Kir Kanos est le dernier survivant du corps d’élite de la Garde Impériale. Il est en fuite, et l’Empire est prêt à tout pour l’avoir. Un homme seul contre la machine impériale, et tout le reste...
Scénario
Se déroulant après L'Empire des Ténèbres, ce premier tome de L'Empire Écarlate propose une histoire originale et très prenante. Si depuis Le Retour du Jedi les Gardes Rouges de l'Empereur étaient un véritable mystère pour vous, alors Trahison va vous ravir. Le scénario est simple mais diablement efficace : Kir Kanos, un des derniers survivant de la Garde Impériale, veut la mort de tous les traîtres à l'Empire, Carnor Jax (seul autre survivant de cet ordre) en tête de liste. Ainsi, le personnage de Kir Kanos, entièrement guidé par son désir de vengeance, représente le gros point fort de l'histoire. Traité comme l'archétype du vengeur (masqué pour le coup), il s'inscrit jusqu'au bout dans cette logique, ce qui lui donne une vraie contenance à défaut de bénéficier d'une introspection fouillée.
Outre le fait qu'il en impose avec une efficacité spectaculaire dans le maniement de la double-vibrolame au combat et un attachement à l'honneur sans faille, il agit dans le récit comme un prisme permettant de voir le passé des Gardes Rouges. On y voit l'entraînement cruel qu'ils subissent, leur rapport avec Palpatine et Vador, et plus tard leur massacre par Carnor qui règne désormais sur ce qui reste de l'Empire. Un éclairage intéressant et bien inséré dans le récit cadre. À l'histoire de vengeance se superpose un aperçu de la situation des Vestiges de l'Empire (post clonage de Palpatine) et de celle de la Nouvelle République (avec une apparition en prime de Wedge et du Lusankya). Tout cela est fait de manière assez succincte, et parfois un peu caricaturale. Mais le cœur de l'intrigue reste lui très palpitant, et est servi par des dessins... Et bien... Parlons en justement, des dessins ! (Si ça c'est pas une des plus belle transition que vous ayez lue sur le site...).
Dessins
Les dessins sont un peu comme une grosse glace au chocolat. Voilà. Maintenant que cette image, qui de prime abord semble totalement inadéquate, est posée, expliquons-la : le premier contact avec les illustrations est plutôt dérangeant, comme lorsqu'on croque dans quelque chose de trop froid. Difficile d'en apprécier la saveur, car les dessins de Paul Gulacy sont très « directs », avec un contour noir appuyé, qui semble placer tous les éléments au même plan (on est pas dans Daria non plus, mais pas loin...). Les couleurs sont elles aussi très tranchées, les teintes choisies ne cherchent définitivement pas du côté du subtil ou du discret (les armures d'entraînement des gardes allant du vert au rose en passant par le jaune...hum). Et l'incrustation de planètes en images de synthèse dans le ciel n'arrange rien. Néanmoins, on se laisse prendre par l'histoire, et, au fil des cases, le dessin révèle ses qualités (vous savez, comme la glace qui fond dans la bouche...), interpellant plus par sa force de représentation que par son manque de finesse.
Certaines cases adoptent ainsi une composition très cinématographique et audacieuse dans leur cadrage. Les couvertures sont pour leur part très réussies, mettant judicieusement en avant ces personnages secondaires dans les films (mais si intriguant) que sont les Gardes Rouges. Tout ceci laisse donc plutôt un bon goût, et arrivé au bout, on en reprendrait bien 160 pages...
Conclusion
Crimson Empire prend le parti de développer un récit très personnel, et qui entre finalement en perspective avec l'évolution de la Galaxie. Comme dans une célèbre saga en somme... Si l'ensemble manque un peu de profondeur, flirtant parfois avec le simpliste ou l'effet attendu, le comic n'en demeure pas moins original et entraînant, parvenant alors à faire oublier ses quelques défauts. Et le final (que nous ne révélerons pas ici, ce serait mal) laisse présager d'un second tome du même niveau, voire meilleur...