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Introduction
 

La trahison est décidemment l’apanage des Sith. Dark Sidious a œuvré dans l’ombre pendant des dizaines d’années pour acquérir le pouvoir suprême et se débarrasser des Jedi lors de la mise en place d’une purge de grande ampleur. Mais tout le monde ne peut pas cohabiter avec le sentiment destructeur d’avoir trahi un ami… et certains, qui se croyaient pourtant à l’abri de la trahison, connaissent un réveil difficile. Un réveil mortel…

La Fin de la Justice - Dark Maul877
 

Un soleil rouge se levait sur Coruscant, qui n’était plus qu’une ville sombre et à tout jamais enfouie dans les ténèbres. Les nuages noirs de la veille s’étaient dissipés dans la nuit, laissant place à une lumière rouge sang. Le bureau de Palpatine était inondé dans cette atmosphère pesante et oppressante. A jamais, ce lieu qui était, autrefois un endroit de confiance et de réconfort, serait marqué et changé pour devenir sombre et sinistre. Les murs rouge sang amplifiaient les couleurs démoniaques qui émanaient de la pièce et les lumières la plaçaient dans une pénombre permanente. Au bureau se trouvait un large trône noir et gris qui dominait tout. Une ombre y séjournait et on pouvait seulement voir deux yeux jaunes et rouges perçants dans cet amas de ténèbres. Son regard vous glaçait le sang et les os, il vous déshabillait pour mieux vous comprendre et vous contrôler. Une longue capuche recouvrait le haut des yeux et rejoignait le reste du manteau noir. Deux mains vieillies par les combats et les pouvoirs du Côté Obscur en sortaient. Elles étaient frêles avec de longs ongles jaunâtres accrochés aux extrémités.

Accentuant le flot de haine et de mal, deux gardes rouges se trouvaient être en accord avec le ton du bureau. Ils étaient simplement armés de deux piques énergétiques, qui semblaient inoffensifs comparés à un blaster. Mais ils se révélaient extrêmement puissants et mortels lorsqu’ils se retrouvaient dans les mains d’un expert. Leur casque ne reflétait aucune émotion ; on ne pouvait apercevoir ni leur yeux, ni leur visage. L’assassin et le garde du corps parfait, pensais-je.

Les deux petits yeux jaunes se tournèrent vers moi, ils me sondaient mais je résistai à cette manipulation autant que je le pus. Je faisais partie d’une des rares espèces à pouvoir parer les « assauts » mentaux des êtres doués de la Force. Tout à coup, la bouche de la chose s’ouvrit et j’aperçus une rangée de dents pourries et noirâtres dont les gencives étaient profondément enfoncées dans des lèvres violacées et meurtries. Un son se fit entendre, un son grave et en même temps aigu, tout mon être se crispa :

— Président Amedda, je veux que vous convoquiez les derniers sénateurs récalcitrants pour une séance spéciale au Sénat Galactique. Dites leur de venir rapidement, leur présence doit être obligatoire.

Je n’osai même pas répondre, un signe de tête suffit et je quittai immédiatement le bureau du Chancelier…

 

L’écran du cockpit du Tantive IV s’alluma, le visage de Bail Organa apparut devant moi. L’inquiétude s’y lisait, ses traits étaient crispés, comme s’il appréhendait la demande que j’allais lui proposer.

Il cache sûrement quelque chose, mais quoi ? Je pense que cette invitation va révéler sa véritable position.

— Sénateur Organa, le Chancelier Suprême vous convoque pour une séance extraordinaire au Sénat, déclarai-je avec une grande assurance.

— J’y serai, répondit le sénateur d’Alderaan.

— Je l’espère, nous comptons sur votre présence.

La communication se coupa, et je réfléchis un instant à ce qu’Organa ferait lors de la séance. Il cache sûrement quelque chose, je devrais me référer au Chancelier. Je tournai les talons et me dirigeai vers les appartements de Palpatine. Les couloirs étaient froids et l’atmosphère se faisait de plus en plus pesante au fur et à mesure que je me rapprochai du bureau. Peut-être un pouvoir de Palpatine pour intimider ses invités ?

J’arrivai devant la porte lorsque l’un des Garde Rouge brandit sa pique électrique pour me barrer le passage.

— Désolé, Président, mais le Chancelier ne veut pas être dérangé pour le moment. Sa voix était parfaitement contrôlée et aucune émotion n’en sortait.

Je répondis à mon détracteur avec inquiétude :

— Que se passe-t-il ? Le Chancelier ne m’a jamais refusé l’accès à son bureau dans le passé, je suis son plus fidèle conseiller depuis le début de son mandat !

— Désolé, mais nous avons des ordres explicites et nous devons les exécuter.

— Soit, mais je pense que le Chancelier ratera une information importante. Dites-lui que je suis passé.

— Bien, monsieur.

Je tournai les talons et disparus prestement vers mes quartiers personnels. Que se passe-t-il ici ? Depuis que Palpatine a été attaqué par ce Mace Windu, il n’est plus du tout le même, que ce soit physiquement ou mentalement. S’il n’a plus confiance en moi, il risque de détruire les principes mêmes de la République. Il m’a parlé, il y a quelques temps, d’un nouveau gouvernement, d’une réorganisation du régime actuel pour plus de sécurité : Un Ordre Nouveau, avait-il dit. Mais cet Ordre devait être basé sur le principe de la République sans pour autant la détruire. Alors pourquoi, tout à coup, le Chancelier chang- t-il d’avis et refus- t-il l’accès à son conseiller le plus proche ? Que cache-t-il ? Toutes ces questions trottaient dans ma tête et je décidai de m’installer dans un fauteuil en peau de Wookiee pour me relaxer un peu.

Les appartements étaient très luxueux, témoignant de ma place dans la hiérarchie de la République. La pièce était dans les tons violine et bleu, de nombreuses œuvres d’art de toutes planètes étaient posées sur des socles en or massif. Un canapé en peau de Wookiee et de Rancor au milieu de la pièce offrait un excellent moyen de se reposer. Une large baie vitrée entourait la salle et laissait voir la Rotonde du Sénat ainsi que le Temple Jedi entouré de fumée noire. Lorsque je le regardai, je pensai que les Jedi n’étaient peut-être pas aussi mauvais que Palpatine l’insinuait depuis la veille, depuis « l’attentat » fomenté par Windu. « Et si le Chancelier était à la solde de cette affreuse guerre ? Et si celle-ci n’était qu’un plan pour changer à jamais la Galaxie et la contrôler totalement ? ». Je savais depuis toujours que Palpatine voulait une République plus forte, plus sévère, qui empêcherait la corruption au sein même de son cœur, comme c’était le cas ici. Je n’avais jamais pensé que le Chancelier veuille prendre le pouvoir dans un seul but de conquête mais plutôt de libération de la République vacillante. Mais lorsque Palpatine m’annonça, il y a quelques temps de reformer la République après cette terrible guerre pour éviter que les évènements présents ne se reproduisent, je commençais à douter sérieusement de ses intentions. Pourtant, je savais que c’était une bonne chose pour tous et que grâce à ces mesures, la paix s’installerait enfin. Le Chancelier devait avoir de bonnes intentions puisqu’il m’en avait parlé à moi et à Sly Moore, sa deuxième conseillère. Et, malgré tout, des doutes subsistaient dans mon esprit.

La séance de tout à l’heure va sûrement révéler au grand jour les intentions de Palpatine et je serai enfin fixé.

L’ombre semblait flotter au-dessus du sol métallique, elle volait presque. Entourée de deux silhouettes rouges écarlates, elle se dirigea, prestement, vers son bureau. Là, j’attendais, mon bâton symbolisant la justice en main. Le visage fermé, prêt à recevoir les acclamations des sénateurs de la Galaxie. Je montai aux côtés de Palpatine sur la plate-forme centrale qui s’éleva dans les airs au simple geste du Chancelier Suprême. Des applaudissements se firent entendre dans toute l’immense salle et Palpatine leva les mains en signe de victoire. Sa bouche ridée et meurtrie s’ouvrit après que le silence revint :

— Les Jedi ont essayé de me tuer, mon corps s’en est retrouvé affreusement mutilé, mais…je peux vous assurer…que ma détermination n’a jamais été aussi grande !

Des acclamations et des cris de joies se firent entendre.

— C’est pourquoi, la République sera réorganisée sous le premier Empire Galactique qui durera mille ans, pour plus d’ordre et de sécurité!

Des millions de cris, d’applaudissements et de congratulations retentirent dans le Sénat. L’Empereur sourit sous sa capuche rouge, un léger frisson me parcourut le dos. Ainsi, c’est fait !

 

La nouvelle se répandit très rapidement dans toute la Galaxie, les holocams qui avaient filmé la séance au Sénat la retransmettaient sur tous les réseaux HoloNet de la Galaxie et ce, jusque dans la Bordure Extérieure. L’Ordre Nouveau s’installa très rapidement, assurant à Paplpatine un contrôle rapide et absolu de la situation. Les armées droïdes ayant été désactivées, les clones n’avaient plus aucun ennemi et pouvaient faire respecter l’ordre dans le nouveau régime autoritaire. Peu de gens se rendaient compte du désastre, seule une poignée de sénateurs complotait en secret mais n’osait pas encore se rallier sous une même bannière pour défier la puissance du nouvel Empereur.

Je savais que je n’étais plus en sécurité, je connaissais le mépris qu’avait Palpatine pour les non humains et commençais à craindre que l’Empereur veuille me supprimer : je ne lui étais plus utile.

Je dois fuir le plus vite possible si je ne veux pas me retrouver dans des poubelles des bas-fonds de Coruscant. En quelques heures, des dizaines de sénateurs furent arrêtés et exterminés pour trahison ou refus de respecter la loi. Parmi eux, il y avait le sénateur de Kashyyyk qui, après les évènements de la bataille sur sa planète natale, avait refusé de placer des troupes supplémentaires de clones pour maintenir l’ordre. D’autres, comme le sénateur Organa ou Mothma, n’avaient pas encore été arrêtés par manque de preuves mais suscitaient des regards méfiants de la part des autres sénateurs. Une atmosphère de peur et d’angoisse s’était installée sur Coruscant et dans tous les autres mondes de l’Empire.

Pourtant, l’espoir subsistait : une rumeur était parvenue jusqu’au Sénat, un Jedi revenait rétablir la paix…

 

La voix de Palpatine retentissait dans la pièce sombre de l’anti-chambre de la Rotonde, un halo bleuté éclairait faiblement la pièce et les deux personnes qui s’y trouvaient. Je regardais l’hologramme, le regard vide et sans la moindre expression, tandis que l’Empereur parlait à son nouvel apprenti :

— Vous avez rétabli la paix et la justice au sein du nouvel Empire.

— Merci, mon maître.

La communication se coupa, l’être abominable qui se trouvait à mes côtés, se tourna alors vers l’entrée pour apercevoir une petite créature verte qui envoya valser les deux gardes rouges d’un simple geste de la main. La petite chose était le grand maître Jedi Yoda. Il se tenait à deux mains sur son vieux bâton de bois, penchant légèrement la tête en avant. Il me regarda en premier puis fixa Palpatine. Celui-ci déclara d’une voix grinçante :

— Maître Yoda, vous êtes toujours en vie ?

— Surpris de me voir Empereur ? Ou devrais-je dire, Dark Sidious ?

— Votre échec vous masque l’ampleur du désastre, vous allez maintenant expérimenter toute la puissance du Côté Obscur !

Et sur ces mots, Sidious se leva et lança une volée d’éclairs bleutés sur le petit homme vert qui rebondit violemment contre le mur opposé et roula sur le sol, inerte, de la fumée s’échappant de son petit corps.

Mais qui est cet homme ? D’où lui vient ce pouvoir ? Est-il réceptif lui aussi à la Force ? C’est un Sith ? Toutes ces questions mystérieuses et sans réponse me traversèrent l’esprit tourmenté. Il est temps de partir immédiatement, si un homme comme lui possède des facultés pareilles, je ne sers à rien maintenant, je dois m’en aller, loin… Je profitai de l’inattention de Palpatine, qui était concentré sur Yoda, son pire ennemi, pour sortir de la pièce et rejoindre mon vaisseau personnel.

Je me hâtais vers mes appartements, de là, j’accédais à une pièce menant sur une plate forme où mon vaisseau était stationné. Fonçant à toute allure dans le cockpit, je vis, malheureusement, que toutes les commandes avaient été démantelées, comme si Palpatine savait que j’allais tenter de m’échapper. Comment est-ce possible ? Tout à coup, une idée me vint, je devrai pouvoir emprunter la navette de l’Empereur pour fuir, mais cela m’obligea à retourner au Sénat. Tant pis, je vais faire comme si j’étais toujours fidèle et je m’enfuirai lorsque l’occasion se présentera.

Retournant à la Rotonde, une escouade de Clones de la sécurité me demanda de rejoindre l’Empereur car il avait besoin de moi. Que me veut-il ? Sait-il pour mes intentions ? Je rejoignis Palpatine avec une nacelle anti-gravitée, il déclara :

— Ce traître m’a échappé, fouillez les alentours !

J’entendais de la haine dans sa voix et en même temps de la satisfaction, sa demande ne s’adressait pas à moi, mais plutôt aux clones rouges.

— Monsieur, aucune trace de son corps.

— Ce qui signifie qu’il n’est pas mort, déclarai-je avec fermeté.

— Intensifiez les recherches ! Sa voix était forte et caverneuse mais en même temps, pleine d’assurance.

Il tourna son visage ridé et je pus y lire, pour la première fois, de l’inquiétude. Que lui arrivait-il ? C’est comme s’il avait senti quelques chose.

— Prévenez le capitaine Kagi, dites-lui de préparer ma navette, je sens que le seigneur Vador court un grand danger…

Je répondis d’un simple signe de tête et pris contact immédiatement avec Kagi. Si je peux prendre la navette, ça sera ma chance.

Malheureusement, Sidious me suivit tout au long du voyage et je fus obligé de rester avec lui. Il trouva son apprenti mutilé sur Mustafar et décida de le ramener à son centre médical sur Coruscant pour le soigner. Arrivé là-bas, je descendis de la navette, une pluie battante me fouetta le visage et je rejoignis le plus vite possible mon appartement pour pouvoir trouver un autre moyen de m’échapper.

 

Les jours passèrent et aucune occasion ne se présenta, le désespoir commençait à emplir mon cœur et je sentais que ce n’était plus qu’une question de temps avant que Palpatine ne décide de m’exterminer. Déjà, le nouveau régime laissait transparaître son aversion pour les non-humains et beaucoup de sénateurs furent assassinés. Une rumeur circulait : Dark Vador, l’homme de main de l’Empereur serait à l’origine de ces assassinats répétés. Si tout continue dans ce sens, je ne tarderai pas à mourir, Sly Moore a mystérieusement disparu hier alors qu’elle rejoignait un cargo de transport.

Le soleil se couchait sur la planète sinistre et je m’endormis avec difficulté, me levant à chaque bruit suspect.

 

Quelques heures après, je fus réveillé par un bruit sourd, des pas lents, suivis d’un glissement de tissu. Puis, une respiration, mécanique, froide et sans vie. Un droïde ? Je ne saurais le dire mais quoi que ce fût, ce n’était absolument pas humain. Tout à coup, une lumière rouge vive éclaira la pièce noire et je n’eus le temps d’apercevoir qu’un masque sinistre, celui de Vador. Il abaissa lentement sa lame et je fus transpercé de part en part. Aucun son ne s’échappa de ma bouche mais, on put lire dans mes yeux, pour la première et dernière fois, de l’incrédulité. Comment j’avais pu être aussi idiot pour croire aux mensonges de Palpatine ? Comment j’avais pu croire qu’il me faisait confiance ? La lame s’éteignit, en même temps que ma vie…

Duologie Wookiee
 

Episode I : La première bataille de Kashyyyk

Dark Solaris

 

Kashyyyk. Planète située dans la bordure médiane, un monde accueillant, plein de vie. Le monde natal des wookiees.

Les wookiees. Les êtres les plus courageux et honorables de la galaxie. De grands mécaniciens, pilotes, et parfois Jedi.

Les Jedi. Généraux de l’Armée de la République en ces temps de troubles que sont la Guerre des Clones.

La Guerre des Clones. Voilà qu’elle affectait aujourd’hui la paisible Kashyyyk. Face à la menace des Séparatistes, plusieurs Maîtres Jedi se sont retrouvés aux côtés des fidèles wookiees, alliés depuis des siècles à la République.

Le Maître Yoda en personne s’était déplacé. Depuis plusieurs générations d’homme, il entretenait avec un bon nombre de wookiees de bonnes relations, dont deux Jedi wookiees. L’un d’eux avait grandement participé à un conflit opposant la République aux Sith il y avait mille ans. Il s’appelait Drewbacca. Le second Jedi était bien plus jeune, né il y avait presque deux cents ans sous le nom de Rarrogorocka, communément  surnommé Rocka. Il avait présidé pendant un certain temps aux côtés de Yoda au Conseil des Jedi.

Luminara Unduli était aussi présente, avec Tarfful le chef des wookiees de Kachirho, ville bordée par un lagon d’eau douce et qui s’enroulait autour d’un arbre wroshyr de plusieurs centaines de mètres.

La réunion ne dura pas longtemps : déjà la CSI se préparait à assiéger de nouveau la ville. Depuis l’arrivée des Jedi, les clones s’étaient mis en position dans des tranchées, aux côtés de wookiees armés d’arbalètes lasers et de bombes, telles que des mines ou des détonateurs thermiques.

Les deux wookiees Jedi s’étaient mis d’accord sur le fait qu’ils devaient se battre comme les leurs, c’est-à-dire à l’arbalète laser. Cela ne posa pas de problème à Maître Yoda, qui présiderait la bataille depuis la plus grande hutte de l’arbre wroshyr, aux côtés du commandant clone Gree. Luminara Unduli quant à elle dirigerait les opérations au niveau du sol, en première ligne.

Bientôt, la bataille allait débuter, ils le savaient.

Un Jedi n’avait pas de possession. Rocka en avait une seule : son arbalète laser. Depuis longtemps il ne l’avait pas utilisée, et il l’avait apportée aujourd’hui pour se battre non pas comme un Jedi, mais en tant que wookiee.

Après s’être préparé avec Drewie, ils se rendirent tout deux sur la plage du lagon, dans les tranchées. Après s’être souhaité bonne chance pendant un moment, le silence se fit sur le camp.

Tous les préparatifs étaient terminés, les armes prêtes, les esprits concentrés, le regard dirigé loin devant d’où arriveraient les droïdes de combats. L’attente parut longue, les Jedi puisaient dans la Force pour y trouver un réconfort avant une bataille longue et difficile.

Dans la Force, les quatre Jedi se sentaient liés. Ils entendirent la conversation qu’eut Yoda avec Mace Windu, resté au temple.

La fin de cette réunion fut tel un déclic : au loin, des cellules énergétiques s’activaient par milliers, des moteurs se mirent en route, des droïdes s’approchèrent. D’en haut, Yoda ordonna l’offensive. D’en bas, des wookiees sortirent des tranchées pour hurler face aux droïdes qui arrivaient, Drewie et Rocka s’étaient joints à eux.

A leurs côtés, des clones activèrent les quelques tourelles. Loin derrière, des chars d’assauts TX-130, des TR-TT et des Juggernauts se préparèrent à intervenir. Dans le ciel, des ornithoptères s’approchèrent.

Les premiers tirs se firent entendre. La première ligne de Tanks droïdes firent déjà des ravages. Rapidement, les clones usèrent des quelques tourelles, d’autres utilisèrent des fusils sniper. Très vite, des droïdes araignées firent surface sur la plage et tirèrent leurs premières salves, abattant plusieurs clones et wookiees. Les arbalètes s’échauffèrent, les grenades furent lancées. Les Tanks s’approchaient encore quand une escouade de clones, en hauteur, les prirent pour cible.

La bataille venait de commencer. Derrière, les TR-TT s’avancèrent pour fournir un feu nourri. Dans les airs, les ornithoptères larguèrent des mines. Certaines manquèrent leurs cibles, les autres endommageaient efficacement les Tanks. Mais bientôt des canonnières droides furent aperçues dans le ciel au loin. Bien que peu maniables, elles allaient causer de grands dégâts au sol si elles parvenaient à la plage.

Yoda modifia ses ordres : les ornithoptères avaient maintenant pour objectif de détruire les canonnières. Cela allait néanmoins affaiblir le front au sol pendant un certain temps.

Drewie et Rocka, toujours côte à côte, se battaient frénétiquement contre les droïdes araignées et les quelques droïdes crabes qui sortaient indéfiniment de l’eau. Autour d’eux, de nombreux clones et wookiees étaient déjà à terre. La première tranchée allait être noyée par des droïdes trop nombreux. Drewbacca ordonna la retraite jusqu’à la deuxième tranchée, vingt mètres plus loin derrière eux. Les wookiees s’exécutèrent, tandis qu’une dizaine de clones effectuèrent une ligne de couverture. Ils moururent tous en permettant à plusieurs trentaines de wookiees de s’enfuir.

Les ornithoptères ne furent que très peu efficaces contre les canonnières ennemies. Ils étaient équipés de tourelles lasers qui parvenaient parfois à faire exploser certains véhicules wookies. Yoda les rappela pour éviter les pertes inutiles et ordonna au commandant Gree de préparer les rares tourelles anti-aérienne : quatre au total.

Les Tanks étaient là, et les lasers légers ne parvenaient pas à pénétrer le bouclier. Les wookiees et les clones ne détruisaient que les droides qui se maintenaient dessus. Mais heureusement les TR-TT arrivèrent, Luminara en tête du petit cortège. Elle alluma son sabre laser, prête à rejoindre le front. Une ligne de TR-TT décima plusieurs Tanks droïdes, sous les clameurs de wookiees et de clones. Les DCA firent feu au même moment, détruisirent encore quelques canonnières mais en laissèrent passer trois ou quatre : ils larguèrent leurs mines sur les TR-TT fraîchement entrés dans la bataille.

Le sable jaune de la plage devint noir partout. De nombreux TR-TT furent détruits par cet assaut, et déjà d’autres canonnières arrivaient, plus nombreuses encore. Au sol, de nouveaux les clones et les wookiees abattirent les droïdes qui arrivaient sans discontinuer.

Derrière les chars arrivaient enfin pour leur prêter main forte, suivis des lents juggernauts. Le champ de bataille atteignit son point le plus fort : des canonnières s’écrasaient sur la plage ou larguaient des mines, des TR-TT abattaient les droïdes qui étaient parvenus à la première tranchée, les Juggernauts accélérèrent brutalement et tirèrent des dizaines de missiles à concussion qui s’abattaient sur les Tanks et les canonnières droïdes. Des clones mouraient, des wookiees agonisaient.

Et parmi tout ce fracas, trois Jedi combattaient, non plus pour une planète désormais, mais pour leurs vies. Ils étaient tous trois réunis pendant un moment, Luminara parant bon nombre de lasers qui auraient pu être fatals aux wookies.

Un ornithoptère s’écrasa légèrement sur le sol tout près d’eux. Le wookiee qui le pilotait était mort, sûrement victime d’un laser perdu, car l’engin ne semblait pas abîmé. Drewie fit signe à Rocka de le suivre et de remettre en vol le véhicule, car il était plus utile là-haut. Luminara resta seule au sol, aux côtés des derniers wookiees et clones de la seconde tranchée. Bien qu’ils parviennent à tenir la position, Yoda ordonna la retraite jusqu’à la dernière tranchée pour gagner un peu de temps, mais du temps pour quoi ? Pour qui ?

Drewie pilotait, Rocka se servait de la tourelle. Ensemble, ils parvinrent à neutraliser plusieurs canonnières et à décimer des rangs de droïdes au sol. Mais il restait encore des Tanks, et trop peu de TR-TT pour les arrêter. Drewie dirigea l’engin volant vers deux Tanks, plus précisément sur celui qui était légèrement en retrait par rapport à l’autre. Lorsqu’ils arrivèrent juste au-dessus du premier Tank, ils sautèrent dessus. Ils prirent chacun une mine qu’ils avaient accrochée à leurs ceintures, les fixèrent sur le Tank puis sautèrent dans l’eau juste avant l’explosion.

Drewie et Rocka nageaient maintenant vers la plage, tandis que la bataille semblait se calmer peu à peu. Etait-elle gagnée ? Yoda laissa échapper un « sourire » dans la Force, mais très vite ce sourire disparut. Il fallut quelques secondes de plus à Rocka et Drewie pour sentir qu’il se tramait quelque chose de dangereux.

L’Ordre 66.

A travers la galaxie, des Jedi mouraient des mains de leurs propres clones. Au temple, des padawans étaient exécutés. La mort envahit la galaxie.

Rocka et Drewie étaient à bout de souffle lorsqu’ils émergèrent de l’eau, non pas à cause de leur nage, mais à cause de la sensation qu’ils percevaient. Les deux wookiees se regardèrent, perplexes. Ils sentaient Maître Yoda, faible, à genoux. C’étaient tous ses padawans, des amis. Et Luminara ?

Rocka reprit ses esprits : plus le temps de penser à Yoda, il était en sécurité. Eux aussi d’ailleurs, car peu de droïdes semblaient encore en état de fonctionner. Mais Luminara Unduli? Elle était entourée de clones, leurs armes étaient pointées sur elle.

Un moment d’hésitation, les clones tirèrent, Luminara sauta par dessus quelques clones en découpant le bras de l’un d’eux, mais ne le tuant pas. Elle se retourna, para quelques lasers, recula, s’interrogea.

Drewie se mit à courir vers elle, arbalète au poing. Rocka le suivit sans hésitation. Luminara tenait bon, mais elle faiblissait. Des TR-TT s’approchaient d’elle sur le côté. Les deux wookiees Jedi tirèrent sur les clones. Un, deux, six, huit tombèrent à terre, morts cette fois alors que Luminara ne voulait pas les tuer. Le TR-TT fit feu, Luminara parvint à esquiver de justesse, mais lâcha son sabre laser et resta à genoux à une dizaine de mètres des wookiees. Ils ne parvinrent pas à l’aider, elle se laissa aller, les clones tirèrent plusieurs rafales, la mort frappa une nouvelle fois.

Rocka et Drewie, les larmes aux yeux, ne bougeaient plus. Les wookiees autours d’eux ne savaient pas quoi faire. Les clones s’approchaient lentement, s’apercevant peu à peu qu’il y avait là deux wookiees Jedi à éliminer.

Rocka laissa tomber son arbalète laser, Drewie regard plusieurs wookies tout près, leur fit un signe de tête, et réarma son arbalète. A côté de lui, Rocka empoigna son sabre laser et l’activa. Une lame verte comme la couleur de Kashyyyk illumina le visage des deux Jedi.

La première bataille de Kashyyyk était terminée, un combat pour la survie de deux Jedi allait débuter.

 


 

Episode II : Gloire sans honneur, et valeur sans victoire

Kamocato007

 

Les dernières lueurs de la bataille s’évanouirent loin dans les cieux, tandis que peu à peu le jour descendait vers le matin. Un léger voile de vapeur noir s’élevait au-dessus du champ de bataille, et les carcasses des droides séparatistes jonchaient le sable, les batteries encore chaudes. Les légions clones se rassemblaient en bas du QG où, immobile, plongé dans un profond silence, le maître Jedi Yoda observait Kashyyyk, belle, impassible, victorieuse.

Il entendit la rumeur des tirs clones résonner au-delà du village wookiee, et se courba un peu plus sur son bâton gimer, avant de plonger dans la Force.

Sa vision se perdit d’abord sur Coruscant, près du Sénat, où les ombres s’étendaient sur un tapis d’étoiles, et il sentit soudain son cœur céder à la souffrance. Un cri déchira le silence, et, un instant, la Force sembla basculer dans la plus vive des douleurs. Yoda manqua de tomber sur le sol, mais prit appui sur son bâton, avant de sentir la nuit envelopper son cœur…

Une minute s’écoula, lentement, alors que la Galaxie baignait dans le froid et la menace. Quelques brumes tombaient sur Kashyyyk, alors qu’une pluie drue s’abattait sur le QG et la plage.

La respiration haletante de Yoda s’arrêta net. Des éclairs bombardèrent son esprit, ses yeux brûlèrent dans leurs orbites, et son sang se glaça aussitôt.

 

Sur Felucia, une belle twi’lek succombait à la trahison des clones.

 

Sur Mygeeto, une longue silhouette blanchâtre chutait lourdement sur un pont, sous les tirs alliés.

 

Sur Cato Neimodia, le cockpit d’un valeureux Jedi s’enflammait avant de s’écraser sur la cité…

 

Une belle Jedi ne parvint pas à éviter les tirs de ses troupes, et sa motojet explosa sur les parois rocheuses de Saleucami…

 

Et, partout dans la Galaxie, la Force hurlait de perdre ses disciples, et comme des étoiles s’éteignant dans le ciel, les Jedi mouraient.

 

Une voix réveilla Yoda de sa stupeur. Il reconnut sans mal celle de son vieil ami, Whills, à des années-lumière de lui, et peu à peu, son timbre se fit plus distinct…

— Le monde a changé, Yoda… fit Whills.

Yoda, les yeux humides de larmes, se pencha un peu plus sur son bâton et répondit à son appel.

— Une erreur, j’ai fait. Mon vieil ami, au-dessus de mes yeux la menace planait, et les lever je n’ai pas su…

— La Pierre de Karrun’Hal n’a pas pu me révéler l’ampleur du désastre… Nous étions aveugles, Yoda, mais il n’est pas trop tard pour ouvrir les yeux…

Le minuscule maître Jedi entendit des voix derrière lui, et malgré les alarmes de ses instincts, il n’y prêta pas attention.

Mille questions se bousculaient dans son esprit… Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et il sentit la nuit environner le QG de Kashyyyk, alors que quelques bribes d’images envenimaient son sang… Le Temple Jedi brûlait…

— Voyez, mon ami, voyez que l’Ordre Jedi sombre dans les ténèbres… Mais vous devez faire quelque chose… Les Sith ont changé, leurs méthodes ne sont plus les mêmes… Il était impossible de rivaliser…

Alors que le Commandant Gree et un éclaireur clone s’approchaient de Yoda, la voix de Whills sembla se perdre dans les longs couloirs de la Force… Il n’est pas trop tard…

Et le blaster de Gree se pointa sur la minuscule boule verte…

 

Deux casques de clones ricochèrent sur le sol. L’écho de la voix de Whills s’évanouit dans la Force.

Tarfull et Chewbacca s’avancèrent vers Yoda et le maître Jedi grimpa la montagne de muscles et de poils qu’était ce dernier.

— Ma navette, au plus vite il me faut rejoindre. Traîner, nous ne devons pas.

Leur pas se fit plus rapide alors que la nuit s’engouffrait lentement au-delà des mers, s’immisçant dans le sable et les ruines de la bataille.

Tout était silencieux, paisible. Le calme avant la tempête. L’obscurité accueillit une menaçante lumière, au-dessus du village wookiee, et quelques tirs clones zébrèrent les cieux, puis plus rien.

Amoindri, las et désespéré, Yoda s’enferma dans un long silence, tandis que Chewbacca courait dans la jungle, son ami Tarfull à ses côtés. Ils parlèrent un peu en leur langue, pendant leur course, de leurs inquiétudes et des autres Jedi sur Kashyyyk.

La forêt était muette, outre le bruit de leurs pas sur les feuilles et les branchages, et alors que la nuit ne s’était jamais faite plus profonde, Yoda émit un petit cri discret.

Chewie et Tarfull s’arrêtèrent aussitôt.

— Des amis, dans le besoin, sont.

La main du maître Jedi erra un instant dans les airs, avant que la Force ne lui impose une décision : l’Est. Les deux wookiees acquiescèrent, et Chewie fit comprendre à Yoda de bien s’accrocher.

Pour la première fois depuis longtemps, un léger sourire se dessina sur les lèvres du Jedi. Il jeta un œil aux arbres, en haut, et en quelques secondes, il volait de lianes en lianes, esclaves des pirouettes et cabrioles de Chewie…

Deux lames émeraude dansaient dans la nuit zébrée de tirs de lasers. Elles déchiquetaient métal, chair et os, et une armada de clones n’eut pas à répondre de la valeur des Jedi…

Rarrogorocka et Drewbacca éteignirent leurs sabres lasers, et observèrent d’un œil hautain l’étendue de cadavres clones qui les entouraient. Ils se frayèrent un chemin entre leurs victimes, et accueillirent Yoda, Tarfull et Chewbacca dans la clairière.

Rocka grogna qu’ils avaient essuyé une rébellion clone.

— Dans toute la galaxie, les clones se rebellent, annonça Yoda.

Drewie approuva, et s’assit sur un tronc d’arbre mort, tentant de reprendre son souffle. La bataille l’avait lessivé.

Maître Yoda descendit de l’épaule de Chewbacca et marcha un peu dans la clairière. Les rumeurs de la bataille résonnèrent dans la clairière. Dans la Force, il sentit la vie de plusieurs wookiees s’envoler, comme si une bourrasque les emportait loin de la vie.

— Pour mes erreurs, le peuple wookie, paye… Les aider je ne peux, à Coruscant je dois aller. Maître Drewbacca, Maître Rocka, une aide vous devrez apporter à votre peuple, tandis que Tarfull et Chewbacca, à la navette m’emmèneront.

Sa voix se fit plus lointaine, comme vide et oubliée dans sa gorge…

— Si une chance, encore, nous avons…

 

*  *

*

 

Ils se quittèrent au milieu des bois. Yoda, Tarfull et Chewie coururent vers le nord, et les rumeurs de la guerre se firent plus insistantes auprès des wookiees. Rocka et Drewie virent la silhouette de leurs amis disparaître dans la nuit, grimpèrent à un arbre wroshyrs, et se baladèrent entre les lianes, vers le lagon, et la bataille.

Un clan de wookiees se rassemblait sous les parois rocheuses : un brouillard de tristesse et de fatigue se lisait dans leurs yeux, et beaucoup envoyèrent leurs femmes et leurs enfants dans la Forêt. Ils bandaient leurs arcs, apprêtèrent leurs arbalètes, préparaient la bataille sans conviction, si ce n’est celle de l’honneur et de la fierté.

Rocka et Drewie joignirent leurs forces à celles, amoindries, de la rébellion wookiee, et l’heure du combat s’avança quand le bruit mécanique des pas d’un TB-TT s’approcha de leur cachette. Les derniers préparatifs se fixèrent, et le groupe se scinda en deux. Au loin, des clones beuglèrent leurs ordres infâmes :

— Pas de survivant ! Soyez sans pitié contre ces bêtes !

L’ironie de la scène acheva de plonger les wookiees dans cette ambiance malsaine de trahison et de terreur… Les lèvres de leurs alliés criaient qu’aucun d’eux n’allait survivre, et les flammes qui se levaient de leur village finirent de les convaincre : les wookiees étaient au crépuscule de leur civilisation.

Le vent fouettait leurs pas et caressa leurs longues tignasses de poils. La nuit les emportait dans un gouffre noir et terrifiant, et leur sang glacé ne circulait plus dans leurs veines. Immobile, fragile, il attendait de couler sous les assauts des clones.

 

Un cor sonna. Des cris wookiees s’élevèrent. Les premiers tirs retentirent et résonnèrent dans l’obscurité de la plage.

Rocka se fraya un chemin dans le tumulte et l’horreur de la bataille. D’un seul geste, il activa son sabre et disséqua un clone, puis jeta un œil rapide derrière lui. Les wookiees tombaient un à un sur la plage, et leur petit groupe de résistants sembla très vite étouffé par les assauts des clones.

Drewie préféra user de ses vieux bâtons Ten Shu, longues lames de bois invincibles, qu’il fit tourner au-dessus de lui, avant d’abattre deux clones à ses côtés. Il plongea dans la Force, se retourna, et fit exploser le cœur de deux ennemis à ses trousses. Il entendit avec satisfaction le bruit retentissant dans leur poitrine. Il rompit la colonne vertébrale de trois autres clones, d’un seul mouvement, entendant la marche mécanique d’un TB-TT s’avancer vers lui, ponctuant sa route de missiles et lasers…

Rocka se joignit à lui et tous deux s’élancèrent vers la machine. Ils grimpèrent à ses jambes, et Drewie donna un coup brut de Ten Shu à la poitrine du pilote, lui coupant net le souffle. Rocka prit place sur le siège, et mena la machine vers les clones… Drewie bondit sur le sable, et profita d’une jolie pirouette pour décimer la moitié d’une troupe, et l’autre moitié succomba dans les airs à sa maîtrise de la Force.

Rocka grogna à quelques wookiees de suivre son TB-TT, et, dans l’horreur de la guerre, il trouva son pilotage amusant et distrayant. Il écrasa quelques clones, usa de tous les charmes de sa machine : lasers, missiles, canons à ions, bombes à protons…

Mais la ténacité, et la force, des wookiees cédèrent au nombre et aux moyens des clones. Bientôt, tard dans la nuit, le silence pesa sur la plaine et l’écho des derniers tirs résonna longtemps sur la plage. Les derniers wookiees agonisant ne perdirent rien de leur valeur, et tentèrent, mourants, ensanglantés, de participer encore à la protection de leur peuple.

Quelques clones balayèrent le secteur et tirèrent sur les moindres mouvements qu’ils détectaient. Bientôt, il ne resta plus que deux wookiees sur la plage.

Drewie et Rocka s’observèrent, et dégainèrent leur sabre laser, tandis que les clones affluaient autour d’eux.

— Pas d’histoire, sales bêtes, cracha l’un d’eux. On a des ordres, nous !

Son blaster visa le crâne de Drewie. Mais il n’eut pas le temps de presser la gâchette : une lame verte cisailla son bras avec une précision chirurgicale.              

Les deux lames vertes tournoyèrent dans les rangs clones, mais à chaque clone vaincu, des dizaines d’autres semblèrent se mêler au combat.

La tempête de laser fit reculer les deux wookiees jusqu’à l’entrée de la forêt. Le massacre continua, alors que des clones vociféraient inlassablement des « Tuez-les ! Vite ! » …

Un tir frôla la jambe de Drewie, mais un autre le pénétra en pleine poitrine, et son souffle fut coupé. Il sentit un coup brûler son bras et son épaule, et il lâcha son sabre. Il recula de quelques pas, respirant avec difficulté, aveuglé par la souffrance.

Les parades de Rocka filtraient toujours les tirs clones, mais peu à peu, ses forces diminuaient, suffoquant sous la tempête de lasers…

Soudain, le jeune wookiee sentit son corps se soulever dans les airs, et, dans les bras de Drewie, il chuta lourdement sur du bois dur, au milieu d’un arbre wroshyr. Cachés par les feuillages et les branches qui les blindaient de tous tirs, les wookiees profitèrent du calme pour reprendre leur souffle. Ils entendaient, vingt mètres sous eux, les clones vociférer leurs ordres infâmes. Quelques-uns semblaient escalader l’arbre à la recherche des fugitifs.

— Ils sont trop nombreux, fit Rocka dans sa langue, pansant ses blessures à l’aide d’une feuille de tilleul.

Drewie dégaina ses Ten Shu et sentit ses muscles se contracter. Il devina alors cette impression d’impuissance, si proche de l’inévitable, de l’inéluctable. La nuit s’engouffra peu à peu dans son corps, s’immisça dans ses veines comme un venin lent et indomptable. La peur, le doute, l’horreur embrumèrent ses pensées, et il refusa l’inacceptable.

Il allait mourir, là, et les quelques secondes qui le séparaient de sa mort commencèrent à s’échapper de ses forces…

Il observa Rocka un moment, qui reprenait son souffle à l’ombre des feuillages. La lueur de la lune les éclaira un instant, le temps d’un regard, d’une impression, et la douleur sembla s’évacuer alors de leurs pensées.

— Rocka… fit Drewie. Pars, maintenant, c’est la meilleure chose à faire.

Rocka fit quelques pas vers lui mais il leva la main, et avec le peu de force qu’il lui restait, il expliqua que plus rien ne pouvait l’enlever à une mort certaine. Pas d’échappatoire possible, mais une option : Rocka pouvait s’en tirer.

La diversion commença. Drewie était à peine sortit des feuillages, en visu des clones, qu’un déluge de tirs s’abattait sur lui. Il retomba sur le sol, liquida quelques clones, sentant avec souffrance les tirs le transpercer de tous côtés.

Le temps sembla s’arrêter un moment, comme si rien de tout ça n’était réel. Drewie s’accorda un dernier regard à Kashyyyk la belle, à sa vie, à ses bourreaux qui ne cessèrent pas le feu.

L’agonie. Puis, la délivrance, le sommeil. Aucune douleur. Plus de souffrance. Aveugle. Sourd. Mort.

Son corps ne fit plus qu’un avec la Force, à tout jamais, et il voyagea longtemps dans la nuit, l’obscurité. Rocka parvint à s’enfuir, mais c’est une autre histoire. Celles de milliers de Jedi s’achevaient là, partout dans la galaxie, de la main des clones, ou des Sith. Mais c’est une autre histoire. L’Ordre Jedi avait disparu, loin de la guerre, en attente de jours meilleurs.

Mais c’est une autre histoire.

Pensées Obscures - Darth_Vader_2.0
 

Un génie.

Je le suis.

Je l'ai toujours été.

Vous ne m'aviez pas cru quand vous pouviez changer les choses. Vous n'avez pas voulu de moi, lorsque j'avais encore besoin de vous, besoin de contact humain, besoin d'aimer et d'être aimé.

Vous m'avez crû fou.

C'est fort fâcheux pour vous.

Je suis en chacun de vous, près de chacun de vous, à tout moment, à tout jamais. Car je ne suis pas qu'un homme. Je suis tout un symbole, une légende, une pensée, une idée. Car les hommes meurent, et que je vis éternellement.

Je pense, je réfléchis à mes heures perdues.

Et j'admire, tout ce plan sublime qui s'est construit goutte après goutte, pierre après pierre, de longues années durant.

Je m'admire moi, d'avoir su l'entretenir, d'avoir su le protéger, d'avoir su l'adapter quand la situation l'exigeait.

Car la vengeance pour moi, c'est tout un art.

Tout ce temps qui s'écoula, toute cette patience qu'il m'a fallu. Et dans quelques secondes, l'espoir, le travail de toute une vie. Enfin. Réalisé.

Enfin débarrassé de ces Jedi. Enfin moi triomphant. Enfin...

La galaxie : Mienne !

Vous tous : à moi !

Moi ! Tout puissant !

Moi !

 

Je suis désolé, mes pensées vagabondent, j'ai du mal à les contenir.

Car dans quelques secondes tout ce qui fut sera balayé à jamais.

Par moi.

Si facilement.

Si rapidement.

 

Si vous saviez ce que je ressens. Si vous connaissiez toutes ces émotions qui emplissent mon être, qui ravivent mon âme entière.

La haine est si jouissive lorsque l'on sait la maîtriser, la contrôler, l'utiliser.

Lorsque l'on sait la déguster à sa juste saveur.

La haine est mon marteau et ma potion vitale.

Elle me donne la force de détruire ce qui est...

Elle me donne la résistance aux épreuves qui m'attendent.

Si douce.

Mon alliée.

De toujours.

 

Car tout homme quel qu'il soit a besoin d'aimer ou de haïr. Sa vie n'a pas de sens sinon.

Vous m'avez refusé l'amour. J'ai choisi le chemin de la haine.

C'est vous qui m'avez créé. C'est vous qui m'avez nourri.

C'est vous qui en subirez les conséquences.

 

Mais vous êtes là. Encore ? Lisez ces lignes ? Fort bien.

Car à ce moment fatidique, j'ai besoin de me confier. J'ai besoin de soulager cette envie tellement forte d'expliquer à tout le monde, à quiconque le comment et le pourquoi. J'ai besoin qu'ils comprennent. Que vous compreniez. Seulement là vous serez en mesure de me juger, de m'admirer.

On ne m'a jamais compris. Au départ cela me gênait. Puis cela me frustrait. Puis cela commença à m'amuser. Ils disaient que j'étais fou, que j'étais inconscient ou dangereux. Minables vers de terre. Ils n'avaient pas conscience du pouvoir que j'aurais un jour.

Ils n'avaient pas conscience de mon intelligence. Ils n'avaient pas conscience de l'arme terrible qu'est l'intelligence pour un esprit consumé par la haine.

Certains me prenaient pour un monstre, un homme hideux par ses pensées, par ses souvenirs et ses désirs. Mais je ne l'étais pas. Les monstres sont inoffensifs. Les monstres se font repérer à des kilomètres, les monstres n'accèdent jamais aux prémices du pouvoir.

Je n'étais pas un monstre. J'étais bien pire que cela. J'étais un homme. Et cela m'a permis de réaliser ce qu'aucun dégénéré n'aurait pu voir dans ses rêves les plus fous.

J'étais capable d'enfouir mes sombres désirs, mes pensées obscures au fond de mon être, j'étais capable d'afficher le sourire radieux que vous connaissez, de parler, de convaincre avec cette voix douce que vous avez si souvent entendue.

J'étais capable de patience. J'étais capable de soumettre les autres à ma volonté par mon charisme. J'étais capable d'être tout ce que je devais être.

Et maintenant...

Je suis au sommet du pouvoir, et bientôt mon pouvoir sera infini.

 

Le Pouvoir.

Je l'ai toujours voulu pour être honnête. Le pouvoir de contrôle, le pouvoir de soumettre, le pouvoir de juger et de châtier. Le pouvoir n'est jamais un but en soi. Le pouvoir donne la satisfaction. Il apporte la jouissance d'un statut suprême. Il apporte la jouissance et le délice d'une délicate vengeance.

 

Je vous hais tous. Vous qui me montriez du doigt dans ma lointaine jeunesse, vous qui ne vouliez rien à voir avec moi, vous qui me méprisiez, qui vous moquez de moi...

Maintenant c'est moi qui vous méprise...

« Les autres » ne sont plus qu'un son sans sens pour moi.

Je suis. Et cela me suffit.

La Haine remplaça mes vaincs espoirs d'amour.

Elle est le vrai amour de toute ma vie.

La Haine.

Elle ne me trahira jamais. Elle ne me mentira jamais. Elle me restera à tout jamais fidèle.

Si douce. La Haine.

 

Je hais les Jedi. Depuis ma tendre enfance. Tout le monde les donnait en exemple, chacun les admirait. Ils s'extasiaient devant la noblesse de leur coeur et la puissance de leur arme.

Sauf moi.

Je les voyais ces petits anges donner des leçons et faire la morale. Déambuler avec leur air supérieur. Et j'avais envie de vomir.

C'étaient ces héros que l'on peut voir dans les feuilletons sur l'holovision. Des braves qui combattent, qui jugent, qui font régner la paix.

 

Moi, j'ai toujours su que je n'étais pas ainsi. Que je ne serais jamais comme eux. Les autres ne m'aimaient pas, et je n'aimais pas les autres. Nous n'avions aucune envie de rentrer en contact. Ni moi, ni eux. Nous vivions chacun de notre coté, moi et les autres. Nous n'avions rien à nous dire, nous n'avions aucune envie d'être ensemble.

J'étais seul malgré moi. Mais aussi à cause de moi. Je rêvais de ne pas être une partie infime du système. Je rêvais d'être au-dessus du système.

 

Je fermentais mes projets.

Je pensais, je réfléchissais.

Je rêvais.

Au pouvoir, aux honneurs, à la puissance, la richesse, la gloire, la célébrité.

Ce n'est pas le côté obscur qui m'a converti à ses besoins.

C'est moi qui l'ait utilisé.

C'est moi qui m'en suis si adroitement servi.

Je m'en souviens encore de ce jour. Un jour de soleil et de printemps. Un vieux étrange qui s'approcha de moi, qui voulut m'enseigner une doctrine ancienne.

Sith. Moi.

Je le suis devenu.

Le pouvoir obscur devint mon allié. Et alors j'ai su que rien ne m'était impossible.

Il m'a donné la volonté d'enchaîner ce que j'étais, le « moi » que vous tous détestiez, il m'a donné la force de changer d'apparence, de protéger ma nature véritable, de créer l'illusion qui vous dupa tous.

Le côté obscur n'a pu me pervertir.

C'est moi qui le rendis esclave de ma volonté seule.

 

Je haïs la démocratie. Je l'ai toujours haie. Comment voulez-vous que la majorité composée de crétins en tout genre puisse savoir ce qu'est le mieux pour elle ? Elle n'a aucune vision de perspective, aucune vision globale, elle ne pense qu'à ses préoccupations singulières, et c'est à elle que nous devrions confier de décider de ce que la galaxie sera ou ne sera pas ?

Conneries !

La démocratie est faible. Elle est lâche. Mais j'ai su m'en servir pour construire quelque chose de bien plus grand. De bien plus beau. De bien plus important. C'est là son unique qualité. Elle fut utile à sa propre mort.

Elle est la montagne sacrée que je bafoue, que j'esquinte pour arriver au sommet. Au sommet de la gloire, de la reconnaissance éternelle.

 

Vous êtes impuissants. Vous ne pouvez rien. Comme n'importe qui d'autre d'ailleurs. Tout ce que vous, misérables asticots, pouvez faire, c'est regarder sans intervenir, trembler, et il y a de quoi, me supplier, mais cela ne changera rien.

 

Car vous êtes faibles et que je suis fort.

Car ma haine est mon alliée la plus précieuse.

Car mon nom est Palpatine.

 

Que je vais, avec la plus grande délectation qui soit, prendre ce communicateur qui gît tout près de moi.

Je le prendrai.

Et je proclamerai l'Ordre 66.

Réflexions - Lionel001
 

— Toujours aucune trace du corps du Jedi. Devons-nous poursuivre les recherches, Monsieur?

— Oui... Merci, Capitaine...

Le clonetrooper salua et quitta la petite structure qui servait de QG aux troupes de la Grande Armée de la République sur Utapau. Le Commandant Cody sortit à son tour et observa le champ de bataille qui s’étendait tout autour de lui, parcellé de cadavres de clones, de droïdes de combat détruits et de décombres de machines de guerre encore fumantes. Les capteurs intégrés dans sa visière lui indiquèrent qu’une légère brise venait de se lever, aussi il enleva son casque pour pouvoir en profiter et sentit le vent chaud venir lui caresser le visage. Ses pensées revinrent vers les dernières heures qui venaient de s’écouler, avec la victoire des troupes Républicaines contre les forces Séparatistes. Et, bien sûr, la mort du traître Jedi.

Enfin, la mort, c’était vite dit, car jusqu’à preuve du contraire, il n’y avait pas de cadavre qui permettait de la confirmer. Et lorsque l’Ordre 66 avait été déclaré, il y avait réagi comme il y avait été entraîné. Sans remords, sans se poser de questions, il avait communiqué l’ordre à ses subordonnés et tous, au même instant, avaient ouvert le feu sur le Jedi et sur sa monture. Si Cody pouvait attester de la mort de la créature – les troopers avaient rapidement retrouvé son corps sans vie –, ce n’était pas le cas pour le Jedi.

Le corps d’Obi-Wan Kenobi était toujours dans la nature.

Et Cody n’aimait pas cela. Pas du tout même. Il savait de quoi Kenobi était capable pour l’avoir vu plusieurs fois faire démonstration de ses pouvoirs liés à la Force et, si ses hommes n’avaient pas encore retrouvé son corps, c’était sans doute parce qu’il n’y avait pas de cadavre à récupérer.

C’était sans doute qu’il avait survécu à l’Ordre.

La vérité lui était apparue lorsqu’il avait accepté cette solution. Il avait peur. S’il en avait parlé aux autres clones, ils lui auraient certainement répondu que, même si le traître Jedi était encore en vie, il ne pourrait aller bien loin, qu’au final, l’Ordre serait exécuté quoi qu’il arrive. S’il avait insisté, ils lui auraient certainement respectueusement conseillé d’aller d’en parler à l’un des psychologues de l’équipe médicale, tout en dénonçant son attitude à ses supérieurs. Mais ce n’était pas de cela qu’il avait peur. S’il ne voulait pas croiser de nouveau Obi-Wan, ce n’était pas parce qu’il craignait de mourir. Non, il ne voulait tout simplement pas croiser le regard de l’homme qui l’avait considéré comme un ami.

Et qu’il avait trahi.

Un clone n’était pas censé éprouver de tels sentiments. C’était trop humain, trop « normal » comme émotions, et cela pouvait nuire à ses performances sur le front. Et pourtant, Cody ne pouvait s’empêcher de réfléchir là-dessus et de se poser des questions sur lui-même. Les paroles d’Alpha, l’ARC Trooper qui l’avait formé sur Kamino plusieurs mois auparavant, lui revinrent à l’esprit :

Vous ne devez pas considérer les généraux Jedi comme de simples supérieurs hiérarchiques. Au fur et à mesure des combats, des victoires et des défaites, vous vous attacherez à eux, et vous remarquerez forcément à quel point ils sont exceptionnels. Et vous vous rendrez alors peut-être compte de la chance que nous avons en nous battant à leurs côtés.

Sur le coup, Cody avait acquiescé comme tous ces camarades ARC présents avec lui dans la caserne sur Kamino. Mais à présent, que restait-il de ces paroles ?

Lorsqu’il avait appris qu’il était affecté aux ordres du général Kenobi, il avait longuement interrogé Alpha à propos de sa relation avec le Jedi, pendant l’année et demie où ils avaient combattu côte à côte. Et les mots de l’instructeur se rappelaient désormais à lui comme autant de vibrolames le poignardant de part en part.

Il n’en a pas l’air comme ça, mais c’est un redoutable combattant et un fin stratège. J’aurais donné ma vie pour lui s’il le fallait, pas parce que c’était mon devoir ou que j’avais été entraîné à le faire, mais bien parce que je ne voulais pas que l’un de mes seuls amis meure. Et je sais qu’il aurait fait de même pour moi. Nous aurions pu mourir lorsqu’ Asajj Ventress nous avait capturés, mais il m’a considéré comme son égal, refusant de m’abandonner, et nous avons survécu. Ensemble.

Alpha était parti pour une mission dans la Bordure Extérieure le lendemain et Cody ne l’avait plus revu depuis. Il aurait souhaité lui parler pourtant, plus encore aujourd’hui après ce qu’il s’était passé.

Lui dire qu’il n’avait pas pu établir une telle relation avec Obi-Wan. Il avait essayé aussi fort que ses réactions programmées de clonetrooper le lui permettaient, mais le constat était là. Il avait échoué en tant que clone obéissant aux Jedi, et il avait tout aussi échoué en tant que soldat répondant aux ordres de son nouveau commandeur suprême, le Chancelier Suprême Palpatine. Il avait trahi Kenobi, mais il ne l’avait pas tué. Car il était sur à présent que le Jedi ne risquait pas d’être retrouvé, peut-être même avait-il déjà quitté la planète. Par quel moyen, Cody ne saurait le dire, mais cela n’avait au final que peu d’importance. Donner des explications reviendrait à tenter de nier son échec. Et si Cody avait perdu son honneur dans cette tentative ratée d’assassinat, il lui restait encore la fierté. Suffisamment en tout cas pour savoir qu’il ne restait qu’une seule chose à faire.

Il ordonna qu’on ne le dérange sous aucun prétexte, et alla s’isoler dans un endroit où il pourrait se retrouver tout seul. Il mit plusieurs minutes à quitter le campement et les ruines environnantes et se rendit suffisamment loin pour que nul ne puisse le retrouver. Durant tout le trajet, le constat de son double échec ne le quitta pas, et devint même de plus en plus fort. Il finit par arriver dans un lieu qui lui plut. Il posa son casque sous l’un de ses bras, et sa main libre empoigna le blaster qu’il portait à la hanche.

Il ne vit pas au loin le chasseur du Général Grievous s’envoler vers l’espace avec, à son bord, un Maître Jedi particulièrement choqué par tout ce qui venait de se passer.

Il porta le blaster à sa tempe, ferma les yeux et pressa la détente.

Témoins Anonymes - Dolarn Sarkan
 

— Fait ch…

— Qu’est-ce qu’il se passe encore ?

— Regor est en train de fouiller dans les containers.

— C’est pas possible, ça fait trois fois en une semaine qu’on le met dehors.

— Je suis pas sûr qu’il comprenne avec tout ce qu’il ingurgite.

— Faut croire. J’appelle le bureau, cette fois-ci, il va comprendre pour de bon.

Cinq minutes plus tard, le corps sans vie de Jolan Regor, ancien champion de zoneball, dévalait les centaines de mètres qui séparaient le quartier BIN-502 des strates les plus profondes de Nar Shaddaa.

— Tu crois qu’on ressemble à quoi quand on arrive en bas ?

— Pas la moindre idée. J’ai un cousin qui m’a dit que ça faisait de la pulpe.

— De la pulpe ?

— Ouais.

— Ça alors, j’aurais pas cru.

— Il paraît.

Les deux agents de la sécurité du bureau de la Sienar Astronautique contemplaient le vide qui s’étendait à quelques centimètres de leurs bottes. Ils s’allumèrent chacun une cigarette et s’adossèrent au mur de l’office.

— T’en penses quoi toi, de toute cette guerre ?

— Tant que personne vient foutre le bazar ici, ça me dérange pas.

— Ouais. T’as raison. Sur l’holoréseau, j’ai entendu dire que la capitale avait failli tomber aux mains des Séparatistes. Ça fout un peu les jetons quand même.

— Moi je regarde pas les infos galactiques, on raconte ce qu’on veut bien nous raconter. Mais je suis bien obligé de me tenir au courant, le patron m’a dit que j’en connaissais pas assez sur l’actualité et que ça pouvait se sentir.

— La seule chose que je sens, c’est ton après-rasage.

— T’es vraiment trop con, on peut jamais parler sérieusement.

Ils jetèrent leurs cigarettes dans le vide sans se soucier du passage éventuel d’un speeder. Ils se disaient qu’un jour, le tas de mégots arriverait jusqu’à leur étage. Mais d’ici là, il y avait un certain temps. Après avoir jeté un coup d’œil aux alentours, ils retournèrent à leur poste de surveillance, au pied du majestueux immeuble de la Sienar Astronautique. Les dernières lumières qui en constellaient la façade s’éteignaient et la nuit ténébreuse de la lune Hutt reprenait alors ses droits sur la technologie.

— Tu sais pas ce qu’il m’a sorti le petit dernier ?

— Vas y, racontes.

— Il veut devenir Jedi plus tard… Les gosses, je te jure.

— Bantha ! Un Jedi, il donne pas dans le modeste ton rejeton dis moi.

— Il a vu un reportage sur l’holoréseau et depuis, ça l’obsède. Gardien de la paix galactique. Il arrête pas de me le répéter toute la journée.

— Faut lui expliquer qu’ils ont pas empêché la guerre de se déclencher. Les Jedi, ils voient pas plus loin que le bout de leurs nez.

— Moi je les trouve bien, ils nous évitent quand même pas mal de problème.

— Pour nous en créer d’autres, ouais.

— Ce que tu peux être borné.

— Parle pour toi. Moi, pour ma sécurité, je fais plus confiance à mon blaster qu’à un rigolo en robe.

— Ça s’appelle une bure. Et il paraît que leurs sabres lasers sont plus efficaces que nos blasters.

— Ah ouais ? Je demande à voir. En tout cas, c’est pas un Jedi qui viendra me sortir du pétrin dans cette ville.

— Borné.

Un long speeder sombre aux vitres teintées tourna dans la rue à vive allure pour venir s’arrêter devant l’entrée des bureaux de la Sienar Astronautique. Immédiatement, quatre hommes facilement identifiables comme des gardes du corps encadrèrent le véhicule. Deux des gorilles se positionnèrent devant la porte arrière droite. L’un d’eux l’ouvrit. Un homme, la quarantaine, tout de blanc vêtu descendit du véhicule et fit un signe aux deux autres molosses qui attendait de l’autre côté. Protégé par sa garde rapprochée, l’homme marcha jusqu’à la cabine de surveillance.

— Bonsoir, Monsieur.

— Bonsoir, je suis Raith Sienar, voilà ma carte.

— Euh… Mais… Bien entendu Monsieur Sienar… C’est un plaisir que de vous recevoir… Je vous en prie, entrez.

— Merci, bonne soirée et bon courage.

— Me… Merci Monsieur, bonne soirée à vous.

Sienar pénétra dans le bâtiment de la Sienar Astronautique, encadré par ses gardes. Ils montèrent jusqu’au dernier étage où se trouvait le bureau du directeur de l’antenne locale. Pendant ce temps là, soixante-trois étages plus bas, les deux agents de la sécurité n’arrivaient toujours pas à croire ce qui venait de se passer.

— Dis donc, quelle prestance devant le boss.

— Oh ça va ! T’en aurais pas mené plus large à ma place. Non mais tu te rends compte de qui vient de passer ?

— Bah, ouais, le boss ultime, le grand chef, celui qui décide de notre salaire.

— Ce que tu peux te montrer vénal par moment !

— Vénal ?

— Laisse tomber. Je me demande pourquoi il se rabine par ici le patron.

— Il avait peut-être envie de voir du pays.

— Il a pas choisi l’endroit le plus touristique.

— Sûr. De toute façon, on le saura jamais pourquoi il est là. J’ai un petit creux, pas toi ?

— Tu me désespères.

— Même avec deux succulentes Saveurs de Ronto.

— Si tu me prends par les sentiments.

Les deux compères engloutirent leurs plats en moins de temps qu’il n’eut fallut pour le dire. Concluant le repas par une bière jawa, ils observaient en même temps le vide de la rue devant le siège local de la Sienar Astronautique.

Après trois heures de quasi silence, un individu comme recouvert de draps déboula au coin de la rue et se dirigea à grandes enjambées vers le poste de surveillance.

— Si c’est encore un de ces mendiants, je te jure que ça va barder !

— Les clochards ne courent pas d’habitude.

— Sauf s’il est poursuivi par la police de secteur !

— Ouais. Certes. Mais celui-là a pas l’air d’être…

Poursuivie, la silhouette l’était, mais pas par la police de secteur. Lorsque l’homme, tout en courant, décrocha de sa ceinture un sabre laser et l’alluma, les deux gardes de la Sienar Astronautique surent que la tranquillité de leur soirée était terminée. Plus loin, à environ une centaine de mètres, une quinzaine de soldats de la République s’affairait à ajuster leur cible. Le Jedi.

— C’est quoi ce foutoir ? Ils vont quand même pas dessouder un Jedi ?

— Je comprends rien non plus. Il se passe quelque chose de bizarre là.

— Tu nous sortiras ta clairvoyance de comptoir une autre fois, faut le sortir de ce pétrin.

— Quoi ? Et se farcir les soldats ? Je m’engage pas là-dedans.

— Mais si on fait rien, ils vont buter un Jedi dans la rue ! Sous nos yeux nom de…

Un des lasers tirés par les soldats de la République traversa la vitre en transparacier de la cabine de surveillance et vint finir sa course à quelques centimètres de la bouteille de bière posée sur la console. Immédiatement, les deux veilleurs se jetèrent au sol, recevant sur le dos, les éclats de la vitre qui venait de se briser en milliers d’éclats.

— Ils vont quand même pas nous plomber nous aussi ?!

— J’en sais rien ! J’ai pas envie d’en discuter maintenant !

Le Jedi esquiva la plupart des tirs, repoussant les autres de sa lame étincelante. Il parvint jusqu’à l’entrée du local où se trouvaient les deux vigiles. Essoufflé, la sueur perlait sur le front du jeune homme en bure et sa respiration saccadée laissait échapper des nuages de buée dans la fraîcheur de la nuit.

— Aidez-moi je vous en supplie, mes soldats se sont retournés contre moi, je ne sais pas vers où partir !

— Barrez-vous, on veut pas être mêlés à ça !

— Il y a un speeder dans la ruelle derrière, prenez-le et tirez-vous vite !

— Merci beaucoup !

Le jeune Jedi avisa la position des soldats de la République et partit en direction de la ruelle. Il ne put faire que quelques mètres avant d’être atteint par un rayon, puis deux, puis des dizaines. L’infanterie de la République venait de remporter un combat. L’Ordre Jedi venait de perdre une guerre. La dépouille du jeune Chevalier s’affaissa mollement sur le sol en permabéton, un filet carmin s’échappant de la commissure de ses lèvres. Les clones s’approchèrent du cadavre et remarquèrent les deux gardes, accroupis derrière ce qui restait du comptoir de leur cabine.

— Vous là-bas ! Sortez les mains en l’air ! Et pas de geste brusque !

— Nous ne sommes que des vigiles ! Nous travaillons ici.

— Oui, nous n’avons rien avoir avec ce Jedi.

— Nous allons contrôler vos puces d’identité, ne bougez pas.

— Nous restons ici, ne vous en faites pas.

L’un des soldats approcha un appareil et vérifia les identités des deux témoins. Cela fait, il communiqua les informations obtenues au commandant de l’unité. Ce dernier opina du casque et se retourna vers les gardiens.

— Tout est en règle. Avez-vous vu d’autres Jedi par ici ?

— Aucun.

— Puis-je vous demander pourquoi vous pourchassiez cet homme ?

— En application de l’Ordre 66, décret relatif à l’élimination de tout opposant au régime, les Jedi sont considérés comme des ennemis de la République Galactique.

— C’est invraisemblable ! Ils se sont battus pour nous !

— Vous êtes peut-être désireux de connaître le même sort…

— Non. Non.

— Moi, je suis bien heureux qu’on se débarrasse enfin de c’tte vermine ! Ça nous causait bien trop de souci.

— Puisque vous êtes prompts à soutenir la République Galactique, je vous confie la tâche de nettoyer la rue de cette ordure encombrante.

— Bien entendu, avec plaisir.

— Ouais, on va s’occuper de ça.

— Bien. Unité, on quitte le secteur.

Les deux collègues n’arrivaient toujours pas à y croire. Les Jedi, ennemis de la République. Il fallait se rendre à l’évidence, la paix était désormais assurée par les millions de soldats clones à travers toute la galaxie. L’Ordre Jedi avait fait son temps. La République poursuivait le sien.

Dans le ciel de la ville lune, les réacteurs des milliers de vaisseaux se confondaient avec les milliards d’étoiles qui éclairaient la toile de jais de l’infini. Dans une sombre rue, devant les bureaux de la Sienar Astronautique gisait la mémoire d’une gloire passée. Un Jedi. Deux veilleurs de nuit s’en rapprochèrent.

— Saleté de boulot ce soir.

— On doit bien ça à la République.

— Ouais, à la République.

Cinq minutes plus tard, le corps sans vie de Dekan Ojko, ancien chevalier de l’Ordre Jedi, dévalait les centaines de mètres qui séparaient le quartier BIN-502 des strates les plus profondes de Nar Shaddaa.

Les deux gardes s’avancèrent au bord de la tranchée qui scarifiait la ville dans une bonne partie de sa largeur et regardèrent vers l’abîme invisible.

— De la pulpe ?

— Ouais. Il paraît.

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