
Voici un livre qui aborde la Saga selon le point de vue de la psychanalyse. Il est prévu pour le 17 septembre.
L'auteur,
Arthur Leroy, psychologue
et psychothérapeute, et fan de Star Wars, utilise ce mythe cinématographique pour élaborer une psychothérapie afin d'aider des enfants et des adolescents.
Après avoir décortiqué Star Wars, Arthur entre dans le concret avec des chapitres sur son expérience professionnel.
Et en plus, il a eu la gentillesse de nous accorder un peu de son temps pour parler de lui, de son travail et de son livre.
SWU : Bonjour, tout d'abord, pouvez vous nous dire quelques mots sur vous et sur votre travail ?
Arthur : Bonjour,
Je m'appelle
Arthur Leroy. J'ai trente ans et j'exerce depuis six ans le métier de psychologue et psychothérapeute dans le service de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent de la Pitié Salpétrière à Paris. Je reçois des jeunes entre six et dix neuf ans en thérapie une à deux fois par semaine sur une durée de six mois à plusieurs années. Ces derniers peuvent avoir des troubles du comportements, des troubles des conduites alimentaires, des troubles du spectres autistiques, une phobie scolaire, avoir fait des tentatives de suicides, etc. Dans l'espace de la thérapie, les enfants ont souvent du mal à se raconter et à parler de leurs souffrances. Ils préfèrent plutôt évoquer les univers imaginaires qui les passionnent tel les Pokemons, les Super Héros, Harry Potter et bien évidemment Star Wars. Mon objectif est d'utiliser ce matériel pour faire des parallèles avec ce qu'ils vivent et puiser dans ces récits, des clés pour les aider à avancer et surmonter leurs difficultés.
SWU : Comment êtes vous devenu fan de Star Wars ?
Arthur : J'ai trois grands frères qui m'ont très tôt fait découvrir la première trilogie en VHS lorsque j'avais cinq ou six ans. J'ai tout de suite adoré. Alors que chez certains d'entre eux leur préférence allait vers les Indiana
Jones, Star Wars et surtout l'Empire Contre Attaque m'a très rapidement fasciné. A partir de là, J'ai dû le voir un nombre incalculable de fois. Je dois aussi à mes frères de m'avoir initié à la culture "geek", en me faisant découvrir d'autres films et séries animées, mais aussi en m'apprenant à jouer aux jeux de plateaux, aux jeux de rôles sur papier, mais aussi en grandeur nature.
SWU : Avez vous une collection ?
Arthur : Je n'ai pas vraiment de collection très poussée sur Star Wars. Disons que j'ai acheté de nombreux suppléments du jeu de rôle Star Wars première et deuxième édition, suppléments et livres de base que je garde encore dans ma bibliothèque. Sinon j'aime beaucoup les posters "vintages" ou des sérigraphies d'artistes contemporains sur Star Wars. Bien que ma femme ne voit pas cela d'un très bon oeil, j'ai réussi à en imposer quelques uns dans notre intérieur.
SWU : Quelle partie de la Saga vous intéresse le plus ?
Arthur : Spontanément, je dirai la trilogie originelle. J'ai eu tout d'abord beaucoup de déceptions en voyant la prélogie. Mais mon projet de livre m'a permis de voir cette dernière avec un oeil nouveau, m'interrogeant notamment sur l'intérêt de créer une histoire d'amour entre un garçon de huit ans et une fille de dix ans son aînée. De plus, mes jeunes patients, qui m'ont fait découvrir la série animée "Clone Wars", enrichit beaucoup l'univers de la prélogie.
SWU : Y'a-t-il une œuvre Star Wars, hors des films, qui vous ait particulièrement marqué ?
Arthur : Si j'ai beaucoup apprécié les romans sur le cycle de
Thrawn, ou la bande dessinée l'Empire des Ténèbres, j'avoue que l'oeuvre qui m'a le plus marquée est la saga du Prince Ken de
Paul Davids, que j'ai lu quand j'avais neuf ou dix ans. Bien que cette saga est très naïve, et que certaines idées sont saugrenues (le gant de
Darth Vader pour expliquer ses pouvoirs d'étouffement, ou une droïde de protocole fille qui porte une jupe), cette saga développait un peu l'univers déjà existant et a ouvert mon imaginaire sur un après épisode VI. Si je les relisais aujourd'hui, je trouverais sans doute cela mauvais, mais je préfère maintenir le pouvoir de la nostalgie.
SWU : Passons à votre livre, pouvez vous nous dire ce que contient votre ouvrage ?
Arthur : L'idée de mon livre est née en observant le lien très fort entre les mythes anciens et Star Wars. Ce lien
George Lucas l'a toujours assumé en parlant de l'oeuvre du mythologue
Joseph Campbell comme étant sa source principale d'inspiration dans la construction de son récit. De son côté Freud, a utilisé le mythe d'Oedipe pour en faire sa pierre de Rosette, susceptible de faire comprendre les théories psychanalytiques par le biais du sombre destin d'Oedipe. Dans mon livre le destin des Skywalker a pris la place de celui d'Oedipe pour permettre à un public plus jeune de découvrir la psychanalyse et révéler ainsi la capacité de la Saga à transmettre des concepts universels. J'ai mis aussi ces éléments théoriques en lien avec des exemples de ma propre pratique de thérapeute afin de montrer l'utilisation de ces dernières dans un cadre professionnel.
SWU : Concernant votre travail, pourquoi avoir choisi Star Wars et pas une autre Saga familiale comme Harry Potter par exemple ?
Arthur : Tout d'abord par intérêt personnel. Harry Potter n'a jamais fait partie de mes univers imaginaires de références, je ne pouvais donc prendre autant de plaisir à travailler cette saga. Je n'y retrouve pas la part mythique, ni l'appel à un univers de science fiction que j'apprécie particulièrement. De plus, je n'y trouve pas la même complexité relationnelle au niveau familial que dans Star Wars. Les parents de Harry m'ont toujours paru lointains du fait d'une mort qui les a totalement divinisés. Cela a, à mes yeux, empêché le développement d'une réelle ambivalence quant à ses origines. Dans Star Wars, le danger est très clairement autant interne qu'externe. Toutefois je ne connais pas assez Harry Potter pour être sûr de ce que j'avance.
SWU : Une situation réelle est forcément plus complexe que dans le monde très manichéen de Star Wars... Ce n'est pas un problème de se raccrocher à des archétypes fictifs ?
Arthur : Si effectivement, l'univers de Star Wars est très manichéen amenant le spectateur à comprendre d'emblée qui est gentil et qui est méchant, les personnages qui composent cet univers ne le sont pas. Anakin, Padmé, Luke, Han ou encore
Lando sont des personnages pris de questionnements moraux forts, les obligeant à choisir entre leur intérêt propre et ceux de leur communauté. Ils sont de ce fait beaucoup plus proches de nous que ce que l'on croit. Or la nécessité de choisir entre son intérêt personnel et celui supérieur du groupe est au coeur de toute société humaine. Cette dernière nous conduit à devoir mettre de côté nos désirs ou de risquer d'être hors la loi, donc de se cacher ou de chercher à renverser les lois en places. Ce mouvement apparaît au sein de la famille même lorsque l'enfant grandit.
SWU : Pouvez vous nous donner quelques exemples de concepts psychanalytiques qui seraient illustrés par des personnages de la saga ?
Arthur : Les personnages de Star Wars représentent de mon point de vue plus des situations que des archétypes précis. De mon point de vue, les héros de Star Wars portent des conflits en eux qui nous questionnent tous. Les Skywalker reprennent le destin oedipien. Anakin n'arrive pas à surmonter son désir frustré de rester au contact de sa mère, puis de Padmé avatar de sa mère, alors que Luke doit lutter contre son envie de tuer son père. Han et Léia, quant à eux, questionnent la construction identitaire sexuelle et plus particulièrement les notions de virilité et de féminité. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces questions, je vous invite à les découvrir dans mon ouvrage.
Merci à
Arthur Leroy pour cet entretien et à
Emmanuelle LOBO, responsable presse chez
esf Editeur pour le communiqué de presse et la couverture du livre.
Familialement vôtre.