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Chapitre 6 : Journal
 
Lorsque Obi-Wan arriva à destination, l’immense ensemble de bâtiments qui composaient le consulat commençait à se colorer d’un orange chaud sous le soleil radieux au déclin. Le chevalier gravit rapidement les premiers escaliers de pierre blanche, respirant avec plaisir l’odeur sucrée et entêtante des fleurs qui parvenait à lui par effluves, portée par de brefs et légers coups de vent tiède. Il passa par les grandes portes principales et hocha la tête en direction des gardes qui le saluèrent, puis traversa le premier bâtiment dans sa largeur, le petit parc qui se trouvait de l’autre côté et s’arrêta enfin à l’entrée de l’aile ouest qui abritait les appartements des membres du conseil législatif dont faisait partie Lay Jooles.
Le jeune homme s’avança vers le soldat qui en gardait l'accès.
-Jedi, salua respectueusement celui-ci.
-Je viens rendre visite à la Grande Conseillère Lay Jooles, lui dit Obi-Wan.
-Oh…, fit le soldat d’un air contrarié. Veuillez patienter.
Sous le regard pour le moins surpris du chevalier, qui ne s’était pas attendu à une telle réaction, le garde se dirigea vers l’unité de communication et entretint un court dialogue avec un responsable. Il reprit ensuite sa place à l’entrée du bâtiment et adressa un sourire embarrassé au Jedi qui n’avait pas bougé et attendait patiemment, les bras croisés et les mains dissimulées dans les longues manches de sa bure brune.
La porte s’ouvrit au bout d’une ou deux minutes, et le secrétaire de Lay fit son apparition. L’homme devait approcher de la cinquantaine, les cheveux grisonnants et le visage dur. D’après la rapide entrevue qu’avait eue Obi-Wan avec lui à son arrivée, il était évident qu’il était très attaché à la jeune femme et considérait comme étant son devoir non seulement de la servir, mais aussi de la chérir et la protéger.
-Bonjour, lui sourit Obi-Wan, heureux de retrouver quelqu’un qui partageait son intérêt pour la Grande Conseillère.
-De quoi s’agit-il ? fit sèchement l’homme sans prendre la peine de le saluer à son tour.
Le sourire d’Obi-Wan fondit comme neige au soleil face au regard sévère du secrétaire.
-Eh bien j’étais venu m’enquérir de la santé de la Grande Conseillère après l’incident d’hier. Je me demandais si…
-Elle ne désire pas vous voir, le coupa l’homme de façon impolie.
De l’incrédulité s’afficha momentanément sur le visage du chevalier Jedi. Puis la réalité le frappa de plein fouet. Lay pensait que tout était de la faute d’Obi-Wan ! Mais sachant qu’elle avait sans doute raison, le jeune homme ne put que se résoudre à l’idée qu’elle ne voudrait sûrement jamais le revoir, et que tout serait mieux ainsi. D’ailleurs elle l’avait dit elle-même, les sentiments qu’ils avaient l’un pour l’autre avaient toujours eu quelque chose d’artificiel. Ce qui était arrivé avait peut-être changé, voire effacé ces émotions, et sans doute ne ressentait-elle plus rien pour lui. Ce n’était certainement qu’une question de temps avant qu’il en soit de même pour lui. Il le fallait, sans quoi ce serait trop dur. Mais pour le moment, il sentait son cœur se serrer en pensant qu’il continuerait cette aventure sans elle. Il l’avait considérée comme une amie acquise ; il n’aurait pas dû.
Il baissa les yeux un instant puis pinça les lèvres avant de parler.
-Comment va-t-elle ? voulut-il tout de même savoir avant de sortir définitivement de sa vie.
-Aussi bien que possible vu les circonstances, rétorqua le secrétaire avec mépris, ce que le jeune homme comprit parfaitement.
-Bien. Pouvez-vous lui dire que je suis passé et que…
Il chercha ses mots, mais rien n’était assez fort pour formuler ce qu’il avait réellement à exprimer.
-… que je regrette ce qui s’est passé, continua-t-il.
Le secrétaire l’observa d’un œil acariâtre, ne laissant transparaître aucune compassion, et ne chercha pas à l’aider.
-Dites-lui aussi que je… ne l’importunerai plus, déglutit péniblement Obi-Wan.
-J’y veillerai, répliqua l’homme gravement.
Et à ces mots, il lui tourna le dos et disparut à l’intérieur du bâtiment où le Jedi n’entrerait désormais plus. Celui-ci ne sut pas comment interpréter les dernières paroles du secrétaire. A quoi allait-il veiller ? A transmettre le message d’Obi-Wan, ou à l’empêcher de la revoir ? Il n’aurait de toute façon plus à s’en préoccuper.
Le jeune homme jeta un dernier regard vers les fenêtres derrière lesquelles la conseillère devait se trouver, puis s’en détourna avec regret.

~*~


-Urtten n’était qu’un bon à rien, seigneur Sidious. Moi, je ne vous décevrai pas. Vous en aurez pour votre argent.
Derrière la visière en transparacier, les yeux noirs fixaient l’hologramme au grain bleuté de la silhouette capée.
-Je ne tolérerai pas l’échec, prévint Sidious. C’est une chance pour lui qu’il ait péri loin d’ici. Je ne lui aurais pas accordé une mort si rapide.
Le chasseur de prime leva le menton en signe de défiance, montrant qu’il ne se sentait pas concerné par ce qu’il était sensé percevoir comme un avertissement.
-Et si vous en avez l’occasion, occupez-vous aussi de Kenobi, fit l’hologramme, la bouche du personnage - à peu près la seule partie visible de son anatomie - se déformant en une moue de dégoût.
-C’est un Jedi, remarqua le mercenaire d’un ton légèrement moins assuré.
-Ca vous pose un problème, peut-être ? provoqua le Sith.
-Absolument pas, se défendit l’autre immédiatement.
-Dans ce cas vous avez carte blanche, mais soyez discret. Et usez de doigté, si du moins ça vous est possible.
Sans un mot de plus, l’hologramme disparut.

~*~


Inconscient du prix qui venait d’être mis sur sa tête, le jeune homme qui n’avait que récemment acquis le titre de chevalier était retourné sur ses pas jusqu’à son ancienne maison, cette fois bien décidé à y entrer et découvrir enfin qui il était réellement.
Il sortit le passe de sa ceinture et l’inséra dans le panneau d’ouverture. Un voyant vert s’éclaira l’espace d’une seconde, puis la serrure se déverrouilla en un déclic, et la porte coulissa, révélant le hall d’entrée. Obi-Wan prit une inspiration tremblotante et avança d’un pas. La porte se referma derrière lui.
Jamais il n’aurait cru pouvoir envier les qualités physiques de la race hideuse connue sous le nom de Ssyi, et pourtant à ce moment précis il aurait été heureux de posséder la vingtaine de globes oculaires qui leur recouvrait la tête et qui lui aurait permis d’assimiler en l’espace d’une seconde tout ce qui l’entourait. Les yeux grand ouverts, il engloutit du regard tous les moindres détails des pièces de la demeure qui avait été la sienne.
Dès qu’il eut passé le petit hall sobre mais accueillant, Obi-Wan entra dans le salon. Il fit quelques pas hésitants à l’intérieur, lorsqu’un sentiment d’angoisse l’envahit petit à petit. En effet, rien de ce qui l’entourait ne lui était familier, il ne reconnaissait rien ! Il était parti avec l’idée qu’un déclic se produirait et que tout lui reviendrait comme par magie, qu’il se sentirait chez lui, mais tout lui était étranger, voire presque hostile. Complètement désillusionné, Obi-Wan tenta de chasser son affolement grandissant, mais les murs lui donnèrent l’impression de se refermer sur lui, il se sentit suffoquer, et décida que la seule chose à faire était partir. Il tourna brusquement les talons et s’apprêtait à se ruer vers la porte d’entrée quand quelque chose attira son attention. Il s’arrêta et fronça les sourcils. Il s’agissait d’une photo holographique représentant trois personnes. Il n’eut pas à réfléchir pour deviner qu’il s’agissait d’une photo de famille. De sa famille.
Le jeune chevalier pinça les lèvres et s’en approcha. Etrangement, le personnage qu’il remarqua en premier fut le nourrisson aux grands yeux bleus écarquillés qui semblait serrer avec vigueur l’index tendu de l’homme qui se tenait debout derrière lui, vêtu d’une tunique de Jedi de couleur crème. Obi-Wan sursauta lorsque son regard se posa sur le visage rieur de l’individu qui, malgré une barbe claire dissimulant une partie de ses traits, ressemblait à s’y méprendre au sien, la seule différence entre eux étant la couleur plus dorée des cheveux de l’homme. Les yeux bleu-vert limpides de Theran étaient tournés vers la jeune femme qui tenait délicatement l’enfant dans ses bras. Peut-être Obi-Wan n’était-il pas entièrement impartial, mais elle lui apparut comme la plus belle créature que l’univers eût jamais portée. Sa longue chevelure cuivrée tombait en cascade sur ses fragiles épaules, pour finir sa course au niveau de sa taille fine, les reflets flamboyants rehaussant le bleu clair de ses yeux en amande. Son sourire radieux paraissait illuminer l’atmosphère de sa douceur infinie. Ce portrait si simple respirait tant l’amour et la tendresse qu’Obi-Wan s’en sentit revigoré, et reprit confiance. Il réalisa qu’il n’avait rien à craindre ici, qu’il était à sa place. Ses doutes quant à la légitimité de sa présence en ces lieux s’évanouirent instantanément, et les murs perdirent leur côté froid et menaçant pour reprendre leur rôle protecteur et sécurisant.
Obi-Wan retira son lourd manteau pour le déposer délicatement sur le dossier du canapé en velours rouge profond et reprit son exploration de la maison. Le salon était modestement meublé, mais avec beaucoup de finesse, tout en bois verni très bien entretenu. Des fleurs fraîches du jardin avaient été arrangées dans un vase sur la table basse, sans doute une attention de Roen Istesna. A la gauche du jeune homme, un mur marquait une séparation entre le séjour et la cuisine. Il s’y aventura et trouva le dernier cri de l’électroménager, certains appareils étant de loin plus au goût du jour que beaucoup de ceux qui encombraient les énormes cuisines du temple à Coruscant. Cette pensée rappela à Obi-Wan d’appeler maître Yoda pour son compte-rendu quotidien, et il retourna donc au hall d’entrée où se trouvait l’holocom. Il entra rapidement les coordonnées du temple et attendit que la connexion s’établisse. Le visage vert et ridé du vieux sage apparut sans tarder sur l’écran au-dessus des contrôles.
-Obi-Wan, dit-il d’une voix soulagée. Plusieurs contacts tu as manqués.
-Je vous présente mes excuses, maître, mais j’ai dû faire face à quelques imprévus.
-Mmm… Réglée est l’affaire que nous t’avions confiée ?
-Oui, je m’y suis employé ce matin. Faeden Kir a reçu les modifications et a promis de s’y appliquer immédiatement. Je reste à sa disposition jusqu’à mon départ en cas de problème. Ce qui m’amène à… une requête que je souhaiterais soumettre.
-Je t’écoute.
-Eh bien, je suis chez ma mère en ce moment.
Obi-Wan ne put s’empêcher de sourire à cette déclaration.
-Mais elle est en déplacement et ne rentrera que dans trois semaines au plus, continua-t-il.
-Prolonger ton séjour tu voudrais, devina Yoda.
-Si c’est possible, confirma le chevalier.
-A Qui-Gon as-tu parlé ?
Le jeune homme fronça les sourcils, intrigué.
-Non… Pourquoi ?
Le vieux maître ignora la question.
-Si de toi nous n’avons pas besoin plus tôt, tu pourras rester assez longtemps, autorisa-t-il enfin.
-Merci, sourit Obi-Wan.
-Que la Force soit avec toi.
Et à ces mots, Yoda coupa la communication. Encore un brin surpris, Obi-Wan décida cependant de reprendre ses investigations là où il les avait laissées. Il repassa donc par le salon, puis la cuisine, pour finalement emprunter le couloir clair d’où partait un escalier vers l’étage. Mais juste avant, sur la droite, Obi-Wan aperçut une porte sur laquelle était accroché un petit écriteau décoratif en bois peint de multiples couleurs. Mais c’est sa signification qui frappa le Jedi. Il était écrit : “Obi-Wan”.
Il s’humecta brièvement les lèvres et ouvrit la porte. Il fut surpris de constater qu’apparemment sa mère n’avait pas touché à ce qui avait dû être sa chambre. Sous la grande fenêtre, contre le mur du fond, se trouvait un minuscule lit à barreaux, dont les couvertures propres étaient tirées. Il y avait des maquettes de speeders mélangés à des mobiles d’oiseaux accrochés au plafond et qui tournaient lentement en rond. Un jeu de construction pour enfant gisait encore au sol, les différentes pièces éparpillées, donnant - sans doute volontairement - l’impression que l’interruption de la partie n’était que momentanée et que la personne qui l’avait commencée reviendrait bientôt pour la finir. Obi-Wan eut un pincement au cœur en réalisant à quel point son départ avait dû affecter ses parents et que, tout simplement… il leur avait manqué. Il en fut étrangement attristé, mais soulagé à la fois.
Il s’agenouilla par terre afin d’examiner un morceau en plastiflex du jeu.
- Obi-Wan ! Ne mets pas ça en bouche, tu vas t’étouffer !
Le jeune homme haussa les sourcils, puis un sourire s’étendit doucement en travers de son visage lorsqu’il comprit qu’il commençait enfin à se souvenir. La voix de sa mère vibrait encore dans son esprit et il s’y accrocha, essayant d’en découvrir davantage.
- Tu as eu tort de lui acheter ça, il est trop petit, s’était inquiétée la jeune femme.
- Mais non regarde, il adore ça, l’avait rassurée joyeusement la voix lointaine de Theran. Si jamais Jedi ne l’intéresse pas, il pourra toujours devenir architecte !

La remarque absurde typique de tout parent emballé par les moindres faits et gestes de leur premier enfant fit rire Obi-Wan, qui se releva. Il s’approcha un peu plus du petit lit et alla fouiller parmi les dizaines de peluches et autres jouets qui étaient exposés sur la commode où avaient sûrement été rangés ses lingettes, grenouillères et autres vêtements. Soudain, une des petites peluches accrocha son regard et il la prit dans sa main.
-Eyluu, s’exclama Obi-Wan, reconnaissant le “doudou” qu’il ne voulait jamais quitter, étant enfant.
Il ferma les yeux et s’ouvrit à une nouvelle vision du passé. Il se revoyait dans son propre corps, ses petites menottes arrachant presque les poils du Voorpak en fibre synthétique.
- Eyluu, avait-il dit.
- Non, Obi-Wan, l’avait patiemment corrigé son père pour la centième fois. Peluche. Pe-luche.
- Eyluu ! s’était-il borné en riant.
- Nnnnoon, s’exaspérait toujours Theran, prenant l’animal nubien des mains d’Obi-Wan, qui fit la moue. Pe-lu-che. Répète avec moi. Peluche.
- Arrête, Theran, avait soupiré sa mère. Tu vois bien que tu le fatigues. Rends-lui son jouet.
- Mais je sais qu’il peut le faire, s’était défendu le jeune homme. Je suis sûr qu’il le fait exprès !

Obi-Wan sourit en revoyant le regard résigné - quoiqu’un peu amusé - de sa mère.
- D’accord, j’arrête, avait capitulé Theran. Tiens, avait-il fait en rendant sa peluche à son fils.
- Eyluu !
- Peluche.

Le chevalier rouvrit les yeux et observa le minuscule objet qu’il s’était mis à serrer d’une main tremblante. Pourquoi ce bonheur si parfait avait-il dû prendre fin ? Qu’est-ce qui avait bien pu séparer sa famille aussi radicalement et pourquoi avait-il été remis à l’Ordre Jedi en supprimant tout contact avec ses parents alors qu’en tant que chevalier, son père aurait parfaitement pu assurer son éducation ?
Obi-Wan reposa le Voorpak là où il l’avait trouvé puis décida de sortir de sa chambre pour finir de visiter la maison en montant à l’étage. La nuit venait juste de tomber et il commençait à fatiguer, c’est pourquoi il ne voulut pas trop s’attarder dans chaque pièce, préférant tout découvrir le même soir. Il pourrait retourner aux endroits qui l’intéressaient le plus le lendemain. Il savait qu’il valait mieux ne pas brusquer les choses et avancer pas à pas dans ce pèlerinage vers son passé. Il grimpa donc rapidement les escaliers et découvrit une salle de bains et la chambre de ses parents. Il y avait une grande fenêtre qui donnait vers l’ouest au-dessus du jardin, une table de nuit avec une lampe et un petit chrono à la droite du lit. Sur la gauche se dressait une grosse armoire en bois, et contre le mur à l’opposé du lit se trouvait une bibliothèque à côté de laquelle un deuxième escalier s’enfonçait dans le mur vers le haut, menant sans doute à une terrasse. Obi-Wan ne voulut pas ouvrir l’armoire, respectant un minimum l’intimité de sa mère, mais il ne put s’empêcher d’aller survoler les ouvrages exposés sur les étagères. Il y avait quelques récits historiques sur Panescan, ses autochtones et ses coutumes, des essais sur la politique et le système économique de la République. Etaient aussi présentes des études socioculturelles et sur l’anthropologie en général, un sujet qui avait toujours intéressé Obi-Wan. Mais ce qui retint son attention furent les datablocs consacrés aux différentes technologies et à l’astrophysique, sa matière fétiche depuis ses débuts en tant qu’initié. Tandis qu’il retirait un des blocs afin de l’activer et de regarder ce qui pouvait s’avérer instructif, il en remarqua un autre couché tout au fond et recouvert d’une quantité considérable de poussière. Intrigué, il tendit le bras et le prit, souffla dessus pour révéler l’écran sale et l’alluma, ne trouvant pas de titre à l’ouvrage. Il s’éclaira au bout d’un court instant, et quelques mots s’affichèrent en guise d’introduction :
“Propriétaire : THERAN KENOBI.”

Obi-Wan alla s’asseoir sur le lit et passa à la deuxième page, qui lui apprit la nature du document qu’il tenait entre les mains.
“Journal.”

Le pouce du jeune homme se figea au-dessus du bouton sur lequel il allait appuyer pour passer à la suite. Ce recueil devait contenir toute l’histoire de son père, sa vie et ses émotions soigneusement regroupées en quelques mots. Il s’agissait sans le moindre doute de la clé qui révélerait son passé dans son intégralité et dissiperait les derniers nuages qui obscurcissaient ses souvenirs encore très vagues… mais c’était aussi le journal de son père ! Comment pouvait-il violer ainsi sa vie privée ?
Il contempla l’écran à la luminosité légèrement bleutée, sur lequel figurait toujours le même mot, comme s’il le mettait au défi de renoncer. Il se moquait de lui, mais en même temps semblait le supplier d’aller plus loin. Le chevalier continua d’y réfléchir pendant quelques instants, puis finit par prendre sa décision. Theran était mort, et peu devait lui importer que quelqu’un découvre maintenant les soucis qu’il avait eus de son vivant. Par contre, les leçons qu’il avait pu tirer de certains événements ainsi que tout son savoir devaient également y être répertoriés, et tout ceci était son héritage. Ce que son père n’avait pas pu lui dire plus tôt, Obi-Wan l’apprendrait maintenant.
Il pressa résolument sur le bouton et commença sa lecture. Un peu moins de deux heures plus tard, il s’endormit au milieu d’une phrase, allongé de façon on ne peut plus inconfortable en travers du lit de ses parents, le bloc encore allumé reposant sur son ventre.

“Je ne suis personne en particulier, juste un homme essayant d’accomplir son devoir du mieux qu’il peut. Ma vie sera sûrement considérée par certains comme passionnante, pleine d’aventure, mais je n’y accorde aucun intérêt particulier. La présence d’action ne détermine pas une vie réussie ou comblée et encore moins la personnalité de celui qui y est confronté. Non, je ne considère pas ma vie comme étant spécialement intéressante, et pourtant c’est maintenant à l’âge de vingt-cinq ans (Force, je me fais vieux !) que j’entame l’écriture d’un journal qui recueillera ce que j’aurai à en dire. Je suppose que la raison pour laquelle beaucoup de monde se livre à cette activité est que c’est un bon moyen d’analyser les événements qui les troublent, en les mettant à plat. En ce qui me concerne, j’espère m’en servir comme base pour ce que je laisserai derrière moi quand mon heure sera venue.
Il y a deux jours, pendant toute une nuit, j’ai vu la femme que j’aime souffrir et se battre, heure après heure, tandis que je lui tenais la main et que je m’efforçais de lui apporter tout le soutien que je pouvais. Au matin, lorsque le soleil s’est levé, il a brillé pour moi d’une lumière chaude et éclatante. Je le voyais vraiment dans toute sa splendeur pour la première fois.
La Force a été mon point d’ancrage, un soutien et mon salut en bien des occasions, mais jamais elle ne m’aura fait de plus merveilleux cadeau. J’ai déjà traversé la galaxie et vu un nombre incroyable de planètes. J’ai été le témoin de beaucoup de choses stupéfiantes, mais je crois que rien n’est plus beau ni plus grand que la vie que nous avons créée.
Mon existence a radicalement changé, tout a été bouleversé par un seul minuscule être qui commence à peine à découvrir le monde qui l’entoure, et ce que mes instructeurs s’étaient acharnés à me faire comprendre durant des années au temple a pris toute sa signification en l’espace d’une seconde. A présent, oui, je comprends ce qu’est la Vie, et je sais que je vouerai la mienne à sa protection sous toutes ses formes…”


~*~