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Duel de Soldats
IX-L'Heure du Choix
 
Endrik Sel a connu de nombreuses batailles, toutes plus meurtrières les unes que les autres. Il s’est retrouvé au milieu de véritables enfers, à tenter d’associer réussite de la mission et survie personnelle. Il a déjà été maintes fois blessé, il a déjà été porté en ovation par les siens à de nombreuses reprises. Bref, Endrik Sel était un soldat expérimenté qui pouvait faire pencher l’issue d’une bataille à lui tout seul. Mais ce jour là, autour du Palais Gouvernemental, il s’aperçut qu’il vivait la plus terrifiante et la plus violente des batailles de sa jeune vie. Que cet affrontement soit celui qui déterminerait le sort de Nolvana ne pouvait qu’accroître ce sentiment de vivre un moment historique.

Epsilon était né pour combattre et pour tuer. Il avait déjà porté un nombre incalculable de fois l’uniforme de clone de la Grande Armée de la République. Il avait déjà voyagé sur un nombre impressionnant de planètes, livré des combats dantesques, accompli des actes héroïques. Bien qu’Epsilon ne fût qu’un simple clone, ses comparses éprouvaient un profond respect pour ses compétences et sa maîtrise de l’art de la guerre. Mais malgré toute cette expérience, Epsilon ne pouvait être préparé à l’enfer de Nolvana. C’est sur cette maudite planète qu’il avait perdu ses dernières illusions, qu’il avait enfin compris qu’il pouvait mourir à tout instant, et que, chose plus étrange encore pour lui, qu’il avait peur de disparaître. Comme s’il aspirait toujours à faire quelque chose d’autre de sa vie. Mais aujourd’hui, alors que l’armée de la République se déversait dans la capitale Nolvanienne, Epsilon comprit que ce jour serait le plus dangereux de toute son existence. Plus que jamais, il craignait la mort.

***

Alors que le combat commençait, mon regard se portait successivement sur les trois avenues que je pouvais couvrir. A l’Ouest, je vis nos soldats déclencher quasi simultanément leurs tirs, bien à l’abri derrière leurs hauts murs de sacs de sables. Au Nord, là où ma vue était la plus dégagée, je discernai distinctement les forces ennemies en approche. S’engageant dans la grande avenue, deux droïdes scarabées menaient la marche, avançant de leurs pas lourds qui faisaient trembler le sol. Des centaines de clones progressaient à leurs côtés, serrant les rangs et déversant un flot de laser sur les résistants Nolvaniens. Enfin, à l’Est, où mon angle de tir était limité, nos soldats semblaient affolés. Certains reculaient même déjà, tout en maintenant un feu nourri. Je vis une véritable pluie de décharges s’abattre sur la ligne de défense et une dizaine de Nolvaniens s’écroulèrent presque instantanément sur le sol, certains poussant des cris de souffrance terribles. De ce qu’il se passait au Sud de ma position, je ne pouvais rien voir, mais j’étais persuadé que la République avait fait en sorte de nous encercler complètement, afin de nous couper toute échappatoire et de tester la résistance de toutes nos défenses.

Je décidais donc de me concentrer sur l’axe Nord, qui m’offrait le meilleur angle d’attaque. Fixant mon œil gauche devant le réticule de visée, je n’eus presque pas à viser pour être certain d’atteindre une cible. Mon premier tir fusa à une vitesse vertigineuse, traversant la place, survolant la ligne de défense et venant terminer sa course dans la poitrine d’un clone qui bascula à la renverse. Sans même réfléchir, je continuai de tirer, déplaçant mon réticule à chaque fois un peu plus vers la droite. C’est ainsi que je parvins à décimer la première ligne d’attaque ennemie. Je faisais mouche à chaque fois, respirant entre chaque décharge. Rien ne semblait pouvoir me détourner de ma mission, pas même les hurlements de Zelekyn qui tentait de se faire entendre malgré le fracas grandissant de l’affrontement. Mais au même moment, les droïdes scarabées entrèrent en action, leurs puissantes tourelles crachant des flammes. Deux violentes explosions vinrent secouer la ligne de défense Nord, du sable fut projeté en l’air, des flammes vinrent dévaster les rangs Nolvaniens. Les fenêtres des immeubles situés à proximité furent soufflées par les explosions, et des milliers de débris de verre se répandirent sur le sol dans un tintement strident. Je vis plusieurs de mes camarades être catapultés en arrière et retomber lourdement sur le sol, inconscients ou morts. Sentant que la ligne Nord était sur le point de céder, Zelekyn ordonna à un bataillon de reprendre la position. Des Nolvaniens se ruèrent par dizaine vers les barricades en hurlant pour se donner du courage. Un flot de laser vînt stopper net une rangée de clones qui s’affaissèrent. Les droïdes scarabées, ne pouvant modifier leurs courses du fait de leurs démarches lentes et pataudes, n’eurent d’autres solutions que d’écraser les cadavres ou les blessés. Je fis feu à mon tour, ne tremblant jamais, certains que j’agissais pour le bien de Nolvana. Malheureusement, je ne pouvais rien faire contre les droïdes scarabées qui continuaient leur progression dévastatrice.

C’est alors que des résistants arrivèrent en courant vers la ligne de défense Nord, portant sur leurs épaules musclées de puissants lances missiles. Couverts par les autres, ils se mirent en position de tir et n’hésitèrent pas un instant. Dans un sifflement caractéristique, une dizaine de roquettes vinrent violemment percuter et perforer les deux droïdes scarabées. Le premier explosa brutalement sous l’impact, des débris de métal surchauffés furent catapultés en tout sens, certains écrasant ou décapitant des clones restés à proximité. Le deuxième mécanoïdes eut les « pattes » littéralement fauchées. Penchant inévitablement vers l’avant, le cockpit du monstre de métal s’enfonça dans le sol, éventrant la rue et créant un impressionnant nuage de poussière. A la vue des deux mécanoïdes à terre, un hurlement de joie parcouru les rangs Nolvaniens. Mais aussitôt, une nouvelle vague de clones déferla et sans plus attendre, je repris mon travail mortel.

***

Je me trouvais au cœur des rangs Républicains, progressant par l’avenue située à l’Est de la place et du Palais Gouvernemental. Je voyais distinctement les barricades ennemies qui se dressaient à une cinquantaine de mètres devant, et les tirs Nolvaniens commençaient à fuser tout autour de nous. Me saisissant de mon fusil, je me mis en position de riposte et tout en avançant au même rythme que les autres, commençais à scruter le sommet de la ligne de défense adverse. Soudain, trois Nolvaniens apparurent et voulurent faire feu. Ils n’y parvinrent jamais. Je pressai trois fois ma gâchette et touchais mes trois cibles. L’une d’elle s’affala sur les sacs de sable et de gravier tandis que les deux autres disparaissaient en arrière.

Je compris toutefois que mes compétences étaient pour l’instant mal utilisées. Je n’aimais pas être à découvert et encore moins marcher en rang compact au milieu des autres clones. Et bien que des TR-TT nous assuraient une couverture plus que décente, je souhaitais percer rapidement la ligne de défense afin de pouvoir prendre pied sur la place. Une fois le combat déplacé la bas, je m’infiltrerai dans un des immeubles et ferai ce pour quoi j’avais été entraîné toute ma vie. Mais jusque là, il fallait survivre.

A peine avais-je fini de réfléchir à ça, que plusieurs ennemis apparurent et firent cracher leurs armes. Mais cette fois ci, ce furent des missiles qui plurent sur nous. Entendant leur approche rapide, je bondis sur le sol, évitant d’être happé par une violente explosion. Je sentis les flammes venir lécher mon armure, mais elles se rétractèrent juste avant d’avoir l’opportunité de me consumer. En revanche, d’autres n’eurent pas la même chance. Ils furent littéralement dévorés et une forte odeur de chaire brûlée se répandit partout autour de moi. Sonné mais en vie, je me relevais au moment où un TR-TT implosait à une trentaine de mètres derrière moi. C’est dans un fracas assourdissant qu’il s’effondra sur le sol, écrasant dans sa chute deux malheureux clones.

Sentant la panique me gagner, je me forçais à me calmer et à retrouver mes esprits. Les Nolvaniens utilisant des lances missiles étaient toujours en vue et rechargeaient leurs armes. Cette fois ci, je m’immobilisai, mis un genou à terre, visai et ouvrai le feu. Je fis un véritable carnage dans les rangs ennemis et seul un tireur, le dernier, eut le temps de s’abriter juste à temps. Enfin, mon mental remonta en flèche quand je perçus un tremblement et un vrombissement grandissants, venant de derrière moi. Tandis que des petits débris étaient littéralement soulevés du sol par les secousses répétées, je pivotais sur moi-même et ne pus m’empêcher de sourire. Avec ce qui arrivait en renfort, jamais les Nolvaniens ne pourraient résister.

***

Alors que je poursuivais mon travail de sape, j’entendis un grondement qui semblait s’amplifier sans cesse, preuve que quelque chose de terrible approchait, inéluctablement. Je compris que les tremblements provenaient de la ligne de défense Est, et par réflexe, j’orientais mon arme dans cette direction, m’attendant au pire.

Soudain, je vis nos soldats s’affoler littéralement, certains quittant leurs postes pour s’abriter. Des hurlements de terreur parvinrent même à surclasser le brouhaha indescriptible de l’affrontement. Et c’est à cet instant que je le vis. Un monstre de métal apparut dans mon champ de vision, propulsé par dix énormes roues qui semblaient tout écraser sur leurs passages. Le Juggernaut de la République défonça littéralement la ligne de défense Est à plus de 80 kilomètres heure, s’envolant même pendant quelques millisecondes en prenant appui sur un immense tas de sacs de sable. Ceux-ci volèrent en tout sens et éclatèrent, une pluie étrange s’abattant de fait sur la place. Alors que le Juggernaut venait d’éventrer nos défenses, ses terrifiantes armes se mirent en action. Deux missiles fusèrent en direction du Palais Gouvernemental et vinrent le percuter violemment, arrachant deux colonnes qui s’affaissèrent en créant un nuage de fumée blanchâtre.

Le Juggernaut fit une embardée au milieu de la place et freina dans un dérapage impressionnant. Les immenses roues se braquèrent et glissèrent sur le sol lice, écrasant quelques Nolvaniens qui n’avaient pas eu le temps de s’écarter. A cet instant précis, je sus ce que je devais faire. Je visais la cabine avant du monstre de métal et m’apercevait que la vitre du cockpit ne devait pas faire plus de cinquante centimètres de haut. Il allait falloir être précis. Devinant la forme du pilote qui s’activait sur ses commandes, je fis feu. L’impact vînt ébrécher la vitre blindée mais celle-ci ne céda pas. Je jurai intérieurement et réajustai ma position de tir. Le pilote du Juggernaut comprit qu’il était la cible d’une attaque et repartit à l’assaut, faisant tourner son véhicule massif sur lui-même avant de commencer à faire le tour du Palais Gouvernemental. Pendant un instant, il fut hors de ma ligne de mire, mais je savais qu’il n’allait pas tarder à réapparaître. Entre temps, l’engin de la République expulsa deux nouvelles roquettes qui firent un carnage dans un groupe de Nolvaniens dont les corps furent démantibulés. Tentant de faire abstraction de l’horreur de la scène qui se jouait devant moi, je vis le Juggernaut achever un virage et se présenter dans ma ligne de tir. Visant l’endroit où la vitre blindée était déjà affaiblie, je tirais deux salves coup sur coup. Cette fois ci, la vitre explosa et ma deuxième décharge atteignit la tête du pilote. Celui-ci s’écroula sur ses commandes, faisant brutalement tourner le Juggernaut. Incapable de rectifier sa course devenue folle, le mécanoïde fonça vers un des immeubles bordant la place et s’encastra à pleine vitesse dedans. Un fracas insupportable se fit entendre avant qu’une immense gerbe de flamme ne se propage vers le ciel. Et ce qui devait arriver se produisit. L’immeuble tout entier, affaibli par le choc, s’écroula en quelques instants. Des milliers de débris de pierre roulèrent sur la place, ensevelissant des Nolvaniens. Mais malgré cela, je ne pus m’empêcher de sourire en voyant le Juggernaut inutilisable.

Mais je fus bien vite obligé de déchanter. Surgissant par vagues successives, des centaines et des centaines de clones se déversèrent sur la place centrale, profitant de la brèche qui avait été pratiquée dans la ligne de défense Est. Je déglutis avec difficulté avant de me replonger dans l’affrontement.

***

Souriant sous mon casque saturé par les données du combat qui se livrait autour de moi, je ne pouvais que me féliciter de l’avancée que le Juggernaut nous avait permis d’opérer. A présent, nous bondissions par-dessus la barricade éventrée et nous déversions sur la place dans un chaos indescriptible. Je vis des hordes de Nolvaniens se précipiter sur nous, tentant de nous contenir. Mais nous étions nous-mêmes très nombreux et une toile complexe de lasers se créa rapidement entre les deux armées, chacune refusant de céder la moindre parcelle de terrain.

Rapidement les cadavres commencèrent à s’entasser sur le sol, certains étant même piétinés par leurs camarades. Décidant qu’il était temps pour moi de trouver une cachette, je regardais avec une rapidité extraordinaire tout autour de moi pour analyser les lieux. Je vis un immeuble avoisinant qui serait parfait pour m’offrir un bon angle de tir sur une grande partie de la place. Après avoir descendu deux ennemis qui me barraient la route, je sprintai vers l’immeuble, sautant par-dessus les mourants qui gémissaient sur le sol, certains baignant dans une marre de sang.

Le souffle court, je m’immobilisai devant la porte de l’immeuble que je défonçais à grands coups de pied. Sans plus tarder, je m’élançais dans les escaliers, gravissant les marches trois par trois. Arrivé au dernier étage, je jetais mon dévolu sur un appartement dont la porte était restée entrouverte. Ses anciens occupants n’avaient même pas pris le temps de fermer avant de fuir. Je traversais le petit hall, pénétrais dans le salon, me ruais vers une fenêtre brisée, envoyais valdinguer une table qui me gênait et m’accroupissait en position de tir. Je pus enfin avoir une vision d’ensemble de ce qui se tramait sur la place.

Bien que nous ayons forcé la ligne Est, les Nolvaniens parvenaient à nous maintenir à distance du palais. En revanche, les lignes Nord, Ouest et Sud résistaient encore, malgré la violence des combats qui s’y déroulaient. Alors que je commençais à tirer avec une maîtrise sans égale, je vis des clones tomber les uns après les autres, à intervalle régulier, comme si une main invisible les fauchait inéluctablement. Et malgré l’horreur de la situation, je ne pus m’empêcher de sentir l’adrénaline déferler en moi. Endrik était là, quelque part. Et je savais que lui aussi, il me cherchait…

Soudain, trois énormes explosions secouèrent la ligne de défense Sud, propulsant dans les airs le bric à brac qui constituait la barricade. Je discernai aussi des corps aux membres arrachés qui retombèrent comme de vulgaires pantins sur le sol défoncé. Puis, alors que la fumée provoquée par l’explosion des détonateurs thermiques se dissipait, des centaines de clones se ruèrent à l’assaut, tentant de prendre en étau les résistants Nolvaniens. Et au milieu de cette marrée humaine, deux lames flamboyantes se déployèrent simultanément. L’une était d’un bleu azur et l’autre d’un vert émeraude. Les Jedi passaient à l’attaque.

***

Dans le chaos du combat, je ne les vis pas tout de suite. Trop occupé à abattre méthodiquement tous les clones qui passaient à portée de ma ligne de tir, je ne remarquais pas deux hommes, vêtus de longues capes marron et qui brandissaient devant eux des armes aux lames étincelantes. Toutefois, je ne pus les ignorer lorsqu’ils se lancèrent littéralement à l’assaut de nos soldats, tranchant leurs membres ou perforant leurs poitrines. Des Jedi ! Ces êtres possédant des pouvoirs que l’on qualifiait d’extraordinaire. Je n’en avais jamais vu en action, mais ce jour là, je dus reconnaître qu’ils étaient tout simplement impressionnants.
Le premier d’entre eux était aussi le plus âgé. Bien qu’il eu air las, ses mouvements étaient fluides, rapides et amples. Sa lame émeraude repoussait tous les lasers qui lui étaient destiné. Il marchait deux pas devant un autre Jedi plus jeune, mais dont les attaques et les esquives étaient encore plus rapides et majestueuses. On aurait dit que sa lame bleue tournoyait toute seule autour de lui, créant une étrange nuée impénétrable.

Je regardais avec un mélange de fascination et d’appréhension la danse mortelle des deux Jedi qui saignaient littéralement nos rangs, bien soutenus pour cela par les clones qui progressaient petit à petit. Au même moment, des bombardiers de la République survolèrent la place, s’apprêtant à pilonner nos lignes de défense encore résistantes. Mais je fus soulagé de voir les tourelles anti-aériennes entrer aussitôt en action. Elles pivotèrent sur elles mêmes pour traquer leurs cibles et expédièrent une volée de missiles. Un bombardier eut l’arrière de sa structure littéralement arraché et les débris de métal retombèrent avec fracas sur le sol, rebondissant sur une dizaine de mètres avant de s’immobiliser. L’avant de l’appareil alla se perdre plus loin dans la ville et sa destruction fut marquée par une vive lueur rougeoyante. Un autre bombardier eut ses réacteurs désintégrés alors qu’ils survolaient l’immeuble dans lequel j’étais dissimulé. Il tangua dangereusement, les ailes en feu, avant de perdre de l’altitude et de s’écraser dans un des immeubles bordant la place. Je dus fermer les yeux quand il explosa, créant une immense boule de flammes et une puissante onde de choc qui catapulta au sol des Nolvaniens. Puis, je vis avec horreur des pans entiers de l’immeuble s’effondrer sur nos soldats qui se dispersèrent dans une panique totale.

J’en avais presque oublié les Jedi, qui se ruaient à présent à l’assaut du Palais Gouvernemental. Le plus âgé et certainement le plus gradé, courait à présent vers le perron, se frayant un passage à grands coups de sabre. L’autre Jedi était resté plus en arrière, protégeant des clones qui progressaient sous un déluge de feu. Je vis alors Zelekyn sortir du palais, sa rage de vaincre habitant son regard. Il dévisagea le Jedi qui progressait vers lui, et bien que je ne cru pas cela possible à cause du vacarme de l’affrontement, j’entendis mon général hurler :
-Tu es à moi, sorcier !
Sur ces mots, il sortit sa lourde vibro-épée, sa vibro-hache toujours solidement attachée dans son dos.

Et pendant quelques secondes qui parurent durer une éternité, je ne pus m’empêcher de regarder le combat qui se déroulait sous mes yeux. Zelekyn attaqua avec une détermination inébranlable. Il abattit sa lame de Cortosis contre le sabre laser du Jedi qui recula sous la violence de l’impact. Alors que Zelekyn progressait toujours, assaillant son adversaire de coups vicieux, le Jedi n’avait d’autres solutions que de reculer et de parer. Les lames s’entrechoquaient dans une pluie d’étincelles, celle de Zelekyn vibrant à chaque impact. Le général Républicain fit un saut périlleux arrière, sa cape voltigeant derrière lui, pour se sortir d’une situation délicate, mais aussitôt Zelekyn se rua sur lui, et le combat reprit, toujours plus violent et indécis.

Les deux combattants avaient à présent quitté le perron du palais gouvernemental et se dirigeaient vers l’immeuble dans lequel je me trouvais. A mesure qu’ils s’approchaient, je pus discerner ce qu’ils se disaient :
-Jamais plus tu ne souilleras le sol sacré de Nolvana, maudit sorcier !
-Tu es un danger pour cette planète, et par conséquent, je dois te mettre hors d’état de nuire.
-Tu es bien présomptueux !
Zelekyn bloqua alors sa lame contre celle du Jedi, avant de lui asséner un terrible coup de pied en plein visage. Le Républicain vacilla et tomba à la renverse sur le sol, tout en maintenant son sabre laser bien calé dans sa main droite. Zelekyn voulut lui porter le coup fatal, mais rassemblant ses forces, le Jedi lui expédia une vague de Force qui catapulta mon général en arrière. Mais celui-ci ne tarda pas à se relever, en même temps que le Jedi, qui semblait pour sa part emprunté. Ayant du mal à reprendre son souffle, il se contenta de se mettre en position de défense alors que Zelekyn bondissait vers lui, hurlant pour se donner du courage. Le duel reprit, tandis que tout autour des deux belligérants, l’affrontement continuait dans un déferlement de violence.

Un cri affreux me força à détourner les yeux du duel des généraux. Pivotant sur moi-même, je vis que l’autre Jedi, bien qu’encerclé par des Nolvaniens, faisaient un véritable carnage. Un des notre gisait déjà sur le sol, les yeux exorbités sur son bras sectionné net au niveau du coude. Puis, le Jedi se mit à tourbillonner sur lui-même, rebondissant littéralement sur ses pieds, frappant avec une précision rare. Sa lame voltigeait autour de lui, et tandis qu’il se déplaçait, les Nolvaniens tombaient les uns après les autres. Je compris que c’était à moi d’agir. Je visais le Jedi, mais celui-ci était trop mobile pour l’instant. Tant qu’il n’aurait pas éliminé tous les ennemis à sa portée, il ne cesserait pas sa danse mortelle. Enfin, le dernier Nolvanien s’effondra, un trou béant au milieu de la poitrine. Et dans la seconde qui suivit, le Jedi abaissa quelque peu son arme. Je saisis aussitôt l’occasion. Mon laser fusa à une vitesse folle et vînt se loger dans la boîte crânienne du Jedi qui s’affaissa aussitôt mollement sur le sol. Mort. Il était mort. Un rugissement de joie emplit alors mes oreilles, venant de tous les Nolvaniens qui avaient assisté à la mort du Jedi. Et je sentis une immense fierté m’envahir. Mais le combat était loin d’être fini.

***

Je vis Garek Tonel s’effondrer sur le sol sans un cri, et je compris aussitôt qui était le responsable de ce crime. Mais mieux encore, je savais à présent de quel immeuble était venu le tir. Sans hésiter une seconde, j’orientais mon viseur vers la grande structure aux multiples fenêtres. Je ne pouvais pas encore discerner à quel endroit était précisément dissimulé Endrik mais à son prochain tir, je serai capable de le déterminer. En attendant, j’étais prêt à passer toutes les fenêtres en revue, en quête du moindre indice qui pourrait trahir la présence de ma cible.

***

Les nôtres cédaient toujours plus de terrain et je ne fus que peu surpris lorsque la ligne de défense Ouest fut éventrée à son tour. Sentant la panique me gagner, j’eus pour la première fois l’impression que nous allions perdre cette bataille, que Nolvana serait bientôt un territoire conquis. Je me forçais alors à chasser cette idée de mon esprit. Tant qu’il y aurait des combattants dans nos rangs, il y avait un espoir. Je me rendis alors compte que le duel que se livrait Zelekyn et le Jedi s’était encore rapproché de mon immeuble, au point que je ne les verrai bientôt plus se battre. Mais surtout, cela signifiait que le Républicain serait bientôt acculé au mur. Pour l’instant, je voyais encore les duellistes frapper, parer, feinter, le tout avec une maîtrise admirable. Et tout à coup, je vis une lueur de satisfaction passer dans le regard de Zelekyn et un mince sourire s’afficha sur son visage barbu. Puis, il bloqua sa lame contre celle du Jedi, et alors qu’une épreuve de force s’engageait entre eux, Zelekyn attrapa avec une agilité surprenante sa puissante vibro-hache. Il la fit passer par-dessus son épaule et l’abattu violemment sur la main armée du Jedi, qui ne put parer l’attaque. J’entendis le général Républicain hurler de douleur, tandis qu’un flot de sang jaillissait de son membre amputé. Foudroyé par la douleur et par la violence du choc, il bascula à la renverse et disparut alors de mon champ de vision. A présent, de ma position, je ne pouvais plus rien voir. En revanche, j’entendis distinctement Zelekyn s’approcher du Jedi qui gémissait et lui dire :
-Te voilà bien misérable, sorcier ! Ce que l’on dit sur vous est peut-être exagéré finalement.
-Si ce n’est pas moi qui t’arrête, quelqu’un d’autre le fera. Tu es dangereux pour ton monde, tu le conduiras à sa perte. Il est déjà en ruine, avec toi à sa tête, il sombrera dans l’obscurité.
-Cesse tes discours creux ! Tu es aux portes de la mort et tu te permets encore de donner des leçons !
-Ce que tu n’as pas compris, c’est que dans cette guerre, tu as oublié ton peuple. Tu les as sacrifiés au nom de ta prétendue indépendance. Tu n’es qu’un simple dictateur…rien de plus.
Zelekyn hurla alors :
-Je suis Nolvana ! Sans moi, ce peuple ne serait rien !

Et c’est alors que je sentis un étrange sentiment naître en moi. Peu à peu, je commençais à voir plus clair dans tout ça, comme si un épais brouillard se levait enfin dans mon esprit. La personnalité de Zelekyn se révélait dans toute son horreur mais aussi dans toute sa complexité. J’avais cru pendant des années que le général était un héros, un homme qui était en train de marquer l’histoire. Mais au fil du temps, il s’était révélé comme un assassin, dénué de sentiments. Comme la chute avait été rude pour moi. Tout ce en quoi je croyais s’était effondré sous mes yeux, sans que je ne puisse rien faire. L’impuissance était quelque chose de terrible et de destructeur. A mesure que j’hésitais sur le comportement à adopter, je sentais mes entrailles se retourner. Zelekyn m’avait menti, élevé comme si de rien n’était alors qu’il avait tué mes parents. En fait, cet homme m’avait tout pris, ma famille et mon choix d’avenir. C’est lui qui avait fait de moi ce que j’étais aujourd’hui, lui qui m’avait entraîné dans cette guerre qui m’avait volé Tomek. Et aujourd’hui, c’est Nolvana tout entière qui s’apprêtait à être engloutie par les forces ennemies. La haine atteignait son paroxysme en moi, je sentais que j’étais à la croisée des chemins, que c’était l’heure du choix.

Mais tout de même, j’avais juré de servir Nolvana jusqu’au bout. La République avait participé à faire de Nolvana un champ de ruines incandescentes, et je devais lutter contre cette invasion funeste. J’avais toujours fait passer mon devoir envers ma patrie avant toute chose. Ce devoir avait guidé mon existence, rythmé mes pas. Avais je le droit, le temps d’une seconde, de trahir mon engagement, de renier Nolvana et ses intérêts ? Mais peut-être que finalement, mon désir de vengeance et le bien être de Nolvana se complétaient. Peut-être que je devais céder, pour la première fois de ma vie, à mes désirs les plus profonds. Une vendetta…voilà ce que je voulais mener. Je ne pouvais pas faire ça, pas maintenant. Mais en même temps, aurais-je un jour une autre opportunité ?

Sentant mon cœur battre à tout rompre, je déglutissais avec difficulté. Quelque part, au pied de l’immeuble, Zelekyn s’apprêtait à tuer le général Jedi, le chef des armées ennemies. Je clignais lentement des yeux, refermait mon emprise sur mon fusil et m’apprêtais à agir. Mon choix était fait…Le choix de toute une vie.

***

Je passais toujours en revue les fenêtres de l’immeuble dans lequel se terrait Endrik. Pour l’instant, je n’avais toujours rien remarqué, mais j’étais certain de le repérer s’il tirait à nouveau. Ce n’était qu’une question de temps, il ne savait probablement pas qu’il était ainsi traqué. Enfin, ce duel allait trouver son dénouement, je le sentais.

***

J’eus l’impression que tout se déroulait au ralenti. Je savais pertinemment que ce que j’allais faire maintenant signerait probablement mon arrêt de mort. Si Epsilon était bel et bien là comme je le soupçonnais, je ne m’en sortirai pas. Mais j’étais déterminé et à vrai dire, je n’avais jamais été aussi serein. J’avais enfin trouvé ma vraie voie.
Je me redressais, m’approchais de la fenêtre, passais la tête et les bras par-dessus le rebord, et voyais enfin ce qu’il se passait en dessous de moi. Zelekyn venait de brandir sa vibro-épée au dessus de sa tête et s’apprêtait à l’abattre sur le général Jedi blessé. Mon doigt se crispait sur la gâchette de mon fusil, tandis que je sentais probablement pour la dernière fois l’air frais venir fouetter mon visage. J’hésitais l’espace d’un battement de cœur. Un seul. Puis, je fis feu. Et un homme hurla.

***

Là ! Une tête venait d’apparaître au quatrième étage. Je visais avec une rapidité stupéfiante, l’adrénaline m’envahissant tout à coup. Et mon tir fusa.
-Pardonne moi Endrik…

***

Deux choses se déroulèrent simultanément une microseconde après que j’eus fait ce que je pensais juste et approprié. Je vis ma décharge pénétrer le crâne de Zelekyn au niveau du front et ressortir par la nuque, provoquant au passage un craquement sinistre. Le corps du général Nolvanien s’effondra alors pitoyablement sur le sol, sa lourde épée rebondissant sur le sol dans un fracas métallique. Zelekyn, les yeux figés dans une expression d’incompréhension mourut aux pieds du Général Jedi qui ne broncha pas, incapable de comprendre ce qu’il venait de se passer.
L’autre chose qui se produisit, c’est que je ressentis une douleur fulgurante au niveau de la gorge. Et bien que je voulu crier toute ma souffrance, aucun son ne pu sortir. Je lâchais mon fusil de stupeur, et vacillais en arrière, m’éloignant du rebord de la fenêtre. En mettant ma main sur mon cou, je sentis un liquide chaud s’échapper d’un trou béant. Les larmes aux yeux, mon cerveau parvint enfin et tant bien que mal à analyser ma situation. Epsilon n’avait pas manqué l’occasion que je lui avais offerte de m’abattre. Sentant mes forces diminuer à une vitesse prodigieuse, je basculais sur le sol poussiéreux et tombais les bras en croix, les yeux rivés vers le plafond blanc de l’appartement. Alors que l’air se raréfiait autour de moi, et que ma poitrine se soulevait avec difficulté, j’eus un étrange sentiment. Je voyais deux visages qui semblaient planer devant mon regard. Deux visages que je ne croyais pas possible de me remémorer et qui m’étaient pourtant tellement familier. Peut-être que là où ils étaient, mes parents avaient approuvé mon choix. Et peut-être que j’allais bientôt pouvoir en discuter avec eux et les serrer dans mes bras, vu que ma mort était imminente. Oui, la mort serait sûrement plus belle que la vie. Et cette pensée réconfortante m’accompagna jusqu’à mon dernier souffle. Au dehors, la bataille pouvait bien continuer, moi je n’entendais plus rien. Je souris de bonheur et m’en alla. Tout simplement…

***

Je sentis un étrange sentiment m’envahir. Je venais de voir Endrik être frappé de plein fouet par mon tir, et je pressentais qu’à ce moment précis, il était déjà mort. Et c’est alors qu’une sensation de vide se forma en moi. J’avais tué Endrik Sel, le héros Nolvanien. J’avais réussi une fois de plus ma mission, pour la gloire de la République. Mais le fait que ma tâche soit enfin réalisée me laissait pantelant, vidé, comme si j’avais été en apnée tout au long de mon duel avec Endrik. Mais pire encore que ça, la mort d’Endrik mettait fin à ma concentration, à ma détermination implacable à vaincre cet ennemi de grande valeur. Et je ressentais à présent la tristesse résultant de la mort de Getro m’envahir de nouveau, comme si la traque du sniper Nolvanien avait jusque là été un barrage efficace.

A la réflexion, je m’interrogeais à présent sur les motivations d’Endrik. Qu’est ce qui avait bien pu le pousser à se dévoiler ainsi. Jamais il n’aurait du faire une erreur pareille. C’était incompréhensible. Et tout à coup, je les vis. Au pied de l’immeuble, se tenait le cadavre du général Zelekyn, tout prêt du général Tuul qui bien que mal en point était encore en vie. Il tenait avec sa main droite son moignon ensanglanté et respirait rapidement, sa poitrine se soulevant régulièrement. J’avais été trop concentré dans ma chasse pour remarquer ce qui se déroulait pourtant sous mes yeux. Je n’avais même pas vu que mon général était en danger de mort et que j’aurai très bien pu le sauver. Mais alors, qui avait tué Zelekyn ? Et aussitôt, je compris. Endrik avait fait un choix. Il avait opté pour venger la mort de ses parents et pour délivrer Nolvana de l’emprise d’un homme tyrannique. Mais ce choix, il l’avait fait en sachant qu’il risquait la mort, en savant pertinemment que je pouvais l’abattre à tout instant.
Je chancelais et du m’appuyer au mur du petit appartement pour reprendre mes esprits. Au dehors, la bataille continuait de faire rage, mais je m’en fichais à présent, mes pensées étant uniquement tournées vers le destin d’Endrik. Il avait choisi de mourir, mais il l’avait fait après avoir réalisé qu’il servait un assassin. Je m’écroulais sur le sol, les jambes écartées devant moi. Et tandis que…oui…tandis que de la tristesse grandissait en moi, je me remémorais les dernières paroles de Tomek : « Tu le tueras peut-être, clone, mais seulement s’il l’accepte… » Seulement s’il l’accepte. A l’évidence, il l’avait accepté. Ma victoire en était moins belle, moins prestigieuse mais quelque part j’en fus soulagé. Endrik Sel était resté jusqu’au bout un adversaire de grande valeur. Et cela méritait le respect…mon respect.

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Les morts conjugués d’Endrik Sel et Kellias Zelekyn furent un tournant dans la bataille de Nolvana. Celle-ci dura encore pendant plus de trois heures, transformant la place en un véritable champ de ruines et de cadavres. Mais à la fin, il n’y eut qu’un seul vainqueur. La République remporta cette bataille et la guerre par la même occasion. Mais finalement, dans l’histoire qui vous a été comptée, cela n’a pas beaucoup d’importance, car le duel de soldats venait de trouver son dénouement.
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