Pourquoi retravailler la couleur des personnages ? Pour leur donner du relief, les mettre en valeur, bref, ajouter une touche encore plus attrayante à notre BD. Dans la vrai vie, en effet, il suffit d'observer autour de soi : rien n'apparaît d'une couleur complètement unie, les éclairages, les ambiances lumineuses, la nature même de l'objet, sa texture, tout cela modifie la manière dont la lumière s'y accroche et est renvoyée. Certes, le dessinateur peut, à l'encrage ou par l'utilisation de crayonnés, produire lui-même des effets d'ombrages, comme dans les comics, ce qui rendra le travail des couleurs superflu et la version en noir et blanc tout à fait lisible, même sans la mise en couleurs. Dans les mangas, traditionnellement en noir et blanc, on utilise des trames pour produire ces effets d'ombrage.
Nous, nous allons essayer simplement de rendre ces effets de lumière et d'ombre qui vont donner du relief à nos personnages en jouant sur les couleurs qu'on leur a appliqué.
On peut définir au moins deux niveaux de travail dans cette mise en valeur de la couleur : un niveau disons basique, pas nécessairement respectueux des éclairages réels, et un niveau plus travaillé, tenant compte quant à lui des éclairages mêmes subjectifs de la scène. Et dans ces deux niveaux, on peut également définir plusieurs méthodes. Nous allons commencer par détailler celles-ci.
En quoi va consister cette mise en valeur ? Tout simplement en obscurcissant et/ou en éclaircissant les couleurs en fonction de l'éclairage supposé ou non. Nous ne nous soucierons pas, dans l'explication des méthodes, de la source de ces lumières, cet aspect des choses sera abordé un peu plus loin. Nous allons travailler, pour expliquer ces méthodes, sur un strip de “Je Veux Être Un Jedi” encore inédit, mais dont j'ai supprimé les textes pour ne pas spoiler, et que j'ai au préalable colorisé selon la méthode simple expliquée plus haut dans ce dossier.
Qu'allons-nous utiliser comme outil pour réaliser ce travail ? Il est possible d'opter pour au moins trois méthodes simples.
1) Outils “Densité +” et “Densité -”
L'outil “Densité +” sert essentiellement à obscurcir la couleur sur laquelle il est appliqué, selon des réglages de gamme de luminosité et d'exposition (en gros : puissance de l’effet). Utilisé avec une brosse de style pinceau et appliqué en douceur grâce à notre tablette graphique, il va créer un ombrage sur les zones voulues. Essayons en sélectionnant à l'aide de la baguette magique la couleur de la bure de notre jawa dans le calque “Persos”, puis notre outil Densité+ avec une forme douce de 24 pixels de diamètre, et une exposition moyenne (50%). Le résultat n'est pas mauvais du tout, n'est-ce pas ?
2) Même couleur en mode “Produit” ou “Superposition”
Pour l'utilisation du mode Superposition, reprenons l'armure d'Obi-Wan et appliquons la couleur d'origine dans ce mode, et on obtient un effet similaire à celui de l'outil Densité -, mais en plus délicat. Pour de meilleurs résultats, on peut utiliser une brosse douce mais non sensible à la pression.
3) Application de couleurs différentes.
C'est la méthode que j'emploie le plus souvent, parfois doublée par la méthode 1 si le besoin se fait sentir d'avoir des ombrages plus contrastés. Il s'agit simplement d'appliquer sur la couleur de base une couleur plus foncée (ou plus claire) pour créer un ombrage ou un éclairage plus prononcé. L'utilisation de cette méthode donne un résultat moins réaliste mais plus style BD.
Pour ce faire, il suffit de créer simplement un nouveau calque au-dessus de Persos, que nous nommerons Ombrages. En sélectionnant ensuite les couleurs dans le calque Persos, il suffit d'appliquer les couleurs plus ou moins claires sur le calque Ombrages, ce qui donnera le même résultat sans toutefois altérer les couleurs de base. S'il y a besoin de faire des modifications ensuite (on peut par exemple se tromper de couleur et ne s'en apercevoir qu'une fois les ombrages posés !), il suffit de sélectionner à nouveau la couleur dans le calque Persos et de la modifier tant dans Persos que dans Ombrages. Veillez à ne pas oublier de changer de calque, sans quoi vous vous retrouveriez avec des ombrages dans les deux en même temps.
Attention, toutefois. Ce système ne fonctionne bien qu'avec la méthode 3 ci-dessus. Puisqu'il s'agit d'un calque séparé, l'utilisation de la couleur en mode produit ou de l'outil Densité + seront sans effet. Et dans le cas de l’utilisation conjointe des deux techniques (calque pour ombrage + variation de densité sur le calque de couleurs) les résultats risquent de ne pas être probants, voire même de se contrarier.
Si l'on veut utiliser la technique du mode “Produit”, il est possible de créer un calque d'ombrage qui sera tout entier défini en mode “Produit”, et peindre dessus avec la couleur de base du personnage reviendra à utiliser la méthode 2.
Le problème, c'est qu'avec le niveau basique, les ombres ne sont pas toujours cohérentes, pas forcément réalistes. Autant dans un strip on ne se posera pas trop la question, car ce n'est pas ce qui est important dans le gag, autant dans une scène “à ambiance” (voir ci-dessous : scène de la crémation de Qui-Gon dans l'Episode I) si les ombrages ne sont pas en harmonie avec les sources de lumière présentes (là, le feu), l'image posera un problème de cohérence, de lisibilité.
Niveau plus complexe : Il va donc falloir, à la colorisation, réfléchir à l'origine de la lumière qui éclaire la scène, et poser les ombrages (ou les éclairages) en conséquence. C'est nettement plus compliqué, je l'avoue. Pour résoudre ce problème, une méthode simple : créer un calque provisoire, qu'on supprimera une fois la colorisation terminée, sur lequel on indiquera à l'aide d'un triangle jaune, par exemple, où se situe la source de lumière. Dans la scène de l'épisode IV représentée ci-dessous, l'éclairage ne vient pas d'une source habituelle située au-dessus des personnages, mais de la table-écran.
On appliquera donc l'une des méthodes indiquées au-dessus (ou une combinaison de plusieurs méthodes) pour mettre ne valeur les personnages, mais en respectant autant que faire se peut la source subjective ou non de la lumière qui éclaire la scène. Là, pas de “truc”. C'est l'expérience qui aide, l'entrainement. Montrez vos dessins à d'autres et demandez leur avis, les critiques constructives sont d'une très grande valeur pour le coloriste. Pour ma part, j'ai bénéficié des critiques sévères de AAARGH, lui-même artiste accompli (mais trop modeste à mon goût) pour améliorer mon humble travail.
Jouer sur les ombrages.
Créer un effet métallique.
Ajouter une texture à la couleur.
Une fois votre ombrage terminé, par exemple sur un vêtement, avant de désélectionner la couleur, cliquez sur le menu Filtres/Galerie de filtres. La galerie de filtre s'ouvre et dans le choix central, cliquez sur textures puis Placage de texture. A droite, vous pourrez choisir la texture à plaquer sur la couleur (l'aperçu à gauche vous montrera ce que ça donne). Choisissez dans “Texture” la texture Toile par exemple, puisque dans notre exemple on travaille un vêtement, et réglez à votre convenance l'origine de la lumière, l'échelle et la mise en relief pour ajouter un effet de toile au vêtement de votre personnage.Modeler avec une texture