Rebonjour à tous !
Mauvaise nouvelle: Je vais être bien occupé par le boulot demain et jusqu'à samedi matin, donc impossibilité de poster vendredi comme promis.
Bonne nouvelle : Plutôt que d'attendre samedi, je vais poster le premier chapitre aujourd'hui !
Bonne lecture et bonne découverte de cette nouvelle aventure !
Chapitre 1
6 av.BY
Nar Shaddaa, Système Y’ToubNar Shaddaa, la Lune des contrebandiers, simple satellite d’un système contenant de plus grandes planètes, elle en demeurait pourtant le joyau. Sphère de lumière parsemée de riches veines de luxe et de luxure, le nouveau venu s’y sentait happé, comme l’hétérocère l’était, fasciné par les éclats artificiels. Les néons répandus à outrance dans les plus hautes sphères, indiquant un casino flottant ou des clubs de divertissements attiraient le voyageur épuisé en manque d’affectueuse reconnaissance de ses efforts. Ils présentaient, ainsi, l’exacte et même fonction pour des êtres doués d’une plus grande conscience que ces insectes. Sur les quelques plateformes d’atterrissage les plus en évidences, minaudaient des créatures de rêves de tous les genres et espèces que la galaxie avait à proposer. Elles ne faisaient que renforcer un accueil qui invitait à embrasser ce que ce monde de toutes les possibilités avait à offrir. Nar Shaddaa, lorsque l’on n’y mettait le pied, on ne voulait plus en partir. C’était, à quelques mots près, ce que le panneau rose présentant une Mirialan et une Twi’lek peu vêtues, adossées l’une à l’autre dans une position suggestive indiquait. Kuyzen Nimpaloo y jeta un regard presque amusé en repensant à ce que ce genre de publicité avait provoqué chez lui lors de sa première visite sur la Lune des contrebandiers.
Espoir, excitation, la promesse d’une vie d’aventure qui allait s’ouvrir à moi. Jeune imbécile…
Aujourd’hui, il n’était plus ce naïf aux traits juvéniles ne possédant qu’une chemise, un pantalon et un vieux blaster. En dix années, le gamin originaire de Dantooine qu’il était avait évolué et mûri, endurci par les épreuves et la dure réalité. La cicatrice qui parcourait le milieu de son front, jusqu’à sa tempe gauche pour venir finalement disparaître sous un veston noir n’était que l’un de ces signes visible de ce changement. Pourtant, on ne le dévisageait pas, les cheveux noirs coiffées en brosse, les yeux d’un gris intense, ainsi que son visage marqué aux traits sévères étaient d’une extrême banalité dans ce secteur. Il n’était ni craint, ni respecté, mais se fondait dans la masse, ce qui convenait parfaitement à l’humain.
— Attendez !
Le cri provenait d’une ruelle sur sa droite, mais ne lui fit pas ralentir son pas pour autant. Le bruit de craquement qu’il savait être celui d’un radius, ou peut-être un péroné, qui se brisait sous les coups ne lui était plus étranger. C’était sûrement la troisième fois qu’il le percevait depuis qu’il était sorti du petit appartement qu’il louait pour la semaine et il avait entendu d’autre sons biens moins agréables lors de son trajet. Sa vitesse ne changea pas, ni même son expression, car il avait très vite appris la vérité sur ce monde.
Nar Shaddaa, la Lune des contrebandiers, simple satellite d’un système contenant de plus grandes planètes, elle en demeurait pourtant le joyau dissimulant la pourriture la plus nauséabonde de la galaxie. Sphère de lumière parsemée de veines baignées du sang de ceux qui s’y étaient retrouvés happés, tels le pauvre hétérocère qui venait se griller intentionnellement contre le piège mortel d’un éclat artificiel. Les néons répandus à outrance dans les plus hautes sphères, les casinos flottants et les clubs de divertissements ne faisaient que masquer les ténèbres qui constituaient la planète. Le voyageur épuisé en manque d’affectueuse reconnaissance de ses efforts et attiré, démontrant une conscience équivalente à ces insectes, finissait avalé par l’obscurité, aveuglé par des promesses de lumières qu’il n’avait pas assez craint. Sur les quelques plateformes d’atterrissage les plus en évidences, minaudaient des créatures de rêves de tous les genres et espèces que la galaxie avait à proposer. Elles n’étaient qu’une illusion, une porte sur l’abîme ayant l’apparence d’un jardin de toutes les récompenses. Nar Shaddaa, lorsque l’on n’y mettait le pied, on pouvait ne plus en partir. C’était, à quelques mots prêts, ce que le panneau rose présentant une Mirialan et une Twi’lek peu vêtues, adossées l’une à l’autre dans une position suggestive aurait dû indiquer.
Seuls les Hutts en sortent gagnants.
C’était la première chose qu’il avait apprise en accostant. Il ne lui avait fallu que quelques dizaines de minutes pour perdre ses maigres provisions, ainsi que l’ensemble de ses crédits. Son blaster, il ne l’avait conservé que parce qu’il l’avait lâché dans une ruelle en fuyant trois membres d’un gang insignifiant. Ses habits, alors troués et tâchés de sang et aujourd’hui brûlés avec ce qu’il restait de son passé, ne lui était restés qu’en raison de leur aspect encore plus pouilleux que ceux que portaient ses agresseurs. Il n’y avait pas eu d’agents de sécurité auprès de qui se rendre, personne pour le protéger, pour le soigner ou même l’héberger. Seuls les Hutts bénéficiaient des services de ce qui portait le nom de « forces de l’ordre », mais s’apparentaient plus à des milices de mercenaires grassement payés. Seul, il avait atterri dans certains des quartiers les plus malfamés de cette lune qui digérait lentement les rêves et les corps, puis elle l’avait recraché après trois années. Il était remonté vers la surface profondément changé dans sa chair et son esprit. Il avait forgé sa volonté, guidé par sa fureur et son désir de survie et avait réussi. Il avait survécu à Nar Shaddaa et son pas pourtant banal était désormais empli de sa détermination de profiter de ces lumières attirantes qu’il savait désormais démasquer. Lorsqu’il arriva en face du Sanctuaire de Zyo, un nom particulièrement pompeux qui convenait parfaitement au Hutt mineur qui le possédait, il ne ralentit pas à la vue du vigil, un Weequay plus corpulent que la moyenne. Celui-ci, après lui avoir jeté un bref regard, s’écarta pour le laisser passer sous les yeux médusés d’une file de jeunes imbéciles.
— Et pourquoi lui peut rentrer ?!
La phrase stoppa Nimpaloo qui fit volte-face transperçant le Zabrak de près de dix ans son cadet. L’humain n’eut pas le temps de lire la terreur dans les yeux de l’inconscient avant qu’il ne l’attrape par la gorge de sa main gauche et ne le frappe au visage une première, puis une seconde fois. Il entendit un craquement sec aux deux impacts et sentit la chaleur du sang entre ses doigts, puis il desserra ses deux poings. L’autre s’effondra comme une poupée de chiffon. Kuyzen ignorait s’il était mort ou non et, en toute honnêteté, il ne s’en préoccupait pas. Personne ne lui demanderait des comptes. Personne ne lui poserait de question. Personne ne ferait même que prétendre s’en soucier. D’un geste sec, il s’empara de l’écharpe de la compagne du jeune imbécile étendu sur le sol. Pétrifiée, elle ne put que le regarder s’essuyer les mains, ainsi que son visage éclaboussé à la suite des deux puissants impacts, puis il la lui rendit.
— Voilà pourquoi, se contenta-t-il de répondre plus à l’attention de la foule que du Zabrak qui ne l’entendait certainement pas.
Alors qu’il rentrait, il croisa un humain au crâne rasé en tenue sombre. Sans doute allait-il s’occuper de son adversaire de quelques secondes pour le balancer à un endroit où il dérangerait moins. Après tout, Zyo avait une réputation à maintenir pour son club et un corps ensanglanté n’attirait pas toujours la clientèle qu’il recherchait.
Sans compter que la situation actuelle présente tant de nouvelles opportunités que de menaces pour cette limace baveuse.
La musique qui atteignait ses tympans avec une violence toujours renforcée, le coupa de ces pensées. Il n’était pas là pour y penser, pas aujourd’hui. Certes les offres d’emploi se faisaient de plus en plus nombreuses avec la guerre que les divers cartels se livraient, mais il était en vacances grâce aux derniers contrats juteux qu’il avait accompli. L’un d’eux, qui s’était déroulé sur cette lune, avait même failli lui couter définitivement la vie en raison de la rétention d’informations dont avait preuve son employeur.
Sale larve narcissique.
Non, ce soir, il ne prendrait aucun contrat. Il venait au Sanctuaire de Zyo pour se détendre. Certains produits l’y aiderait, puis l’une des charmantes employées du lieu ou peut-être simplement l’une des clientes permettrait de lui offrir cette affectueuse reconnaissance qu’il méritait. La fréquence des basses, bien que douces, lui rappelait un champ de bataille et le maintenaient aux aguets ce qui, en un tel lieu, était plutôt une bonne chose. Pourtant, ce n’était pas ce qu’il recherchait. Son regard parcouru la salle principale de l’établissement qu’il affectionnait. Évidemment, la première chose qui attira son regard était les multiples podiums sur lesquels se déhanchaient divers professionnels d’origines variées. Son regard s’arrêta néanmoins sur l’humaine aux longs cheveux de feu et au teint mat qui effectuaient une danse entremêlant lascivité et gestes techniques des plus impressionnants. Millie était sa préférée, mais elle coûtait cher. Il sourit. Peu importait, il avait gagné de nombreux crédits et il ne désirait pas la mettre hors de sa portée aussi tôt dans la soirée. Alors que son regard se tournait vers le bar illuminé de spots violacés, il vit l’humain qui se rapprochait de lui dans une démarche emplie de la politesse due à son rôle. L’individu, qui arborait une tenue scintillante contrastant avec ses longs cheveux noirs, l’enlaça immédiatement et il grogna, appréciant peu le geste, mais le supportant en raison des avantages que ce court instant de sacrifice de son espace vital lui conférait.
— Kuyzen mon ami ! s’exclama l’autre d’une voix suffisamment forte pour couvrir le rythme intense de la musique. Je suis tellement heureux de ta fidélité. J’ai entendu ce qui t’es arrivé sur Coruscant, quoiqu’après toute cette affaire d’il y a deux mois avec Torga, je suis sûr que ce n’était qu’une formalité.
— Ma table, Tommin ? se contenta de répondre le mercenaire sur un ton qui décrivait parfaitement son absence d’envie de discuter de son travail.
Tommin ne s’en formalisa pas et fit preuve du professionnalisme qui le caractérisait. Le gérant du club était une vraie fouine, mais savait reconnaître les moments où il devait éviter de faire ressortir ce trait de sa personnalité. Pour Nimpaloo, il s’agissait d’une preuve d’intelligence ou peut-être n’était-ce qu’une stratégie qui lui permettrait d’obtenir de nouvelles informations dans un futur proche, lorsqu’il aurait l’esprit plus embrumé. Il observa l’homme aux cheveux sombres parfaitement peignés partir seul, attendant son signal. Il avait repéré la table qui lui était réservée plus en retrait, évidemment, mais il savait que les gorilles de Tommin lui serraient tomber dessus s’il avait essayé de s’y rendre. Son impatience ne valait pas quelques cicatrices supplémentaires ainsi qu’un bannissement, aussi avait-il accepté de se prêter au petit jeu protocolaire du gérant qui tenait à la réputation d’établissement respectable, selon les standards de Nar Shaddaa, du Sanctuaire. Après tout, Zyo ne faisait que de très rares apparitions et le véritable maître du lieu était l’humain à la tenue brillante. Ce dernier s’arrêta à une table sur laquelle était disposés plusieurs tubes emplis de substances colorées que Kuyzen connaissait parfaitement.
Des bâtons de la mort. Tu es attentif, petite fouine.
Le sourire de son guide s’agrandit lorsqu’il réalisa qu’il avait vu juste et le mercenaire jura intérieurement en réalisant qu’il venait de confirmer une de ses faiblesses à l’un des revendeurs d’information le plus dangereux du secteur. Pour masquer sa frustration, il s’empressa de s’asseoir. L’expression emplie de supériorité de Tommin s’atténua et il claqua des doigts avec autorité. Une jeune Twi’lek à la peau presque aussi sombre que de l’ambre s’avança avec une grâce féline. Peu vêtue, elle présentait un sourire qu’elle avait sûrement passé des mois à entraîner avant d’être lâchées dans ce que Kuyzen appelait la « Fosse aux Nexus ».
— Voici Kilviia, expliqua Tommin. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n’as qu’à lui faire ce ligne et elle répondra à toutes tes demandes.
— Toutes ? s’intéressa Kuyzen.
L’expression chaleureuse de la non-humaine diminua de manière presque imperceptible et son patron eut un petit rire amusé.
— Kilviia est serveuse, mon ami mais, si tu veux des services supplémentaires, tu peux toujours payer pour l’une des catégories plus… prestigieuses, si tu en as les moyens.
Kuyzen réfréna l’envie de faire subir à cet homme le même sort qu’il avait réservé au Zabrak un instant plus tôt. Il ne se laisserait pas entraîner inutilement vers ce qu’il savait être une situation particulièrement douloureuse pour lui et se contenta de sourire à son tour.
— Merci, mon ami. Je vais commencer par prendre un brandy corellien et je vais réfléchir à ton offre.
Kilviia s’inclina en partant en direction du bar, très vite suivie par Tommin qui s’empressa d’aller charmer d’autres clients plus fortunés que le mercenaire ne l’était.
Sale petit rat à la botte d’une limace. Tu ferais moins le malin à l’extérieur de ton précieux club protégé par ta petite armée.
Sentant la frustration monter en lui, il décida que la meilleure façon de contrebalancer ses émotions négatives étaient, encore une fois, de se rabattre sur les petites fioles aux étonnants pouvoirs disposées devant lui. Son regard se posa sur un flacon dont la teinte lui rappelait celle d’une améthyste rodienne. Ses doigts s’en saisirent avant de l’ouvrir, lui offrant ainsi accès au précieux contenu qu’il s’empressa de mélanger à l’un des verres d’alcool spécialement prévu à cet effet. Contrairement à la majorité des addicts, il privilégiait une méthode qui, selon lui, le rendait moins pitoyable que ceux se servant de l’habituelle seringue. Il n’était pas dépendant à ce produit. Il n’en avait besoin que pour se détendre, réfléchir, remettre son esprit à zéro. Il n’était pas accro à cette mort en tube ou, du moins, il préférait s’en convaincre. Le mélange de drogues légales et illégales glissa dans sa gorge avec le picotement brûlant caractéristique de l’alcool bon marché associé à la douceur des fruits qui y avaient été ajoutés. Le tout avait le goût d’un cocktail simple et cela lui convenait.
Je ne suis pas accro.
Très vite une sensation de bien-être s’empara de lui. Les lumières se firent plus vivent, la musique plus lente, comme si le monde devenait enfin plus perceptible autour de lui. Il se laissa glisser sur le canapé qu’il occupait, respirant plus calmement et sourit. Le bruit d’un verre que l’on posait sur sa table lui sembla être celui d’un carillon que l’on faisait sonner, son écho se répercutant contre son esprit. Il reconnut sans peine la démarche chaloupée de Kilviia qui s’éloignait sans un mot. L’effet dura un instant, trop court à son goût, et il se retint de se saisir d’une autre fiole. Il savait que Tommin l’observait, guettait ses action, enregistrait ses faiblesses. Kuyzen ne lui donnerait pas le plaisir de s’exposer plus que nécessaire et il se redressa pour se saisir du brandy devant lui. Sa main trembla un instant et il serra les dents. Le mercenaire leva les yeux. Le gérant était occupé à parader auprès d’un Ithorien et n’avait sans doute pas remarqué ce léger faux pas.
Tant mieux.
Il se saisit du verre cristallin remplit d’un liquide ambré qu’il affectionnait particulièrement, mais il n’en prit pas une gorgée. Il ferma les yeux et se contenta d’humer les vapeurs qui s’en échappaient. Une odeur boisée et fumée arriva rapidement à ses narines. Lorsqu’il les rouvrit, il chercha Millie du regard, toujours hésitant à dépenser ses crédits durement gagné pour se payer un court instant en sa compagnie. Il secoua la tête. Il était encore tôt et il décida d’observer son entourage varié. Ses yeux s’arrêtèrent sur une humaine. Vêtue d’un veston bleu sombre porté sur une tenue ébène, elle avait le teint pâle et les cheveux roux. Bien que trop courte à son goût au niveau de la tempe gauche, l’autre partie de sa chevelure, plus longue, était coiffée de façon à retomber sur le côté droit de son visage. Elle avait suffi à capter son attention une fraction de seconde pour la simple raison qu’elle le dévisageait intensément. Kuyzen ne se rappelait pas l’avoir déjà vue ici au club et cela l’intrigua un peu plus. La jeune femme se leva, sans le lâcher du regard, s’avança dans sa direction. Il sourit, mais se concentra à nouveau sur sa boisson.
Inutile de lui faire penser qu’elle est plus intéressante que d’autres personnes ici.
Il fit tourner le liquide ambré dans son verre, comme s’il espérait en améliorer le contenu à chaque mouvement. Du coin de l’œil il aperçut la femme s’approcher, mais il ne se tourna pas immédiatement.
— Vous cherchez quelqu’un ? demanda une voix féminine dans laquelle transparaissait une certaine naïveté.
Il se décida à observer la nouvelle venue. Sans avoir la même beauté que Millie ou la plupart des danseuses du club, elle suffisait à attirer l’intérêt. Son visage parsemé de taches de rousseur trahissait sa jeunesse. Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt ans. Toutefois, son regard émeraude était plus surprenant, plus dur, et lui soufflait de ne pas s’arrêter aux apparences. Le mercenaire ne se priva pas de jeter un regard plus détaillé sur celle qui se tenait en face de lui. Elle était fine et n’arborait pas les formes voluptueuses qu’il cherchait généralement. De plus, sa tenue ne mettait vraisemblablement pas tous ses atouts en valeurs.
Elle ne travaille définitivement pas ici. Soit elle cherche un peu d’excitation, soit elle me cherchait spécifiquement. Dans les deux cas, je dois me méfier. Dans les deux cas, il est possible de passer une nuit intéressante.
— Ne cherche-t-on pas toujours quelqu’un ? répondit-il souriant en indiquant une place à ses côtés.
À sa surprise, la rousse s’installa, non pas sur le canapé, mais sur un siège situé face à lui. Elle adopta immédiatement une posture décontractée, la jambe gauche croisée au-dessus de la droite et le sourire du mercenaire se crispa. Elle n’était définitivement ni une danseuse, ni une serveuse, pourtant quelque chose dans son attitude le perturbait. Derrière le comportement confiant, il discernait une autre chose qu’elle souhaitait dissimuler, une certaine prestance à laquelle il n’était que rarement confronté.
— Laissez-moi deviner, se força-t-il en prenant une gorgée de brandy, affaire et non pas plaisir.
— Je suis si transparente ?
Il s’avança, autant pour mieux entendre l’inconnue que pour tenter de l’intimider.
— Vous n’avez même pas fait l’effort de paraître idiote, se contenta-t-il de répondre. Qu’est-ce que vous voulez ?
Le ton qu’il avait utilisé était suffisamment sec pour faire comprendre qu’il ne désirait pas perdre son temps. À vrai dire, il hésitait à l’expulser comme l’autorisait son privilège temporaire de VIP.
— Vous avez travaillé pour Aucius Piell, récemment, si mes sources sont correctes.
Kuyzen grimaça et se tendit un peu, redoutant un piège. Il avait effectivement effectué un contrat temporaire pour l’architecte renommé, un contrat qui avait tourné à la catastrophe. Seule sa paie particulièrement conséquente et payée en avance l’empêchait de considérer l’affaire comme un échec total.
— C’est lui qui vous envoie ou Torga ?
La femme au veston bleu eut un sourire.
— Vous pouvez vous détendre, je ne cherche que des informations.
Pour faire bonne mesure, elle jeta quelques crédits sur la table. La somme était assez conséquente pour attirer l’attention de l’homme, mais pas suffisante pour qu’il ne dise quoique ce soit pouvant lui attirer des ennuis. Aucius et plus particulièrement Torga le Hutt avaient beau avoir essuyé un revers particulièrement sévère récemment, ils n’en demeuraient pas moins dangereux. Il décida, toutefois, d’empoigner l’argent.
— Quel type d’information ?
Il n’écoutait plus la musique, quelque chose avait changé dans l’expression de la jeune femme suite à sa relative docilité et il put percevoir une certaine forme d’anxiété se dessiner sur ses traits. Visiblement, elle n’était pas aussi sereine qu’elle voulait le lui faire croire et cela amusa l’homme de main.
— D’après mes renseignements, vous faisiez partie de l’équipe en charge de la sécurité sur le Nebulus. C’est exact ?
Kuyzen, plus détendu, reprit une gorgée.
— Sale affaire, mais vos sources ne se sont pas trompées.
La posture de l’humaine changea à nouveau et il finit par comprendre ce qu’elle cherchait à cacher. Malgré l’apparence dure qu’elle tentait de se donner, elle ne pouvait pas dissimuler sa véritable nature et ses manières aristocratiques et il faillit éclater de rire.
— Il faut en avoir une certaine paire pour que quelqu’un comme vous descende dans les bas-fonds de Nar Shaddaa, s’amusa-t-il alors que la femme palissait un peu. Laissez-moi deviner vous aviez des objets de valeurs sur ce train ? Si c’est le cas, désolé de vous décevoir, mais une bonne moitié a été pulvérisée et l’autre a fini perdue dans les bas-fonds.
— À cause du braquage ?
Le ton de la femme était plus insistant et, visiblement, elle ne semblait pas du tout intéressée par la perte du trésor stocké sur le Nebulus.
— Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
Un sentiment désagréable s’empara de lui. Il pensait avoir cerné l’humaine aux cheveux roux, mais elle le surprenait une fois de plus. Il détestait ne pas contrôler totalement la situation et elle en profita.
— Vous avez traqué le responsable.
Il ne s’agissait pas d’une question. Elle était réellement bien informée et il n’aimait pas ça et cela même si le dénouement n’allait pas lui porter à conséquence. Non, il n’aimait pas cette conversation, car cela voulait dire que des contrats secrets avaient bien trop fuité à son goût et qu’il allait devoir se montrer plus prudent.
— Vous en savez plus que je ne l’aurais pensé, mais vous n’avez pas répondu à ma question. Que voulez-vous savoir ?
Évidemment, il savait déjà ce que l’humaine désirait connaître sans toutefois chercher à le comprendre. Sa réponse la décevrait certainement et il sourit avec anticipation.
— Dawnwalker. Je veux savoir où se trouve Jaden Dawnwalker.
Il éclata de rire. Finalement, elle était bel et bien prévisible et le regard stupéfait qui se trouvait face à lui l’amusa encore plus.
— Jaden Dawnwalker ? Jaden Dawnwalker est mort, ma belle.