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Chapitre 25 : Retour à l'Académie
 
– Tout cela me fait quand même bizarre… fit Kano.
– Quoi donc ? lui demanda son ami.
– Je ne suis plus pourchassé, et j’ai retrouvé une partie de ma mémoire.
– Ah bon ?
– Oui, je crois. Je me suis réveillé l’autre jour sur l’Arc, et je me suis senti bizarre, avec des images plein la tête. Je me souviens, Teydo. De ma mère, d’Autum, de Maran…
– De moi ?
– Non, je crois qu’il me reste encore des choses à découvrir. Mais ce que j’ai appris récemment n’était pas vraiment une bonne nouvelle…
– Qu’est-ce que tu veux dire ? s'enquit Teydo
– Je t’en parlerai le jour où je l’aurai moi-même assimilé. Pour l’heure, il est trop tôt. Pardonne-moi.
– Je comprends mon vieux. Je ressens la même chose à propos de ce que Kahn m’a fait subir. Mais si tu as besoin d’en parler…
– Je sais, Teydo. Je sais…

Golpi Rilim attendait avec impatience le retour de Ka’tar. Le jeune soldat était terriblement déçu d’avoir manqué Kahn lors de sa sortie du bar, et espérait que le noghri rattraperait le coup. Seul être normal dans la petite équipe, il aurait voulu prouver qu’il pouvait se rendre aussi utile qu'un Jedi, alors que ses collègues n'en doutaient pas. A peine sorti de la cuve bacta dans laquelle Reez, l’apprenti de Kahn, l’avait expédié, il avait tenu à participer à cette affaire, et avait été touché que son ami Teydo Pa’aja l’intègre à leur petit groupe.
Il entendit le bruit de répulseurs en approche, et se retourna vers Edo, qui inspectait avec insistance son long fusil de tireur d’élite.
– Sacré modèle… murmura le droïd, apparemment connaisseur.
– Tu t’y connais en flingue ? demanda l’humain.
– Et comment ! rétorqua Edo 27, outré. Ce fusil MK Eradicator me rappelle de vieux souvenirs avec monsieur Sanaka. Si vous saviez combien d’impériaux j’ai abattu avec un des modèles antérieurs à ce machin ! J’en ai même un jour pointé un sur Darth Vader en personne, mais c'est une longue histoire…
Golpi ouvrit de gros yeux ronds.
– Tu sais t’en servir ?
– Décidément, vous me prenez pour une poubelle sur répulseurs ! Je parie que si mes circuits sont remis en état, je vous surpasse au tir aussi facilement qu’un Tie dépasserait un transport en vitesse !
– On verra ça… fit le soldat en souriant.

– Teydo, j’imagine que la Nouvelle République ne sera tout de même pas très tendre avec moi. Tu as dit toi-même qu’on me suspectait encore parfois. Mais les gens doivent savoir : aurais-tu imaginé une seconde que je puisse faire du mal à Alera ? Cette fille était tout pour moi, c’est elle qui me donnait l’impression d’exister et qui me faisait aller de l’avant. J’ai rempli la mission pour Durron, j’ai affronté les indépendantistes… tout ça pour avoir une chance de la revoir. Je crois que je n’ai pas encore réalisé qu’elle ne sera plus jamais là pour m’honorer de son regard… Ce n’est pas juste, Teydo…
En voyant que des larmes perlaient sous les paupières du Jedi, Teydo Pa’aja passa un bras autour des épaules de son ami. Ayant lui-même perdu tous les membres de sa famille, il était le premier à comprendre ce que Kano pouvait ressentir. Et il savait que le pire était à venir. Quand toute cette histoire serait finie et que le Jedi prendrait mieux conscience de l’absence de sa belle…

A cet instant, on frappa à la porte du vaisseau en stationnement. Appelant la Force, Teydo identifia le visiteur et fit signe à Golpi d’ouvrir le sas. Le soldat au corps svelte activa une commande, et la porte coulissa pour laisser apparaître la silhouette impressionnante de Ka’tar. Le noghri Jedi salua Golpi d’un signe de tête, et entra. Il s’approcha de Kano.
– Je suis honoré, Kano. Je vous rencontre enfin.
– Et moi donc, fit l’humain en essuyant ses yeux. Ravi de vous voir.
Ka’tar se tourna pour faire face à tous les passagers.
– C’est fini, fit-il simplement.
Tous le regardèrent pour en savoir plus.
– Le Jedi Noir Kahn est mort, poursuivit-il, exhibant sa griffe pour appuyer ses propos.
Kano se leva et le fixa.
– Alors mon frère est mort… J’aurais aimé lui parler…
– Pas moi, fit sèchement Teydo. Cette ordure n’a eu que ce qu’il méritait.
Choqué par de tels propos, Kano regarda son ami.
– Tu ne dois pas laisser ta colère te dicter ton comportement, Teydo. Kahn a été tué parce qu’il était dangereux, pas pour le punir.
– Ca m’est égal ! hurla Teydo. Je voulais la peau de ce fumier !
Tous le regardèrent avec consternation, ne reconnaissant plus le Teydo Pa’aja si calme qu’ils connaissaient. Ka’tar fronça les sourcils.
– Prenez garde, Teydo du clan Pa’aja. Le Côté Obscur habite vos paroles…
– Je m’en fous ! brailla le Jedi déchaîné. Ce Jedi Noir a pourri ma vie, ce n’était pas à un noghri de le tuer ! J’aurais dû le faire moi, lui rendant au décuple ce qu’il m’a fait subir !
– Calme-toi Teydo, murmura Kano.
– Ta gueule toi ! Tu devrais pourtant me comprendre, il a buté ta copine, comment peux-tu l’admettre ! Tu ne cesses de te lamenter parce que ta vie est un enfer, mais tu es resté caché au lieu de prendre les choses en main !
– Tu ne sais pas ce que tu dis… se lamenta Kano. Un Jedi ne cherche pas la vengeance, mais la justice. Calme-toi, je t’en prie. Ne laisse pas le contrecoup de ta douleur prendre le dessus, ce serait trop dommage alors que tu as tenu bon jusqu’ici.
– Justement, il est temps de réagir ! Ka’tar, dites-moi où est son corps, je veux au moins voir ça.
– Il a plongé dans le gouffre de Nar Shaddaa, fit le noghri calmement. Il l’a fait pour éviter une défaite directe face à moi.
– Ce genre de comportement ressemble bien à celui d’un pourri de Jedi Noir… maugréa Teydo. Il s’en est bien sorti le salaud…
Le silence pesa dans la petite pièce de la navette, chacun sachant que Teydo Pa’aja prenait la mauvaise pente, succombant à sa rancœur, et glissant dangereusement vers le Côté Sombre.
– Nous allons rentrer sur Yavin IV, fit prudemment Kano. Tu discuteras de tout ça avec Maître Kyp Durron.
Teydo marmonna encore quelques trucs sur l’incompétence de certains Jedi, et partit se défouler en prenant les commandes du vaisseau. Les autres se regardèrent, consternés et un peu effrayés. A cet instant, Kano oublia que son ennemi juré était mort et qu’il était le fils de l’Empereur. Il ne songeait qu’à une chose : empêcher son meilleur ami de partir sur la mauvaise voie. Il n’avait pas pu empêcher tout ce qui était arrivé jusqu’ici, mais ne supporterait pas de perdre Teydo. Surtout pas de cette manière.

Il tenta de faire un geste et retint un cri de douleur. Il sentit qu’il était dans un sale état, et qu’il ne parviendrait pas à se lever. Sa chute avait été abrégée par la présence d’une des poutrelles de soutien des turbotrains, sur laquelle il s’était écrasé, évitant de finir des centaines de mètres plus bas sur la surface de la Lune des Contrebandiers.
Quoi qu’il en soit, sa chute aurait dû être mortelle, sans le moindre doute. Il savait bien que son corps était mort, même si son esprit semblait avoir survécu. La Force lui avait permis d’amortir la chute, lui laissant le temps nécessaire pour s’affranchir de son corps. Il l’habitait donc encore, sans que son esprit en dépende. Son corps n’était plus, mais sa force vitale survivait, contenue grâce à la Force Obscure.
Cependant, il ne pouvait partir, son « moyen de locomotion » ayant quasiment fini en bouillie. Il était coincé là, tout comme il avait longtemps été coincé dans son maudit caisson. Il songea qu’il allait avoir à subir une nouvelle fois la désagréable expérience qui lui fournirait un corps provisoire. Ses experts allaient avoir du pain sur la planche.
Pour l’heure, il devait partir d’ici, et vite. Mais aucune solution ne se présentait à lui, bloqué comme il l’était, au beau milieu vide, à des dizaines de mètres des balcons bondés de monde. Il serra les dents et prit son mal en patience.

– Qu’est-ce que tu veux ? grogna Teydo quand Kano entra dans le cockpit.
Ils voyageaient en hyperespace depuis quelques heures déjà à bord du petit vaisseau de voyage, en direction du système Yavin. Edo avait pris l’Arc de Cristal, Ka’tar et Golpi Rilim l’accompagnaient. Ils étaient partis un peu après Teydo et Kano, et il ne faisait nul doute qu’ils étaient eux aussi actuellement en hyperespace.
Kano comptait profiter de cette situation pour échanger quelques mots avec son ami. Mais l’accueil fut assez froid…
– Parler, répondit calmement Kano. Tu n’as pas l’air d’aller fort, Teydo…
– Je suis assez grand. Fiche moi la paix.
– J’aurais pensé que tu réagirais différemment à la mort de Kahn, dit Kano. Et ton attitude n’est pas celle d’un Jedi.
– Tu crois avoir des choses à m’apprendre ? cracha Pa’aja. Ce Jedi Noir s’en est bien tiré, j’aurais dû m’en occuper moi-même. A ma manière…
– Ca n’aurait pas été ta manière, rétorqua Kano. Ca aurait été celle d’un Teydo aveuglé par le Côté Obscur.
Teydo n’apprécia pas le reproche.
– Eh bien je préfère être un Jedi Obscur qui se prend en main plutôt qu’un Jedi minable qui ne fait pas face aux événements !
– Tu ne sais pas ce que tu dis, Teydo, fit un Kano attristé. J’ai fini par comprendre que la mort de Kahn ne ferait jamais revenir Alera ou Marvic. Et ta famille ne reviendra pas non plus. Quoi que tu fasses. Ne fais pas de Kahn le responsable. Il est mort, c’est fini. Oublie-le.
Le Jedi de Koltary regarda son ami dans les yeux.
– Tu ne me comprends pas Kano, dit-il doucement. Ils sont tous morts… Tous. Les uns après les autres. J’ai réussi à canaliser ma rancœur jusqu’ici, mais les actes de ton frère ont été la goutte d’eau qui a noyé le jawa. Ce qu’il m’a fait était injuste, inhumain…
– Je sais Teydo, je sais. Surtout garde ton calme, apaise toi dans la Force. Tout est fini, Kahn est mort et tu as retrouvé ton ami. Tout va bien.
Teydo sembla accepter les paroles de Kano, et il se décida à quitter le poste de pilotage pour aller prendre un repos nécessaire et mérité. Kano resta dans le cockpit pour surveiller. Avant de partir, Teydo se tourna une dernière fois.
– Je suis désolé Kano. Désolé de m’en être pris à toi. Et désolé pour Alera. Je ferai en sorte de me contrôler à l'avenir, et j'évoquerai tout ça avec Maître Kyp. Jusqu'ici, il a toujours su m'épauler.
– Bien sûr Teydo, acquiesça Kano. Et je serai là pour t’aider. Compte sur moi.

Il entendit soudain le bruit de répulseurs en approche, et reprit espoir. De toute évidence, quelqu’un avait enfin constaté qu’il y avait eu un accident. Cela était banal sur Nar Shaddaa, où les rixes et les suicides étaient monnaie courante. Il s’agissait certainement des nettoyeurs qui allaient jeter le cadavre dans le gouffre de la Cité Verticale.
Il entendit des pas sur la poutrelle où son ancien corps démantibulé gisait lamentablement. Il détermina que trois personnes approchaient, tous non-humains à en juger par le bruit caractéristique qu’ils faisaient. Un nikto, un talz et un gamorréen, estima Kahn. Il sentit que l’esprit de l’un d'eux était faible, manipulable, facile à «déloger»…
Les types arrivèrent près de son corps, et brandirent des espèces de balais. Ils récupérèrent ce qui pouvait avoir de la valeur sur le cadavre, et ne trouvèrent que les deux sabres lasers. Ignorant probablement ce que c'était, le gamorréen les rangea dans sa sacoche. Ils entreprirent de pousser le corps hors de la poutrelle de métal de plusieurs mètres de large.
Kahn appela alors à lui les forces les plus obscures de Sith, les pouvoirs les plus sombres qu’il avait pu hériter de l’Empereur Palpatine. La puissance obscurcie vint à lui telle une tornade, et il la laissa imprégner son âme.
Le corps tomba enfin du rebord après un coup de balai, et disparut de nouveau dans l’obscurité, sans escale cette fois-ci. Quel dommage, songea Kahn, mes experts vont avoir du boulot. En effet, le Jedi Noir n’avait aucune envie de traîner dans son nouvel hôte, guère plus agréable que son caisson. L’existence de gamorréen ne le tentait pas du tout.

Kano posa le petit vaisseau sur une des pistes aménagées sur Yavin IV. Quand il quitta le cockpit, il vit que Teydo avait déjà ouvert le sas et s'apprêtait à sortir. Kano s'approcha de son ami.
– Je doute que l'accueil soit très chaleureux… murmura-t-il.
– Moi aussi, répondit Pa'aja. Tu as ici autant de défenseurs que de détracteurs. Ca risque d'être agité…
Les deux hommes posèrent pied sur le sol de la quatrième lune du système Yavin. Cette petite lune recouverte de jungle avait servi de base à l'Alliance Rebelle un moment, jusqu’à l’affrontement contre la première Etoile Noire, où la lune avait échappé in extremis à la destruction. Dix ans après, Luke Skywalker l'avait reconvertie en Académie Jedi, qui accueillait depuis près de treize ans des personnes sensibles à la Force, venant de tous les coins de la galaxie. Kano et Teydo connaissaient tous deux cet endroit, pour y avoir passé une partie de leur vie.
– Je me souviens, fit Kano. J'ai vécu ici, avec Maran. Et c'est là que Durron m'a emprisonné il n'y a pas si longtemps…
Il reconnut les gigantesques temples Massassi qui servaient de logement aux étudiants. La piste d'atterrissage était un peu à l'écart, et était déserte. Seules trois personnes attendaient patiemment l'arrivée des visiteurs. Kano et Teydo les reconnurent facilement grâce à la Force. Ils s'approchèrent et saluèrent les trois Maîtres Jedi.
– Vous êtes ici chez vous, dit Tionne en leur souriant.
Les souvenirs se précisèrent dans la mémoire de Kano. Lors de son emprisonnement par Kyp Durron, il n'avait pu rencontrer personne. Mais cette rencontre lui apportait beaucoup. Il rendit son sourire à Tionne. La belle historienne Jedi aux cheveux argent était depuis peu administratrice de l'Académie, avec son compagnon Kam Solusar, que Kano salua également. Puis il se tourna vers Streen. Le vieil ermite originaire de Bespin gérait l'Académie à l'époque où Kano, âgé de douze ans, y était arrivé. Streen l'avait accueilli et aidé, ainsi que Maran Cahru.
Teydo sonda également l’Académie avec la Force pour détecter les amis qu’il s’y était fait En particulier, il avait sympathisé avec une jeune fille, une certaine Gaya. Mais trois ans auparavant, Gaya avait laissé éclater son désaccord avec l’Ordre Jedi. En effet, elle avait toujours été d’un tempérament disons… agité, et les conflits avec les Maîtres étaient nombreux. Elle était donc partie en claquant la porte, et n’avait jamais plus donné de nouvelles. Teydo espérait toujours qu’elle donne un jour signe de vie. Kano avait également eu l’occasion de la croiser, mais il avait déjà quitté l’Académie quand elle y était arrivée et ne l'avait côtoyée que de temps en temps lors de ses visites pour voir Teydo.
– Ravi de vous revoir, Maître Streen, dit Kano. Et ravi aussi de me souvenir de vous.
Streen lui sourit, avec cet air absent qui était le sien.
– Bienvenue chez toi, Kano. Bienvenue aussi à toi, Teydo. On vous a aménagé une chambre, et un hangar accueillera vos vaisseaux. Nous avons pas mal de choses à régler.
Kano et Teydo se sentirent mis en confiance. Les trois personnes qu'ils avaient vues étaient indéniablement de leur côté.

Streen leur servait la boisson locale, quand Kano entendit le bruit familier des répulseurs de l'Arc de Cristal. Il jeta un œil dehors, et vit enfin Ka'tar qui descendait, suivi de Golpi Rilim. Ce dernier semblait mal à l'aise, n'ayant probablement jamais mis les pieds sur la légendaire lune de l’Académie Jedi.
Quelques étudiants s'approchaient enfin, et Kano put constater avec quel respect Ka'tar était traité. Edo ne regarda même pas dehors, trop occupé à entretenir le vaisseau. Ka'tar rejoignit Teydo, Kano et Streen.
– Salut Ka'tar, bon vol ? demanda Kano en souriant.
– Refaites-moi encore une fois ce coup-là et vous subirez le même sort que Kahn, plaisanta le noghri en grognant. Entre ce droïd qui raconte ses exploits et cet humain qui le soutient en lui parlant fusils, j'ai bien cru que mes griffes allaient déraper. Bonjour, Maître Streen.
– Bonjour Ka'tar. Nous sommes tous fiers de toi.
Tout le monde savait déjà que le noghri avait neutralisé le Jedi Noir qui avait fait accuser Kano. Ce dernier était donc jugé innocent, mais beaucoup continuaient à le suspecter. Il s'en rendit vite compte quand un groupe de Jedi aux vêtements flamboyants s'approcha de la terrasse.
– Salut Kano, persifla Ganner Rhysode. C'est bien la vie de Jedi Noir ?
Le Jedi aux longs cheveux d'ébène le toisait de haut. Ganner, suivi de quelques acolytes, n'était pas un mauvais bougre. Mais il courait après la gloire, et n'appréciait pas que ce soit le groupe de Pa'aja qui ait arrêté Kahn. Au fond de lui, il devait espérer se rattraper en démasquant Kano.
– Tu aurais pu demander à Kahn, rétorqua Teydo. Mais il est mort…
– Pas grave, fit Rhysode. Je me rattraperais avec son frère.
– Rhysode, vous savez que… commença Kano.
– Que tu es innocent. C'est ça. Je veux bien te laisser une chance, Kano. Mais au moindre dérapage, je prends les choses en main.
– Fiche lui la paix, Ganner, retentit une voix. Il en a déjà assez pris comme ça, et il est innocent.
Kano hoqueta en voyant qui avait dit ces mots. Il n'aurait jamais imaginé que Kyp Durron prenne ouvertement sa défense. De nombreux Jedi et apprentis s'étaient rassemblés, et l'arrivée du célèbre Durron fut un coup de théâtre.
Kyp approcha, serra la main de Teydo, puis celle de Kano, à la plus grande surprise de celui-ci. Il observa Ganner Rhysode.
– Va faire un tour, Ganner. Je veux parler à Kano.
Ganner maugréa quelque chose, et fit demi-tour, suivi par quelques uns de ses compères. Cette bande était fidèle à Durron et à ses méthodes radicales, et devait avoir du mal à comprendre le comportement de leur leader.
– Je m'y attendais, fit Kano.
– Désolé, dit Kyp. C'est un peu de ma faute, c'est moi qui ai commencé à vous pourchasser. Alors comme ça Kahn est mort ?
– Je confirme, miaula Ka'tar.
– Bon. Mais cette histoire n'est pas finie.
– C'est-à-dire, Maître Kyp ? demanda Teydo.
– Il reste certains points obscurs. En particulier comment ce Jedi Noir est passé de son caisson à un corps identique à celui de Kano. En bref, où cache-t-il ses cylindres de clonage…
– Vous semblez persuadé qu'il m'a cloné, fit Kano.
– Vous voyez une autre solution ? Il vous a emprisonné pour prendre votre corps, le corps d'un Jedi qui soit stable. En même temps, il en a profité pour faire des clones et s'en servir comme corps provisoires. Il a commis des crimes avec et vous en avez été accusé.
– Ca se tient, intervint Teydo. Et ces corps clonés ne le satisfaisaient pas.
– Tout à fait, avança Ka'tar. Lors de notre affrontement, j'ai senti distinctement que ces hôtes ne supportaient pas la Force brute. Kahn dépérissait à chacune de ses attaques. J'estime qu'il était à 50% de son potentiel. Je ne peux pas prédire quelle aurait été l'issue du combat s'il avait été en pleine possession de ses moyens. Kahn était dangereux, mais nous avons profité de sa faiblesse pour le vaincre. Heureusement qu'il n'a pas acquis le corps de Teydo ou de Kano.

Les Jedi restèrent silencieux un moment. Debout en retrait, Golpi Rilim ne semblait pas comprendre grand chose.
– Donc il avait une batterie de corps disponibles, mais voulait un vrai corps de Jedi pour utiliser ses pouvoirs, reprit Streen. Nous avons évité le pire. A présent, nous devons retrouver ces cylindres de clonage avant que les Survivants ne les récupèrent.
– Oubliez les Survivants, le coupa Kano. Pellaeon a réglé le problème.
– Je l'ignorais mais c'est tant mieux, fit Kyp Durron. Je vais m'occuper de cette histoire de clonage. Maître Skywalker est au chevet de sa femme, alors je prends la responsabilité de cette affaire.
– Parfait, dit Streen. Ka'tar, Kano, Teydo, ainsi que vos amis, vous pouvez rester sur Yavin IV autant de temps que vous le voudrez. Comme dans le temps, Kano… Je veillerai à ce que les soupçons de certains Jedi ne gâchent pas votre séjour.
– Merci Streen. Merci pour tout.
Kano se leva pour aller redécouvrir ce site où il avait vécu plus de trois années, et qui était devenu son foyer même après la fin de ses études. Teydo resta un moment seul avec Streen.
– Maître Streen… Toujours pas de nouvelles de Gaya ?
– Hélas non, se désola le vieil homme. Cela fait déjà trois ans qu’elle est partie, et je suis inquiet de ne pas avoir de nouvelles.
– Moi aussi… murmura Teydo.
Gaya avait été une amie très proche, bien qu’ils ne se soient connu que pendant un an. Teydo était arrivé alors que Gaya était là depuis deux ans. Puis un an plus tard, la jeune femme avait fait ses valises et dit leurs quatre vérités à quelques Jedi.
Au fond de lui, Teydo souffrait beaucoup de l’avoir perdue. Encore une des personnes qu’il aimait qui disparaissait, renforçant son impression d’être maudit. Gaya avait eu des désaccords avec beaucoup de monde, mais était toujours restée proche de Teydo. Ce dernier était déçu qu’elle n’ait pas gardé contact au moins avec lui.
– Gaya n’est pas une mauvaise fille, ajouta Streen. Mais je redoute ce qu’il peut advenir d’elle.
– Elle est trop forte pour se laisser avoir par le Côté Sombre ! fit Teydo en se forçant à sourire.
– C’est vrai, acquiesça le vieil homme. Je garde espoir malgré les années. Si un jour elle en éprouve le besoin, elle reviendra. Elle sait que nous serons toujours prêts à l’accueillir.
– Si un jour elle revient… marmonna Pa’aja, lugubre.

Kahn détestait ces non-humains qui parlaient des langues plus incompréhensibles les unes que les autres. Nul doute qu'il tenait cet ostracisme de l'Empereur… Et se retrouver dans le corps d'un gamorréen baveux était une expérience insupportable. Le gros extraterrestre semblable à un sanglier à deux pattes puait et suintait à outrance.
Ceci dit, le corps extraterrestre disposait d'une certaine force physique, et Kahn comptait en profiter. L'équipe de nettoyeurs était en route vers une autre tâche, et Kahn refusait de faire ce sale boulot. Mais il prit son mal en patience.
Un quart d'heure plus tard, les trois non-humains garaient leur engin à répulseurs près d'un petit parking, où deux gangs s'étaient affrontés. Il y avait quelques cadavres à nettoyer, la routine quoi. Le talz partit le premier, et Kahn en dernier. Dès que ses compagnons eurent le dos tourné, il saisit la vibro-hache de l'un des cadavres. Les deux extraterrestres n'eurent même pas le temps de se défendre. Kahn se servit de ses gros bras de gamorréen pour transporter puis dissimuler les cadavres mutilés, avant de partir avec l'appareil de service pour aller récupérer son vaisseau personnel. Il s'assura que les deux sabres laser étaient encore dans sa sacoche.
Quelques temps plus tard, il quittait enfin la Cité Verticale. Kahn n'était pas ravi, et mettre un Jedi Noir en colère n'était jamais une bonne idée. Tout d'abord, Teydo Pa'aja avait mis son corps originel en lambeaux. Puis son frère Kano lui avait échappé alors qu'il comptait s'emparer de son corps. Pa'aja aussi avait fui, après avoir tué son élève Reez. Mais un troisième ennemi s’était mis sur la route de l'Héritier de l'Empereur. Le noghri Ka'tar avait osé lever la main sur lui, le forçant à prendre la carcasse déshonorante d'un non-humain.
Mais Kahn aurait sa vengeance, le jour où il disposerait d'un corps stable et valable. Ce jour là, Ka'tar serait le premier à payer, puis ce serait le tour de Teydo Pa'aja. Ensuite, il mettrait à exécution son plan concernant Kano. Et enfin, tous les Jedi de la galaxie auraient à se mettre à genoux devant Darth Kahn.
Celui-ci s'éloignait de Nar Shaddaa, et put enfin passer en hyperespace. Une fois ceci fait, il alla s'étendre sur la couchette de son petit vaisseau de type Incendiaire.
Il lui arriva soudain un phénomène qu'il n'avait jamais connu. Les Jedi étaient souvent sujets à des visions, et Kahn apprit que les Jedi Noir n'en étaient pas privés. Des images criantes de vérité assaillirent son esprit, et il se laissa porter inconsciemment par le flux révélateur de la Force.

Accroupi au sommet d'un temple Massassi, Teydo Pa'aja goûtait au calme d'une méditation Jedi. Mais il perçut tout de même l'arrivée de son ami.
– Salut Kano. Ca va ?
Il réalisa la stupidité de ses paroles. Depuis quelques jours, Kano semblait retrouver la mémoire de plus en plus vite. Mais surtout, il devait faire face à la réalité de la mort d'Alera. Jusqu'ici, son combat contre son destin et contre Kahn avait accaparé son esprit. Mais à présent la dure vérité revenait à lui, le frappant de plein fouet. Kano s'assit auprès de son ami.
– Kano… si je peux faire quelque chose…
– Elle ne méritait pas ça, Teydo. C'était une fille bien…
– Je sais. Et toi non plus tu ne mérites pas ça. Ce n'est pas juste.
– Rien n'est juste dans cette galaxie, affirma Kano. Pourquoi Marvic, Maran et Alera sont-ils morts à ma place ? Et pourquoi suis-je le fils de Palpatine ?… Pourquoi moi ?
Teydo resta bouche bée.
– Comment l'as tu su ? réussit-il à demander, la surprise passé.
– Pellaeon me l'a dit… fit tristement Kano. Si Rhysode et les autres l'apprennent, je ne donne pas cher de ma peau.
Bouleversé par une telle révélation, Teydo pensa avant tout à soutenir son ami en détresse.
– Mais Pellaeon a pu se tromper… Et puis ça ne change pas ce que tu es devenu. Compte sur mon silence. Pour moi, qui que soient ton père et ton frère, ça m'est égal, tu restes Kano. Et je ne veux pas en savoir plus sur tes origines, je m'en moque. Ne dis plus rien, pense à ta nouvelle vie.
– Une vie sans Alera… fit Kano, qui passa une main pour essuyer la larme salée qui coulait jusqu'à ses lèvres. Sans Alera.

Kahn se réveilla en sueur, ce qui était particulièrement désagréable quand on était un gamorréen. Le vaisseau venait de sortir de l'hyperespace aux coordonnées prévues. Il rejoignit le cockpit, et vit quelques vaisseaux arrimés à sa station expérimentale. Parfait, se dit-il, mes experts sont là. Je vais bientôt pouvoir quitter cette carcasse puante…Ces idiots ne vont pas me reconnaître, je vais devoir leur faire comprendre qui est le chef ici.
Kahn avait le sourire aux lèvres. Il avait confiance en la vision qui avait agité son sommeil pendant tout le trajet, lui disant précisément où aller et comment. Comment arriver une bonne fois pour toutes à ses fins. Kahn en savait peu sur les visions de la Force, mais il pensait possible que l'Empereur en personne soit venu de l'au-delà pour lui apporter cette solution, qu'il avait dû soigneusement préparer pour ses Héritiers.
Il tenait enfin la possibilité d'être un Jedi Noir puissant, et même plus que ça. Le pouvoir de Sith l'attendait. Mais il attendait aussi Kano, Kahn avait eu le malheur de le constater dans sa vision. Les Forces de Sith réclamaient les deux Héritiers, les deux moitiés, et Kahn devrait mettre son frère à ses côtés lors de l'ascension. Kahn savait depuis longtemps que Kano n'avait que deux choix : accomplir son destin ou périr, et le Jedi Noir serait impitoyable si son frère le trahissait et se mettait en travers de son chemin.
Au fond de lui, Kahn avait des sentiments partagés. D'un côté, il voulait faire payer à Kano, et garder l'Héritage de l'Empereur pour lui tout seul, afin de régner sur la galaxie. Mais d'un autre côté, une sorte de lien fraternel le poussait à s'associer à sa deuxième moitié, pour qu'ils accomplissent ensemble ce qu'ils avaient à faire. Il souhaitait en fait que son frère soit avec lui, qu'ils trouvent plus de puissance dans leur union, et qu'ils dominent ensemble les autres êtres vivants de la galaxie.
Pour l'heure, il n'avait plus qu'à se "changer", puis à mettre le cap vers les marais de Dromund Kaas. Kano viendrait à lui le moment venu.