La Dernière Volonté de l'Empereur
Au Nom de la Justice
Le commandant Joshua Tenling frappa légèrement à la porte du bureau dans lequel il était attendu, avant de rentrer dans la grande pièce d’un pas assuré. Sa première réaction fut la surprise. Bien sûr, au sein de l’ancien Palais Impérial, Tenling s’attendait à pénétrer dans des pièces luxueuses, mais celle-ci l’était tout particulièrement. Les meubles qui s’y trouvaient étaient tous en bois rare et magnifiquement sculptés, tout particulièrement un grand bureau aux pieds dorés. Les murs étaient recouverts d’une tapisserie richement décorée avec des motifs somptueusement brodés et la moquette était épaisse et d’une couleur pourpre surprenante. En marchant sur le sol, Tenling eut l’impression de s’enfoncer de plusieurs centimètres. Un dernier coup d’œil au mur lui fit comprendre que de grands tableaux avaient été enlevés récemment. Alors qu’il s’interrogeait encore sur ce constat, une voix amicale se fit entendre :
- Oui, j’ai préféré ne pas garder les portraits des anciens dignitaires du régime Impérial. Si vous voulez mon avis, celui de Palpatine était d’ailleurs le plus horrible de tous. Ce gars avait un vrai problème de peau !
Tenling tourna rapidement la tête vers la droite et découvrit le général Airen Cracken qui était confortablement installé dans un fauteuil moelleux situé près d’une petite table basse. Il fit signe à son visiteur de venir s’asseoir en face de lui avant de continuer :
- Croyez bien que je souhaiterai me passer de tout ce faste et ce luxe ! Mais que voulez vous, ce n’est pas moi qui ai choisi de nous installer dans le Palais Impérial. Vous voulez boire quelque chose ? J’ai du brandy Corellien de grande qualité !
- Non merci général.
Une fois assis, Tenling posa ses bras sur les hauts accoudoirs du fauteuil avant de jeter un coup d’œil par la grande fenêtre qui offrait une vue prodigieuse sur les alentours du Palais Impérial. Légèrement mal à l’aise en ces lieux singuliers, le commandant de l’Antiterrorisme préféra se lancer dans un domaine qu’il maitrisait :
- Je suis venu vous faire mon rapport concernant notre action d’hier.
- Ah oui…J’ai déjà eu des échos. Il semblerait que la mission soit un succès.
- Relatif, mon général. Nous avons perdu trois hommes et manqué une belle occasion de faire des prisonniers. Ils auraient pu nous être précieux pour démanteler le reste de l’organisation.
- Je vous fais confiance pour y parvenir commandant !
Tenling se gratta la tête, signe de sa nervosité, avant de poursuivre :
- Euh…oui, enfin, j’espère y parvenir avant qu’il ne soit trop tard !
Cracken reposa son verre qui contenait un liquide à la couleur ambrée avant de demander d’une voix où pointait l’inquiétude :
- Que voulez vous dire ?
- Avez-vous entendu parler de la Dernière Volonté de l’Empereur ?
- Ah…
Cracken regarda à son tour au dehors, ne disant rien pendant quelques secondes avant de finalement déclarer :
- J’en ai effectivement entendu parler, ainsi que de ce fameux tract intimant aux partisans de l’Empire d’évacuer Coruscant. Je vous avoue être sceptique face à tout ceci.
- Moi aussi général. Seulement mon métier m’impose d’être particulièrement précautionneux, je ne peux donc pas prendre cette menace à la légère. J’ajoute que la découverte des plans complets d’une de nos centrales qui propage le bouclier planétaire n’est pas là pour me rassurer. Les Impériaux préparent quelque chose de grande envergure, j’en ai la certitude.
Cracken fronça cette fois ci les sourcils avant de se pencher en avant dans son fauteuil :
- Bien, et que préconisez-vous commandant ?
Tenling haussa les épaules, plus par dépit qu’autre chose :
- Nous pourrions déjà augmenter les forces de sécurité chargées de protéger les centrales. Peut-être que cela suffirait à décourager les Impériaux, même si j’en doute.
Cracken expira bruyamment avant de rétorquer :
- Vous savez pertinemment que nous avons déjà du mal à déployer des forces militaires partout où cela serait nécessaire. Alors comment voulez vous que j’affecte des hommes supplémentaires aux centrales ?
- Alertez le Conseil Provisoire sur la menace qui pèse sur Coruscant !
- Je veux bien le faire, mais il me faudrait quelque chose de plus concret qu’un plan et des tracts étranges ! Après tout, cette Dernière Volonté de l’Empereur pourrait être n’importe quoi.
- On peut toujours essayer de fouiller dans les archives impériales, bien que je suspecte encore un plan tordu et officieux de l’Empereur en personne.
- Possible. Je demanderai tout de même à nos archivistes de jeter un coup d’œil.
Tenling hésita pendant quelques secondes avant de dire ce qu’il avait en tête depuis le début de l’entretien :
- Il y a un seul homme qui pourrait nous en dire plus sur ce mystérieux projet.
Cette fois ci, ce fut une ombre qui tomba sur le visage de Cracken. Le général de la Nouvelle République se leva alors de son fauteuil et se dirigea vers la grande fenêtre du bureau, tournant ainsi le dos à son visiteur :
- Vous voulez certainement parler de Faraday ?
- Tout juste. Vous devez me donner plus de temps pour l’interroger, je sens que je peux le faire craquer. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne m’avoue tout ce qu’il sait sur cette Dernière Volonté de l’Empereur.
- Je suis désolé commandant, mais son procès commencera la semaine prochaine comme prévu. Je ne peux vous accorder plus de temps, comprenez que ce n’est pas moi qui prends ce genre de décision civile ! Fey’lya a été très clair quand il est venu me voir, Faraday doit être jugé au plus vite. C’est selon lui le meilleur moyen de rassembler les peuples de la Nouvelle République : les confronter à un ennemi commun. Il dit que ce procès doit avoir lieu « au nom de la justice ».
- Je vois. Et depuis quand est-ce Fey’lya qui prend les décisions ici ?
- Mon Mothma ne peut pas tout faire, et dans ce cas précis, je crois bien qu’elle est d’accord avec Fey’lya. Nous avons besoin de crédibilité ! Juger l’un des plus grands criminels de l’Empire nous en apportera indéniablement.
- Si je comprends bien, Faraday n’est en fait qu’un moyen d’expurger tout notre ressentiment envers l’Ordre Nouveau.
Les mains toujours croisées dans le bas du dos, Cracken se retourna enfin et fit d’une voix lasse :
- Appelez ça comme vous voulez, commandant. Mais le fait est que la Nouvelle République était prête à juger Faraday par contumace si celui n’avait pas été capturé. Toutes les preuves ont été réunies contre lui, les témoins ont déjà été convoqués pour une date précise, pire encore, la date même du procès a été confirmée sur l’holo-réseau. Non commandant, je suis désolé, vous n’aurez pas plus de temps pour percer le mystère de ce projet Impérial. Mais si vous êtes convaincu qu’il représente un danger considérable pour Coruscant, alors je vous autorise à ne vous concentrer que sur cette affaire. Trouvez de quoi il en retourne.
- Vous me demandez d’opérer avec les mains liées général ! S’exclama Tenling en se levant à son tour
- Je le sais. Et croyez bien que j’en suis désolé, mais il va malheureusement falloir vous y habituer. D’ailleurs, j’ai une autre mission à vous confier.
Tenling leva les yeux au ciel :
- Vous plaisantez, j’espère ?
- Rassurez-vous, vous allez pouvoir la déléguer si vous le souhaitez.
- Je vous écoute.
Airen se détacha enfin de la vue qu’il avait sur les environs grouillant d’activité du Palais Impérial et se dirigea vers son magnifique bureau qui était impeccablement rangé. Il se saisit d’un filmplast tout en déclarant :
- A vrai dire, cela concerne également Aldwin Faraday. Il faudrait que vous choisissiez quelqu’un qui sera chargé de sa surveillance. Une surveillance totale, sans répit ! Partout ou Faraday ira, son garde du corps ira aussi.
- Tiens donc ! Et puis-je savoir pourquoi vous renforcez les mesures de sécurité autour de lui ?
Sans rien répondre dans l’immédiat, le général tendit le filmplast à Tenling qui s’en saisit avant de le lire :
- « Pas de jugement pour le général criminel ! Seule sa mort immédiate pourra expier ses pêchés ! »
Voyant le scepticisme de Tenling, Cracken poursuivit :
- Cette invective nous a été envoyée par un groupe armé appelé les Lames de la Justice. Ses membres prétendent être capables d’abattre Faraday à n’importe quel moment, et ils assurent qu’ils le feront. Ils n’ont aucune confiance dans la justice et veulent par-dessus tout que l’Impérial paye pour ses crimes.
- Intéressant…murmura Tenling
- Vous comprendrez que dans le beau plan bien huilé de Fey’lya, il n’y a pas de place pour l’assassinat du prévenu. Le Conseil Provisoire veut donc qu’en plus des mesures de sécurité habituelles, un soldat lui colle jour et nuit aux basques. Je ne vous cache pas que ce sera une mission difficile et éprouvante. Comme je sais que vous travaillez avec les meilleurs éléments de la Nouvelle République, je suis certain que vous avez bien un nom à me proposer.
Tenling ne répondit pas tout de suite. Les yeux perdus dans le vague, il lança tout en reposant le filmplast sur le bureau :
- Un tribunal exceptionnel pour le juger, un réseau de terroriste impérial qui doit appliquer un de ses obscurs plans, un groupuscule qui veut l’assassiner…décidemment, on dirait bien qu’Aldwin Faraday est au cœur de toutes les attentions.
- On ne peut le nier. Alors, ce nom ?
Sortant de sa semi torpeur, Tenling réfléchit quelques secondes avant de dire :
- Je pense avoir quelqu’un qui répondrait parfaitement aux critères de cette mission spéciale. C’est un homme de terrain aux capacités tout à fait remarquables et qui m’a très fortement impressionné hier lors de notre intervention. Oui, je pense que le lieutenant Connor Skell est l’homme qu’il vous faut !
- Un simple lieutenant ? S’étonna Cracken
- Croyez moi général, si vous l’aviez vu à l’action, vous ne diriez pas ça.
- Très bien. Je vais me renseigner sur lui et le convoquerai si ce que j’entends à son propos est concluant.
Un nouveau silence s’imposa alors entre les deux hommes pendant lequel Tenling put admirer à quel point le Palais Impérial était un lieu particulièrement calme. Enfin, Airen Cracken fit d’une voix tendue :
- Vous savez commandant, à la vue des informations dont nous disposons à l’heure actuelle, j’ai bien peur que votre mission consiste au mieux à assurer le bon déroulement du jugement du plus grand criminel de l’Empire encore en vie, et au pire à protéger Coruscant du chaos…
Tenling déglutit alors bruyamment avant de répondre en se forçant à sourire :
- Général, je crois que finalement je vais prendre un verre de brandy Corellien.
***
Dans sa cellule misérable, Aldwin Faraday n’avait rien d’autre à faire que de compter le nombre de gouttelettes de sang séché qui s’étaient éparpillées sur les murs grisâtres. Bien qu’elles soient nombreuses, il finit par être sûr qu’il y en avait plus de cent trente, ce qui laissait supposer que plus d’un homme avait été passé à tabac en ces lieux. Lui-même avait déjà eu recours à la force pour faire parler des individus récalcitrants. Ils avaient d’ailleurs tous fini par craquer, et avouer ce que Faraday avait besoin d’entendre pour les condamner à une longue peine de prison, ou pire encore.
Faraday avait toujours bien aimé interroger des détenus quand il n’était encore qu’un simple commandant plein d’ambition. Il aimait ressentir le pouvoir qu’il avait sur les prisonniers, leur montrer qu’ils n’avaient aucune chance de s’en sortir, que leurs destins ne dépendaient que du bon vouloir de l’impérial. Oui, il fallait reconnaître que ce sentiment de supériorité et de contrôle avait quelque chose de jouissif. Faraday ne put s’empêcher de sourire en repensant à cette époque glorieuse.
Le bruit désagréable de la porte de sa cellule en train de s’ouvrir le ramena à la dure réalité du moment. Aujourd’hui, il ne maitrisait plus rien, n’avait plus aucun ascendant psychologique sur de quelconques détenus. Non, aujourd’hui, c’était lui le prisonnier. Faraday releva les yeux et vit un petit homme aux cheveux courts et au regard fuyant entrer dans la pièce, serrant une mallette près de son corps replet. L’homme balaya la cellule des yeux avant de dire d’une voix joyeuse :
- A ce que je vois, ils ne vous ont pas mis dans les quartiers des personnalités.
- Et vous êtes ? Demanda l’impérial en soulevant un sourcil.
- Je me présente, je suis Veldran Ballawick, votre avocat.
- Vous plaisantez ?
- Je vous demande pardon ? Répondit du tac au tac l’avocat.
- Votre nom là, « Ballawick », ça veut dire « condamné à mort » en Hutt ! Laissez-moi-vous dire que pour un avocat chargé de ma défense, on a déjà trouvé mieux.
L’avocat partit dans un rire franc qui dura plusieurs secondes avant qu’enfin il ne s’arrête. Il se dirigea alors vers la petite table métallique qui était au centre de la cellule et s’y assit, non sans manquer de se casser la figure à cause de la chaise branlante.
- Je vois que pour un Impérial, vous connaissez bien les autres cultures, même celles non-humaines. A vrai dire, j’étais même persuadé que l’Ordre Nouveau vouait un profond mépris aux Hutts et à leur tradition.
Faraday s’assit à son tour et appuya ses bras sur la table avant de regarder son interlocuteur droit dans les yeux :
- Alors je vais vous apprendre quelque chose qui va surement vous surprendre. Je ne suis ni raciste, ni xénophobe, en fait, je n’ai même jamais cautionné toutes ces idées puériles de supériorité des humains sur le reste des espèces de cette galaxie.
Ballawick écarquilla les yeux avant de demander :
- Mais alors, toutes ces accusations de génocide ethnique qui pèsent sur vous…
Faraday leva la main droite pour faire taire l’avocat. Puis il fit d’une voix lasse :
- Tout cela est bien plus compliqué.
- Je vois.
- Non, à mon avis, vous ne voyez rien du tout. Personne ne peut comprendre, et je doute sincèrement que tous ces juges pantins au service de cette mascarade que vous appelez un procès soient à même de ne serait ce qu’imaginer ce que suppose une telle dévotion à l’Empire.
Ballawick se renfonça dans sa chaise avant de dire tout en levant le doigt vers le ciel :
- Vous savez que nous tenons peut-être là un excellent moyen de défense.
Cette seule phrase suffit à Faraday pour reconsidérer l’attention qu’il devait accorder à l’imbécile qui se tenait en face de lui.
- Comment ça ?
- Et bien oui ! Quoi de meilleur comme défense que de mettre en avant l’impossibilité de refuser un ordre ? Nous pourrions faire comprendre à la Cour que vous étiez comme prisonnier de votre fonction, que vous n’aviez pas le choix, agir selon la volonté de l’Empereur où finir fusillé pour trahison. En clair, faire comprendre à la galaxie entière que vous n’êtes pas le monstre ignoble que l’on croit, mais juste un homme qui s’est trouvé aspiré par l’obscurité sans pouvoir en sortir. Vous n’appliquiez que les ordres, général, voilà ce qu’il conviendra de dire ! Nous devrons clamer haut et fort que si un procès devait avoir lieu, c’est celui de l’Empereur en personne ! Vous n’avez pas à payer pour toutes les atrocités commises par l’Ordre Nouveau et…
- Oui oui, et bien, gardez-en pour le réquisitoire!
Ballawick afficha un grand sourire avant de répondre :
- Vous avez raison. Mieux vaut garder des cartouches en réserve. Et maintenant général, que diriez vous de préparer activement la première journée d’audience ?
Faraday leva les yeux au ciel. Finalement, compter les gouttelettes de sang n’était peut-être pas si ennuyeux…
***
Joshua Tenling pénétra dans le vaste appartement d’Aldwin Faraday d’un pas rapide, passant avec agilité sous le scellé holoprojeté qui protégeait la porte. Le commandant de l’Antiterrorisme ne fut qu’à peine surpris de voir toute une équipe d’experts scientifiques et autres chercheurs compétents s’activer dans le salon. A vrai dire, celui-ci n’avait plus de salon que le nom. Tous les meubles étaient en train d’être scannés puis démontés afin de découvrir d’éventuelles cachettes secrètes, les tableaux étaient tous enlevés des murs et analysés sous tous les angles, les canapés hors de prix étaient éventrés et le contenu répandu sur le sol afin de les fouiller consciencieusement. Quant aux tapis, cela faisait bien longtemps qu’ils avaient été enlevés et jetés sans ménagement dans un coin de l’appartement.
Tenling regarda pendant quelques secondes tout ce petit monde s’activer, tous à la recherche de la moindre preuve qui pourrait indiquer ce que le projet Dernière Volonté de l’Empereur renfermait. Mais jusqu’à présent, l’examen minutieux de l’appartement n’avait pas porté ces fruits, ce qui en fin de compte n’étonnait guère Tenling. Celui-ci était persuadé que Faraday avait fait disparaître toute preuve compromettante ou tout dossier sensible, afin de ne pas donner à ses adversaires les bâtons pour le battre plus durement encore. Tenling était certain de son fait, car à l’évidence Faraday les attendait quand il avait été arrêté, ce qui supposait que l’impérial avait eu tout le temps nécessaire pour prendre ses dispositions. Mais par acquis de conscience, Tenling avait donné l’ordre de passer l’appartement au peigne fin.
En fait, ce qui poussait le commandant à être là, c’était la volonté absolue de pénétrer dans la petite pièce lourdement protégée et qui restait jusque là inviolable. Si Faraday cachait un quelconque secret, c’était forcément là. Tenling traversa rapidement le salon avant de s’immobiliser près de la porte d’entrée de la pièce en question, sur laquelle s’activait un jeune homme équipé d’un matériel électronique de pointe.
- Quelle est la situation ? Demanda Tenling.
Le scientifique releva les yeux de son travail avant de déclarer d’une voix lasse :
- Je dois avouer que nous n’avons pas progressé. Nous n’arrivons pas à by-passer le code d’accès pour ouvrir la porte. A chaque fois que nous tentons de le cracker, le code change automatiquement, et nous n’avons plus qu’à tout recommencer. Je ne sais pas qui a installé ce système de sécurité, mais c’est du sacré bon boulot.
Joshua regarda avec un mélange de colère et de désespoir le clavier numérique servant à entrer le code d’accès et qui était à présent relié à toute une batterie d’instruments, avant de lancer :
- Peut-être pourrions-nous simplement découper une ouverture dans la porte ?
Le scientifique hocha la tête en signe de déni :
- Impossible, elle est en ferrobéton renforcé par du cortosis! Même un sabre laser n’arriverait pas à l’entamer.
-Bon sang ! Ragea Tenling.
Le commandant se passa les mains sur le visage avant de poursuivre :
- Bon, qu’est ce qu’il vous faudrait pour réussir à entrer dans cette foutue pièce ?
- A part des explosifs, dans l’état actuel des choses, je ne vois pas…
- Très bien, alors faites-là exploser !
- Impossible, répéta le scientifique.
-Comment ça « impossible » ? S’énerva Tenling
- Nous avons scanné la pièce et il semblerait qu’elle soit de petite taille. Si nous utilisons des explosifs pour faire exploser la porte, nous risquons de perdre tout ce qu’il y a à l’intérieur.
- Alors qu’est ce qu’on peut faire ?
Le scientifique haussa les épaules avant d’assurer :
- Continuer à essayer de by-passer le code d’accès.
- Et bah ça promet…En fin de compte, vous n’avez rien de concret quoi ! S’exclama Tenling en mettant ses mains sur ses hanches.
- Si si, j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser.
- Je vous écoute.
- Nous sommes montés sur le toit de l’immeuble, qui est juste au dessus de notre tête comme vous le savez puisque nous sommes au dernier étage…
- Oui oui, bon abrégez !
- Et bien en fait, juste au dessus de cette mystérieuse pièce, nous avons trouvé une très puissante antenne hyperspatiale ! Du matériel impérial de pointe, très certainement.
- Une antenne subspatiale ? Pour quoi faire ?
- Ca je l’ignore commandant. Mais avec un tel moyen de communication, Faraday a très bien pu contacter quelqu’un n’importe où dans la galaxie.
Tenling réfléchit quelques secondes à cette révélation et l’ajouta mentalement à tout ce qu’il savait déjà sur la Dernière Volonté de l’Empereur.
- Bon très bien, continuez à travailler. Prévenez-moi si vous parvenez à entrer.
- Entendu monsieur.
Alors que Tenling s’éloignait, il entendit le scientifique l’appeler :
- Commandant ?
Joshua se retourna :
- Ouais ?
- Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette pièce, mais j’ai bien l’impression qu’avant d’être capturé, votre Impérial nous a réservé une surprise bien désagréable.
***
Connor Skell pénétra dans le somptueux bureau d’Airen Cracken et tout comme Tenling deux jours auparavant, se montra tout particulièrement impressionné par la richesse des lieux. Alors qu’il regardait les corniches sculptées qui ornaient le haut des murs, il entendit la voix du général de la Nouvelle République :
- Approchez-vous lieutenant ! Je vous en prie, prenez un siège.
Cette fois ci, Cracken était assis derrière son bureau. Les coudes posés sur le bois verni, ses mains étaient disposées en pyramide devant ses lèvres. Skell s’assit avec délicatesse avant de faire d’une voix légèrement gênée :
- C’est un bureau plutôt impressionnant…
- Détendez vous lieutenant, si vous êtes ici, c’est parce que vous m’avez été chaudement recommandé.
La tension qui pesait sur les épaules de Skell sembla s’évanouir tout d’un coup, et le jeune homme consentit même à afficher un petit sourire :
- Ah vous voulez dire que vous ne m’avez pas convoqué pour la rixe qui a éclaté à la caserne hier et…
Voyant la mine surprise de Cracken, Connor comprit qu’il valait mieux pour lui de se taire et de garder le secret sur les évènements de la veille. Après tout, si la hiérarchie n’était pas au courant, autant la laisser dans cette situation. Skell enchaîna alors :
- Recommandé dîtes-vous ?
- Tout à fait. Le commandant Tenling, avec lequel vous avez coopéré pour démanteler un groupuscule impérial, ne tarit pas d’éloges à votre sujet.
- Je n’ai fait que mon devoir général, assura Connor.
- Vous lui avez tout de même sauvé la vie à ce que j’ai cru comprendre.
Cette fois ci Skell ne répondit rien et préféra attendre de voir ce que Cracken lui voulait réellement. Il n’avait jamais été convoqué seul dans le bureau d’un général et il avait toujours peur d’entendre une mauvaise nouvelle. Mais cette dernière ne vînt pas, du moins, pas comme il l’attendait.
- Lieutenant, avez-vous entendu parler d’Aldwin Faraday ?
Le visage de Connor s’assombrit aussitôt et le soldat préféra alors regarder ses mains moites.
- Bien sûr, qui n’en a pas entendu parler ? Son arrestation a fait grand bruit dans la presse, et je dois vous avouer que j’ai hâte que cette ordure rende des comptes à la justice.
Cracken reposa ses mains sur le bureau et fit tout en se penchant légèrement en avant :
- Et si je vous disais que vous allez être aux premières loges pour assister à ce procès?
Skell releva les yeux vers son interlocuteur, une lueur d’incompréhension au fond des pupilles :
- Je ne comprends pas.
Airen se saisit alors d’un dossier qui était posé devant lui et l’ouvrit avant de le feuilleter :
- Je vois ici lieutenant que vous avez perdu vos parents alors que vous n’aviez que cinq ans.
- C’est exact…
- Et que dès que vous avez eu assez d’argent, vous avez quitté Coruscant où vous aviez toujours vécu jusque là pour vous engager dans l’Alliance Rebelle. Une fois que vous avez fait vos preuves comme soldat, vous n’avez pas tardé à être promu lieutenant. Vos supérieurs vous ont ensuite recommandé pour les FIS lorsque Coruscant a été reconquise.
Cracken releva les yeux du dossier et lança :
- Visiblement, votre parcours est exemplaire et corrobore les propos du commandant Tenling à votre égard. Vous êtes décrit comme un soldat très doué, aux réflexes impressionnants. Quant à votre maitrise des armes, elle est qualifiée de prodigieuse. Bref, vous semblez être l’homme idéal pour la mission que je veux vous confier.
Le général referma le dossier et le repoussa avant de fixer Skell tout en affichant un grand sourire. Connor se redressa quelque peu dans son fauteuil avant de dire :
- Une mission ? Quelle mission ?
- Je vous ai demandé si vous connaissiez Aldwin Faraday, car je voulais être bien sûr que vous étiez au fait de la nature de l’homme que vous allez protéger tout au long de son procès.
Connor écarquilla les yeux de surprise avant de balbutier :
- Moi…mais…je veux dire…vous voulez que je protège Faraday ? De quoi exactement ?
- De personnes violentes qui ont promis de le descendre !
- On ne peut pas vraiment leur en vouloir !
- En effet, mais nous ne pouvons nous permettre un tel incident. Faraday doit être jugé, il doit répondre de tous ses crimes et je tiens absolument à ce que son procès aille jusqu’à son dénouement. Voilà pourquoi j’ai besoin d’un homme pour veiller en permanence sur lui.
- Je comprends…
- Je ne vous cache pas que cette mission pourrait être dangereuse lieutenant. Mais si vous réussissez, alors je peux vous prédire une brillante carrière au sein de l’armée. Je vous recommanderai même personnellement pour de plus hautes fonctions.
Skell sembla mal à l’aise. Il expira bruyamment avant de s’exclamer :
- Je ne sais pas si je suis le plus à même de mener cette mission à bien, je…
- Je me suis peut-être mal fait comprendre lieutenant, je suis désolé mais je ne vous laisse pas le choix. Vous assurerez la protection de Faraday, c’est un ordre !
Connor se leva alors lentement et s’apprêta à sortir du bureau. Mais il se retourna et dit :
- Je ferai ce que vous voulez. Ce procès ira à son terme et le général Impérial sera châtié pour ce qu’il a fait.
- Parfait. Lieutenant, puis je tout de même vous demander ce qui vous trouble à ce point ?
Skell se força alors à avaler la boule qui s’était formée au fond de sa gorge lorsqu’il avait appris la mission qu’on lui confiait, avant de répondre :
- Vous avez dit tout à l’heure que mes parents étaient tous les deux morts quand j’avais 5 ans…
- En effet…
- Et bien sachez qu’Aldwin Faraday en est l’unique responsable. Il les a tués tous les deux.
- Oui, j’ai préféré ne pas garder les portraits des anciens dignitaires du régime Impérial. Si vous voulez mon avis, celui de Palpatine était d’ailleurs le plus horrible de tous. Ce gars avait un vrai problème de peau !
Tenling tourna rapidement la tête vers la droite et découvrit le général Airen Cracken qui était confortablement installé dans un fauteuil moelleux situé près d’une petite table basse. Il fit signe à son visiteur de venir s’asseoir en face de lui avant de continuer :
- Croyez bien que je souhaiterai me passer de tout ce faste et ce luxe ! Mais que voulez vous, ce n’est pas moi qui ai choisi de nous installer dans le Palais Impérial. Vous voulez boire quelque chose ? J’ai du brandy Corellien de grande qualité !
- Non merci général.
Une fois assis, Tenling posa ses bras sur les hauts accoudoirs du fauteuil avant de jeter un coup d’œil par la grande fenêtre qui offrait une vue prodigieuse sur les alentours du Palais Impérial. Légèrement mal à l’aise en ces lieux singuliers, le commandant de l’Antiterrorisme préféra se lancer dans un domaine qu’il maitrisait :
- Je suis venu vous faire mon rapport concernant notre action d’hier.
- Ah oui…J’ai déjà eu des échos. Il semblerait que la mission soit un succès.
- Relatif, mon général. Nous avons perdu trois hommes et manqué une belle occasion de faire des prisonniers. Ils auraient pu nous être précieux pour démanteler le reste de l’organisation.
- Je vous fais confiance pour y parvenir commandant !
Tenling se gratta la tête, signe de sa nervosité, avant de poursuivre :
- Euh…oui, enfin, j’espère y parvenir avant qu’il ne soit trop tard !
Cracken reposa son verre qui contenait un liquide à la couleur ambrée avant de demander d’une voix où pointait l’inquiétude :
- Que voulez vous dire ?
- Avez-vous entendu parler de la Dernière Volonté de l’Empereur ?
- Ah…
Cracken regarda à son tour au dehors, ne disant rien pendant quelques secondes avant de finalement déclarer :
- J’en ai effectivement entendu parler, ainsi que de ce fameux tract intimant aux partisans de l’Empire d’évacuer Coruscant. Je vous avoue être sceptique face à tout ceci.
- Moi aussi général. Seulement mon métier m’impose d’être particulièrement précautionneux, je ne peux donc pas prendre cette menace à la légère. J’ajoute que la découverte des plans complets d’une de nos centrales qui propage le bouclier planétaire n’est pas là pour me rassurer. Les Impériaux préparent quelque chose de grande envergure, j’en ai la certitude.
Cracken fronça cette fois ci les sourcils avant de se pencher en avant dans son fauteuil :
- Bien, et que préconisez-vous commandant ?
Tenling haussa les épaules, plus par dépit qu’autre chose :
- Nous pourrions déjà augmenter les forces de sécurité chargées de protéger les centrales. Peut-être que cela suffirait à décourager les Impériaux, même si j’en doute.
Cracken expira bruyamment avant de rétorquer :
- Vous savez pertinemment que nous avons déjà du mal à déployer des forces militaires partout où cela serait nécessaire. Alors comment voulez vous que j’affecte des hommes supplémentaires aux centrales ?
- Alertez le Conseil Provisoire sur la menace qui pèse sur Coruscant !
- Je veux bien le faire, mais il me faudrait quelque chose de plus concret qu’un plan et des tracts étranges ! Après tout, cette Dernière Volonté de l’Empereur pourrait être n’importe quoi.
- On peut toujours essayer de fouiller dans les archives impériales, bien que je suspecte encore un plan tordu et officieux de l’Empereur en personne.
- Possible. Je demanderai tout de même à nos archivistes de jeter un coup d’œil.
Tenling hésita pendant quelques secondes avant de dire ce qu’il avait en tête depuis le début de l’entretien :
- Il y a un seul homme qui pourrait nous en dire plus sur ce mystérieux projet.
Cette fois ci, ce fut une ombre qui tomba sur le visage de Cracken. Le général de la Nouvelle République se leva alors de son fauteuil et se dirigea vers la grande fenêtre du bureau, tournant ainsi le dos à son visiteur :
- Vous voulez certainement parler de Faraday ?
- Tout juste. Vous devez me donner plus de temps pour l’interroger, je sens que je peux le faire craquer. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne m’avoue tout ce qu’il sait sur cette Dernière Volonté de l’Empereur.
- Je suis désolé commandant, mais son procès commencera la semaine prochaine comme prévu. Je ne peux vous accorder plus de temps, comprenez que ce n’est pas moi qui prends ce genre de décision civile ! Fey’lya a été très clair quand il est venu me voir, Faraday doit être jugé au plus vite. C’est selon lui le meilleur moyen de rassembler les peuples de la Nouvelle République : les confronter à un ennemi commun. Il dit que ce procès doit avoir lieu « au nom de la justice ».
- Je vois. Et depuis quand est-ce Fey’lya qui prend les décisions ici ?
- Mon Mothma ne peut pas tout faire, et dans ce cas précis, je crois bien qu’elle est d’accord avec Fey’lya. Nous avons besoin de crédibilité ! Juger l’un des plus grands criminels de l’Empire nous en apportera indéniablement.
- Si je comprends bien, Faraday n’est en fait qu’un moyen d’expurger tout notre ressentiment envers l’Ordre Nouveau.
Les mains toujours croisées dans le bas du dos, Cracken se retourna enfin et fit d’une voix lasse :
- Appelez ça comme vous voulez, commandant. Mais le fait est que la Nouvelle République était prête à juger Faraday par contumace si celui n’avait pas été capturé. Toutes les preuves ont été réunies contre lui, les témoins ont déjà été convoqués pour une date précise, pire encore, la date même du procès a été confirmée sur l’holo-réseau. Non commandant, je suis désolé, vous n’aurez pas plus de temps pour percer le mystère de ce projet Impérial. Mais si vous êtes convaincu qu’il représente un danger considérable pour Coruscant, alors je vous autorise à ne vous concentrer que sur cette affaire. Trouvez de quoi il en retourne.
- Vous me demandez d’opérer avec les mains liées général ! S’exclama Tenling en se levant à son tour
- Je le sais. Et croyez bien que j’en suis désolé, mais il va malheureusement falloir vous y habituer. D’ailleurs, j’ai une autre mission à vous confier.
Tenling leva les yeux au ciel :
- Vous plaisantez, j’espère ?
- Rassurez-vous, vous allez pouvoir la déléguer si vous le souhaitez.
- Je vous écoute.
Airen se détacha enfin de la vue qu’il avait sur les environs grouillant d’activité du Palais Impérial et se dirigea vers son magnifique bureau qui était impeccablement rangé. Il se saisit d’un filmplast tout en déclarant :
- A vrai dire, cela concerne également Aldwin Faraday. Il faudrait que vous choisissiez quelqu’un qui sera chargé de sa surveillance. Une surveillance totale, sans répit ! Partout ou Faraday ira, son garde du corps ira aussi.
- Tiens donc ! Et puis-je savoir pourquoi vous renforcez les mesures de sécurité autour de lui ?
Sans rien répondre dans l’immédiat, le général tendit le filmplast à Tenling qui s’en saisit avant de le lire :
- « Pas de jugement pour le général criminel ! Seule sa mort immédiate pourra expier ses pêchés ! »
Voyant le scepticisme de Tenling, Cracken poursuivit :
- Cette invective nous a été envoyée par un groupe armé appelé les Lames de la Justice. Ses membres prétendent être capables d’abattre Faraday à n’importe quel moment, et ils assurent qu’ils le feront. Ils n’ont aucune confiance dans la justice et veulent par-dessus tout que l’Impérial paye pour ses crimes.
- Intéressant…murmura Tenling
- Vous comprendrez que dans le beau plan bien huilé de Fey’lya, il n’y a pas de place pour l’assassinat du prévenu. Le Conseil Provisoire veut donc qu’en plus des mesures de sécurité habituelles, un soldat lui colle jour et nuit aux basques. Je ne vous cache pas que ce sera une mission difficile et éprouvante. Comme je sais que vous travaillez avec les meilleurs éléments de la Nouvelle République, je suis certain que vous avez bien un nom à me proposer.
Tenling ne répondit pas tout de suite. Les yeux perdus dans le vague, il lança tout en reposant le filmplast sur le bureau :
- Un tribunal exceptionnel pour le juger, un réseau de terroriste impérial qui doit appliquer un de ses obscurs plans, un groupuscule qui veut l’assassiner…décidemment, on dirait bien qu’Aldwin Faraday est au cœur de toutes les attentions.
- On ne peut le nier. Alors, ce nom ?
Sortant de sa semi torpeur, Tenling réfléchit quelques secondes avant de dire :
- Je pense avoir quelqu’un qui répondrait parfaitement aux critères de cette mission spéciale. C’est un homme de terrain aux capacités tout à fait remarquables et qui m’a très fortement impressionné hier lors de notre intervention. Oui, je pense que le lieutenant Connor Skell est l’homme qu’il vous faut !
- Un simple lieutenant ? S’étonna Cracken
- Croyez moi général, si vous l’aviez vu à l’action, vous ne diriez pas ça.
- Très bien. Je vais me renseigner sur lui et le convoquerai si ce que j’entends à son propos est concluant.
Un nouveau silence s’imposa alors entre les deux hommes pendant lequel Tenling put admirer à quel point le Palais Impérial était un lieu particulièrement calme. Enfin, Airen Cracken fit d’une voix tendue :
- Vous savez commandant, à la vue des informations dont nous disposons à l’heure actuelle, j’ai bien peur que votre mission consiste au mieux à assurer le bon déroulement du jugement du plus grand criminel de l’Empire encore en vie, et au pire à protéger Coruscant du chaos…
Tenling déglutit alors bruyamment avant de répondre en se forçant à sourire :
- Général, je crois que finalement je vais prendre un verre de brandy Corellien.
***
Dans sa cellule misérable, Aldwin Faraday n’avait rien d’autre à faire que de compter le nombre de gouttelettes de sang séché qui s’étaient éparpillées sur les murs grisâtres. Bien qu’elles soient nombreuses, il finit par être sûr qu’il y en avait plus de cent trente, ce qui laissait supposer que plus d’un homme avait été passé à tabac en ces lieux. Lui-même avait déjà eu recours à la force pour faire parler des individus récalcitrants. Ils avaient d’ailleurs tous fini par craquer, et avouer ce que Faraday avait besoin d’entendre pour les condamner à une longue peine de prison, ou pire encore.
Faraday avait toujours bien aimé interroger des détenus quand il n’était encore qu’un simple commandant plein d’ambition. Il aimait ressentir le pouvoir qu’il avait sur les prisonniers, leur montrer qu’ils n’avaient aucune chance de s’en sortir, que leurs destins ne dépendaient que du bon vouloir de l’impérial. Oui, il fallait reconnaître que ce sentiment de supériorité et de contrôle avait quelque chose de jouissif. Faraday ne put s’empêcher de sourire en repensant à cette époque glorieuse.
Le bruit désagréable de la porte de sa cellule en train de s’ouvrir le ramena à la dure réalité du moment. Aujourd’hui, il ne maitrisait plus rien, n’avait plus aucun ascendant psychologique sur de quelconques détenus. Non, aujourd’hui, c’était lui le prisonnier. Faraday releva les yeux et vit un petit homme aux cheveux courts et au regard fuyant entrer dans la pièce, serrant une mallette près de son corps replet. L’homme balaya la cellule des yeux avant de dire d’une voix joyeuse :
- A ce que je vois, ils ne vous ont pas mis dans les quartiers des personnalités.
- Et vous êtes ? Demanda l’impérial en soulevant un sourcil.
- Je me présente, je suis Veldran Ballawick, votre avocat.
- Vous plaisantez ?
- Je vous demande pardon ? Répondit du tac au tac l’avocat.
- Votre nom là, « Ballawick », ça veut dire « condamné à mort » en Hutt ! Laissez-moi-vous dire que pour un avocat chargé de ma défense, on a déjà trouvé mieux.
L’avocat partit dans un rire franc qui dura plusieurs secondes avant qu’enfin il ne s’arrête. Il se dirigea alors vers la petite table métallique qui était au centre de la cellule et s’y assit, non sans manquer de se casser la figure à cause de la chaise branlante.
- Je vois que pour un Impérial, vous connaissez bien les autres cultures, même celles non-humaines. A vrai dire, j’étais même persuadé que l’Ordre Nouveau vouait un profond mépris aux Hutts et à leur tradition.
Faraday s’assit à son tour et appuya ses bras sur la table avant de regarder son interlocuteur droit dans les yeux :
- Alors je vais vous apprendre quelque chose qui va surement vous surprendre. Je ne suis ni raciste, ni xénophobe, en fait, je n’ai même jamais cautionné toutes ces idées puériles de supériorité des humains sur le reste des espèces de cette galaxie.
Ballawick écarquilla les yeux avant de demander :
- Mais alors, toutes ces accusations de génocide ethnique qui pèsent sur vous…
Faraday leva la main droite pour faire taire l’avocat. Puis il fit d’une voix lasse :
- Tout cela est bien plus compliqué.
- Je vois.
- Non, à mon avis, vous ne voyez rien du tout. Personne ne peut comprendre, et je doute sincèrement que tous ces juges pantins au service de cette mascarade que vous appelez un procès soient à même de ne serait ce qu’imaginer ce que suppose une telle dévotion à l’Empire.
Ballawick se renfonça dans sa chaise avant de dire tout en levant le doigt vers le ciel :
- Vous savez que nous tenons peut-être là un excellent moyen de défense.
Cette seule phrase suffit à Faraday pour reconsidérer l’attention qu’il devait accorder à l’imbécile qui se tenait en face de lui.
- Comment ça ?
- Et bien oui ! Quoi de meilleur comme défense que de mettre en avant l’impossibilité de refuser un ordre ? Nous pourrions faire comprendre à la Cour que vous étiez comme prisonnier de votre fonction, que vous n’aviez pas le choix, agir selon la volonté de l’Empereur où finir fusillé pour trahison. En clair, faire comprendre à la galaxie entière que vous n’êtes pas le monstre ignoble que l’on croit, mais juste un homme qui s’est trouvé aspiré par l’obscurité sans pouvoir en sortir. Vous n’appliquiez que les ordres, général, voilà ce qu’il conviendra de dire ! Nous devrons clamer haut et fort que si un procès devait avoir lieu, c’est celui de l’Empereur en personne ! Vous n’avez pas à payer pour toutes les atrocités commises par l’Ordre Nouveau et…
- Oui oui, et bien, gardez-en pour le réquisitoire!
Ballawick afficha un grand sourire avant de répondre :
- Vous avez raison. Mieux vaut garder des cartouches en réserve. Et maintenant général, que diriez vous de préparer activement la première journée d’audience ?
Faraday leva les yeux au ciel. Finalement, compter les gouttelettes de sang n’était peut-être pas si ennuyeux…
***
Joshua Tenling pénétra dans le vaste appartement d’Aldwin Faraday d’un pas rapide, passant avec agilité sous le scellé holoprojeté qui protégeait la porte. Le commandant de l’Antiterrorisme ne fut qu’à peine surpris de voir toute une équipe d’experts scientifiques et autres chercheurs compétents s’activer dans le salon. A vrai dire, celui-ci n’avait plus de salon que le nom. Tous les meubles étaient en train d’être scannés puis démontés afin de découvrir d’éventuelles cachettes secrètes, les tableaux étaient tous enlevés des murs et analysés sous tous les angles, les canapés hors de prix étaient éventrés et le contenu répandu sur le sol afin de les fouiller consciencieusement. Quant aux tapis, cela faisait bien longtemps qu’ils avaient été enlevés et jetés sans ménagement dans un coin de l’appartement.
Tenling regarda pendant quelques secondes tout ce petit monde s’activer, tous à la recherche de la moindre preuve qui pourrait indiquer ce que le projet Dernière Volonté de l’Empereur renfermait. Mais jusqu’à présent, l’examen minutieux de l’appartement n’avait pas porté ces fruits, ce qui en fin de compte n’étonnait guère Tenling. Celui-ci était persuadé que Faraday avait fait disparaître toute preuve compromettante ou tout dossier sensible, afin de ne pas donner à ses adversaires les bâtons pour le battre plus durement encore. Tenling était certain de son fait, car à l’évidence Faraday les attendait quand il avait été arrêté, ce qui supposait que l’impérial avait eu tout le temps nécessaire pour prendre ses dispositions. Mais par acquis de conscience, Tenling avait donné l’ordre de passer l’appartement au peigne fin.
En fait, ce qui poussait le commandant à être là, c’était la volonté absolue de pénétrer dans la petite pièce lourdement protégée et qui restait jusque là inviolable. Si Faraday cachait un quelconque secret, c’était forcément là. Tenling traversa rapidement le salon avant de s’immobiliser près de la porte d’entrée de la pièce en question, sur laquelle s’activait un jeune homme équipé d’un matériel électronique de pointe.
- Quelle est la situation ? Demanda Tenling.
Le scientifique releva les yeux de son travail avant de déclarer d’une voix lasse :
- Je dois avouer que nous n’avons pas progressé. Nous n’arrivons pas à by-passer le code d’accès pour ouvrir la porte. A chaque fois que nous tentons de le cracker, le code change automatiquement, et nous n’avons plus qu’à tout recommencer. Je ne sais pas qui a installé ce système de sécurité, mais c’est du sacré bon boulot.
Joshua regarda avec un mélange de colère et de désespoir le clavier numérique servant à entrer le code d’accès et qui était à présent relié à toute une batterie d’instruments, avant de lancer :
- Peut-être pourrions-nous simplement découper une ouverture dans la porte ?
Le scientifique hocha la tête en signe de déni :
- Impossible, elle est en ferrobéton renforcé par du cortosis! Même un sabre laser n’arriverait pas à l’entamer.
-Bon sang ! Ragea Tenling.
Le commandant se passa les mains sur le visage avant de poursuivre :
- Bon, qu’est ce qu’il vous faudrait pour réussir à entrer dans cette foutue pièce ?
- A part des explosifs, dans l’état actuel des choses, je ne vois pas…
- Très bien, alors faites-là exploser !
- Impossible, répéta le scientifique.
-Comment ça « impossible » ? S’énerva Tenling
- Nous avons scanné la pièce et il semblerait qu’elle soit de petite taille. Si nous utilisons des explosifs pour faire exploser la porte, nous risquons de perdre tout ce qu’il y a à l’intérieur.
- Alors qu’est ce qu’on peut faire ?
Le scientifique haussa les épaules avant d’assurer :
- Continuer à essayer de by-passer le code d’accès.
- Et bah ça promet…En fin de compte, vous n’avez rien de concret quoi ! S’exclama Tenling en mettant ses mains sur ses hanches.
- Si si, j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser.
- Je vous écoute.
- Nous sommes montés sur le toit de l’immeuble, qui est juste au dessus de notre tête comme vous le savez puisque nous sommes au dernier étage…
- Oui oui, bon abrégez !
- Et bien en fait, juste au dessus de cette mystérieuse pièce, nous avons trouvé une très puissante antenne hyperspatiale ! Du matériel impérial de pointe, très certainement.
- Une antenne subspatiale ? Pour quoi faire ?
- Ca je l’ignore commandant. Mais avec un tel moyen de communication, Faraday a très bien pu contacter quelqu’un n’importe où dans la galaxie.
Tenling réfléchit quelques secondes à cette révélation et l’ajouta mentalement à tout ce qu’il savait déjà sur la Dernière Volonté de l’Empereur.
- Bon très bien, continuez à travailler. Prévenez-moi si vous parvenez à entrer.
- Entendu monsieur.
Alors que Tenling s’éloignait, il entendit le scientifique l’appeler :
- Commandant ?
Joshua se retourna :
- Ouais ?
- Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette pièce, mais j’ai bien l’impression qu’avant d’être capturé, votre Impérial nous a réservé une surprise bien désagréable.
***
Connor Skell pénétra dans le somptueux bureau d’Airen Cracken et tout comme Tenling deux jours auparavant, se montra tout particulièrement impressionné par la richesse des lieux. Alors qu’il regardait les corniches sculptées qui ornaient le haut des murs, il entendit la voix du général de la Nouvelle République :
- Approchez-vous lieutenant ! Je vous en prie, prenez un siège.
Cette fois ci, Cracken était assis derrière son bureau. Les coudes posés sur le bois verni, ses mains étaient disposées en pyramide devant ses lèvres. Skell s’assit avec délicatesse avant de faire d’une voix légèrement gênée :
- C’est un bureau plutôt impressionnant…
- Détendez vous lieutenant, si vous êtes ici, c’est parce que vous m’avez été chaudement recommandé.
La tension qui pesait sur les épaules de Skell sembla s’évanouir tout d’un coup, et le jeune homme consentit même à afficher un petit sourire :
- Ah vous voulez dire que vous ne m’avez pas convoqué pour la rixe qui a éclaté à la caserne hier et…
Voyant la mine surprise de Cracken, Connor comprit qu’il valait mieux pour lui de se taire et de garder le secret sur les évènements de la veille. Après tout, si la hiérarchie n’était pas au courant, autant la laisser dans cette situation. Skell enchaîna alors :
- Recommandé dîtes-vous ?
- Tout à fait. Le commandant Tenling, avec lequel vous avez coopéré pour démanteler un groupuscule impérial, ne tarit pas d’éloges à votre sujet.
- Je n’ai fait que mon devoir général, assura Connor.
- Vous lui avez tout de même sauvé la vie à ce que j’ai cru comprendre.
Cette fois ci Skell ne répondit rien et préféra attendre de voir ce que Cracken lui voulait réellement. Il n’avait jamais été convoqué seul dans le bureau d’un général et il avait toujours peur d’entendre une mauvaise nouvelle. Mais cette dernière ne vînt pas, du moins, pas comme il l’attendait.
- Lieutenant, avez-vous entendu parler d’Aldwin Faraday ?
Le visage de Connor s’assombrit aussitôt et le soldat préféra alors regarder ses mains moites.
- Bien sûr, qui n’en a pas entendu parler ? Son arrestation a fait grand bruit dans la presse, et je dois vous avouer que j’ai hâte que cette ordure rende des comptes à la justice.
Cracken reposa ses mains sur le bureau et fit tout en se penchant légèrement en avant :
- Et si je vous disais que vous allez être aux premières loges pour assister à ce procès?
Skell releva les yeux vers son interlocuteur, une lueur d’incompréhension au fond des pupilles :
- Je ne comprends pas.
Airen se saisit alors d’un dossier qui était posé devant lui et l’ouvrit avant de le feuilleter :
- Je vois ici lieutenant que vous avez perdu vos parents alors que vous n’aviez que cinq ans.
- C’est exact…
- Et que dès que vous avez eu assez d’argent, vous avez quitté Coruscant où vous aviez toujours vécu jusque là pour vous engager dans l’Alliance Rebelle. Une fois que vous avez fait vos preuves comme soldat, vous n’avez pas tardé à être promu lieutenant. Vos supérieurs vous ont ensuite recommandé pour les FIS lorsque Coruscant a été reconquise.
Cracken releva les yeux du dossier et lança :
- Visiblement, votre parcours est exemplaire et corrobore les propos du commandant Tenling à votre égard. Vous êtes décrit comme un soldat très doué, aux réflexes impressionnants. Quant à votre maitrise des armes, elle est qualifiée de prodigieuse. Bref, vous semblez être l’homme idéal pour la mission que je veux vous confier.
Le général referma le dossier et le repoussa avant de fixer Skell tout en affichant un grand sourire. Connor se redressa quelque peu dans son fauteuil avant de dire :
- Une mission ? Quelle mission ?
- Je vous ai demandé si vous connaissiez Aldwin Faraday, car je voulais être bien sûr que vous étiez au fait de la nature de l’homme que vous allez protéger tout au long de son procès.
Connor écarquilla les yeux de surprise avant de balbutier :
- Moi…mais…je veux dire…vous voulez que je protège Faraday ? De quoi exactement ?
- De personnes violentes qui ont promis de le descendre !
- On ne peut pas vraiment leur en vouloir !
- En effet, mais nous ne pouvons nous permettre un tel incident. Faraday doit être jugé, il doit répondre de tous ses crimes et je tiens absolument à ce que son procès aille jusqu’à son dénouement. Voilà pourquoi j’ai besoin d’un homme pour veiller en permanence sur lui.
- Je comprends…
- Je ne vous cache pas que cette mission pourrait être dangereuse lieutenant. Mais si vous réussissez, alors je peux vous prédire une brillante carrière au sein de l’armée. Je vous recommanderai même personnellement pour de plus hautes fonctions.
Skell sembla mal à l’aise. Il expira bruyamment avant de s’exclamer :
- Je ne sais pas si je suis le plus à même de mener cette mission à bien, je…
- Je me suis peut-être mal fait comprendre lieutenant, je suis désolé mais je ne vous laisse pas le choix. Vous assurerez la protection de Faraday, c’est un ordre !
Connor se leva alors lentement et s’apprêta à sortir du bureau. Mais il se retourna et dit :
- Je ferai ce que vous voulez. Ce procès ira à son terme et le général Impérial sera châtié pour ce qu’il a fait.
- Parfait. Lieutenant, puis je tout de même vous demander ce qui vous trouble à ce point ?
Skell se força alors à avaler la boule qui s’était formée au fond de sa gorge lorsqu’il avait appris la mission qu’on lui confiait, avant de répondre :
- Vous avez dit tout à l’heure que mes parents étaient tous les deux morts quand j’avais 5 ans…
- En effet…
- Et bien sachez qu’Aldwin Faraday en est l’unique responsable. Il les a tués tous les deux.
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