Gilles Vervisch, auteur de La Philo Contre Attaque et du récent Retour de la Philo a eu la gentillesse de répondre à quelques questions, histoire d'en savoir plus sur l'homme et le philosophe.

SWU :  Bonjour Gilles. Commençons par le commencement avec une petite présentation (nom, prénom, activité pro et loisir, avis sur la ratatouille, ce genre de chose … ^^), histoire de mieux vous connaître.

Gilles Vervisch : Gilles Vervisch, professeur de philosophie – agrégé – enseignant au lycée ; en 2009, j’avais publié un premier essai intitulé Comment ai-je pu croire au Père Noël ? (Max Milo) Depuis, je suis l’auteur d’une dizaine d’autres livres essayant toujours de rendre la philosophie un peu ludique ou du moins, plus accessible avec une philo du foot, une philo de la pub et bien sûr, une philo de Star Wars. Vous me demanderez : peut-on faire une philo de n’importe quoi ? À peu près : Héraclite disait à ses invités « entrez, il y a aussi des dieux dans la cuisine ». Moi je dis : « entrez, il y a aussi de la philosophie dans Star Wars ». Sinon, j’ai aussi publié un roman en 2018 chez Michel Lafon, mais ça n’a pas du tout marché. Et sinon, j’aime bien la ratatouille, mais j’ai horreur des fruits de mer.

SWU :  Votre livre « Star Wars, le retour de la Philo » est sorti il y a quelques jours. Est-ce une suite ou une mise à jour ? Le contenu sera-t-il totalement inédit ou pas ?

Gilles Vervisch : C’est une suite ! Ni une mise à jour, ni une version revue et corrigée. Ce ne sont que des chapitres inédits : d’abord, ce deuxième volume se penche plus particulièrement sur les « nouveaux » films sortis depuis 2015 ; les épisodes 7 & 8 de la « postlogie », et Rogue One. Pour ce qui est de Solo : a star wars story, je n’ai rien pu faire… Du coup, j’étudie des nouveaux thèmes et problèmes philosophiques : la mort, la solitude, le commerce et surtout, le rapport au passé. Peut-on faire du neuf avec du vieux ?

SWU :  Le ton sera-t-il, comme dans l’opus précédent, « léger », « accessible » avec une pointe d’humour par-ci par-là ?

Gilles Vervisch : J’espère qu’on y trouve le même ton ; c’est en tout cas ce que j’ai essayé de faire, même si Yoda rappelle qu’il n’y a pas d’essai : « fais-le ou ne le fais pas ». Mais c’est plutôt au lecteur de dire s’il y trouve une pointe d’humour. En tout cas, l’idée est toujours de rendre la philosophie accessible : partir des personnages, scènes et répliques de Star Wars pour introduire les « grands » auteurs et problèmes de la philosophie.

SWU :  Comment vous est venu l’idée de présenter des notions philosophiques avec Star Wars comme support ?

Gilles Vervisch : En deux temps : depuis l’âge de dix ans, je suis fan de Star wars. Adolescent, nous regardions les cassettes VHS avec les copains. Et depuis le lycée, je fais de la philosophie. Donc, j’avais envie de faire se rencontrer Star Wars et la philosophie depuis bien longtemps. Ensuite, j’ai surtout eu l’occasion d’intervenir dans le cadre de TEdx-Paris en janvier 2012, où m’est venue l’idée de traiter de la diversité à partir des clones et des stormtroopers dans Star Wars. C’était, disons, mon premier essai. À partir de là, j’ai décidé de développer une philosophie de Star Wars – et une philosophie à partir de Star Wars – dans un livre.

SWU :  D’après vous, est ce que les films de l’ère Disney sont aussi riches que la Trilogie et la Prélogie ? Apportent-ils de nouvelles idées philosophiques et /ou en approfondissent certaines déjà discutées ?

Gilles Vervisch : Question difficile. Dans le fond, je ne suis pas certain qu’ils soient aussi riches ; il y a forcément un côté « exploitation du filon ». Dans quelle mesure les nouveaux films ont-ils réussi – ou échoué – à raconter une suite à la hauteur de la saga originale, c’est toute la question. Mais justement, c’est ce qui m’a permis d’introduire des nouvelles questions : on a assez répété que l’épisode 7, en particulier, était un copier-coller de l’épisode 4, le premier film de La guerre des étoiles, alors, faut-il enterrer le passé ? Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? Ces épisodes qui sentent la fin de règne posent aussi la question de la mort. Et oui, ils soulignent des questions déjà présentes dans les épisodes précédents, en particulier, celle de la solitude : quand Luke Skywalker se retire sur son île, il rappelle la retraite de Yoda sur Dagobah, et de Ben Kenobi sur Tatooine. Cette retraite solitaire apparaît donc comme une démarche propre aux Jedi. Je me suis donc posé la question : que trouvons-nous dans la solitude ?

SWU : Est-ce que vous pourriez écrire ce genre de livre avec une autre Saga ?

Gilles Vervisch : Peut-être. Il faudrait qu’elle m’intéresse. Comme je l’ai dit, je n’ai pas décidé, un beau jour, de faire une philosophie de Star Wars. C’était d’abord parce que j’appréciais la saga depuis longtemps. Sur le reste, beaucoup de choses ont d’ailleurs été faites, depuis que la pop culture en général, et que la « pop philo » en particulier se sont développées ; sur Game of thrones, sur les films de super héros, ou d’autres séries TV, etc. J’aurais peut-être envie d’étudier Le Seigneur des anneaux, mais c’est une autre paire de manche ; ça reviendrait à escalader l’Everest par la face Nord. Donc, on verra…

SWU :  Sinon est ce que « jamais deux sans trois » ? Un troisième tome en vue ?

Gilles Vervisch : Pour le moment, rien de prévu. Je ne voudrais pas tomber dans la facilité. Peut-être une mise à jour, pour le coup, de ce deuxième volume, après la sortie de l’épisode IX, si ça vaut la peine.

Un grand merci à Gilles qui a bien voulu perdre passer un peu de son temps avec nous.

Gillement vôtre.

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