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Composer pour l'image à l'ère numérique: Star Wars, d'une trilogie à l'autre
  • Genre Analyses et Essais
  • Auteur(s) Chloé Huvet
  • Synopsis :

    "Le présent ouvrage propose une étude approfondie de la création musicale contemporaine dans le cinéma américain, en montrant comment les transformations techniques et esthétiques ont pu à la fois accompagner et susciter l’apparition de pratiques musicales et sonores spécifiques"

  • Note du staff SWU
     (90 % - 1 commentaire)
  • Note des internautes
     (aucun commentaire disponible)
     (90 %)

    Cet ouvrage permet d’apprécier la musique de Star Wars différemment.
    Chloé Huvet a choisi John Willams comme sujet pour son mémoire de Master. On peut dire qu’elle connait bien le travail du bonhomme.
    Elle et son équipe ont eu accès à d’innombrables archives et documents.
    En gros, Chloé a pu étudier les manuscrits originaux des morceaux de certaines scènes, et s’est rendu compte qu’il y avait parfois des différences avec ce qu’on entend dans le montage final (essentiellement concernant la Prélogie).
    Ce livre est assez (très) technique mais même si on n’y connait rien en théorie musicale, on peut tout de même suivre les explications, il faut juste ne pas s’appesantir sur les descriptions des partitions avec tous ces cues, glissandis et autres triades.
    Car oui, on a droit à des morceaux de partitions, ce qui est un plus pour les habitués du solfège.
    L’étude de la musique de John Williams est globale, il ne s’agit pas de décortiquer chaque note de chaque morceau.

    Ah, oui. Le truc qui fait saigner les oreilles. Bien que Chloé s’en explique (pour éviter des confusions), on a droit à la Trilogie Républicaine et à la Trilogie Impériale en lieu et place de la Prélogie et la Trilogie Originale. Oui, même à bas volume, ça chatouille les tympans.
    C’est vrai. Pourquoi utiliser les termes que tout le monde connait. Allez savoir.
    Ce livre se restreint aux Episodes I à VI, même si de temps en temps, on a quelques mots sur la Postlogie.

    Tout au long du livre, on va nous expliquer pourquoi on ressent une non unité entre ces 2 trilogies au niveau de la musique. Et bien pour résumer, c’est dû au fait de l’évolution des outils numériques, de la façon de les utiliser et de la manière dont la production d’un film de type blockbuster est établie.

    La partie 1 s’attarde sur la musique de John Williams et de la relation entre les thèmes et l’image.
    La Prélogie a été mise à mal par les fans, par les éditorialistes mais aussi par les critiques de la presse musicale spécialisée où les auteurs ne retrouvaient pas l’essence de la musique de la Trilogie Originale.
    Bravo George, c’est un sans-faute.
    Et c’est aussi le cas chez les créateurs de musique qui ne voit pas d’unicité dans cette Hexalogie. D’ailleurs John Williams n’est pas d’accord avec lui-même en fonction des interviews.
    Avec l’ère du numérique, Lucas joue avec son nouveau jouet et ça se ressent dans la musique où la phase de montage musical a été plus importante pour la Prélogie. Il pouvait modifier à son aise la partition de John Williams afin de mieux coller à ce qu’il se passe à l’écran en réutilisant des fragments de thèmes d’autres parties du film, voire des autres films, voire en changeant les notes.
    Du coup, musicalement parlant, les 3 films de la Prélogie sonnent comme des entités individuelles avec peu de pont entre elles et vers la Trilogie Originale.

    On revient sur la définition du leitmotiv qui n’est pas si simple à cerner, car oui, cela dépend de certains points de vue. La création d’un motif est différente selon si c’est pour l’opéra ou pour le cinéma. Il n’a pas le même rôle. Le terme de leitmotiv n’est peut-être pas le bon terme pour la musique de John Williams car il propose des motifs malléables. Ils ne sont pas joués tout le temps de façon stricte. Selon le contexte de la séquence, il n’utilise pas les mêmes instruments et la même tonalité.
    Et en plus, à part quelques exceptions comme Duel of the Fate et Across the Stars, les nouveaux thèmes de la Prélogie ne rentrent pas vraiment dans la définition du leitmotiv. Il y a très peu d’occurrences et de variations (avec tableaux à l’appui) parce que Lucas ne privilégie pas le développement des personnages (à part Anakin) mais plutôt des idées, des situations. Après 16 ans, il a un rapport différent avec l’image et la façon de mettre en place la musique s’en ressent.
    Ajouté à cela, une présence bien plus imposante des effets sonores, John Williams n’a pas pu composer la musique comme pour la trilogie Originale. Elle a subi une fragmentation par moment pendant la phase de montage musical. Du coup, il y a moins de fil conducteur, moins de cohérence.

    Mais attention, John Williams n’est pas qu’une pauvre victime. Il a lui aussi jouer en post-production avec les outils numériques pour mettre en avant un instrument (comme la harpe ou le piano qui peuvent être noyés par les cuivres et les violons) ou une sonorité (pour aller dans les super aigus et les extrêmes graves). Cela permet de mieux accompagner un moment à l’écran, d’interpréter l’image.
    Puis, il a utilisé sur la Prélogie beaucoup plus de percussions, de voix et de synthétiseur, d’où un dialogue musical différent par rapport à la Trilogie Classique.

    On nous démontre l’importance du montage musical qui est un processus long mais qui doit se faire de plus en plus vite pour les blockbusters récents.
    Je dois avouer que cette partie est très intéressante car elle introduit le travail minutieux de l’Editeur Musical (Music Editor) qu’est Kenneth Wannberg, l’homme de l’ombre qui est chargé de préparer la bande son en tenant compte de l’image, des effets sonores et de la musique afin que tout soit harmoniser. Là aussi, avec l’ère numérique, ce travail a été rendu plus facile mais aussi rendu étonnamment plus complexe car les réalisateurs en demande de plus en plus croyant que c’est plus aisé et plus rapide à avoir un résultat. Alors que c’est un travail de précision, et qui doit donc prendre du temps.
    Pour résumer, Il doit synthétiser toutes infos temporelles et rythmique du réalisateur, de l’ingénieur son pour que John Williams puisse caler sa composition. Ce dernier enregistre alors la musique fournissant un matériau de base. Kenneth Wannberg doit ensuite l’intégrer au montage selon un processus bien défini.
    En gros, John Williams crée de la musique mais ne s’occupe pas de l’harmoniser avec l’image.
    Le rôle du Musical Editor est donc très important voire primordial.
    Le succès de la musique Star Wars dans les films, ce n’est pas que John Williams, d’autres personnes ont travaillé dessus.

    On a tout un chapitre sur ce que les outils numériques induisent dans la façon de travailler la musique. Plus besoin de voir le film, il faut juste avoir une vague idée du scénario et des scènes pour composer une musique qui se rapproche au maximum de ce que veut le réalisateur comme ambiance. Puis, le réalisateur décide de modifier cette musique au montage un peu comme il l’entend. Et Lucas ne s’est pas privé. Il a supprimé, changer l’ordre, remplacé des mesures par des mesures venant d’autres endroits du film ou venant d’autres films. Il a parfois modifié juste quelques notes. Tout ça pour que ça colle à sa vision des choses.
    Du coup, John Williams ne s’est pas embêté à offrir une composition musicale linéaire mais plutôt divers motifs entrant dans des catégories pour laisser le réalisateur jouer avec. On a un patchwork de nouveaux morceaux en somme.
    De plus, comme le montage est en perpétuel changement, Lucas demandait à Williams de créer de la nouvelle musique jusqu’au dernier moment et dans des délais très courts.
    Et oui, les stations de montage numériques permettent d’accéder à tous les éléments instantanément, le réalisateur pouvait avoir une nouvelle idée, et donc, il fallait une nouvelle musique.
    Bref, John Williams n’est pas fan de ces procédés et se sent donc moins concerné.
    Le travail du monteur musical devient plus important que le compositeur. On a de nombreux exemples de scènes retravaillées qui montre que le la musique finale écoutée dans le film est bien différente de la musique enregistrée via les manuscrits initiaux (scène de la fonderie dans l’Attaque des Clones).

    Voilà pourquoi la presse spécialisée a été virulente. Qu’en fait, ce n’était pas la peine d’embaucher John Williams car il n’y a pas besoin de lui finalement vu que c’est le réalisateur et les monteurs qui s’occupent de la musique.
    Pourtant, parfois, ce travail de recomposition se justifie car cela permet au spectateur de s’identifier plus facilement à ce qu’il se passe à l’écran en reconnaissant des bouts de thèmes. Le monteur fait de la micro-narration pour accentuer l’action d’un personnage.
    Au final, si le monteur doit retravailler le matériau de base fourni par John Williams, celui-ci se trouve moins en adéquation avec le film.
    On ne cherche plus à créer de la cohérence entre les scènes mais à mettre en avant un aspect de chaque scène individuellement.
    Mais.
    Est-ce que la presse n’a pas un peu trop exagéré ? D’après Chloé, oui, sûrement. Car en y regardant de plus près, on a l’impression que tout est chamboulé alors qu’en fait, toutes ces modifications sont à (très) petite échelle. Avec les images et les effets sonores, cela passe quasi inaperçu à l’oreille.
    Evitons donc d’être de mauvaise foi.


    Une partie s’attarde sur le travail entre la musique et les effets sonores, qui prennent de plus en plus de place dans les films blockbusters.
    Comme pour l’image, l’innovation technique des outils a permis d’avoir des effets sonores de meilleure qualité et mieux construits.
    Du coup, l’harmonisation entre la musique et ces effets sonores devient importante pour éviter d’obtenir un brouhaha inaudible.
    Et ça se passe en amont avec des réunions avec les différentes parties afin de savoir où mieux placer la musique, où la mettre plus en avant, ou au contraire, où la mettre plus en retrait.
    Et comme souvent, chacun prêche pour sa paroisse pour obtenir une meilleure représentation dans le montage final.
    Mais, il faut essayer de penser d’abord aux enjeux narratifs. Et le réalisateur est là pour ça.
    Parfois, pour rendre une scène très émotionnelle ou très forte, on enlève le bruitage ou la musique, ou les deux.
    Parfois, il ne s’agit que de petits détails mais c’est ce qui fait la force de la bande son.
    Ainsi, John Williams a composé la musique de la Prélogie en tenant compte de la présence plus importante des effets sonores.

    On a un chapitre sur les effets sonores, considérés de plus en plus comme une qualité acoustique, et non comme un simple bruit.
    Comme pour la musique, on a une orchestration des effets sonores. C’est de plus en plus minutieux.
    Le numérique apporte une densification de la bande son mais en contrepartie, il demande un travail plus considérable, et souvent avec des délais plus courts.
    On revient sur les différentes méthodes et différents procédés pour travailler cette bande son.

     

    En conclusion, on peut dire que la musique est très importante dans la Trilogie car elle donne une couleur à l’image.
    Concernant la Prélogie, l’ère numérique permet un travail étroit entre le compositeur et le sound designer via le monteur musical. Du coup, étudier la musique seule sans le contexte audio-musico-visuel est incomplet pour comprendre les idées mises en place.
    Et c’est aussi peut-être pour ça que la musique de la Prélogie semble être « relativement » moins « appréciée », car elle fait partie d’un tout et ne se suffit presque plus à elle seule.
    Finalement, on ne peut vraiment comparer les deux trilogie musicalement parlant car les outils utilisés sont bien différents, car le contexte financier est différent, car les générations sont différentes, car George Lucas est différent, tout est quasi différent quoi (^^).
    Bref, ce pavé permet de nous éclaircir sur comment est construite la musique d’un film Star Wars à travers les années.
    Et c’était très intéressant.