Allez, c'est le moment ! Après avoir gratté un peu de temps avec trois petits interludes, il est temps de retrouver notre petite équipe de vauriens pour ce Tome 2. Et quoi de mieux pour débuter une nouvelle histoire qu'un flashback (oui je sais, je promets une suite et je vous envoie dans le passé. C'est pas correct, mais y a un but à ça.

) ? Allez bonne lecture et n'hésitez pas à me faire savoir ce que vous pensez de cette amorce de cette nouvelle histoire.
Obscurs souvenirs
Chapitre 1 : Rencontre passée
12BBY
Nal Hutta, Système Y’ToubDe l’alcool fruité, des épices des quatre coins de la galaxie et de la sueur provenant de plus d’espèces qu’on ne pouvait en compter, voilà les divers parfums qu’elle sentait. Cette assemblée de dizaines de personne riait, buvait et mangeait à n’en plus finir. Chacun d’entre eux exhibait des vêtements ostentatoires et des bijoux qui se devaient d’être plus brillants que ceux de son voisin. Les plus aisés étaient même venus au bras de jeunes femmes ou hommes de divers mondes. Sublimes créatures légèrement vêtues affichant un sourire permanent généralement exagéré, biens exhibés pour le plus grand plaisir de leur maître, ils se pliaient à leurs moindres souhaits. Dans les mondes civilisés, on se disait révulsé par une telle vision d’individus soumis à des personnages détestables. Elle serra les dents lorsqu’elle vit un maigre sénateur barbu en grande conversation avec deux esclaves zeltrones. L’hypocrisie. Elle flottait dans l’air telle un parfum nauséabond que les épices et le narguilé ne pouvaient masquer. Tous ici n’étaient là que pour plaire au maître des lieux et obtenir ses faveurs. Encore plus gras et imposant que ses semblables, Motulla le Hutt était le membre le plus haut placé de l’une des grandes familles de Nal Hutta. Préférant régner sur son monde natal plutôt que sur la resplendissante Nar Shaddaa, il possédait une fortune incommensurable lui conférant prestige et confort. Tous ici étaient prêts à nettoyer la crasse entre ses multiples bourrelets pour n’entrer ne serait-ce que d’un orteil dans ses bonnes grâces.
Ecœurant.Elle le contempla de son regard gris, dissimulant la haine qu’elle éprouvait à son encontre derrière un bien trop habituel masque de naïveté. Cela faisait des années que l’enfant qu’elle était avait appris à le perfectionner. Des années à jouer l’écervelée pour rester discrète, hors de portée des pulsions vicieuses ou meurtrière de cette répugnante limace.
— Alors ma jolie, tu nous sers où tu n’es là que pour décorer ?
Avec un dégoût dissimulé derrière un charmant sourire, elle inclina la tête en empêchant ses lekkus blanc et bleus typiques des Togrutas de réagir. Néanmoins, un étrange frisson la parcourut. Elle leva l’amphore, brillant telle un saphir, qu’elle tenait depuis le début de la soirée et versa un peu du liquide doré qu’il contenait dans les coupes du couple d’Iridoniens qui la toisaient. Lorsqu’elles furent remplies, ils se détournèrent d’elle sans même un regard et se servirent sur le plateau que tenait Moona. Il s’agissait d’une splendide Twi’lek à la peau rouge qui avait quelques années de plus qu’elle. Le mâle s’attarda un peu plus longtemps sur elle et murmura quelque chose à l’oreille de sa compagne qui la jaugea telle qu’elle aurait pu le faire pour un meuble. Elle hocha la tête et répondit à celui qui l’accompagnait. Ce qu’ils avaient dû se dire, elle ne le savait que trop bien. Il leur suffisait d’offrir quelques valeurs pouvant attirer l’attention de Motulla pour obtenir ce qu’ils désiraient. Elle était encore trop jeune pour autant attirer l’attention que son amie, mais elle pouvait déjà observer les regards lubriques de certains des invités. De sa main gauche, elle tenta de desserrer le collier de cuir noir qui lui compressait le cou. Symbole de servitude, elle le portait depuis qu’elle était arrivée ici à l’âge de quatre ans avec sa mère. Sa mère dont elle ne gardait plus que le souvenir du visage parcouru de motifs blancs avant qu’elle ne soit livrée en pâture à certains des lieutenants de Motulla. Elle n’était jamais revenue et la jeune non-humaine avait très vite compris ce que cela voulait dire. Sa haine pour son geôlier avait grandi, mais elle l’avait enfoui. Elle attendait. Un jour, elle trouverait le moyen de frapper, de rendre toute cette colère et cette douleur à cette infâme créature, mais ce n’était pas aujourd’hui.
Patience. Elle connaissait bien l’attente. Pendant des années, elle avait réfréné ses envies de réagir instinctivement. Ce luxe n’était pas permis pour une esclave comme elle. Celles qui n’avaient pu l’apprendre n’étaient plus là. Enserrant le récipient de vin entre ses petites mains rouges, elle continua à circuler entre la foule pour servir tous ces gens qu’elle méprisait. Lorsqu’elle eut versé la dernière goutte, elle se retira le plus discrètement possible. Cela ne fut pas difficile. Bien que son propriétaire lui ait fait porter des vêtements aussi aguicheurs que les autres, sa petite taille et son jeune âge l’avantageaient pour passer inaperçue parmi les servantes aux courbes plus développées que les siennes. Elle se dirigea vers un impressionnant baril de bois clair dans lequel vieillissait un vin dont une seule gorgée était déjà hors de prix. Un Klatooinien le gardait. À sa vue, l’imposant personnage à l’expression canine contracta ses muscles et elle lui présenta son sourire le plus charmeur.
C’est parti.— J’ai besoin de reprendre un peu de l’Alderaanien, déclara-t-elle d’une voix candide à l’attention du mâle non-humain.
Il la contempla sans bouger.
— Allons Kaffu, le maître m’a attribué le service de ce vin pour la soirée et il ne serait pas heureux que tu t’y opposes.
Cela ne sembla pas déconcerter le garde qui campa sur ses positions. Les replis de peau qui surplombaient ses petits yeux lui donnaient un air sévère.
— Et moi, il m’a ordonné d’en limiter l’accès, Liana.
Il ne comprend rien à rien celui-là.Kaffu n’était pas méchant comparé à la plupart de ses collègues. Cependant, il était borné et pas particulièrement intelligent, ce qui ne lui facilitait jamais la tâche. Elle soupira et une main dont elle reconnu le discret touché vint lui caresser l’épaule. Elle sourit.
— Allons mon grand, tu ne vas pas empêcher Liana de servir nos invités. Après tout, ces festivités sont importantes pour le maître, déclara Moona en passant à côté d’elle.
Le Klatooinien se détendit un peu. Tout le monde appréciait la jeune Twi’lek et lui faisait confiance.
Problème résolu d’ici trente seconde maximum.
Moona s’approcha de Kaffu et lui effleura le menton, ce qui le fit immédiatement réagir. Elle n’avait jamais vu un membre de son espèce rougir, mais le léger changement de pigmentation de ses pommettes devait être ce qui s’en rapprochait le plus.
Disons plutôt cinq secondes.Le gardien de la barrique de vin se râcla la gorge et se tortilla un peu. Moona n’était pas l’une des servantes les plus appréciées pour rien. La Twi’lek jeta un regard espiègle à son amie en passant dans le dos de Kaffu. Liana résista à la tentation de dévoiler un sourire amusé. Le Klatooinien abandonna.
— Très bien les filles, vous gagnez, capitula-t-il en laissant la jeune Togruta s’approcher.
Celle-ci ouvrit le robinet et le liquide s’écoula dans l’amphore bleutée telle une cascade aux multiples reflets d’or. Lorsqu’elle fut pleine, elle se retira avec la Twi’lek à peau rouge. Lorsqu’elles furent assez loin, elles ne purent se retenir de glousser.
— Tu vas finir par avoir raison de lui si tu continues à lui caresser le menton comme ça, s’amusa Liana.
— Il a l’habitude, mais c’est toujours aussi divertissant. C’est la première fois que je le vois changer de couleur comme ça, plaisanta la Twi’lek.
Sa fine bouche souriait lorsqu’elle mentionnait le rougissement du Klatooinien mais, lorsque la jeune Togruta contempla ses yeux bleu glacé, elle y vit une fissure d’inquiétude et son espièglerie se dissipa.
Quelque chose ne va pas.Constatant ce changement, Moona reprit très vite un air sérieux et attrapa son amie par le bras. Elle la guida en direction de la foule, mais s’arrêta dans une alcôve un peu plus sombre.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda la jeune native de Shili inquiète.
L’autre se pinça les lèvres.
— Tu as vu les jumeaux Galor ?
Tout d’abord un peu perdue, la Togruta se rappela rapidement du couple d’Iridoniens qui l’avaient accostée un peu plus tôt et le sentiment de malaise qu’elle avait éprouvé face à eux.
C’était les Galor ? Oh merde…— Ils ont négocié avec Motulla pour m’acheter et il a accepté, lui annonça Moona sans réussir à masquer son inquiétude.
Oh blast !Les jumeaux Galor étaient un duo de criminels réputés pour leur cruauté et leurs mœurs relativement sadique. On disait qu’ils aimaient passer leurs soirées avec de jeunes esclaves, dont ils profitaient pendant plusieurs nuits. De nombreuses rumeurs couraient quant à ce qu’il s’y déroulait et toutes étaient plus glaçantes les unes que les autres.
— Il faut qu’on parte, Liana.
Cela ne faisait aucun doute. Moona ne survivrait pas bien longtemps si elle était livrée au duo iridonien. Cependant, elles réfléchissaient depuis des mois à la meilleure solution de s’en aller et aucune ouverture ne s’était présentée. La famille de Motulla était puissante et cela signifiait qu’échapper à son emprise était impossible. Tout pointait vers cette évidence.
— Moona… On essaie de trouver un moyen depuis un moment. Le palais est beaucoup trop bien gardé. Personne n’entre ou ne sort sans l’accord de la limace, annonça-t-elle à contrecœur.
Son amie se mordit la lèvre inférieure, mais aucune larme ne coula sur ses joues, aucun mouvement trahissant ses émotions ne fut perceptible pour quiconque aurait pu l’observer. La Twi’lek était effrayée. Pourtant, elle gardait le contrôle de ses émotions et Liana l’admirait pour ça. Elle réfléchissait, lorsqu’une l’annonce d’un discours soudain de leur maître par une voix mécanisée parcourut la salle. Elles ne pouvaient rester isolées plus longtemps et la jeune fille prit alors son amie dans ses bras.
— Les festivités sont étalées sur deux jours, murmura-t-elle à l’oreille de Moona. Cela veut dire qu’il nous en reste encore au moins un avant que les Galor ne t’emmènent. On trouvera quelque chose d’ici là. Je te le promets.
Elle desserra lentement son étreinte et lorsqu’elle vit à nouveau les iris bleu clair de la jeune Twi’lek, ils reflétaient toujours une inquiétude profonde, mais aussi une certaine gratitude.
— Merci Liana. Tu sais à quel point j’apprécie de pouvoir compter sur ton aide.
En réponse, la Togruta lui sourit chaleureusement.
On restera ensemble.Sans un mot, elles se dirigèrent vers le reste de la foule et Liana servit quelques invités au passage. Surplombant la salle de son imposant trône rouge et argent, Motulla ressemblait à un amas de graisse plus qu’à un être vivant mais, évidemment, personne n’aurait osé le lui faire remarquer. Un droïde protocolaire brun arborant le symbole du clan du Hutt s’approcha, alors que le seigneur du crime commençait à parler dans sa langue natale. Liana, tout comme, Moona comprenaient très bien les paroles de leur maître. Aussi purent-elles juger de l’impressionnante, mais obligatoire, exactitude de la traduction de l’être mécanique :
— Chers invités et alliés des quatre coins de la galaxie ! Je suis honoré d’accueillir tant d’entre vous aujourd’hui dans mon humble demeure.
Humble demeure… Et puis quoi encore…— C’est un privilège de pouvoir organiser ces festivités afin de renouveler notre amitié, continua de traduire le droïde fidèlement.
Dans une image convaincante, l’intégralité de l’assemblée buvait les paroles de l’énorme Hutt. La Togruta ne doutait pas qu’ils n’étaient que peu intéressés par le discours à moitié sincère de Motulla. Néanmoins, la perspective d’un partenariat avec un parrain de sa stature était plus que suffisante pour paraître fasciné et respectueux. Aucun d’entre eux n’aurait osé montrer le moindre désaccord. Elle avait fini par s’habituer à cette absence d’amour propre et cette constante atmosphère de mensonge et de manipulation.
Un vrai panier de suuris.— Au fil des années, votre dévouement auprès de l’honorable cartel des Hutts…
— Honorable ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ?!
La voix qui venait de s’élever de l’assemblée eut l’effet d’un électro-choc chez la Togruta qui faillit en lâcher son amphore.
Quoi ?!L’assemblée semblait tout aussi choquée qu’elle et des regards interrogateurs fusaient de toutes part, lorsqu’un humain de moyenne stature s’extirpa de la foule de manière peu sûre. Il devait avoir la vingtaine. Ses courts cheveux bruns mal coiffés et sa tenue grise et noire tranchaient avec les impressionnantes parures colorées des autres invités. Un grand silence avait désormais empli toute la pièce.
— À quoi il joue ? murmura Moona, perturbée, à son oreille.
La Togruta ne bougea pas. Un tel comportement était équivalent à signer son arrêt de mort de manière peu enviable par ici. Tout d’abord, Motulla ne sut pas comment réagir et l’homme, qui avait l’air particulièrement éméché, en profita :
— Ouais, c’est à toi que je m’adresse mon gros ! Espèce de radin joufflu !
Le Hutt garda le silence et un certain malaise monta de la foule, personne ne sachant comment réagir. Même les gardes ne savaient pas s’ils devaient s’emparer de l’intrus, l’abattre sur place ou le laisser faire face à la colère de leur employeur. Soudainement, à la surprise générale, Motulla éclata de rire. Les invités se regardèrent, puis l’imitèrent. Seule Liana, médusée, et le nouveau venu restèrent de marbre.
Oh oh…— Cela faisait longtemps que personne n’avait osé me parler sur ce ton. Tu es un sacré vaurien, ivre et idiot, mais d’un genre presque trop rare, se gaussa l’imposant seigneur du crime. Dommage que cela ne te conduise droit dans mes cachots. Ton exécution offrira un magnifique divertissement pour mes invités.
À peine ces mots furent-ils prononcés qu’un Nikto et un Aqualish s’avancèrent et se saisirent agressivement de l’importun, qui protesta de manière véhémente. Ils le trainèrent sans ménagement pendant qu’il éructait un intense et varié flot d’insultes et de paroles incompréhensibles. Le public amusé regardait la scène se dérouler devant ses yeux, ne pouvant voir ce que Liana avait aperçu au moment où les deux gardes s’étaient saisis du vaurien. Après quelques dizaines de secondes, il avait disparu de la salle des fêtes. Motulla pria ses invités de continuer la fête sans se priver d’ironiser sur cette interruption et les possibilités d’exécution pour le lendemain.
— C’était quoi ça ? chuchota Moona à côté d’elle.
La Togruta s’était bel et bien posé la question pendant un instant, puis elle avait vu la réaction de l’humain lorsque les gardes l’avaient attrapé. Personne ne l’avait remarqué mais, pendant une fraction de seconde, elle avait vu le masque se briser.
— Il a souri, dit-elle simplement en se retournant.
La Twi’lek la regardait pleine d’incompréhension. Son amie était maline, mais elle n’avait pas réussi à réellement comprendre ce qu’il s’était passé. Tout le monde avait vu un ivrogne, mais pas Liana. Au-delà de la performance culottée, elle avait vu un plan dans le sourire de l’humain. C’était leur porte de sortie, un moyen de se tirer des griffes de Motulla et des jumeaux.
— Tu connais son nom, déclara la Togruta à son amie sans quitter des yeux le couloir où avez été emmené l’homme.
— Bien sûr, il est arrivé hier, mais je ne vois pas en quoi cela peut t’aider.
Liana lui lança un regard insistant et elle soupira.
— Très bien. Il s’appelle…
Quatre ans plus tard
Nal Hutta, Système Y’Toub— Dawnwalker!
Le cri de Neeva Kix était chargé d’un clair et profond mélange d’urgence et d’énervement. Un tir de blaster écarlate s’écrasa sur le côté droit de la rampe et des étincelles vinrent éclabousser le visage de Liana, puis il apparut. Il tira quelques décharges de son DL-18 modifié et gravit la rampe au pas de course, alors que celle-ci se repliait. La Mirialan qui avait hurlé son nom se ruait déjà vers le cockpit du
Zéphyr Étoilé. La Togruta ne se fit pas prier pour la suivre. Son partenaire, qui tentait de reprendre son souffle, la suivait. Elle entra dans la cabine de pilotage et se jeta sur le siège du copilote aux côtés de Neeva, qui lançait déjà le décollage.
— S’ils endommagent mon vaisseau parce que tu as traîné, je te jure que tu vas me le payer, déclara-t-elle à Jaden qui s’était installé derrière elle.
— C’était un Wookie ! Une carpette ambulante de plus de deux mètres ! J’aurais voulu vous y voir ! protesta le jeune humain le souffle court.
Il y eut des vibrations et le cargo léger HWK-290 s’éleva pour foncer en direction de l’espace. La pilote ignora le contrôleur de vol qui l’invectivait et continua sur sa lancée. Liana prépara les coordonnées pour le saut hyperspatial.
— On est sur ce coup depuis plusieurs semaines et c’est la première fois qu’on tombe sur ces gars. C’est clair qu’ils cherchent la même chose que nous, déclara la Togruta.
— Vu la somme promise par notre employeur, tu m’étonnes, répondit la Mirialan, alors que le ciel étoilé emplissait dès à présent la verrière. J’ai envoyé les coordonnées du système à Lien. On se tire d’ici.
Elle tira ensuite une manette vers elle et les étoiles s’allongèrent.