Merci à tous pour vos retours ! Le moment est venu d'entamer la quatrième partie, la dernière de ce premier tome... Et même si l'on s'achemine vers le dénouement, elle comportera encore son lot de surprises.

Bien sûr, la
Fédération Impériale ne s'achèvera pas pour autant ; le récit se poursuivra, mais différemment. Tout n'est pas encore fixé, mais je devrais normalement ne garder que la moitié des "points de vue" actuels... Tout en gardant six. Trois hommes, et trois femmes ! La parité donc, et je vous assure que la façon dont ce sera amené ne sera pas
du tout artificielle.

Et ces révélations ne présagent en rien du sort des personnages que nous suivons actuellement... Je conserve une totale marge de manoeuvre.
Allez, sans plus tarder, entrons dans le vif du sujet !
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Chapitre 125À la vitesse de la lumière, le destroyer
Chimaera fendait l’hyperespace en direction de sa cible.
La passerelle d’observation du vaisseau était presque vide. C’était une zone isolée, située entre les deux générateurs de boucliers, qui permettait de manœuvrer le navire en cas de panne des senseurs. Quelques terminaux y étaient installés, mais ils restaient en sommeil la quasi-totalité du temps, en-dehors d’une poignée d’exercices au scénario catastrophe. En situation de combat, deux officiers venaient s’y installer, mais la salle était généralement vide.
L’endroit idéal pour un entraînement improvisé, en toute discrétion.
— Tu peux toujours déclarer forfait, si tu veux, lança Celric en observant son adversaire.
La proposition fit sourire Piotr Paveller.
— Déjà fatigué ? L’âge, peut-être ?
— Ce n’est pas parce que je suis sorti de l’adolescence que je ne suis plus bon à rien, s’amusa le Polcaphréen, qui venait tout juste de fêter ses vingt ans. Au contraire, même…
Ils avançaient chacun de leur côté, sans quitter l’autre du regard, délimitant ainsi une arène circulaire de cinq ou six mètres de diamètre.
Ils tournèrent et tournèrent encore, les sens en alerte. Sans quitter des yeux Piotr, Celric le sondait via la Force. Il savait que le jeune garçon faisait la même chose, de son côté. C’était de bonne guerre.
Mais Paveller était impatient. Il allait passer à l’action le premier… Comme à chaque fois.
Soudain, il sentit une brève pression mentale – exactement le signe qu’il attendait. Aussitôt, il plongea sa main droite sur son flanc gauche et décrocha son sabre laser, et, tout se mettant en garde, il activa l’arme, prêt à contrer la frappe.
Qui ne vint jamais.
Voyant le sourire de Piotr s’élargir, il ressentit un frisson le long de son dos.
C’était une feinte ! Il est parvenu à me faire croire qu’il allait attaquer ! — Un peu tendu ? demanda son jeune adversaire, narquois.
— On n’a pas la journée, Piotr…
— Comme tu voudras.
D’un geste fulgurant, il dégaina à son tour et passa à l’action.
La frappe diagonale fulgurante aurait pu couper Celric en deux, mais il parvint à la dévier au prix d’un effort conséquent. Mais son adversaire revint aussitôt à la charge avec la grâce d’un duelliste aguerri. Il avait fait des progrès incroyables depuis leur retour dans l’espace impérial, un mois plus tôt, après le désastre de Jomark. Ses talents croissaient à une vitesse peu commune.
Ils avaient d’abord craint de ne pas pouvoir progresser dans l’art du duel sans l’aide de Luke Skywalker… Mais en apprenant qu’ils avaient survécu à la confrontation avec C’Baoth, le Moff Poldrei s’était personnellement investi dans leur entraînement.
—
Nous ne pouvons pas ignorer la menace que ce Jedi fou représente, avait-il confié lorsqu’il les avait reçus dans son bureau de Polcaphran.
Il n’a donné aucun signe de vie depuis l’attaque d’Osvalt contre Thrawn, mais je crains que ce ne soit que le calme avant la tempête… Entre les instructeurs spécialisés dans le corps-à-corps et les enregistrements holographiques exhumés par les archivistes personnels du Moff, ils avaient eu tout le nécessaire pour améliorer leur maîtrise du sabre. L’entraînement était éprouvant, mais terriblement enrichissant. Peu à peu, ils avaient identifié leurs capacités respectives et les affinités qu’ils entretenaient l’un et l’autre avec les différents styles de maniement de l’arme. Celric, plutôt axé sur la défensive, se débrouillait plutôt bien avec la Forme III, le Soresu, qui lui permettait de se protéger de toutes les attaques ou presque. Elle lui était particulièrement utile face à un adversaire aussi agressif que Piotr, au style fluide et offensif. Il variait de technique selon les moments ; à certains moments, il privilégiait les acrobaties de l’Ataru, à d’autres il préférait l’élégance du Makashi. Et, non content de s’essayer à ces formes – respectivement IV et II –, il tentait lors de certains exercices d’avoir recours au Jar’Kai, une variante à deux sabres.
—
Elle m’a été très utile sur Jomark, avait-il expliqué.
Manier deux armes m’a sans doute sauvé la vie, mais sur le coup j’aurais préféré y être mieux préparé. Maintenant, je vais pouvoir l’être.
Pour l’heure, il ne brandissait qu’une seule lame, écarlate – le sabre qui était le sien depuis le début de son entraînement. Elle fondait sur Celric, qui parait avec la sienne, émeraude.
Les enchainements se suivaient et se ressemblaient, les coups latéraux laissant place aux coups verticaux, et inversement. C’était un combat acharné, entre deux duellistes qui commençaient à bien se connaître.
Soudain, Celric sentit des vibrations à son poignet ; la distraction lui coûta cher, puisqu’il abaissa sa garde une fraction de secondes, un laps de temps suffisant pour que Piotr puisse effectuer un Cho Mai. Tavill sentit la décharge irradier dans son avant-bras droit et poussa un cri où se mêlaient surprise et douleur. Il lâcha son arme, et la lame verte disparut.
— Désolé ! s’exclama aussitôt le jeune Galidréen, qui éteignit son arme sur-le-champ. Je pensais…
— Ça va, le rassura Celric. Tout va bien.
De fait, tout n’allait
pas bien. À puissance minimale, les sabres ne provoquaient qu’un petit choc sans gravité ; mais dans un combat en conditions réelles, il aurait tout simplement perdu sa main. Il devait apprendre à ne pas se laisser distraire aussi facilement.
De nouvelles vibrations, à son poignet, le ramenèrent à la réalité ; il accepta alors la communication entrante, et la silhouette miniature de la lieutenante Brenko apparut en suspension au-dessus de l’appareil.
— Au rapport, annonça-t-il.
—
Il était temps, lâcha-t-elle avec froideur.
Dès son arrivée à bord du
Chimaera, il avait compris que Brenko ne l’appréciait pas. Elle devait sans doute encore lui en vouloir de son petit mensonge destiné à parler directement au Moff Poldrei, à la veille du combat contre C’Baoth sur Jomark. Pour une militaire aussi portée sur les règlements, c’était une ruse impardonnable…
À moins qu’elle n’appartienne tout simplement à ces Impériaux méfiants envers tout ce qui rappelait de près ou de loin l’ancien Ordre Jedi.
— Nous sommes en entraînement, expliqua-t-il.
—
Vous y étiez. Nous sortirons de l’hyperespace dans vingt minutes. Votre présence est donc requise sur la passerelle de commandement. Celric sentit sa gorge se serrer.
— Nous arrivons.
Il éteignit son communicateur et regarda Piotr, qui acquiesça doucement. Ils se dirigèrent vers le coin où ils entreposaient leurs affaires, s’épongèrent soigneusement le visage avec des serviettes. Bien que courte, leur séance d’entraînement avait été intense.
Sans un mot, ils quittèrent la passerelle d’observation et prirent le chemin de la passerelle. Ils ne parlèrent pas pendant le trajet. La tension était trop présente pour qu’ils soient d’humeur à bavarder.
Ils n’étaient pas les seuls à être tendus. Le
Chimaera était un vaisseau bien tenu, avec un équipage discipliné, mais l’ambiance qui régnait aujourd’hui allait bien au-delà. Pour un apprenti Jedi comme Celric, il était facile de ressentir cette excitation froide, diffuse et troublante.
Piotr et lui arrivèrent sur le pont bien avant la sortie de l’hyperespace. Le capitaine Ardiff était en poste, s’entretenant avec l’un des artilleurs. Les voyant entrer, il les salua d’un signe de tête.
Ils attendirent quelques minutes avant que le Haut Commandement ne fasse son entrée. Le commodore Pellaeon arriva le premier pour prendre le relai d’Ardiff, qui officiait comme commandant suppléant du navire. Les deux hommes échangèrent quelques mots avant que le second ne regagne ses quartiers pour se reposer – ou du moins tenter de le faire.
Puis vinrent Thrawn et Poldrei, côte-à-côte, en pleine discussion.
Le Grand Amiral avait revêtu son habituel uniforme blanc. Sa peau était peut-être plus pâle qu’autrefois, et il paraissait légèrement amaigri ; mais c’était bien peu de choses au final quand on pensait qu’il avait frôlé la mort. Il portait sur l’épaule cette étrange créature, cet ysalamir si mystérieux que lui avaient décrit Luke et Mara.
À ses côtés, Poldrei, bien que plus petit, n’affichait que force et confiance en soi. Celric s’était entretenu plusieurs fois avec le Moff depuis qu’il était devenu Lieutenant-Général de l’Empire, notamment pour lui relater les événements survenus sur Jomark. Mais il n’avait rien ressenti à son sujet, et pour cause ; il ne se déplaçait jamais sans être protégé par un ysalamir. C’Baoth faisait planer sur le Haut Commandement une terreur immatérielle, insaisissable.
Derrière eux, à quelques pas, la lieutenant Brenko tenait une mallette équipée de répulseurs. C’était, soupçonnait Celric, la tanière de l’ysalamir de Poldrei. En entrant sur la passerelle, elle l’inspecta avec attention, et foudroya Tavill du regard lorsqu’elle l’aperçut.
— Nous sommes presque en position, annonça Pellaeon. Nous émergerons au niveau du point de rendez-vous dans une minute.
Et, comme pour souligner ces paroles, les sirènes d’avertissement se déclenchèrent, appelant chaque navigateur à son poste.
— Voyons donc cela, déclara Poldrei en approchant de la baie d’observation.
Et, comme prévu, quelques instants plus tard, le
Chimaera émergea de l’hyperespace au cœur d’une imposante flotte impériale.
Il y avait là une centaine de vaisseaux en tout, dont quinze destroyers de classe Impériale qui allaient être le fer de lance de l’attaque imminente. Les navires étaient rassemblés dans l’espace profond, hors de portée des détecteurs néo-républicains – mais à cinq minutes-lumière à peine de leurs cibles.
Le spectacle qu’ils offraient avait de quoi couper le souffle. Celric ressentit un frisson le long de son échine ; même s’il s’était attendu à le contempler, le voir de ses yeux même était une toute autre affaire.
Il était tellement captivé qu’il ne remarqua pas tout de suite que Poldrei s’était arraché à sa contemplation pour se tourner vers lui.
— Magnifique, n’est-ce pas ? lui dit le Moff avec un mince sourire.
— Impressionnant, Monsieur, répondit le jeune homme en se ressaisissant.
— C’est un beau rassemblement, commenta Thrawn en venant vers eux, Pellaeon à ses côtés.
Le commodore semblait prêt à le rattraper, au cas où il serait victime de quelque faiblesse.
— Mais il reste minime par rapport à ce que l’Empire pouvait faire autrefois, acheva le Grand Amiral. Ce seul secteur disposait de cinq fois plus de destroyers pour assurer sa sécurité, à une époque où la Rébellion n’était rien de plus qu’une rumeur. Notre puissance reste très relative.
— La Nouvelle République n’a guère plus dans notre zone, rappela Poldrei.
— Je sais. Mais elle est sur son terrain, à présent. Elle dispose de défenses solides.
— Votre plan…
— Mon plan requiert une minutie absolue.
Il plongea son regard ardent dans ceux des deux simili-Jedi.
— Établissez la connexion.
Un vocabulaire tellement banal, pour l’acte qu’ils s’apprêtaient à faire… Mais Celric se contenta d’obéir, gardant par-devers lui ses pensées.
— À vos ordres.
Piotr répondit la même chose. Simultanément, ils s’installèrent en tailleur sur le sol glacé de la passerelle. C’était une position enseignée par Luke, qui n’imaginait sans doute pas alors ce qu’ils allaient en faire…
Chasse ces pensées de ton esprit, s’ordonna-t-il mentalement.
Si tu fais bien ton travail, les pertes seront limitées et cette guerre finira au plus vite. C’était ce mantra qu’il se répétait mentalement chaque fois que ses doutes revenaient. Que ce soit par conviction, à cause de son histoire personnelle ou de son amitié pour Luke, il n’avait pas envie de s’en prendre aux Rebelles. Ou du moins, plus envie. Mais avait-il le choix ? Polcaphran était son foyer, et la planète demeurait impériale. Une situation qui, si l’on se fiait aux derniers développements, n’était pas près de changer…
Il ferma les yeux et projeta son esprit dans la Force. Comme à chaque fois, l’immensité des possibilités offertes par cette énergie cosmique le dérouta. Comme il était facile de céder aux tentations d’un tel pouvoir ! Il comprenait mieux, à présent, les contes que lui racontait sa mère sur les héros déchus. Il comprenait aussi pourquoi tant d’étudiants de C’Baoth s’étaient laissé séduire. Il comprenait, certes, mais il n’acceptait pas.
Il dériva mentalement dans le vide cosmique, à la recherche d’une présence familière. Il finit par en sentir deux : Flynn Tharon et Gladys Sarn. Aidé par Piotr, qui joignit ses forces aux siennes, il parvint à entrer en contact avec eux.
— C’est fait, annonça-t-il alors sans ouvrir les yeux, pour conserver toute sa concentration. Ils sont déjà en position.
— Bien, répondit la voix suave du non-humain. Lieutenant, communication pour l’ensemble du commandement.
Toujours plongé dans l’obscurité, Celric imagina Thrawn s’éloigner de quelques pas – qu’il distingua à peine, tant il était concentré – pour descendre dans la fosse bâbord, jusqu’au poste du responsable des liaisons.
— Ici le Grand Amiral Thrawn, annonça-t-il au bout de quelques instants. Messieurs, préparez-vous et synchronisez vos chronos. Le
Bellicose… Capitaine Aban : trois minutes.
—
À vos ordres. — Le
Judicator, capitaine Brandei. Quatre minutes cinquante.
—
Oui, Excellence.
— Le
Right to Rule, capitaine Garrol. Deux minutes.
—
Nous sommes parés. — Le
Stormhawk… Il inventoria ainsi une dizaine d’autres vaisseaux avant de s’adresser à nouveau à Celric.
— Envoyez le signal. Maintenant.
Le jeune homme obéit, faisant jaillir cette impulsion mentale si particulière de lui à destination de ses amis. Il sentit presque aussitôt une autre décharge d’énergie spirituelle – la réponse qu’il attendait.
— C’est fait.
— Opération déclenchée, ordonna alors Thrawn.
Celric aurait donné cher pour observer les manœuvres du passage en hyperespace, et la tension grandissante sur les visages des membres d’équipage. Il ne pouvait qu’en percevoir l’écho au sein de la Force, une aura de plus en plus oppressante, à mesure qu’ils approchaient de leur cible.
Il lutta pour ne pas être déconcentré lorsque les alarmes retentirent à nouveau. C’était à lui, et à Piotr, qu’incombait le maintien du lien mental ; de leur côté, Flynn et Gladys avaient déjà fort à faire. Le destroyer émergea de l’hyperespace
— Maintenant, nous allons voir quelle sera leur réaction… marmonna Poldrei.
— La réponse ne devrait guère se faire attendre, estima Pellaeon.
Soudain, le lien se brisa, et Celric rouvrit les yeux.
— Je ne les sens plus !
— Nos senseurs ont-ils détecté quelque chose ? demanda le commodore en se tournant vers la fosse de l’équipage.
— Des échanges paniqués, mais aucune explosion à la surface, répondit un opérateur.
— Ils doivent être en pleine phase d’approche, devina Thrawn. Vous ne feriez plus que les déconcentrer, à présent.
Tavill acquiesça et se releva, doucement. L’exercice, bref mais intense, lui avait beaucoup coûté en énergie ; il comprenait à présent la fatigue intense qu’avait manifesté C’Baoth à l’issue de certains de leurs entraînements.
Les jambes chancelantes, il s’appuya contre la baie panoramique, et contempla pour la première fois Anaxes.
La Défenseure du Noyau.
Ce monde servait déjà de forteresse inébranlable à l’Empire d’Azure avant même que la République ne soit fondée. Il s’y était ensuite rallié, devenant au fil des millénaires le monde de prédilection des hauts gradés navals.
— Moi aussi, j’étais impressionné la première fois que je suis venu ici, confia alors Poldrei, qui avait une nouvelle fois remarqué l’air contemplatif de Celric.
— La première fois seulement ? demanda Piotr, oubliant toute retenue.
— Oui, confirma le Moff. Ensuite, j’ai rencontré des Anaxsis.
Il eut une grimace peu agréable.
— Quand la Marine Impériale a été organisée, la moitié environ des officiers étaient des natifs des collines de Sirpar ou d’anciens élèves de la Citadelle. Des commandants compétents, sans doute, mais qui ne voyaient pas d’un très bon œil les parvenus dans mon genre.
— Nous avons un premier contact, annonça Pellaeon. Le
Right to Rule a engagé le combat avec la flotte de défense d’Axum.
— Quels effectifs ? demanda aussitôt Thrawn.
— Trois croiseurs reconvertis et une dizaine de vaisseaux plus légers. Douze, très précisément. Cinq frégates et sept corvettes, classes diverses.
— Exactement les chiffres que nous avions, commenta Poldrei d’un air entendu.
Thrawn darda sur lui un regard ardent.
— Nous en avons déjà discuté, lança-t-il. La fiabilité de certaines informations n’implique pas que nous pouvons faire confiance à votre contact.
— Je le sais, répondit le Moff. Mais ajoutez cela aux codes qu’il dit détenir de la part de Derran Fahl lui-même… C’est un faisceau d’éléments qui m’incitent à croire ce qu’il dit.
— Vous allez bien vite en besogne.
— Peut-être. Mais nous avons besoin de quelqu’un pour tenir les Renseignements avant qu’ils se retournent contre nous.
Le Grand Amiral se mordit les lèvres, avant de lâcher :
— Entendu.
Poldrei salua sa petite victoire d’un signe de tête.
— Je pense que nous ne le regretterons pas.
Deux étincelles apparurent alors au loin, signe de la sortie d’hyperespace de nouveaux navires.
— Au rapport, ordonna Pellaeon à son équipage.
— Deux frégates, classe MC-30, annonça le responsable des senseurs. En approche vers notre position.
— Les renforts de la Nouvelle République, commenta Poldrei. C’est généralement à ce moment-là que les choses deviennent dangeureuses…
Celric se souvenait suffisamment bien du briefing pour deviner pourquoi. Anaxes était réputée pour la puissance de ses défenses sol-espace, des canons capables d’infliger d’importants dégâts aux vaisseaux capitaux. Mais leur utilisation était plus que parcimonieuse : immobiles, attachés au sol, ils représentaient une cible idéale pour les destroyers ennemis. De plus, leur utilisation imposait une désactivation au moins partielle du bouclier planétaire. Ils n’étaient donc, le plus souvent, que des soutiens lors de combats spatiaux, quand les forces de défense pouvaient attirer l’attention de l’adversaire.
— Ils devaient être de l’autre côté de la planète, acheva le Moff.
— Ils ne sont pas de taille contre notre groupe, assura Thrawn.
Il consulta le chrono à son poignet.
— D’autant qu’Anaxes ne devrait pas tarder à capituler…
Son regard dériva vers son allié.
— …si votre analyse de la situation était exacte.
— Elle l’est, l’assura Poldrei sans trembler.
Les deux chefs de l’Empire se jaugèrent du regard ; même s’ils étaient imperceptibles au sein de la Force, Celric sentait la tension qui émanait de cette confrontation. Ce n’était pas de la haine, de la détestation ou tout autre sentiment hostile ; leur comportement était plutôt l’héritage de trente ans de survie en milieu impérial, un environnement où la confiance était un luxe que les ambitieux ne pouvaient se permettre.
— Commandant ! intervint alors un enseigne, brisant ce duel silencieux.
Il s’adressait à Pellaeon, mais Poldrei et Thrawn se tournèrent également vers lui, ce qui diminua considérablement son assurance.
— Nous… Nous sommes parvenus à nous connecter à des satellites de sécurité… Nous pouvons avoir des images de la Citadelle.
— Diffusez-les sur les écrans de la passerelle, ordonna le commodore. Et surveillez l’approche de ces frégates !
— À vos ordres.
Les vues apparurent très vite sur différentes parois autour d’eux. Elles montraient un imposant complexe, de conception ancienne mais qui comportait malgré tout des détails rappelant l’esthétique impériale. En recoupant les angles, Celric comprit qu’il observait une structure en forme de U, enserrant une très large place sur plusieurs niveaux où l’on pouvait distinguer de grandes allées bordées de statues et de colonnes.
C’était la puissante Citadelle d’Anaxes, un complexe dont les origines remontaient à l’Empire d’Azure et qui accueillait les principales institutions de la planète. Ses tours les plus élevées, de plusieurs centaines de mètres de haut, étaient bien plus récentes : l’ensemble avait su évoluer au fil des siècles, servant l’Ancienne République de ses origines à son déclin, et passant sous domination impériale dès les débuts de l’Ordre Nouveau.
Aujourd’hui, la Citadelle allait connaître une nouvelle page de son histoire.
Et quelle page !
Le Grand Amiral consulta une nouvelle fois son chrono.
— Ils ne devraient plus tarder, à présent, estima-t-il.
Ils patientèrent en silence. Sur le pont, tout le monde retenait son souffle ; ceux qui ne guettaient pas l’avancée des ennemis ou n’étaient pas occupés à une tâche essentielle observaient ce théâtre improvisé où rien ne semblait encore bouger.
Puis les images semblèrent devenir floues, et, soudainement, des taches grises apparurent, plus nombreuses à chaque seconde. Elles devinrent plus précises, laissant apparaître des nuances, des formes bien déterminées, des lignes dures et élégantes.
En quelques instants, un destroyer était surgi du néant.
— Maintenant, nous allons savoir… murmura Pellaeon.
Poldrei sourit.
— Ils ne le détruiront pas, assura-t-il.
— C’est ce que vous pensez, rappela Thrawn.
— J’en suis convaincu, assura le Moff. Aucun Anaxsi ne voudrait détruire un destroyer de classe Victoire, et encore moins l’
Arlionne.
Il désigna l’écran qui montrait le mieux le vaisseau d’un coup de menton.
— C’était le destroyer de Terrinald Screed au cours de sa traque de la flotte Bulwark… Une traque qui s’est achevée ici même ! De toute l’histoire récente de ce monde, c’est l’épisode le plus glorieux, celui dont les Anaxsis sont le plus fiers !
Celric espérait de tout cœur que le Moff avait raison, car Flynn et Gladys étaient à bord de ce navire – et ils devaient être épuisés par la prouesse qu’ils venaient de réaliser.
Le Grand Amiral Thrawn avait exhumé – Celric ignorait d’où – des prototypes de manteaux-boucliers, capables de rendre des objets invisibles pour l’œil et les senseurs. Une technologie de pointe, plus perfectionnée que les manteaux de camouflage traditionnels, qui pouvaient encore être détectés par les meilleurs équipements… Mais qui souffrait d’un défaut majeur. Le manteau-bouclier pouvait rendre invisible son utilisateur, mais il le laissait aussi aveugle sur tous les plans. Il était impossible de guider un vaisseau équipé de cette technologie.
Heureusement, la Force n’était pas soumise à ce genre de limites.
Le plan était collectif. Thrawn avait imaginé l’utilisation des « Jedi Impériaux » pour pallier les handicaps induits par les manteaux-boucliers, afin d’utiliser ces derniers pour infiltrer un navire sur la cible ennemie, avant la levée des défenses ennemies. Poldrei était intervenu sur le choix de la cible, et du navire à équiper pour l’occasion.
Ils allaient maintenant savoir si cette association était judicieuse.
— Contact dans quatre minutes, annonça Pellaeon.
Sur les écrans, le destroyer ne bougeait pas. Les répulseurs additionnels, ajoutés en même temps que les manteaux-boucliers, fonctionnaient à plein régime, faisant vibrer l’air autour d’eux.
— Trois minutes.
— Nous avons une demande de liaison, annonça alors un enseigne.
— Qui donc ? dit aussitôt Poldrei en se tournant vers lui.
— Un membre du gouvernement d’Anaxes. Il souhaite s’adresser directement au Grand Amiral Thrawn.
L’appelé échangea un regard avec le Moff, qui cachait à peine son triomphe. Celric n’avait même pas besoin de la Force pour sentir son enthousiasme orgueilleux.
— Félicitations, amiral, lança-t-il avec aplomb. L’Empire d’Azure est à nous.
L2-D2 a écrit:On a l'impression de voir une fin de saison de série télévisée tant les choses se précipitent... et promettent du bon, du très bon même !
Je suis amateur de quelques bonnes séries politiques... Mes premières ébauches de Carth Poldrei étaient très inspirées d'un personnage emblématique, que les scénaristes viennent de tuer suite aux graves conneries de son interprète.

Alfred M. a écrit:Il est pas si instable qu'on aime bien à le dire et agit toujours de façon relativement logique, sinon Thrawn n'aurait pas pu le cerber et travailler avec lui

.
Dans les livres, son état mental se dégrade à mesure que sa puissance augmente. Je pars du principe que le contact avec de nombreux apprentis accélère sa montée en puissance... C'Baoth est ici une menace plus importante que dans les livres de Zahn, sans doute.

mat-vador a écrit:Dans les derniers dialogues, le plan de Poldrei est en marche! un triumvirat

!
Dark Palgueïss a écrit:Je suis cependant un peu dubitatif sur son projet : l'idée d'un triumvirat, ça sonne pas mal, mais je vois d'ici toutes les possibilités de trahisons et coups bas entre les trois détenteurs du pouvoir.
Tout dépend des personnes qui occupent la place, j'imagine. Personne n'a encore le tiercé gagnant - enfin, sauf moi, bien sûr.

Et s'il y a des péripéties...
