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Il y avait des savoirs que seuls les holocrons recelaient. Les données holographiques enregistrées dans ces dispositifs étranges n’étaient accessibles qu’aux utilisateurs de la Force. En conséquence, ils utilisaient également ce moyen pour archiver leurs connaissances : combat, études de la Force, histoire des Jedi et des Sith…
Cependant, depuis l’instauration de l’Empire, la cachette d’un Jedi survivant aurait bien été la dernière chose enregistrée dans un holocron. Or Cal Kestis ne connaissait pas de source d’informations interdites plus secrète. Alors comment Fulcrum avait-elle eu vent de ce padawan qu’elle lui avait demandé d’aider ? Il l’ignorait…
Chassant ces réflexions, le Jedi rejoignit Merrin dans le cockpit du Mantis. Il s’assit à ses côtés en souriant et reprit les commandes. Le vaisseau arrivait à son objectif : l’épave d’un Venator tombé depuis longtemps sur cette planète désertique.
L’intérieur n’était que silence, obscurité… et Force. Une guerre et la présence des Jedi laissaient forcément des traces. Merrin percevait elle aussi des ressentis étranges. Cal se plongea dans certains des Echos parsemant le monstre éviscéré. L’un montra un soldat clone d’élite, animé par une détermination sans faille, un entraînement exceptionnel, mais aussi une absence totale de scrupules et de remords.
— Sinon, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça quand tu m’as parlé d’un Jedi, dit-elle alors qu’ils progressaient dans les coursives décrépies.
— J’ai été surpris aussi, la première fois quand je l’ai croisé au Temple…
Le Jedi que Fulcrum leur avait demandé de secourir était Grogu, un juvénile de la race de Yoda. Muet, pas encore indépendant, il était néanmoins âgé d’au moins quarante ans. Un être mystérieux qui avait toujours fasciné Cal. Avec Merrin, ils avaient été ravis d’apprendre sa survie et comptaient faire tout leur possible pour le retrouver.
Les vitres défoncées de la passerelle avaient depuis longtemps laissé le sable de Tatooine s’accumuler dans les quartiers de feu les généraux Jedi quand les deux jeunes gens y parvinrent enfin. Cal se plongea dans la Force en explorant la cabine. Les Echos se firent plus distincts. Des Jedi, leurs victoires, leurs défaites… Enfin il ressentit une trace de Grogu. Il exulta… et tout s’arrêta.
— Tu as trouvé quelque chose ? demanda Merrin.
— Rien de précis… juste une trace de lui. Il aurait bien aimé un endroit appelé « Black Spire ». Et toi ?
— Rien sur Grogu, dit-elle, mais par contre, regarde ici.
Sur un bureau, de l’autre côté de la pièce, se trouvait un vieux datapad montrant des documents sur Grievous. Cal perçut tout de suite les émotions suscitées chez Merrin. Il avait massacré son peuple. Les souvenirs de ses sœurs disparues remontaient. Quelques larmes coulèrent sur ses joues.
Cal la laissa se recueillir et examina une étagère. Un objet attirait son attention. Un livre. Pas un fichier holographique, mais un vrai livre en papier marqué du symbole des Jedi. Une observation détaillée lui révéla qu’il devait dater de plusieurs siècles. Mieux encore, il avait été annoté à la main par une Jedi de la Haute République.
Le Jedi referma soigneusement cette découverte inattendue et l’emporta dans son sac. Lui et Merrin rebroussèrent chemin par l’extérieur du Venator. La longue glissade sur la superstructure portant les passerelles rappela à Cal ses anciennes explorations.
Arrivés sur la coque, ils descendirent dans le hangar principal par la grande ouverture dorsale, restée ouverte. Il ne leur restait qu’à sortir par un côté pour regagner le sol quand tout le duracier trembla puis un vieil ARC-170 fut violemment déplacé. Interdits, Cal et Merrin virent un dragon Krayt sortir de l’ombre et s’avancer devant eux en rugissant.
— Faut sortir par le haut !!
Les deux jeunes gens esquivèrent de justesse la première attaque du prédateur. Ils escaladèrent tuyaux, caisses, coursives, poutres pour parvenir sur le dos de la coque. En vain. Griffant, sautant, déchirant des parois, le dragon finit par sortir du Venator lui aussi.
Cal alluma son sabre laser, Merrin des flammes vertes dans ses mains. L’animal frappa du pied, prit son élan… et fut pulvérisé par une salve de canon laser.
Un cargo modifié vint se poser devant Cal et Merrin stupéfaits. En sortit un homme grand, portant un manteau beige, le regard décontracté mais aussi avec une certaine étincelle de malice, de magouilles.
— Euh… merci pour le sauvetage ? se risqua Merrin.
— Vous pouvez le dire, ça, les jeunes ! Mais pour la perle, faudra repasser.
— On n’était pas là pour ça. Par contre, je peux vous demander un renseignement ?
— Je viens de te sauver la mise, mon gars…
Cal comprit le sous-entendu et, après quelques instants de réflexion, montra à contrecœur le livre Jedi à Beckett, qui poussa un sifflement admiratif.
— Et il a été annoté par Avar Kriss elle-même, précisa-t-il.
— Je vois, oui... dit Beckett. Bien, qu’est-ce que tu veux savoir ?
— Vous connaissez un endroit appelé Black Spire ?
Black Spire était le nom du plus grand spatioport de Batuu, dans l’Espace Sauvage, apprirent Cal et Merrin. Il s’agissait maintenant de leur prochaine étape. Ils prirent congé de Beckett et repartirent vers leur vaisseau. Toutefois un détail tracassait Merrin :
— Cal, échanger ce livre… ça ne t’a rien fait ?
— Il avait été édité par les Jedi de la Haute République, mais ça reste un livre de cuisine. Et je connais pas l’écriture d’Avar Kriss !
La Dathomirienne marqua un instant de surprise avant d’éclater de rire avec son ami.
— Allez viens, quittons ce tas de cailloux !
— Et toi, comment tu t’appelles ?
— Cal Kestis ! Et… c’est vrai que vous avez rencontré Qui-Gon Jinn ?
— Oui. Il était… un Jedi puissant, assurément.
— Au sabre ?
— Plus que ça. Sans son sacrifice sur Naboo, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui…
Cal se réveilla en sursaut. Le ronronnement des moteurs l’aida à reprendre ses esprits. Cette visite au Temple de Sabé, la célèbre assistante de la sénatrice Amidala… encore un souvenir de cette époque. Ils étaient nombreux, bons en soi mais au goût amer désormais. Cal n’aimait pas les revivre.
Il se leva et rejoignit Merrin aux commandes.
Le Mantis sortit de l’hyperespace au-dessus de Cato Neimodia. Beckett avait assuré que cette route était plus discrète, mais Cal ne fit que se renfrogner davantage. Ses habitants avaient créé la Fédération du Commerce puis financé les Séparatistes. Sans eux, la Guerre des Clones n’aurait pas eu lieu et les Jedi n’auraient pas fini éliminés.
— Détends-toi, on fait juste une orbite.
La voix douce de Merrin ramena Cal à la réalité et orna son visage d’un sourire. C’était décidément une jeune femme merveilleuse.
Ils atteignirent Batuu un peu moins d’une rotation plus tard.
Merrin n’avait pas visité beaucoup de planètes, et beaucoup étaient peu peuplées. Alors, dans la zone de marché de Black Spire, elle ne savait plus où donner de la tête. Langues, effluves et couleurs différentes grouillaient de partout. Elle fut attirée par un stand qui exposait un grand nombre d’animaux en cage.
— Tu m’en as parlé, ça s’appelle comment déjà ? Un… fennec de Crait ?
— Vulptex, dit Cal. Mais ça vient bien de Crait, oui.
A travers les barreaux, Merrin caressa l’animal qui se mit à ronronner.
— Mmh… t’es mignon, oui, mais pas autant que notre bogling !
Pour glaner des informations ou pour se changer les idées après un long voyage, Oga’s Cantina était l’endroit idéal. Avalant goulument son jus de fruits jogan – elle ne connaissait pas, et elle trouvait excellent –, Merrin écoutait les conversations au comptoir.
— Une fois il y a un type bleu avec un uniforme zarbi qu’est entré ici, je me souviens ! dit un Togruta éméché.
— Oui bien sûr, et il t’a donné une arme mystique aussi ? répondit le barman d’un ton las.
— Ah non ! Mais son pote, lui, il avait un sabre de Jedi, carrément ! Je te jure !
Entre le temps passé à écouter et leurs conversations personnelles, les verres s’étaient succédé sur la table du couple. A présent, Merrin avalisait l’opinion de Cal sur ces canettes Mara Jade Cocktails : c’était infect. Elles n’étaient pas les boissons les moins chères de l’établissement sans raison… Heureusement, ils avaient fini par apprendre des informations utiles. Avant la Purge, Batuu était connue des Jedi, notamment pour la présence d’un Temple datant de la Haute République. Et un homme, à Black Spire, était spécialiste des reliques de toute sorte.
Buvant sa dernière gorgée à contrecœur, Merrin se leva, Cal à sa suite, et marcha vers la sortie.
En quittant la cantina, ils croisèrent un astromech bleu et blanc, propre, pépiant sur une tonalité rassurante. Cal et Merrin l’ignorèrent et continuèrent leur chemin. Leur objectif se trouvait de l’autre côté de la zone marchande. Un bâtiment vaguement sphérique, gris, visiblement ancien et solide. Tel était l’aspect de l’antre de Dok-Ondar, le plus prestigieux magasin de Batuu où l’on trouvait peut-être la plus grande collection d’antiquités de toute la galaxie.
Un Céréen attendait devant, appuyé contre le mur. Il ne réagit aux deux visiteurs que par un grognement approximatif.
— Nous voudrions voir Dok-Ondar… en privé, dit Merrin.
— Grammo zekk grz’…
Un non-humain à la mine patibulaire gronda des jurons inintelligibles lorsque Cal et Merrin, en entrant dans le bâtiment en suivant le Céréen, le forcèrent à infléchir sa marche un instant. Mais quelque chose d’autre capta leur attention : l’immense quantité d’objets rares accrochés au mur ou posés sur les étagères. Cal n’en crut pas ses yeux lorsqu’il vit une tunique Jedi de la Haute République, Merrin resta pantoise devant une tête de la même espèce que Gorgara.
L’homme de main les interpella dans un basic châtié. L’Ithorien acceptait de les recevoir.
Ils pénétrèrent fébriles dans l’arrière-boutique. Et en ressortirent plus que déçus.
Dok-Ondar ne leur avait donné aucun véritable renseignement. S’il avait admis du bout des lèvres que Grogu avait transité par Batuu quelques temps avant, il avait botté en touche puis renvoyé le couple quand ils avaient voulu savoir sa destination ou qui l’accompagnait.
La tête basse, sans piper mot, Cal et Merrin retournèrent machinalement au Mantis… pour avoir la surprise du Céréen qui les y attendait.
— Déçus, hein ?
— Ah ça, c'est sûr, oui !
— Je peux peut-être vous dépanner… si vous avez assez de crédits.
Si Dok-Ondar s’était montré aussi évasif, c’est parce qu’un mystérieux Impérial haut placé était lui aussi sur la piste de la petite créature. Il n’en savait pas plus sur cet homme, mais l’impression qu’il lui avait laissée était assez inquiétante.
— Et Grogu ?
— … leur vaisseau… est parti pour Troithe, dit le Céréen avant d’empocher les crédits et de s’en aller.
Cal et Merrin se regardèrent de la même expression, mêlant crainte et détermination. Le Noyau. Un Impérial. Ce sauvetage s’annonçait plus compliqué que prévu. Mais abandonner Grogu n’était pas une option.
Non sans appréhension, Cal activa la communication avec le contact de Greez. Les systèmes spéciaux du Mantis n’auraient jamais assez d’influence sur les contrôles impériaux dans le Noyau, avait prévenu le Latero. En conséquence, il avait transmis au couple les coordonnées d’une de ses connaissances. Un pirate et contrebandier tout sauf digne de confiance mais qui avait toujours un tuyau pour tout – y compris des codes d’accès rares.
L’hologramme d’un Weequay mince, aux cornes saillantes et au sourire étrange se matérialisa.
— Bonjour… je suis un ami de Greez.
Son interlocuteur s’appelait Hondo Ohnaka et était plutôt étrange pour un pirate : fantasque, désinvolte, il parlait surtout énormément. Même depuis le cockpit, Merrin sentait la patience de Cal diminuer au fil de la conversation qui progressait lentement.
— Greez m’a dit que vous pourriez me procurer des codes d’accès impériaux pour le Noyau ?
— Bien sûr, bien sûr… Des codes pour quel secteur, mon ami ? Coruscant, Vardos ? Ça me fait penser, je connais un bar à Twi’leks sur Vardos, il y en a une qui…
— Troithe.
Hondo se figea à cette réponse.
L’Impérial sur la piste de Grogu, expliqua Hondo, était Gallius Rax. Ce mystérieux conseiller de l’Empereur venait de confiner tout le système Cerberon. Des codes du Noyau ne suffiraient pas à y pénétrer. Mais cela ne renforça que la détermination de Cal à s’y rendre.
Heureusement Hondo, comme à son habitude, avait une solution contre une allonge de crédits, comme à son habitude. De mauvaise grâce, Cal transféra l’argent – leurs réserves s’amenuisaient de plus en plus. Il obtint les fameux codes et les coordonnées d’un contrebandier réputé.
Il rejoignit enfin Merrin dans le cockpit, avec deux verres de spotchka.
— Cal, j’ai entendu Hondo en parler avant. C’est quoi un bar à Twi’leks ?
Le Jedi donna à Merrin la réponse la plus neutre possible. Mais avant la guerre, il avait appris des faits sordides sur ce genre d’établissements.
— Et c’est… normal, que ces femmes s’exposent ainsi ?
— Ça dépend. Certaines choisissent de le faire, pour l’argent ou les sensations. Mais souvent elles y sont forcées, directement ou non.
Merrin porta son regard, pensive, sur le flou de l’hyperespace.
— Alors, dit-elle, on a encore beaucoup de travail. Beaucoup de bien à apporter.
Cal acquiesça en lui prenant la main.
Cal et Merrin avalaient machinalement leur bol de chaudrée, spécialité de la lune où ils faisaient étape durant le long trajet vers Coruscant. Ils faisaient néanmoins attention à ce que les petites pieuvres ne sautent pas du bol – cela faisait partie du charme de ce plat.
Le couple ne l’avait pas remarqué, mais de l’autre côté de la zone d’atterrissage se trouvait un concessionnaire d’astronefs d’occasion. L’un des appareils ne pouvait pas savoir que, une dizaine d’années plus tard, une chercheuse de trésors à la moralité aussi douteuse que le choix de ses conquêtes l’écraserait dans un désert.
Cependant, depuis l’instauration de l’Empire, la cachette d’un Jedi survivant aurait bien été la dernière chose enregistrée dans un holocron. Or Cal Kestis ne connaissait pas de source d’informations interdites plus secrète. Alors comment Fulcrum avait-elle eu vent de ce padawan qu’elle lui avait demandé d’aider ? Il l’ignorait…
Chassant ces réflexions, le Jedi rejoignit Merrin dans le cockpit du Mantis. Il s’assit à ses côtés en souriant et reprit les commandes. Le vaisseau arrivait à son objectif : l’épave d’un Venator tombé depuis longtemps sur cette planète désertique.
L’intérieur n’était que silence, obscurité… et Force. Une guerre et la présence des Jedi laissaient forcément des traces. Merrin percevait elle aussi des ressentis étranges. Cal se plongea dans certains des Echos parsemant le monstre éviscéré. L’un montra un soldat clone d’élite, animé par une détermination sans faille, un entraînement exceptionnel, mais aussi une absence totale de scrupules et de remords.
— Sinon, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça quand tu m’as parlé d’un Jedi, dit-elle alors qu’ils progressaient dans les coursives décrépies.
— J’ai été surpris aussi, la première fois quand je l’ai croisé au Temple…
Le Jedi que Fulcrum leur avait demandé de secourir était Grogu, un juvénile de la race de Yoda. Muet, pas encore indépendant, il était néanmoins âgé d’au moins quarante ans. Un être mystérieux qui avait toujours fasciné Cal. Avec Merrin, ils avaient été ravis d’apprendre sa survie et comptaient faire tout leur possible pour le retrouver.
Les vitres défoncées de la passerelle avaient depuis longtemps laissé le sable de Tatooine s’accumuler dans les quartiers de feu les généraux Jedi quand les deux jeunes gens y parvinrent enfin. Cal se plongea dans la Force en explorant la cabine. Les Echos se firent plus distincts. Des Jedi, leurs victoires, leurs défaites… Enfin il ressentit une trace de Grogu. Il exulta… et tout s’arrêta.
— Tu as trouvé quelque chose ? demanda Merrin.
— Rien de précis… juste une trace de lui. Il aurait bien aimé un endroit appelé « Black Spire ». Et toi ?
— Rien sur Grogu, dit-elle, mais par contre, regarde ici.
Sur un bureau, de l’autre côté de la pièce, se trouvait un vieux datapad montrant des documents sur Grievous. Cal perçut tout de suite les émotions suscitées chez Merrin. Il avait massacré son peuple. Les souvenirs de ses sœurs disparues remontaient. Quelques larmes coulèrent sur ses joues.
Cal la laissa se recueillir et examina une étagère. Un objet attirait son attention. Un livre. Pas un fichier holographique, mais un vrai livre en papier marqué du symbole des Jedi. Une observation détaillée lui révéla qu’il devait dater de plusieurs siècles. Mieux encore, il avait été annoté à la main par une Jedi de la Haute République.
Le Jedi referma soigneusement cette découverte inattendue et l’emporta dans son sac. Lui et Merrin rebroussèrent chemin par l’extérieur du Venator. La longue glissade sur la superstructure portant les passerelles rappela à Cal ses anciennes explorations.
Arrivés sur la coque, ils descendirent dans le hangar principal par la grande ouverture dorsale, restée ouverte. Il ne leur restait qu’à sortir par un côté pour regagner le sol quand tout le duracier trembla puis un vieil ARC-170 fut violemment déplacé. Interdits, Cal et Merrin virent un dragon Krayt sortir de l’ombre et s’avancer devant eux en rugissant.
— Faut sortir par le haut !!
Les deux jeunes gens esquivèrent de justesse la première attaque du prédateur. Ils escaladèrent tuyaux, caisses, coursives, poutres pour parvenir sur le dos de la coque. En vain. Griffant, sautant, déchirant des parois, le dragon finit par sortir du Venator lui aussi.
Cal alluma son sabre laser, Merrin des flammes vertes dans ses mains. L’animal frappa du pied, prit son élan… et fut pulvérisé par une salve de canon laser.
Un cargo modifié vint se poser devant Cal et Merrin stupéfaits. En sortit un homme grand, portant un manteau beige, le regard décontracté mais aussi avec une certaine étincelle de malice, de magouilles.
— Euh… merci pour le sauvetage ? se risqua Merrin.
— Vous pouvez le dire, ça, les jeunes ! Mais pour la perle, faudra repasser.
— On n’était pas là pour ça. Par contre, je peux vous demander un renseignement ?
— Je viens de te sauver la mise, mon gars…
Cal comprit le sous-entendu et, après quelques instants de réflexion, montra à contrecœur le livre Jedi à Beckett, qui poussa un sifflement admiratif.
— Et il a été annoté par Avar Kriss elle-même, précisa-t-il.
— Je vois, oui... dit Beckett. Bien, qu’est-ce que tu veux savoir ?
— Vous connaissez un endroit appelé Black Spire ?
Black Spire était le nom du plus grand spatioport de Batuu, dans l’Espace Sauvage, apprirent Cal et Merrin. Il s’agissait maintenant de leur prochaine étape. Ils prirent congé de Beckett et repartirent vers leur vaisseau. Toutefois un détail tracassait Merrin :
— Cal, échanger ce livre… ça ne t’a rien fait ?
— Il avait été édité par les Jedi de la Haute République, mais ça reste un livre de cuisine. Et je connais pas l’écriture d’Avar Kriss !
La Dathomirienne marqua un instant de surprise avant d’éclater de rire avec son ami.
— Allez viens, quittons ce tas de cailloux !
— Et toi, comment tu t’appelles ?
— Cal Kestis ! Et… c’est vrai que vous avez rencontré Qui-Gon Jinn ?
— Oui. Il était… un Jedi puissant, assurément.
— Au sabre ?
— Plus que ça. Sans son sacrifice sur Naboo, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui…
Cal se réveilla en sursaut. Le ronronnement des moteurs l’aida à reprendre ses esprits. Cette visite au Temple de Sabé, la célèbre assistante de la sénatrice Amidala… encore un souvenir de cette époque. Ils étaient nombreux, bons en soi mais au goût amer désormais. Cal n’aimait pas les revivre.
Il se leva et rejoignit Merrin aux commandes.
Le Mantis sortit de l’hyperespace au-dessus de Cato Neimodia. Beckett avait assuré que cette route était plus discrète, mais Cal ne fit que se renfrogner davantage. Ses habitants avaient créé la Fédération du Commerce puis financé les Séparatistes. Sans eux, la Guerre des Clones n’aurait pas eu lieu et les Jedi n’auraient pas fini éliminés.
— Détends-toi, on fait juste une orbite.
La voix douce de Merrin ramena Cal à la réalité et orna son visage d’un sourire. C’était décidément une jeune femme merveilleuse.
Ils atteignirent Batuu un peu moins d’une rotation plus tard.
Merrin n’avait pas visité beaucoup de planètes, et beaucoup étaient peu peuplées. Alors, dans la zone de marché de Black Spire, elle ne savait plus où donner de la tête. Langues, effluves et couleurs différentes grouillaient de partout. Elle fut attirée par un stand qui exposait un grand nombre d’animaux en cage.
— Tu m’en as parlé, ça s’appelle comment déjà ? Un… fennec de Crait ?
— Vulptex, dit Cal. Mais ça vient bien de Crait, oui.
A travers les barreaux, Merrin caressa l’animal qui se mit à ronronner.
— Mmh… t’es mignon, oui, mais pas autant que notre bogling !
Pour glaner des informations ou pour se changer les idées après un long voyage, Oga’s Cantina était l’endroit idéal. Avalant goulument son jus de fruits jogan – elle ne connaissait pas, et elle trouvait excellent –, Merrin écoutait les conversations au comptoir.
— Une fois il y a un type bleu avec un uniforme zarbi qu’est entré ici, je me souviens ! dit un Togruta éméché.
— Oui bien sûr, et il t’a donné une arme mystique aussi ? répondit le barman d’un ton las.
— Ah non ! Mais son pote, lui, il avait un sabre de Jedi, carrément ! Je te jure !
Entre le temps passé à écouter et leurs conversations personnelles, les verres s’étaient succédé sur la table du couple. A présent, Merrin avalisait l’opinion de Cal sur ces canettes Mara Jade Cocktails : c’était infect. Elles n’étaient pas les boissons les moins chères de l’établissement sans raison… Heureusement, ils avaient fini par apprendre des informations utiles. Avant la Purge, Batuu était connue des Jedi, notamment pour la présence d’un Temple datant de la Haute République. Et un homme, à Black Spire, était spécialiste des reliques de toute sorte.
Buvant sa dernière gorgée à contrecœur, Merrin se leva, Cal à sa suite, et marcha vers la sortie.
En quittant la cantina, ils croisèrent un astromech bleu et blanc, propre, pépiant sur une tonalité rassurante. Cal et Merrin l’ignorèrent et continuèrent leur chemin. Leur objectif se trouvait de l’autre côté de la zone marchande. Un bâtiment vaguement sphérique, gris, visiblement ancien et solide. Tel était l’aspect de l’antre de Dok-Ondar, le plus prestigieux magasin de Batuu où l’on trouvait peut-être la plus grande collection d’antiquités de toute la galaxie.
Un Céréen attendait devant, appuyé contre le mur. Il ne réagit aux deux visiteurs que par un grognement approximatif.
— Nous voudrions voir Dok-Ondar… en privé, dit Merrin.
— Grammo zekk grz’…
Un non-humain à la mine patibulaire gronda des jurons inintelligibles lorsque Cal et Merrin, en entrant dans le bâtiment en suivant le Céréen, le forcèrent à infléchir sa marche un instant. Mais quelque chose d’autre capta leur attention : l’immense quantité d’objets rares accrochés au mur ou posés sur les étagères. Cal n’en crut pas ses yeux lorsqu’il vit une tunique Jedi de la Haute République, Merrin resta pantoise devant une tête de la même espèce que Gorgara.
L’homme de main les interpella dans un basic châtié. L’Ithorien acceptait de les recevoir.
Ils pénétrèrent fébriles dans l’arrière-boutique. Et en ressortirent plus que déçus.
Dok-Ondar ne leur avait donné aucun véritable renseignement. S’il avait admis du bout des lèvres que Grogu avait transité par Batuu quelques temps avant, il avait botté en touche puis renvoyé le couple quand ils avaient voulu savoir sa destination ou qui l’accompagnait.
La tête basse, sans piper mot, Cal et Merrin retournèrent machinalement au Mantis… pour avoir la surprise du Céréen qui les y attendait.
— Déçus, hein ?
— Ah ça, c'est sûr, oui !
— Je peux peut-être vous dépanner… si vous avez assez de crédits.
Si Dok-Ondar s’était montré aussi évasif, c’est parce qu’un mystérieux Impérial haut placé était lui aussi sur la piste de la petite créature. Il n’en savait pas plus sur cet homme, mais l’impression qu’il lui avait laissée était assez inquiétante.
— Et Grogu ?
— … leur vaisseau… est parti pour Troithe, dit le Céréen avant d’empocher les crédits et de s’en aller.
Cal et Merrin se regardèrent de la même expression, mêlant crainte et détermination. Le Noyau. Un Impérial. Ce sauvetage s’annonçait plus compliqué que prévu. Mais abandonner Grogu n’était pas une option.
Non sans appréhension, Cal activa la communication avec le contact de Greez. Les systèmes spéciaux du Mantis n’auraient jamais assez d’influence sur les contrôles impériaux dans le Noyau, avait prévenu le Latero. En conséquence, il avait transmis au couple les coordonnées d’une de ses connaissances. Un pirate et contrebandier tout sauf digne de confiance mais qui avait toujours un tuyau pour tout – y compris des codes d’accès rares.
L’hologramme d’un Weequay mince, aux cornes saillantes et au sourire étrange se matérialisa.
— Bonjour… je suis un ami de Greez.
Son interlocuteur s’appelait Hondo Ohnaka et était plutôt étrange pour un pirate : fantasque, désinvolte, il parlait surtout énormément. Même depuis le cockpit, Merrin sentait la patience de Cal diminuer au fil de la conversation qui progressait lentement.
— Greez m’a dit que vous pourriez me procurer des codes d’accès impériaux pour le Noyau ?
— Bien sûr, bien sûr… Des codes pour quel secteur, mon ami ? Coruscant, Vardos ? Ça me fait penser, je connais un bar à Twi’leks sur Vardos, il y en a une qui…
— Troithe.
Hondo se figea à cette réponse.
L’Impérial sur la piste de Grogu, expliqua Hondo, était Gallius Rax. Ce mystérieux conseiller de l’Empereur venait de confiner tout le système Cerberon. Des codes du Noyau ne suffiraient pas à y pénétrer. Mais cela ne renforça que la détermination de Cal à s’y rendre.
Heureusement Hondo, comme à son habitude, avait une solution contre une allonge de crédits, comme à son habitude. De mauvaise grâce, Cal transféra l’argent – leurs réserves s’amenuisaient de plus en plus. Il obtint les fameux codes et les coordonnées d’un contrebandier réputé.
Il rejoignit enfin Merrin dans le cockpit, avec deux verres de spotchka.
— Cal, j’ai entendu Hondo en parler avant. C’est quoi un bar à Twi’leks ?
Le Jedi donna à Merrin la réponse la plus neutre possible. Mais avant la guerre, il avait appris des faits sordides sur ce genre d’établissements.
— Et c’est… normal, que ces femmes s’exposent ainsi ?
— Ça dépend. Certaines choisissent de le faire, pour l’argent ou les sensations. Mais souvent elles y sont forcées, directement ou non.
Merrin porta son regard, pensive, sur le flou de l’hyperespace.
— Alors, dit-elle, on a encore beaucoup de travail. Beaucoup de bien à apporter.
Cal acquiesça en lui prenant la main.
Cal et Merrin avalaient machinalement leur bol de chaudrée, spécialité de la lune où ils faisaient étape durant le long trajet vers Coruscant. Ils faisaient néanmoins attention à ce que les petites pieuvres ne sautent pas du bol – cela faisait partie du charme de ce plat.
Le couple ne l’avait pas remarqué, mais de l’autre côté de la zone d’atterrissage se trouvait un concessionnaire d’astronefs d’occasion. L’un des appareils ne pouvait pas savoir que, une dizaine d’années plus tard, une chercheuse de trésors à la moralité aussi douteuse que le choix de ses conquêtes l’écraserait dans un désert.
Millenium Falcon (96 mots)
La chance tournait-elle en leur faveur ? Cal pouvait l’espérer. Les graines du terrarium du Mantis ramenées de Dathomir valaient apparemment assez cher pour que ce Lando accepte de les déposer sur Troithe à bord de son vaisseau personnel. Tandis que l’astronef se jouait du blocus, Merrin s’extasiait sur le luxe de l’intérieur.
Bon, il avait aussi des défauts. Là où Cal et et Merrin voulaient privilégier la discrétion, cet homme échangeait des mots doux avec les contrôleuses du spatioport et se posa dans le quartier le plus huppé de la capitale.