Le dernier vol du Harbinger (Star Wars #21 à 25), par Jason Aaron et Jorge Molina
Pour forcer le blocus imposé à la planète Tureen VII, Luke Skywalker et la Princesse Leia ont une idée aussi inattendue qu'a priori impossible à réaliser : dérober un Destroyer Stellaire Impérial, le
Harbinger, et s'en servir de bélier ! Et si les Rebelles pensaient avoir fait le plus dur en piratant le bâtiment, ils vont être surpris. Car l'escadron SCAR, spécialiste des missions difficiles, est sur leur trace avec, à leur tête, un adepte du sabre-laser qui a des comptes à régler avec Luke. Sans oublier que Dark Vador lui-même se trouve près de Tureen VII !
Sur le principe, l'arc est génial. On s'attend effectivement à voir des batailles spatiales, des sacrifices, les héros lutter pour mettre la main sur le Destroyer, et on a bien tout cela... pendant un numéro, en fait, le #22. Bien que souffrant de quelques (très grosses) facilités, on se laisse absorber par ce passage qui fait qu'on se dit que oui, cet arc démarre bien, d'autant plus après un numéro prologue qui nous montre l'escadron SCAR en pleine action, loin des « bêtes » stormtroopers. Cela démarre donc super bien.
Mais comme on dit, tout cela, c'est avant le drame, bien entendu.
Le drame, c'est le #23. Et à partir de là, l'arc s'enfonce dans le n'importe quoi. La chronologie des événements elle-même n'est plus claire, entre les réparations du Destroyer qui n'en sont pas mais qui en fait ont lieu, mais oui mais non, en une semaine ça n'a pas été réparé mais en fait si et surtout, surtout, un numéro entier consacré à une course entre Han et Leia dans les coursives du Destroyer pour déterminer qui sera le Capitaine du
Harbinger. Ça aurait pu être drôle si la course avait été vue en arrière-plan, en fond tandis que d'autres personnages discutent, en running-gag alors que le fond de l'intrigue était sérieux. Mais ce n'est pas le cas, l'idée étant prise au premier degré et débouchant sur des scènes surréalistes qui occupent TOUT UN NUMERO de l'arc !
Fatalement, lorsque les SCAR déboulent à bord du
Habringer, ça devient encore plus compliqué à suivre, la narration devenant du n'importe quoi, le summum étant atteint dans le dernier numéro de l'arc. Tout le monde se fiche de tout le monde, personne ne communique pour savoir ce qu'il convient de faire, Han et Leia nous remettent ça à faire absolument n'importe quoi, on ne sait pas si tel SCAR est vivant ou mort, on se fiche des Rebelles anonymes qui vont être éliminés par paquets, nos héros eux-mêmes ne vérifient même pas s'ils ont quitté le
Harbinger ou non... le pire étant atteint dans les dernières pages de l'arc, avec un cliffhanger imprévisible (mais dans le mauvais sens, car rien ne le laissait apparaître, et finalement bien peu crédible), les bases sur les lunes de Tureen détruites l'air de rien, au détour d'une case, toujours par le même personnage pourtant déjà bien occupé... Pénible, en fait.
Aux dessins, je suis mitigé. Je n'ai rien contre les représentations exagérées et le style cartoony de Jorge Molina. Les designs des SCAR sont plutôt réussis, même s'ils sont un peu trop massifs à mon goût, mais pourquoi pas... Mais la narration manque de dynamisme, l'ensemble est figé, les batailles spatiales ne sont pas spectaculaires ! Les personnages manquent également de détail, et ça c'est clairement ennuyeux. Alors ce n'est pas catastrophique, on est loin des purges (pas le titre, hein!) de l'ère Dark Horse, mais on regrette les Immomen, Deodato ou Larraz. Visuellement, c'est pas enthousiasmant non plus.
Déception donc pour ce nouvel arc de Star Wars, et pourtant vous savez maintenant à quel point je suis bon public. Mais là, j'ai vraiment eu l'impression d'être devant un arc de transition. Pourquoi pas, mais cela ne dispense pas Jason Aaron de raconter une histoire !

Il aurait pourtant suffit de pas grand chose : la place libérée sans les idioties du #23 aurait permis de mieux narrer les événements des #24 et 25 qui, eux, sont trop à l'étroit dans leur 20 pages respectives. Mais non : pourquoi se compliquer la vie alors que la série est encore à l'heure actuelle l'une des meilleures ventes de Marvel ?
Note : 50% (parce que je suis quand même bon public !)