Que dire de cet Indy ? Je suis entré en salle avec hâte, partagé entre la délectation de me reconnecter à mon enfance, ces films que j'ai adorés, et la crainte – si souvent confirmée depuis une décennie par les innombrables reboots, requels, sequels, qui n'ont jamais exaucé ce souhait vain et immature d'éblouir les yeux d'enfants qui ont grandi comme le reste.
Je ne suis pas sorti déçu, dépité, ou heureux, satisfait, je suis sorti... neutre. Je n'essayais pas de démêler mes impressions de spectateurs de mes attentes de fans. Qu'en dire ? La première partie est plus que sympathique : si l'introduction est de loin la plus faible des 5, il faut dire que les autres servent le café, elles remplissent le cahier de charge et offrent même quelques instants sublimes, comme cet Indy obsolète et bougon face à une époque qui le dépasse. Le deaging de la première scène marche assez bien, même si la plupart des plans se font dans la pénombre il y a tout de même des prises de risque louables en pleine lumière, et c'est du bon travail (de toute façon la saga n'en serait pas à sa première bouillie numérique, coucou
Last Crusad !).
Le reste du film est une avalanche de course-poursuite passables mais sans génie : l'âge de Ford contraint bien sûr le scénario à ces scènes, et la première,
avec le cheval, ne manque pas d'élégance. Je regrette surtout le manque d'envergure, de tensions, dans beaucoup de scènes, le paroxysme de l'inoffensif étant atteint avec la
scène sous-marine, longuement préparé, pour si peu au final. C'est l'ennui principal du film selon moi : quel manque de folie ! A croire que Mangold - pourtant un excellent choix au départ - savait trop bien que les fans s'échaudent pour trop peu, du moins qu'une grande partie d'entre eux, ceux qui gueulent le plus fort prennent pour sacrilège la moindre loufoquerie, au mépris de l'identité de ces films et de leur héritage
serial. Le dernier acte, par exemple, est un vrai acte manqué, où je me disais intérieurement "mais allez-y à fond !". Au final, c'est trop sage, et parfois confus, le scénario s'embourbant dans une division de McGuffins (qui rappelle
TROS à certains égards) qui ne fait qu'appuyer sur le manque d'enjeu global du film. Pourquoi le plan de
Mikkelsen n'est dévoilé que quelques minutes avant qu'il s'effondre (en plus, de soi-même, et non de l'intervention des personnages)?
Le film pêche aussi par ses personnages, que ce soit les anciens qui amènent une douceur aigre-douce à notre nostalgie, là où cette nostalgie méritait un dernier coup de fouet, ou les nouveaux sans charme (je pense au jeune français dont le nom m'échappe) ou sous-utilisé (Banderas !). C'est tout de même un coup de force de faire de Mikkelsen un antagoniste nazi immédiatement oubliable

Quand le nom de Toby Jones fut annoncé au casting pour jouer un side-kick d'Indy, je me souviens avoir trouvé ce choix évident, mais le film pêche par une écriture trop timide. Ce n'est même pas un problème de rythme ou de durée : le film est trop long et aurait pu mettre à profit sa demi-heure de trop pour épaissir ces personnages plus que les engrosser de temps d'écran. Heureux en revanche ce choix de Waller Bridge, qui a nourri de ces talents de dialoguiste un personnage certes parfois trop présent, mais si rafraîchissant !
Au final ce film aura peut-être comme principale qualité de faire reconnaître à beaucoup de fans qu'Indy 4, malgré ses maladresses, était une pure continuité de l'esprit de la trilogie, et une conclusion satisfaisante. La demande de Sallah, "show 'em hell, Indiana Jones" n'a pas été satisfaite, dommage, mais je ne me plaindrai pas d'avoir eu l'occasion d'un dernier adieu à Junior
