*kof !* *kof !*
Désolé, c'est la poussière...
Bon alors effectivement, plus d'un an après, je suis heureux de vous présenter mon deuxième texte pour ce recueil dans sa version intégrale.
Épuration
3.
Action d'expulser d'une organisation, d'une administration, d'une entreprise, d'une profession, etc., une catégorie d'adhérents ou d'agents jugés indésirables ou indignes ; résultat de cette action.
- Prologue -
Lentement, l’énorme soleil rougeâtre de la planète Sartinaynian terminait sa course par delà l’horizon. Ce n’était pas la première fois que Zeidan Kahn-Hagen admirait ce spectacle magnifique, toutefois, une sensation étrange occupait l’esprit du directeur du Centre Impérial d’Études Biologiques, comme une sorte de mauvais pressentiment. Un frisson lui parcourut l’échine.
- Professeur Kahn-Hagen, tout le monde est prêt.
- Merci Arkus, dites-leur que j’arrive.
- Bien Professeur.
A bientôt soixante-cinq ans, Zeidan Kahn-Hagen n’avait rien perdu de sa stature impressionnante et musculeuse et de son port d’officier impérial. Ses cheveux, blonds et coupés courts, ses yeux d’un bleu glacial, son nez droit, ses lèvres fines et sa mâchoire carrée faisaient de lui l’archétype de l’être martial. Celui que l’Empire imposait dans toutes ses représentations. Celui que le Centre Impérial d’Études Biologiques avait développé dans ses laboratoires secrets.
Le professeur quitta la terrasse de son bureau et pénétra à l’intérieur de celui-ci. Comme à chaque fois, ses yeux se posaient tour à tour sur l’holotableau de sa famille - sa femme, tuée lors de la destruction d’Alderaan, son fils, actuellement dans les régions inexplorées pour perpétuer l’œuvre de son père et, enfin, sa fille qui occupait le poste de gouverneur sur Bestine – sur le buste de l’Empereur puis revenaient à une vision globale de la pièce, sublimée d’un rouge Impérial.
Les interlocuteurs étaient tous assis autour d’une longue table ovale en transparacier aussi réfléchissant qu’un miroir. Ils portaient tous un uniforme impeccable quoique différent pour chacun. Il y avait là Tarkamir Vo’ordnish, Grand Moff du Secteur Braxant, le Grand Amiral Vernan Wiker et une dizaine d’administratifs aux regards inexpressifs et professionnels. Tous se tournèrent vers leur hôte qui franchissait les quelques marches menant à l’extérieur du bureau mais leurs yeux se portèrent instinctivement sur l’holoécran lorsque celui-ci s’éclaira du logo de la Tribune Impériale annonçant un flash spécial.
Quinze longues minutes s’écoulèrent avant que qui que ce soit ne bouge. Quinze minutes d’un silence morbide. Quinze minutes de rage et de désespoir. Quinze minutes de souffrance. Sous les regards subjugués des treize dignitaires, le fleuron de la flotte impériale, l’Étoile de la Mort avait implosé, comme soufflée par une puissance invisible. Puis la communication s’était interrompue, sans doute l’émetteur avait-il été endommagé. Des rumeurs faisaient déjà état de scènes de liesse sur Coruscant et d’autres planètes.
Pourtant, sur Sartinaynian, trois hommes se repassaient les images mentalement et voyaient leurs vies défiler.
Chapitre I
- Tarkamir Vo’ordnish -
Son uniforme noir était impeccable, aucun pli, aucun fil, aucune tâche. Il s’était permis le noir pour se démarquer des autres Grands Moffs. Tarkamir Vo’ordnish était un homme strict, aussi droit que la justice, aussi rigoureux que la Marine et aussi impassible que le duracier des destroyers stellaires. La cinquantaine approchante, il était un des plus jeunes Grands Officiers de l’Empire, et il le devait à ses nombreuses campagnes de séductions auprès de l’Empereur à grands renforts de répressions sanglantes, d’arrestations massives et autres pratiques du même acabit. Dissimulant sa calvitie naissante sous sa casquette d’officier, Vo’ordnish avait observé la déroute de la flotte impériale sur Endor avec dépit et satisfaction à la fois. Dépit de constater la chute aussi soudaine de Sa Majesté mais satisfaction de voir que le trône était à présent libre.
De ses yeux plissés, il dévisagea les gens autours de lui et constata que Wiker serrait les poings jusqu’au sang, que Kahn-Hagen affichait encore son rictus malicieux et que les dix autres transpiraient à grosses gouttes. Lui, restait immobile, serein, presque en retrait. Il envisagea mille et une possibilités afin de s’emparer du trône : s’allier aux officiers survivants d’Endor, lancer une contre-offensive immédiate, rappeler les Grands Officiers en charge des projets top secrets. Non. Il avait choisi une solution beaucoup plus facile, partir directement vers Coruscant et revendiquer le titre une fois sur place. Il en avait le cran, il en avait les moyens, il ne lui restait plus qu’à quitter cette réunion.
Comme il allait se lever, il aperçut le professeur Kahn-Hagen porter la main à son communicateur auriculaire, murmurer quelques mots qu’il ne parvint à saisir puis toiser la salle d’un de ces regards autoritaires dont le Professeur avait le secret. Instinctivement, Vo’ordnish se rassit, certain qu’il allait se passer ou se dire quelque chose d’important. Des dizaines d’idées vinrent alors entrer en collision dans l’esprit du Moff du secteur Braxant : Kahn-Hagen aurait-il eu la même idée ? L’Empereur ne serait-il pas mort ? Coruscant serait-elle déjà à feu et à sang ? Pour la première fois depuis des années, Tarkamir Vo’ordnish ressentit de l’inquiétude. Ou plutôt de la déception. Celle de ne pas avoir été assez prompt à réagir lorsqu’il vit l’Étoile de la Mort disparaître dans une gerbe de flammes et de débris. Celle de ne pas être à l’heure actuelle loin d’ici, loin de ce rassemblement, de ce que l’Empire ne comptait plus comme dirigeants naturels.
Mais il ne l’avait pas fait. Il n’était pas parti. En avait-il vraiment eu envie, au regard du cataclysme qui venait de se produire au dessus d’Endor ? Réajustant, presque de manière naturelle, son col, il imaginait les issues possibles d’un impérial, haut gradé de surcroît, à l’extérieur des frontières de l’espace maîtrisé. La fuite, la prison ou pire, la mort. La galaxie ne s’était guère montrée favorable au régime totalitaire de Palpatine, nul doute qu’elle ne verrait dans la mort de l’Empereur qu’une occasion magistrale de renverser son œuvre. Vo’ordnish détendit les doigts de sa main droite, faisant craquer le cuir de ses gants. Se rendant compte de son geste, il se ravisa de faire de même avec sa main gauche, ne désirant pas trahir son anxiété naissante.
Du coin de l’œil, il aperçut Vernan Wiker esquisser un mouvement d’impatience. Heureux de couper court au pesant silence qui régnait dans la pièce, il interpella le marin.
- Amiral Wiker, quelque chose vous préoccupe ?
Chapitre II
- Vernan Wiker -
Il portait sur son visage le poids des années de service dans la Marine Impériale. Son uniforme d’un blanc immaculé était uniquement rehaussé d’épaulettes dorées et d’une plaque de grade indiquant son rang. Le Grand Amiral Vernan Wiker respirait la sympathie et la confiance. Contrairement aux autres officiers de son degré, et même quelques subalternes, il n’avait pas cet air hautain qui insupportait tant la quasi-totalité de l’Armée Impériale. Personnage intègre et sans fioriture, il ne cédait que rarement au cérémonial des médailles et autres artifices. Il était grand amiral, impérial et c’était là tout ce qui lui importait. Distingué du Mérite du Génie Militaire – il était un des deux seuls grands amiraux à l’être – il n’arborait pas plus sa distinction qu’il ne portait gants et casquette d’officier. Vernan Wiker était admiré par ses hommes pour sa loyauté et sa simplicité, deux valeurs qui selon lui, étaient en voie de disparition au sein des Armées.
Il avait fait ses classes à l’Académie Militaire Républicaine sur Coruscant et n’avait depuis jamais cessé de servir la Marine. Son amitié avec le Professeur Kahn-Hagen remontait à plus de vingt ans, lorsque Wiker servait comme Capitaine à bord de l’Éradication, le croiseur Venator commandé alors par l’Amiral Kahn-Hagen. Depuis cette période, les deux hommes, même s’ils avaient choisis des voies différentes, entretenaient des rapports très fréquents, presque fraternels. Aussi, lorsque l’ancien capitaine vit son ancien supérieur marquer un temps d’arrêt avant de sourire devant le spectacle offert par la destruction de l’Étoile de la Mort, il comprit que l’Empire n’avait pas chuté. Il comprit qu’il y avait encore un espoir. Il comprit qu’on aurait encore besoin de lui.
Toutefois, avant d’être rassuré par ce rictus de Kahn-Hagen qu’il connaissait si bien, Vernan Wiker, grand amiral de l’Empire Galactique, avait ressenti un profond émoi. Lorsqu’il ne vit pas l’Executor, lorsqu’il aperçu la flotte rebelle s’éloigner, lorsqu’il fut ébloui par l’explosion de la station orbitale, il avait senti la colère monter en lui. Cependant, Vernan Wiker était un homme sage et il contint cette rage intérieure en serrant les poings. Il pressa si fort qu’un mince filet de sang s’écoula de sa main droite sans qu’il ne s’en rende compte. Les yeux rivés sur l’écran, il ne les détourna qu’au bout de plusieurs secondes pour constater que son ami affichait un air complice, que le Grand Moff Vo’ordnish était comme toujours impassible et que les membres de l’administration étaient proches de l’arrêt cardiaque.
La situation était exceptionnelle. Jamais l’Empire ne s’était retrouvé dans une position aussi inconfortable et Wiker le savait tout comme il devinait que les Conseillers ne tarderaient pas à s’arracher le trône comme des charognards sur une carcasse encore fraîche. Le Grand Amiral n’avait jamais aimé les Conseillers, pas plus que les Moffs et autres administrateurs, qu’il considérait comme corrompus par la soif de pouvoir qu’offraient les ombres de l’Empereur. Sa foi était en la Marine, seule épaule digne de confiance sur laquelle se reposer dans de tel cas. Seulement, depuis la dissolution du Sénat et les Mesures Tarkin adoptées il y a quelques années, les Flottes s’étaient retrouvées sous la volonté des Moffs, condition intolérable pour Wiker.
Vernan Wiker n’arrivait plus à supporter l’attitude du Moff Vo’ordnish. Toute cette suffisance l’insultait dans son cœur de marin et dans son âme d’impérial. Las, il se passa nerveusement la main dans les cheveux, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention de Vo’ordnish.
- Amiral Wiker, quelque chose vous préoccupe ?
- Je n’aime pas votre attitude, Vo’ordnish.
- Voyez-vous cela ? Vous préfèreriez que je sois submergé par la peur ? Allons Amiral, la sérénité doit nous habiter en ces heures sombres.
- La sérénité ? Les vingt-cinq dernières années viennent d’être balayées dans le feu et le sang et vous nous demandez de rester sereins ?
- N’ayez crainte je vous dis, je suis certain que je…que nous pourrons nous relever et montrer à ces rebelles que l’Empire n’est pas mort.
- Imbécile ! Vous ne voyez donc pas ? L’Empereur est mort, Coruscant est en pleine révolte et pire que tout, nos flottes se sont dispersées. Tout est fini. Tout est fini à cause de gens comme vous qui soumettent la Loi à leurs désirs personnels.
Wiker se souvint du rictus rassurant de son ami le Professeur mais, emporté par ses griefs contre les administrateurs, il avait oublié ce détail. Il se ravisa donc de poursuivre ce défaitisme qu’il ne se connaissait pas.
- Je vous conseille d’employer un autre ton avec moi Wiker ! Vous ne seriez certainement pas à votre poste si des gens comme moi ne vous y avez pas aidé !
- Non c’est vous qui allez m’écouter Vo’ordnish, ce sont mes hommes qui risquent chaque jour leurs vies pour protéger votre cul ! Ayez un peu plus de respect pour ceux qui ont donné leurs vies pour votre misérable tête.
- C’en est trop, cette réunion est devenue le tribunal de votre vindicte contre notre administration. Il est hors de question que je reste une seconde de plus ici !
Le Grand Moff Vo’ordnish se leva en faisant tomber son siège de colère puis se dirigea vers la sortie de la pièce. Arrivé à quelques centimètres de la porte, deux gardes royaux, vêtus de leurs tenues écarlates traditionnelles bloquèrent le chemin du Moff. Celui-ci se retourna, regardant d’un air de surprise teinté de rage les hommes qui avaient assisté à la scène.
- Qu’est-ce que cela signifie ?
Le Professeur Kahn-Hagen, silencieux jusque là, s’avança auprès de Tarkamir Vo’ordnish et se pencha près de son oreille.
- Je vous conseille vivement de regagner votre place, Grand Moff, murmura-t-il d’un ton des plus autoritaires.
Chapitre III
- Zeidan Kahn-Hagen –
Le directeur Kahn-Hagen venait de contempler avec stupéfaction la chute de l’Empire. Retranché dans son paradis de permabéton, celui qui avait été parmi les premiers fidèles du régime imposé par l’Empereur Palpatine s’était soudain senti comme happé par un sentiment de frustration et de haine comme jamais auparavant. Il savait la rébellion coriace et entêtée mais il était encore plus certain de la puissance de l’Empire et de sa machine de guerre. Tout avait été prévu dans les moindres détails, le regroupement de l’Alliance en orbite de Sullust, le leurre du bouclier de protection de l’Etoile de la Mort, la démonstration finale de l’efficacité de la station orbitale. Rien de tout cela n’avait empêché le pire d’arriver.
Calmement, le Professeur Kahn-Hagen essayait d’apaiser son esprit, d’y chasser ces images de débâcle et de retrouver le port digne qui avait fait de lui l’un des meilleurs éléments de l’administration impériale. Il savait pertinemment que l’appareil politique ne tarderait pas à se mettre en branle et, ce faisant, ne laisserait plus aucune liberté d’action aux divers gouverneurs de secteurs. Il existait des mesures d’urgence en cas de disparition de l’Empereur édictées par l’ancien dirigeant lui-même en présence d’un cercle restreint de fidèles et d’amis. Zeidan Kahn-Hagen en faisait partie. Ces consignes, regroupées sous le terme de Protocole de Wayland, avaient pour but d’éliminer tous les éléments gênant de l’exécutif impérial tout en préparant le retour de l’Empereur. La première phase de ce système avait été dénommé « Épuration » et, comme son nom l’indiquait, elle exigeait la dissolution de toute organisation administrative secondaire et la disparition pure et simple de tout officier ou agent superflu en vue de la réalisation de la deuxième phase.
Zeidan Kahn-Hagen savait pertinemment que la destruction de l’étoile de la mort et la disparition de l’Empereur, si elles étaient infiniment peu envisageables, avaient été tout de même prises en comptes dans certains schémas de développement impériaux. Bien entendu, le nombre de personnes au courant de ces perspectives était plus que restreint et au moins la moitié d’entre elles venait de périr dans l’explosion de la station orbitale de combat. Toutefois, comme il s’y attendait, le Professeur reçu un appel sur son comlink.
- Professeur Kahn-Hagen, la phase une du Protocole de Wayland est activée. Prenez les mesures nécessaires, annonça une voix monocorde.
- Phase « Épuration » activée, comptez sur moi, répondit le directeur à voix basse.
Ravi à l’idée de remettre la machine impériale en route, Zeidan Kahn-Hagen ne put retenir un rictus de satisfaction tout en observant les réactions de ses invités réunis autour de la table. Ses années d’expériences aussi bien dans la Marine qu’au sein du Corps Médical Impérial lui avaient appris à percer l’esprit de toute personne uniquement en scrutant attentivement ses réactions. Il ne s’agissait pas de la pseudo science du comportementalisme, si facile à tromper, mais bel et bien d’un entraînement à l’étude des réactions humaines, de leur incidence sur le métabolisme, des connexions neuronales en pleine effervescence en ces instants là. C’est un peu comme si le Professeur pouvait voir à travers les cellules et les nerfs de tout le monde. Il savait de quoi était fait l’humain et pouvait décrire avec précision les conséquences de chaque réaction psychique à l’intérieur ou à l’extérieur du corps. Cette faculté qu’il avait développé grâce à ses nombreuses années d’études et d’expériences, Zeidan Kahn-Hagen en mesurait l’efficacité en ce moment même. Nul besoin de questionner qui que ce soit autour de la table, il savait que son ami Vernan Wiker se reposait sur lui, que le Grand Moff Vo’ordnish fomentait mille complots pour récupérer le trône et que la dizaine d’administratifs seraient prêts à vendre leurs âmes à la rébellion si ils le pouvaient.
Il savait tout cela. Il savait également que par sa seule autorité, il pouvait faire arrêter la moitié de l’Empire et exécuter l’autre moitié. Cependant, en cet instant précis, tout ceci ne l’intéressait guère. Il allait donner la première impulsion au nouveau souffle impérial, il allait devenir le second père du régime de Palpatine.
Aussi, lorsque Tarkamir Vo’ordnish s’en prit à Vernan Wiker, le Professeur demeura silencieux, écoutant les inepties du Grand Moff qui ne désirait qu’une chose, rejoindre un lieu plus sûr pour assurer sa soif de régner sur les ruines encore fumantes de l’Empire. Mais lorsque ce dernier voulu quitter la pièce, Kahn-Hagen d’un signe de la tête, fit signe aux gardes royaux de bloquer le passage.
- Qu’est ce que cela signifie ? demanda le Grand Moff d’un air indigné.
Le Professeur s’avança alors auprès de Tarkamir Vo’ordnish et se pencha près de son oreille.
- Je vous conseille vivement de regagner votre place, Grand Moff, murmura-t-il d’un ton des plus autoritaires.
- Mais…
- Immédiatement, coupa le Professeur, glacial.
- Vous ne vous en tirerez pas comme cela, Kahn-Hagen ! Vous ne savez pas à qui vous parlez ! clama Vo’ordnish tout en regagnant son siège, contrit.
Après un geste d’acquiescement adressé aux gardes, Zeidan Kahn-Hagen revint se positionner derrière son siège, faisant face à l’assemblée. Durant quelques secondes, il étudia les visages de ses invités et, si son ami Vernan Wiker n’avait pas changé d’attitude, il constata que la masse d’administratifs n’en menait pas large face à cette débauche d’autorité. Il s’autorisa un léger sourire satisfait avant de reprendre la parole.
- Messieurs, comme vous venez de le constater péniblement, Son Altesse l’Empereur a été emporté par la destruction de la station orbitale de combat Étoile de la Mort. Les premiers rapports indiquent que la plupart de la flotte impériale a réussi à sauter dans l’hyperespace et se retrouve à présent disséminée aux confins de la galaxie. Hélas, nous déplorons également la perte du vaisseau amiral Executor ainsi que de la totalité de son équipage. C’est une perte immense pour l’Empire mais qui ne saurait retenir notre désir de vengeance.
- Se venger ? Avec quoi ? Vous l’avez dit vous-même, nos forces armées sont dispersées, Coruscant est révoltée et nous sommes parmi les derniers cadres de la hiérarchie du régime, questionna Vo’ordnish.
- C’est là que réside justement la solution. Les rebelles ne s’attendront jamais à ce que nous nous reformions aussi rapidement.
- Mais…tenta Wiker.
- Son Altesse l’Empereur avait, aussi surprenant que cela paraisse, prévu sa disparition et à laisser des consignes très précises afin de rebâtir au plus vite des institutions stables.
- Avec les différents gouverneurs à travers la galaxie ? Nous arriverons tôt ou tard à une lutte de seigneurs de guerre ! intervint Wiker.
- C’est là qu’entre en action les mesures préalables initiées par Son Altesse l’Empereur ! Celles-ci devaient rester secrètes mais puisque l’heure est venue de les appliquer, je vais vous dire en quoi elles consistent.
- Parfait ! s’exclama Tarkamir Vo’ordnish.
- Ces consignes ont été regroupées sous le nom de code « Protocole de Wayland », elles consistent en une cure des institutions impériales et de ses agents obsolètes ou jugés inefficaces. Son Altesse savait que s’il venait à disparaître, les luttes intestines, elles, ne tarderaient pas à poindre et c’est dans le but d’éviter ce délitement des forces impériales que ces normes ont été édictées. Le Protocole de Wayland est divisé en trois phases distinctes : la première, baptisée « Épuration » consiste en une purge des agents. La deuxième, « Réhabilitation » doit donner un cadre nouveau aux institutions impériales et enfin « Justification » servira à assurer la bonne intelligence entre tous les services dans le but de ne pas faire les mêmes erreurs que celles qui ont conduit à la situation actuelle.
- Vous êtes en train de nous dire que l’Empereur avait prévu cette situation ? s’indigna Vo’ordnish.
- Disons qu’il l’avait envisagé sans pour autant la désirer.
- C’est scandaleux ! vociféra le Grand Moff, dont le teint écarlate trahissait la colère.
- Je vous rassure Moff, vous n’aurez pas l’occasion de vous révolter plus longtemps, répondit Kahn-Hagen d’une voix calme et posée.
- Comment…
A cet instant, les deux gardes rouges qui se trouvaient à l’entrée de la pièce s’avancèrent vers le Moff et l’immobilisèrent grâce à des menottes magnétiques. Vernan Wiker qui ne s’attendait pas à cela, eut un mouvement de recul, comme pour parer à toute éventualité. Les administrateurs impériaux, quant à eux, se levèrent comme un seul homme afin de marquer leur désapprobation vis-à-vis de cette arrestation pour le moins soudaine.
- C’est un acte de trahison ! avança l’un deux tout en conservant une distance raisonnable par rapport aux gardes.
- Je suis on ne peux plus d’accord, rétorqua le Professeur, affichant un sourire narquois. Les projets fomentés par le Grand Moff Vo’ordnish à l’égard de la stabilité impériale vont à l’encontre des directives de Son Altesse concernant sa succession.
- C’est vous le traître ! hurla celui qu’on amenait de force hors de la pièce.
Alors que la dizaine d’intendants impériaux se massait pour sortir de la salle, cinq nouveaux gardes royaux entrèrent et les mirent instantanément en joug avec leurs piques de force. Les conseillers se retournèrent vers le Professeur Kahn-Hagen, interloqués. Ce dernier s’était rassis dans son siège, observant la scène avec amusement et délectation, à en croire l’indéfectible sourire qu’il arborait. A ses côtés, le Grand Amiral Wiker restait impassible, comme s’il s’attendait à ce qu’il venait de se passer.
Au dehors, la nuit était maintenant totale et seules les lumières artificielles du bâtiment éclairaient les alentours. Le reste de la ville ne connaissait pas réellement d’agitation nocturne. Pourtant, tout le monde sur Sartinaynian avait dû voir les images atroces de la fin de l’Empire. Tous les habitants de cette planète, parmi les plus fervents fidèles de l’Empereur avaient assisté à la chute de leur régent, à des milliards d’années lumière de là. Impuissante, la population locale savait qu’elle pouvait compter sur les quelques hommes regroupés en ce moment même dans une salle de réunion. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que dans cette salle, l’Empire y connaissait comme un second bouleversement.
-Épilogue-
Au sommet du Palais des Constellations, immense bâtiment de pierre noire aux reflets bleutés, totalement consacré aux services impériaux, deux hommes étaient seuls face à la destiné de tout un régime. Vernan Wiker, Grand Amiral des Flottes de l’Empire et Zeidan Kahn-Hagen, Directeur du Centre Impérial d’Études Biologiques et Conseiller de l’Empereur entre autres titres, observaient le ciel de jais, en ce soir de deuil.
- Le Grand Moff Vo’ordnish a été mis aux arrêt, Professeur.
- Merci de votre collaboration Arkus. Vous pouvez rentrer chez vous.
- Je vous remercie Professeur Kahn-Hagen. Bonne soirée.
- Oui… Bonne soirée.
Le Professeur Zeidan Kahn-Hagen repensait, tout en observant le paysage nocturne qui s’offrait à lui, à son fils, Jens, qui en ce moment même devait être aux confins des mondes inconnus pour y civiliser les peuples et imposer la vision impériale. Il pensait également à sa fille, qui allait certainement connaître les heures les plus douloureuses de sa vie avec son gouvernement sur Bestine puis à sa femme qui, il en était sûr, le regardait depuis la voûte céleste, parmi les innombrables étoiles. Elle lui manquait tellement.
- C’est ainsi que cela se termine alors ? Avec la mort de l’Empereur ? remarqua Wiker à voix haute.
- Le combat n’est pas terminé, d’autres lutteront, répondit Kahn-Hagen.
- Et toi ? Que vas-tu faire maintenant que la tête de l’Empire s’offre à toi ?
- J’ai d’autres projets. Je laisse la direction de l’Empire à ceux qui en auront la compétence et le courage. Je ne suis pas fait pour diriger ce genre de chose.
- Des projets ? questionna le Grand Amiral.
- Oui mon ami. Un de mes contacts sur Rhommamool m’a proposé de l’aider sur la conception de produits chimiques. Ne t’en fais pas, l’Empire n’attend pas après moi.
- Sans toi, l’Empire est perdu ! Tu as été un de ses pères ! Si tu pars, ce sera la guerre interne sans fin, avec des gens comme Vo’ordnish ! s’exclama Vernan Wiker, dépité.
- Il reviendra bientôt, et tout redeviendra comme avant, l’espoir, les victoires, l’ordre.
- Il est mort Zeidan ! Accepte-le !
- Les grands hommes ne meurent jamais Vernan, conclut le Professeur en regardant les étoiles. Jamais.
Voilà ce texte, soumis à la lecture et à l'avis de la "nouvelle" génération d'aficionados de FF
