Bonsoir à tous, comment ça va ?
Après Sethnah, c'est au tour de Liars de subir l'épreuve de l'Enclos des Murmures et d'être confronté à son sulfureux ancêtre

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À peine fut-il séparé de Sethnah, que Liars Tissan ressentit un pincement au cœur. Il espérait que cela se passerait aussi bien pour elle que pour lui. Le fantôme de son ancêtre progressait devant lui, jusqu’à s’arrêter après trente mètres.
Le brouillard devenait opaque, le corellien ne distinguait plus rien au-delà de dix pas. Le bruit de la nature alentour, en fut lui-même étouffé. Oreste se tourna vers son descendant, que l’impatience commençait à gagner.
- Bon, cette épreuve, ça vient ?
Le Jedi disparu le considérait avec une pointe de déception.
- Pourquoi es-tu si pressé ?
- J’ai une entreprise à diriger avec Sethnah et nous ne pouvons pas nous absenter trop longtemps, sous peine de susciter des questions gênantes.
- Cette entreprise représente quelle importance pour toi ?
Liars soupira, se résignant à dévoiler ses pensées.
- C’est l’héritage de mon père, c’est tout ce qu’il me reste de lui. Il l’avait crée pour aider la galaxie à se protéger du retour des Sith.
- Parler de lui, te semble pénible.
Le corellien ne fut pas choqué par la clairvoyance de son aïeul, qui avait rejoint la Force depuis longtemps.
- Il a perdu sa famille pendant la Répression de Corellia, sous le règne de Dark Krayt. Cela l’a brisé et affecté notre relation. Sa haine des sensitifs, Jedi, Sith ou Impériaux vient de là. Quand il a découvert mes pouvoirs, je n’étais qu’un enfant.
Liars laissa son regard errer dans le vague.
- Il m’a abandonné dans une décharge, j’ai goûté au Côté Obscur pour la première fois de ma vie. J’ai ressenti une telle injustice, une telle colère pendant si longtemps.
- Contre ton père, fit Oreste.
- Maintenant c’est contre les Sith, tout ce qui représente le Côté Obscur. Ils ont obligé ma mère à fuir, juste après ma naissance. Je ne leur pardonnerai jamais.
Oreste le considéra, avec de la nostalgie dans le regard.
- Liars, tu as conscience que haïr les Sith, te fait ressembler à eux ?
Le jeune corellien serra les dents, ses yeux verts et gris fusillant le fantôme de son ancêtre.
- J’aurais dû me douter qu’on en viendrait aux leçons de morale.
- Je ne prétends pas vouloir t’imposer ou t’expliquer quoique ce soit, Liars. N’oublie pas que tes actes auront des conséquences, comme les miens.
Oreste leva ses paumes, pour les regarder. Le sang qu’il avait fait couler lorsqu’il avait embrassé le destin du Jedi Noir de Dathomir, le poursuivait dans l’éternité.
- L’obscurité est présente en chacun de nous. Elle est présente dans le passé de notre famille, certains la surmontent. D’autres…
- D’autres s’y sont perdus.
Liars songea à l’interview de l’historien Anthois Fyol, qui avait résumé sur l’holonet, l’histoire de sa dynastie familiale. Toute son histoire, étalée à la vue de tous, mise à nue. Et faisant l’objet de jugements certainement hâtifs.
- Tu as réussi à pardonner à ton père mais pas à toi-même, Liars.
- Je n’ai pas réussi à le sauver des Sith, il n’a été qu’un pion entre leurs mains. Ils ont utilisé sa haine pour le manipuler et ils l’ont assassiné quand ils n’ont plus eu besoin de lui. J’essaie de tracer ma propre voie, de trouver un réconfort dans les choses les plus simples. Mais ce n’est pas facile. Ça l’est encore moins depuis que votre passé a été révélé.
La dureté amplifia l’intensité du regard noir de Liars à Oreste.
- Si nos chemins s’étaient croisés, je vous aurais tué.
- Tu me détestes pour ce que je suis devenu, Liars. Nous nous ressemblons pourtant bien plus que tu ne le crois. Nos pouvoirs ont été découverts accidentellement, notre famille nous a rejeté puis nous l’avons perdu, par la faute des Sith. Nous avons suivi la voie de l’obscurité.
Mû par la répugnance que l’histoire du Jedi Noir de Dathomir lui inspirait, Liars dégaina et activa son sabre-laser, la lame verte émeraude éclairant ses traits grimaçant d’indignation dédaigneuse.
- Non, je n’y croirais jamais ! Pas question de me faire avaler ça ! Sur Dathomir, vous avez massacré une tribu toute entière… des enfants ! Je ne me suis jamais abaissé à ça, malgré tout ce que les Sith m’ont fait subir ! Nous n’avons rien en commun.
Oreste demeura impavide alors que son descendant pointait son arme dans sa direction pour le menacer.
- Tu penses avoir surmonté tes faiblesses en reprenant l’entreprise de ton père, en te retirant de la traque des Sith. Mais ce n’est qu’une illusion, tu ne peux te conduire comme si le Côté Obscur n’avait plus de prise sur toi. J’ai cru que je pouvais aussi dominer mes ténèbres, les dompter contrairement à nos ancêtres qui s’y sont soumis. Mais je me trompais, j’ai laissé mon orgueil m’aveugler sur ma capacité à résister à la tentation. Tu ne le réalises pas, mais tu es en train de commettre la même erreur.
- Que suis-je censé faire ?
- Retrouve la paix avec toi-même, accepte l’obscurité et mêle-la à ta lumière. Retrouve l’équilibre.
- J’ai passé l’âge d’être un padawan, Oreste.
- Alors tu chuteras comme moi.
- Assez !
N’y tenant plus, Liars se jeta sur le fantôme pour le frapper de taille avec son épée. Un bourdonnement précéda l’apparition d’une autre lame verte qui bloqua solidement la sienne, au niveau du menton du Jedi disparu.
Le corellien appuya sur sa lame mais le fantôme résistait à la pression. Le visage translucide de Oreste traduisait sa lassitude teintée de déception.
- Je refuse de me battre contre toi, Liars.
- Vu mon humeur, vous feriez mieux.
La braise inonda les pupilles vertes et grises de son lointain héritier.
- Très bien, si tel est ton choix, Liars.
- Attendez-vous à être impressionné.
L’arrogance de Liars se traduisait par une succession de frappes vicieuses qui donnaient au fantôme de Oreste, l’impression qu’elles étaient désordonnées. La marque du Vaapad, la forme de combat au sabre-laser qui était nourrie par les émotions négatives de son utilisateur.
Mû par la Force elle-même, le sabre-laser de Oreste bloqua successivement toutes les attaques frénétiques de son descendant, avec une nonchalance qui frustrait son assaillant. Celui-ci multipliait les efforts avec une férocité renouvelée, ses sauts et ses acrobaties évoquant ceux d’un redoutable prédateur aux multiples appendices.
Puis l’opiniâtreté de Liars porta ses fruits lorsqu’il parvint sous la garde du fantôme pour le transpercer à la poitrine. Sauf que le fantôme ne ressentit rien, baissant les yeux vers la lame verte chlorophylle qui illuminait l’intérieur de son enveloppe immatérielle.
- Impressionnant, persifla Oreste. Tu as réussi à tuer quelqu’un, qui est déjà mort. Voilà un exploit digne de toi.
Liars poussa un cri de rage, retirant la lame et s’acharnant de plus belle. Après une séquence de frappes verticales de haut en bas – toutes contrées –, le fantôme s’écarta subitement sur le côté, le laissant passer devant lui, emporté par son élan.
Le corellien ressentit une bourrade puissante qui l’envoya deux mètres plus loin, le nez dans le ruisseau. Il se releva sur ses appuis, revanchard alors que son ancêtre attendait, parfaitement serein.
- Tu puises dans ta haine, comme le ferait un Sith. Comme je l’ai fait.
- Je hais les Sith !
- Même cela, renforce le Côté Obscur en toi, Liars.
- Ils doivent disparaître de la galaxie.
Liars se rapprocha pour lui porter de nouveaux coups, mais en faisant preuve de prudence. Il alterna des séquences du Soresu, la forme défensive avec le Vaapad. Il tourna autour du fantôme, guettant la moindre faille.
- La vengeance n’est pas la voie des Jedi.
- Je n’ai jamais été un Jedi et vous avez cessé de l’être !
Liars porta une frappe oblique, mais le fantôme invoqua une Poussée de Force qui le rejeta en arrière.
- Est-ce une excuse pour ne pas m’écouter ?
- Vous n’existez plus et je vais vous renvoyer là où vous auriez dû rester !
Il se redressa pour le fendre en deux, mais le fantôme s’évanouit à son grand désappointement. Ce dernier réapparut sur sa droite.
- Tu éprouves de la haine et tu suintes la peur, Liars. La peur d’échouer, de ne pas être à la hauteur de l’héritage de ton père.
- Je n’ai pas peur de vous.
- L’Enclos des Murmures va te révéler ce que tu tentes de cacher.
Le fantôme de Oreste disparut une nouvelle fois et cette fois, il ne réapparut pas. Ce qui laissa Liars, désemparé. Le brouillard s’épaissit, l’encerclant plus étroitement et accroissant son appréhension. Il entendit des voix pénétrer son esprit.
Au début, ce n’était que de simples chuchotements, qu’il confondait d’abord avec le bruit du vent qui traversait le vallon. Puis ils gagnèrent en intensité, et il les entendait distinctement, parlant de lui au rythme d’un tambour endiablé.
Un Tissan… c’est un Tissan !
Il n’a rien à faire, ici ! Qu’il s’en aille ! Il est aussi maudit que son ancêtre, celui qui a apporté le malheur sur ce monde !
C’est à cause de lui que nous souffrons !Les voix continuaient de le harceler et il commença à gémir sous l’effet de la puissante migraine qui tenaillait son crâne entre des pinces invisibles.
- Montrez-vous !
Son cri avait été appuyé par la Force, et les murmures cessèrent de le tourmenter, réduits à de simples souffles diffus. Autour de lui, la brume opaque se contorsionnait et un spectre flou commença à s’en séparer.
Liars sur le qui-vive, s’en approcha lentement, plissant les yeux devant l’émanation qui prenait les contours d’une silhouette plus nettement dessinée. Celle d’un homme, un corellien âgé au visage ridé par l’amertume qu’il reconnut.
- Papa ?
Le fantôme de Davok Tissan se dressa, l’observant.
- J’ai toujours su qui tu étais, mon fils.
- Qu’est-ce que tu dis ? Hoqueta Liars.
- J’ai toujours su que tu étais un monstre. Parce que tu as laissé les Sith me tuer, comme ils ont tué ma famille ! Tu les as laissé se servir de mon entreprise pour leurs complots ! Une entreprise que tu as osé reprendre et que tu souilles de ta médiocrité !
- Je ne savais pas qu’ils te tueraient, je te le jure !
Davok Tissan pointa sur lui, un index accusateur.
- Tu es un Jedi, tu aurais dû faire plus !
Désemparé, Liars ne sut que dire tandis que son père défunt martelait la même accusation, qui restait enfouie au plus profond de son âme. Cette vérité remontait et submergeait ses émotions, le figeant tandis que le sceptre de Davok se déformait en une apparition hideuse, une momie à la peau parcheminée.
- Monstre ! Monstre !
- Laissez-moi tranquille !
Il abattit rageusement son sabre-laser sur lui, et le fit disparaître. Le corellien se mit à geindre, très éprouvé par le choc de cette réapparition, des larmes coulant sur ses joues creuses. À la place de son père, une Sith se matérialisa.
Sa mère, en plus jeune, le fixait avec suffisance. Du temps où elle agissait sous le nom de Dark Entiam, pour les intérêts du Sith Unique.
- Ton père a raison, tu es une telle déception.
- Maman, tu nous as quitté pour nous sauver. En te faisant passer pour morte.
Entiam ricana avec mépris.
- Tu crois ça ? Non, je suis partie car j’avais honte de toi. D’avoir engendré un minable ! Tu as laissé ton père, l’homme que je chérissais, dans le désespoir. Tu n’as jamais cherché à l’aimer !
- Tu mens !
De nouveau, il donna un coup de sabre-laser et fit disparaître ce nouveau cauchemar. Profitant de son hébétude, les voix revinrent à la charge.
Tissan… maudit. Les Tissan sont maudits.
- Où êtes-vous, Gardien des Murmures ?
Celui-ci surgit de la brume face à lui, le sabre-laser éteint dans son poing transparent. Liars l’invectiva avec une virulence rancunière.
- Ça vous amuse, hein ?
- Ne m’accuse pas de ce que je ne t’ai jamais fait, Liars. Je t’avais prévenu que l’Enclos des Murmures révélerait ce que tu cacherais. C’est toi-même qui nourris ta propre obscurité, qui rumine ta culpabilité, même inconsciemment.
Oreste Tissan éleva la main qui tenait son arme, avec laquelle il avait commis l’irréparable et causé bien des torts.
- Tu dois te libérer de cette culpabilité, comme j’ai réussi à le faire.
- Silence !
Liars se jeta, guidé par la colère pour frapper une nouvelle fois, un sceptre qu’il ne pouvait même pas effleurer. Oreste se téléporta à dix mètres de lui, sur la gauche, attirant de nouveau son attention.
- Tu dois admettre la vérité. Tu n’es pas responsable de la mort de ton père, Liars. Je ne te combattrai plus, tu dois laisser aller.
Le corellien s’entêta de plus belle, chargeant de nouveau le fantôme de son aïeul, qui s’évapora une nouvelle fois, remplacé par une lame ardente sanglante qui bloqua sa frappe oblique. La brume s’écarta, lui permettant d’identifier la jeune femme aux cheveux blancs qui maniait la lame dépliée d’une crosse en forme de griffe de rancor.
- Par les Neufs Enfers ! Jura-t-il.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
Rendez-vous mardi prochain pour la fin de cette chronique

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