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Chapitre 7. Briefing
 
Les yeux se plissèrent. Les yeux se révulsèrent. Les yeux se fermèrent. Les yeux se guettèrent. Les prochaines secondes allaient déterminer le sort de chacun.

Lando Calrissian était le seul à demeurer imperturbable. Il avait déjà un passé chargé – dans tous les sens du terme – derrière lui, ce qui s’avérait, dans des circonstances aussi dramatiques, extrêmement profitable.

Les trois individus qui l’entouraient alignaient de trop sales tronches pour ne pas deviner ce qui se mijotait dans leur cerveau.

Lando s’éclaircit la voix et leur tint à peu près ce langage, rompant un silence qui finissait par en devenir pesant à force de durer :

- Messieurs… Les dés sont jetés. Je crois que chacun a conscience de vivre une heure historique. N’est-ce pas, Forek ?

Un Jorgias à trois yeux eut une réaction caractéristique : la peau de son visage bourrelé évolua du jaune au vert. Signe de mécontentement certain.

- … ainsi que toi, Vorlan ?

Le regard de Lando visait à présent un humain dont les cheveux longs masquaient à peine une assez large cicatrice qui lui zébrait la joue droite. Vorlan se contenta d’afficher une moue sinistre.

- Et toi aussi, Nien… acheva Lando, toujours aussi calme.
- Zhndn gnzdn… murmura le Sullustéen qui se trouvait à la droite de Lando.

Calrissian se cala profondément sur son siège.

- Bien. Il est temps d’aligner nos points, je crois…Forek ?

Le Jorgias jeta rageusement ses cartes sur la table.

- J’en déduis qu’il n’a pas les moyens de poursuivre, fit Lando en prenant la posture d’un scientifique exposant les risques engendrés par la mutation du bacta. Forek ?
- Couleur, afficha lugubrement l’humain.

Et il abattit ses cartes. En effet. Cinq cartes de la même couleur. Un Empereur, un Dark Vador, un officier impérial un Stormtrooper, un pilote TIE.

- Pas mal, reconnut Lando. Mais voyons si notre ami sullustéen a les moyens de renchérir ?

Nien Numb jeta un ultime coup d’œil à son jeu, et le posa à son tour sur la table. Le public, à côté, émit des murmures divers.

- Full, donc, traduisit Lando.

Trois Gardes impériaux, deux Stormtroopers.

- J’imagine que c’est mon tour, conclut Calrissian. Malheureusement, je crains de ne pas pouvoir…

L’on sentit comme un flottement parmi le public – et surtout les joueurs. Lando leur adressa un regard embarrassé. Serait-il possible que…

Le Sullustéen avait déjà avancé une main vers le tas de crédits qui se trouvait au centre de la table.

- … je crains de ne pas pouvoir vous rendre service ce soir, messieurs, acheva Calrissian, exagérément théâtral.

Et il déposa ses cartes une à une…

… Officier impérial…

… Garde impérial…

… Dark Vador…

… Empereur…

… Etoile noire…

… tous de la même couleur…

Les trois joueurs en étaient défigurés, tordus de douleur. Quelques applaudissements ça et là dans le public.

- Je crois avoir là ce que l’on appelle communément par quinte flush royale, dit Lando avec un sourire. Je ne crois pas que l’on puisse faire mieux, à moins de consulter les archives ?

Eclat de rire général. Lando empocha la mise – une somme pas si élevée, vu le salaire de chaque pilote, de quoi se payer le carburant pour le voyage de retour vers Bespin. Sa victoire était d’autant plus stupéfiante que Lando Calrissian ne connaissait rien au sabaac spécial des pilotes de l’Alliance il y a encore deux heures… Mais il s’agissait d’une version considérablement simplifiée du sabaac originel – le vrai, le pur… Ce jeu qui lui avait…

… coûté le Faucon…

Lando chassa cette pensée atroce de son esprit. Yan l’avait battu à la régulière. A la régulière ! Alors autant l’accepter, une bonne fois pour toutes… Cela dit, Lando avait bien failli récupérer le vaisseau – à la régulière – à l’occasion d’une nouvelle partie, mais…

… mais…

Lando chassa cette autre pensée de son esprit. Ce n’était franchement pas le moment d’y repenser. Non, vraiment pas. Au moins, le Faucon, il avait eu l’occasion de le piloter à nouveau, et en quelles occasions ! Traque de Boba Fett, puis attaque/destruction de l’Etoile noire ! Merci, Yan…

- Bravo, général Calrissian ! le félicitèrent quelques pilotes.
- J’ai eu une bonne pioche, répondit-il, faussement modeste.

Nien Numb, le Sullustéen qui lui avait servi de copilote lors de l’attaque de l’Etoile noire, regarda avec mélancolie ses crédits qui s’évaporaient. Lando éprouva une espèce de pitié.

- Tu auras ta revanche, mon frère, lui dit-il en le prenant par l’épaule.
- Zhnjzn gndz…
- Euh… fit Lando, comme gêné. Je dois en même temps te faire un aveu. Le prends pas mal, mais durant toute la période où on s’est connu, où on a cassé du TIE, du destroyer impérial et de l’Etoile noire, je n’ai jamais pigé le moindre mot de sullustéen que tu m’as sorti…

Numb afficha une moue de stupéfaction.

- Cela dit, les deux meilleurs pilotes de la galaxie n’ont pas besoin d’une même langue pour se comprendre, pas vrai ? ajouta Lando avec un clin d’œil.

Nien Numb émit un son qui devait être un gloussement. Un jour, c’était promis, Lando se mettrait au sullustéen. Il devait bien ça à son coéquipier.

- Général Calrissian ?

Cela venait d’un Calamari en uniforme d’enseigne qui se dirigeait vers lui.

- C’est moi, répondit Lando. Mais dépêchez-vous, car bientôt je me serai débarrassé de ces grades. Sauf de l’uniforme, bien entendu – quoique si je pouvais entrer en contact avec les stylistes pour quelque amélioration…
- L’amiral Ackbar veut vous voir, mon général. Ils vous attend sur la passerelle de commandement.

Le ton n’était pas engageant, mais le Calamari crut bon d’ajouter :

- Maintenant.

Le sourire de Lando s’effaça.

- OK, enseigne, j’arrive tout de suite.

Damned… Ca promettait d’être sérieux…




Ackbar tint à lui serrer la main lorsque Calrissian apparut sur la passerelle. Depuis Endor, il considérait Lando comme son meilleur ami humain – comportement extraordinaire à l’égard d’un ancien contrebandier. Lando l’aimait bien.

Un autre homme se trouvait sur la passerelle, en uniforme de capitaine. Ils se saluèrent discrètement.

- Vous m’avez fait mander, amiral ?
- Oui, acquiesça Ackbar J’ai appris que vous vouliez retourner à Bespin ?
- C’est exact. L’Empire exploite la Cité des Nuages comme jamais. La population y est réduite en esclavage.
- Et surtout vous y perdez beaucoup d’argent ? sourit l’amiral.
- Entre autres, oui, approuva Calrissian.

Ackbar s’assit sur son siège de commandement. Invita Lando à en faire autant, lui désignant un autre siège. Calrissian s’exécuta.

- Malheureusement, reprit l’amiral calamari, comme le général Solo a du vous le dire avant de partir pour Bakura, l’Alliance n’a pas les moyens de s’en prendre à la Cité des Nuages. Il ne s’agit pas là… d’un objectif majeur, au yeux du Haut-Commandement… j’espère que vous me comprenez.

Lando leva les yeux au ciel. Bien sûr, qu’il comprenait ! Mais on lui tenait ce genre de discours depuis des jours. Même Yan Solo s’y était mis… C’était dire…

- Est-ce pour cette raison que vous m’avez fait venir jusqu’ici, amiral ? demanda Lando, un tantinet agacé. Pour me répéter cette bien fâcheuse nouvelle ?

Ackbar eut un hochement de tête négatif.

- Non, en réalité, nous avons un dernier service à vous demander, avant votre départ.

Lando le dévisagea. Ackbar paraissait tracassé. Calrissian connaissait cet air…

- Quel genre de service ?
- C’est que… c’est le capitaine Acritt qui vous l’expliquera. Il s’agit d’une mission confidentielle.
- Acritt ?
- Les Renseignements. Il seconde le général Cracken.

Ackbar désigna le capitaine qui se trouvait avec eux sur la passerelle et qui demeurait debout. Acritt grimaça un sourire.

- C’est à prendre ou à laisser, continua Ackbar. D’après le capitaine Acritt, vous ne pourrez qu’accepter. Selon lui, vous êtes l’homme de la situation. Je n’en sais pas plus.

Merveilleux…

Lando contempla Acritt. Un type sans expression particulière, petit, la quarantaine passée, les cheveux grisonnants. Sympa.

- C’est moi qui invite, soupira Lando.





La salle de briefing était à l’image d’Acritt : sans expression particulière, petite, la quarantaine passée, les parois grisonnantes. Sympa.

- Voyez-vous, déclara le capitaine en lui tendant un databloc, la mission que vous allez accepter…
- Que je vais accepter ? rigola Lando, mal à l’aise. C’est aller un peu vite en besogne.

Acritt lui adressa un sourire aussi énigmatique que pervers.

- Du calme, général Calrissian. A la fin de cette conférence que j’espère brève, vous aurez non seulement accepté cette mission, mais vous m’aurez également mis votre poing dans la gueule.
- Oh ! oh ! émit Lando, nullement impressionné.
- Reprenons : cette mission devra nous permettre d’apposer un point final à une controverse historique qui, si la Rébellion continue sur sa lancée, et nous souhaitons tous les deux qu’il en soit ainsi, hein ?, pourrait un jour nous péter à la gueule. Votre mission devrait nous apporter la révélation ultime sur un événement qui a marqué les esprits il y a vingt ans. Perso, j’avais plus de dix ans quand j’ai appris l’info. Je suppose que naquîtes avant, non ? Faudra que je vérifie…
- Un événement majeur, dites-vous ? médita Lando. Une défaite d’un joueur diamala au sabaac ? Les premiers boutons d’acnée de Jabba ?
- Ca m’étonnerait : les Hutts possèdent une espérance de vie qui en blufferait plus d’un… Est-ce que le nom de Caamas vous dit quelque chose ?

Caamas ? Le génocide ?

- Cette planète a été attaquée par des agresseurs à jamais demeurés inconnus, répondit mécaniquement Lando. La population a été méthodiquement anéantie. On m’en a parlé quand j’étais gamin – pas au point que j’en fasse des cauchemars…
- Ca on peut dire qu’on en a parlé ! approuva Acritt. Et vas-y que je verse des larmes, et vas-y que je proteste à grands cris, et vas-y que j’en réfère au Sénat… Bon, personne n’a vraiment bougé, hormis peut-être les Alderaaniens, mais admettons, il ne restait plus grand chose, sur cette planète.

Lando étouffa un bâillement :

- Et que vient faire ici une histoire vieille de vingt ans ?
- Bonne question… Regardez le databloc d’un peu plus près. Sélectionnez le document n°3F. Il vient juste d’être décodé.
- C’est fait. Et après ? Je…

Lando s’interrompit. S’étranglant de stupéfaction. Acritt daigna faire quelques pas.

- Comment avez-vous obtenu ça ? s’étonna Calrissian, un soupçon d’inquiétude dans la voix.
- Navré, je ne peux pas vous le dire.

Acritt, avec sa bouche, mima le mot « confidentiel »…

- Vous en avez parlé à Fey’lya ? demanda Lando.

Acritt éclata de rire.

- Jamais de la vie. J’irais courir chez lui en lui tendant le seul exemplaire disponible du document que vous vous acharnez à contempler ?
- C’est une bombe !
- Il y a pire. Lisez-le plus attentivement.

Caamas… Le Document de Caamas…

- Le Document de Caamas ?
- Ouaip, m’sieur. La pièce maîtresse. Le document sur lequel s’afficheront les noms des commanditaires de l’opération et de ceux qui les ont soutenus.
- En l’occurrence… Des Bothans…
- Ouaip, m’sieur.

Ce que Calrissian lisait n’était autre qu’un mémorandum rédigé voici trois mois par Koth Melan, un des plus fameux maîtres-espions bothans, qui avait participé à la dérobade des plans de l’Etoile noire – et qui en était mort. Le nom du destinataire n’apparaissait pas. Il s’agissait, de toute évidence, d’une copie de mauvaise qualité.

« … l’existence du Document de Caamas nous a été confirmée par notre source suprême au sein du Gouvernement impérial. Il permettrait sans aucun doute, s’il devait entrer en notre possession, de mettre la main sur les agents bothans qui auraient contribué au sabotage des boucliers déflecteurs de Caamas peu avant le raid qui dévasta cette planète.

[illisible sur plusieurs lignes]

« Je ne puis donc qu’approuver votre idée de lancer une opération spéciale en vue de récupérer ce Document. Néanmoins, je suggère d’attendre la fin de notre projet en cours. Il paraît souhaitable de contacter à cet effet la Conseillère Organa. »


- Peu avant que vous n’effectuiez votre petite excursion sur Tatooine dans le palais de Jabba le Hutt, reprit Acritt, il semble que les Bothans se soient effectivement emparés de ce document. Ces gars là ont des espions partout sur Coruscant. S’ils n’avaient pas été de notre côté, on ne serait pas là pour le regretter.
- Le Document est donc sur Bothawui ?
- Non. Selon un de mes agents infiltrés au sein de l’Ubiqtorate, un commando d’intervention impérial mandaté par le Grand Kutchann himself est parvenu à le récupérer.
- Le Grand Kutchann ?
- Vous ne connaissez pas ?

Acritt n’en revenait point.

- Ce mec est une légende, mon vieux. J’ai eu l’honneur de servir sous ses ordres du temps où les Renseignements républicains existaient encore. Depuis le début, il roulait pour Palpatine, mais je ne l’ai vraiment compris que lorsque les anciens services se sont fondus en une seule centrale d’espionnage et de contre-espionnage, il y a une vingtaine d’années. Un vrai ponte du milieu. Certains l’appellent le Grand Kutchann en raison de sa carrure à la Vador. Un pilier d’chez pilier. Bref : il envoie ses gars retrouver le Document et boum, ils le retrouvent. Mais voilà : à peine envoyé à Coruscant, il disparaît de nouveau ! Paraît que Kutchann est fou de rage…
- Et alors ?
- Et alors ? s’écria Acritt. Merde, Calrissian, je vous croyais bon ! Réfléchissez. L’Empereur est mort, l’Empire se fragmente, les successeurs se déchirent. Chacun veut devenir big boss à la place du croûton dérouillé par Vador. Et dans ce contexte, voilà qu’un machin particulièrement explosif sur les Bothans, de quoi en rendre furaxes plus d’un dans ce bordel interplanétaire, disparaît de la circulation ! Ca ne vous interpelle pas quelque part ?

Si, bien sûr. Lando réfléchissait à toute vitesse. Si ce Document venait à être rendu public… Bon sang !

- Voici, selon toute vraisemblance, ce qui a pu se passer, avança le capitaine. Une faction impériale possède le machin. Elle compte s’en servir ? Okay. Mais pour quoi faire ? Primo, le Document est rendu public : ça nous gênera beaucoup – pensez donc, la Rébellion s’allie avec les complices d’un génocide ! Notre slogan « Liberté pour la galaxie » en prendrait un sacré coup, non ?
- Vous oubliez Alderaan…
- Il n’y a pas que moi qui oublie Alderaan, général. Cela dit, vous avez raison. On souffrirait, mais on pourrait s’en remettre. Surtout quand l’on peut prétendre qu’il s’agit là d’un faux. En définitive, nos Impériaux n’auraient guère d’intérêt raisonnable à se servir du machin. Ca ne ferait que retarder l’inévitable.
- Vous avez d’autres hypothèses ?
- Ouaip. Si ce Document n’est pas rendu public, quel peut être son intérêt au point qu’il soit saisi par de braves satrapes impériaux ?
- Le chantage.
- Tout juste, général. Le chantage. Et contre qui ?
- Nous. Ou les Bothans.
- Exact. Et avouez que dans ce cas là, les dommages seront loin d’être collatéraux, n’est-ce pas ? Regardez de nouveau le databloc, le document n°4F.

Il s’agissait cette fois de la retranscription écrite d’une conversation entre un certain Conseiller Mek’Thra, un des patrons de l’espionnage bothan, précisa Acritt, et un nommé Ciercecca.

- Ciercecca ?
- Le Moff du système Neemaï, qui s’est rendu hier à nos forces. Les Bothans ont été particulièrement entreprenants dans cette affaire. Ils ont pratiquement tout fait. Visiblement, il s’agissait d’un coup préparé depuis un certain temps. Peut-être depuis Endor… Le doc’ que vous lisez est là encore d’origine – mettons – douteuse !

Ladite conversation n’avait rien d’extraordinaire. Un échange de banalités. Mais un passage intrigua suffisamment Lando pour qu’il se prît à le relire. La fin de l’entretien, en fait.

Mek’Thra. – Je ne puis que saluer votre esprit de coopération. La République saura en tenir compte.
Ciercecca. – Votre remarque me va droit au cœur et c’est avec plaisir que je servirai désormais la démocratie galactique. Je suis fier d’ajouter que je ne suis pas le seul Gouverneur à penser ainsi et que d’autres que moi souhaitent tout aussi ardemment rejoindre la République.
Mek’Thra. – Croyez que j’en suis conscient, Gouverneur. Ce fut un plaisir de bavarder avec vous.

Lando ressentait une impression étrange. Bizarre.

- Dingue, pas vrai ? sourit Acritt. Un Moff révèle à mots couverts à un leader Bothan que certains de ses collègues veulent choisir la liberté, comme on dit. Et lui, au lieu de sauter sur l’occase – on se trouve en pleine séance d’interrogatoire – se contente de lui répondre par une politesse à la con puis se barre précipitamment.
- Peut-être qu’il en savait plus que le Moff ?
- Que dalle. Ouais, je veux bien admettre que les Bothans soient parfois mieux informés que certains bureaucrates impériaux. Mais ça n’empêche pas que n’importe quel bleu du Renseignement aurait prié Monsieur Moff de révéler tout ce qu’il savait.
- En somme, vous êtes en train de me dire qu’on a là le modèle-type de l’échange codé ?

Lando avait envie d’éclater de rire. Acritt répondit par un hochement de tête affirmatif.

- Ciercecca n’est pas simplement un Moff, général Calrissian. C’est également un salopard rongé par la soif des crédits. Un super pote du Soleil noir.

Lorsque les termes « Soleil noir » retentirent à ses oreilles, Lando se raidit. Le Soleil noir. La plus puissante organisation du crime de la galaxie. Ou moins, jusqu’à une certaine date. Lando était bien placé pour la connaître.

- Or, le Soleil noir, depuis votre Coruscant-Tour en compagnie du puceau jedi, vit des heures… noires. Vador, avant de partir pour Endor, a fait arrêter ou massacrer ses dirigeants. Enfin, une bonne majorité d’entre eux. Mais il existe suffisamment d’indices pour admettre qu’il compte encore quelques puissants appuis sur Coruscant.

Lando n’y tint plus. Son rire demeura néanmoins fort élégant.

- Capitaine, vous êtes vraiment incorrigible. Si je suis votre raisonnement, le Soleil noir négocierait avec les Bothans ?
- Là, c’est vous qui spéculez, général, rétorqua froidement Acritt. Je ne fais moi-même qu’émettre des hypothèses, des théories, en fonction de ce que je sais. Et ce que je sais, c’est que quelqu’un fait chanter les Bothans. Les Impériaux ? Le Soleil noir ? J’en sais rien. Dans quel but ? J’en sais rien, mais pour faire usage du Document de Caamas, ce doit être énorme. Et peut nous porter préjudice.

Il prit une profonde inspiration et lâcha :

- C’est là que vous intervenez, général.

Le rire de Lando décupla.

- Jamais de la vie. Vous pouvez toujours courir. Je dois retourner sur Bespin. La Rébellion n’a plus besoin de moi. J’ai fait ce qu’il y avait à faire.
- Pas tout à fait.
- Fermez-là ! explosa Lando, en proie à un brusque accès de rage. J’ai dirigé cette attaque suicide contre l’Etoile noire et j’ai failli crever un bon millier de fois pour détruire cet engin !
- En effet, et nous vous en remercions, répondit sèchement Acritt. Mais laissez-moi poursuivre.
- Allez-y, grogna Calrissian.
- Ce que je vous propose, c’est de vous rendre sur Coruscant. Vous prenez contact avec notre agent infiltré dans l’Ubiqtorate et vous nous ramenez le Document de Caamas.

Lando émit un sifflement d’admiration. Le laconisme qui tue.

- Rien que ça !
- Rien que ça.
- Ben voyons.
- Ben si. Naturellement, les détails sont dans le databloc qui s’autodétruira etc. etc.. Notre agent de l’Ubiqtorate a localisé le document en question, et vous irez le chercher. J’aurais pu utiliser quelqu’un d’autre, mais je ne veux pas que les espions bothans de Corus’ soient mis au courant… Il faut que nous sachions ce que contient ce doc’. Comme ce modèle ne peut être copié – merveille technique impériale – vous devez vous emparer de cet exemplaire. Voilà, c’est tout. Nom de code de l’opération : labyrinthe. Trop top, non ?
- Et pourquoi moi ? Pourquoi ne pas prendre un type déjà présent là bas ? Je suis grillé, moi, pour mes faits d’armes à Bespin et à Endor !
- Détrompez-vous, général. Vous n’êtes pas encore très connu des services impériaux, du moins pas autant que notre puceau jedi ou la nouvelle nana de Solo. Les détails sur Endor n’ont pas encore été livrés au public. Désolé si je froisse votre orgueil.
- N’ayez aucune crainte à ce sujet, maugréa Lando.
- De toutes façons, Coruscant est devenu un vrai souk à l’annonce de la mort de l’Empereur. Des soutiens, vous en trouverez comme s’il en pleuvait. Ce qui nous intéresse, cependant, c’est ceci : vous êtes un ancien contrebandier. Le goût du risque et l’inconscience, ça vous connaît, même si vous êtes du genre à vouloir vous ranger. Qui plus est, vous maîtrisez bien Coruscant, notamment ses bas-fonds. Vous avez également ce… comment on dit… panache ? du moins certain goût pour l’attirail vestimentaire, qui vous permettrait de vous infiltrer facilement dans les soirées mondaines si l’envie vous en prend.

Il déconne, ou quoi ?

- J’ajoute que vous n’êtes pas bothan, précisa Acritt. Enfin, vous êtes la seule star de cette saga à être actuellement disponible : les autres affrontent une espèce inconnue aux frontières de la galaxie. En somme, vous êtes l’agent idéal.
- Admettons. Mais je ne suis absolument pas tenté par votre offre.
- Vraiment ?

Le regard d’Acritt pétillait de malice.

- Moi, je pense vraiment que vous êtes l’agent idéal pour cette mission. Regardez le document 19F.

Lando eut une moue sarcastique et tabula sur la console portative. L’image se dessina sur l’écran.

Et il n’eut rien à répondre. Ne put rien répondre. Les mots se coincèrent dans sa gorge. Pendant un instant, il oublia où il était. Puis il se souvint. Et d’autres souvenirs se matérialisèrent dans son esprit.

- Cette image représente notre agent au sein de l’Ubiqtorate, dit Acritt après un silence. Elle a, comme vous le savez peut-être, travaillé sur le supercroiseur Executor avant d’être mutée chez l’un des adjoints de Kutchann, Yohanz Wetzel.

L’image aurait pu représenter n’importe qui. Il avait simplement fallu que ce fût elle. Lando se tourna vers Acritt, le regard meurtrier.

- Et elle travaille pour vous ? murmura Lando.
- Depuis un certain temps, en effet. J’imagine… (Acritt dissimulait cette fois mal son embarras) … que vous n’en êtes pas très étonné ?

En guise de réponse, Lando lui asséna un violent uppercut en pleine face, envoyant Acritt s’écraser sur le mur.

En sortant de la pièce quelques minutes plus tard, Calrissian constata avec rage que le gars du Renseignement avait eu raison : non seulement il lui avait aplati la gueule, mais il avait aussi accepté la mission.
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