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Chapitre 12 : Dilemme
 
Kano se promenait dans les coursives du destroyer Survivant, inspectant le plus discrètement possible les couloirs et les hangars du gigantesque vaisseau de guerre. Il y découvrit un élément troublant : les indépendantistes ne disposaient pas de beaucoup de ressources. Il était déjà surprenant qu’ils soient en possession d’un destroyer et de chasseurs Tie. Sur Tabal, Kano avait pu remarquer qu’ils étaient obligés de se rabattre sur d’autres appareils moins traditionnels, tels que des Oiseaux de Proie, probablement obtenus au marché noir. L’ancien fournisseur de l’Empire, les Chantiers Navals Kuat, avait depuis longtemps arrêté la production pour les différents groupuscules. Seul l’Amiral Pellaeon avait pu signer un contrat, et la Nouvelle République n’y avait pas vu d’inconvénient : le Nouvel Empire de Pellaeon était un gouvernement officiel et accepté.
Mais ce qui ébranla Kano fut de découvrir des chasseurs Toscan. Le sullustéen prétendait que je m’étais écrasé avec un Toscan… se dit le Jedi. Je venais donc bien du Survivant avant mon accident. Il avait la conviction d’avoir déjà mis les pieds sur le destroyer. Selon lui, c’était là qu’il avait été emprisonné. J’ai dû fuir avec ce Toscan. Et ils m’ont abattu sur Tabal. Mais bien sûr, cela ne convaincrait jamais Kyp Durron. Il lui en fallait plus pour prouver qu’on l’avait manipulé.
Il allait regagner ses appartements, quand il rencontra l’Amiral Zosskan. L’humanoïde à la peau rouge s’inclina.
– Seigneur Kano, j’ai une excellente nouvelle.
Curieux, Kano le fixa d’un air interrogateur.
– Teydo Pa’aja a été repéré. Une navette est prête à vous emmener vers votre vengeance.
– Je vous demande pardon ?
– J’oubliais vos lacunes mémorielles. Il s’agit de ce Jedi qui vous a mis en échec il y a quatre ans. Voici l’occasion de lui faire payer. Je pense que ce souvenir vous reviendra vite.
Kano ne se souvenait pas avoir déjà entendu ce nom et fut pris de panique. Il y avait deux solutions : ou bien il était réellement le Maître et on lui proposait sa vengeance, ou bien il s’agissait de la vengeance d’un autre et on le mettait à l’épreuve. Pour mesurer sa résolution, son engagement pour la cause des Survivants.
Kano opta pour la seconde solution. Mais il devait jouer son rôle. Jusqu’au bout.
– Ca me revient, murmura-t-il. Ce morveux va regretter de m’avoir croisé…
– Bien sûr. Reez est prêt à vous accompagner.
Zosskan tourna les talons. Reez, qui c’est encore que celui-là ? songea Kano. Les choses étaient de plus en plus compliquées…

Peu après, un extraterrestre tout de noir vêtu s’approcha de Kano, arborant une attitude hautaine, parfaitement sûr de lui. Il parlait un basic désastreux.
– L’heure de la vengeance a sonné, mon Maître, baragouina-t-il.
Kano ignorait parfaitement à qui il avait affaire. Il reconnut un gran, une espèce particulièrement violente, à la peau jaune sombre et aux trois yeux vicieux au bout d’épais tentacules faciaux. Kano perçut alors le Côté Sombre en lui et discerna le sabre laser qui pendait à sa ceinture. Un Jedi Noir… Il m’appelle Maître. Il doit être mon élève. Du moins celui du type pour qui je me fais passer. Mon pauvre Kano, tu t’enfonces… Cependant, l’air que prenait le gran faisait douter que Kano était bien le Maître. Je suis démasqué… Depuis le début, ils se jouent de moi. Mais ce type là n’est pas très bon comédien.
– Bien… Reez, se risqua-t-il. Montrons lui la vraie nature de la Force !
La réponse sembla satisfaire l’apprenti, mais Kano était soucieux. Je suis foutu. Le vrai Maître veut me tester, mesurer mon implication dans le Côté Obscur. On m’envoie massacrer un Jedi, et ce barbare de gran est là pour vérifier si je fais bien le boulot.
Kano savait que quelque part, un Jedi Noir, le vrai Maître tirait les ficelles. Celui qui l’avait fait accuser, qui l’avait fait pourchasser sur Tabal, et qui maintenant doutait, à juste titre, que Kano était passé du Côté Obscur. Il était coincé.

Kano et Reez étaient partis seuls dans une petite navette, à destination de la petite planète Koltary. Aucun renfort, aucun pilote. Reez manœuvrait la navette avec la dextérité propre à ceux qui maîtrisaient la Force. Kano avait eu du mal à supporter les heures de voyage, même si le Survivant les avait rapproché de leur destination.
– Il est seul ? demanda Kano.
Il réalisa son erreur. Il était censé être le Maître, celui qui avait tout appris au gran. Qui l’avait initié à la haine et à la violence qu’incarnait le Côté Obscur. Il devait se comporter autrement, prendre les choses en main.
– Cette attaque me permettra d’évaluer tes progrès, mon élève, fit alors Kano. Je veux pouvoir être fier de toi. Ne me déçois pas. Je veux faire de toi le fer de lance de la génération qui écrasera le Nouvel Ordre Jedi !
L’extraterrestre grogna sa confiance en soi. Mais Kano savait que le gran aussi jouait probablement la comédie, bien que ses paroles démagogues l'emplissent de fierté. Son Maître l’avait envoyé pour épier Kano et mieux le piéger, pas pour céder à la flatterie.

Une fois n’est pas coutume, Tolet Tolfa n’avait eu aucun mal à s’introduire dans la navette. Il avait craint que la Force permette aux Jedi de le repérer, mais Kyp Durron l’avait rassuré : il avait en outre la capacité de ne pas interférer dans le champ de la Force. Il était comme un microbe, il n’était pas détectable. Tolet n’avait pas beaucoup apprécié quand Durron avait fait cette comparaison. Plus précisément, Tolet était également indécelable par les instruments de détection traditionnels. Virtuellement, il n'existait pas. Peu de gens connaissaient l'existence de son peuple, mais l’espèce était respectée. Le grand-père de Tolet avait été espion pour le compte de l’Ancienne République au cours de la Guerre des Clones. Il avait été tué après avoir rapporté la présence d’un gigantesque complexe de clonage secret de Palpatine. Son sacrifice n’avait pas été vain : la République avait pu détruire le complexe, remportant une des plus grandes victoires de la Guerre des Clones. Tolet Tolfa espérait être un jour digne de son ancêtre.
Jusqu’à présent, il n’avait pas pu réunir beaucoup d’éléments sur Kano. Le Jedi remplissait bien son rôle. La question était de savoir s’il le remplissait trop bien, s’il se tournait réellement vers l’ennemi. L’attaque de Teydo Pa’aja serait déterminante.

Golpi Rilim jeta un coup d’œil par la fenêtre.
– Dis-moi, elle est un peu triste ta planète, fit-il.
– J’ai grandi ici. Je n’y fais pas attention.
Le paysage de Koltary, petit monde de la Bordure Intérieure, n’était effectivement pas ce qu’il y avait de plus joyeux. A perte de vue, des rochers grisâtres et des canyons étroits, auxquels grimpaient des plantes gigantesques. Ici et là, des petites cahutes indépendantes et autres arbres desséchés témoignaient de la présence de formes de vie. La plupart du temps, les habitants partaient vivre ailleurs, et finissaient par revenir pour finir leur vie dans le calme.
Néanmoins, on avait appris que certains rochers gigantesques abritaient des hangars à vaisseaux sophistiqués. Ils étaient bien cachés, et c’était la raison pour laquelle Palpatine, au cours de son règne, avait été surpris d’apprendre qu’une planète en apparence si inoffensive pouvait être aussi active au sein de la Rébellion. Une des ses flottes l’avait payé au prix fort.
Golpi observa son ami. Depuis qu’il était un Jedi, Teydo Pa’aja avait bien changé. Il paraissait… calme. Les deux jeunes gens s’étaient connus dans l’Armée Républicaine. Ils avaient combattu côte à côte quand les impériaux avaient attaqué le convoi dont ils avaient la charge quatre ans auparavant, alors qu’ils étaient tout jeunes. Golpi avait repoussé les ennemis, tandis que Teydo s’était infiltré dans le destroyer impérial et avait éliminé le Jedi Noir qui menait les opérations. Il avait eu la révélation de ses pouvoirs de Jedi à cette occasion.
Comptant parmi les rares survivants du convoi, ils avaient été considérés comme des héros. Golpi s’était vu attribuer un excellent poste au sein des services de renseignements secrets de la Nouvelle République, alors que Teydo avait rejoint l’Académie Jedi.
Il y était resté deux années dans le cursus commun. Kyp Durron en personne avait alors remarqué son potentiel et l’avait pris pour apprenti. Teydo avait presque achevé sa formation, et avait passé l’étape de la confection de son propre sabre laser. Kyp Durron en faisait un grand Jedi. En fait, Teydo en était à un stade où il était capable de se perfectionner seul. Durron pourrait bientôt prendre un nouvel apprenti. Les deux Jedi restaient ensemble plus comme compagnons que comme maître et élève.
Teydo repoussa une mèche de cheveux noirs qui collait à son front. Le climat aride de Koltary donnait à ses habitants une teinte brunâtre. Leur peau était plutôt épaisse, et la forte pesanteur les rendait trapus. Teydo avait donc une solide carrure, et son physique plaisait à beaucoup de femelles des espèces humanoïdes.
A l’inverse, Golpi était plutôt mince. Son corps svelte et sa silhouette élancée en faisaient un être discret et rapide, ce qui ravissait ses supérieurs dans les services secrets. Ses cheveux noirs et sa peau sombre contrastaient avec ses yeux d’un bleu profond.

Golpi laissa un peu de place à Teydo quand celui-ci vint à son tour se poster près de la fenêtre. Les souvenirs défilaient dans les yeux marrons du Jedi. Teydo avait eu trois frères, et tous avaient été tués au service de la Nouvelle République, tout comme leur père, tué alors qu’il pilotait un B-Wing lors de la Bataille d’Endor. Leur pauvre mère était morte de chagrin, en faisant promettre à Teydo de mener une existence paisible. Ce qu’il n’avait pas fait, rejoignant l’Armée, puis le Nouvel Ordre Jedi. Teydo vouait une haine féroce à ce qui restait de l’Empire, en particulier envers les indépendantistes. Il avait fait des efforts pour accepter le gouvernement de Pellaeon, et rejetait donc sa haine sur les groupes terroristes. La colère et le chagrin qui hantaient son esprit avaient inquiété Kyp Durron, qui avait concentré ses efforts pour que Teydo maîtrise ses sentiments et ne cède pas à sa haine pour les assassins de sa famille.
Golpi l’avait accompagné lorsqu’il était venu se recueillir sur sa planète natale. Teydo était venu pour le calme, pour pouvoir faire le point sur sa nouvelle vie de Jedi. Kyp Durron lui-même lui avait suggéré ce congé.

Reez tendit les jumelles binoculaires à Kano. Il commenta.
– Il n’est pas seul. J’imagine que vous gardez le Jedi pour vous. Je m’occuperai de l’autre. Ce sera aussi simple que de faire griller un ewok avec les réacteurs d'un destroyer.
Kano voulait éviter une hécatombe, ce qui serait difficile étant donné qu’ils étaient venus pour cela. Le gran avait l’air de prendre un malin plaisir à laisser cadavres et mutilés derrière lui… Et le Jedi visé était innocent, tout comme son compagnon.
– Ne le tue pas sans mon ordre. Il pourra nous être utile.
Le gran ne masque pas son mécontentement, ce qu’il n’aurait jamais fait avec son vrai maître.
Tolet Tolfa entendit la remarque de Kano. Le Jedi, en voulant limiter la casse, venait de marquer un point. Le zhin en ferait part à Kyp Durron. Ce dernier avait vite réagi quand Tolet lui avait appris que la cible était son élève, son protégé. Tolet ignorait les mesures qu’avait pris Durron pour intervenir. Il savait bien que sa présence sur la planète aurait été ressentie par les autres Jedi, mais il ne supporterait pas que du mal soit fait à Teydo. Se montrer casserait la couverture de Kano. Il faisait confiance à Teydo pour se défendre seul, mais il avait là affaire à deux Jedi.

– Il va falloir s’approcher vite, fit Kano. Pa’aja sentira notre présence, il faudra attaquer au plus vite avant qu’il n’ait le temps de réagir.
– Pas de problème, grogna le gran. Ils ne comprendront même pas ce qui leur arrive.

Golpi et Teydo disputaient tranquillement une partie de sabbac dans la maison familiale de Teydo. Le Jedi faisait une nouvelle fois la preuve de sa légendaire chance. Kyp lui avait assuré que c’était sa manière à lui de maîtriser la Force. Cela continuait à exaspérer Golpi, qui perdait partie sur partie. Les deux hommes étaient tout à fait détendus, et avaient laissé leurs armes sur un fauteuil dans le coin de la pièce principale.
– Tu finiras par te faire descendre dans un casino… cracha Golpi, perdant pour la énième fois et jetant ses cartes holo de dépit.
Teydo éclata de rire, quand un bourdonnement se fit entendre au dessus de la maison. Le Jedi sentit immédiatement la présence de deux de ses semblables.

Kano laissa leur navette repartir en vol automatique, tandis que lui et Reez sautaient sur le toit de la petite maison. Tolet Tolfa parvint à les suivre, sa petite taille lui permettant de sauter de haut sans dommages. Il s’efforçait de rester au cœur de l’action, tout en restant passif. Il n’avait qu’un rôle d’observateur et ne pouvait intervenir, même si la vie d’autrui était en danger.
Les deux Jedi amortirent leur chute grâce à la Force. En un éclair, Reez avait fait jaillir la lame orange de son sabre laser, et découpait une ouverture dans le toit, sans s’appliquer particulièrement.
Kano le suivit dans l’orifice ainsi taillé, et ils se retrouvèrent au beau milieu de la pièce, tombant nez à nez avec Golpi Rilim et Teydo Pa’aja, médusés et pris au dépourvu, malgré leurs entraînements respectifs d’agent secret et de Jedi.

Teydo fit appel à la Force pour faire léviter son sabre jusqu’à sa main. Il activa la lame dorée et se mit en garde. Il découvrit alors avec stupeur le visage de son adversaire, et abaissa sa garde.
Golpi était hors de portée de son blaster. Le gran en face de lui le regarda d’un air sadique, abrité derrière la lame mortelle de son sabre laser. Golpi mit à profit son rude entraînement d’agent spécial, et roula sur le sol pour passer derrière Reez. Mais ce dernier, avec la Force Obscure à ses côtés, anticipa le mouvement. Quand Golpi se releva, il vit arriver le gigantesque poing vers sa figure. Il évita le coup, et frappa de toutes ses forces, les mains jointes, dans le ventre de l’extraterrestre. Le gran recula, lâchant son sabre laser. Golpi voulut s’en emparer, mais le gran fut plus rapide. Il décocha un violent coup de pied dans la mâchoire du soldat, qui tomba à la renverse. Il se redressa souplement, prêt à faire feu, mais la Force, maniée par le Jedi Sombre, arracha le blaster de sa main. Reez s’approcha de son adversaire à terre, et jubila en écrasant son poing sur la poitrine de l’humain, dont le hurlement domina le bruit d’os brisés.

Pendant ce temps, Teydo se remettait de sa surprise.
– Kano ? Qu’est-ce que tu fous là ?
Oh mon Dieu, il me connaît… pensa Kano. Voilà au moins la preuve que je ne suis pas celui que Teydo a vaincu dans le passé. Ce n’est pas moi qui veut me venger de lui.
Soudain, Kano se remémora qui était le Jedi en face de lui. Il se souvint du jour où ils s’étaient rencontrés sur Yavin IV. Teydo y était arrivé quatre ans après lui, et, malgré leur six années d’écart, il avait été son meilleur ami lors de leur formation commune. Et il était actuellement censé le tuer. Tout le machiavélisme de la machination des impériaux se dévoila alors.
Kano fut tenté de tout expliquer à Teydo, mais cela condamnerait sa mission. Il résista à l’envie d’envoyer un message psychique rassurant à son ami, car Reez l’aurait intercepté.

Teydo restait abasourdi. Il avait connu Kano avant qu'il ne sombre dans le Côté Obscur, avant qu’il ne commence à commettre de multiples crimes. Pa'aja n'avait pas revu son ami depuis deux années, et voilà qu'il surgissait pour l'attaquer.

Sans répondre, Kano activa son sabre laser et attaqua, les lames dorée et violette s’entrechoquant. Je ne peux pas le tuer. Aucune mission au monde ne me poussera à le faire. Kano étudiait la Force depuis près de huit ans, et les archives de Coruscant témoignaient du fait que sa formation était achevée. Il espérait ainsi avoir l’avantage sur Teydo, qui était encore sous la tutelle de son maître. Mais Kano prit alors conscience de l’identité du formateur de Teydo : Kyp Durron en personne, un Jedi surpuissant. Il avait dû transmettre son savoir à Teydo. Il allait falloir jouer serré…
Kano entendit derrière lui le hurlement du compagnon de Teydo. Ce dernier avait réagi, et s’apprêtait à se battre pour sauver sa vie. Il para le premier coup de Kano, repoussant la lame d’un subtil mouvement du poignet. Il engagèrent le duel, sans grande conviction.

Reez délaissa Golpi et observa Kano et Teydo qui se battaient. Il était évident que ni l’un ni l’autre ne se laissait aller, souhaitant éviter de blesser son ami. Reez décida de simplifier les choses.
Teydo était déjà bien occupé à parer les coups de Kano, et ne vit pas le gran qui surgissait derrière lui, sabre laser orange au poing. Il se retrouva entouré de deux adversaires. Reez frappa, avec l’intention de tuer, contrairement à Kano. Une rage meurtrière se lisait dans le regard du non-humain. Une soif de violence intarissable, la domination du Côté Obscur. Côtoyer ce genre d’esprit était ce qui pouvait arriver de pire à un Jedi Clair. Teydo pivota pour se retrouver face à Reez et être en mesure de riposter. Il para le premier coup, et attaqua beaucoup plus franchement qu'il ne l'avait fait face à Kano.

Les choses tournaient mal, Kano en avait conscience. Reez et Teydo se battaient à présent, et Kano devait agir. Soit il laissait Reez perdre, et sa mission serait vouée à l’échec. Les impériaux l’accuseraient de ne pas l’avoir aidé. Soit il abandonnait Teydo, s’attirant la colère de son Maître, Kyp Durron, et perdant tout espoir de s’innocenter.
Il ne vit qu’une seule alternative. Avant que Reez ait eu le temps d’agir, il projeta les meubles de la pièce sur Teydo à l’aide de la Force. Le mobilier s’éleva dans les airs, et tourbillonna vers le Chevalier Jedi. Celui-ci réagit en tranchant une table en deux d'un bref mouvement de sa lame, mais les coups de Reez l’accaparaient. Il ne vit pas le fauteuil qui le frappa de plein fouet, l’envoyant rouler dans un coin de la pièce en lâchant son sabre.

Teydo Pa’aja se redressa péniblement, désarmé et face à deux Jedi dangereux. Le choc occasionné par le meuble l'avait étourdi, et la Force ne lui permit pas de se relever en vitesse. Il ignorait ce que Kano lui voulait. Resurgir après tant d'années pour venir le tuer, cela blessait profondément Teydo, qui avait mis tant de confiance en Kano dans le passé.
– Il est à vous, mon Maître, fit Reez, jubilant. Le moment que vous attendiez tant…
Kano savait ce que Reez attendait de lui. Il réactiva son sabre et se posta devant Teydo, qui se dressait à genoux. S’il abattait sa lame sur son ami, il prouverait aux impériaux qu’il était de leur côté, mais perdrait toute chance d’être disculpé par la Nouvelle République. S’il épargnait Teydo, il aurait à combattre Reez et perdrait la possibilité d’infiltrer le groupe d’indépendantistes et de réunir les preuves de son innocence. Le dilemme était une impasse.
Il fixa son ami Teydo d’un œil triste, et Teydo parut un instant comprendre la situation. Reez attendait, les bras croisés, que Kano fasse un faux pas. Invisible dans son coin, Tolet Tolfa suivait la tournure que prenaient les évènements. Golpi Rilim poussa un long râle de souffrance, gisant sur le sol, avec plusieurs os brisés. Reez lui asséna un violent coup de pied pour le faire taire. Enfin, Teydo Pa’aja regardait son bourreau droit dans les yeux, se demandant pourquoi son meilleur ami voulait le tuer.
Alors comme ça les rumeurs étaient vraies, pensa Teydo. Kano a rejoint le Côté Obscur. Ca te ressemble si peu, Kano… Je suis déçu.
Kano avait disparu depuis déjà deux ans. Et il réapparaissait pour l'assassiner, lui qui avait été comme un frère…

Les deux Jedi se jugeaient du regard. Teydo ne songea même pas à tenter quoi que ce soit. La lame du sabre laser émettait un bourdonnement sourd, le seul bruit avec la respiration haletante de Golpi Rilim, agonisant. Kano leva un peu plus sa lame, ses yeux s’embuant de larmes. Sur Yavin IV, Teydo avait été comme son grand frère. Il ne devait surtout pas montrer sa faiblesse à Reez, le gran n’attendait que ça. Teydo, tu m'as tant manqué. Je ne peux pas.
Kano s’apprêta à frapper. Teydo ne ferma pas les yeux, se préparant à une mort digne et à ne faire plus qu’un avec la Force. Il pensa un instant qu'il allait enfin rejoindre toute sa famille disparue. Cela l'aurait réconforté si son bourreau n'était pas son ami. Le Jedi sentait des picotements dans ses yeux, mais il refusait de pleurer. Il jeta un regard dur à Kano. S'il devait le tuer, il fallait qu'il se souvienne de ce regard.
Je ne peux pas, songea Kano. Je préfèrerais être brûlé par les flammes de Sith.
Reez commençait à perdre patience. Dans la petite cabane, la tension était palpable. Tolet Tolfa redoutait ce qui allait arriver. Quelle que soit l'issue de cette situation, elle serait désastreuse. Le zhin n'aurait pas voulu se trouver à la place d'un des deux Jedi. Sans parler de ce soldat qui soufrait le martyr au fond de la pièce, victime de la barbarie de l'apprenti Jedi Noir.

Soudain, Kano éteignit son sabre. La lame se rétracta avec un claquement sec. Reez se prépara à intervenir, heureux que Kano se dévoile enfin sous son vrai jour. Un escadron de soldats d’élite attendaient dans les alentours, à l'insu de Kano, au cas où s’il s’avérerait nécessaire de le capturer.
– Cessons de jouer la comédie, Reez, fit le Jedi.
Le gran n’en demandait pas moins. Les masques allaient tomber.
– Tu sais comme moi que je ne suis pas ton Maître. J’ai perdu la mémoire, et j’ai suivi une mauvaise piste en croyant être ton Maître. J’arrête de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Mais j’ai tout de même réalisé la route que je devais prendre. Je rejoins le Côté Obscur de mon plein gré. Je veux être aux côtés de ton Maître pour faire renaître l’Empire. Je l'ai enfin réalisé.
Il marqua une pause.
– Dans ma cellule sur Yavin IV, j’ai compris que, si la Nouvelle République ne voulait pas de moi, ma place était avec l’Empire. Pas avec ce gouvernement faible fondé par Pellaeon, mais avec ceux qui défendent les vraies idées impériales, celles de l’Ordre Nouveau qu’avait fondé notre regretté Empereur. Mais sa disparition ne doit pas nous empêcher de nous battre. Je suis né le jour de sa mort, et… je le remplacerai. Tel est mon destin. Et je veux le suivre.
"Mon amnésie et le complot que vous avez fomenté contre moi m’ont fait croire que j’étais bien ton Maître. Mais dès mon arrivée sur le Survivant, j’ai réalisé que quelque chose allait de travers. J’ai deviné que j’étais bien innocent, bien que cela ne m’empêche de me tourner vers ton Maître."
"La Nouvelle République a tué l’homme qui était comme mon père, il a capturé la femme que j’aimais et a détruit mon droïd adoptif, mon plus fidèle compagnon. Enfin, elle a saisi mon vaisseau et m’a ôté ma liberté. Il n’y a rien qui me pousse à rester loyal à ce gouvernement qui prétend défendre la justice."

Il se tourna vers Reez.
– Reez, ma place est à tes côtés. Mène-moi jusqu’au Maître.
Tolet Tolfa sourit. Kano avait joué finement. Il s’écartait du chemin glissant sur lequel il s’était engagé pour emprunter une voie plus sûre. Le fait qu’il n’aie pas mentionné sa mission pour Kyp Durron montrait qu’il restait bel et bien de son côté. Et Teydo Pa’aja était encore en vie. Kano essayait peut-être de gagner du temps. Pourvu qu’il ne pense tout de même pas ce qu’il disait…
Reez grogna de surprise. Il ne s’attendait pas à ça. Enfin, cela ne changeait pas sa mission : il devait tester Kano.
– Bien, Kano, grogna-t-il. Alors débarrassez le Maître de Pa’aja, et nous irons le voir. Vous lui affirmerez votre allégeance.
– J’ai une meilleure idée, improvisa Kano. Je suis sûr que le Maître apprécierait un petit cadeau… Comme gage de ma bonne foi.
Teydo parut comprendre. Kano cherchait à ne pas le tuer. Il n’avait qu’une solution pour cela.
– Il sera heureux de s’expliquer avec Pa’aja. En tête à tête… C’est lui qui doit se venger, je vais lui en donner l’occasion.
Le gran comprit à son tour, sans deviner le stratagème de Kano.
– Embarque le, ordonna Kano. Il va passer ses vacances à bord du Survivant. Le Maître fera le programme des réjouissances. Je sais qu'il appréciera.
Reez grogna son approbation, et tira Teydo sans ménagement. Celui-ci n’opposa aucune résistance, sachant que ce serait peine perdue. Il croisa le regard désolé de Kano. Tu fais ce que tu peux, songea Teydo. Il comprenait peu à peu la situation désespérée dans laquelle son ami s'était fourré. Teydo avait toujours su que Kano n'avait pas succombé au Côté Sombre. Cela n'expliquait pas pourquoi il réapparaissait maintenant, ni pourquoi des crimes avaient été commis en son nom.
Reez était satisfait. Apparemment, Kano était bien de leur côté, et avait cessé son insupportable comédie. En outre, le Maître serait ravi du présent.
Tolet Tolfa ne sut comment interpréter le geste de Kano. Il avait épargné la vie de Teydo, mais cela n’avait suffi qu’à le livrer entre les mains d’un malade qui allait sûrement le torturer jusqu’à la mort. Etait-ce la bonne solution ? A moins que Kano ait un plan concernant le devenir de Pa'aja. Restait à savoir quelles étaient les réelles motivations du jeune Jedi.
Au moins, cela avait confirmé la présence dans la partie d’un autre Jedi Sombre. Le gran n’avait rien dit quand Kano y avait fait allusion, cela ne l’avait pas choqué et il n'avait rien nié. Le zhin s’apprêta à suivre le petit groupe qui allait quitter la maison délabrée.

Avant de sortir, Reez s’arrêta auprès du corps de Golpi Rilim. Il se prépara à l’achever, le dominant et le regardant avec mépris de ses trois yeux sadiques. Il leva le poing, prêt à porter le coup de grâce. La puissance physique des grans était dévastatrice, et alliée à la Force, elle devenait mortelle.
– Laisse le, il ne vaut rien, intervint Kano juste à temps. Nous n’avons pas de temps à perdre avec cette racaille. Il ne vaut pas la peine que tu te fatigues. Allons-y.
La raillerie parut plaire à Reez, qui se détourna de sa proie et sortit, après avoir jeté un dernier regard méprisant. Kano en profita pour s’agenouiller auprès de Golpi et pour vérifier qu’il survivrait jusqu’à l’arrivée de secours. Le malheureux jeune homme haletait, s’accrochant à la vie. Kano appela discrètement la Force pour apporter des soins de base au soldat et lui envoyer des pensées apaisantes. Il murmura rapidement :
– Je suis désolé. Tout ira bien.
Tolet Tolfa entendit tout, mais pas Reez. A cet instant, Tolet fut convaincu que Kano remplissait sa mission au mieux, et était parvenu à sauver la situation. Dans les limites du possible. Il ferait part de cet avis à Kyp Durron.
Avant de sortir, Kano contempla tristement le champ de bataille. Un petit cylindre noir retint son attention. Il le vit voler jusqu’à sa main, et admira le sabre laser de Teydo Pa’aja, dont la garde avait l’originalité d’être taillée dans la pierre naturelle de Koltary. Un hommage à sa planète et à ses frères disparus. Certainement la plus belle arme que Kano aie jamais vu.
– Mes amis ont déjà trop souffert Teydo, souffla Kano. Je refuse qu’ils te fassent du mal.
Kano rangea l’arme dans les plis de sa tunique, et rejoignit Reez et son prisonnier à l’extérieur. Là, il constata qu'un groupe de soldats les attendait, et il eut la confirmation que cette expédition était à l'origine un piège. Dont il s'était tiré, mais en propulsant son meilleur ami dans les griffes du Maître.
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