La fin de cette histoire approche à grands pas.
N'écoutant que mon bon cœur

, Je vous offre en guise de bouquet final le dernier chapitre et l'épilogue!
Chapitre 23 : L'heure des bilans.
Un mort bien vivant- … Les données que j'ai pu recueillir sont très fragmentaires. Mais il n'y a, à priori, aucune incompatibilité entre mes cellules et les midi-chlorians. J'en ai, d'ailleurs ! Moins que la plupart des gens, mais j'en ai. En plus, j'ai cru comprendre que le Bacta avait quelque chose à voir avec la Force (1). Et il y a peu, je nageais dedans ! Peut-être que c'est pour une autre raison que j'ai rejeté ce nuage.
Le clone se concentra sur ses souvenirs :
- Ce truc n'était pas que Magnus : il y avait autre chose et c'était pas gentil ! Je l'ai senti quand c' est entré : une sensation horrible, comme des milliers de vers grouillant dans ma tête ! Ce truc est comme une maladie, comme une de ces saloperies neïmodiennes (2)!
Il eut une grimace de dégoût, puis :
- pas de chance pour elle, j'suis jamais malade, figurez-vous ! Mon système immunitaire rejette tout corps étranger à vitesse super luminique (3) : poisons, virus, parasites, tout ! Une fois, y a un concurrent qui essayé de me…
Bon, bref, j' dirais qu'elle a essayé de rentrer en force dans la cantina et qu'elle s'est faite éjecter par les videurs ! Ou alors, elle a fuit le boucan et l'odeur !
Il pointa un doigt vers son crâne :
- faut reconnaître que ça sent pas très bon, là-dedans !
Mara Jade sourit, mais elle avait une autre hypothèse:
- Quand je vous ai rencontré pour la première fois, j'ai cru que vous étiez le prototype d'un programme de super-soldats. Mais je me demande si Palpatine n'avait pas une autre idée. Il se méfiait des Doloriens. Je crois même qu'il les redoutait. Peut-être redoutait-il en fait ce « parasite » dont vous avez parlé. Pensez-vous qu'il vous ait conçu pour traiter le problème ?
- Possible… Mais d'après ce que je sais, IL est mort bien avant que le programme n'aboutisse. Quelqu'un l'a poursuivi, mais qui ? Magnus prétendait que c'était lui mais, compte tenu de ce qui lui est arrivé, je n'y crois pas . Quelqu'un l'a doublé, c'est sûr, et il s'est fait avoir en beauté ! Tromperie sur la marchandise ! Y a un escroc en liberté ! Protesta-t-il, faussement indigné.
- Sérieusement, je ne sais pas. J'ai fini par laisser tomber mes recherches sur le sujet. Pour le moment : je me disais qu'une fois que j'aurais conquis la galaxie, ou au moins mon petit empire à moi, je pourrais… Enfin, même ça, j'ai laissé tomber.
- Cela a du être difficile pour vous de renoncer...
- … si près du but ? Pas tant que ça, finalement! J'ai de drôles d'idées, ces derniers temps. Des tas de questions dans ma tête…
Le convalescent se tut, comme s'il essayait de donner un sens à ses drôles d'idées :
- Comment dire… Le problème, c'est je ne pensais pas avoir à payer un prix si élevé pour parvenir à mes fins. Ou plutôt que le faire payer par d'autres pouvait être si difficile. Ah, j'ai du mal à expliquer…
- J'ai compris, je crois : Cela s'appelle une conscience.
- Ouais… Je ne savais pas que j'en avais une. Eh bien, c'est encombrant, une conscience ! Du coup, j'ai balancé par le sas presque toute mes règles ! Surtout la N°2, celle-là j'ai jamais pu m'y faire ! Comment il faisait, Palpy, il n'avait pas d'amis ?
- Je ne pense pas, non : je crois qu'il n'a jamais su ce que ce mot voulait dire.
Mara Jade savait de quoi elle parlait.
Son époux était presque amusé : le jeune pirate si roublard et impitoyable cachait un petit garçon qui découvrait le monde et sa complexité. Il divaguait un peu : il était sorti de sa cuve Bacta: guéri, mais épuisé, vidé de toutes ses ressources. Il était aussi sous l'effet des drogues du médic, qui avait décidé de tenter quelque chose d'inédit pour la main amputée.
C'était le meilleur moment pour sonder son cœur. Il devait être vraiment au bout du rouleau pour se confier ainsi à deux Jedi.
- Bref, j'étais prêt à conquérir la galaxie, mais je me suis rendu compte que le prix serait trop élevé. J'aurai certainement sacrifié mes amis, un jour ou l'autre: Quyymaen, Markrr, Marek, le Vieux… Et Sasha. Et Thalia !
Il se tut à nouveau, tout au plaisir d'évoquer le nom aimé.
- Thalia… À quoi bon être maître de l'univers si on n'a plus personne à aimer ?
- Tant d'autres auraient pu se poser la question avant toi et ne l'ont pas fait ! Le pouvoir est le plus dangereux des pièges.
Le Jedi parlait d'expérience. Son épouse prit le relais, abandonnant elle aussi le vouvoiement :
- Tu sais, il y a bien des façons de partir à la conquête de la galaxie. Je suis certain que tu en trouveras une plus en accord avec cette encombrante conscience. Sinon, Markus la trouvera pour toi. Il t'apprécie beaucoup.
- Le Vieux ? Il me plaît bien ! C'est le plus futé de tous les pirates que j'ai rencontrés : il arrive à rendre légales toutes ses magouilles !
Le couple, qui commençait à cerner le personnage , interpréta ces propos comme une très pudique déclaration d'amour. Ils le laissèrent se reposer, ils avaient d'autres personnes à voir
- J'ai l'impression que tu l'aimes bien ! Suggéra Luke à son épouse.
- Oui et non : il me rappelle certains personnages sympathiques et hauts en couleur que j'ai côtoyés quand je travaillais pour Kaarde. Mais il y a aussi du Palpatine en lui…
Pour préciser son diagnostic, elle prit le temps de séparer sentiments et intuitions envoyées par la Force.
- Oui, je pense que je l'apprécie. Il me fait penser à Markus. Et je crois qu'il pourrait être utile à l'Ordre, un jour. Méfions-nous cependant : même dans son état, il a tout de même réussi à nous cacher bien des choses !
- mais pas l'essentiel, affirma calmement son époux.
- Mmmh… Il est très douté pour la dissimulation et les demi-vérités, comme son original !
- Je parlais de ses sentiments.
- ils étaient sincères, reconnut-elle. Je crois cependant que je garderai un œil sur lui et aussi sur Markus !
Les projets du Vieux Depuis le pont promenade du Hun, Herrion et le couple de Jedi regardaient partir la flotte.
Il y avait encore bien des questions en suspens : Où étaient partis les doloriens ? La façon dont ils avaient dévasté leur monde avant de disparaître ne présageait rien de bon : villes rasées, mers et terres empoisonnées, charniers d'esclaves, il y avait de quoi s'inquiéter pour l'avenir.
Et puis qui avait coordonné tous ces groupes disparates aux quatre coins de la galaxie ? Brigadistes, pirates, organisations soi-disant charitables. Magnus ? Peut-être. Pas sûr.
Et à quel niveau étaient impliquées des méga-corpos comme la CTC, Loronar et d'autres qui, tout en se prétendant saturées de commandes, avaient fourni les comploteurs en matériel neuf?
Il y aurait du pain sur la planche pour les enquêteurs. Si enquête il y avait : de puissants lobbies s'étaient déjà ligués pour étouffer l'affaire.
En attendant, Herrion précisait ses intentions concernant le prétendu défunt et ses deux petits camarades :
- être un Herrion, ce n'est pas tellement une affaire de généalogie. C'est plutôt un état d'esprit. Ce gamin apprend vite.
Mara sourit :
- c'est certain ! Il a déjà compris que sous vos dehors aristocratiques, vous n'étiez qu'un vieux pirate !
Herrion s'esclaffa et reconnut :
- Nous autres Herrions ne sommes pas toujours fiables ou honnêtes. Vous voyez, Il a déjà le bon état d'esprit!
Il poursuivit :
- Ainsi, Alcor aura un candidat valable – non, deux avec sa jolie copine- quand il cédera les commandes de l'Amber Star.
Procyon avait enfin accepté de succéder à son demi-frère. Herrion poursuivit :
- Ma famille a été quasiment exterminée; il me faut la reconstituer. Ces trois-là sont d'excellent candidats. J'ai eu l'occasion de parler aux deux Vega: je partage votre opinion sur Sasha. Ce garçon a quelque chose… Je sens qu'il va plaire à Ve'ssshhh. Il se méfie un peu de moi, pour l'instant. Il n'a pas tout à fait tort.
L'armateur réussit à arborer une mine contrite qui ne trompa pas les Jedi. Il reprit bien vite :
- Sa cousine est aussi une excellente candidate, mais elle a ses priorités. Qui ne me contrarient pas, bien au contraire ! Je pense aux prochaines générations : imaginez les économies en pansements, patches et autres crèmes anti-bobo que nous allons faire avec tous ces petits Herrions indestructibles !
- Vous n'allez pas … souffla Mara
- Eh bien si ! Comment croyez vous que notre famille aie résisté pendant 25 000 ans ? Exogamie : quand on trouve quelqu'un qui a du talent, on épouse ou on adopte ! À chaque fois qu'un vice-roi a négligé ce principe, on a frôlé le désastre.
- je préfère çà. Je pensais à autre chose
-À du clonage, peut être ? Moi aussi, j'y ai pensé. Mais j'espère, mes amis, que vous me concédez un minimum de moralité.
C'était le cas. mais ils vérifieraient quand même.
Non loin de là, Salle d'Holo-conférence du Borleias. Le regard de Wedge Antilles passa d'une silhouette bleutée à une autre, puis il reprit la parole :
- Je crois que vous pouvez laisser tomber les peut-être, Major Hokin: les informations que ce jeune pirate m'a fournies corroborent votre rapport. Il existe bien une route menant directement du secteur Murami à cette région de l'espace sauvage. Nos éclaireurs l'ont confirmé, sans pouvoir aller jusqu'au bout, bien entendu : elle traverse l'espace Hutt
- Ce qui expliquerait l'action de ce Magnus dans cette zone de la galaxie : Ouvrir la voie, la protéger contre toute menace, réelle ou supposée, devina le Président.
- Et prélever des ressources et un nouveau contingent d'esclaves, puisqu'ils ont sacrifié les leurs. Fit le major, qui venait de passer près d'un an en infiltration dans le domaine Dolorien.
L'Amiral Fendor, aux cotés du Président, intervint :
- si je résume la situation, nous avons environ seize millions de migrants, escortés par au moins un destroyer, deux croiseurs lourds, une bonne quinzaine de croiseurs moyens, deux fois autant de frégates et qui sait combien de corvettes, chasseurs et canonnières? Je n'aimerais pas habiter près de leur destination!
- D'après les cartes que Venom m'a procurées, il y a dans cette zone deux mondes qui ont fait partie de l'Empire Infini des Rakatas. Nous ne savons pas grand-chose d'eux, sinon qu'ils choisissaient des mondes imprégnés du côté obscur. Le genre d'endroit que les Doloriens vont adorer.
- N'oublions pas les vaisseaux de la Marée des Ténèbres, ceux des Doloriens que le général Antilles a cru bon de laisser partir.
L'amiral Ferdor aimait bien savoir où étaient ses ennemis. Antilles le rassura :
- Nous les tenons toujours en laisse. Et pour l'instant, ils vont dans la bonne direction; Nous avons un « cargo » qui les piste, et lui pourra traverser l'espace Hutt sans ennui ; grâce à Kaarde, je me suis même arrangé pour qu'il y bénéficie d'une escorte. La facture est salée, mais cela vaut le coup. Je m'inquiéterais plus, à votre place, de ces anciens destroyers droïdes qui réapparaissent ici et là.
- Des transports Lucrehulk, la fédération du commerce en avait construit des milliers, moins d'un tiers ont été reconvertis en vaisseaux de guerre. Il y en a encore quelques centaines, des transports, tankers ou autres variantes toujours en service. Les ''Récusant '' ? Des dizaines de milliers, construits par des centaines de chantiers ; Ils sont dépassés, mais je pourrais citer de mémoire au moins huit mondes de la bordure qui en emploient toujours ! Quant aux ''Providence'', c'est plus ennuyeux, surtout ces versions agrandies et modernisées. Mais nous avons toujours dans nos archives les coordonnées de chantiers capables d'en produire. Vous avez raison, Il vaudrait mieux vérifier, raisonna l'amiral
- Je vous souhaite bien du plaisir!
- Vous ne pourriez pas…
- Nan ! Cette fois, je prends ma retraite, c'est décidé !
Bonadan, secteur Corpo. Confortablement installé dans la salle holo d'une de ses luxueuses résidences, le magnat de l'industrie ne montrait rien de sa satisfaction alors qu'il écoutait avec toute l'apparence du respect le jeune sorcier lui résumer la situation.
Comme l'oracle l'avait prévu, son favori avait pris le dessus sur les autres membres du Cercle : il était l'un des rares, dans ce peuple isolationniste, à comprendre le danger représenté par l'Alliance et les Jedi.
À l'époque où Denner Oscuro – qui avait choisi le patronyme d'Exodus pour régner- était son agent de liaison, Verryn n'avait pas ménagé sa peine pour initier l'adepte de la Tenebrae aux réalités de l'économie et de la politique galactique.
Alors que le nouveau Guide Suprême en terminait, il prit son temps pour répondre, apparemment plongé dans une intense réflexion.
Quand il parla enfin, ce fut avec le ton respectueux teinté de familiarité d'un vieux et loyal conseiller, s'adressant au tout jeune monarque qu'il a vu grandir.
- Je pense que vous avez pris la bonne décision, seigneur Exodus.
L'industriel nota le soulagement visible du sorcier avant de poursuivre :
- À la réflexion, vous avez pris la seule décision possible : privé de la puissance du regretté seigneur Magnus, que j'oserais appeler mon ami, votre peuple n'aurait pu résister longtemps à la coalition des forces de l'Alliance et de ces maudits Jedi. Dans ces nouveaux mondes imprégnés du côté obscur, vous pourrez reconstituer vos forces et accroître la puissance de la Tenebrae jusqu’à un point jamais atteint. Il faudra faire preuve d'un peu plus de patience, mais votre triomphe est en vue, moins de deux décennies.
Le sorcier réfléchit, puis acquiesça : il pouvait attendre. Vingt ans ne seraient pas de trop de pour étudier, affermir son pouvoir et égaler celui de Magnus.
Un délai que Verryn ne comptait pas lui laisser. Il reprit la parole :
- Que sont deux décennies ? Une fraction de seconde face à l'attente multimillénaire de votre déesse. En attendant, vous pourrez compter sur mon assistance et mon dévouement. Je me chargerai personnellement des prochaines étapes du Grand Plan. Mes agents sont déjà à l’œuvre.
Le nouveau guide suprême était puissant mais encore bien jeune. Il manquait d'assurance et buvait littéralement les paroles rassurantes de son sage mentor.
Il affermit et assura son ton pour conclure, tel un monarque :
- Nous n'ignorons pas votre sagesse et votre dévouement. Vous avez toute Notre confiance, Loyal Serviteur.
La communication coupée, Malthus Verryn se permit un franc sourire. Il se tourna vers son allié de circonstance. Le massif proche-humain au crâne chauve ne souriait pas, lui. Mais il était prêt à tous les compromis pour sauver ses protégés, quitte à pactiser avec le Rejeté.
- Vous voyez, Prêtre. J'ai tenu parole ! Tiendrez vous la vôtre ?
- Je ferai ce que j'ai promis. Et mon peuple aussi, Rejeté. Mais je vous préviens encore, comme Ferlek l'avait fait en son temps : vous jouez avec des forces qui vous dépassent. Elles vous broieront si vous n'y prenez garde.
- Je suis prêt à courir ce risque.
Quand il répondit après un long silence, il y avait plus de tristesse que de réprobation dans la voix de Marek :
- c'est votre choix.
Le Berel s'inclina sèchement et partit. Il s'était bien gardé de révéler au capitaine d'industrie que Venom n'était pas mort, comme cela avait été annoncé. Il ne pouvait pas être mort, il l'aurait su : l'étincelle du petit clone brillait toujours dans son esprit, aux côtés des deux autres.
Verryn, de retour dans ses appartements, se permit un de ses rares moment de détente, un verre de Brandy Corellien à la main. Il avait des raisons de se réjouir : les informations patiemment distillées aux Jedi, à Kaarde, à Omas, à Venom lui-même, avaient porté leur fruit. Tous avaient réagi comme il l'espérait. Le jeune Venom, surtout.
Le gamin avait réussi à orchestrer un joli guet-apens, même s'il n'avait eu aucune chance de réussir.
Le piège était ailleurs ; Palpatine avait tout prévu, même l'éventualité de sa mort. Neutraliser la secte des sorciers noirs, en qui il voyait un danger pour les Sith, avait été une des priorités de son règne. Verryn n'avait travaillé que sur quelques parties du gigantesque projet, mais des parties essentielles : avec le temps, il avait rassemblé toutes les pièces manquantes du puzzle. C'est ainsi qu'il avait obtenu son Roi Blanc, qu'il avait pu jouer contre le Roi Noir Magnus.
Le vieux Tyran, comprenant que les Doloriens n'étaient que des vecteurs de la vraie menace, avait renoncé à anéantir Dolor et les membres de la secte. Il avait préféré armer son clone contre cette étrange Brume qui « habitait » ce peuple depuis des millénaires. Peut-être même avait-il rêvé, habitant un nouvel et indestructible corps, de s'approprier les pouvoirs de l'entité immortelle?
Indestructible ? Verryn n'en doutait pas: lLe jeune Venom avait bel et bien survécu à ses blessures, selon ses espions. Tant mieux !
Il ignorait qu'il avait accompli la mission pour laquelle il avait été conçu. Il ignorait tant de choses !
Ce qui n'enlevait rien aux talents de stratège et manipulateur dont le jeune humain avait fait preuve. Sur ce point, il était le digne héritier du Tyran.
L'industriel avait l'intention d'en tirer profit :
- Un jour, tu entreras à mon service, mon garçon. Tu te tiendras à ma droite lors de mon triomphe, promit-il.
Ce ne serait qu'un juste retour des choses, après tout !
Notes:
1 Propos tenus sous la seule responsabilité de Venom. Mais il est en général bien informé.
2 Neimoidia est tristement réputée pour être le foyer de très nombreuses maladies. Le climat chaud et humide y est pour beaucoup.
3 Il exagère ! Je crois...
Tout de suite, la suite:
Épilogue : le bonheur, ça existe ?
Le Hun était en route pour Herrion. Dix jours avaient passé depuis que Markrr, Quyymaen et leur flotte étaient partis à la reconquête d'Arvea. La petite flotte de Venom, maintenant commandée par Jegor, était restée sur R71 :
- Un contrat est un contrat, et celui-ci court pour encore sept mois, avait sévèrement rappelé Markus Herrion pour couper court à toute velléité de départ prématuré.
Il avait tout de même offert un joli bonus aux « mercenaires malgré eux » et promis de remplacer les pertes matérielles. Pour commencer, il avait intégralement payé les frais de militarisation de la corvette Black Mamba.
Dans un des luxueux salons du vaisseau amiral, des amis se retrouvaient : Procyon était rentré de son voyage. Seul.
- Esmeralda et Nav sont enfin rentrés à la maison. Ils vont maintenant transmettre leur expérience galactique à leurs congénères, comme prévu. Ils ont énormément appris sur nous en plus de 40 ans, cela sera très utile à leur peuple. Même si certaines notions risquent d'avoir du mal à passer.
- Comme nos petites mesquineries, pour un peuple géant, presque immortel, aquatique et télépathe ? Je te crois ! Remarqua le mandalorien.
- Je crois que ce sont l'amour et l'amitié qui seront les plus difficiles à comprendre. Il faut être au moins deux ! Et ils sont Un… Toute la race
- Esme et Nav ont bien d'autres projets, tout de même ? fit Mereel.
Il avait vécu des années à bord de l'Esméralda. Des années heureuses.
- Oui, bien sur. On pourrait résumer ça avec la formule des contes : « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petits vaisseaux ! »
- oh, que c'est beau, murmura Thalia qui caressait des projets similaires.
- Et tu seras leur parrain?
- ça, c'est une notion qu'ils ont comprise tout de suite ! Mais je leur ai rappelé que j'étais à la fin de ma vie. J'ai dû promettre de leur trouver quelques candidats. Nav a dit que tu faisais partie du nombre, dit-il au jeune Venom, qu'il était venu visiter.
- Moi? fit le jeune homme incrédule, m'étonnerait : j'suis juste un vaurien sans morale !
Il était, ces derniers jours, enclin à l'auto-apitoiement. Par chance pour lui, Thalia semblait avoir d'énormes réserves de patience.
Procyon avait raté les événements de Coryndon. Ses amis lui firent un résumé :
-… il fallait que je disparaisse expliqua à la fin l'ex-pirate d'un ton quelque peu plaintif.
Il faut reconnaître qu'il avait le teint pâle et les traits tirés par la douleur. Sans doute à cause de ce qui repoussait dans le mini-tube de clonage qui enserrait son bras. Le très doué Médecin chef de L'Aventurier Errant avait considéré le problème comme un défi personnel. Et accepté de suivre son jeune patient « dans l’intérêt de la science ». Et aussi pour le gros salaire offert par le Vieux.
- mes capacités particulières auraient attiré trop de convoitises. Et comme ces archives ont été détruites dans l'explosion, je reste le seul gabarit utilisable.
. Il était confortablement installé dans un moelleux canapé, Thalia blottie contre son épaule. On avait le sentiment que, maintenant qu'elle le tenait, elle ne le lâcherait plus. Sasha avait retrouvé sa place favorite, assis sur la tout aussi moelleuse moquette, adossé aux jambes de celui qu'il appelait ouvertement « grand frère ». Pas dupe, il avait noté l'expression volontairement ambiguë.
Détruites, les archives ? Celles-là, mais les copies ? Il y avait forcément des copies. À moins que seules les copies aient été détruites…
Sasha connaissait trop bien la duplicité de son ex-maître !
Le vieil Herrion entra et rejoignit le groupe en râlant :
- ah, ces gamins !
Devant les regards interrogateurs, il daigna s'expliquer .
- ça commençait à chauffer entre tes pilotes et mes pages. Il a fallu que je règle le problème
- et comment as-tu fait ? Tu les as envoyés au lit sans dîner?
- j'ai récupéré des plots de marquage, des balles, réquisitionné l'enseigne Showolter et quelques membres d'équipage. Ils organisent un tournoi de Corr-ball sur le pont 17 !
Il semblait très content de lui.
- Le pont17 fit le mandalorien avec une pointe de nostalgie.
- Stian n'y organisait pas des parties de Corr-ball. Il y allait pour courir !
Il y eut un silence gêné que Mereel rompit en demandant :
- Que vas-tu faire, maintenant ?
- après avoir visité Herrion (4) ? Je ne sais pas. j'ai perdu mon vaisseau, ma flotte, j'ai renoncé à mes rêves. Je n'ai même plus de nom.
Toujours ce ton plaintif qui lui allait si mal.
- tu t'appelleras Vega affirma tranquillement Thalia. Sur Herrion, le mari peut prendre le nom de son épouse, j'ai vérifié !
- C'est une demande en mariage?
- T'es pas obligé de répondre tout de suite. Mais ne traîne pas trop!
- C'est la demande la plus directe que j'ai jamais entendue, remarqua Procyon .
- Pourquoi attendre ? D'accord !
- Et ça, c'est la réponse la moins romantique que j'ai jamais entendue! S'esclaffa Herrion, qui remarqua :
- Il te faudrait aussi un prénom.
- Markus ! intervint Sasha.
Rougissant, il s'expliqua :
- C'était celui de mon grand frère !
- C'est aussi le mien lui répondit le vieil homme, soudain très heureux.
Il ajouta, non sans émotion :
- et je serais très honoré si vous ajoutiez an-Herrion à votre patronyme. Tous les trois.
Si les deux cousins en restèrent bouche bée, le futur Vega laissa transparaître des émotions contradictoires : surprise, méfiance, plaisir se succédèrent sur son visage qui finit par retrouver son masque insolent.
- Sentimental, le vieux?
- Pragmatique, gamin! Une grande famille ne traverse pas 25 000 ans d'histoire sans intégrer régulièrement du sang neuf à son génotype. Pas si neuf, d'ailleurs, les Vega de Nippa sont de lointains cousins. Franchement, vous êtes tous trois des spécimens dignes de la famille.
Conscient de l'impact de son offre – surtout sur Ven… Markus junior-, il changea apparemment de sujet :
- Je ne vous ai jamais raconté pourquoi Alcor et moi ne portions pas le même nom…
Alcor Procyon, court-circuitant son demi-frère, résuma en quelques mots :
- Notre père était un brillant jeune homme natif d'Hunnia, le fils d'un colon venu de Corellia. Sans appui ni fortune, il voulait intégrer l'Académie puis la Flotte républicaine. Dame Lara Herrion, la mère de Markus et Valor cherchait quant à elle un géniteur de qualité. Pas un époux : le mariage, dans la famille, est une affaire de politique et de gros sous ! Vous devinez la suite : chacun a eu ce qu'il voulait.
Et une amourette imprévue au passage, vite avortée pour raisons d'État. Mon père est devenu plus tard l'un des plus jeunes capitaines de vaisseau de la république, promis à un bel avenir. Il avait épousé ma mère, une des meilleures ingénieurs de Rendili. Ils ont été désignés ensemble l'un pour commander, l'autre pour tester un prototype révolutionnaire. Une sacrée promotion ! Mais quelque chose a foiré.
Un silence.
- Quand leur mort a été confirmée, dame Lara m'a adopté.
Le jeune homme profita du silence pour revenir à son antienne misérabiliste. Il devenait lassant.
- Et dire que j'étais à ça (il montra un infime intervalle entre pouce et index) de réussir ; j’avais la flotte, un empire à conquérir. J'aurais pu devenir le roi des pirates !
- Ah, non ! Tu l'as déjà dit cent fois!! Tu vas pas recommencer avec ça! Et d'abord, t'as même pas de chapeau de paille!
Sasha était beaucoup moins patient que sa cousine et il avait eu sa dose quotidienne de plaintes et gémissements. Il se releva avec la souplesse et la vivacité de son age. Un rapide coup d’œil lui confirma que personne n'avait compris sa dernière phrase. Sauf un.
Le vieil Herrion lui fit un clin d’œil, puis ajouta.
- En plus, il n'y a même pas de D dans son nouveau nom !
Sasha se concentra donc sur le seul qui le comprenait. Il lui adressa un sourire prudent. Jusqu’ici, il s'était un peu méfié du vieil armateur.
- Je crois que je vais plutôt aller jouer au Corr-ball. Pont 17, vous avez dit… Grand-père?
- c'est ça ! Prends cette carte, un œil comm va t'y conduire… Fiston!
Le garçon lui adressa un large sourire, rendit le clin d’œil, puis sortit en trombe.
Devant le regard ébahi des autres, le vieil homme daigna expliquer :
- Une holo-série pour la jeunesse (5.) Des histoires de pirates du passé : mes pages en sont fans!
Puis, comprenant que Markus junior ne se plaignait que pour cacher son émoi, il décida de crever l'abcès :
- et puis Gamin, une flotte, tu en as toujours une! Tu oublies celle qui est restée sur R71?
- Elle n'est plus à moi. Je suis mort, le Vieux! Ma part revient à mon héritière. Et n'insiste pas trop là-dessus, elle va finir par croire que je ne l'épouse que pour son argent ! Aille !!!
Thalia l'avait cruellement pincé. Elle daigna lui pardonner en échange d'un baiser. Le jeune homme revint à la discussion avec, enfin, une ébauche de sourire. Et un regain d’intérêt pour les soucis des autres.
- Au fait, à propos de flotte, le retard pris par les chantiers de Coryndon ne vous handicape pas trop ?
Après l'assaut, Coryndon avait décidé de mettre la priorité sur la construction d'une nouvelle station de défense et n'avait livré que le quart des cargos prévus. Herrion avait accepté le délai, bon gré mal gré, mais récupéré au passage -pour sa plate-forme R71- une partie de l'armement et des boucliers des destroyers détruits Et exigé une grosse ristourne sur les transports déjà livrés.
Il avait également offert à Thalia une petite canonnière CYZ 775 et six Skipray, en attendant de reconvertir un cargo en compensation de la perte du Viper.
- c'est à lui qu'il faut demander, maintenant! Fit le vieil homme en montrant son demi-frère.
Celui-ci ne se fit pas trop prier :
- En fait, on s'en sort mieux que prévu. Les dirigeants de TransGalMech ont appris qu'on recyclait leurs vieilleries, faute de mieux. Ils nous ont informés de l'existence d'un nouveau modèle dont ils avaient, par le plus grand des hasards, des stocks importants. Un client leur avait fait faux bond. Devinez qui? On a déjà reçu 50 AEG 82, moitié en transports, moitié en escorteurs, et on en attend le double. Plus 12 transports lourds, 12 autres restant à livrer. À moitié prix, et ils en ont d'autres à nous vendre !
- CTC, Loronar, TransGalMech... tous mouillés ! constata le Mandalorien.
- Ce sont des corpos , pas forcément des comploteurs! Le CV du client, ils s'en foutent tant qu'il paie cash. Y a que le fric qui compte pour eux! supposa le convalescent.
Le Fric ? Herrion revint à la charge :
- tu parles de vivre aux crochets de ta promise. Mais ne me dis pas que tu as déjà claqué la totalité de tes primes ! On parle de près d'un million, tout de même !
- oh, il m'en reste… Un peu.
Ven... Markus junior corrigea en se sentant la cible de regards noirs :
- Beaucoup… J'ai pas trop dépensé. Juste un petit investissement.
Il se garda bien de parler de son immense trésor de guerre, qu'il n'avait même pas entamé, de son entrepôt secret hérité de Palpatine, ni même de son deal fructueux avec les chantiers XII-Xoo. Décidément, il n'arriverait pas à se faire plaindre. Aucune pitié à attendre ! Il décida de laisser tomber.
Avec un sourire tordu, il lâcha le morceau :
- Vous saviez qu'ils vont relancer le championnat galactique?
Ses yeux brillaient à nouveau. Il ne précisa pas quel championnat; tout le monde avait compris.
- En bref, j'ai juste acheté les droits de retransmission Holo pour ma Bright Star. Pas cher, sans doute parce que j'étais le seul à en vouloir. Le seul à y croire, je suppose. Les Méga-médias n'ont jamais rien compris à ce sport: pas assez classe pour eux.
Une idée lui vint, et il sourit plus franchement:
- Tes chaînes sport et info vont devoir me payer des redevances, le Vieux. Tiens, pour te remercier de ton petit cadeau, tu pourras même exiger une ristourne .
Il précisa cependant :
- une petite , hein ? J'suis pas coryndien moi, j'suis de la famille !
Herrion ignora la petite pique pour retenir l'essentiel de la déclaration : il avait un fils ! Cachant son plaisir, il proposa :
- Tiens, à propos de Corr-ball, si le grand blessé n'est pas trop indisposé, on pourrait aller voir mes pages flanquer une raclée à tes pilotes
- contre Sasha et mes rouges ? Aucun risque !
- tu paries?
- quoi?
- le montant de la ristourne, pardi!
À tout bien considérer, le jeune clone dut reconnaître qu'il n'avait aucune raison d'être malheureux.
Tout le contraire !
- c'est ça, le bonheur? s'interrogea-t-il, incrédule… Je pourrais y prendre goût !
... ...
FIN
Notes:
4 Il doit y rencontrer les futurs parents de red2 (Masha) et y installer ses anciens enfants-soldats
5 Cette série se déroulant à l'aube de la République s'est achevée en 26, au bout de 6 saisons ; l'audience étant en chute libre, les producteurs ont pris prétexte de la guerre (encore lointaine) pour y mettre un terme.
Et voila, c'est fini! Pour une histoire qui, au départ, devait très mal se terminer, on peut dire que nos héros s'en tirent bien!
je le reconnais, c'est bien plus facile pour les personnages.quand l'auteur s'est pris d'affection pour eux
En attendant de nouvelles aventures, BONNE LECTURE!
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?