les yeux vers Palpatine qui le dévisageait toujours. Celui-ci fit enfin :
- J’espère que dès à présent, je peux compter sur votre entière et absolue coopération.
- Je ne vous décevrai plus votre Majesté.
- Parfait. Maintenant, vous pouvez partir.
Quand Faraday quitta le bureau privé, il eut l’étrange sentiment qu’il venait de vendre son âme au diable. L’homme qu’il idolâtrait tant pouvait à l’évidence se montrer impitoyable.

***

Un puissant éclair zébra le ciel de Coruscant tandis que Faraday achevait son histoire. Puis un violent coup de tonnerre résonna, venant troubler le silence qui s’était imposé dans la salle d’audience. Ballawick, ignorant complètement les éléments qui se déchaînaient au dehors, demanda alors :
- Donc, si je vous ai bien compris général, l’Empereur exerçait sur vous une sorte de chantage ?
- Oui. J’avais commis une terrible erreur et je devais en payer le prix. Si je ne servais pas fidèlement l’Empire, ma fille en subirait les conséquences.
- Je vois. Et qu’est-il advenu de Kelya Faraday ?
- Je suppose qu’elle s’est réfugiée sur Bastion au moment de la chute de l’Empire. En fait, je n’ai plus de nouvelles d’elle depuis la mort de Palpatine.
- Et avant ?
Faraday déglutit avec difficulté avant de répondre :
- Au début, je lui rendais régulièrement visite sur Carida. Mais un jour, alors qu’elle venait d’avoir dix-huit ans, l’Empereur m’a signifié que je ne pouvais plus me permettre d’aller la voir car il avait en permanence besoin de moi sur Coruscant pour lutter contre la propagation du mouvement Rebelle. Ces dernières années, je ne pouvais donc lui parler que par le réseau holonet. Cette situation nous a terriblement fait souffrir, ma femme et moi.
- Et on le comprend.
Ballawick se retourna alors vers les juges et tout en désignant Faraday du doigt, s’écria :
- Vous comprenez donc messieurs les juges qu’Aldwin Faraday était pris au piège. Il subissait un odieux chantage affectif ! Il n’avait dès lors plus le choix, il devait obéir aux ordres pour sauver sa fille, pour l’éloigner des griffes acérées de Palpatine. Qui dans cette salle, pourrait prétendre qu’il n’aurait pas fait la même chose ? Qui pourrait prétendre qu’il n’aurait pas tout fait pour protéger l’héritière de son sang ?
Seul le tonnerre répondit à la question de Ballawick. Celui-ci afficha alors une mine étonnamment grave avant de conclure :
- Ne vous y trompez pas. Ne faîtes pas de cet homme un monstre dénué de sentiment. Ce n’est qu’un homme, comme vous et moi. Je n’ai pas d’autres questions.
Alors que la pluie se mettait à tomber drue, de grosses gouttes venant s’écraser sur le dôme en verre, l’avocat de l’Accusation se leva et s’approcha de Faraday. Puis il fit :
- La première chose sur laquelle j’aimerai attirer votre attention est la suivante : pendant que vous racontiez votre histoire, je me suis permis via l’Holonet de faire une recherche sur le peuple des Keldrak, qui aujourd’hui a totalement disparu, ou du moins se cache habilement. Selon plusieurs ethnologues dont les analyses concordent, les Keldrak constituaient une espèce remarquable en de nombreux points. Toutefois, il n’est nulle part fait mention d’un quelconque don psychique.
Faraday fronça les sourcils d’incompréhension tandis que des murmures scandalisés parcouraient l’assemblée.
- Ils se trompent ! Lança Faraday.
- Ah oui, vraiment ? Alors peut-être pourriez-vous nous dire à quel moment ces Keldrak ont utilisé leur pouvoir contre vous et vos hommes ? A quel moment précis, ont-ils essayé de vous influencer ?
- Ils…ils ne l’ont pas fait.
- Effectivement. Et pour cause, ils n’ont pas ce don. Et oui général, vous avez massacré des personnes qui ne représentaient aucun danger pour l’Empire !
- Mais l’Empereur…
- Palpatine vous a menti ! Tonna l’avocat. Il s’est servi de vous et je vais vous dire dans quel but. Si les Keldrak n’ont aucun pouvoir psychique, leur sang a en revanche une particularité tout a fait admirable : il possède des vertus curatives extrêmement rares. Si l’Empereur a massacré ce peuple, c’est pour recueillir son sang.
- C’est absurde !
- C’est malheureusement l’unique vérité. Quelques mois après ce massacre, TechEmpire, une multinationale productrice de médicaments a lancé sur le marché un produit capable de guérir bon nombre de maladies. Ce médicament a, comme vous l’imaginez, eut un succès foudroyant et a rapporté des milliards de crédit à TechEmpire. Il s’est avéré que ce produit contenait en fait du sang de Keldrak, qui avait été reproduit et synthétisé en laboratoire.
Les murmures redoublèrent d’intensité dans la salle, alors que l’avocat s’apprêtait à conclure :
- Ah oui, j’allais oublier de préciser que TechEmpire appartenait évidemment à l’Empire, qui a donc engrangé beaucoup de crédits grâce à ce médicament miracle. Vous pensiez lutter pour l’ordre, général ? En fait, vous avez massacré des gens pour renflouer les caisses de Palpatine.

Cette fois ci, les murmures se transformèrent en cri d’effroi et des insultes ne tardèrent pas être proférées. Le Juge Principal du demander à trois reprises le silence avant de l’obtenir. Aldwin Faraday, quant à lui, était visiblement abasourdi. Penché sur la barre, il cherchait à reprendre ses esprits. L’avocat de l’Accusation ne lui en laissa pas le temps :
- Maintenant dîtes moi général, malgré le chantage affectif qu’osait exercer l’Empereur sur vous, quel était votre sentiment vis-à-vis de l’Empire ?
- Je…il…enfin je veux dire, j’avais toujours confiance en lui. Je vous l’ai déjà dit, j’étais persuadé que seul l’Empire pouvait sauver la galaxie. Un pouvoir fort était, est et sera toujours l’unique moyen de garder une cohésion au sein de la société.
- Votre cohésion s’est faite dans de multiples bains de sang ! Des bains de sang auxquels vous avez participé, général !
L’avocat regarda alors Ballawick avant de lancer d’une voix plus forte encore :
- Alors non, je suis désolé, mais je ne peux voir en Aldwin Faraday que ce qu’il est : un monstre !
Un nouvel éclair zébra le ciel, suivit d’un coup de tonnerre encore plus impressionnant que le précédent. Et tandis que la pluie redoublait d’intensité, dans les tribunes de la salle d’audience, Joshua Tenling écrivait fébrilement sur un calepin. Skell se pencha par-dessus son épaule et lut ce qu’il avait écrit :
- Attendez ! Vous ne pensez tout de même pas retrouver la fille de Faraday ?
- Je vais me gêner. On tient peut-être là un moyen de faire avouer à Faraday ce qu’il sait sur la Dernière Volonté de l’Empereur !
- Mais si elle est sur Bastion ?
- Et si elle ne l’est pas ?
- Rassurez-moi, vous ne comptez tout de même pas reprendre le chantage qu’opérait l’Empereur ?
Tenling réfléchit quelques secondes avant de répondre quelque chose qui le mit immédiatement mal à l’aise :
- Je crois que parfois…la fin justifie les moyens.

A la barre, Aldwin Faraday était encore sous le choc de ce qu’il venait d’entendre. L’Empereur lui avait menti, l’avait même manipulé à sa guise. Comment était ce possible ? Il pensait avoir la confiance de sa Majesté et il se rendait à présent compte que tout ceci n’avait été qu’une illusion. Sur quoi d’autre Palpatine lui avait-il menti ? Se pourrait-il qu’il ait servi durant toutes ces années un homme qui ne voyait en lui qu’un vulgaire pion ?

Et quelque chose que Faraday pensait impossible se produisit. Le doute l’envahit.

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