Allez, je vais essayer de faire une critique comme celles que je pond d'ordinaire dans la section Litté, sauf que là, plus besoin de m'abriter derrière des balises spoilers^^ Alors c'est parti^^
L'IntrigueIl est quasiment certain qu'aucun forumeur te connaissant un minimum n'a été surpris par ton choix de la situer sous l'immense ère
KoTOR, tous les habitués de la section Litté que tu as invité sachant ton amour de cette période; d'ailleurs, il est tout à fait compréhensible d'être fan de
KoTOR quand on ne connait pas encore le
NOJ^^
[Le propos qui précède est humoristique et n'appelle à aucun débat] mais au-delà du choix de fan, c'était aussi un choix stratégeek parfaitement judicieux, cette période étant à la fois connue par les évènements qu'elle a produit et méconnue par le fait que cela ne l'empêche pas de s'étendre sur pas moins de plusieurs milliers d'années; par ailleurs, c'est une ère où on a du Jedi et du Sith à gogo, bref, tu as les mains entièrement libres, tu peux voir les choses en grand sans passer pour un mégalo tant que la forme suit.
Pourtant, pour ce premier volume, l'intrigue n'a rien de démesurée, c'est le moins que l'on puisse dire: point de batailles gigantesques entre Jedi et Sith ici, les formidables évènements qui agitent l'ensemble de la période sont ici utilisés comme background plutôt que comme toile de fond, comme dans les comics
KoTOR (ce que l'on peut regretter, d'ailleurs... Et cette humble remarque ne constitue pas non plus un appel à débattre des choix scénaristiques sur
KoTOR); le sujet n'est ni un Jedi ni un Sith, c'est un Sith en devenir. Tu réussis ainsi à nous raconter la vie d'un adolescent plus ou moins ordinaire, assez pour que sa vie ressemble la plupart du temps à celle d'un adolescent ordinaire en tous cas, et à la rendre extrêmement intéressante, puisqu'on cherche partout le Sith en devenir. Je crois que je n'ai jamais lu de fan-fics ni même d'œuvres de l'
UE qui traite uniquement de la jeunesse d'un futur grand personnage, à moins de compter les novélisations de la prélogie^^ Originalité assurée, donc, et plutôt deux fois qu'une.
Il apparait donc que le sujet de la fan-fiction est un excellent choix; encore faut-il savoir le traiter, me diras-tu, parce que s'il est bien choisi, ton sujet était quand même assez casse-gueule, à tel point que j'ai volontairement choisi de rester bref sur les jeunes années de Sev'rance Tann dans la fan-fiction que je lui ai consacré (j'en parle à titre de comparaison avec ma propre expérience d'auteur, rien de plus), préférant la plupart du temps conter que montrer. Et bien, surprise, tu le traites avec brio! Le prologue et le premier chapitre à eux seuls suffisent à marquer durablement par la maîtrise avec laquelle tu mets en place le futur cadre dans lequel grandira ton futur Sith, les signes, les symboles omniprésents, c'est juste époustouflant; si cela démontre talent et imagination, démontre encore plus travail et patience, la patience d'attendre de trouver les idées pour parfaire son œuvre. Par la suite, tu continue sur ta lancée, et il y a des passages obligés: la bagarre avec les voyous révélatrice du Côté Obscur, par exemple, c'était quand même assez prévisible, ou même le revirement après visionnage de l'holofilm, d'autant que comme je te l'ai dit, je l'ai trouvé un peu bâclé. Mais j'en retiens surtout des surprises, de brusques retournements de situation qui empêchent Jace d'avoir une destinée linéaire sans qu'il ne devienne Sith par un brusque revers de fortune pour autant: la rencontre avec le Sénateur Yroskas dont nous reparlerons plus loin, par exemple, qui s'avère finalement avoir une influence bien plus compliquée que prévu sur Jace, et bien sûr Maylena, Maylena! Maylena qui le sauve des ténèbres, Maylena qui l'y replonge bien malgré elle... Les chapitres avec elle ont sans le moindre doute été mes préférés, parce que le personnage change soudain de caractère et de destinée, parce que le joyeux amour qui s'en dégage fait office de parfait contrepoids aux passages les plus sombres.
Pour conclure là-dessus, ton intrigue-destinée est très bien ficelée, on sent le travail et la recherche, tu parviens à trouver un équilibre entre éléments préexistants au passage du Côté Obscur et brusques revers pour expliquer la chute de Jace, comme la prélogie elle-même!
Des surprises, on en a jusqu'à la fin, et chacune d'entre elle fait sourire tout en apportant un regain d'énergie; on peut quand même te reprocher de ralentir assez vite (j'aime mes oxymores!) les surprises passées, disons qu'on rebondit d'une surprise à l'autre, mais qu'entretemps, tu t'étend parfois un peu trop... C'est passé sans problèmes parce que stylistiquement, c'était nickel, mais scénaristiquement, passé les chapitres-retournement, je trouve que tes passages perdent vite en densité, tu veux tellement bien faire que tu t'arrêtes parfois plus que nécessaire sur un moment. L'accélération ne se produit véritablement qu'à la fin, on a un rythme assez saccadé avant cela. Enfin bon, heureusement, quand on commence à se lasser, le rebondissement suivant arrive, et c'est si bien écrit que cela ne pose finalement pas de problèmes majeurs. Mais je te le redis, ton intrigue est superbement tissée du reste.
Et puis, que dire du développement du background! Les chapitres avec Yroskas sont un ravissement pur et simple où se mêlent avec habileté ta fine connaissance des évènements de la période et tes inventions, lesquelles sont juste irréprochables et passionnantes à lire.
Tout ça pour dire que malgré des longueurs qu'on te pardonne facilement au vu du reste, ton intrigue part d'une idée de base originale et la développe avec une rare qualité

Je recommande cette fan-fic à quiconque s'intéresse à la période
KoTOR.
Le StyleJe crois que c'est encore ça qui m'aura le plus plu dans ta fan-fic, Pecivounet

Et c'est d'autant plus étonnant que quand on débute, on est généralement peu sûr de soi, le style évolue forcément avant de parvenir à son niveau optimal aussi talentueux soit-on, et je sais de quoi je parle (en tant qu'auteur de fan-fics, hein, je ne vais pas m'auto-proclamer auteur aussi talentueux que possible

); j'y vois la conséquence directe de tout ton travail avec Notsil avant la publication, tu as eu le temps de te faire la main avec ses conseils pour faire de ce chapitre un petit bijou de travail stylistique FF... C'est là que je me rend compte que les obligations temporelles implicites dont les auteurs qui publient immédiatement tels que moi-même sont quand même assez préjudiciables

Mais bon, je vais faire court à ce sujet, je n'ai cessé de te relever les phrases que je trouvais particulièrement fouillées, et j'apprécie même tant ton style que je me suis permis, tout au long de ta fic, de relever les passages que j'aurais modifié (ou qui contenaient une erreur flagrantes, mais c'est rare et on en fait tous); je n'aurai jamais pu faire ça avec des auteurs au style plus éloigné du mien et de ce que j'affectionne le plus, il y aurait eu bien trop de choses à retaper et je n'aurais même pas su comment m'y prendre. Mais toi, non, nous partageons un même goût pour les phrases longues (surtout moi, en fait^^) et les figures de style à outrance, ce qui fait que je comprend assez vite l'effet que tu voulais produire et que je peux chercher sans trop de difficultés quelque chose d'approchant qui pourrait éventuellement mieux te convenir.
Niveau style, je retiens avant tout deux moments que j'ai trouvé juste merveilleux, c'est bien moi qui doit te remercier de les avoir écrit et non l'inverse: le chapitre où Yroskas fait découvrir Coruscant à Jace, on se régale de tes descriptions et on se met sans le moindre problème dans la tête de Jace, tour à tour émerveillé et effrayé, d'autant que j'aime particulièrement l'une des corrections que je t'ai apporté sur le début de ce chapitre-là, pour faire ressortir la métaphore entre la nuit imperceptible de Coruscant et la fin de la démocratie dans la République, et pourtant, on commençait à s'ennuyer un peu scénaristiquement; et bien sûr, bien sûr, tous ces splendides passages avec Jace fou amoureux de Maylena, et on le comprend, le pauvre, avec les descriptions que tu nous fait! Ça, c'était juste un régal, tu étais vraiment inspiré, pour le coup. C'était juste magnifique.
Ceci dit, là encore, tu succombes parfois à la tentation de vouloir faire trop long: je n'ai pas été le seul à te le dire, mais parfois, on te surprend à radoter un peu dans tes descriptions; le comble, c'est que c'est toujours bien fait, en plus, mais je t'assure qu'il y a des passages qui font vraiment doublons. je crois ce défaut dû avant tout au perfectionnisme... Enfin, aucun auteur n'est parfait^^
Les PersonnagesEh oui, après tout, cette fan-fiction est avant tout construite autour d'un personnage: c'est bien sûr Jace Pecivas, devenu notre Darth Piejs national dans des circonstances tout à la fois tragiques et surprenantes. On est assez surpris de voir qu'avant même de devenir Sith, Jace était loin d'être un ange, frimeur, arrogant au point de défier inutilement le Chancelier de la République, il a tout pour lui et pourtant ne pense qu'à acquérir plus à devenir Chancelier, lui et son meilleur ami sont profondément convaincus d'y être destinés par leurs nobles origines, d'autant plus qu'ils sont manifestement un peu trop fiers d'être humains... Et le pire, c'est qu'il s'avérera que l'un et l'autre n'ont finalement qu'une très vague idée de ce dans quoi ils s'engagent en voulant absolument acquérir pouvoir et notoriété le plus vite possible, à commencer par Jace, qui se montre d'une naïveté étonnante, même pour son âge (si, si, je t'assure^^) tout au long de la fan-fiction. Je ne te l'ai jamais caché, Jace m'est profondément antipathique, et s'il devait me faire penser à un autre personnage, ce serait sans nul doute le Drago Malefoy de
Harry Potter; mais je sais néanmoins reconnaître un personnage bien construit, et celui-ci en est un. Ce qui ne l'empêche pas d'être un imbécile^^
Non, décidément, c'est bien Yroskas mon personnage préféré, merveilleusement ambigu jusqu'à la fin... Sénateur corrompu qui a érigé le cynisme et le pragmatisme le plus amoral en véritable doctrine, aimant de toute évidence bien trop le pouvoir, c'est pourtant lui qui remet les idées en place à Jace sur son racisme borné; fervent opposant des Jedi que l'on découvrira plus tard soutien des Sith, il est pourtant le défenseur le plus visible de la démocratie au sein de la République. Tout le long, on sent que ce n'est pas un personnage simple même si on ne sait pas exactement quel jeu il joue jusqu'à la fin, et j'aime vraiment ça, très beau boulot sur ce personnage, Pecivounet
Puisqu'on est au chapitre des méchants, on découvre bien évidemment l'abominable M. Abstrus à la fin, qui apparait quasiment comme une allégorie du diable qui donne le pouvoir à ses disciples pour mieux leur reprendre quand ils ont fait ce qu'il attendait d'eux; difficile de se prononcer pour l'instant vu qu'on n'en sait pas grand chose pour l'instant à part qu'il peut se montrer tordu à souhait mais qu'il est aussi un peu mégalo sur les bords, mais il s'annonce comme un méchant intéressant. Et j'approuve pleinement le choix d'en faire un Falleen, à propos.
Naturellement, on a aussi Maylena la jolie, Maylena la gentille... Et rien que pour ça, on l'aime, même si elle n'aura pas beaucoup ouvert la bouche finalement^^ (Euh, ce n'était pas volontaire...

) Abess Lingar, bon, bah la preuve en est fait dans le dernier chapitre, c'est bien un clampin en tous points semblable à Jace^^ J'ai quand même apprécié son intervention pour remettre en place les idées à celui-ci alors qu'il perdait Maylena à cause de son incapacité à admettre que c'était peut-être à lui de faire le premier pas^^ Tiens, le papa laisse beaucoup d'interrogations; bizarrement, je doute qu'il s'agisse vraiment d'un minable contrebandier comme Jace l'imagine, et j'ai le sentiment qu'on le reverra avant que Jace ne se décide à rédiger ses Mémoires.
En fait, on pourrait te reprocher un ultra-développement de Jace qui a finalement pas mal bloqué l'émergence d'un autre personnage très développé en dehors d'Yroskas, mais ce serait d'une franche mauvaise foi étant donné qu'il s'agit d'une biographie... Je ne dirais donc rien là-dessus
