Au beau milieu de la nuit, Kano fut tiré de ses songes par une sensation étrange, mais bizarrement familière. Une sonnette d'alarme venait de retentir dans son esprit, et il n'eut aucun mal à l'assimiler à sa sensibilité à la Force. Celle-ci avait la faculté de développer un sixième sens, et c'est ce dernier qui l'avait fait sauter hors du lit. Un sens aigu du danger, qui l'avait déjà aidé à se réveiller dans la cabane en pleine jungle. La Force le prévenait.
En un éclair, il avait enfilé un pantalon et tenait son sabre laser, éteint pour le moment. Il eut l'étrange sensation d'avoir manié cette arme toute sa vie, et se sentait de plus en plus serein à son contact. L'entraînement avec Edo avait porté ses fruits, et des rêves de plus en plus clairs témoignaient de son entraînement passé de Jedi. Malgré sa réticence à utiliser ses pouvoirs, il se prépara à s’en servir, pressentant que le combat allait être inévitable. Il prit confiance en lui et se tint prêt. Si la Force l'avait réveillé de cette manière, il devait y avoir une raison.

Il ne tarda pas à être fixé. Des détonations de tirs de blasters lui parvinrent, en provenance du rez-de-chaussée. Kano resta calme, et pour la première fois depuis le début de son amnésie, il fit volontairement appel à la Force pour se concentrer. Avec une étonnante facilité, il perçut la présence d'intrus dans la maison. Outre Marvic, Alera et lui-même, il ressentait la présence de cinq individus. Et il sentit vite qu'ils n'avaient guère d'intentions amicales. Il effleura leurs esprits, et découvrit des brutes assoiffées de sang, mais pas franchement malines.
Les tirs de blasters continuaient, et des bruits de bottes se firent entendre sur le plancher en bois de la vieille maison. Les agresseurs se déployaient, et Kano serait bientôt encerclé. Las de fuir et furieux d'avoir été réveillé, il se décida à se battre pour donner une leçon à ces personnes malpolies.

Marvic Sanaka fit pivoter le tableau holo de son vaisseau et admira son arsenal. Son choix se porta sur deux magnifiques pistolets Blastech, qu'il attrapa et arma. Il referma la cachette, et observa ses armes. Les deux pistolets étaient en acier chromé, et brillaient dans la lumière du vaisseau. Les pistolets Blastech étaient très précis, leurs longs canons propulsant le laser à toute vitesse. Un viseur aidait à atteindre les cibles à grande distance. Marvic était ambidextre, et tirait aussi bien des deux mains. Les personnes qui s'étaient introduites chez lui allaient le regretter. Edo se tenait derrière lui, attendant les instructions.
– Edo, garde le vaisseau, et neutralise tout intrus qui monterait à bord. Prépare-toi aussi à un éventuel décollage.
– Avec plaisir, monsieur.
Edo était ravi. Enfin un rôle intéressant. Marvic ne l'avait pas aussi bien programmé et équipé pour passer son existence à faire le ménage. Il regarda son maître s'éloigner, et ferma la rampe d'accès au vaisseau. Les droïds ne connaissaient théoriquement pas la peur, et Edo se sentait d’humeur à se défouler.

Kano ne voulait pas se jeter tête baissée dans le combat. Soudain, un cri de femme lui rappela qu'il n'était pas le seul en danger. Le cri ne pouvait provenir que d'Alera. Les assaillants, certainement des chasseurs de primes, étaient là pour lui, il en était sûr. Et il ne se le pardonnerait jamais si le moindre mal était fait à l'un de ses hôtes.

Marvic, avec l’âge, n'avait pas perdu la forme, loin de là. Il surgit dans la salle de séjour, et ouvrit immédiatement le feu. Un coup d’œil lui avait suffi à localiser ses cibles. Il repéra trois adversaires. Il resta un instant à découvert, arrosant ses ennemis de lasers tirés avec précision. Un rodien fut touché simultanément par les deux pistolets, et mourut sur le coup en poussant un hurlement strident. Quand les deux autres réagirent enfin, Marvic décida de s'abriter. Des rafales de lasers passaient au-dessus de lui. Soudainement, il se leva et tira à nouveau, inondant méthodiquement de lasers les zones où étaient cachés ses ennemis, qui ne s’attendaient certainement pas à une telle résistance de la part d’un vieillard. Il vit nettement un twi'lek s'effondrer en braillant. Mais l'extraterrestre n'était que légèrement atteint, et se remit à tirer peu après, tout comme un dévaronien qui ravageait le mobilier avec sa carabine blaster de gros calibre. Les meubles en bois volaient en éclats. Marvic, plus malin que les chasseurs de primes, était derrière un mur. Le dévaronien avait choisi une table comme abri, et une rafale de lasers eut vite fait de réduire à néant sa protection. Il hurla et fila se cacher près de l’escalier.
Les chasseurs de primes communiquèrent dans un langage que Marvic ne comprenait pas. Le twi'lek continuait à tirer, alors que le dévaronien commençait à gravir les escaliers. Il devait en vouloir à Kano. Mais le vieux Sanaka pensa surtout à sa fille. Furieux qu'on puisse lui faire du mal, il jaillit de sa cachette, tirant dans tous les sens. Le twi'lek préféra rester à l'abri. Marvic se préparait à le suivre pour l'abattre, quand une voix derrière lui l'interpella.
– On arrête de jouer, Papy. Lâche tes flingues, c'est pas toi qu'on veut.
Marvic n'avait pas vu qu'un humain avait fait le tour de la maison pour passer par le hangar et le prendre par derrière. Mais il ne se rendrait pas, question d'honneur. Lors de son passage dans l’Académie Impériale de Carida des décennies auparavant, son supérieur dans les Sections Spéciales avait dit qu’une mort honorable pour l’Empire était préférable à un échec humiliant. Marvic avait depuis longtemps renié toute loyauté envers l’Empereur, mais la dignité continuait à le préoccuper. Il tenta de se tourner pour abattre son agresseur, mais eut juste le temps de voir le rayon d'énergie qui le touchait de plein fouet.

Pendant ce temps, Kano se précipitait dans la chambre d'Alera, craignant le pire. Il trébucha sur un cadavre, et faillit hurler. Mais il se ravisa quand il constata que la victime n'était pas celle qu'il attendait. Sous ses pieds gisait un weequay, l'un des chasseurs de primes de la cabane. Face contre terre, il paraissait bel et bien mort. De plus, Kano remarqua le trou fumant dans son dos. D'un assez petit diamètre, il était caractéristique d'un petit blaster.
Kano leva la tête. Adossée au mur, pleurant la tête dans les mains, Alera contrastait avec ce tableau morbide. A ses pieds, elle avait laissé tomber un mini-blaster. Kano éteignit son sabre, s'approcha lentement d'elle, et la prit délicatement dans ses bras.
– Oh mon dieu, qu'est-ce que j'ai fait, pleurnicha-t-elle, en levant vers Kano ses yeux remplis de larmes.
– Vous avez sauvé votre peau, Alera, lui murmura Kano. Vous avez fait ce qu'il fallait.
– Mais je l'ai tué ! se rebella la jeune femme, visiblement choquée par son acte.
– C'était lui ou vous. Je pense franchement que vous avez fait le bon choix.
Alera sembla se calmer. Elle désigna le blaster à ses pieds.
– Mon père a toujours tenu à ce que je garde cette chose dans mon tiroir.
– Et ça vous a sauvé la vie, lui assura Kano.
– Mais enfin Kano, qu'est-ce qui se passe ? demanda Alera.
– Je crois qu'on a de petits soucis. J'espère que votre père va bien.
A l'évocation de son père, la jeune femme se ressaisit, ramassa son blaster, et s'approcha du corps du weequay, pour s'apercevoir qu'il respirait encore faiblement. Ces types voulaient faire du mal à son père. Pas question. Fixant l'extraterrestre agonisant, elle braqua son mini-blaster.
– Vous avez frappé à la mauvaise porte, lâcha-t-elle.
Puis elle vida le chargeur de sa petite arme sur l'individu au sol, lui arrachant des cris de douleur. Il finit par se taire. Son corps eut quelques soubresauts, et il mourut enfin.
Surpris et choqué par ce brusque changement d'attitude et cette frénésie meurtrière, Kano ne sut que dire. Mais Alera s'était déjà précipitée hors de la chambre, bien décidée à protéger son père.
Kano fut prompt à réagir, et la rejoignit en haut de l'escalier. Ils se trouvaient dans un petit couloir, à l'étage. Derrière se trouvait une fenêtre couverte de rideaux. Et de là, une voix les interpella.
– On ne bouge plus les enfants, ordonna la voix dans un basic à l'accent guttural.
En se retournant, Kano reconnut le dévaronien, un autre des chasseurs de primes de la cabane. Il braquait vers eux son fusil blaster de gros calibre.
– Ne faites pas les malins. Posez vos armes. Sabre laser compris.
Lentement, les deux jeunes gens s'exécutèrent. Apparemment, le dévaronien n'avait pas apprécié le fait que Kano fasse un petit tour avec son speeder, et que ses collègues aient été obligés de détruire son véhicule. A présent, il n'avait pas l'air de rigoler. Le calibre de son fusil était assez dissuasif, et Kano doutait qu'il soit capable d'arrêter un tel tir avec son sabre laser.

Il obéit donc et se baissa prudemment pour poser son arme au sol. A côté de lui, Alera paraissait terrorisée et avait elle aussi laissé tomber son blaster. Le dévaronien les toisa un moment, visiblement de mauvaise humeur. Pour éviter toute mauvaise surprise, il s'était adossé à la fenêtre du fond. De là, personne ne pourrait le surprendre par derrière.
De toute évidence, les chasseurs de primes n'avaient aucun plan précis en arrivant. Ils s'étaient précipités dans la maison, sans même savoir qui s'y trouvait exactement. Le weequay s'était précipité à l'étage, suivi peu après par le dévaronien. Kano était persuadé qu'au moins l'un d'eux avait déjà eu affaire à Marvic. L'un d'entre eux était hors d'état de nuire. Le second se tenait juste devant eux. Kano ignorait si le vieux Marvic était en mesure de tenir tête aux autres. Ce qu'il ignorait également, c'était comment ils avaient pu apprendre où se cachait Kano. Car c'était bien à lui qu'ils en voulaient, certainement pas aux Sanaka. Peut-être un voisin l'avait-il aperçu et avait déclaré quelque chose de suspect aux impériaux, qui avaient envoyé des chasseurs de primes à leur solde pour ne pas se salir les mains et se ridiculiser en envoyant toute une escouade pour attaquer un jeune homme, une femme et un vieillard.

Kano se ressaisit. Ce qui importait pour l'instant, c'est de se débarasser de cette créature cornue, qui n'avait pas l'air bien futée et qui les menaçait avec un flingue des plus impressionnants. Le couloir était très étroit, et il y avait peu de chances qu'il tire dans le vide s'il ouvrait le feu. Lui et Alera seraient inévitablement touchés, et n'y survivraient pas. En outre, son sabre laser était à ses pieds. Certes, il pourrait tenter de le faire léviter jusqu'à sa main grâce à la Force, mais il n'était pas tout à fait confiant dans ses pouvoirs. Il savait que s'il faisait le moindre geste, le dévaronien se ferait un plaisir de lui faire un beau trou dans le ventre. Ce qu'il finirait bien par faire de toute façon. A moins que les impériaux ne le veulent vivant.
– N'essaye pas de tenter un coup foireux, Jedi, grogna l'extraterrestre. Ou je dégomme ta copine. T'as compris ? Tu sais, j'ai pas apprécié que tu me voles mon speeder. Mais avec ma part de la prime, je m'en repayerai un flambant neuf !
Kano acquiesça.
– Ecoutez, c'est moi que vous voulez, n'est-ce pas ? Alors laissez partir cette jeune femme, elle ne vous a rien fait. Pareil pour son père. C'est entre vous et moi, n'y mêlez pas des innocents.
– Mets un coup de pied dans ton sabre, continua le dévaronien. Pareil pour le blaster. La fille reste ici, on lui trouvera bien une utilité. Il y a des gens qui payeraient cher pour une jolie fille comme elle, sur Nar Shaddaa.
Le Jedi sentit la colère monter en lui. S'ils touchaient à Alera… Elle rêvait de quitter Tabal, mais certainement pas pour finir esclave d'un baron de la pègre louche… Il inspira pour laisser sa colère refluer de son esprit. Enervé, il n’aurait pas les idées claires. Il aurait besoin de l’aide de la Force, mais dans le bon sens.
Kano et Alera frappèrent dans leurs armes respectives. Toutes deux glissèrent sur le plancher en bois pour atteindre le dévaronien, qui stoppa la course du sabre avec sa botte. Le blaster était à peine à quelques centimètres.
Ce fut le moment que choisit Kano pour tenter sa chance. Le sabre gisait à présent aux pieds du dévaronien, et le jeune Jedi nota que l'orifice de sortie de la lame était orienté vers son adversaire. Quant au bouton d'activation, il était orienté vers le blaster.
Kano invoqua la Force, et la sentit l'envahir. Il redirigea l'énergie psychique vers le blaster, sans même que le dévaronien s'en rende compte. Il eût été trop dangereux et trop long de porter l'arme à ses mains, il était trop loin et il n’avait pas suffisamment confiance en la maîtrise de ses pouvoirs. Il se contenta de faire diversion.
Le blaster, porté par la Force, glissa doucement sur le plancher pour percuter la sabre. Le dévaronien ne voyait pas le manège qui se déroulait à ses pieds. Il parlait à Kano, qui n'écoutait pas et restait concentré sur la Force. L’énergie l’entourait. Il ne s’en servait pas uniquement, il coopérait avec elle. La Force était son allié, et il se demanda si ce n’était pas elle qui avait suggéré cette astuce.
Il fit frotter le blaster au sabre. Finalement, la crosse du blaster heurta la poignée d'activation du sabre laser. Dans un crépitement, la lame se mit en marche au sol. En se déployant, elle transperça le pied du dévaronien. Celui-ci hurla de douleur et tomba à genoux.
Kano comptait attaquer, mais le blessé se reprit vite. Oubliant sa douleur, il se dressa sur ses genoux et releva son arme. Il visa soigneusement, bien décidé à atteindre sa cible. Kano improvisa, ou plutôt la Force le fit pour lui. Il mit sa main en avant, la paume dirigée vers le dévaronien. Puis il concentra la Force et la projeta sur son adversaire.
Comme balayé par une tornade, le dévaronien fut soulevé de terre et propulsé en arrière. Il percuta la fenêtre, la brisant en mille morceaux, et fut défenestré. Les rideaux étaient arrachés, la fenêtre cassée, mais ils étaient débarrassés du chasseur de primes. La scène s'était déroulée à toute vitesse, mais la Force avait aidé Kano à maîtriser les événements.
Tombée à terre, ce fut Alera qui, en se relevant, constata que le dévaronien avait fait feu avant de partir. Le plafond, bien qu'épais, était purement et simplement transpercé sur un diamètre de près de vingt centimètres.
– On a eu chaud, lâcha Kano. Il va falloir que ce fumier paye les réparations. Tant pis pour son speeder.

Après avoir ramassé leurs armes, les deux jeunes gens dévalèrent les escaliers, pour découvrir une salle de séjour transformée en champ de bataille. Alera vit tout de suite son père gisant sur le sol, du sang constellant sa chemise blanche. Kano observait la pièce. Les meubles étaient en pièces, les murs couverts d'impacts de lasers, et une odeur d'ozone emplissait la pièce. Alera se précipita vers son père. Kano, plus lucide, remarqua l'humain au fond de la pièce, le blaster encore fumant. Il n'avait jamais vu ce chasseur de primes, qui était probablement le chef de la bande. Dans un autre coin de la salle, il vit le rodien, la poitrine carbonisée par des tirs de blaster. Une incroyable puanteur se dégageait du cadavre. Alors qu'Alera parlait en pleurant à son père grièvement blessé, le chasseur de primes humain prit la parole.
– J'ai horreur d'abattre quelqu'un qui n'est pas ma cible. Mais je n'avais pas le choix. J'imagine donc que c'est toi, le Chevalier Jedi Kano.
– C'est moi, répondit l'intéressé. C'est pas une raison pour que tu tues qui que ce soit.
Apparemment, il était connu comme un Chevalier Jedi à part entière. Sa formation devait être terminée. Cette idée lui donna confiance en lui, sachant que sa maîtrise de la Force était justifiée.
L'homme braqua son arme. Petit, les cheveux noirs et longs, il avait des traits durs qui montraient sa longue expérience d'impitoyable chasseur. Sans aucune autre forme de jugement, il se prépara à faire feu.
Kano para le premier tir, le second, sans réfléchir, puis appela la Force. Il banda ses muscles, et la Force l'aida à sauter. Il fit un saut prodigieux, s'élevant à plusieurs mètres de hauteur, il pivota en l'air pour se retrouver la tête en bas. Fondant comme un aigle sur l'humain, il fit fouetter sa lame et trancha le bras armé de son ennemi, qui n'avait absolument rien compris à la scène.
Pivotant de nouveau, Kano retomba à terre en même temps que le bras du chasseur de primes. Celui-ci ne cria même pas, mais tomba à genoux en gémissant. Il tenait de sa main valide son moignon carbonisé.
– Pourriture de Jedi, grommela-t-il. Vous êtes la plaie de cette galaxie. Tue-moi, Jedi. Et vas en enfer.
Kano, placé derrière lui, éteignit son sabre.
– Pas cette fois. Je te laisse en vie, pour que tu puisses raconter à tes copains impériaux qu'on ne tue pas impunément les amis de Kano. Je pense que la perte de ton bras et le châtiment des impériaux seront une punition suffisante. Mais ne recroise jamais ma route.
Furieux, l'humain insulta Kano, qui lui tournait déjà le dos. Mais il saisit l'occasion, et détala en vitesse sans demander son reste.

Alera pleurait toujours quand Kano s'agenouilla auprès de Marvic. Celui-ci agonisait, et respirait difficilement. Ses traits étaient contractés, reflétant sa douleur. Mais il ne se plaignit pas. Son état était critique, mais il restait solide comme un roc. Ses dernières paroles furent pour Kano.
– Fiche le camp, petit. Prends mon vaisseau et mon droïd. Emmène ma fille. Ce sont les seules choses auxquelles je tienne. Et je veux que ce soit toi qui t'en occupes. S'il te plaît, rends Alera heureuse. Elle le mérite.
– Mais pourquoi moi ? articula Kano, la gorge nouée par l'émotion.
– L'autre Jedi, je l'ai aimé comme un frère. Toi, je t'aime comme un fils. Vas-y, à présent. Je crois en toi.
Il sourit au jeune homme, avant que sa fille prenne sa tête contre son corps, déversant ses larmes sur les cheveux de son père. Marvic leva la main, lentement, en direction de la porte. Kano comprit. Il ne voulait pas mourir inutilement, les jeunes gens devaient fuir.
Marvic Sanaka rendit son dernier souffle, couvert par les sanglots de sa fille. Kano tenta de garder son sang froid, se retenant pour ne pas hurler et fondre en larmes. Il perdait celui qu'il avait accepté comme un père.

Il attrapa la main d'Alera et la tira de la dépouille de son père. Quelqu'un venait d'entrer dans la maison, et ils n'avaient pas le temps de traîner. De toute évidence, les impériaux avaient perdu patience et se décidaient à intervenir. Kano et Alera se précipitèrent vers le hangar.
L'Arc de Cristal les y attendait. Alera traînait, criant le nom de son père. Kano entra le code qui faisait sortir la rampe d'accès du vaisseau. Celle-ci se mit lentement à descendre, quand un pressentiment fit se retourner Kano. Il tomba nez à nez avec le twi'lek, qui les avait attendus dans le hangar. Il avait oublié que les agresseurs étaient au nombre de cinq. La créature blanche, avec ses yeux rouges et ses appendices tentaculaires sur la tête, tenait dans sa main griffue un blaster chargé à blic. Kano avait raccroché son sabre à sa ceinture, et doutait d'avoir le temps de le dégainer. Le twi'lek le tenait en joue, prêt à tirer, alors que la rampe d'accès à l'Arc de Cristal finissait de descendre.
– Tu vaux plus cher vivant, Jedi, grogna l'extraterrestre dans un mauvais basic. Mais j'en ai assez de jouer. Tu vas à présent pouvoir faire un avec la Force !
Kano remarqua alors que son adversaire était blessé, probablement à la suite d'un affrontement avec Marvic Sanaka, mais cela ne semblait pas l’affecter particulièrement. Le Jedi espérait profiter de cet état de fait. Au moment où le twi'lek tira, Kano fit venir la Force à lui. A l'ultime instant, il fit dévier la main du chasseur de primes, et le laser n'atteignit pas son but, atteignant l’Arc de Cristal, dont les boucliers déflecteurs absorbèrent le tir sans problème. Kano frappa de toutes ses forces dans le ventre de son adversaire, qui fut déstabilisé et lâcha son arme. L'humain allait frapper à nouveau, quand le twi'lek se servit de ses tentacules crâniens, ses lekkus, comme de massues, et les abattit tous les deux simultanément sur le crâne du Jedi. Celui-ci tomba au sol, et tenta en vain de se remettre debout. Il porta la main à sa ceinture, mais le twi'lek l'avait devancé, et avait attrapé l'arme du Jedi.
La créature eut un rictus sadique, et mit le sabre en marche. Il ne savait pas le manier, mais n'aurait aucun mal à abattre la lame et à trancher Kano en deux. Déshonorant pour un Jedi d'être abattu par son propre sabre…
Alors que le chasseur de primes allait frapper, Alera hurla, ne sachant que faire. Soudainement, un vacarme monstrueux parvint à ses oreilles. Elle vit des éclairs rouges passer au-dessus de sa tête, et se diriger vers le twi'lek. Ne maîtrisant pas la Force, ce dernier ne se protégea pas avec le sabre, et fut taillé en pièces par les lasers. Il hurla à pleins poumons, quand sa chair fut calcinée par les rayons d'énergie. Le sabre tomba au sol et s’éteignit. Alera se protégea les yeux de l’éclair. Allongé contre terre, Kano ne vit rien.

Peu après, la tempête se calma, et Alera Sanaka distingua les lambeaux de chair qui gisait là où se tenait l'extraterrestre quelques secondes auparavant. Le sabre laser de Kano traînait à ses côtés. Elle s'approcha de Kano, qui reprenait ses esprits, et l'aida à se relever.
– Que s'est-il passé ? murmura-t-il en constatant la boucherie.
Une voix mécanique retentit derrière eux.
– Comme je vous l'ai souvent dit, ma programmation est très complète.
Kano et Alera regardèrent avec consternation le droïd qui se tenait en haut de la rampe d'accès. Les quatre bras mécaniques d'Edo 27 tenaient un blaster lourd chacun, que le robot rangea dans un de ses compartiments ventraux.
– Monsieur Sanaka a intégré un système de défense de sa fille, clama-t-il fièrement. Je possède des séquences de combat dignes des meilleurs droïds assassins. Et ce n’est pas peu dire.
Kano n'en revenait pas. Edo avait fait feu une seule fois avec chacun de ses quatre blasters, et tous ses tirs avaient atteint leur cible. Edo le surprendrait toujours…
– Il est temps de faire le ménage, dit le droïd calmement. Ce cadavre, sur le plan esthétique, ça fait désordre. Très négligé.
– Une autre fois, mon vieux, fit Kano. Je crains que malgré tes super compétences, nous n'ayons pas le temps. On décolle. Tout de suite.
La troupe se précipita à bord de l’appareil, et Kano s’apprêtait à activer les commandes, avant de se rendre compte qu’Edo avait déjà tout fait.
– Moteurs chauffés, boucliers levés, lasers chargés, inertie calculée… Tout est prêt, monsieur Kano. On va faire un tour ? demanda le droïd, visiblement ravi.
– Absolument. Attachez vos ceintures, ça risque de secouer. Alera, on met les voiles. Comme je vous l’avais promis. Et comme je l’ai promis à votre père.