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Chapitre 13. Tourisme
 
La Zundyel le déposa à l’hôtel et repartit aussitôt. Lando, en se dirigeant vers le hall d’accueil, songea que Nora avait du prendre un risque en allant le cherchant au spatioport.

- Major Sarin Doclianas ? Nous avons en effet une réservation pour vous.

Le droïd d’accueil de l’hôtel Confort Imp. le conduisit à sa chambre. Lando avait déjà assimilé toutes les voies d’évasion possible. Il en existait beaucoup – c’était rassurant… De nombreuses conduites, pas mal de couloirs, de portes… Ca allait. Au passage, il avait été en mesure de jauger la qualité de l’hôtel. Il correspondait à ce qu’un major impérial était capable de se payer. Pas éblouissant, mais appréciable.

Et la chambre était à l’image de l’hôtel : pas spacieuse, pas mini non plus. Salle de bains, chambre, holo-écran, boissons.

- Merci, dit Lando au droïd.
- Ah ! se réjouit le robot. Enfin un client poli ! Le dîner débute à 20 heures ST, se prolonge toute la nuit jusqu’à 5 heures. Petit déjeuner à partir de 5 heures et jusqu’à 11 h. Déjeuner à partir de 11 h.
- D’accord.
- Je vous en prie. Désirez-vous une femme de confort ?

Le sourire de Lando se crispa davantage. Il n’avait pas envie de se lancer dans une partie de jambes-en-l’air, même aux frais du gouvernement impérial.

- Non, ça ira, pas ce soir.
- Un homme, alors ? Un non-humain ?
- Non, pas ce soir, vraiment, j’ai la migraine…
- Très bien. Merci d’avoir choisi notre hôtel. Bon séjour dans la Capitale impériale !

Une fois le droïd sorti, Lando s’affala sur le lit. Il était crevé – n’avait pas vraiment dormi depuis longtemps, et cette ambiance le flinguait. Cela faisait des années qu’il n’avait pas vraiment bougé, hormis cette escapade pour sauver Yan et l’attaque de l’Etoile noire. S’il avait voulu devenir homme d’affaires, ce n’était pas sans raison. S’il voulait d’ailleurs retourner sur Bespin, ce n’était pas sans raison non plus.

Yan seul méritait qu’il se bouge les fesses.

Et Nora ?

Et Nora, bien sûr, admit-il, irrité.

Par delà la fenêtre en transpacier s’étendait la Capitale impériale. C’est à dire des murs et des murs de ferrobéton. Là où il était, Lando ne pouvait plus distinguer le ciel. Confort Imp. n’avait pas réussi à gagner les hauteurs des immeubles – il est vrai qu’elles n’étaient pas données…

Les différentes identités et autres infos afférentes défilèrent dans sa tête. Il avait appris par cœur les renseignements requis – noms, planète d’origine, CV… Il y en avait six au total. Penser à ne pas confondre des pseudos, des fois…

Le Document de Caamas. Comment allait-il dénicher ce machin dans un tel foutoir immobilier ? Nora savait comment faire, paraît-il, mais elle ne lui avait rien révélé pour le moment. Une fois qu’il serait dans une planque plus sûre, elle lui révélerait le plan. « Je sais, s’était-elle excusé, ça fait cliché ».

Ca fait cliché.

Il avait eu le temps de bosser un peu les renseignements relatifs à Nora Reeze, et avait reconstitué son parcours depuis leur dernière rencontre sur Bespin. Jusque là très efficace traqueuse de contrebandiers, elle avait été mutée sur l’Executor, branche des Renseignements et du Contre-Espionnage. Une promotion qui prenait des allures de mutation : d’aucuns n’avaient pas apprécié, apparemment, ses succès contre certains trafiquants.

Après Bespin, affectée à la Direction centrale de l’Ubiqtorate. Adjointe du colonel Wetzel, lui-même adjoint du général Kutchann, lequel s’avérait constituer une sorte de contre-pouvoir à l’ambition effrénée d’une Ysanne Isard. Dans quelques années, Reeze serait en mesure de les remplacer… Elle avait néanmoins choisi la Rébellion – il était bien placé pour le savoir… Et ses renseignements étaient d’excellente qualité.

Lando ferma les yeux, se laissant aller – pour une fois, pouvait bien en profiter… Repensa à leur première rencontre.

Repensa aux suivantes.





Le jour était venu. Ce jour que Lando avait tant attendu.

Yan avait besoin de fric. Yan avait commis l’erreur de vouloir jouer contre lui, Lando Calrissian.

Rendez-vous avait été pris sur Nar Shaddaa, la planète bordélique, l’autre Tatooine, le paradis des trafiquants – et, accessoirement, lune de la planète mère-patrie-des-Hutts-limaces-baveuses… Autant Coruscant était une planète urbaine, autant Nar Shaddaa était tapissée de spatioports, de hangars, de garages, de docks… Une immense zone de fret planétaire, mode invivable et mal famé. L’espérance de vie sur Nar Shaddaa dépassait rarement la demi-heure – pour les vétérans. Une bonne partie du trafic d’épices et d’or passait par là. Quant à la loi… euh, quelle loi ?

Le secteur corellien était l’un des plus actifs de l’endroit – les Corelliens n’étaient-ils pas les meilleurs contrebandiers ? C’était là qu’ils s’étaient retrouvés, chez Ninx. La salle de jeu, le genre pourri mural, était assez grande pour comporter plusieurs tables. Quelques droïds et serveuses affriolantes allaient ça et là, un plateau de verres remplis des alcools les plus meurtriers de la galaxie aux mains… La lumière tamisée en rajoutait dans l’atmosphère de cordialité et de camaraderie dépourvue d’arrière-pensée propre aux trafiquants, aux joueurs professionnels, aux escrocs et autres chasseurs de primes…

La partie de sabaac durait depuis déjà longtemps. A la gauche de Lando, Shug Ninx, le célèbre trafiquant corellien qui lui avait appris pas mal de trucs, genre comment démonter son hyperdrive sous le feu de l’ennemi dans un champ d’astéroïdes tout en matant une pin-up page centrale… En face, un autre vétéran aux temps grisonnantes nommé Karrde, assez mal connu de Lando – mais le type en question était réputé pour sa discrétion. Et à sa droite, Yan.

Ce cinglé n’était pas venu seul. Chewie l’accompagnait, bien sûr – prêt à ouvrir le feu en cas d’usage de skifter. Et sa copine, Salla Zend, magnifique créature à la peau noire et à la langue acérée – mais que Yan ne devait pas trouver si désagréable… puisqu’ils ne cessaient de se rouler des pelles…

- Merde, Yan, renifla Ninx, tu joues ou tu te la fais ?
- L’Univers se divise en deux catégories, dit Yan en soupirant. Ceux qui ont une nana à charge, et ceux qui jouent aux cartes.
- Alors joue, crétin.
- Carte… dit Yan.

C’était bon, ça. Il ne prêtait aucune attention au jeu, étant reparti dans un échange salivaire avec la belle… Lando devait reconnaître qu’il avait bon goût. Salla Zend était l’un des meilleurs coups de l’endroit. Combattante hors-pair, mécanicienne de génie et reine du sexe. Qu’elle ait pu craquer pour Yan avait considérablement surpris Lando…Elle s’était expliqué ainsi, à ce dernier, un jour de cuite : « Ses coups de langue me tuent. » Cet aveu n’avait fait qu’accroître la surprise de Calrissian, qui, s’il en croyait ses conquêtes, était également un linguiste distingué. Il y avait probablement autre chose. Peut-être était-elle amoureuse ? Arf ! Mort de rire…

- J’en jette une, murmura Lando.

Nouvel échange de cartes.

Shug Ninx le regarda d’un air bizarre. Ce qui, en soi, ne voulait réellement rien dire. Tout était bon pour déstabiliser l’adversaire.

- Au fait, comment va ta nana ? demanda-t-il à Lando.
- Laquelle ? Yelliz ? Verra ? Syriel ? Jayry ?
- Putain, je te parle pas des faire-valoir, mais de la nana…
- Ah, elle…

L’allusion visait cette flic qui était aux basques de Lando depuis déjà quelques mois. Une traque impressionnante, qui s’était parfois soldée par des courses-poursuites hallucinantes dans l’espace ou dans les villes, généralement les pires endroits de la galaxie – assez pour se constituer sa propre série dérivée de la saga en cours. A chaque fois, elle l’avait raté de peu.

En fait, cette traque faisait maintenant partie de sa vie, au même titre que la collection de speeders dernière génération ou le sabaac. Lando ne savait s’il devait se réjouir ou regretter que les mains divines de cette déesse blonde ne lui aient pas agrippé le collet.

- Tout le monde, ici, fantasme sur elle, précisa Ninx.
- De qui tu parles ? demanda Yan, intrigué, à la stupéfaction de Salla.
- La Traqueuse, expliqua Ninx. Cette blonde qui se fait un contrebandier ou un chasseur de primes à son p’tit déj’. J’ai eu l’honneur de la voir, une fois. C’était à une réunion de la Guilde. Elle nous est tombée dessus avec sa brigade spéciale. Je suis le seul à m’en être tiré… Punaise, elle a bien failli m’avoir ! Mais surtout, je crois qu’elle a jeté son dévolu sur Lando.
- Mais bien sûr, sourit Lando. Tu connais mon charme.
- Ca vaut mieux qu’être traqué par un Hutt… fit valoir Yan.
- Ouais, fit Ninx, une nuance de regret dans la voix. L’Univers se divise en deux catégories : ceux qui sont poursuivis par les Hutts, et ceux qui le sont par les blondes…

Il ne croyait pas si bien dire…

Mais là, Lando s’en tapait. Son nouveau jeu était en effet… à couper le souffle.

L’Idiot… Le deux de Sabre… Et le trois de Flacons…

Zéro-deux-trois.

L’Etal de l’Idiot. Le meilleur score de sabaac que l’on pût rêver. Le meilleur…

Et Yan avait joué rien moins que son Faucon ! Enfin, le Faucon de Lando. Qu’il avait perdu au sabaac. Et qu’il regagnerait au sabaac…

Une puissante décharge d’excitation allait traverser le corps de Lando quand son cerveau parvint à la retenir. Il jouait depuis trop longtemps pour se révéler ainsi.

- Je suis sûr que vous êtes ensemble, tous les deux… rigola Ninx à destination de Lando. Toi et la Traqueuse.
- Ne fais pas ton jaloux, Shuggy, roucoula Lando.
- Mais si… Allez, dis-nous… C’est de la bombe, cette fille, non ? Je parie qu’elle assure, au pieu !
- Je n’ai pas eu le temps de tenter l’expérience, répondit Lando en souriant.
- Oh, voyons, vieux charmeur, ricana Yan. Le chéri de ces dames n’a pas eu le temps de profiter de la vie… A d’autres.
- L’Univers se divise en deux catégories, dit Lando. Ceux qui profitent de la vie, et ceux qui les envient. Je conçois que vous éprouviez, à l’heure actuelle, le besoin de compenser vos frustrations, mais laissez-moi vous dire que ce n’est pas là la bonne méthode.
- Parle pour toi, répliqua Ninx. Allez, à qui de jouer ?
- A moi, répondit brutalement Karrde. Et je passe.
- OK, tu as eu raison d’être prudent, Talon, savoura Ninx. Allez : suite. Moins 46 points.

Et ses cartes s’étalèrent sur la table de jeu.

- Pas de bol, répliqua Yan. Suite pure. 23 points.

Le visage de Ninx s’allongea. Il avait misé assez gros, et l’autre venait de l’éclater à plates coutures.

- L’Univers se divise en deux catégories, sourit Yan. Ceux qui ont une suite, et ceux qui ont une suite pure. Et toi, Lando ?

Yan n’attendait pas de réponse, lui qui était retourné à son exploration buccale de Salla.

C’est ça, souris, pauvre imbécile… Roule-lui des pelles.

Cette fois, le cœur de Lando avait accru la fréquence de ses pulsations. Dans quelques secondes, il abattrait son jeu. Il verrait le visage de Yan se déformer sous l’effet de la terreur, il verrait le corps de Yan s’effondrer comme une gelée flasque et périmée, et surtout, surtout, il pourrait reprendre son bien. Le Faucon Millenium redeviendrait la propriété de Lando Calrissian. A vie.

- Alors, Lando, tu joues ?

En face, Lando capta le regard de Talon Karrde. Et sut que ce dernier avait compris ce qui se préparait.

Sa main gauche tenait son jeu de cartes. Elle amorça un mouvement circulaire vers la table, de haut en bas…

… et ne l’atteignit jamais. Cling ! Le bracelet de menottes se referma sur son poignet. Beaucoup plus ulcéré que surpris, Lando redressa la tête.

Pandanlagl.

Le visage sublime de la Traqueuse le fixait, sourire aux lèvres. Ses cheveux blonds s’étaient assombris sous l’effet de l’éclairage. Elle ne portait pas son uniforme impérial, mais une tenue de combat qui ressemblait à celle des autres contrebandiers, une espèce de sac sur le dos. Elle tenait un blaster orienté vers la tempe gauche de Lando.

- Lando Calrissian ? Vous êtes en état d’arrestation. Trafic de substances illicites, vol de matériel militaire et délit de fuite. Je vous épargne le reste.

Lando n’en croyait pas ses oreilles.

- C’est une blague ? bredouilla-t-il, près d’exploser de rage.
- Non, ce n’est pas une blague, c’est un blaster, répliqua-t-elle. Voyez-vous, l’Univers se divise en deux catégories : ceux qui ont le blaster chargé, et ceux qui vont en taule.
- Wouhouhouh… applaudit Ninx. Ca devient chaud…Soit dit en passant, mademoiselle, je vous trouve très sexy.
- Merci, dit la Traqueuse.
- Mais enfin, non, vous ne pouvez pas ! éructa Lando. J’avais l’Etal de l’Idiot, j’allais récupérer le Faucon !
- Quoi ? balbutia Yan. Tu avais réussi à avoir l’Etal de l’Idiot ?

Yan Solo se tourna vers l’Impériale, éperdu de reconnaissance, sous le regard furibard de Salla.

- Oh, merci, merci… Je ne saurais jamais comment vous remercier…
- En la bouclant et en mettant les mains en l’air, par exemple ? proposa la Traqueuse.

Son regard cloua Yan sur place…

- Mais voici du beau monde… Yan Solo, de Corellia. Ancien de l’Académie militaire impériale, proche de Lando Calrissian. C’est grâce à vous que je suis remontée jusqu’à lui.
- Ah, bien joué, grinça Lando à l’encontre de Yan. Bien joué…
- Je ne pouvais pas savoir… se plaignit Yan en lui jetant un regard suppliant.
- Vous ne valez pas mieux que Calrissian, Monsieur Solo, ajouta la Traqueuse. Désertion, vol de matériel biologique… Là encore, la liste est longue.
- Hey, c’est qu’elle du répondant ! remarqua Yan. Bravo, Lando, t’es vraiment bien tombé… Cela dit, beauté, traite encore une fois Chewbacca de matériel biologique, et je te jure que tu goutteras à la colère du Wookie.
- Reuwaahhh ! gémit Chewie en posant son arme sur la table.
- Quoi ? s’écria Yan, consterné. Qu’est-ce qui te prend, tout à coup, tu fais le joli cœur ?
- Votre Wookie a raison d’être prudent, sourit Nora Reeze. J’ai pris la précaution de venir en compagnie de deux amis.

En effet… Deux gars armés de blasters impériaux sans en avoir l’uniforme entouraient la table. Leurs casques, à des degrés divers, n’étaient pas sans rappeler celui de Boba Fett.

Merde, comment ne les avaient-ils pas sentis venir ?

- Ttt… siffla la Traqueuse à destination de Ninx. Mains-sur-la-table, tout doux…

Ninx poussa un grognement, mais obéit. Comme Karrde. Comme Yan.

- Ils font partie de mon unité de choc, reprit Nora Reeze en désignant les deux types armés. Evidemment, je ne veux pas causer davantage d’ennuis, ici. Je ne m’intéresse ni à Monsieur Solo, ni à Monsieur Karrde, ni à Monsieur Ninx. Du moins, pas maintenant.
- Tu le vois, rigola Yan. Quand on te le disait qu’elle ne te voulait que toi, et personne d’autre…
- Et pour quelle raison ai-je droit à cet honneur ? grogna Lando.
- Levez-vous et suivez-moi si vous voulez savoir…

A cet instant, une explosion balaya le sas d’entrée. Le souffle souleva quelques tables qui se trouvaient près de là, puis une dizaine de barjes armés jusqu’aux dents pénétra dans la salle de jeu, se dirigeant…

… merde, vers eux.

Leurs blasters les cadraient déjà.

Nora avait senti qu’ils étaient hostiles et avait orienté son arme vers eux. Lando en profita pour, de sa main droite, dégainer son flingue perso. Les trois autres contrebandiers se levèrent d’un bloc, blasters à la main. Chewie avait récupéré son arme et Salla avait également sorti la sienne. Suivant l’exemple de leur supérieure, les deux potes de Reeze se tournèrent vers les importuns. Tout cela en à peu près deux secondes.

Chaque camp alignait donc ses flingues sur l’autre, dans la plus pure tradition des négociations entre gens de bonne volonté. Lando et la Traqueuse, menottés l’un à l’autre, formaient un couple détonnant dans ce contexte de violence larvée.

- Halte là, qui va là ? maugréa Ninx, tendu à l’extrême, et on le serait à moins.
- Vous avez le choix, l’interrompit un chasseur de primes en qui Lando reconnut le si terrible Bossk. Mourir ou cesser de vivre.
- Ah ? Explique.

Par les moustaches de Sexy-Glaadz, ça risquait de péter à n’importe quel moment…

- Xinca le Hutt a un contrat sur vous quatre, révéla Bossk.
- Xinca ? demanda Ninx.
- Euh… hésita Yan. Attendez, c’est lequel, déjà ?
- Le beau-frère de Zorba, non ? proposa Karrde.
- Ouais, c’est bien possible, approuva Lando. Et pourquoi, un contrat ?
- Qu’est-ce que j’en sais, grommela Bossk. Il propose du fric pour vous liquider, et voilà, c’est tout…
- Il vous a proposé, rectifia Nora.

Bossk afficha un air surpris. Ses confrères aussi.

- C’est qui, ça ?
- La gonzesse de Lando, répondit Ninx. Et maintenant, vous allez faire ce qui suit. Vous reculez pas à pas, et vous sortez. Ainsi, cette journée pourra s’achever le plus tranquillement du monde. Et c’est bien ce que tout le monde veut, non ?
- Paix et amour, blagua Yan.
- Attends, réfléchit l’un des chasseurs de primes qui accompagnait Bossk, un Gungan. Si on fait ça, on ne vous tue pas, et nous n’exécutons pas le contrat… Ce n’est pas possible. Faut trouver autre chose.
- Merde, Bahbar, se lamenta Bossk, levant les yeux au ciel. Mais pourquoi je t’ai embauché ?
- Parce que j’étais dispo, non ?
- Ah, ouais, c’est…

Brusquement, il s’interrompit. Son comlink venait de grésiller. Et ce n’était pas le seul… Partout, circulait la même info. Une info qui pouvait clouer sur place n’importe quel vétéran des chasseurs de primes.

- Putain, c’est l’horreur, grimaça Bossk (grimaça ?).

Lando se tourna vers Nora.

- C’est vous qui avez fait ça ? demanda-t-il à voix plus que basse.
- Quelques parrains Hutts se réunissaient en congrès, chuchota-t-elle. Installer une bombe thermique dans la salle de réunion a été plus facile que vous ne le croyez.
- J’aurais bien voulu voir ça.
- On en rediscutera.

Du coup, les chasseurs de primes d’en face avaient l’air un poil plus hésitants.

- Si le commanditaire est mort, dit Yan, il n’y a plus de contrat.
- Que tu crois, Solo, rétorqua Bossk. Moi, je finis toujours le boulot qu’on me confie.
- Euh… Bossk… murmura Bahbar. J’suis pas sûr d’être de ton avis.
- Moi non plus, ajouta un autre chasseur de primes d’origine bothane.
- Ni moi non plus, révéla un autre, un Falleen.

Ils avaient retourné leurs armes contre Bossk et les autres.

- Merde, vous ne pouvez pas faire ça, les mecs…
- Oh que si, le contredit le Bothan.

Les opposants s’étaient lentement regroupés, formant un troisième ensemble, chacun se tenant en joue.

- C’est l’heure de vérité, déclara Yan.
- Allons, messieurs, temporisa Lando. Rangeons nos armes… Quelqu’un pourrait venir, on pourrait se méprendre et on jaserait…Nous venons déjà de frôler l’incident.
- Je crois, moi aussi, que l’on devrait mettre fin à cette dispute qui n’a franchement pas lieu d’être, dit le Bothan. Nous allons tous nous replier sagement. L’un après l’autre, d’accord ?
- Pas question, grogna Bossk en pressant la détente de son blaster.

Le rayon frappa le Bothan au thorax, un autre rayon percuta Bahbar, lui refaisant le visage, et conséquence directe, ce moins d’une seconde plus tard, tout le monde avait ouvert le feu. L’on n’avait pas frôlé l’incident, à vrai dire : on était en plein dedans.

Solo, Salla et Chewie se réfugièrent derrière le bar tandis que Karrde et Ninx prenaient position derrière une table renversée. Lando et la Traqueuse, eux, se jetèrent à plat ventre, alors que les brigadiers impériaux étaient fauchés par les tirs. ‘Tain, ça pétait vraiment dans tous les coins.

- Vous ne pouvez pas défaire ces menottes ? pesta Lando alors que des laser le survolaient.
- Hors de question, dit Nora, durement. Je dois vous ramener avec moi.
- On ne s’en sortira pas si vous ne vous ne faites pas preuve de davantage de coopération…
- Vous me connaissez mal, Calrissian.

Les chasseurs de primes avaient pris position derrière un amas de chaises, de tables, de fauteuils et de cadavres. Au loin, Lando crut entendre Chewie hurler de rage. Le Wookie avait été blessé, apparemment. Ce fut au tour de Yan de hurler de rage. Merde, s’passait quoi ?

- A trois, on se lève et on fonce à la sortie, l’avertit Nora.
- Vous êtes malade ? Ils sont en face de nous, je vous signale !
- Je vous parle de l’autre sortie…

Lando fit un effort pour tourner la tête. Et poussa un juron.

La flic avait désigné la baie vitrée en transpacier qui donnait sur les ruines du spatioport lunaire.

- C’est de la folie, grommela-t-il. Nous allons nous écraser au sol…
- C’est à voir…
- Combien voulez-vous ?
- Un…

Lando roulait des yeux, pas effrayé, mais énervé. Elle allait se lever et il n’avait pas le choix, du fait de ces saletés de bracelets… Il devrait la suivre.

Il la vit balancer une grenade à destination des chasseurs de primes. Une autre grenade fut propulsée contre la fenêtre.

- Deux…

Les explosions se déclenchèrent simultanément, manquant de désintégrer la salle et ses occupants. Un cadavre fumant s’écrasa à quelques millimètres de Lando.

- Et trois ! On y va !

Elle était déjà debout, le forçant à se lever.

- Lando, qu’est-ce que tu nous joues, là ? lui cria Yan.

Pas le temps de répondre, elle courait déjà vers le gouffre béant qui avait remplacé la vitre, traînant Lando avec elle. Des rayons laser les tracèrent. La menotte le tirait vers…

Non, non, non, non…

… Noooooooooon !!!!!!!

Au dernier moment, elle le casa devant elle, l’enlaça sauvagement puis…

… sauta dans le vide – et lui avec. L’air les aspira violemment. Lando criait, Nora criait, ils allaient s’écraser en bas, à quelques centaines de mètres… Ils allaient…

Que dalle.

Une espèce de poussée provint du sac à dos de Nora Reeze. Et au lieu de continuer leur trajectoire plongeante, ils… se stabilisèrent ? Remontèrent ? Mince, c’était ça… Ils remontaient… Ils volaient…

ILS VOLAIENT !

Un propulseur dorsal. Son sac à dos camouflait un propulseur dorsal…

- Je… balbutia Lando, fou de joie.
- Quoi ? cria Nora.

Le souffle de l’air lui agitait ses cheveux blonds bouclés de manière à proprement parler… très sensuelle. Lando aimait bien les relations qui naissaient dans le feu de l’action.

- Je vous aime ! répondit-il.
- Vous me l’avez déjà dit, non ?

Elle le tenait solidement, ne le lâchait pas. Leurs corps étaient collés l’un à l’autre. Il pouvait sentir, par delà ses fringues assez épaisses, sa poitrine se presser sur la sienne. Ce qui, autant l’avouer, l’excitait à mort – outre cette position du missionnaire inversé. Enfin, non, ce n’était peut-être pas le terme adéquat… Toujours était-il qu’un nouveau fantasme se classa dans son repaire cérébral. L’amour en l’air, par propulseurs dorsaux.

Mais pas au milieu de rayons laser qu’un type venait de leur tirer dessus.

- Saleté, grogna-t-elle en se téléportant vers la droite.

Lando, dos vers le bas, jeta un regard sur le gars qui venait de leur déclarer ses meilleurs sentiments. Lui aussi, il portait un propulseur…

… et cette putain d’enfoirée d’armure mandalorienne à la con – désolé.

- Nous sommes trop lourds, dit Lando. Il va nous allumer !
- Prenez un de mes flingues, à ma ceinture, et tirez lui-dessus, ordonna Nora Reeze, le visage tendu par l’effort. Ca ne suffira pas, mais…
- … ça vaut la peine d’essayer.

Lando s’empara du blaster, très vite, presque par hasard. Pressa la gâchette, une fois, deux fois, ne comptait plus. Mais leur poursuivant parvint sans peine à éviter les traits laser. Par contre, il avait beaucoup plus de mal à les viser, et aucun de ses propres tirs n’atteignit son objectif.

Ils survolèrent quelques ruelles, contournèrent des immeubles délabrés et pourris jusqu’au cœur, puis elle descendit, se dirigeant vers une espèce de coin sombre qui devait se rattacher à l’un des milliers de spatioports du coin. Ils atterrirent en catastrophe, au milieu d’une décharge de détritus – enfin, vu qu’il n’y avait pratiquement que ça, ici… Lando perdit le blaster…

Boba Fett plongea sur eux, vidant son chargeur laser. Lando plaqua Nora au sol. Le chasseur de primes les rasa de près, redressa, atterrit sur une arche rongée par l’érosion, au dessus d’eux. Il avait déjà dégainé son blaster.

Mais Nora s’était déjà relevée, avait ouvert le feu. L’arche, trop érodée, n’y résista pas, s’effondra, et Fett avec elle.

- Passez-moi la clef, pour les menottes, dit Lando, la gorge sèche. On ne s’en sortira pas comme ça.
- Bouclez-là.

Fett, péniblement, se releva… un rayon, et son blaster voltigea dans les airs. Bien visé, songea Lando.

- Décidément, sourit Nora Reeze, c’est mon jour de chance… Boba Fett se trouve à ma merci.

Aucun son ne sortit du casque mandalorien. Lando se demanda si…

… si Boba Fett ne souriait pas, à l’abri de son heaume.

Lando et Nora comprirent au même moment, mais il était trop tard.

- Des ennuis, Monsieur Fett ?

La voix venait de la droite.

Un chasseur de primes de race twileck sortit de l’ombre. De même que deux autres types armés, derrière eux, et à leur gauche. Leurs pétoires pointés sur Nora Reeze et Lando Calrissian.

- Pas le moindre, Silchar, répondit Fett sur ce ton glaciaire qu’il affectait tant.
- Je n’en ai pourtant pas l’impression. Mais sachant que vous êtes parvenu à les mener jusqu’ici, je suis prêt à me montrer généreux.
- C’est à dire ? demanda Fett.
- On partagera la prime, Monsieur Fett. A hauteur de vingt-cinq pour cent chacun.
- Accordé.
- Eh ! intervint Calrissian. Ce n’est pas la peine. Xinca est mort…
- Ce n’est pas pour Xinca que nous sommes là, pauvre incompétent, annonça Silchar, sur un ton nettement plus agressif. Mais pour elle.
- Sa tête est mise à prix pour quelques centaines de milliers de crédits, précisa un autre des chasseurs de primes.
- La récompense augmente constamment, ajouta Nora Reeze.

Lando hocha la tête d’un air compréhensif.

- Nous pourrions vous ramener vous vivante à Jabba, déclara Silchar. Pour qu’il vous livre au Sarlacc. Mais d’un autre côté, je suis extrêmement prudent.
- C’est pourquoi vous allez me descendre, le tança Reeze.
- Après tout, l’Univers se divise en deux catégories : ceux qui se font digérer par le Sarlacc, et ceux qui succombent aux blasters. Mais vous ne souffrirez pas, Major.
- Je saurai m’en souvenir.

Et à cet instant éclata une détonation, suivie d’ une lueur très brève…

Le corps de Silchar s’était figé. Son visage afficha une grimace de stupéfaction. Puis il tomba vers l’avant, s’écroulant comme un sac d’épices, un trou fumant dans le haut du dos.

Les deux autres chasseurs de primes n’eurent pas le temps de réagir. Deux autres rayons les fauchèrent, l’un à la gorge, l’autre au cœur. Ils s’écrasèrent sans pousser un cri, morts avant de rencontrer le sol. Boba Fett allait s’emparer d’un de ses flingues quand Nora lui décocha un tir qui plomba son armure, le projetant quelques mètres plus loin.

- Que s’est-il passé ? demanda Lando, peut-être pas si surpris qu’il ne voulait bien l’admettre.

Une forme marcha à leur rencontre, de l’endroit où se tenait Silchar.

- L’Univers se divise en deux catégories, dit l’individu. Ceux qui tirent dans le dos, et ceux qui sont devant eux.

Son ton se fit plus courtois lorsqu’il s’adressa à Lando :

- Enchanté, Monsieur Calrissian ! Le Major Reeze m’a beaucoup parlé de vous.

Le type apparut en pleine lumière, cette fois - si l’on pouvait appeler lumière l’éclairage foireux dispensé par un lampadaire radioactif dans cette ruelle sordide… Et Lando s’aperçut que ce n’était pas un type. Mais…

- Un droïd de protocole ?

Il n’en croyait pas ses yeux. Un droïd de protocole avait été capable d’abattre trois chasseurs de primes à bout portant ?

- L’Univers se divise en deux catégories, expliqua Nora Reeze : ceux qui ont un droïd armé, ceux qui n’en ont pas.
- Oui, merci de vous inquiéter pour moi, je vais très bien, rétorqua le droïd sèchement. Comment se fait-il que les humains ne disposent pas de logiciel de politesse ?

Le modèle était assez ancien, devait dater de l’avant Guerre des Clones. Mais celui-ci n’avait pas l’air particulièrement périmé…

- Où as-tu planqué le vaisseau ? demanda Nora.
- Juste à côté, répondit le droïd. Idée judicieuse que la tienne, d’avoir atterri ici.
- Tu me connais… sourit Nora.
- Excusez-moi… s’incrusta Lando. Vous êtes amis, tous les deux ?
- Bien sûr, répondit tout aussi sèchement le droïd. Je suis son mec. Maintenant, mains en l’air.

Lando dévisagea Reeze.

- Il plaisante, n’est-ce pas ?

Elle eut une moue ironique.

- Il est plutôt mignon, non ? dit-elle en adressant un clin d’œil au droïd.
- Humour robotique, traduisit ce dernier à Lando.
- Quel soulagement…

Toujours attachés l’un à l’autre – les menottes… –, ils traversèrent une autre ruelle tout aussi minable, puis arrivèrent à destination. Le vaisseau, un genre de cargo de la taille du Slave I, les attendait, reposant tranquillement sur une aire désolée, à l’abri des regards.

Enfin, presque.

- Attention ! gueula Calrissian.

Un zigue les tint en joue et ouvrit le feu. Lando ne réfléchit pas – se jeta devant le Major Reeze… sentit une odeur de brûlé…

Puis une fulgurante douleur lui matraqua l’épaule.

Le droïd fit feu, une fois. Les genoux du tueur se plièrent, le reste du corps plongea vers le sol.

- Calrissian, ça va ? demanda le Major Reeze, ton plus qu’inquiet.
- Je suis touché… grommela Lando, de sale humeur. Mon épaule…

Elle lui déchira la manche droite de son costard à cinq mille crédits, sortit une espèce de petite fiole de l’une des innombrables poches de son gilet de combat, en versa quelques gouttes sur la plaie noircie et ensanglantée. Nouvelle douleur, pire que la précédente…

… suivie d’un apaisement absolu.

- Eh, c’est quoi, ça ? demanda Lando, intrigué.
- C’est un nouveau désinfectant, expliqua Nora Reeze en lui collant un pansement sur l’épaule. De la védéine, un produit dérivé du bacta et du HG-81.
- Besoin d’aide, Major ? suggéra le droïd, qui venait de faire abaisser la rampe d’accès.
- Occupe-toi plutôt de faire décoller le vaisseau, répliqua Nora en emmenant Lando avec elle à l’intérieur du bâtiment. Nous n’avons pas que ça à faire.
- J’oubliais, fit le droïd. Où sont tes agents ?
- Morts.
- Regrettable.
- C’est la vie. Au fait, ne t’ai-je pas ordonné de faire décoller le vaisseau ?
- J’y vais de ce pas.

Le droïd s’assit devant le pupitre de commande tandis que Nora Reeze allongeait Lando sur l’une des deux couchettes de bord.

L’engin se mit en branle et s’éleva, prit de l’altitude, remontant les griffe-ciels, passant entre les milliers d’épaves qui parsemaient les cieux.

- Nous quittons l’atmosphère de Nar Shaddaa, annonça joyeusement le droïd.
- Parfait, sourit Nora en maintenant Lando menotté à la couchette.
- Mais nous ne sommes pas les seuls, précisa le pilote en consultant le scan’. Un type nous suit.
- Un seul ? s’étonna Reeze en investissant l’autre poste de pilotage.
- Pas n’importe lequel, Major.

Lando se redressa.

- Laissez-moi deviner… dit-il en faisant semblant de réfléchir. Le Slave I, c’est ça ?
- Dans le mille, répondit Nora Reeze.
- Pourquoi suis-je si peu surpris ?
- L’habitude, je présume ? (elle revint au droïd) Active les déflecteurs arrière, je vais essayer de l’abattre avec notre artillerie.

Le droïd s’exécuta. Nora enclencha les viseurs turbolasers qui parsemaient son vaisseau. Soudain, une violente secousse frappa ce dernier. Lando manqua de se cogner la tête sur les parois.

- Je crains que nous n’ayons été touchés… remarqua le droïd.
- Touchés, mais pas coulés, murmura la Traqueuse en s’efforçant d’insérer le Slave sur son cadran de visée.

Bingo !

- Feu ! s’écria-t-elle.

Les tubolasers se déchaînèrent en même temps.

- Touché ! constata froidement le droïd.

Par l’image qu’en donnait le scan’, ils purent observer que de la fumée se dégageait du Slave I.

- Il renonce, remarqua le droïd.

En effet, le Slave se retirait, retournant vers Nar Shaddaa…

- Trop de dégâts, supposa Reeze.
- Jolis tirs, Major…
- Dégage-nous d’ici, cap sur Coruscant.
- Aucun problème. Hyperdrives générés…

Tous s’accrochèrent. Sauf Lando, qui l’était déjà.

- Attention… C’est parti…

Un choc – et ils se retrouvèrent dans la nuée bleu et blanche…

Nora se leva, fit un tour dans le vaisseau pour effectuer quelques vérifs techniques, ce qui dura quelques minutes.

- Au fait… l’appela Lando, toujours couché. J’ai plusieurs questions à vous poser.
- Quel genre ? fit Nora, de loin, alors qu’elle s’acharnait à réparer des circuits bousillés par les tirs remarquablement précis du Slave I.
- D’abord, pourquoi vous êtes-vous focalisée sur moi ? Cela fait des mois que vous me pourchassez à travers la galaxie, depuis notre rencontre sur Tatooine.
- Vous avez le droit de garder le silence, pourtant…
- Oui, et tout ce que l’on me fera dire pourra être retenu contre moi…

Les sons produits par les outils du major Reeze stoppèrent brusquement. Nora revint au bout d’un certain temps, vêtue de son uniforme de major impérial. Lando dut concéder que même ainsi habillée…

- Vous êtes ravissante.
- Et vous commencez à devenir lourd, dit-elle en lui ciblant les yeux.
- N’aurais-je pas droit à une réponse, de votre part ?
- Si vous le désirez.

Elle croisa les bras, dominant Lando de sa taille.

- Vous avez attaqué, voici quelques mois, un convoi militaire transportant du bacta. Cette cargaison devait être livrée à Jabba le Hutt. Vrai ou faux ?
- Je suppose qu’il n’est pas dans mon intérêt de le nier ?
- En effet. Seulement, il ne s’agissait pas d’une simple cargaison de bacta. C’est d’ailleurs pourquoi Jabba la désirait par dessus-tout.
- Et si ce n’était pas du bacta, qu’était-ce donc ?
- C’était du bacta. Une version améliorée. Extrêmement difficile à concevoir.
- C’est à dire ?
- Ce bacta a été génétiquement modifié pour servir de liquide de sauvegarde pour l’usage de cylindres de clonage spaarti.

Boum. La révélation explosa à la face de Lando, ravageant tout sur son passage.

- Des cylindres de clonage spaarti ? Il en resterait donc encore ?
- Ca, je l’ignore. Peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être nos techniciens sont-ils en train d’en reconstituer, je ne sais. Mais l’Empereur n’a pas particulièrement apprécié ce vol. C’est d’ailleurs l’une des véritables raisons pour lesquelles la Flotte s’en est prise à Nar Shaddaa, il y a quelques mois.
- Faire pression sur Jabba ?
- Entre autres, oui. Un deuxième moyen de pression, c’était vous. Si j’arrivais à vous mettre la main dessus, je disposais d’un témoin à charge suffisamment crédible pour couler Jabba.
- Vous voulez rire ? La Justice impériale ne peut rien contre Jabba.
- Elle est bien plus efficace que vous ne l’imaginez. Et il n’y a pas que cela. Vous en connaissez suffisamment sur son organisation pour nous aider. Vous avez des contacts partout. Surtout, vous avez été impliqué dans l’attaque du convoi.

Lando s’était assis sur la couchette. Il se rallongea.

- Jabba m’enverra au Rancor si je vous aide.
- Très juste, dit Nora. C’est pourquoi j’ai préféré vous faire arrêter. A dater de ce jour, vous avez cessé d’exister. On déclarera que vous avez succombé sous la torture et vous referez votre vie sur une planète de votre choix, sous la protection de l’Empire.
- Habile stratagème, opina Lando, pensif. Mais vous sous-estimez les Hutts.
- D’ici là, j’aurai probablement réduit à néant les Hutts.
- A vous toute seule ? Vous êtes plus inconsciente que je ne croyais…
- Ne me sous-estimez pas. Jabba n’est pas le premier Hutt que je me ferais… Je présume que l’on vous a déjà parlé de moi…

Elle s’était rapprochée de lui… Elle était vraiment très proche, à présent…

- Jabba n’est pas le seul… lui rappela Lando. Et il a des amis partout…
- Moi aussi.
- Vous n’avez même pas conscience d’être un pion dans leur jeu. Vous ne voyez même pas que l’Empire se sert de vous comme de la Flotte à Nar Shaddaa. L’Empereur doit négocier avec Jabba, à l’heure qu’il est. Vous n’êtes qu’un moyen de pression.
- Je ne l’ignore pas. Mais je suis une gentille fille : j’obéis aux ordres qu’on me donne.

Lando sourit – son éternel sourire de charmeur…

- Il n’y a pas que cela, n’est-ce pas ? Votre hargne à anéantir les plus puissantes organisations du crime ne découle pas simplement de l’obéissance aux ordres…
- Qu’en savez-vous ?

Son visage le dominait. Le cœur de Lando battait à tout rompre. Elle le rendait dingue…

Il devenait dingue…

- A vous de me le dire…

Elle sourit à son tour.

- Vous n’avez qu’à mettre ça sur le compte d’une plus grande soif de justice…
- Bien sûr, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

Ils se toisèrent en silence. Lando Calrissian aurait donné n’importe quoi pour savoir ce qu’elle ressentait à cet instant. N’importe quoi. Même le Faucon… Il pourrait toujours le regagner au sabaac.

- Je l’avais dit, qu’il ne parlerait pas aussi facilement, lança le droïd, toujours aux commandes de l’engin spatial.
- Je suis difficile à joindre, renchérit Lando, narquois. Vous avez pu vous en rendre compte.
- Certes, reconnut Nora Reeze. Mais pas tant que ça. Jusqu’à présent, vous avez eu beaucoup de chance…
- Quand donc réaliseras-tu que la chance n’est pour rien dans l’enchaînement de ces événements drôles et funestes, palpitants ou effroyablement assommants que vous autres humains appelez « la vie » ? objecta le droïd, hautin.
- Qui est-ce ? demanda Lando en le désignant.

Nora jeta un coup d’œil au pilote, puis revint à Calrissian.

- Je l’ai… « emprunté » à un escroc qui faisait dans la restauration… ainsi que dans le blanchiment d’argent, pour le compte du Soleil noir. A l’heure qu’il est, il doit se faire fureter le vide-ordure dans les douches d’un pénitentier de Kessel…

Lando grimaça d’horreur… Les mœurs des prisonniers de Kessel étaient, il est vrai, un sujet tabou de la saga…

- Ma première rencontre avec le Major Reeze a été mouvementée, précisa le droïd.
- Pourquoi ne suis-je pas surpris ? le railla Lando.
- J’avais été programmé pour servir de garde du corps, poursuivit le droïd en ignorant superbement ces dernières paroles du contrebandier. Aussi me suis-je battu avec le Major Reeze. Et elle m’a…
- … taillé en pièces, acheva Nora.
- Ce n’est pas ainsi que je me serais exprimé, protesta le droïd.
- Je l’ai réparé et j’ai restauré les anciens programmes effacés. Chaque droïd comporte plusieurs logiciels de récupération mémorielle. L’ancien proprio avait mis son possible pour tous les déprogrammer – mais il en avait oublié un.
- Et de brute épaisse à la Wookie, je suis redevenu présentable. Certes, tout n’a pas été sauvé, mais enfin, il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur.
- Et quel est son matricule ? interrogea Lando.
- Ah, mon matricule, murmura le droïd. Les humains ne pensent qu’à nous affubler de matricules. Ne pouvez-vous pas concevoir que je possède un nom, comme tout le monde ?
- Il est souvent comme ça ? chuchota Lando à l’adresse de Nora.
- C’est le droïd le plus insolent et le plus arrogant que j’aie jamais rencontré, répondit-elle, à voix basse elle aussi.
- J’ai entendu ! fit savoir le droïd sur un ton irrité.
- Mais c’est un pilote hors pair et il est bon tireur. Quant à son matricule, c’est 36FS-18Q. Surnommé « Tope-là ».
- Tope-là ? rit Lando. Quel nom grotesque, pour un droïd.
- Ne riez pas, Calrissian. Avant de sombrer dans le monde de Monsieur Sal…
- Sal ?
- Mon ex-propriétaire, précisa Tope-là. Or donc, avant d’être mis à son service, j’ai été ami avec un Corellien qui ressemble beaucoup à votre ami Solo, d’après ce que j’ai pu en lire à votre sujet grâce à la documentation que m’a généreusement fait parvenir le Major Reeze dans le cadre de son enquête. Hélas, j’ignore ce qu’il est devenu. Tant d’années se sont écoulées depuis…
- D’où ce nom.
- J’étais doué pour les négociations.
- Et maintenant, vous travaillez pour l’Empire.
- Non, je travaille pour elle.

Ces mots résonnèrent dans la tête de Lando, à la manière du son produit par l’explosion d’un missile ionique.

… Pour elle…

… explosion…





… un sifflement strident lui explosa les tympans. Lando, brusquement, se jeta hors du lit, bondit à la fenêtre.

Des transporteurs impériaux venaient de s’arrêter dans le coin, dont un pile devant la vitre de sa chambre. En firent irruption quelques Stormtroopers munis de réacteurs dorsaux… Des rampes mobiles furent aussi vite installées.

Lando mit la main à son blaster – mais rien ne vint. Les cris, les hurlements, le fracas des fenêtres, des portes, des murs défoncés, c’était pour l’immeuble d’en face. Un haut-parleur se mit à brailler en basic, puis en quelques langues, la formule habituelle : « POLICE IMPERIALE ! CECI EST UNE INTERVENTION ANTI-TERRORISTE ! RESTEZ CHEZ VOUS ! METTEZ-VOUS A L’ABRI ! NE GÊNEZ PAS LES FORCES DE l’ORDRE ! »

Lando brancha le son extérieur. Vit les non-humains se faire embarquer par les armures blanches dans les transporteurs. Entendit les insultes des Impériaux et les protestations impuissantes, les cris, les pleurs des Calamari, des Twi’lecks, des Sullustéens, des Bothans, des Squeegs… et des humains.

Lando crut apercevoir l’un des Bothans, assez âgé pour être un vieillard, à une fenêtre de l’immeuble. Les Impériaux se saisirent de lui, le posèrent délicatement sur le rebord et lui donnèrent une petite tape amicale dans le dos…

… qui eut pour effet de le faire plonger dans le vide.

Insultes, protestations, cris, pleurs.

Ailleurs, un Stormtrooper s’amusait à fracasser par intermittences la tête d’un bébé de race indéterminée sur une vitre en transpacier pour en tester la solidité. Les hurlements du bébé s’interrompirent au deuxième coup. La vitre en transpacier était, pour sa part, bien plus résistante.

Insultes, protestations, cris, pleurs.

Des lueurs éclatèrent à un autre étage – et des sons, des détonations de blasters. Et à un autre étage. Et un autre. Et encore un autre.

Insultes, protestations, cris, pleurs.

L’opération ne dura qu’une dizaine de minutes. Les personnes « interpellées » furent toutes parquées dans les véhicules de transport, qui redémarrèrent en trombe, talonnées par des moto-jet et autres canonnières.

Réussite totale.

Lando, pendant ce temps là, n’avait pas bougé d’un poil, blaster au poing, prêt à l’action. Mais il n’avait rien pu faire. Aurait-il ouvert le feu qu’il aurait été allègrement charcuté par les flics. Et il s’en remettait assez mal.

Une chose était sûre : il voulait déménager. Déjà.
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