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Chapitre 6 : Exode
 
Les troupes impériales envahirent le hangar alors que la rampe d'accès se refermait. Les tirs de laser des stormtroopers ricochèrent sans dégâts sur la barrière d'énergie invisible qui protégeait le vaisseau. Les soldats impériaux réagirent en vitesse, et se mirent à couvert pour monter une batterie laser lourde, qui elle risquerait d'endommager sérieusement le bouclier. L'appareil serait bientôt prêt. Le sergent Tiliar venait d’arriver, braillant ses ordres. Il avait constaté les dégâts dans la maison, et avait croisé le chasseur de primes amputé qui fuyait.
Fort heureusement, Edo 27 avait entamé les préparatifs de décollage. Kano observa son équipage. Alera pleurait dans un coin, et il ne pouvait compter sur son aide. A l'inverse, Edo se déplaçait aussi vite que ses répulseurs le permettaient, se débattant comme un droïd barman, pour aider au décollage. Le droïd était visiblement excité par tant d'animation. Kano comptait bien profiter de ses incontestables compétences.
– Edo, hurla-t-il pour dominer le vacarme ambiant, ça avance ?
– Monsieur, je vous suggère d'utiliser ceci, dit le robot en désignant une commande que Kano ne connaissait pas. Moi, je m'occupe du décollage.
Kano lui fit confiance, et libéra la place du pilote. Il empoigna le manche désigné par Edo, et en pressa la détente. Un canon antipersonnel jaillit de son emplacement dans la coque, et ravagea les rangs impériaux. Kano jubilait. Mais il se reprit. Un Jedi ne tuait pas par plaisir, mais par nécessité.
– C'est moi qui ai installé ce joujou, se vanta Edo. C'est pratique en cas de décollage précipité. C’est la première fois qu’il sert ! C’était le cadeau d’anniversaire des 60 ans de monsieur Marvic ! C’est utile de temps en temps.
C'était le moins qu'on puisse dire. Les impériaux couraient se mettre à l'abri. Quelques téméraires restèrent pour mettre en route leur canon. Ils y parvinrent enfin, juste au moment où l'Arc de Cristal commençait à s'élever sur ses répulseurs gravifiques. Edo tira le manche de son bras mécanique, et le vaisseau se dressa à la verticale. C'est alors que Kano constata que la porte de sortie, au plafond, était restée fermée.
Kano se devait d'agir vite. Il activa une commande qui déverrouilla les batteries laser des côtés du vaisseau. Il redirigea le contrôle de l'une d'entre elles vers le cockpit. Il visa approximativement et ouvrit le feu sans parcimonie. Le plafond fut déchiqueté par les tirs de laser puissants de l'appareil de Marvic Sanaka, et les stormtroopers durent à nouveau se mettre à couvert pour se protéger de la pluie de débris qui s'abattait sur eux.
Il n'en fallait pas plus à Edo. Adressant un petit salut de sa main mécanique aux stormtroopers qui s'acharnaient au sol, il tira sans ménagement sur le levier d'accélération, et le vaisseau bondit hors du hangar de toute la puissance de ses moteurs. Les impériaux n'avaient même pas eu le temps d'utiliser leur canon, et l'Arc de Cristal était déjà loin. Tiliar se dépêcha d'alerter le contrôle aérien.
– Salopard de Jedi, tu vas me payer ça…
Une fraction de seconde plus tard, la maison, le hangar, les soldats et le sergent Tilar furent carbonisés par une explosion titanesque, balayant les impériaux. Depuis le ciel, Kano vit l’explosion. Marvic… Ses dernières forces avaient dû lui servir à déclencher un détonateur thermique, qui avait certainement déclenché ceux portés par les soldats, provoquant ce cataclysme. Kano crut entendre une voix dans sa tête : « Joli coup, hein gamin ! ».

Ils n'étaient pas tirés d'affaire pour autant. Kano regretta qu'Alera ne l'aidât point. Il serait obligé de régler une des tourelles en mode tir automatique, perdant ainsi de la précision et de la manœuvrabilité. Car il savait bien que le combat serait inévitable, et inégal. Pour le moment, l'Arc de Cristal survolait la petite ville de Kaleda. Personne ne s'inquiétait de voir l'Arc de Cristal : tous savaient que Marvic Sanaka avait une autorisation spéciale. Mais les passants commencèrent à s'étonner quand il battit des records de vitesse. Il mit le cap droit vers l'astroport impérial, boucliers et lasers chargés à bloc. Kano laissait Edo piloter, et était plus que satisfait de la performance du droïd. Il se décida donc à rejoindre la tourelle gauche de l'appareil. Il enfila son casque d'artilleur, et s'adressa dans le micro à Edo.
– Mets le cap sur l'astroport, et trouve-moi un angle de tir.
– Avec joie, monsieur.
Edo semblait s'amuser comme un fou, et ne remarquait même pas l'absence de Marvic. Kano mit quelques instants à s'habituer à la gravité artificielle de la cabine d'artilleur, puis agrippa fermement les commandes.
Les impériaux savaient à qui ils avaient affaire. Malheureusement pour eux, leurs batteries de turbolasers au sol ne pouvaient ouvrir le feu que si l'Arc volait à plus d'un kilomètre de hauteur. Et les régler différemment requérait un vrai travail de technicien, dont ils étaient bien incapables. Ce n’était pas très malin, et Edo ne manquerait pas de souligner l’incompétence des humains…
Kano n'avait aucunement l'intention de leur simplifier la vie. L'astroport disposait de quatre vedettes Skypray, que Kano avait repérées. Edo fondit sur l'astroport et Kano déchaîna tous les lasers de la tourelle de l'Arc de Cristal. Le minuscule astroport fut décimé, en tout premier lieu le hangar qui abritait les vedettes. Débarrassés des uniques chasseurs impériaux, Edo gagna de l'altitude, se préparant à affronter la véritable défense du blocus : les batteries de turbolasers.

Le premier tir au but ne les surprit guère. Les boucliers déflecteurs protégèrent le vaisseau, qui fut tout de même secoué par la puissance du turbolaser. Edo entreprit alors une série de manœuvres dilatoires, zigzaguant entre les lasers verdâtres. Une véritable tempête se déchaînait autour de l'Arc de Cristal, et Kano comprit qu'il était dans la zone la plus lourdement défendue de la planète, étant au-dessus de ce qui servait de capitale.
La violence du choc avait un peu fait réagir Alera. Elle leva son visage inondé de larmes et observa Edo, qui se démenait comme un diable aux commandes du vaisseau chéri de son défunt père. Elle se leva et s'approcha du tableau de bord. Puis, sans dire un mot, elle tourna les talons et disparut dans les coursives du vaisseau.

Kano restait attentif, les mains sur la gâchette de la tourelle. Mais il n'avait même pas vu les deux vedettes Skypray qui s'approchaient en dessus du vaisseau. En fait, il ne les vit que lorsque l'une d'entre elles se désagrégea dans une gerbe de flammes. Edo fit une embardée et évita de peu la carcasse flamboyante qui finit sa course dans les arbres de la jungle épaisse, quelques kilomètres plus bas.
Le second Skypray riposta de toute la puissance de ses deux lasers. Ces deux vedettes avaient peu de chances de tenir tête à un vaisseau de la classe de l'Arc de Cristal, mais c'était tout ce que les impériaux avaient dû réussir à trouver pour tenter d'intercepter le vaisseau en fuite. En fait, le danger ne venait pas de là pour les fuyards. La vedette rescapée faisait diversion, occupait l'Arc de Cristal pendant que les turbolasers au sol ajustaient leur tir.
Le Jedi comprit enfin comment la première vedette avait été détruite. Il vit sa tourelle droite se déchaîner, arrosant la seconde vedette d'une copieuse salve de laser, qui fut évitée de justesse. Kano avait la conviction de ne pas avoir activé le tir automatique de la tourelle, mais l'explication à ce mystère jaillit de son casque. Une voix froide résonna dans ses écouteurs. Au même moment, les voyants de l'Arc de Cristal indiquaient le passage de cette tourelle en mode manuel.
– Si un seul de ces porcs cause la moindre éraflure au vaisseau de mon père, ils vont entendre parler de moi.
Kano sourit. Alera Sanaka, digne fille de Marvic, s'était décidée à s'en mêler. Et apparemment, son soutien n'était pas négligeable. Elle était un canonnier de première classe. Une nouvelle salve de laser, et le Skypray subit le même sort que son prédécesseur. L'appareil ainsi touché tourna dans une vrille folle, avant d'exploser en plein air. Alera resta calme, les mains crispées sur son manche. Edo, quant à lui, redirigeait toute la puissance du vaisseau vers les moteurs.
– Monsieur, dit le droïd dans son micro, j'estime qu'il est préférable de quitter les lieux au plus vite. Croyez-en mon cerveau électronique supérieur…
– C'est bon, on te croit, tas de boulons, s'énerva Alera. Calme tes circuits et sors-nous de là en vitesse !
– Mademoiselle, je ne vous permets pas ! J'en parlerai à…
– Tu n'en parleras à personne ! Marvic est mort, à présent tu m'appartiens ! Alors on dégage !
– Monsieur Marvic est mort ? Oh par le Grand Créateur, comment est-ce possible ?
– Ouais et si tu ne veux pas que Kano et moi subissions le même sort pendant que tu finis ton existence à servir des boissons à un Hutt, tu n'as qu'à nous sortir de là !
Kano écoutait la dispute avec amusement. Edo se débrouillait plutôt bien, mais l'heure n'était pas au débat. Alera perdait patience, et il ne tarderait pas à en faire de même. Mais il faisait confiance au droïd.

La plupart des vaisseaux utilisaient le même mode de fonctionnement. Une seule source d'énergie alimentait moteurs, canons et boucliers. Le pilote répartissait cette énergie à sa convenance. Ainsi, amplifier les moteurs permettait d'accélérer, mais le vaisseau était vulnérable et les lasers déchargés. A l'inverse, mieux valait doper les boucliers et les lasers, aux dépens de la vitesse, lors d'un combat rapproché.

Débarrassé de ses poursuivants, Edo accéléra. L'Arc de Cristal filait certes à toute vitesse, mais ses boucliers se déchargeaient à vue d'œil. Le droïd pilote se concentra donc sur le radar arrière pour éviter les turbolasers qui l'assaillaient. Malheureusement, plus il s'éloignait, plus il y avait de batteries de turbolasers qui se trouvaient sur un axe favorable pour ouvrir le feu. Bientôt, la moitié des batteries qui couvraient la planète pourrait l'atteindre. Ces appareils disposaient d'une portée adaptée à ce genre de situations, et Edo s'en doutait. Ses circuits intégrés chauffaient de plus en plus. Il essaya de se calmer, mais ne pouvait ni expirer ni se relaxer.
Kano essaya de respirer calmement quand un tir ébranla l'appareil, puis un autre. Il garda son sang froid et demanda à Edo le niveau de charge des boucliers. 42% du nominal. Les choses se gâtaient. Edo le tenait régulièrement au courant, chaque fois qu'un tir ennemi allait au but.
– 27%, dit le droïd. 43 secondes avant la sortie de l'atmosphère.
Dans son siège d'artilleur, Alera était nerveuse.
– 13%. 27 secondes.
Kano fixait l'espace, à proximité. Ils y seraient en sécurité.
– 4%. 12 secondes.
Encore un tir au but et la coque de l'Arc de Cristal commencerait à encaisser. Ce qui serait probablement mortel. Un éclair vert frôla le vaisseau. Un autre arrivait derrière, et Edo parvint à l'esquiver. Encore un, qui toucha le vaisseau. Les boucliers furent percés, et le turbolaser percuta directement la structure. Heureusement, il se contenta de faire sauter une antenne radar, les boucliers ayant amorti l'impact en agonisant.
Mais les turbolasers ne tarderaient pas à finir le travail. Edo consulta le radar arrière. Les turbolasers continuaient à tirer, mais le droïd fut stupéfait de voir que l'Arc de Cristal n'était plus leur cible. Le radar montrait une multitude de petits points bleus qui se déplaçaient.
– Kano, j'ai du mal à comprendre… déclara Alera.
Kano regarda à son tour par la baie de sa cabine. Il repéra les nombreux vaisseaux qui décollaient de la planète. Les teebooz avaient saisi l'occasion, et profitaient de la pagaille ambiante pour mettre les voiles à leur tour. Alera s'en rendit compte, et sourit. Son peuple d'adoption s'était enfin décidé à agir.
– Fichons le camp, dit-elle simplement. Les Imps ont trouvé d'autres camarades de jeu.

Le patron hurla sa haine en regagnant son vaisseau. Ses hommes restés à bord le regardèrent, consternés et effrayés par son amputation. Le patron allait laisser exploser sa rage sur quelqu’un, et ils le savaient. Lucide, l’un d’entre eux essaya de détourner sa colère.
– Patron, Gwadj Olan se planque encore ! Tout ça, c’est sa faute !
Ce n’était absolument pas vrai, mais il fallait quelqu’un sur qui se venger. Le patron, bouillonnant de haine, se mit à hurler.
– Je veux la peau de cette pourriture d’extraterrestre dans dix minutes ! Et que ça saute !
Les chasseurs de primes ne se firent pas prier, empoignèrent leurs armes et bondirent sur leurs speeders, laissant le chef et sa rage.
– Quant à toi, maudit Jedi, dit-il pour lui-même, j’aurai ta peau, même si ça me coûte mon deuxième bras ! Tu vas payer…

Quand il entendit les speeders rugir à l’extérieur, Gwadj Olan tressaillit.
– Ca y est ! se dit-il, le Jedi est revenu et il va me forcer à l’emmener !
Il jeta un coup d’œil à l’extérieur et vit les chasseurs de primes à la mine patibulaire qui s’approchaient, l’arme au poing. Il ne pensait pas que ce fût possible, mais la situation était encore pire qu’il n’aurait pu l’imaginer.
Il ouvrit la trappe cachée dans sa cuisine, et descendit au sous-sol. Là, son vaisseau l’attendait, un modeste transport corellien YT-1280, qui l’avait si bien servi ces vingt dernières années. Il embarqua en vitesse, et pressa un bouton. Le plafond s’ouvrit alors, habilement dissimulé à l’extérieur par un tapis de fausse verdure. Mais il ne décolla pas. Le sullustéen avait toujours fui, et cette fois il voulait agir.
La horde de chasseurs de primes avait découvert la trappe de la cuisine, et ils apparurent dans le hangar souterrain, découvrant le vaisseau qui s’élevait sur ses répulseurs. Ils ouvrirent le feu.
Le sullustéen les vit s’approcher. Il y en avait de toutes sortes : des humains, des abyssins, des niktos, des rodiens, des verpines, toute une clique peu fréquentable. Il fit soudainement reculer le vaisseau, s’approchant des ennemis. Ses boucliers encaissaient, et il alluma alors soudainement ses propulseurs, carbonisant tous ceux qui se trouvaient trop près du vaisseau. Celui-ci décolla en trombe, rejoignit la masse qui s’envolait, et mit le cap vers les étoiles. Son petit business sur Tabal était terminé.
Les chasseurs de primes survivants eurent tout juste le courage de rejoindre le patron pour se faire insulter.

Peu après, l'Arc de Cristal quitta l'orbite de Tabal pour gagner l'espace. Sur l'ensemble de la planète, un véritable chaos venait troubler cette planète d'ordinaire si paisible. Une bonne part de la population avait suivi la fuite de l'Arc de Cristal, et cet événement avait décidé la plupart des possesseurs de vaisseaux particuliers à tenter leur chance à leur tour. Les fuyards, surtout des teebooz, ne s'étaient pas concertés. Inconsciemment, ils avaient semé le désordre dans le système de défense impérial. Ceux-ci ne s'attendaient absolument pas à une réaction de cette ampleur. Certes, les turbolasers abattirent bon nombre des vaisseaux en fuite, mais la masse était telle que certains d'entre eux forcèrent le blocus pour quitter la planète. Devant la multitude de cibles, les batteries de turbolasers ne savaient plus où donner de la tête. Ce blocus qui tenait depuis des années était en réalité bien peu dangereux face à un exode en masse.

Edo et ses passagers avaient profité à bon escient de cette chance, et remarquèrent que des appareils suivaient la voie qu'ils avaient ouverte. Au total, un groupe hétéroclite d'une vingtaine de vaisseaux put s'enfuir sans dommages, l'Arc de Cristal en tête. Alera et Kano étaient revenus dans le cockpit.
Cependant, les ennuis n'étaient pas finis. Kano détecta avec effroi la base de type Golan qui orbitait autour de Tabal. La base avait la forme d'une toupie, sa partie principale comprenant les postes de contrôle, les hangars et les turbolasers. Soudain, la radio crépita.
– Marvic, qu'est-ce qu'on fait ? demanda une voix inconnue.
D'autres personnes appelèrent, certains en teebooz. Alera s'occupa de la radio, et Kano réalisa qu'elle s'exprimait parfaitement en teebooz.
– [Ici Alera Sanaka, à bord de l'Arc de Cristal], commença-t-elle en teebooz. [Marvic est mort].
Un silence pesa dans le micro. Puis elle reprit.
– [L'Empire n'a que trop abusé de nous, et a aujourd'hui fait tuer mon père. Kano est avec moi. C'est un Jedi, et il va nous faire sortir d'ici].
Elle voulut passer la parole au jeune homme, qui s'en trouva bien embarrassé. Il se décida à parler, mais en basic. Alera traduisait en teebooz.
– Ici l'Arc de Cristal. Regroupez-vous en formation étoile. Je viens de détecter trois escadrons de six Oiseaux de Proie qui décollent de la base. On s'en occupe. Pas de cadeaux.
Il hésita un instant.
– Et que la Force soit avec vous.
A ces mots, ses coéquipiers firent rugir leurs moteurs et se précipitèrent sur les chasseurs ennemis. Peu d'entre eux étaient bien armés, mais ils semblaient déterminés. Et les pilotes impériaux ne valaient pas ceux du passé.
– Alera, calcule-moi des coordonnées de saut en hyperespace. Vers n'importe où. Edo, transfère-moi les commandes, et trouve un moyen d'accélérer la recharge des boucliers.
La jeune femme se mit au travail sur sa console. Kano chargea boucliers et lasers à fond, avant de se jeter dans la mêlée. Le risque était grand, les boucliers n'avaient eu le temps que de se recharger à 18% du nominal, l'Arc de Cristal était très vulnérable. Par ailleurs, assigner la puissance aux canons et aux boucliers se faisait aux dépens des moteurs, et donc de la vitesse. Heureusement, l'Arc était loin d'être la seule cible. Les teebooz n'étaient pas des pilotes experts, ce qui était compréhensible vu qu'ils n'avaient jamais quitté leur planète. Plusieurs d'entre eux furent abattus par la première vague de chasseurs. Les plus doués survécurent, et ouvrirent le feu avec détermination. L'Arc de Cristal entra dans la mêlée, et Kano réduisit efficacement un Oiseau de Proie en poussière cosmique. Il en visa un autre. L’appareil ennemi fit quelques tentatives pour semer l’Arc de Cristal. Kano se servit de la Force, anticipant les réactions adverses. Il se plaça dans l’axe, l’Oiseau de Proie passa devant lui, et il pressa la détente. Les lasers réduisirent à néant les boucliers, puis transpercèrent la coque de part en part. Le vaisseau tourbillonna, avant de se disloquer.
Alera avait lancé la séquence automatique de recherche de coordonnées, pour pouvoir prendre sa place dans la tourelle, où elle fit merveille, détruisant deux chasseurs. Les autres fuyards achevèrent l'escadron. Des débris de vaisseaux commençaient à flotter lentement au sein du champ de bataille.
Peu après, la deuxième vague surgit. Kano accéléra, pour passer derrière la formation ennemie. Les teebooz subirent de nouvelles pertes, quand l'Arc ouvrit le feu par derrière, éliminant un adversaire. Alera et Kano avaient tiré simultanément sur la même cible, et le vaisseau n’avait eu aucune chance. Une voix résonna dans le casque de Kano. Un teebooz essayant de parler basic…
– [Alera, y en a un qui me colle aux basques] !
Kano réagit tout de suite, devinant qu'il s'agissait d'un ami de la famille Sanaka. Il repéra le danger. Un petit cargo Sorosuub modifié évitait tant bien que mal les tirs d'un Oiseau de Proie. Kano fondit sur l'attaquant, et écrasa le bouton de mise à feu de ses missiles. La torpille à protons fila à toute vitesse vers l’Oiseau de Proie, et l’explosion illumina le cockpit. L'impérial se transforma en débris cosmiques avant même de comprendre qu'il était attaqué.

C'est alors que Kano s'aperçut que c'était à son tour d'être pris pour cible. L'ayant identifié comme le leader, trois Oiseaux de Proie prirent en chasse l'Arc de Cristal. Dos tourné, Kano ne pouvait faire feu, et la seule puissance de la tourelle d'Alera ne suffirait pas à se débarrasser de ces gêneurs. Le Jedi serra les dents lorsqu'une salve fit mouche, ébranlant le vaisseau.
Puis il entendit de nouveaux tirs, mais pas dirigés vers lui. Un ennemi fut frappé de plein fouet et explosa contre l'un de ses coéquipiers. Le dernier repéra leur assayant : un vieux transport corellien YT-1280, mais dont le pilote semblait être un expert digne de Marvic.
– Arc de Cristal, fit une petite voix, je m'en occupe. Monsieur Kano, je vous souhaite un bon voyage.
Kano s'exclama en reconnaissant la voix du sullustéen.
– Gwadj Olan ! Merci du coup de main, maintenant et lors de mon crash. Je vous revaudrai ça !
– C'est déjà fait Monsieur Kano, répliqua le non-humain. J'ai réglé quelques comptes avant de partir. Et si vraiment vous voulez me rendre service, demandez à Pellaeon de botter les fesses de ces indépendantistes !
– Avec plaisir Gwadj, fit Kano. Encore merci pour tout.
Le sullustéen ne jugea pas bon d'ajouter que son passé n'était pas uniquement celui d'un modeste marchand, et qu'un escadron de chasseurs avait longtemps bénéficié de ses talents. Il ne lui fallut plus que quelques tirs pour abattre le dernier Oiseau de Proie.

Il ne restait que quelques coéquipiers à l'Arc de Cristal quand vinrent les six derniers chasseurs ennemis. Kano les observa se rassembler en formation serrée, pour mieux écraser l'adversaire. Kano prit le micro.
– A tous restez en arrière. Alera, prépare le saut.
A ce moment, les alarmes se déclenchèrent. Un nouveau vaisseau pénétrait dans le système, probablement des renforts. Kano lui jeta un œil. Une forme triangulaire, de plus d’un kilomètre de long. Il ferma les yeux.
– OK, à tous, fichez le camp.
– Mais les Oiseaux de Proie vont nous intercepter, protesta une voix.
– [Vous voyez ce que je vois ?] balbutia un teebooz.
Tous avaient remarqué l'arrivée dans le secteur du destroyer stellaire de type Impérial, l'engin de guerre qui avaient été le fléau de la Rébellion des années durant. A présent, l’Empire s’en servait juste pour se défendre, la Nouvelle République en avait récupéré certains, et ils n’étaient plus dangereux. Mais Kano pressentit immédiatement que celui-ci ne faisait pas partie des troupes pacifistes de Pellaeon. Il appartenait à un renégat impérial, un des Moffs qui continuaient leur propre guerre.
Un escadron d’Oiseaux de Proie fondait sur le groupe. Pour répondre, Kano tira une salve de deux missiles vers l'escadron ennemi. Derrière lui, trois vaisseaux alliés partaient en hyperespace. Tant mieux, les teebooz méritaient de partir. Kano resta un moment en couverture, alors que les derniers vaisseaux civils quittaient le secteur, effrayés par le destroyer. Outre l'Arc de Cristal, le transport corellien de Gwadj Olan fut le dernier vaisseau à passer en hyperespace.
Les deux missiles filaient vers l'ennemi, et Kano tira une seconde salve sur le même vecteur. Kano contempla la traînée lumineuse émise par ses torpilles à protons.
Les Oiseaux de Proie firent feu sur la première salve, et détruisirent les missiles. Mais l'explosion masqua aux radars la seconde salve, exactement derrière, que l'escadron rapproché encaissa de plein fouet. L'explosion aveugla Kano, alors qu'Edo émettait un sifflement électronique pour féliciter le jeune Jedi de sa tactique. Les Imps étaient tombés dans le piège. En tirant les deux salves sur le même vecteur, Kano savait que les pilotes ennemis se concentreraient sur la première, et ne verraient pas la seconde.
– Monsieur, fit Edo, je reconnais que, pour un humain, ce n'était pas mal joué !
– Joli tir ! brailla Alera depuis la tourelle. Marvic serait fier de toi !
Quelques secondes plus tard, Kano déchaîna ses lasers sur l'unique rescapé, qui était totalement déboussolé. Alors que le chasseur explosait, le vaisseau de guerre approchait et crachait un nouvel essaim de chasseurs, que Kano ne put identifier.

Kano prit son micro et contacta Alera.
– Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Alera, tu as calculé une trajectoire de saut ?
– J'en ai trouvé une au hasard, je n'ai pas pu faire mieux à cause de ce destroyer qui perturbe les instruments de navigation. J'ignore où cela pourra nous mener.
– Si vous voulez mon avis, intervint Edo, on a tout intérêt à lever le camp. Je doute que le destroyer ait l'intention de nous servir le café.
Un flot de chasseurs Tie fonça sur l'Arc de Cristal. Les vaisseaux impériaux classiques, avec leur cockpit rond et leurs deux panneaux solaires latéraux, firent rugir leurs puissants moteurs. Alera fit feu depuis sa tourelle, abattant un impérial, dont le panneau solaire droit fut arraché par le laser, propulsant l’appareil dans une vrille folle et mortelle. La jeune femme poussa un cri de triomphe. Mais tous savaient qu'un destroyer Impérial pouvait abriter un grand nombre de chasseurs Tie, même si celui-ci n'avait pas l'air d'être chargé au maximum. La bataille serait perdue d'avance. Kano fit demi-tour, et se dirigea vers la balise virtuelle qui correspondait aux coordonnées hyperespace calculées. Les Tie talonnaient l'Arc de Cristal, et Kano faisait de son mieux pour éviter les tirs verdâtres qui convergeaient vers l'appareil. Les boucliers commençaient à souffrir, et le danger était de plus en plus proche. Alera ne cessait de tirer, perturbant la formation impeccable des impériaux.

Un étrange sentiment s'empara alors de Kano. Il remarqua quelque chose de bizarre à bord du destroyer. Comme une présence. Quelque chose de familier. Il voulut en avoir le cœur net, en tentant une approche rapide du gigantesque vaisseau pour y voir plus clair. Mais un mur de Tie l'en empêchait. Ce serait du suicide.
Tout le monde était persuadé que les groupes rebelles impériaux représentaient une menace mineure. L’Amiral Pellaeon matait petit à petit chacun de ces groupes. L’incompétence des stormtroopers de Tabal était un bon exemple que ces impériaux non-officiels ne valaient rien. Mais Kano venait de découvrir qu’un de ces groupes, probablement celui du Moff Danika, possédait encore un destroyer. Une puissance de feu capable de ravager une planète à l’aide de ses turbolasers. Il fallait en avertir le Président de la Nouvelle République, Borsk Fey’lya, ou plus directement Pellaeon en personne. Les rebelles allaient être pris un peu plus au sérieux. Par ailleurs, les chasseurs Tie qui venaient d’attaquer avaient été efficaces. Rien à voir avec les Oiseaux de Proie. Danika disposait donc encore de pilotes de qualité et de matériel de pointe. Quelque part dans la galaxie, des nostalgiques de l’Empire et de la guerre devaient préparer leur insurrection. Avec les moyens nécessaires. Ils ne pourraient pas gagner, mais pourraient causer pas mal de dégâts.
Cette sensation paraissait familière à Kano, mais en même temps très étrange. Il devait s’approcher. Si un autre danger existait, il devait savoir de quoi il retournait pour en parler aux autorités. L’Arc de Cristal était assez solide pour s’approcher du destroyer sans être réduit en poussière. Cette sensation avait un rapport avec Kano et avec ses pouvoirs, mais le jeune Jedi ne put dire de quoi il s’agissait. Il devait s’approcher, comme s’il était appelé.
Il allait en parler à Alera, revenue dans le cockpit, quand les étoiles se transformèrent en traits lumineux. Alera venait de pousser le levier d'hyperpropulsion, et l'Arc de Cristal fila à travers l'hyperespace vers une destination aléatoire.
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