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La Chute du Héros
 
«La première journée d’audience a été consacrée à l’examen de l’enfance perturbée et semée d’évènements dramatiques de l’accusé, qui a semblé particulièrement mal à l’aise quand il a été prié d’évoquer ces douloureux souvenirs. La deuxième journée a été plus conflictuelle avec l’examen par des experts psychologiques de la personnalité d’Aldwin Faraday. Les scientifiques s’accordent pour le décrire comme un homme brillant, intelligent, mais souffrant d’un manque obsessionnel de reconnaissance. Les avis ont été plus nuancés quant à son attirance pour la violence et sa tendance à succomber trop facilement à la colère. Lorsqu’il a pu s’exprimer à ce propos, Faraday a balayé d’un revers de main ce portrait psychologique qu’il a qualifié « d’ubuesque et d’inventé de toute part par des pseudos scientifiques. » Aujourd’hui, les choses sérieuses reprennent car il sera question des évènements de la Guerre des Clones qui ont révélé Faraday comme un grand militaire et un vaillant meneur d’hommes. Mais nul doute que l’avocat de l’Accusation rappellera que cette Guerre des Clones a également été le point de départ de la carrière sanglante de Faraday au sein de l’Empire Galactique. C’était Alinya Kalway en direct du Tribunal Exceptionnel du Jugement des Crimes Impériaux, pour la Nouvelle Tribune Galactique. »

***

Aldwin Faraday était allongé sur le petit lit grinçant et inconfortable de sa cellule. Les mains derrière la tête, les genoux repliés, il observait avec un regard étonnamment absent le plafond qui était pourtant dans un état lamentable et sans intérêt. Sa respiration, très faible, n’était visible que par le soulèvement intermittent de sa poitrine. Quant aux traits de son visage, ils étaient indéniablement tirés, preuve du stress que faisait naître chez lui ce procès éprouvant.
Adossé à un des murs gris de la pièce, le lieutenant Connor Skell le dévisageait avec un mélange de colère et d’incompréhension. Plus le procès avançait, moins il avait l’impression de cerner la personnalité de l’impérial. Tout cela était même étrange. D’une certaine façon, Skell avait toujours cru que Faraday avait été un monstre dès son enfance, qu’il avait tout de suite embrassé les idéaux nuisibles de l’Empire. Connor se rendait à présent compte à quel point cette pensée avait été futile. Réconfortante certes, mais ô combien futile. A présent, les choses étaient bien plus compliquées qu’elles n’y paraissaient de prime abord. Et Skell n’aimait pas la complexité. Il aurait donné cher pour comprendre quelle était réellement la personnalité de l’homme allongé devant lui. Mais après tout, peut-être était ce à lui de la découvrir…

Le lieutenant se décolla alors du mur et s’avança vers le prévenu avant de déclarer brutalement :
- Je ne comprends pas.
Au bout de plusieurs secondes qui parurent interminables, Faraday daigna enfin tourner la tête vers lui et répondre :
- Venant de vous, ça ne me surprend guère.
- Gardez vos insultes puériles pour vous, je suis très sérieux.
Aldwin se redressa alors avant de se lever de sa couche :
- Bon, qu’est ce que vous ne comprenez pas lieutenant ? En quoi puis je éclairer votre lanterne si désespérément plongée dans le noir ?
- Lors de votre première journée d’audience, vous avez déclaré à la cour que vous aviez assisté impuissant à la mort de vos parents.
- En effet.
- Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous avez reproduit exactement le même schéma des années plus tard ! Comment avez-vous pu être assez sadique pour enlever des parents à un enfant en sachant pertinemment ce que l’on ressentait dans cette situation ?
Sans le vouloir, Connor avait haussé le ton tout au long de sa phrase. Aldwin l’ayant perçu, il afficha un petit rictus méprisant avant de demander :
- C’est donc ça. Tous les deux nous avons un passé commun, n’est ce pas ? Votre nom m’est familier et je ne crois pas me tromper en disant que j’ai déjà du croiser vos parents.
Sentant brusquement la colère l’envahir, Connor se précipita vers Faraday, l’agrippa par le col de son uniforme et le plaqua avec violence contre le mur. Collant pratiquement son visage à celui de son interlocuteur, le jeune lieutenant marmonna :
- Ils s’appelaient Azel et Tendra Skell et vous les avez lâchement assassinés parce que vous pensiez qu’ils appartenaient à un réseau de résistants.
Pendant quelques secondes, les deux hommes se regardèrent droit dans les yeux, puis Faraday baissa lentement le regard vers les mains de Connor qui l’empoignaient toujours avec force avant de demander calmement :
- Qu’est ce que vous faîtes lieutenant ?
Connor sentit la colère refluer en lui et en profita pour relâcher l’impérial et faire quelques pas en arrière. Puis il expira bruyamment avant de déclarer d’une voix qu’il espérait posée :
- C’était il y a vingt ans. Vous et vos maudits stormtroopers avez débarqué dans le petit appartement dans lequel nous vivions, mes parents et moi. Heureusement mon père vous a entendu arriver et m’a dissimulé dans un placard. Quand vous êtes entré dans l’appartement en défonçant la porte, j’ai pu voir ce qu’il se déroulait dans le salon en glissant un œil par la serrure. J’étais terrorisé, j’avais en vie de hurler quand vous avez frappé mon père et ma mère, les forçant à s’agenouiller sur le sol. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, je ne savais pas pourquoi vous faisiez du mal à mes parents. Je n’avais que cinq ans, j’étais incapable de savoir qu’une telle violence était possible. La seule chose que j’arrivais à percevoir, c’était que si mon père m’avait ordonné que quoi qu’il arrive, je devais rester dans ce placard, alors je me devais d’obéir. Oui, mon père aurait été mécontent si je m’étais précipité dans ses bras alors que vous le rouiez de coups en l’accusant de complot contre l’Empire !
Voyant que Faraday ne disait rien, mais que son air arrogant avait laissé place à une réelle surprise, Connor poursuivit, la voix plus chevrotante :
- Je m’en rappelle comme si c’était hier. Ils étaient à genoux sur le tapis du salon, ma mère pleurant toutes les larmes de son corps, tandis que des stormtroopers braquaient leurs blasters sur elle avec un détachement qui faisait froid dans le dos. Vous, pendant ce temps là, vous tourniez autour de mon père comme un fauve en cage, l’harcelant de questions et le frappant dès qu’il refusait de vous répondre. Et puis…et puis, je suppose que vous en avez eu marre de ne pas obtenir de réponse. Alors, vous avez demandé à un de vos soldats de coller son blaster sur la tempe de ma mère, et vous avez menacé mon père de la tuer s’il persistait dans son mutisme !
Connor fit une pause pour reprendre sa respiration avant de terminer :
- Mon père a alors voulu vous dissuader de menacer ma mère, et comme seule réponse, vous avez donné l’ordre à votre soldat de tirer ! J’ai vu de mes yeux le corps de ma mère s’affaler sur le tapis du salon, un trou béant au milieu du front ! Cette image, je ne pourrai jamais l’oublier, jamais l’effacer de ma mémoire ! Ensuite, mon père a crié son désespoir et a voulu se précipiter vers la dépouille de sa femme, mais vous l’en avez empêché pour je ne sais quelle raison sordide et inhumaine. Vous avez alors donné l’ordre aux stormtroopers d’embarquer mon père, ou plutôt de le traîner, vers un de vos centres d’interrogatoire dont on ne ressort jamais vivant. Vous êtes sorti en dernier, et le chef de l’escouade vous a attendu pour vous demander ce que vous décideriez de faire si mon père persistait à ne pas vouloir répondre ! Vous avez alors assuré que dans tous les cas, « il serait exécuté comme sa chienne de femme ». Puis vous avez disparu…mais votre visage et vos yeux perfides sont restés à jamais dans mon esprit ! Les yeux de celui qui a tué mes parents !
Sentant une larme couler sur sa joue droite, Skell l’essuya vivement et se détourna de Faraday qui était toujours immobile, visiblement perturbé. Enfin l’impérial dit d’une voix calme :
- Je me souviens de ce jour. Je m’en souviens même très bien. Mais selon nos informations, vos parents n’avaient pas d’enfant, ce qui explique que nous ne vous avons pas recherché activement.
- Et si vous m’aviez trouvé, qu’est ce que vous auriez fait ? Vous m’auriez tué moi aussi ? Ragea Skell d’une voix rauque.
Aldwin ne répondit pas et préféra regarder ses pieds, comme s’ils étaient tout à coup devenus intéressants.

C’est alors que deux soldats de la Nouvelle République entrèrent dans la cellule d’une démarche vive. L’un d’eux lança presque aussitôt :
- Nous devons partir. La séance va bientôt débuter.
Attrapant sa veste au passage, Faraday se dirigea alors vers la sortie, sans regarder Skell qui serrait toujours les poings de colère. Mais tout à coup l’impérial s’immobilisa et se tourna lentement vers le lieutenant, avant de déclarer :
- Vous savez, votre père n’a jamais parlé et n’a jamais reconnu son implication dans un réseau de résistance, et ce malgré les interrogatoires musclés qu’il a subis.
- Qu’est ce que vous essayez de me dire ? Qu’il est mort en emportant ses secrets ?
Faraday afficha un petit sourire forcé avant de répondre :
- Non…je suppose que ses secrets sont toujours bien enfouis au fond de son esprit. Lieutenant, ce que je veux vous dire, c’est que votre père n’est pas mort.

***

Joshua Tenling avançait dans le dédale de couloirs du Palais Impérial d’un pas rapide, pressé de s’installer dans la grande salle des Archives. Tenling était toujours très inquiet à propos de ce que pouvait bien dissimuler le projet Dernière Volonté de l’Empereur. Et comme il n’avait pas franchement eu l’opportunité de parler à Faraday ces derniers temps, il était bien obligé de mener ses propres investigations. Ayant de surcroît conscience que l’existence de ce projet ne devait en aucun cas être révélée à un trop grand nombre de personnes, il avait préféré finalement se charger lui-même de farfouiller dans les archives du Palais Impérial.
Tournant à droite dans un nouveau couloir en apparence identique au précédent, il salua deux officiers qui venaient en sens inverse avant de s’immobiliser devant une double porte en verre, qui coulissa sans un bruit à son approche. La salle dans laquelle le commandant pénétra était parfaitement climatisée et plongée dans une semi obscurité. Des dizaines et des dizaines d’ordinateurs à écran plat étaient installés sur des petits bureaux en métal, eux-mêmes disposés à intervalles réguliers. Tous ces ordinateurs produisaient un faible bourdonnement qui venait troubler le silence de la grande pièce. Celle-ci était déserte, ce qui convenait parfaitement à Tenling qui souhaitait par-dessus tout rester discret à propos de la Dernière Volonté de l’Empereur et de ce qu’il pouvait découvrir à ce propos.
Le commandant de l’Antiterrorisme s’avança dans la salle, ses pieds s’enfonçant légèrement dans la moquette grise. Puis il s’installa à un ordinateur assez éloigné de l’entrée, ce qui lui donnerait le temps d’interrompre ses recherches si quelqu’un venait à l’importuner. S’asseyant confortablement dans un petit fauteuil en cuir, il lança l’ordinateur et pénétra rapidement dans les Archives Impériales.
Bien que de très nombreuses données, écrites sur des filmplasts, aient été entreposées dans une immense bibliothèque, l’Empire avait également poursuivi la politique de la République qui consistait à numériser le maximum de données possibles. L’idée était bien entendu de les rendre plus facilement consultables à partir d’un simple ordinateur. A leur départ de Coruscant, les Impériaux avaient tenté d’emporter une partie des filmplasts les plus compromettants les concernant, bien que dans la précipitation ils n’aient pu effectuer un choix précis. C’est ainsi que la Nouvelle République avait pu mettre la main sur des données très importantes concernant les exactions passées de l’Empire, certains de ses plans d’actions, ainsi que la localisation de plusieurs usines de productions de vaisseaux de combat. Ces renseignements avaient été capitaux dans l’effort de guerre qu’il restait à mener contre ce que l’on appelait à présent les Vestiges de l’Empire.
Les données informatisées quant à elles n’avaient pas eu le temps d’être effacées et offraient donc la meilleure chance pour Tenling de trouver quelque chose d’intéressant concernant la Dernière Volonté de l’Empereur. Toutefois, Joshua n’était pas très optimiste car comme il l’avait lui-même dit à Cracken, les probabilités de trouver des renseignements concrets étaient faibles. Si c’était bel et bien l’Empereur qui était à l’origine de ce projet, on pouvait parier qu’il avait fait en sorte de ne laisser aucune information filtrer, quitte à se débarrasser de ceux qui en savaient trop. Mais comme Tenling ne souhaitait négliger aucune piste, il avait pris la décision de s’accorder quelques minutes pour fouiller dans la plus grande banque de données de la galaxie.

Le commandant commença à utiliser l’écran tactile et débuta par une recherche dans les fichiers écrits. Réfléchissant quelques secondes, il entra les mots clés « projet Dernière Volonté de l’Empereur » dans le moteur de recherche. Comme il s’y attendait, un nouvel écran apparut avec les mots « Aucune Donnée » écrits en gros et clignotant en rouge. Revenant à l’écran précédent, il tapa cette fois ci « Dernière Volonté de l’Empereur ». Toujours rien. Pour son troisième essai, il entra « Volonté de l’Empereur » et à peine avait-il validé qu’une quantité prodigieuse de données défila sur son écran. Ecarquillant les yeux de stupeur, Tenling du toutefois bien vite se rendre à l’évidence. En élargissant à ce point sa recherche, il avait permis l’accès à tous les articles de journaux qui contenaient les mots « volonté de l’Empereur ». Comme Palpatine devait très certainement abreuver l’opinion de discours où il affirmait avec force les engagements qu’il promettait de tenir, il n’était pas étonnant d’obtenir autant de résultats. Mais tout ceci n’intéressait nullement Tenling qui revînt à l’écran précédent en maugréant.
Il s’enfonça d’avantage dans son siège, affichant par la même occasion une mine contrite. Puis, au bout de quelques secondes de réflexion, il eut enfin une idée. Se redressant précipitamment, il demanda à ce que les recherches s’effectuent uniquement dans les documents audio. Tenling ne s’attendait pas bien entendu à entendre Palpatine parler en toute liberté de son projet, mais il comptait sur la paranoïa de l’Empire et de son administration pour l’aider. En effet, le Palais Impérial était truffé de caméras qui enregistraient tout ce qu’il s’y passait. L’Empereur craignant les complots, il avait très certainement fait en sorte d’avoir toujours le moyen de contrôler ceux qui travaillaient pourtant pour lui. Peut-être quelqu’un avait-il un jour évoqué cette « Dernière Volonté de l’Empereur ». Joshua entra donc de nouveau ces mots clés et attendit, le cœur battant tout à coup un peu plus vite.
Le commandant faillit bondir de joie quand un seul et unique résultat s’afficha. En y regardant de plus près, ce résultat correspondait à un enregistrement vidéo effectué par une caméra dans l’aile Ouest du Palais Impérial, cinq ans avant la bataille de Yavin. Ne pouvant s’empêcher d’afficher un grand sourire, Tenling lança la vidéo après s’être assuré qu’il n’y avait toujours personne dans la salle des archives. L’écran afficha alors une image fixe, celle d’un couloir qui donnait visiblement sur un appartement privé. Tout à droite de l’écran, on pouvait en effet discerner une lourde porte blindée. Mais ce qui intéressa d’avantage Tenling, ce fut de voir le visage de l’homme qui se tenait devant cette porte. Car bien que la qualité de la vidéo ne soit pas excellente, Tenling avait tout de suite reconnu cet air hautain et ce regard qui faisait froid dans le dos : Aldwin Faraday. Le général Impérial tournait le dos à la porte blindée, preuve qu’il venait tout juste de sortir de l’appartement privé. Mais étrangement il ne bougeait pas, comme si quelque chose l’en empêchait. Et c’est alors qu’il apparut sur l’écran. Tenling eut instinctivement un mouvement de recul quand une ombre immense s’avança et se dirigea vers Faraday. Cette ombre portait une armure noire, un casque terrifiant de la même couleur et une longue cape qui voltigeait derrière lui : Dark Vador. Voulant à tout prix entendre ce que les deux hommes allaient se dire, Tenling augmenta le son, bien qu’il amplifia surtout les parasites. Ce fut Vador qui parla le premier de sa voix caverneuse :

- Général Faraday, je suis sur…*brkrch* de vous voir ici !
- L’Empereur souhaitait s’entretenir avec moi.
- A quel propos?
- Du pro…*bckrch* Dernière Volonté de l’Empereur.
Vador sembla alors comme agacé, car il leva un doigt accusateur vers Faraday :
- Je m’étonne que l’Empereur pense encore à ce projet étant donné la situation. Je suis intimement persuadé que nous devrions concentrer tout notre effort de guerre pour éradiquer la Rébellion.
La réponse de Faraday se perdit dans une tempête de grésillements, qui ne se calmèrent que lorsque Vador reprit la parole :
- Ce plan mobilise énormément de moyens, tant humains que technolo…*bckrch*.
- Je pense que l’Empereur en a parfaitement conscience. Il est juste prévoyant en lançant ce projet de…*bckrch*…envergure !
- J’ai pourtant déjà fait part de mes doutes à l’Empereur à ce propos. Nous ne devons pas penser à une éventuelle défaite ! Nous ne pouvons envisager qu’une victoire écrasante.
- Je suis d’accord avec vous Seigneur Vador. Mais l’Empereur m’a chargé de mener cette mission à bien, et c’est ce que je compte faire.
Il y eut un silence pendant lequel on entendit plus que la respiration affreusement difficile du seigneur Sith. Puis celui-ci continua :
- Vous vous rendez compte que vous êtres prêt à condamner Coruscant ?
- L’Empereur l’est. Pas moi. Je ne fais qu’obéir aux ordres.
- Je vois. Je souhaiterai malgré tout que vous me teniez au courant de l’avancée des opérations. Après tout, je suis curieux de voir à l’œuvre cette…*bckrch*…da fant…*bckrch*
- Entendu, répondit Faraday en inclinant légèrement la tête.
Puis l’image disparut et l’ordinateur revînt à l’écran principal.

Joshua Tenling resta immobile quelques secondes, s’accordant un peu de temps pour intégrer ce qu’il venait d’entendre. Ainsi ses doutes étaient confirmés, c’était bien l’Empereur en personne qui avait commandité et lancé ce projet, et ce bien avant qu’il ne trouve la mort autour d’Endor. Mais quel pouvait bien être la teneur de ce plan ? Vador avait été à deux doigts de lui apprendre une info capitale mais les mots s’étaient perdus dans les grésillements. C’était rageant ! En tout cas, la Dernière Volonté de l’Empereur semblait être le genre de projet capable d’anéantir une planète. Même Vador avait semblé légèrement inquiet en évoquant les conséquences que pourraient avoir ce plan sur Coruscant. Ce constat fit frissonner Tenling alors qu’il se relevait pour se diriger vers la sortie de la salle des Archives. Plus que jamais, il devenait urgent de trouver le moyen de déjouer ce stratagème, quel qu’il soit. A l’évidence, l’avenir de Coruscant et de la Nouvelle République en dépendait.

***

Le speeder blindé de la Nouvelle République se dirigeait à vive allure vers le Tribunal quand Connor Skell ne put s’empêcher d’interpeller une nouvelle fois Faraday. Jusqu’alors, les deux hommes assis sur la banquette arrière avaient bien pris soin de garder le silence, même si en réalité Skell méditait intensément sur les dernières paroles de l’impérial. Mais le lieutenant se rendit bien vite à l’évidence qu’il avait besoin d’en savoir plus :
- Comment savez vous que mon père est encore en vie ?
Faraday se tortilla sur son siège, visiblement mal à l’aise, avant de répondre d’une voix gênée :
- Je…je n’aurai pas du vous dire ça !
- Pourquoi ? Parce que c’est un mensonge ? S’insurgea Connor.
- Non, non…enfin je ne crois pas !
- Comment ça « vous ne croyez pas » ? Dîtes moi la vérité !
- C’est vraiment ce que vous voulez ? Demanda alors Faraday en regardant enfin Skell dans les yeux.
- Si mon père, que je croyais mort depuis vingt ans, est finalement encore en vie, j’estime être en droit de le savoir !
L’impérial ne répondit rien dans un premier temps. Il expira bruyamment au bout de quelques secondes et se décida enfin à avouer :
- La vérité, c’est que je n’ai jamais donné l’ordre d’abattre votre père, comme vous l’aviez entendu dans votre appartement.
- Que s’est-il passé ?
- Disons que votre père a toujours refusé de parler ! Et moi, j’ai toujours cru que je parviendrai à le faire craquer. Je pensais que les difficiles conditions d’incarcération le pousseraient à bout, mais en fait, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Plus on le…maltraitait, plus votre père se terrait dans son silence. Pire encore, au fur et à mesure sa haine envers l’Empire et envers ma propre personne ne cessait de croître. Votre père a passé ces vingt dernières années en prison et il y était encore quand la Nouvelle République a repris Coruscant.
Le cerveau de Skell se mit alors à fonctionner à toute vitesse, permettant au jeune homme d’arriver en quelques fractions de seconde à une conclusion évidente.
- Donc mon père a probablement recouvré la liberté depuis que la Nouvelle République est arrivée !
- C’est probable…je suppose que les Rebelles se sont empressés de libérer ceux qui avaient été autrefois accusés de lutter contre l’Empire. Mais si vous voulez mon avis, certains de ces parasites auraient mieux fait de rester pourrir en prison.
- Fermez là ! S’emporta alors Skell.
Celui-ci aurait voulu poser bien d’autres questions à l’impérial afin de découvrir d’avantage de choses sur son père. Mais alors qu’il allait poursuivre la conversation, le pilote du speeder blindé se retourna légèrement pour lancer :
- On arrive ! Préparez vous !
Tant pis, il pourrait toujours en reparler plus tard…




***

Dans un entrepôt désaffecté d’un quartier déshérité des bas fonds de Coruscant, un groupe d’individus était réuni en cercle autour de celui qui devait être leur leader. La plupart de ces individus étaient lourdement armés et sur les caisses de matériel qui étaient entreposées dans le hangar, on pouvait discerner une quantité de munitions impressionnante. L’homme au milieu du cercle regarda un à un ses acolytes qui représentaient parfaitement toute la diversité ethnique de Coruscant, avant de déclarer :
- Je sais que ce que je vous demande représente un immense sacrifice. Si nous agissons comme prévu, nous ne pourrons plus revenir en arrière, nous serons des hors la loi, et la Nouvelle République nous traquera. Êtes-vous prêt à affronter cette situation ?
Une seconde à peine s’écoula avant qu’un Bothan à la fourrure d’un marron soutenu ne s’exclame :
- Cet homme nous a tous fait souffrir ! Chacun d’entre nous ici a été marqué dans sa chair par ce fils de bantha ! Il doit mourir ! Il n’a pas le droit à une quelconque justice…à part la nôtre !
Un Gand enchaîna aussitôt :
- Oui, nous avons crée les Lames de la Justice pour faire payer les Impériaux. Nous ne pouvons plus reculer maintenant, il nous faut agir et leur montrer que nous sommes déterminés. Le temps est enfin venu pour la peur de changer de camp !
Toutes les autres personnes présentes approuvèrent simultanément. Alors le chef des Lames de la Justice afficha un petit sourire avant de lancer d’une voix déterminée:
- Très bien, les dès sont jetés. Aldwin Faraday doit mourir. Aujourd’hui !

***

Le général Impérial réajusta machinalement son uniforme tandis qu’il s’installait à la barre tout en conservant un air digne et supérieur. Il jeta un regard plein de dégoût au Juge Principal, qui s’il le remarqua ne le montra nullement. Il se contenta en fait de déclarer :
- Bien, aujourd’hui nous poursuivons notre voyage dans l’Histoire, dans votre histoire général ! Et naturellement notre chemin nous amène à la Guerre des Clones. Tout le monde dans cette salle sait à quel point ce conflit destructeur a laissé la galaxie pantelante et vulnérable. Palpatine a d’ailleurs su parfaitement en profiter pour construire sur les ruines de la République un pouvoir despotique et criminel. Si vous n’avez pas vécu la Guerre des Clones, vous ne pouvez pas comprendre ce que ce conflit a impliqué. Si vous l’avez vécu…alors votre vie a probablement été totalement différente après. Je suppose que c’est également votre cas général ?
Faraday ne répondit rien. Alors le Juge enchaîna, tandis que les droïds caméras faisaient constamment l’aller retour entre lui et l’accusé :
- Maître Ballawick a demandé à ce que vous vous exprimiez concrètement sur cette période trouble. Je suppose que vous acceptez de nous en dire plus.
Faraday avala alors sa salive pour lutter contre l’assèchement de sa gorge mais n’y parvînt pas réellement. Il répondit malgré tout :
- Je consens effectivement à vous parler des évènements tragiques qui ont secoué Excelsior à cette époque. Je tenterai de vous montrer d’ailleurs que je ne suis pas le monstre usurpateur de pouvoir qu’on a bien voulu faire de moi. Aujourd’hui, je veux que la vérité sur mes débuts au sein de l’armée soit enfin rétablie !
- Nous vous écoutons.
Faraday prit une grande inspiration et commença son récit.


***

Excelsior, Système d’Arrachnalek, 27 ans plus tôt.

Aldwin Faraday avait trente cinq ans quand la Guerre des Clones éclata dans la galaxie. Etant située sur une route commerciale particulièrement prospère et vitale pour la République, Excelsior ne tarda pas à attirer l’attention de la Confédération des Systèmes Indépendants. L’objectif du Comte Dooku était simple : couper les approvisionnements de la République afin de lui porter un coup majeur dans son effort de guerre. Afin de mener ce plan à bien, les Séparatistes envoyèrent une puissante armée de droïds pour envahir Excelsior, monde paisible qui n’avait plus connu de tourments depuis la fin de la Guerre des Réformateurs.

Faraday regardait avec un mélange de surprise et de joie les magnifiques canonnières de la République descendre par dizaines vers le vaste champ qui servait de point de débarquement pour les forces armées. Aldwin était comme subjugué par la vue de ces vaisseaux de combats qui atterrissaient tandis que le soleil s’apprêtait à poindre à l’horizon. En quelques minutes, ce furent des milliers de clones qui prirent pied sur l’herbe verdoyante d’Excelsior, formant aussitôt les bataillons et s’apprêtant à aller au combat, le tout avec une efficacité remarquable.
Faraday était lui-même quelqu’un de très organisé et de très attaché aux rituels militaires, car il était lieutenant dans les Forces d’Elite d’Excelsior. Après la mort de ses parents et afin de respecter sa promesse, Aldwin avait intégré l’armée où il avait très rapidement fait ses preuves, forçant l’admiration de ses supérieurs. Non seulement Faraday était habile au combat mais faisait en plus preuve d’un réel don pour les stratégies militaires élaborées. C’est presque tout naturellement qu’il avait été nommé chef des Forces d’Elite d’Excelsior, fine fleur des bataillons de la planète et à qui l’on confiait toujours les missions les plus difficiles. Mais cette fois ci, la mission n’était pas difficile, elle était impossible. L’armée régulière d’Excelsior avait été balayée par la supériorité numérique écrasante des Séparatistes, et les Forces d’Elite n’avaient pas put y changer grand-chose. Sur la centaine d’hommes que contenait l’escouade, il n’en restait plus qu’une cinquantaine aujourd’hui. Mais ces soldats, tout comme Faraday, étaient déterminés à se battre jusqu’au bout au côté de la République afin de sauver leur planète.

Voilà pourquoi Faraday se rua littéralement vers les deux généraux Jedi qui débarquaient à peine de leur canonnière:
- Enfin, vous voilà ! Nous commencions à croire que vous ne viendriez jamais nous aider.
- Le déploiement a pris plus de temps que prévu, répondit un des deux Jedi d’une voix posée.
- Mais maintenant nous sommes bien là, et nous avons reçu comme consigne de chasser les Séparatistes d’Excelsior, ajouta l’autre.
- Bonne nouvelle…j’espère qu’il y aura encore quelque chose à sauver.
Le général qui semblait le plus âgé regarda pendant quelques secondes l’uniforme élimé et sale de Faraday ainsi que son visage couvert de cendres, avant de déclarer :
- Vous avez du souffrir…
Aldwin releva le menton de fierté avant de rétorquer :
- Nous avons résisté. Nous savions que nous devions tenir coûte que coûte jusqu’à l’arrivée des renforts.
- Quelle est la situation ?
- Mauvaise, je le crains. Les droïds ennemis contrôlent la capitale depuis que nous avons été chassés hier soir. L’armée régulière a été décimée, bien que des poches résistent encore dans certains quartiers. Général, les civils n’ont pas eu le temps de fuir ! Ils sont en plein milieu des combats et les Séparatistes ne montrent aucune pitié à leur égard.
- Quelle est la configuration du terrain ? Demanda l’autre Jedi.
- Idéale pour une contre attaque. Vous êtes ici au pied d’une des hautes collines qui surplombent la capitale. En fait, celle-ci se trouve dans une sorte de cuvette et est donc facilement attaquable.
- Je vois. Il nous faut une vue de la ville afin d’analyser la situation. Lieutenant, vous êtes prêts à nous guider ?
- Affirmatif. Nous avons juste à monter en haut de la colline !
Le Jedi se tourna alors vers deux Padawans que Faraday n’avait jusque là pas remarqués :
- Donnez l’ordre aux soldats de se mettre en mouvement. La bataille pourrait bien être imminente.
- Entendu.
Puis le général Jedi se retourna de nouveau vers Faraday et fit :
- Allons-y.

Ce qu’il restait des Forces d’Elite d’Exceslior menait l’immense armée de la République qui progressait en rangs serrés. Faraday était aux côtés des Jedi qui avançaient à un rythme soutenu. Pendant quelques secondes, Aldwin ne put s’empêcher de se retourner et d’admirer ces milliers de soldats qui avançaient comme un seul homme, sorte de marée humaine qui faisait disparaître l’herbe verte sous leurs pas.
- C’est encore loin ? Demanda l’un des généraux Jedi.
- Non, plus que quelques dizaines de mètres ! Vous voyez, nous apercevons le point culminant de la colline.
Le soleil ne s’était pas encore levé sur Excelsior mais connaissant bien sa planète, Faraday savait que c’était imminent, comme le témoignait le ciel orange parsemé de touches rose. C’est alors que des explosions se firent entendre, venant à l’évidence de l’autre côté de la colline. Les impacts se multiplièrent et Faraday put bientôt distinguer des volutes de fumée noires qui montaient vers les cieux.
- Non, pas ça ! Murmura le lieutenant en se mettant à courir, aussitôt imité par le reste des Forces d’Elite.
Faraday, le cœur battant à tout rompre, les mains serrant fermement son fusil blaster, accéléra encore l’allure jusqu’à ce qu’il arrive en haut de la colline qui surplombait la capitale. Et là il s’immobilisa, comme s’il avait été brutalement pétrifié. Le spectacle qui s’offrait à ses yeux hagards était apocalyptique.

En contrebas, la jadis prospère capitale d’Excelsior était en proie aux flammes. Des dizaines de maisons et d’immeubles étaient consumés par d’immenses incendies qui ravageaient tout sur leur passage. Des structures entières s’effondraient, provoquant d’impressionnants nuages de poussière grise qui se propageaient dans les rues de la capitale. Et au milieu de cette vision d’horreur, les droïds de la Confédération se livraient à un véritable carnage. Ils abattaient sans hésiter tous les hommes, femmes et enfants qui s’aventuraient dans les avenues, tentant de fuir la colère des incendies dévastateurs. Les civils n’avaient aucune chance, ils étaient systématiquement éliminés, la plupart touchés dans le dos et fauchés en pleine course. Faraday vit avec dégoût un petit enfant pleurant sa mère être littéralement coupé en deux par la puissance destructrice des lasers des superdroïds des Séparatistes. Les cris de souffrance et d’agonie étaient à peine étouffés par la violence des explosions qui se succédaient inlassablement, transformant la capitale en un champ de ruines et de cadavres. Les gigantesques flammes qui ravageaient la ville venaient se mélanger à la couleur du ciel, créant une lumière étrange, comme sortie tout droit de l’Enfer.
Sentant ses jambes se dérober sous lui, Faraday réprima une forte envie de vomir tandis que sous ses yeux, le massacre de ses compatriotes continuait, inlassablement. Il vit bien des soldats tenter de résister, mais ils furent sauvagement abattus par la puissance de feu des forces de la Confédération, qui se lancèrent par la suite à une fouille systématique des habitations encore debout. La ville tout entière semblait soumise au chaos, à la destruction et à la mort.

Au moment où les généraux Jedi arrivaient en haut de la colline et étaient eux-mêmes frappés par la violence de ce spectacle apocalyptique, Aldwin Faraday parvînt enfin à bouger et à parler. Rassemblant son courage, il se précipita vers ses soldats et cria d’une voix pleine de colère :
- Nos femmes, nos enfants et nos parents se font massacrer !
Faraday désigna la ville avant de hurler de nouveau :
- Les nôtres meurent !
Puis il se colla à un de ses hommes :
- Peux tu l’accepter soldat ? Peux-tu voir ton monde brûler sans rien faire ?
- Non !
- Et vous soldats, pouvez-vous regarder Excelsior sombrer dans les abîmes ? Répondez !
- Non ! Hurlèrent aussitôt l’ensemble des Forces d’Elite.
Faraday se retourna alors vers la capitale et cria :
- Alors, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Ce qu’il nous reste à faire ! Battons nous ! Battons nous jusqu’à l’épuisement ! Et s’il faut mourir, mourrons ! Mais faisons le en emmenant le maximum d’ennemis avec nous !
Animé d’une rage et d’une volonté indescriptibles, le lieutenant brandit alors son fusil blaster au dessus de sa tête et s’époumona :
- Pour Excelsior ! Pour nos frères !
- Pour nos frères ! Reprirent les Forces d’Elite.
Et soudain, sans hésiter la moindre seconde, Aldwin Faraday se mit à courir et commença à dévaler la colline, hurlant pour se donner du courage. C’est sous les yeux subjugués des Jedi que l’ensemble des soldats d’Excelsior le suivit, leurs pas écrasant l’herbe tendre de la colline.
- Mais qu’est ce qu’ils font ? Ils sont fous ! Ils vont se faire massacrer ! Lança un Jedi.
- Il faut faire quelque chose ! Répondit un Padawan.
C’est alors qu’un des général Jedi se saisit de son sabre laser et fit avec une voix déterminée :
- Puisqu’il en a été décidé ainsi, combattons ! Donnez l’ordre aux bataillons de passer à l’attaque. Que les canonnières nous dégagent le terrain !
- A vos ordres.
Et tout à coup, ce furent des milliers de soldats clones qui dévalèrent à leur tour la colline, armes à la main, guidés par quatre Jedi aux lames étincelantes. La terre se mit à trembler sous cette charge invraisemblable tandis que les canonnières de la République passaient au dessus de la colline avant de plonger sur la ville, le tout dans un fracas de turbines.

Aldwin Faraday courait toujours, sentant derrière lui l’immense armée de la République qui s’était mise en mouvement, formidable marrée de soldats prête à se déverser sur la capitale. C’est alors que le destin se chargea de transformer cet acte suicidaire en un acte héroïque incroyable. Se levant enfin, le soleil commença à baigner la capitale de ses puissants rayons. Ceux-ci apparurent de derrière la colline, surchargeant les photorécepteurs des droïds de la Confédération qui ne distinguèrent alors plus que des milliers d’ombres floues se ruant vers eux.
Faraday était bientôt arrivé aux portes de la capitale quand les canonnières passèrent juste au dessus de sa tête et ouvrirent les hostilités, déversant une pluie de feu sur les forces ennemies et détruisant des centaines de droïds. Aldwin s’apprêta alors à tirer, mais fut quelque peu distrait quand les quatre Jedi bondirent littéralement au dessus de lui, leurs longues robes flottant derrière eux. Ils retombèrent au milieu des forces ennemies après un saut d’une vingtaine de mètres et utilisèrent aussitôt leurs sabres lasers pour faire un carnage au sein des droïds massés. Enfin, Faraday et ses troupes prirent pied dans la ville et c’est dans un chaos indescriptible que le combat débuta, les clones ne tardant pas à leur tour à envahir la capitale et à déchaîner les enfers. Sans hésiter une seule seconde, Aldwin ouvrit le feu et s’immergea complètement dans l’affrontement…

La bataille dura plus de sept heures, et quand à la fin les combats cessèrent, les rues de la ville étaient jonchées de cadavres et de carcasses de droïds démantibulés ou calcinés. Assis au milieu des décombres, Aldwin reprenait son souffle, les mains appuyées sur son fusil encore fumant. Le lieutenant se passa la main droite sur les yeux pour s’éclaircir la vue et tenta ensuite de calmer les battements affolés de son cœur. C’est alors qu’un des généraux Jedi s’approcha de lui, les habits élimés et roussis en plusieurs endroits. Le Jedi regarda ce qu’il restait de la ville tout autour de lui avant de dire :
- Nous avons sauvé cette capitale, mais à quel prix !
Aldwin ne répondit rien, alors le Jedi enchaîna :
- Votre attaque était désespérée lieutenant, et elle aurait pu nous coûter très cher si nous n’avions pas eu le soleil dans le dos pour éblouir nos ennemis.
- Vous pensez sincèrement que je n’avais pas pris en compte ce facteur décisif ? Je connais cette planète, c’est là que j’ai toujours vécu.
Le Jedi haussa les sourcils de surprise. Puis il continua :
- Alors cette tactique était toute à votre honneur. Je vous ai vu au combat, vous êtes un soldat redoutable. La République aurait bien besoin d’hommes comme vous, à la fois décisif sur un champ de bataille et à même de réfléchir à des stratégies…insensées.
- C’est une offre d’emploi ? Demanda Faraday avec un vague sourire forcé.
- Ca se pourrait. Si vous voulez participer à ramener la paix dans cette galaxie, vous savez ce qu’il vous reste à faire !
- Et l’ordre…ajouta le lieutenant.
- Pardon ?
- La paix et l’ordre, répéta Faraday.
Le Jedi ne dit rien. Alors Aldwin se leva avec difficulté, regarda son interlocuteur dans les yeux et dit :
- J’accepte. Je n’ai plus rien qui me retienne ici de toute façon.
Le Jedi sourit :
- Je suis certain que vous ferez de grandes choses pour la République.

***
- Aujourd’hui encore la bataille d’Excelsior et son dénouement sont enseignés dans bon nombre d’académies militaires et on s’émerveille à chaque fois de la Charge Héroïque qui a permis à la République de remporter une victoire étincelante.
Faraday se tut alors et plongea son regard de glace dans celui du Juge Principal qui semblait sincèrement impressionné par le récit du général Impérial. Au bout de quelques secondes, il parvînt à se reprendre et à dire :
- Je crois que Maître Ballawick a des questions à vous poser. Maître, la parole est à vous.
- Merci monsieur le juge ! Lança Ballawick en sautant sur ses pieds.
Puis il contourna son bureau et se dirigea vers Faraday d’une démarche très théâtrale.
- Général, pouvez nous nous rappeler concrètement ce qui vous a décidé à mener cette charge ?
- Mon peuple était massacré ! Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Je me devais d’agir.
- Quitte à sacrifier votre vie ?
- Oui. Mon existence n’avait pas d’importance face à la liberté d’Exceslior. J’ai fait un choix à l’époque, en mon âme et conscience.
Ballawick afficha un grand sourire avant de poursuivre :
- Oui, oui, oui, bien sûr ! Donc si j’ai bien compris, c’est suite à cette bataille que vous avez intégré l’armée de la République ?
- Tout à fait.
- Dans quel but ?
- Vaincre les Séparatistes et ramener l’ordre dans la République.
- On peut donc dire que vous avez agi pour la stabilité de la galaxie et pour la survie de tous ses peuples ?
- Oui. Mon engagement était noble et désintéressé. Je ne voulais pas faire carrière dans l’armée, je voulais juste être…utile.
Ballawick se mit alors à bondir de joie :
- Voilà ! Etre utile ! Utile ! Je pense que vous avez compris messieurs les Juges qu’Aldwin Faraday n’est pas le monstre sanguinaire qu’on a bien voulu faire de lui ! Il s’est juste perdu et a été manipulé par l’Empire, comme beaucoup d’autres. Cet homme a été un héros de la sinistre Guerre des Clones, ne l’oublions pas !
Ballawick s’immobilisa alors et affichant un grand sourire, précisa :
- Et je n’ai pas d’autres questions.
Alors que l’avocat de la Défense allait se rasseoir tout en affichant un air satisfait, le Juge Principal regarda du côté de l’Accusation et dit :
- La parole est à vous.
L’avocat de l’Accusation se leva lentement et répondit :
- Merci monsieur le Juge.
Puis s’adressant à l’accusé :
- Général, vous nous avez dit que la bataille d’Excelsior avait fait de nombreuses victimes. Combien parmi les Forces d’Elite ?
Faraday se sentit tout à coup mal à l’aise et changea de position avant de répondre :
- Une quarantaine.
- Une quarantaine ! Mais alors rendez vous compte, messieurs les juges, que cet homme qui se tient devant vous a fini la bataille avec seulement dix hommes. Dix hommes ! Il n’a pas hésité à envoyer tous les autres à la mort, sur un coup de tête, parce qu’il n’a même pas pris le temps de réfléchir à une stratégie ! Je dirai même plus, il a condamné inutilement des milliers de clones, il a précipité leurs fins tragiques sans aucune considération morale !
- C’est faux ! Rugit Faraday.
- Je ne crois pas, non. Cet exemple met en lumière votre instabilité émotionnelle, votre manque de réflexion et surtout le peu de crédit que vous portez à la vie humaine ! Même à celle de vos propres compatriotes ! Je crois que cela explique beaucoup de chose, en particulier sur votre comportement lorsque vous étiez au service de l’Empire. Nous avons là les prémices de votre règne de terreur à la tête de l’armée de Palpatine ! Martela l’avocat.
Soudain, laissant la rage l’envahir et le submerger, Faraday se mit à hurler, faisant ressortir les veines de son cou :
- Mensonges ! Calomnies ! Tu n’es qu’une ordure à la solde de cette maudite Nouvelle République qui a juré ma perte ! Vous voulez tous salir mon honneur !
La salle fut alors parcourue de murmures outrés et des insultes ne tardèrent pas à fuser. N’en ayant que faire, l’impérial continua tout en postillonnant :
- Pourriture, tu voudrais me traîner dans la boue ! Mais j’ai sauvé mon peuple ce jour là ! Je l’ai sauvé et ça personne ne pourra me l’enlever !
Et tandis que des soldats se précipitaient pour ceinturer Faraday qui voulait à l’évidence s’en prendre physiquement à l’avocat de l’Accusation, celui-ci releva lentement la tête et regarda dans la direction de Ballawick. Puis il conclut d’une voix forte pour couvrir le tumulte :
- Je crois que nous venons d’assister à la chute du héros.




***

Affalé à l’arrière du speeder blindé qui le ramenait au centre de détention, Aldwin Faraday ne cessait de maugréer à voix basse, proférant très certainement des insultes envers l’homme qui avait osé mettre en cause son honneur. A ses côtés, le lieutenant Skell ne savait pas trop quoi penser. L’impérial restait indéniablement une énigme. Cet homme pouvait apparaître comme particulièrement courageux à un moment, et dénué de scrupules à un autre. Dans ces conditions, comment déterminer la véritable personnalité de Faraday ? A moins que ce ne soit précisément cette personnalité bien particulière qui le faisait constamment osciller entre le bien et le mal, entre la volonté de bien faire et l’attirance pour l’obscurité.
Connor releva alors les yeux et regarda pendant quelques secondes la corvette d’assaut qui volait à quelques dizaines de mètres devant eux, continuant à les escorter jusqu’au centre de détention. Mais jusqu’à présent, les trajets s’étaient déroulés sans anicroche et Skell espérait qu’il allait toujours en être ainsi. Connor jeta un coup d’œil en biais à Faraday qui affichait un regard cruel, avant de déclarer :
- Vous savez, ce n’est pas dans votre intérêt de vous en prendre à la Cour !
- Cette vermine m’a insulté !
- Je crois surtout qu’il a tout fait pour vous faire sortir de vos gonds. Et je dirai qu’il a parfaitement réussi.
- Pfff, qu’est ce que vous y connaissez vous, hein ? Après tout, vous n’êtes qu’un soldat !
- Tout comme vous, il me semble, répondit du tac au tac Connor.
Tout à coup un sifflement suraigu se fit entendre, incitant Skell à regarder aussitôt droit devant lui. Et ce qu’il vit lui coupa le souffle. Un missile propulsé à une allure phénoménale percuta de plein fouet la corvette d’assaut qui voltigeait devant eux, perforant littéralement la structure d’acier dans un déchirement de métal. Puis soudain le vaisseau se sépara violemment en deux avant d’exploser brutalement, une boule de flammes incandescentes se propageant instantanément.
- Nom de Dieu, on est attaqués ! hurla le pilote du speeder qui lança son véhicule dans une manœuvre d’évitement.
Et tandis que des débris de métal surchauffés venaient s’écraser avec violence contre leur véhicule, Skell entendit distinctement un nouveau sifflement caractéristique.

Et tout s’emballa…
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