C'est que depuis quelques temps, les anus se vident, les vessies s'assèchent tant les peureux se font dessus... Car la rumeur enfle... Le Seigneur des Ténèbres serait de retour. Il aurait été aperçu dans la contrée des Challenges, où son pouvoir lui fit défaut, l'empêchant d'y prendre pied. Mais la légende dit qu'il y forgea un texte terrible, qu'il compte bien publier pour marquer son retour... Et certains auteurs (Oui mat, c'est toi que je regarde ) savent qu'ils ne seront pas épargnés. La Terre des Fanfics tremble à nouveau car, depuis le pays de Mordor où s'étendent les ombres critiques et où il fut hébergé par son cousin Sauron durant quelques temps, Zèd s'est remis en marche.
Rien ne le détournera de sa route. Il a affuté ses critiques et fourbi sa mauvaise foi. Oui, il est en chemin. Ni la pluie, ni le vent, ni la grêle ne l'empêcheront de réaliser son but ultime... Suspens... Tintintin... Devenir calife à la place du calife !
Eh oui, c'est le retour du fils prodige !
Alors tout d'abord, ça m'a fait fait très chaud au cœur de lire vos messages de soutien (même si ça remonte, je ne les ai pas oubliés ) Je pense que sans eux, j'aurais complètement perdu pied. Donc du fond du cœur, merci à tous. Mais à présent, me revoici, pour votre plus grand malheur
Bon, et maintenant, passons aux choses sérieuses
Avant d'aller distribuer des critiques assassines à qui de droit (Tu peux sortir de sous ton lit, mat, je vais pas te manger... juste goûter un morceau ), je vous présente le dernier texte que j'ai commis. Il était initialement destiné au Challenge Fanfiction HS sur la Bataille de Géonosis mais cette nouvelle en elle-même n'est pas liée à la bataille. Je souhaitais donc écrire sa suite, qui se serait déroulée durant les combats, et les publier ensemble afin d'embrouiller tout le monde d'apporter autant de cohérence possible à ce projet. Sauf que l'été a été... chargé, pour le moins et j'ai préféré passer la fin juillet à récupérer plutôt qu'à me forcer à écrire, ce qui ne donne jamais de bons résultats de toute façon.
À noter également que cette nouvelle, en plus d'être destinée au Challenge HS participait au Défi mai-juin 2022 "Retour en enfance" de Fanfictions.Fr pour lequel étaient demandés :
- un texte d'au moins 1500 mots (celui-ci en fait 5417)
- un retour en enfance, réel ou imaginaire, du protagoniste
Sans plus de chichis, voici donc Le Cœur de Petranaki, une nouvelle dont je suis assez fier et qui, je l'espère, saura vous plaire
Le Dug était né au milieu des jungles de Malastare et y avait passé son enfance, s’épanouissant dans les villages arboricoles où son espèce vivait. Mais depuis quelques semaines qu’il se terrait dans les galeries géonosiennes, il ne pouvait se défaire d’un sentiment de suffocation.
Alors que la galaxie avait depuis longtemps sombré dans un chaos indescriptible suite aux conquêtes Sith, Jilwiso avait quitté Coruscant où il vivait avec les siens pour s’aventurer dans les souterrains géonosiens, loin de la zone d’influence d’une République désormais repliée sur elle-même, pour honorer son défunt ami en poursuivant sa mission.
Si seulement Vannar était encore là…
Il avançait précautionneusement en s’appuyant sur ses bras hypertrophiés typiques des Dugs, tandis qu’il se tenait prêt à saisir son arme d’un pied s’il se faisait repérer. Après tout ce temps isolé dans des galeries abandonnées, à n’apercevoir les natifs qu’à travers des anfractuosités, à étouffer tous les sons qu’il pouvait produire, à se nourrir de bestioles répugnantes et à ne dormir que d’un œil, Jilwiso s'apprêtait enfin à mettre à bas la régence Sith qui gangrenait la planète.
Depuis le début de l’Âge Sombre de la République des décennies auparavant, les Sith avaient su conquérir la majeure partie de la galaxie. Cependant, ils s’étaient révélés incapables de rester unis pour écraser leurs ennemis de toujours et leur Empire se morcela alors même que la République était plus vulnérable que jamais. De nombreux Seigneurs Noirs autoproclamés avaient alors surgi alors, chacun revendiquant son territoire et faisant la guerre à son voisin. Ainsi en avait-il été sur Géonosis, où l’archiduc et Seigneur Sith Bryshi, issu de la ruche Petranaki, avait refermé sa main de fer sur la planète.
La République avait vu déferler sur elle un flot de réfugiés issus de tout le secteur Arkanis, fuyant les légions géonosiennes asservies par l’alchimie corruptrice du Seigneur Bryshi, et Jilwiso avait participé à leur installation. Il avait écouté leurs récits traumatiques, pansé leurs plaies, les avait défendus contre des bandits et aidés autant que possible. Puis, lorsqu’il n’avait plus supporté cette situation, il avait décidé de traiter le mal à la racine et était parti pour la planète de sable rouge, Géonosis.
Le Dug avait participé à de nombreuses reprises aux raids de son ami Vannar sur le secteur Grumani, il savait donc comment procéder : viser des points stratégiques, frapper là où l’ennemi n’est pas et disparaître avant qu’il ne rapplique. Cependant, depuis la mort de Vannar quelques mois plus tôt dans une opération audacieuse, la République interdisait formellement de nouvelles incursions dans l’espace Sith. Pour la première fois, Jilwiso devait agir seul.
Mais un Jedi n’est jamais seul, se rappela-t-il. Je fais corps avec la Force, la Force est avec moi.
Il approchait à présent de son objectif. Dans le dédale de cavernes et de grottes qui parsemaient le sous-sol de Géonosis, il avait fini par découvrir la plus importante, la clé de voûte du principat géonosien de Bryshi. À force d’espionner guerriers et ouvriers, Jilwiso les avait entendu évoquer avec révérence une crypte où leur seigneur avait entreposé un puissant artéfact.
Le Jedi avait à présent quitté le territoire de la ruche Stalgasin, où il avait rempli sa besace dans leur armurerie, pour entrer sur celui des Petranaki. Il s’efforçait de laisser couler la Force en lui pour détecter l’approche de toute forme de vie hostile et, constamment sur ses gardes, se figeait chaque fois qu’un Géonosien apparaissait. Finalement, au terme d’une lente progression, il se blottit dans une anfractuosité de sa galerie, ne laissant dépasser que le bout de son museau pour observer son environnement. Il était arrivé.
Quatre Géonosiens lourdement armés gardaient une épaisse grille. Derrière celle-ci, Jilwiso pouvait enfin percevoir les pulsations de l’artéfact qu’il recherchait. Le Cœur de Petranaki portait bien son nom, le Jedi pouvant sentir l’objet provoquer à intervalles réguliers un léger remous dans la Force. Une envie grandissait alors en lui de s’aligner sur ces battements, de se fondre en eux, de rejoindre le Cœur pour s’oublier dans l’union qu’il proposait… Il se ressaisit. La transe presque hypnotique qu’induisait le Cœur était redoutable. Elle infusait doucement à l’orée de sa conscience, mûrissant sans se faire remarquer jusqu’à ce qu’il soit heureux de la rejoindre. Lui qui était formé aux arcanes de la manipulation mentale aurait pu se laisser prendre s’il n’avait pas su à quoi s’en tenir. Alors des Géonosiens sans talent pour la Force… Pas étonnant que le Seigneur Bryshi ait eu si peu d’opposition lors de sa prise de pouvoir.
Jilwiso s’installa le plus confortablement et discrètement possible dans sa crevasse, et attendit. Une fois dans la crypte, il aurait besoin de temps pour mettre son plan à exécution. Il devait donc y pénétrer sans se faire remarquer et massacrer les gardes était donc exclu. Ce n’était de toute façon pas sa manière de procéder. La patience avait toujours été l’un de ses points forts. Depuis des semaines qu’il hantait le sous-sol de la planète de sable, il en avait déployé des trésors. Quelques heures de plus lui importaient peu.
La nuit finit par tomber. Le cycle d’Ea, l’étoile du système, n’était pas perceptible aussi loin sous terre, mais Jilwiso avait fini par discerner les légères variations d’activités qu’il provoquait au sein de la ruche, par exemple lorsque l’activité de surface s’arrêtait à la nuit tombée. Pour autant, la ruche ne dormait jamais car soldats et ouvriers se relayaient afin que l’activité souterraine se poursuive, mais une léthargie ténue ralentissait la production dans ces moments.
Dans une ruche géonosienne, tout était affaire de cycles. Malgré un chaos apparent, l’engrenage était huilé à la perfection. Le Jedi savait dans quelles galeries et à quelle heure la garde passait. Il savait quand les restes de repas étaient jetés. Il lui avait fallu deux semaines d’observation, mais il comprenait à présent la logique de chaque ronde de surveillance, de chaque chaîne de montage et de chaque roulement d’équipe. Aussi, les quelques heures passées à surveiller les gardes lui avaient suffi à deviner avec certitude le moment de leur relève. Celle-ci aurait lieu d’ici une cinquantaine de minutes, ce qui lui laissait le temps nécessaire. La galerie devrait rester déserte jusque là et les gardes commençaient à fatiguer. L’heure de passer à l’action avait sonné.
Jilwiso s’efforça de s’étirer discrètement pour chasser les courbatures apparues durant cette longue immobilité, puis il utilisa ses pouvoirs pour sonder les gardes. Il ne put y passer autant de temps qu’il l’aurait souhaité, mais il tissa rapidement un voile d’illusion autour de ses ignorantes victimes. Pour le Jedi, la Force apparaissait ainsi, tel un immense ensemble de fils reliant chaque être vivant. Il pouvait les tirer pour faire venir à lui un objet, ou procéder plus subtilement comme il s’y essayait désormais. Il entrelaçait à toute vitesse des brins d’énergie invisibles autour des Géonosiens, tressant une réalité différente sous leurs yeux. Le travail du Dug n’était pas assez abouti pour le masquer à leur regard, mais il pouvait distordre son apparence.
— Seigneur Bryshi ! s’étrangla un garde dans un mélange de glapissements et de claquements de mandibules.
— Je dois consulter le Cœur un moment, soldats. Veillez à ce que je ne sois pas dérangé.
Jilwiso ne comprenait que mal le langage des insectoïdes, mais les liens qui couraient entre lui et les gardes leur avaient permis de communiquer sans que ces derniers ne remarquent la moindre étrangeté. Une fois qu’ils eurent refermé la grille derrière lui, il s’engagea dans un long boyau ténébreux qui lui donna la désagréable impression de se faire avaler vivant. La grille est la bouche, les gardes sont les dents qui déchiquètent les intrus et il faut parcourir l’œsophage pour arriver dans la crypte-poitrine où se trouve le Cœur… Si je ne me trompe pas, Bryshi a un étrange sens de l’humour.
Au bout de quelques minutes de marche, il put distinguer une lueur au bout de sa galerie. À mesure qu’il se rapprochait, il constata que cette dernière s’élargissait, aboutissant dans une immense caverne. L’étincelle qu’il avait aperçue trônait en son centre, magnifique ouvrage né des mains d’un sculpteur de génie et d’une alchimie pervertie.
Jilwiso perçut l’attraction que l’objet, fait d’une matière indéfinissable, exerçait sur son esprit et se força à s’en détourner. Il posa son sac sur le sol et en extirpa l’objet de ses larcins : une quinzaine de détonateurs thermiques dérobés dans l’armurerie des Stalgasin. Il se hâta de les placer à des lieux stratégiques de la crypte, refusant de s’attarder sur les décorations subtiles ornant ses parois. Il ne s’était jamais intéressé à l’art géonosien et, pour abouti qu’il paraisse, ce n’était pas le murmure à son oreille qui allait l’y pousser maintenant. Lorsqu’il eut positionné la dernière charge explosive, il régla le compte à rebours et l’activa d’un orteil avant de se tourner vers la galerie qu’il avait empruntée pour venir.
Attends.
Ce n’était plus un murmure. Pas un cri pour autant, et pas un ordre non plus. La voix à son oreille, indéfinissable, savait déjà ce qu’il allait faire. Il aurait pu jurer qu’il ne lui obéissait pas, qu’elle décrivait simplement ses actions une seconde avant qu’il ne les réalise.
Regarde-moi. Et Jilwiso se retourna.
Le Cœur de Petranaki, qui ressemblait en tout point à l’organe géonosien, brasillait paisiblement sur un autel de pierre dont la sobriété ne faisait que réhausser la beauté de l’artéfact. Chacune de ses facettes chatoyait de toutes les couleurs imaginables, telles des flammèches qui semblaient constamment danser un harmonieux ballet.
Approche. Un instant plus tard, le Jedi fit quelques pas vers la lumière.
À présent, il distinguait mieux les scintillements qui parcouraient le Cœur. Ceux-ci se mouvaient à sa surface, paresseusement pour certains tandis que d’autres traversaient l’artefact pour se blottir dans un léger relief. Et plus Jilwiso admirait ce spectacle, plus il lui semblait familier. Il pouvait presque distinguer…
Plus près. Le Jedi pouvait presque toucher le Cœur.
Il le voyait clairement, désormais. La jungle de Malastare brûlait.
La Dug mima la scène à ses enfants en clignant exagérément tout en mimant un troisième œil avec une patte, déclenchant leur hilarité.
— Et après maman ? demanda Jilwiso, impatient.
— Eh bien ensuite, il a bafouillé des excuses et il est parti en courant ! Ses hommes l’ont regardé fuir, ils n’en revenaient pas. Alors je leur ai hurlé « Bouh ! » et ils l’ont suivi !
La mère de famille récolta une ovation de ses enfants, qui fut interrompue par un appel de la pièce voisine.
— Les enfants, on mange !
— Passez à table, mes chéris. Et dites à papa que j’arrive.
Ceux-ci s’exécutèrent et rejoignirent la cuisine dans un joyeux boucan. Seul Jilwiso resta dans le salon, aidant sa mère à ranger les coussins sur lesquels ils s’étaient assis.
— Allez Jil, file ou papa va te gronder. Je te rejoins tout de suite.
— Dis, maman ? demanda le petit Dug. Si tu as battu les Grans, pourquoi mes copains ont dit qu’ils viendront bientôt pour le tribut ?
— Eh bien… Les Grans sont nombreux, je ne les ai pas tous battus, expliqua patiemment la mère. Mais je te promets qu’un jour, nous serons libres.
— Dormez bien mes chéris.
— Toi aussi papa, répondit Jilwiso en se blottissant sous sa couette.
— Un bisou ? proposa sa mère, ce que l’enfant accepta avec joie.
Les parents s’éclipsèrent alors de la chambre, laissant leurs cinq enfants s’endormir paisiblement. Seulement, à peine étaient-ils sortis que Jilwiso se glissait hors de son lit.
— Jil, reste là, chuchota un de ses frères. On va encore se faire gronder !
— Alors tu ferais mieux de pas faire de bruit, rétorqua celui-ci.
Il entrouvrit la porte de leur chambre et se dirigea vers le salon où ses parents discutaient, sa mère ayant posé sa tête sur le bras de son père.
— Tu devrais arrêter de raconter des histoires aux enfants, mon cœur… lui murmura ce dernier.
— Je sais bien que ça ne sert pas à grand-chose, soupira-t-elle. Jil m’a demandé pourquoi nous n’étions pas libres puisque j’avais vaincu les Grans.
— Il a déjà huit ans, il sera bientôt grand et les autres suivront. Le temps de leur raconter les belles histoires d’une guerrière indomptable toujours victorieuse sera bientôt révolu, fit son époux en caressant son long cou.
— Je sais bien, seulement… Tu as senti ça ?
La mère de Jilwiso se redressa brusquement et passa sa tête par la fenêtre, humant l’air.
— Feu, lâcha-t-elle d’une voix blanche. Le village brûle.
Son mari n’attendit pas, il courut vers la chambre des enfants et rentra dans Jilwiso qui était sur son chemin. Trop effrayé pour être en colère, il dit simplement à son fils :
— Il faut partir.
La famille se hâtait sur le pont suspendu qui reliait deux plateformes. Tout autour d’eux, un spectacle de désolation se répandait. Les flammes ravageaient le village arboricole tandis que des Dugs affolés tentaient de fuir. Alors que le père houspillait une de ses filles pour qu’elle accélère, la benjamine demanda à sa mère :
— C'est les Grans ? Ils veulent se venger parce que tu les as…
— Ce ne sont pas les Grans, la coupa sa mère. C’est pire.
Jilwiso descendit du pont et rejoignit son petit frère qui l’avait précédé. Sur le pont, la benjamine s’était roulée en boule et refusait de bouger, terrifiée par les cris de panique et l’odeur de brûlé émanant de tout le village. Elle avait agrippé la balustrade et refusait de la lâcher malgré tous les efforts de ses parents. Jilwiso et son frère se figèrent brusquement. Une lueur verte était apparue de l’autre côté du pont, leur source restant masquée par l’angle d’une maison.
— Jil ? demanda son frère, la voix tremblante. Ce sont eux ?
— Dépêchez-vous, cria Jilwiso à ses parents. Ils arrivent ! Les Jedi arrivent !
De l’autre côté du pont, là où la lueur verte se manifestait, Jilwiso distingua un Dug terrifié. Devenu manchot, il était désormais incapable de marcher et se traînait sur le sol, cherchant à fuir son poursuivant. Celui-ci entra enfin dans le champ de vision de Jilwiso. Le Jedi, un humain d’une trentaine d’années, arborait un sourire cruel. Il marchait tranquillement, suivant le pauvre Dug blessé en l’asticotant de la pointe de sa lame verte. Soudain, le Jedi tourna la tête et aperçut la famille bloquée sur le pont. Son sourire s’élargit et Jilwiso perçut nettement le moment où il décida que sa victime actuelle l’ennuyait. Il tendit la main vers le Dug blessé, qui se mit aussitôt à suffoquer. Bientôt, ce dernier cessa de convulser. La mort l’avait libéré de sa terreur.
Sur le pont, la mère de Jilwiso s’empara du couteau de cuisine qu’elle avait emporté et dit quelques mots à son mari. Jilwiso ne les entendit pas, mais il comprit parfaitement.
— Veille sur nos enfants.
Elle s’élança en direction du Jedi, brandissant sa misérable arme, inutile face à un sabre laser. Jilwiso et son frère assistèrent impuissants au spectacle qui s’ensuivit. Le Jedi trancha la main de leur mère d’un moulinet, puis il la plaqua au sol grâce à ses pouvoirs mystiques. Avec une grimace de joie malsaine, il entreprit de la mutiler encore et encore. Jilwiso força son petit frère à détourner le regard, mais il ne put lui-même s’empêcher d’assister à cette scène. Lorsque sa souffre-douleur cessa de hurler, le Jedi se tourna vers le pont. La famille de Jilwso avait contemplé ce massacre, le père désespéré voyant sa femme se faire estropier sans pouvoir agir. D’un mouvement ample de son sabre, le Jedi trancha le pont suspendu, sa balustrade et ses points d’attache, précipitant tous ceux qui se trouvaient dessus dans le vide, à la rencontre du sol des dizaines de mètres plus bas.
Lorsqu’il repenserait à cette scène, Jilwiso se souviendrait de chaque détail. L’éclair vert qui pourfendait les chaînes et les planches. Le rictus affreux du Jedi tandis qu’il admirait son œuvre. Son père et sa fratrie tombant en hurlant. Son dernier frère blotti contre lui, secoué de sanglots. Le vide qui l’envahissait en comprenant qu’ils étaient désormais seuls.
Brusquement, Jilwiso réalisa que le Jedi se trouvait devant lui. Il avait franchi le gouffre qui les séparait d’un bond et agitait à présent son sabre vert sous son nez. Les deux jeunes Dugs tombèrent à la renverse.
— Pitié… murmura Jil. Pitié…
Il ne pouvait rien ajouter d’autre. Une boule de douleur, de désespoir, l’empêchait de parler. Leur tortionnaire se délectait de leur détresse. D’un geste soudain, le Jedi abattit sa lame d’émeraude et Jilwiso ferma les yeux, refusant de voir la mort le frapper.
— Pitié… continua-t-il.
Mais il vivait toujours. Le bourdonnement du sabre laser emplissait ses oreilles et son éclat vert franchissait ses paupières closes. Il rouvrit les yeux et son cerveau refusa de comprendre ce qu’il voyait. Son frère…
Le Jedi riait à présent. Il se pencha vers Jilwiso et lui glissa à l’oreille :
— À ton tour, maintenant.
Il dégagea son sabre et s’apprêta à l’abattre à nouveau mais interrompit son geste. Pour la première fois, il cessa de sourire.
— Sortez de là ! s’écria-t-il. Au nom de la Chancelière, montrez-vous !
Jilwiso resta interdit devant la scène qui se déroula devant lui : son tortionnaire fut soudain projeté en arrière sans que rien ne l’ait frappé. Le jeune Dug lâcha le corps de son frère et, incapable de se relever, se traîna à quelques mètres de distance. Il réalisa soudain qu’un halo rouge s’élevait de derrière lui.
Se retournant, il aperçut un grand et noble guerrier Géonosien qui le dominait de toute sa hauteur. Un sabre à lame écarlate en main, il observait le Chevalier Jedi qui leur faisait face. Ce dernier s’était relevé et se léchait les babines, impatient d’en découdre. Les deux maîtres de la Force se jetèrent l’un contre l’autre, mais il apparut très vite que le Géonosien avait l’avantage.
— Un Sith, souffla Jilwiso, impressionné.
Le Jedi perdait du terrain, incapable de faire face à la précision des coups de son adversaire. D’une fente si rapide que Jilwiso ne la vit presque pas, le Sith mit fin à l’affrontement. Il vérifia que son adversaire était bien mort, puis rangea son sabre et se tourna vers le petit Dug. Celui-ci se laissa examiner en toute confiance et, lorsque son sauveur eut déterminé qu’il n’était pas blessé, le pointa du doigt :
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il d’une voix fluette avant de se désigner lui-même. Je suis Jilwiso.
Le Sith émit quelques claquements et sifflements, que Jilwiso eut du mal à interpréter.
— Bryshi ? hasarda-t-il finalement.
Son bienfaiteur hocha la tête et lui tendit la main, que Jilwiso saisit avec un sourire timide.
Le brasier qu’était le Cœur avait déjà réécrit les souvenirs de l’ensemble des légions géonosiennes du Seigneur Bryshi et pouvait désormais modifier une vie entière en quelques minutes seulement. Mais dans le cas de Jilwiso, il procédait plus précautionneusement. Les Jedi étaient formés pour résister aux manipulations mentales. L’ouvrage était cependant bien entamé et, une fois l’environnement des galeries stabilisé dans les nouveaux souvenirs du Dug, il pourrait accélérer.
Une série de sifflements et de glapissements retentit dans la caverne :
— Lorsque tu en auras fini avec ce Jedi, j’aurai enfin un apprenti digne de ce nom, exulta l’archiduc Bryshi.
Le Sith Géonosien avait senti son lien avec le Cœur se manifester fortement tandis que Jilwiso posait ses charges explosives et il s’était hâté vers sa précieuse crypte. Les gardes avaient semblé perplexes en le voyant se présenter à eux une seconde fois, mais ils l’avaient suivi au pas de course. Tandis que ses quatre soldats tentaient de localiser les charges explosives installées par Jilwiso, Bryshi jubilait en voyant le Dug hypnotisé par les reflets incandescents du Cœur de Petranaki. Son Cœur.
Les séides géonosiens avaient déjà récupéré et désamorcé huit détonateurs lorsque le compte à rebours arriva à son terme. L’explosion secoua toute la caverne, faisant s’effondrer un morceau du plafond tandis qu’une grande partie du sol s’affaissait.
Jilwiso se jeta en arrière par pur réflexe, ce qui lui sauva certainement la vie. La seconde d’avant, il était plongé dans une profonde félicité qui lui faisait revivre son apprentissage Sith auprès de son très cher maître Bryshi lorsque son lien avec la Force l’avait averti d’un danger. Il n’avait repris conscience que pour éviter un énorme rocher sorti de nulle part. Partout autour de lui, le sol tremblait et des nuages de poussière emplissaient l’air. Il distingua les ailes d’un Géonosien frémir sous un bloc de pierre. Invoquant la Force, il le souleva pour aider son allié.
Mon… allié ?
En s’approchant du guerrier, il constata vite que celui-ci n’irait nulle part : il avait visiblement la colonne vertébrale brisée et agonisait. Jilwiso hésita. Il se sentait tenu par son apprentissage d’apaiser les souffrances du malheureux pour qu’il parte en paix, alors que la même injonction le poussait à les abréger d’un coup de sabre. Le sol trembla à nouveau, une faille s’ouvrit et engloutit le Géonosien, ce qui tira Jilwiso de ses pensées paradoxales. Il aperçut alors deux autres soldats transportant son maître révéré, Bryshi, visiblement inconscient, et il se précipita pour leur venir en aide.
Que fait le Seigneur Bryshi ici ? Et moi ? Comment suis-je arrivé dans cette grotte ?
En le voyant accourir, l’un des soldats s’empara de son blaster sonique et se mit aussitôt à le mitrailler tandis que l’autre poursuivait sa route, transportant toujours le corps inanimé de l’archiduc. Jilwiso évita la salve, dégaina son sabre laser et trancha d’un coup précis le corps de son adversaire. Il avait déjà combattu des Géonosiens et savait très bien comment détruire cette vermine.
Vermine ? Mais ce sont mes alliés… Non, les Géonosiens sont des ennemis, ils terrorisent tout le secteur Arkanis. Mais pourquoi le Seigneur Bryshi m’a-t-il formé, alors ?
Tout en s'efforçant de réfléchir à toute allure, Jilwiso poursuivait sa course vers le dernier guerrier insectoïde en évitant les morceaux de plafond qui continuaient à s’effondrer sur eux. Il réalisa alors que la lame de son sabre était bleue.
Pas… rouge ? Un souvenir remonta légèrement à la surface, enfoui sous des dizaines d’heures passées à s’entraîner avec un espadon sanguinolent. Le souvenir d’un jeune padawan Dug perdu dans les cavernes de glace d’Ilum, contemplant un cristal légèrement cyan exactement de la couleur de sa lame actuelle. Mais que m’arrive-t-il ?
Jilwiso secoua la tête. À une dizaine de mètres de lui, le Seigneur Bryshi avait repris conscience. Le soldat qui l’avait transporté cliquetait de terreur alors que leur maître pointait obstinément le centre de la caverne dont ils s’étaient éloignés. D’un geste agacé, Bryshi pulvérisa son séide d’une gerbe d’éclairs de Force, ce qui figea Jilwiso sur place.
Maître Bryshi vient d’utiliser le Côté Obscur ! songea-t-il avant de secouer la tête. Mais c’est normal, non ?
Il relégua une fois de plus ces pensées perturbantes à l’arrière-plan de son esprit et héla le Géonosien qui titubait vers lui :
— Seigneur Bryshi, il faut partir !
Le Seigneur Sith se tourna vers lui, semblant le remarquer seulement à ce moment. Le Dug était désormais suffisamment proche pour constater que le regard de son… maître ? était inhabituel, comme reflétant les scintillement du Cœur de Petranaki.
Le Cœur ! réalisa soudain Jilwiso.
Un élément ne collait pas. Il avait regardé le Cœur. Il ne se souvenait plus. Tout ce qu’il savait, c’était que son Seigneur et maître pointait le centre de la caverne et lui ordonnait de l’aider à ramener le Cœur. Il obéit.
Rebroussant chemin tout en prenant garde aux tremblements qui secouaient toujours la caverne, Jilwiso, en compagnie de son maître, se dirigea vers l’artéfact. Celui-ci avait jusque-là continué d’éclairer l’endroit ce que, perturbé par son contact avec lui, le Dug n’avait pas remarqué. Mais à mesure qu’il se rapprochait du Cœur, il le sentait peser sur ses pensées.
Le Seigneur Bryshi m’a sauvé. Je lui suis dévoué. Je l’aide à défendre cette planète.
Cette planète…
Je déteste cette planète, se rappela-t-il brusquement.
Ce fut une révélation. La phrase qu’il s’était répété des semaines durant alors qu’il se terrait dans les galeries le frappa comme une évidence. Les Sith, et non les Jedi avaient détruit son village. Il avait été sauvé par un Jedi Ithorien, qui l’avait formé au Temple de Coruscant. Bryshi n’était pas son maître.
Jilwiso se tourna vers le Géonosien et brandit son sabre laser. Celui-ci, comprenant que son emprise sur son sujet était brisée, se mit également en garde. Le Jedi, dont l’esprit s’était éclairci, put constater que son adversaire semblait peu concentré. Son attention avait du mal à se fixer sur Jilwiso et son regard retournait toujours vers l’artéfact à la lumière duquel ils allaient s’affronter.
Le Dug décida de ne pas attendre davantage et se précipita en avant, mais Bryshi esquiva son coup en déployant ses ailes pour s’envoler. Contrairement à ce que le Jedi présumait, il n’en profita pas pour lui fondre dessus mais se dirigea plutôt vers le Cœur. Le comportement du Géonosien semblait erratique et peu réfléchi : il aurait été plus logique de terrasser d’abord son ennemi avant d’aller s’encombrer d’une relique.
Pressentant que le Côté Obscur brouillait encore ses perceptions, Jilwiso lança la Force autour de lui et fut stupéfait de ce qu’il découvrit. D’innombrables fils reliaient Bryshi à l’artéfact qu’il cherchait désormais à saisir. Il ne s’agissait pas simplement des liens étroits auxquels le Jedi aurait pu s’attendre entre un alchimiste Sith et sa création, mais d’un véritable ensecrètement qui courait du Cœur jusqu’au Géonosien. Ce dernier était devenu la marionnette de son œuvre alchimique, qui semblait étrangement… vivante.
Cela explique son comportement étrange, réalisa Jilwiso. Il évita une pluie de graviers dégringolant du plafond, signe que les secousses se faisaient moins violentes la caverne se stabilisait enfin après l’explosion qui l’avait secouée, et se remit en garde, le sabre levé. Ne voulant pas laisser au Cœur le temps de développer une stratégie – celle qu’il avait pour l’instant semblant assez basique : échapper à l’éboulement – le Dug repassa à l’attaque contre Bryshi, qui serrait désormais l’objet contre lui. Il comprit vite l’erreur qu’il avait commis en laissant le Géonosien récupérer celui qui le contrôlait. Le Cœur flamboyait à présent d’un éclat plus sauvage que jamais.
La puissance de Bryshi n’avait plus rien de commun avec celle que Jilwiso avait observé les semaines précédentes en l’espionnant, ni avec celle à laquelle il avait fait face quelques instants plus tôt. Le Seigneur Sith avait laissé tomber son sabre laser sans même le remarquer, son attention à présent pleinement tournée vers le Dug qu’il dominait depuis les airs. Se servant de la Force pour augmenter ses capacités physiques, Jilwiso bondit vers son adversaire, mais celui-ci le projeta d’un simple geste de la main, l’envoyant valser plusieurs mètres plus loin. Atterrissant difficilement, le Jedi poursuivit alors ses attaques bien que chacune d’elle soit repoussée sans effort.
Tandis qu’il harcelait le Sith au cerveau lavé qui lui faisait face pour le ralentir alors qu’il s’efforçait de quitter la caverne, Jilwiso réfléchissait à toute allure à comment le neutraliser lorsque son regard fut attiré par un éclat argenté au sol. Il bondit à nouveau vers Bryshi, tentant toujours de l’atteindre de son sabre laser, et fut une fois de plus chassé énergiquement par une poussée de Force. Mais cette fois, le Dug dirigea sa chute vers l’objet qu’il avait aperçu et le ramassa discrètement. Il eut un sourire féroce : il s’agissait bien de l’un des détonateurs thermiques désamorcés par les guerriers Géonosiens.
Tout en poursuivant son harassant manège, il se plongea dans la Force. Lorsqu’il avait installé les explosifs sur les parois de la grotte, il les avait placés au centre de son attention. Cette concentration dirigée vers ces demi-sphères de métal avait forcément laissé un lien, même ténu, dans la Force. Jilwiso s’efforça de sentir les fils qui s’étaient alors tissés sans même qu’il en ait conscience entre lui et les engins de mort. Il en perçut sept, ainsi que celui qu’il avait dans les mains. L’un avait été pulvérisé par un rocher, un autre était tombé dans l’une des fissures qui parsemaient désormais toute la caverne et s’était fait broyer par la pierre, leurs fils étaient en train de se dissoudre. Les cinq autres gisaient éparpillés aux alentours.
Le Dug répéta alors l’opération qui lui avait permis d’obtenir le premier détonateur sans que Bryshi ne le remarque. Le Cœur de Petranaki avait apparemment une perception limitée : il savait où était son adversaire et identifiait sans problème un mouvement d’attaque, mais ne comprenait pas en détail ce qu’il faisait. Il semblait être une nouvelle forme de vie créée artificiellement par l’alchimie Sith, et son appréhension de l’esprit des êtres sentients avait des limites, sans compter les efforts qu’il devait déployer pour garder le contrôle de son créateur. Ainsi, l’artéfact ne comprit pas que le Jedi avait changé de manœuvre et celui-ci put répéter l’opération jusqu’à tenir contre lui les six détonateurs.
L’enfermement du Cœur dans cette grotte avait sans doute été décidée ainsi par Bryshi pour limiter son influence – en vain maintenant que la volonté du Géonosien avait été définitivement annihilée. Malgré ces mesures de confinement, il avait commis des horreurs que Jilwiso avait du mal à concevoir. Le Dug avait pourtant fait partie du nuage de volontés que contrôlait le Cœur, il avait perçu les milliers d’esprits remodelés avant lui, mais c’était une chose de le sentir et c’en était une autre de rationaliser une telle folie. Si le Cœur sortait de ce lieu, l’incendie psychique qu’il portait se répandrait sans limite dans tout le secteur. En digne chevalier Jedi, il ne pouvait pas prendre un tel risque.
Jilwiso cessa le combat et commença à fuir. Le plan qu’il avait conçu le tuerait certainement, mais il s’efforçait de chasser ces pensées parasites de son esprit pour rester concentré. Ses attaques avaient porté leurs fruits : il occupait à présent toutes les pensées rudimentaires du Cœur. L’archiduc Bryshi, transportant toujours son marionnettiste dans ses bras, se mit alors à pourchasser le Jedi plutôt que de se diriger vers la sortie.
Le feu de la haine brûlait sans limite dans l’artéfact. Pour la première fois, un esprit échappait à sa domination. Et cet impudent se permettait en plus de l’attaquer sans relâche ?
Cette rage était tout ce dont Jilwiso avait besoin pour conduire son adversaire à un endroit précis en fuyant devant lui : le point le plus large d’une immense fissure qui courait à travers toute la caverne. Le tremblement de terre s’était calmé, mais il ne tenait qu’au Dug de le faire reprendre pour mener à bien son objectif : détruire le cœur du pouvoir du principat géonosien. Littéralement.
Le Seigneur Bryshi volait toujours derrière le Jedi, utilisant les arcanes les plus sombres de la Force pour l’attaquer. Jilwiso, se forçant à ne pas envisager le sort qui serait le sien si son plan réussissait, para une énième salve d’éclairs Sith de sa lame saphir avant de tisser précipitamment un fil dans la Force reliant Bryshi à la faille dans le sol. S’élançant alors vers la haute voûte de la caverne d’une poussée de Force, il dépassa le Géonosien en hauteur. Celui-ci se prépara à frapper le Jedi qui le surplombait en plein bond, mais Jilwiso déclencha alors son piège : Bryshi aurait pu s’attendre à une attaque de face, mais le fil venu d’en-dessous le surprit et il fut attiré dans la crevasse sans avoir le temps de réagir. Tandis qu’il s’efforçait de se libérer, il lâcha alors une volée de foudre obscure vers le Dug qui, s’attendant à cette réaction, venait d’envoyer les six détonateurs vers le Seigneur Sith. Alors que ceux-ci explosaient, ensevelissant le Cœur et sa marionnette géonosienne sous un déluge de roche, Jilwiso eut une dernière pensée :
Je déteste cette planète.
Et voici ! J'espère que ce petit récit s'inscrivant dans le contexte du projet multimédia Chevalier Errant vous aura intéressé, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Quant à moi, je m'en vais faire régner la terreur dans la Section... (non, en vrai je vais me recroqueviller en PLS dans mon lit, cette année va être loooooongue... )