Sur la base de cette photo, je vais échantillonner mes couleurs pour la ville. Mais d'abord, je crée trois nouveaux calques que j'appelle respectivement “décors 1”, “2” et “3”. Le calque “décors 1”, le plus au-dessus, me sert surtout lorsque j'ai des traits à ajouter aux décors. Les deux autres servent pour les couleurs des décors sur plusieurs plans. Je me limite à deux ou trois, mais vous pouvez selon les besoins en utiliser beaucoup plus, ou simplement un seul.
Puis, en utilisant la palette de gestion des calques de Photoshop, je crée un groupe de calques dans lequel je place mes trois calques. Intérêt : pouvoir ouvrir ou fermer le groupe entier d'un coup et ne pas avoir ma palette encombrée de calques, et possibilité d'éteindre d'un seul coup tous les calques de décor. Mon groupe s'appelle bien entendu “décors”. Ceci fait, je vais pouvoir commencer à travailler.
Voilà toutes nos façades peintes. Passons aux toits. La plupart des toits sont du même vert mais l'un d'eux peut être coloré en teinte brique. Enfin, nous peignons les arbres, en vert également mais plus pétant. Le résultat n'est pas mal du tout. Derniers détails, l'eau et les tronc d'arbre, et notre colorisation est complète.
On pourrait fort bien en rester là. Mais nous sommes besogneux et nous allons détailler et affiner ces couleurs de décor grâce à quelques techniques simples et ingénieuses.
On pourrait encore en rester là. nos décors sont jolis, bien colorisés, avec de beaux effets, tout ça, mais on peut facilement aller encore plus loin. Comment ? D'abord en colorisant les traits !
Colorisons les traits.
Quel est l'intérêt, diront certains ? Simple : quand on observe la réalité, déjà il n'y a pas de traits autour. Mais qui plus est, les choses ont tendance à devenir plus claires avec l'éloignement, surtout dans un décor extérieur. En BD, la technique de colorisation des traits va permettre avant tout d'adoucir les contours des décors, de faire ressortir ce qui est important dans la scène (les personnages) tout en conservant le détail des décors joliment dessinés par Lamb Bear. Vous allez voir, c'est très simple.
Prenons par exemple la tour qui domine le dessin, on commence par elle. J'échantillonne d'abord avec la pipette la couleur la plus foncée de la tour. Pour plus de sécurité, je la fonce encore un peu dans le sélecteur de couleurs. Il est important d'avoir une couleur plus sombre que le fond mais pas noire.
Le bongo, au premier plan, garde ses traits noirs. Qu'en dites-vous ? Globalement, les traits sont légèrement adoucis, un léger effet de profondeur apparaît dans le décor et le bongo ressort nettement, sans qu'on ait à toucher au dessin lui-même.
Adoucissons encore un peu.
Nous allons encore améliorer cet effet en travaillant la profondeur de champ. En photo, en fonction des réglages d'un appareil (réflex, c'est plus difficile avec un appareil de base) on peut gérer la profondeur de champ par le réglage de l'ouverture de l'objectif (jargon, si vous ne pigez pas, ce n'est pas grave). Le but : plus les éléments de l'image sont éloignés du premier plan, plus ils sont flous (explications plus précises là).
Le résultat est plus que sympathique. Le bongo ressort bien en avant-plan, mais rien n'est perdu des beaux décors de Lamb Bear.
Bien, nous avons fini, là ? Non. Nous pouvons encore améliorer quelques trucs, le ciel bleu par exemple. Reconnaissons qu'il fait un peu trop simpliste, maintenant. Nous allons le travailler en deux temps.
Mon ciel a été, fort heureusement, colorié sur un calque à part (vous ne l'avez pas fait ? dommage !). Retournons sur ce calque et effaçons d'abord le blanc du nuage en le recouvrant du même bleu que le ciel avec une grosse forme crayon. Puis, dans le calque traits, effaçons avec l'outil Gomme les traits des nuages. Le ciel est donc maintenant tout bleu uni. Nous allons, dans un premier temps, le remplir avec un dégradé. Dans la réalité, quand on regarde le ciel bleu par beau temps, il n'est jamais du même bleu partout, bien entendu. Il est d'un bleu plus profond vers le zénith mais plus clair, voire nettement plus gris, vers l'horizon. Nous allons définir un dégradé qui corresponde plus ou moins à cet effet.
Cette fois, notre case est complètement terminée. Nous aurions pu encore pousser plus loin, mais nous allons nous arrêter là pour cette fois. Réduisons avec la loupe la page à une échelle correspondant à la taille définitive de la page (pour moi, environ 33% de sa taille originelle) et nous voyons le résultat que verra le lecteur. Bien évidemment, si vous scrutez à la loupe les coins et recoins de votre dessin, vous allez voir des tas de zones qui ne vont pas, des défauts, des bavures, etc. Mais dites-vous bien que si vous, vous ne les voyez pas une fois au format final, personne ne les verra non plus.
Qu'ajouter ? Evidemment, chaque type de décor demande un travail particulier, plus ou moins difficile selon les cas. Le décor de cette case est simple, un décor intérieur serait plus complexe à travailler, mais au niveau purement technique, j'utilise toujours ces mêmes méthodes simples pour un décor d'extérieur ou pour un décor compliqué. Le tout est d'avoir de bonnes références de couleurs, de travailler avec des photos si vous reproduisez des décors existants, et de bien définir l'effet que vous voulez obtenir au final. Nous aurons l'occasion de voir ça avec l'étude de cas concrets qui viendra plus tard.
C'est là que j'ai commencé à travailler les décors de manière un peu particulière : en les dessinant à part. Les strips sont dessinés sans décor, et j'y ajoute le décor voulu après la colorisation des personnages. Que ce soit le temple Jedi, le marais de Dagobah, le bureau de Palpatine, les décors sont dessinés et colorisés à part, puis collés en arrière-plan des personnages, un peu comme des décors de théâtre. Voyez l'exemple ci-dessous : la case dessinée sans décor, la case avec le décor approprié collé derrière et la case avec un autre décor très différent.
Avantage de dessiner les décors à l'avance : ne pas avoir à refaire maintes et maintes fois le même décor, la même colorisation. Parfois la colorisation des personnages est déjà assez fastidieuse, n'ajoutons pas à la complexité.
Pour les décors, voyez les exemples suivants :
Il est même possible de réaliser des décors répétitifs sur plusieurs plans. Dans la série de strips se passant dans la bibliothèque Jedi avec Jocasta Nu, il aurait fallu dessiner de nombreuses fois les tables avec écrans, le dossier du siège, etc. Je ne les ai dessinés et coloriés qu'une fois, j'ai dessiné les strips en tenant compte de ces décors et je les ai collés derrière et devant les personnages pour obtenir l'image composite finale.
Il va de soi que ce système a ses limites. Dans le cas d'une vraie BD, d'une adaptation de film, par exemple, pas moyen de procéder ainsi sauf dans une scène où le même décor est nécessaire plusieurs fois, mais c'est rare, les cadrages sont différents d'une case à l'autre selon l'action, donc… Mais si, par exemple, si l'action se cantonne de face dans le cockpit du Faucon Millenium, avoir sous la main un décor correspondant est fort utile. Et on peut tricher et dessiner avec l'optique d'un décor préexistant, le lecteur n'y verra que du feu.