Pour avoir une belle page (ou un beau dessin, car ce tutoriel marche tout aussi bien avec des dessins isolés qu'avec des BD) bien colorisée, il faut d'abord un beau fichier de départ en noir et blanc. La numérisation de votre original est donc une étape clé.
Pour obtenir un fichier exploitable, le dessin doit être numérisé dans une résolution d'au moins en 300 dpi (dot per inch) ou ppp (points par pouce). On trouve ce réglage dans les gestionnaires de scanners sous la rubrique “Résolution” (voir image). Personnellement, je numérise directement en 300 dpi, vous pouvez faire de même, ce sera tout à fait correct pour débuter.

Vous pouvez cependant scanner dans une résolution moindre, et descendre jusqu'à 96 ppp (résolution d'affichage écran) mais si c'est le cas, vous perdrez beaucoup en qualité, et n'espérez pas imprimer votre création, elle devra rester strictement à la taille de numérisation pour rester acceptable. Personnellement, je vous conseille de numériser au moins à 300 ppp.
Vous pouvez également, comme le conseillent certains livres, numériser en résolution plus importante, jusqu'en 1200 dpi. Le mode bitmap (voir ci-dessous) demande, pour un travail professionnel, une plus grande résolution pour rendre au mieux les demi-teintes. Mais il faudra réduire la résolution en passant en mode couleurs, sans quoi votre fichier risque de devenir énorme et de faire “ramer” le pauvre Photoshop, surtout si votre machine est un peu ancienne.
La résolution, cependant, n’est pas le seul paramètre à considérer, il y a aussi la
profondeur de couleur. Pourquoi numériser un fichier à coloriser en mode “document couleur” puisqu’il est par définition en noir et blanc ? Nous ne voulons obtenir au final
que du noir et du blanc à strictement parler. Donc utilisons dans le gestionnaire de scanner le mode “document noir et blanc” ou “mode trait — 1bit”, soit
deux couleurs uniquement, le même mode qu'on utilise pour la reconnaissance de caractères. Le scanner ne prendra en compte que ces deux couleurs, en adaptant tout le reste soit en noir soit en blanc, selon un paramètre réglable (mais nous allons en rester au paramètre par défaut, qui est tout à fait convenable). Un dessin encré numérisé en mode trait dans une résolution importante donne au final un fichier à coloriser très gros mais de très bonne qualité en vue de la colorisation. Les traits noirs seront parfaitement noirs, bien nets, sans effets de fondu, et les petites imperfections (traces grises, etc.) disparaîtront du fichier final. Je numérise donc en mode traits (ou “noir et blanc” ou 1bit) et en 300 dpi (voir image).

Le dessin final est sauvegardé en
bmp, format qui conserve le noir et blanc. Attention de ne pas sauvegarder ou exporter l'image en jpg, ce qui aurait pour effet de réduire à néant nos efforts pour avoir une belle page. Il est possible, si on utilise Photoshop, d'importer directement l'image du scanner dans le logiciel via le module d'importation, mais si vous ça trouvez complexe, restons-en là.
Dans le cas d'une
page réalisée en crayonné, utiliser le mode bitmap/1 bit/traits n'est pas une bonne option, à moins de numériser dans une résolution très importante (au moins 1200 dpi). Dans ce cas il vaut mieux numériser en 300 dpi, en mode “niveaux de gris” ou “document noir et blanc” et passer par une méthode de préparation de la page expliquée plus loin dans le tutoriel, la “sélection douce”.
Ma page est maintenant prête pour passer à la colorisation.
Un problème, toutefois, peut se poser quand les pages sont réalisées par quelqu'un d'autre, scannées et envoyées via Internet par mail. Lorsque Lamb Bear, avec qui je travaillais régulièrement, m’envoyait ses pages à coloriser, il est bien entendu qu’il n'allait pas m’envoyer un fichier de quelques 20 Mo par mail. Il faut donc dans ce cas passer par un format compressé comme le jpg. Le problème est que le jpg est un format très destructeur si on compresse trop le fichier. C’est plus rapide à envoyer, nettement moins lourd, mais au final, le dessin est inexploitable, plein de ce qu’on appelle des artefacts de compression, artéfacts d'autant plus importants si le document a été numérisé au départ comme un document couleur. Le dessin, même propre, est donc “sali” par la compression, et comporte des artefacts multicolores qui vont perturber le travail, car le format jpg ne connais pas le noir et blanc (voir image).

Si on doit envoyer les dessins par mail, adopter en général les formats suivants : numériser en 300 dpi
minimum, et utiliser la commande “Enregistrer sous” de Photoshop, mais
surtout pas “Enregistrer pour le Web”, commande qui aurait pour effet de réduire automatiquement la résolution. Compresser
le moins possible, même si le fichier perd en légèreté. Lamb Bear m’envoie des planches en jpg, de format 2260x3064 ou à peu près, en 300 dpi. Le fichier final fait environ 1,2 Mo, mais il en ferait près de 20 en bmp. Un format plus petit est très difficilement exploitable pour la colorisation et demande beaucoup de travail de préparation.
Ce qui nous amène à l'étape suivante de ce tutoriel.