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Introduction
 

Confrontés à l’injustice de l’Ordre 66, confrontés aux morts de proches, d’amis, certaines personnes, Jedi ou simple civil, connurent un destin aussi terrifiant qu’unique. Animés d’une farouche détermination, ils décidèrent tous de se sacrifier dans un instant d’héroïsme, pour que, malgré tout, l’Ordre 66 ne reste pas impuni…

Revers funeste - Darth Vilael
 

Alors que la République Galactique, aux prises sur de multiples fronts, remportait de plus en plus de batailles face aux Forces Séparatistes, prenant finalement un avantage décisif dans ce conflit commencé deux années plus tôt, la Guerre des Clones semblait maintenant toucher à sa fin et la victoire finale de la Grande Armée des Clones paraissait dès lors imminente. Afin de porter un dernier coup fatal à son ennemi et pour mettre un terme à cette guerre qui avait déjà coûté la vie à tant des leurs, le Conseil Jedi venait de décider le déclenchement d’une offensive de grande envergure visant à dépêcher simultanément, sur tous les mondes encore aux mains des Séparatistes, des bataillons de Clones dont les maîtres Jedi les plus aguerris prendraient la tête.

Accompagné par sa jeune padawan qu’il considérait un peu comme sa propre fille, le Maître Jedi Thoth Amon avait reçu comme objectif la planète Rinn, située loin en dehors de la Bordure extérieure. Cette planète était en effet d’une importance capitale car le service de renseignements clone avait eu vent qu’une usine d’armement de ce monde s’apprêtait à lancer la production d’un nouveau modèle de droïde très perfectionné, muni d’un système de visée plus performant et d’un blindage plus épais, ce qui en aurait fait un adversaire redoutable pour les Clones, et c’est pourquoi il était impératif d’agir au plus vite.

Le complexe industriel était relativement imposant et se composait de deux blocs distincts, l’un servait principalement à l’assemblage et au finissage des droïdes tandis que l’autre, beaucoup plus vaste, consistait en fait en un immense entrepôt où étaient stockés les droïdes tout juste produits en attente d’une activation future. A une certaine distance de là, à l’abri derrière un ensemble de collines, venaient d’atterrir deux gigantesques Star Destroyers de classe Venator, imposants vaisseaux dont était maintenant équipée avec fierté l’armée de la République.

— Bien, il semblerait qu’on ne s’attendait pas à notre arrivée ici. Détectez-vous un mouvement quelconque de la part de l’ennemi, Commandant ?

— Cela grouille d’agitation là-bas, mais aucun rassemblement d’importance, Général.

— Et qu’en est-il du débarquement de nos troupes ? s’inquiéta le Jedi.

— Trois bataillons clones ont déjà été déployés, mais le matériel lourd est encore en grande partie dans les soutes. Nous pouvons néanmoins prendre l’initiative dès maintenant…..

— Non Commandant, n’en faites rien et ne soyez donc pas si hâtif. Il faut mettre toutes les chances de notre côté. Une fois que l’intégralité de nos troupes sera disponible, nous passerons à l’action mais pas avant.

— Selon vos ordres, Général.

— Il faudra frapper en priorité le complexe principal et c’est donc là que nous mèneront le gros de nos forces. Néanmoins, afin d’éviter toute surprise qui pourrait s’avérer regrettable, je souhaite également qu’un groupe d’attaque s’empare aussi vite que possible de l’usine de production.

— Bien Général, cela sera fait.

Sur ces mots, le Commandant clone s’écarta de l’holocarte et se dirigea vers ses officiers subalternes pour leur transmettre les ordres. Pensif, le maître Jedi demeurait immobile et vérifiait qu’il n’avait omis aucun détail de trop grande importance, au moment où il fut pris d’un terrible malaise qui le força à s’appuyer contre un siège voisin. On pouvait lire sur son visage une expression bouleversante d’inquiétude.

— Maître, maître, vous vous sentez mal, que se passe-t-il ? demanda en se précipitant vers lui sa jeune élève.

— Quelque chose de terrible vient de se produire, quelque chose de monstrueux, et quoique ce soit, la présence du Côté Obscur se fait maintenant plus pesante que jamais.

— Qu’est que cela signifie, maître ? Devons-nous encore craindre ce seigneur Sith, ce Sidious, maintenant que son apprenti, le comte Dooku, est mort ?

— Tant qu’il y aura ne fut-ce qu’un Sith vivant dans la Galaxie, aucun Jedi ne saurait avoir de repos. Je te l’ai déjà dit mille fois, ma jeune padawan, les Sith sont le mal absolu, ils ne pensent qu’à eux-mêmes, à accroître leur pouvoir et à l’utiliser à des fins néfastes. Ne retiens donc tu pas ce que je t’enseigne ?

— Si, maître, mais je me disais que peut-être… Non, rien. Vous avez raison, encore une fois.

— Mais cessons de penser à ce Seigneur Sith pour l’instant, notre jugement est déjà assez obscurci ainsi, et nous avons une mission à accomplir ici. Avec de la chance, maître Kenobi parviendra à abattre le Général Grievous et nous pourrons enfin espérer la paix. Quant à toi, jeune padawan, tu vas m’accompagner sur le théâtre des opérations pour ta première véritable mission.

— Oh, merci maître, depuis le temps que j’attendais ce moment….

— Patience Melchia, fais preuve de patience. L’excitation conduit toujours à commettre des fautes. Et surtout, observe ce qui se passe autour de toi, ressens les choses, utilise tes sensations.

— Oui, Maître.

Melchia était une jeune wroonienne qui lui avait été confiée quelques années auparavant par le Conseil Jedi. Dès le départ, il s’était lié et attaché à elle, la considérant plus comme sa propre fille que comme une simple padawan. Et avec le temps, ce lien d’affection s’était encore plus développé. Elle avait la peau d’un teint violet et de courts cheveux noirs au reflet bleuté à l’exception d’une longue tresse, marque des padawans. Elle n’avait pas quinze ans, et pourtant elle portait déjà en elle cette beauté farouche et sauvage qui ne tarderait pas à s’épanouir complètement.

Profitant de ce court répit qui leur était accordé, les forces séparatistes s’étaient concentrées et avaient organisé une défense solide, mais cela n’empêcha guère les clones, lorsqu’ils passèrent à l’offensive, de prendre rapidement l’avantage et de se rendre maître d’une grande partie du complexe principal. Bien qu’étant supérieurs en nombre, et ayant donc une puissance de feu nettement plus importante, les droïdes ne pouvaient faire le poids indéfiniment face à l’efficacité des clones et à leur esprit d’initiative.

Suivant son maître au cœur de la bataille, Melchia put juger des talents extraordinaires de son mentor à manier le sabre laser et de son aisance à utiliser la Force pour faire mouvoir les objets qui l’entouraient et les faire s’écraser sur ces misérables droïdes. Elle-même faisait preuve d’une grande facilité à dévier les coups de blaster l’assaillant de toute part, mais elle éprouvait encore certaines difficultés à renvoyer ces décharges d’énergie dans leur direction d’origine ; le plus souvent, elle se contentait de les dévier, ce qui n’était déjà pas si mal pour un padawan de son âge.

Si le complexe avait été promptement atteint et même en grande partie investi, les clones commençaient à ressentir quelques difficultés pour réduire le reste de la garnison au silence. Pire encore, à certains endroits les droïdes semblaient reprendre l’avantage, repoussant les forces de la république en désordre, ce qui poussa le maître Jedi à agir sur le champ. Entouré par un groupe de soldats clones d’élite, il mena une violente contre-attaque, taillant de sa lame verte dans tous les sens et découpant des membres mécaniques par dizaines.

— Il semblerait, une fois encore, que la République soit victorieuse Général, lança fièrement le Commandant 2904.

— En effet, mais croyez-moi, la République se passerait volontiers de ce genre de victoires tout comme elle se passerait plus volontiers encore de la Guerre. Espérons seulement que ces heures terribles arrivent maintenant à leur terme. Les pertes sont-elles élevées ?

— Je ne sais pas encore Général, j’attends un rapport de tous mes seconds d’un instant à l’autre.

— Bien, procédez donc à la dernière phase du plan.

— À vos ordres, Général.

Il ne restait plus que quelques droïdes encore en activité, et déjà les clones du génie s’affairaient à placer des charges explosives aux endroits névralgiques du complexe industriel. Le Maître Jedi Thoth Amon avait rejoint sa jeune élève afin de voir en quoi cette nouvelle expérience avait pu contribuer à son enseignement lorsque l’impensable se produisit….

Sans prévenir, comme mûs par une quelconque démence passagère, les clones se retournèrent contre le Maître Jedi et son élève et ouvrirent le feu. N’ayant rien perçu d’anormal dans la Force à ce moment précis, ils ne purent accorder leur salut qu’à la chance et en profitèrent pour fuir parmi le dédale des rames de stockage et les débris fumants qui jonchaient le sol de l’entrepôt principal. Ils s’arrêtèrent après quelques instants et se blottirent contre un pan de mur afin de vérifier s’ils étaient suivis. Ils n’eurent pas à attendre fort longtemps avant d’en avoir le cœur net, que déjà des clones débouchaient non loin d’eux et recommençaient à tirer dans leur direction les forçant à poursuivre leur course éperdue.

— Que se passe-t-il Maître, pourquoi les clones en ont-ils après nous ? demanda haletante Melchia.

— Je ne sais pas, je ne comprends pas, mais je suis certain que c’est lié de près ou de loin à la grande perturbation que j’ai ressentie toute à l’heure dans la Force.

— Qu’allons-nous faire ? poursuivit, inquiète, la jeune fille.

— Pour l’instant, tenter de rester en vie et nous échapper de ce traquenard. Ensuite, nous essayerons de prendre contact avec des membres du Conseil afin de voir si…

Mais il dut interrompre son raisonnement lorsqu’ils se retrouvèrent nez à nez avec un groupe de soldats clones qui leur barraient le chemin de la retraite.

Ce que le Jedi ne savait pas, ce dont il n’avait absolument pas conscience, c’est que cette trahison était d’une bien plus grande ampleur qu’il ne pouvait l’imaginer. A travers l’ensemble de la Galaxie, au même moment, les commandants clones avait reçu l’ordre du Chancelier Suprême Palpatine d’exécuter la directive 66. Partout, sur Kashyyyk, sur Mygeeto, sur Felucia, sur Cato Neïmodia, sur Saleucami, partout les clones s’étaient mutinés et perpétraient cet acte atroce, assassinant tous les Jedi, certes sans aucun plaisir, mais sans scrupule non plus ; ils ne faisaient qu’exécuter un ordre comme un autre….

La fin de la course poursuite semblait être arrivée, car les clones les mirent immédiatement en joue et s’apprêtaient à accomplir leur basse besogne lorsque deux droïdekas, deux survivants des combats qui avaient fait rage, débouchèrent par derrière et ouvrirent le feu in extremis sur les soldats clones, tenant ainsi le rôle d’ « alliés » inattendus dans de telles circonstances.

— Vite Melchia, profitons de cette diversion inespérée pour filer !

— Oui maître, mais les droïdekas…..

— Ne t’occupe pas d’eux, les clones s’en chargeront pour nous, allez,  vite !

Mais malgré la chance qui les avait accompagnés jusque là, Thoth Amon commençait à percevoir qu’il leur serait très difficile d’en sortir vivant. En fait, il savait maintenant, après avoir sondé la Force, qu’il n’y aurait pas d’issue favorable pour eux deux. Mais, ce dont il était également certain, c’est qu’il ferait tout son possible pour permettre à Melchia de s’échapper vivante de cet enfer.

— Regarde là-bas, ces gros tuyaux, ce sont des canalisations d’eau, c’est peut-être notre unique chance, elles conduisent vers l’extérieur. Et si nous pouvions nous glisser à l’intérieur nous aurions notre salut. Suis-moi Melchia !

Arrivé à hauteur de ces immenses cylindres d’acier, il enfonça sa lame dans l’un deux afin d’y pratiquer une ouverture, mais il dut bientôt arrêter son ouvrage car une multitude de clones se précipitaient dans leur direction…

— Prends ton sabre et continue, il y a encore de l’espoir, même si ce n‘est qu’un espoir de fou. L’acier est assez épais mais je ne doute pas de tes capacités ma jeune padawan. Sache que je suis fièr de toi….

— Mais…

— Ne dis rien, il n’y a plus de temps à perdre maintenant, je vais m’occuper d’eux pendant que tu feras ce que je t’ai demandé.

Une fois certain que Melchia continuait bel et bien de découper l’acier du tuyau, il s’éloigna, rassuré, et s’élança sabre au clair à la rencontre de son destin. De nombreux clones tombèrent sans vie tandis que des têtes volaient en l’air puis retombaient sur le sol, cet ultime combat venait à peine de commencer que déjà les corps s’amoncelaient tout autour du Jedi. Mais il arrivait sans cesse de nouveaux soldats et la fatigue commençait grandement à se faire ressentir ; bientôt, leur nombre eut raison de sa détermination et Thoth Amon, à bout de force, s’écroula par terre, percé par de multiples tirs de blaster. Il avait décidé de se sacrifier pour sauver la personne qui comptait sans doute le plus à ses yeux ; respectant le code Jedi jusqu’au bout, il avait donné sa vie pour en sauver une autre…..

— Bien Lieutenant, le Chancelier Suprême sera certainement heureux d’apprendre que nous avons accomplis notre devoir en éliminant ce rebelle Jedi. Qu’en est-il de sa jeune élève ? Les recherches ont-elles donné des résultats ?

— Non Commandant, nous poursuivons toujours les recherches mais cela risque de prendre du temps ; elle a pu se cacher n’importe où et….

— J’ai une meilleur idée, Lieutenant, faisons d’une pierre deux coups.

— Je ne suis pas certain de saisir Commandant ?

— Faites évacuer l’ensemble des bâtiments et procédez à la mise à feu des charges explosives, ainsi nous serons certains qu’elle ne sortira pas vivante de cette usine et nous aurons fini notre mission ici.

— Ce sera fait, Commandant.

Sur la berge d’une rivière, non loin du complexe industriel, le corps d’une jeune fille, que seul le courant de l’eau semblait encore animer, était étendu, inerte. Mais ce corps n’était pas sans vie et le sacrifice du maître Jedi n’avait pas été vain. Brusquement, le bruit d’une gigantesque déflagration retentit et l’onde de choc fit trembler le sol. Cette explosion ranima Melchia qui reprit peu à peu ses esprits. Elle vivait…

 

*  *

*

 

Épilogue

 

Elle était l’un des rares membres de l’Ordre Jedi à avoir survécu, mais ça elle ne le savait pas encore. Ce qu’elle ne savait pas non plus à ce moment là, c’est que tous ses jeunes condisciples qui étaient restés au Temple, sur Coruscant, avait lâchement été assassinés par les Clones de la 501ème légion menée par l’un des leurs, ou plutôt par un traître, le nouvel apprenti de Darth Sidious. Le destin avait voulu qu’elle survive à la l’exécution de l‘Ordre 66 et pourtant, ce même destin lui réservait dans le futur un face à face fatal avec le terrible Darth Vader…

La Civile - Darkwilliam
 

Comme perdu au milieu d’une vaste lande à l’herbe desséchée, le chevalier Jedi Sek Nills éteignit son sabre laser. Il regarda autour de lui, huma l’air frais du matin et posa ses yeux sur le carnage que lui et ses hommes venaient de causer.

Des dizaines de carcasses de droïdes ainsi que des cadavres de clones jonchaient le sol aride de la plaine. Le vent souffla alors en rafale, soulevant les beaux cheveux bruns de Sek Nills. Celui-ci sembla soupeser son sabre laser avant de le raccrocher à sa ceinture, d’un geste plein de lassitude. Trois ans de guerre avait de quoi détruire le moral des adeptes de la Force, même des plus expérimentés.

Sek Nills repoussa du pied un enchevêtrement de câbles métalliques qui se répandaient du torse ouvert d’un droïde de combat, puis se retourna. Il vit alors que ses soldats clones le regardaient avec insistance. Il souffla bruyamment puis fit :

— Je dois aller faire mon rapport. Je crois bien que nous venons de porter un coup décisif aux Séparatistes. Ils ne s’empareront pas de cette planète.

Un lieutenant s’approcha, ôta son casque et fit :

— Nous avons remporté une belle victoire, mais pas encore la guerre. Notre mission ici n’est pas terminée. Nous devons encore protéger les peuplades qui vivent ici.

— Tu as raison K 222, seulement… J’aimerais bien pouvoir enfin quitter cette planète. Elle me fout le cafard.

Sek vit que la brume avait totalement envahi le champ de bataille, lui donnant un aspect encore plus terrifiant. Le Jedi leva les yeux vers le ciel mais ne put apercevoir le soleil, dissimulé par d’épais nuages gris menaçant. Sek regarda K 222 qui ne bougeait pas, attendant probablement des ordres.

— Ramassez les corps des nôtres et ramenez-les au camp. Nous ne pouvons les laisser là.

— À vos ordres, général Nills.

Le Jedi s’éloigna légèrement, cherchant visiblement à fuir ce lieu qui sentait la mort et la haine. Ses pensées se mirent à errer, et se dirigèrent vers Coruscant et le Temple Jedi, là où il se sentait bien, là où il se sentait vivre. Mais des cris le ramenèrent à l’instant présent, lui rappelant inéluctablement qu’il était sur une planète éloignée de Coruscant et où la guerre y faisait rage depuis plus de six mois.

— Sek ! Sek ! Sek !

Celui ci se retourna et ne put s’empêcher de sourire en voyant accourir une jeune femme aux traits agréables, au regard pétillant, et aux longs cheveux soyeux.

— Elyn, je t’ai déjà dit que tu ne devais pas venir sur le champ de bataille.

— Mon peuple se doit de prendre part au combat. Il vit sur cette planète et il se doit de la défendre. J’aime l’idée de pouvoir t’épauler durant ton combat Sek !

— Elyn, cette guerre n’épargne rien, ni personne. Tu pourrais y laisser ta vie !

— Mais toi aussi !

Sek sembla réfléchir avant de répondre :

— C’est différent ! Je suis un Jedi.

— Et tu es devenu mon ami, rappela Elyn avec un joli sourire.

Sek ne put s’empêcher de poser sa main sur l’épaule de la jeune femme et répondit :

— Tu es la seule chose agréable sur cette planète. Mais tu es trop jeune pour te battre.

— J’ai dix-huit ans c’est vrai, mais j’ai du courage à revendre. Regarde, ce matin, j’ai combattu avec les miens contre une escouade Séparatiste, mon blaster a surchauffé et il ne me reste plus qu’un seul détonateur thermique mais au moins, nous avons sauvé le village qui était attaqué.

Sek ne trouva rien à redire. Il observa pendant un instant les clones qui évacuaient les blessés ou les morts du champ de bataille, puis se rendit compte que le brouillard était de plus en plus épais, donnant au lieu un aspect surréaliste.

— Viens, ne restons pas là, je te raccompagne chez toi !

 

Quand Sek Nills et Elyn arrivèrent devant la maisonnette en bois de cette dernière, le Jedi sentit la sérénité le gagner. C’était un lieu comme un autre mais il respirait la paix et la joie de vivre. La maison se trouvait adossée à une petite falaise escarpée, et près d’un grand arbre sans feuille dont la forme se dessinait avec difficulté au travers de la brume.

Elyn poussa la lourde porte en bois de l’habitation, découvrant un intérieur modeste mais agréablement décoré. Sek entra et se dirigea aussitôt vers le feu qui dansait dans la cheminée.

— J’aime venir chez toi, Elyn ! On s’y sent toujours bien. Tes parents ne sont pas là ?

— Non, j’ai cru comprendre que les villageois voulaient préparer une contre-offensive. Ils pensent qu’ils doivent montrer aux Séparatistes qu’ils sont déterminés à combattre jusqu’à…

Elyn s’interrompit, visiblement troublée parce qu’elle s’apprêtait elle-même à dire.

— Jusqu’à… ? insista le Jedi

— Jusqu’à la mort, s’il le faut.

Le silence s’imposa dans la petite maison. Sek et Elyn se regardèrent, l’un pensant qu’une jeune femme ne devrait jamais tenir un tel discours, l’autre persuadée qu’elle avait raison. Puis, tout à coup, Sek entendit un bruit qui l’alerta.  Il fronça les sourcils, ce qui inquiéta immédiatement Elyn :

— Qu’y a-t-il ?

— Écoute.

Elyn tendit l’oreille. Elle entendit alors un bruit sourd qui montait en puissance, il était régulier et ressemblait à…

— Des pas ! Quelqu’un approche ! s’écria Sek

Il se précipita vers une fenêtre, la main posée sur son sabre laser. Il ne vit alors que la brume, une brume impénétrable. Mais pourtant, le bruit de pas était de plus en plus puissant et s’approchait inéluctablement. Elyn déglutit et fit un mouvement de recul :

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Je ne sais pas.

Tout à coup, des formes humaines se dessinèrent dans le brouillard et le traversèrent. Une vingtaine de clones, blasters à la main, se dirigeaient vers la petite maison.

— Rien de grave, ce sont tes soldats, s’exclama Elyn.

— Quelque chose ne va pas, se contenta de répondre le chevalier Jedi.

— Quoi ?

— Je sens la haine, la colère et l’obscurité. Et ces noirs sentiments s’apprêtent à engloutir cette habitation, à nous engloutir !

Sek et Elyn reculèrent tous deux, se retrouvant bien vite acculés au mur du fond. Les bruits de pas se turent enfin et un silence troublant tomba. Sek fit appel à la Force pour se calmer, il expira lentement et dégaina son sabre laser.

— Mais qu’est-ce que tu fais ? Ce sont des clones ! remarqua Elyn

Les yeux de Sek se braquèrent sur la porte d’entrée. Puis, lentement, quelqu’un en tourna la poignée et l’entrouvrit. Le lieutenant clone K 222 apparut, fit quelques pas en avant et dit d’une voix calme :

— Chevalier Jedi Sek Nills ! Vous êtes accusé de trahison envers la République et vous devez mourir !

Ces derniers mots firent l’effet d’une bombe dans le cœur de Sek. Déboussolé, celui-ci ne se rendit même pas compte quand des clones firent le tour de la maison pour encercler celle-ci.

— Sek, défends-toi, hurla Elyn.

C’est alors que toutes les fenêtres de la maison explosèrent et que des clones se déversèrent dans la pièce principale, écrasant sous leurs pieds les débris de verre.

— Attention, cria Sek en activant son sabre laser.

Alors que le Jedi repoussait Elyn derrière un meuble, sa lame verte se déploya, illuminant la pièce. Aussitôt, des dizaines de laser convergèrent vers Sek qui mit sa lame en opposition. Il tournoya sur lui-même, renvoyant les décharges ennemies. Puis il fit un bond prodigieux vers l’avant, poussant un cri de guerre en même temps pour se donner du courage. Il atterrit à quelques centimètres à peine des clones qui ouvrirent de nouveau le feu. Mais Sek fut plus rapide, il se baissa, et fit décrire à sa lame flamboyante un tour complet autour de lui. Dans une affreuse odeur de chaire brûlée, il trancha les jambes de deux clones qui basculèrent à la renverse.

— Tuez-le ! Tuez ce traître, s’égosilla K 222.

Sek Nills, en pleine harmonie avec la Force, fonça vers trois autres clones qui tentaient de l’abattre. D’un geste fulgurant, il trancha le bras armé d’un soldat, avant d’en décapiter un autre. La tête roula sur le sol et s’arrêta à quelques centimètres à peine d’Elyn, qui semblait affolée. Elle aurait bien voulu aider son ami Jedi mais elle n’avait pas d’arme sur elle, à part un détonateur thermique. Et elle ne pouvait pas l’utiliser, bien évidemment.

Pendant ce temps là, Sek transperça de part en part un clone qui s’effondra sur le sol en bois. Mais au moment où Sek faisait volte face pour se défendre de nouveau, un laser passa juste au-dessus de sa lame et l’atteignit en pleine poitrine. Le Jedi hurla de douleur et vacilla, tentant de se servir de la Force pour retrouver ses appuis. Le voyant blessé, Elyn hurla :

— Sek, noooooooon !

K 222 profita de ce moment pour expédier une rafale de laser vers sa cible. Sek ne put en éviter aucune, criblé d'impacts, les yeux écarquillés par la souffrance et l’incompréhension, il tomba par terre et lâcha son sabre laser qui se rétracta aussitôt. Alors qu’il n’était pas encore mort, les clones se ruèrent sur le Jedi et l’achevèrent au sol en lui expédiant quatre autres tirs dans le cœur et l’abdomen.

— Nooooooon, hurla de nouveau Elyn alors que des larmes coulaient en abondance sur son beau visage.

La poitrine du Jedi se souleva une dernière fois puis Sek Nills mourut, s’abandonnant définitivement aux voies de la Force.

Elyn se sentit envahie par la rage, une rage indescriptible, incommensurable, indomptable. Les yeux pleins de haine, elle se releva et hurla aux clones encore en vie :

— Pourquoi avez-vous fait cela ? Il était votre général, votre chef !

— Il a trahi la République. Il méritait la mort, un point c’est tout.

Puis K 222 braqua son blaster noir vers Elyn et fit :

— Nous ne devons pas laisser de témoins directs. Je suis donc dans l’obligation de vous abattre.

Elyn sentit son cœur s’emballer, elle tenta de trouver une échappatoire mais les clones bloquaient toutes les sorties. Elle regarda K 222 et s’écria :

— Non, atten…

K 222 tira une fois, une seule. Le laser transperça la poitrine d’Elyn qui bascula en arrière. Elle s’affaissa sur le sol et sa tête se tourna du côté où était mort Sek Nills. Alors qu’elle était agitée de spasmes, Elyn regarda son ami, étendu sur le sol et murmura :

— Je vais nous venger Sek ! Pardonne mon acte mais je dois… Nous venger !

Lentement, Elyn sortit l’unique détonateur thermique qui lui restait et l’activa. K 222 sembla surpris, il lança :

— Qu’est-ce que…

Elyn cracha du sang avant de vociférer :

— Vous êtes les vrais… Traîtres !

L’explosion fut magistrale, elle engloutit la maison d’un seul coup, la consumant et réduisant à l’état de cendre tous les individus qui s’y trouvaient. Les flammes grimpèrent vers le ciel et se perdirent dans le brouillard matinal. Une forte odeur de chaire carbonisée se fit sentir alors que des débris incandescents retombaient sur le sol aride. Bientôt, là où il y avait eu une maison qui respirait la tranquillité, il n’y eut plus qu’un tas de ruines, de cendres et de sang.

Ce fut cela l’Ordre 66 : la trahison, la violence et… la vengeance.
La Chute d’un Jedi - Max Katarn
 

C’est la guerre… mais je ne l’ai pas encore réalisé. Rien ne nous avait préparés à cela. Ni les sages paroles de Maître Yoda, ni les conseils de l’excellent bretteur qu’était Maître Windu, ni le réconfort que pouvait nous apporter la vision de Maître Secura.

Les portes du Temple avaient été fermées mais nous n’avions été avertis de rien. La seule information qui nous parvint furent les paroles de Maître Tii : « Restez à l’intérieur. » Et, comme les padawans obéissants que nous sommes, nous avons écouté cet ordre.

Nous sommes restés à l’intérieur, même après avoir vu Mace Windu, Kit Fisto et Agen Kolar partir d’un pas décidé vers le Sénat. Nous sommes restés à l’intérieur, même quand Anakin Skywalker franchit les portes du Temple, l’air perturbé, son aura enveloppée d’une crainte naissante.

Et nous sommes restés à l’intérieur pendant le long moment qui précéda son retour. Son retour ? Il aurait pu être question d’un retour si l’individu entièrement recouvert d’une bure sombre avait été réellement Anakin ; si l’ombre qui gravissait les marches du Temple, suivie par un nombre incalculable de soldats clones, gardait encore quelque chose en elle du Jedi qu’avait été Skywalker – mis à part le sabre qu’il tenait dans la main et la maîtrise de cette arme.

Je ne garde qu’un souvenir flou des évènements m’ayant conduit à adopter un tel comportement. Nous étions dans l’une des salles d’entraînement, Kuibe, Prisca et moi-même – accompagnés par quelques padawans de notre âge – quand nous entendîmes les premiers coups de feu, suivi de plusieurs détonations. Le seul Jedi présent dans la pièce se tourna vers nous et lança, avant de sortir :

— Je vais voir ce qu’il se passe ! Verrouillez les portes derrière moi…

Pendant le laps de temps où la porte s’ouvrit, nous vîmes d’autres Jedi accomplis se diriger vers la sortie, l’arme à la main.

C’est à partir d’ici que le trou noir commence. Harcelée par les ondes de violence qui parcouraient l’enceinte du Temple – ce bâtiment où chaque Jedi se sentait en sécurité – la jeune Prisca commença à pleurer. Kuibe tenta alors de la réconforter, et il lui expliqua que les Maîtres étaient là pour nous protéger.

— Nous ne sommes pas sans ressources ! avait-il ajouté en agitant son sabre devant la jeune fille.

Combien de temps s’écoula entre ces mots et le maelström qui fit basculer mon univers ? Une seconde ? Une heure ? Une vie ? La seule chose dont mon esprit veut bien se souvenir est la course que nous entreprîmes, Kuibe, Prisca et moi, alors que les traits de blasters fusaient autour de nous. Nous étions trois étages au-dessus de la salle qui nous abritait. Qu’avait-il bien pu se passer pour que mon inconscient ait préféré effacer ces minutes de ma mémoire ?

Kuibe avait déjà sorti son sabre et commençait à parer quelques tirs. Prisca en profita pour aller appeler le turbolift situé quelques mètres plus loin. Une fois engouffrés dans cet abris relatif, nous vîmes l’ampleur du désastre : dans tout le Temple, des cadavres jonchaient le sol. Les flammes avaient envahi le cœur du bâtiment, et des explosions secouaient encore la structure.

— Nous allons tenter de sortir, dit simplement Kuibe.

Aucuns d’entre nous ne répondit et alors que les sanglots de Prisca reprirent, le turbolift s’arrêta au niveau zéro. Poussé par un mauvais pressentiment, nous bondimes hors de la cabine et courûmes vers la sortie. Bien nous en prit car un détonateur thermal – lancé dans le puits du turbolift par un des soldats – atterrit sur la cabine. La déflagration de l’explosion nous coucha au sol.

— Lève-toi, Zett !

La voix de Prisca me sortit de mon inconscience. La poussière soulevée par le détonateur nous avait permis de ne pas être repérés. Reprenant mes esprits, je regardai autour de moi : sur les cents mètres qui menaient vers la sortie gisait un tapis de corps. Certains avaient été purement et simplement taillés en pièces, et la manière dont les amputations avaient été faites ne laissait aucun doute quant à l’arme utilisée. Nous étions attaqués par l’un des nôtres !

Qu’avait-il bien pu se passer ? Depuis deux ans, nous étions en guerre, et les Jedi aidaient la République. Nous étions formés à combattre : les padawans les plus mûrs assistaient les clones, les Jedi les dirigeaient et nos maîtres faisaient office de généraux. Notre entraînement nous préparait activement pour cette guerre, afin d’être aptes à servir la République, main dans la main avec les clones. Comment expliquer alors que ces derniers aient envahi notre sanctuaire pour nous détruire ? Qu’avions-nous fait pour devenir les ennemis de nos alliés ? Et pourquoi notre Champion, celui que nous considérions comme l’Élu, semblait-il être un protagoniste actif du malheur qui s’abat sur nous ?

Prisca tenta de réveiller Kuibe, mais sans succès : un éclat de roche avait pénétré dans son flanc droit. Le foie atteint, il ne lui restait que peu de temps avant de succomber. Le réanimer pour le voir souffrir n’était pas nécessaire. Nous devions continuer. Nous devions vivre !

Avançant vers la sortie de piliers en piliers – afin de ne pas se faire repérer par nos ennemis – nous tentâmes d’oublier que nous marchions sur ce qui restait de notre seule famille : de la chair, du sang, des os et de la poussière. Je commençais déjà à sentir les ténèbres m’envahir, mais je me devais de me contenir devant Prisca. Ce fut la perte de cette dernière qui précipita ma chute. Alors que nous nous apprêtions à affronter les quelques gardes postés devant la sortie, d’autres soldats arrivèrent derrière nous. Mon amie me sauva la vie en me poussant et – dégainant son sabre – commença à renvoyer le feu qui s’abattait sur nous.

— Fuis ! cria-elle.

Fuir. Comme des animaux aux abois, nous tentâmes de sauver nos misérables vies. Mon sabre se logea dans ma main, et ensemble, alors que je fonçais vers la sortie – Prisca sur les talons – une escouade de commandos fit irruption et nous barra le chemin.

— Ne les laissez pas passer ! cria leur chef.

Alors ils tirèrent, et devant les rafales incessantes qui s’abattaient sur nous, Prisca succomba. C’est ainsi que moi, Zett Jukassa, me retrouvai-je seul face à mon destin. Seul face à la mort.

Un proverbe bakuran dit que de tous les êtres vivants, ceux qui n’ont plus rien à perdre sont les plus dangereux. L’escouade de clones qui faisait barrière eut l’occasion de vérifier la véracité de ce proverbe.

Je ne suis plus Zett Jukassa ; je suis la victime d’une injustice, d’un massacre incompréhensible contre ceux de ma sorte, les Jedi. Cette pensée fait monter en moi un fort sentiment de colère, alors que les premiers corps se séparent en deux sous l’action de ma lame, ce symbole de protection qui se métamorphose en engin de mort.

Je ne suis plus un padawan ; je suis traqué pour être éliminé. Les soldats hurlent des ordres, mais dans leur voix, je sens de l’étonnement. Ils ont beau être des clones, face à mon acharnement, ils perdent du terrain. Sous le coup de l’adrénaline, la peur qui s’est insinuée en moi se transforme en force. Mes capacités sont décuplées.

MaîtreYoda aurait désapprouvé ce genre de comportements. Il est contraire à l’Ordre Jedi de réagir ainsi. Mais aujourd’hui, l’Ordre est mort et les idéaux qu’il défendait avec. Je n’ai plus qu’un seul enseignement en tête :

Utilise ton instinct.

Mon instinct. C’est cela qui me pousse à survivre, et à tout tenter pour m’en sortir. Les soldats ne combattent plus un enfant, mais une bête féroce. Ils nous ont traqués dans le Temple, ils nous ont donné la chasse, ils nous ont abattus sans hésitation !

Je ne suis plus une proie ; je suis un prédateur.

Les lasers continuent de pleuvoir, mais je progresse encore et toujours. J’inspire le doute à mes ennemis, je tranche ceux qui ne ressentent pas la peur. Pauvres idiots de clones qui ne bougent pas d’un pouce alors que la Mort fond sur eux ! Les portes du Temple sont maintenant très proches, et j’aperçois un speeder qui se pose sur l’esplanade.

Continuant à éviter et à renvoyer les tirs, je comprends que c’est là ma seule chance. Un seul coup d’œil me suffit pour reconnaître l’homme dans le véhicule : Bail Organa, sénateur d’Alderaan. Un ami des Jedi. Une personne de bien, dont la réputation n’est plus à faire. Je cours vers la sortie pour le rejoindre, une armada de clones suivant mes pas.

— Ne le laissez pas sortir ! Abattez-le ! hurle un commandant.

Je ne l’écoute plus. L’animal que je suis devenu ne tient pas compte de ces futiles paroles. Seule la survie compte. La survie, et la mort de ceux qui tentent de m’en empêcher. Je suis dehors, et je cours vers le speeder du sénateur Organa. Une dernière barrière humaine à franchir, et je serais libre. Je ne regarde pas le sénateur, mais je sens à travers la Force le trouble qui l’agite. Le pauvre, s’il savait ce qui s’était produit, il comprendrait pourquoi je fais preuve d’une telle rage dans mes coups.

Je ne suis plus un Jedi ; la haine m’envahit.

Mon sabrelaser est assené telle une massue. Je virevolte dans un tourbillon sauvage, donnant des pieds et des mains pour tenter de vivre quelques instants de plus. Mourrez, misérables créatures ! Laissez-moi donc passer ! Ne comprenez-vous pas que je combattrai jusqu’au bout, que je n’abandonnerai pas ? Ma seule et unique satisfaction, si je ne m’en sors pas, sera d’avoir emmené un maximum des vôtres dans la mort.

C’est aujourd’hui la fin d’une République et de la liberté.

C’est aujourd’hui la destruction d’un Ordre et de la justice.

Les cadavres jonchent le sol, et alors que je me réjouis d’avoir mis un terme à tant de vies, des tirs de blaster m’atteignent enfin.

C’est aujourd’hui la chute d’un Jedi, qui a renié les idéaux que ses Maîtres ont défendus.

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