Suffisait de demander lol
Voilà le chapitre 7, assez court comme vous pouvez le voir, mais dorénavant j'essairai de garder ce format : ça se lit plus facilement, les écarts de parution seront plus réduits.
Dans ce chapitre, donc, place à l'Arme. Je précise que beaucoup de secrets seront divulgués sur l'Arme dans les prochains chapitres, et bientôt un nouveau personnage (l'un de mes préférés
) fera son apparition. Voici donc sans plus attendre Thrawn, Shana, Nox et les autres
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Ex Nox et le Jedi Darde Rosso, installés sur Omnimantis avec le groupe terroriste des Légions De La Peur (en fait affilié à l’Empire), partent à la recherche de « l’Arme » encore mystérieuse.
Shana Dix, jeune sergent à bord du Vengeance, continue de se distinguer de l’équipage et profite d’une place de choix aux côtés du Capitaine Thrawn…
CHAPITRE VII : THIGARUS
Ce que le Capitaine Thrawn trouvait d’irréductible à l’art, c’était cette façon qu’il avait de subjuguer son regard d’une nouvelle manière à chaque fois. Dans sa cabine, où les Brandt, les Szikah et autres Nevzch se côtoyaient dans une clarté céruléenne, chaque vision était une nouvelle découverte, chaque instant avait sa saveur et son parfum, et c’était bien là qu’il trouvait un plus grand intérêt à l’art qu’aux guerres et à la politique.
Ce qui change dans la guerre, c’est l’arsenal, les moyens, mais la besogne est la même, pensa-t-il, les mains jointes sur son bureau dans une expression de quiétude ferme. La politique est une perpétuelle répétition faussée par les discours, l’exercice change plus que le dessein . Mais l’art… l’art est universel et singulier en même temps. Les couleurs sont là, ont toujours été là, mais chaque coup de pinceau diverge de son voisin. On oublie les hommes et leur grand discours, leur tactique et leur prouesse, mais la beauté est indélébile pour quiconque s’y intéresse, et sa seule faiblesse réside dans son existence exclusivement portée sur l‘intérêt qu‘on lui porte.
Ses pensées vagabondaient loin devant lui, s’éternisant dans des controverses intérieures, quand l’hologramme de la fine silhouette élégante du Sergent Dix se présenta devant lui, et sa voix grésillante condensa en deux phrases ce que les abouliques officiers d’étages bredouillaient en une heure.
- Capitaine, nous allons quitté l’hyperespace dans moins de cinq minutes et j’ai pris la liberté d’activer les silos ioniques en cas d‘embuscade déliée. Désirez-vous superviser vous-même les opérations ?
- Bonne initiative, redoublez de vigilance. Dépêchez les canons quart-sud et tiers-nord, et un escadron de patrouille. Je vous attend dans ma cabine.
En entrant, une secousse cahota le Vengeance et Shana Dix devina qu’ils avaient quitté l’hyperespace. Thrawn l’invita à prendre place sans quitter des yeux ses hologrammes, et dans un geste aussi vif que précis, il troqua sa cabine parée d’art en passerelle de commandement, mais la pièce garda ses teintes bleutées et son austérité étudiée. Pareillement, le passionné d’art était devenu le tacticien posé et perspicace que sa légende décrivait.
- Lieutenant, faites-moi le tracé de la zone avec analyse thermique, dit-il.
Aussitôt, la voix flageolante du Lieutenant Starks crépita dans les enceintes coms :
- Désolé monseigneur, mais il semble y avoir eu un léger problème dans les coordonnées.
- Ce n’est pas le cas. Dépêchez-vous. (Il se tourna vers Shana, les deux mains jointes devant ses lèvres) Vous allez voir les travers de l’équipage impérial en flagrant délit.
Un instant s’écoula dans le silence bercé par le ronronnement des holorécepteurs. Devant Thrawn se présenta alors le tracé holographique du secteur. Shana s’y reprit à deux fois : outre quelques aérolithes en perdition, et le Vengeance lui-même, il n’y a avait strictement rien dans la zone. Un parfait désert qu’elle savait trompeur, et lorsque l’analyse thermique s’exposa, perçant les secrets de la physique, un monde se révéla devant eux, et les yeux de Thrawn se rétrécirent en deux fentes brillant de la clarté de son esprit, scannant le tracé comme s’il découvrait une science en chaque forme.
- Là est le problème de l’Empire : les rangs intermédiaires ne s’appuient que sur la surface des choses, et, plus encore, justifient leur désintérêt total pour l’imperceptible substantiel par la substitution des efficiences virtuelles aux encéphales. Par leur immobilisme séduit, ils se rendent inutiles. Restent leur obédience aveugle et leur servitude béate pour leur assurer un fragile intérêt. J’aime l’initiative, Sergent Dix, elle est la pierre angulaire du pouvoir et de la réussite.
Shana l’écoutait avec attention, pistant le moindre sens caché. L’initiative, elle connaissait, et si la témérité avait eu un visage, elle aurait eu de longs cheveux blonds et des yeux bleus qui brasilleraient d’autant d’audace que de mystères.
- Vous allez être mes yeux et mes oreilles. Le prolongement de mon bras, et légataire de mon autorité.
Ses deux mains étaient jointes devant l’hologramme thermique d’Omnimantis.
- Sur cette planète se trame quelque chose. Voyez-vous, n’importe quel autre amiral ou capitaine aurait foncé tête baissée sur le QG des Légions De La Peur, trop confiant de leur artillerie, mais l’expérience et la logique prédominent la promptitude. Connaissez-vous le Thigarus, Sergent Dix ?
Shana se souvint de vieux récits poussiéreux et hocha la tête nébuleusement.
- Au-delà de sa force et de son énergie, la clé du succès n’est pas dans ses muscles. Le Thigarus attend sa proie entre les feuillages, l’observe et étudit chacun de ses gestes, et au moment où rien ne se doute dans son esprit, où la victoire ne peut être un hasard, où sa proie s’enferme dans ses filets, il assaille sa victime… Avec pareil jugement, un rat aurait la même fortune sur sa proie. Je vous donne ma confiance : allouez-moi vos talents.
* * *
Le soleil incarnat imbibait la cime des arbres d’un beau pourpre feutré, et le vent faisait danser les feuillages dans la douceur de son souffle frais. L’après-midi touchait à sa fin, et à la lueur d’une timide éclaircie, la proue d’un croiseur impérial pointait dans les cieux.
L’ombre sournoise d’Ex Nox sillonnait la jungle sylvestre, et le sabre de Rosso improvisait un chemin rectiligne, et chaque bruit suspect attisait son esprit à la clairvoyance de la Force. Depuis leur départ, les mots s’étaient fait rares et Darde n’avait qu’une vague idée de leur destination. L’Arme restait un parfait mystère enrobé de doute, et la forêt ne cessait d’être plus profonde, plus angoissante, à chacun de ses pas : que pouvaient-ils chercher dans un labyrinthe de terreur et de secret ?
Il sentait peu à peu la fatigue alanguir ses muscles et chaque kilomètre devenait plus long et plus ardu, le pied de l’homme semblait être un lointain souvenir dans ce fracas bucolique. Sa gourde se vidait voracement, et sous la chaleur assommante et étouffée dans la futaie, chaque goutte indemne était une bénédiction.
Cavalant les pentes et filant les côtes laborieuses, la silhouette de Nox appréciait les premiers instants de nuit, son souffle rauque et éraillé s’étouffant au creux du crépuscule. Ils arrivèrent, à l’agonie du soleil, au milieu d’un bosquet au sommet d’une colline, et la dernière étape se précisa alors.
Le frisson de la lune et les dernières faveurs du soleil éclairèrent un instant le reste de leur périple : c’était un chemin précisé dans la jungle, qui menait à une haute montagne faite de cendres et d’oubli. La voix de Nox se manifesta alors.
- C’est ici. L’Arme. Préparez votre sabre.
Le chuintement du ruisseau sifflait sur leur chemin, et la montagne s’élevait devant eux, droite et silencieuse, immobile dans la pâle clarté de la lune. Les mains de Darde Rosso empoignèrent le manche de son sabre, au contact froid et rassurant, et ses pas s’engouffrèrent dans la nuit, suivant ceux de Nox, courbé sous la cime des bosquets.
Le temps de quelques battements de cœur, l’obscurité étouffa leur silhouette, et Rosso comprit qu’ils étaient entrés dans la montagne : des bourdonnements et des clapotis se noyaient dans les secrets du mont, des voix reculées résonnaient dans les ténèbres, et Rosso sentit son regard et son ouie s’aiguiser dans la Force.
Il activa son sabre, et l’obscurité sembla lui répondre : elle devint plus dense, plus diffuse, plus malsaine encore, et si elle avait eu une voix et une âme, elle aurait pouffer d’un rire moqueur.
Darde entendit, à quelques pas de lui, le cimeterre de Nox jaillir de son fourreau. De longues minutes s’écoulèrent, sans que rien ne bouge. Même son cœur s’était tut dans sa poitrine, et ses mains tenaient fermement son sabre : la lame émeraude hasardait son éclat dans la nuit, étouffée, assiégée par la noirceur.
Un bruit.
Un grincement, un bref éclat argentée, et soudain l’impression de ne plus être seuls dans les ténèbres. Un grognement rauque derrière lui, il se retourne. Un grondement âpre à sa droite, il plonge dans la Force et risque sa main dans la nuit.
Il y voit une peau rugueuse, suante, puis deux yeux qui découvrent la lumière. Un cri de détresse, puis de haine, retentit dans la grotte, et l’écho se perd dans sa peur et dans sa crainte.
Des milliers d’années qu’il n’avait pas combattu… et les doctrines Jedi étaient aussi lointaines que proche était la créature…
Nox avança et asséna un premier coup de cimeterre, avec violence et précision, avant de se rabattre dans un coin de la grotte, en garde Tsin Vorr. Darde heurta la peau moite du monstre, d’un heurt aussi blessant qu’une caresse, et une patte, une corne, il ne savait guère, le projeta sur la roche de son antre. Il s’en releva aussitôt, et pointa son sabre laser dans une sommaire charge Jin Vazyn, sentant la Force courber son poignet en direction de la créature. Il palpa sa lame s’engouffrer dans la créature, et un cri macabre lui perça les tympans, en même temps qu’une désagréable odeur de chair brûlée lui forait les narines. A nouveau, un membre de la créature le largua dans les airs, et une griffe prompte déchira sa toge.
Ex Nox, à l’arrière de la créature, plus transparent qu’un fantôme, étudiait toujours le Tsin Vor pour inhiber sa tactique des moindres impulsions de la créature. Son cimeterre racla sa queue, et dans une marre de sang, il frappa à nouveau, et un choc sourd confirma que la bête avait succombé, dans un dernier grognement de douleur.
Comme par le sort d’une quête initiatique, une lumière anonyme dorlota l’antre d’une clarté bienveillante. Nox et Rosso se dévisagèrent.
- C’était… une sécurité pour l’Arme ou juste un avant-goût de la sentinelle ?
- Disons un gardien à mille lieux de la puissance de l‘Arme, fit la voix froide et insensible de Nox, immobile dans son calme marmoréen qui semblait l’avoir habité toute sa vie. A partir de maintenant, je vais avoir besoin de votre aide.
- Vous n’avez pas vaincu ce monstre titanesque tout seul, lança Rosso en jetant un œil au cadavre du reptile.
Ex Nox s’engouffra à nouveau dans le silence qui était devenu sa tenue de voyage. D’un pas sûr, il se dirigea vers une entrée impromptue (Darde le soupçonna d’être en parfaite connaissance de territoire). Ce dernier le suivit en neutralisant son sabre, tout en gardant le manche de son arme fermement serré entre ses doigts suintants.
Ils traversèrent un long corridor rocailleux, et un souffle glacé gonflait sa toge lacérée. Le trajet fut de courte durée : ils pénétrèrent vite dans une antichambre caillouteuse, et le chemin cessa devant un mur ébauché de signes et d’écritures. Darde compta plusieurs alphabets, mais n’en reconnut aucun. Nox s’était arrêté et ses deux yeux blancs épiaient le Jedi de leur précision hostile.
- C’est ici. L’Arme est derrière ce mur et vous entrez en scène.
- Je ne suis pas un traducteur, toisa Rosso.
- Ce dont j’ai besoin, c’est d’un Jedi, fit la voix sifflante de Nox. Vous êtes la clé…
Il s’avança et désigna une petite cavité, sans inscriptions, et Darde distingua quelques voix lointaines derrière le rempart cuirassée d’écritures.
Avisé par la Force, Rosso posa ses mains sur le rebord. Aussitôt -il n’en fut pas surpris- un choc sourd retentit non loin, et le mur disparut soudain.
Devant eux se dressaient ombres, silhouettes, et puissance. Une véritable armée de l’ombre aux contours indécis, et quand la lumière approcha, Darde comprit pourquoi l’Arme allait permettre de changer le destin de la galaxie.
Des monstres de fer de quatre mètres de hauts, au longs pilons d’acier, aux griffes acérées, au ronronnement strident et sinistrement humain. Ce qu’il y avait de plus effrayant encore, outre l’imposant armada de métal, c’était que les organes moteurs, cœur, encéphales et moelle épinière, étaient humanoïdes mais fortement modifiés par la science ou la Force. Le cœur battait dans une poitrine de fer et des muscles, humains mais convertis en turbines de guerre, parcouraient la cuirasse du monstre d’une couleur cramoisi rougissante sous la lumière de la caverne.
Nox resta un long moment immobile, un léger sourire plissant sa bouche sans lèvres, et ses deux yeux laiteux se posèrent sur Rosso, le regard perdu, ébahi devant l’armée figée dans une vérité de fer et de chair. A vue d‘œil, des milliers de créatures patientaient dans la grotte. Chacun de leurs membres, de leurs organes humains ou métalliques, le moindre boulon ou cardan semblaient invincible et inviolable. Dans les sommaires perceptions qu’une Force lâche lui offrait, Rosso devinait le foisonnement des midichloriens qui confirmaient l’invulnérabilité de l’escadre.
- Je vous présente les Enfants de Babylone, fruit du Projet Nine, l’œuvre de l’Empire au berceau de sa puissance, fit Nox de sa voix froide et âpre, à peine audible sous le ronronnement des monstres d‘acier.
Le regard de Rosso se posa alors sur un petit globe transparent posé devant l’armée. Une fine aura lumineuse l’enrobait de mystère et de secret, et il s’en approcha, comme happé par la promesse d’un pouvoir nouveau.
- N’approchez pas, s’exclama Nox, d’une voix plus ferme et absolue. Là s’arrête, je le crains, votre rôle dans cette mascarade…
Darde Rosso se retourna et ses deux yeux se fendirent sous la surprise… puis la souffrance.
La Force l’avait quitté dans un profond goût de trahison. A jamais. Le cimeterre de Nox s’enfonçait voracement dans son épigastre, et il étouffa un cri sous la suffocation. Le cimeterre se délogea de la plaie sanguinolente, et il chercha en vain de l’oxygène…
A nouveau, le cimeterre pénétra son abdomen…
- Il me semble tout à fait juste de vous remercier une dernière fois… fit une voix silencieuse qu’il n’eût pas le temps de haïr…
Depuis toujours, il avait été un instrument, un outils… et il avait rêvé la conquête et la puissance… La Haine et la Rancœur l’avaient terrassé bien avant la souffrance.
* * *
Nox innocenta sa lame avec la toge de sa victime. Il saisit son holoémetteur et aussitôt la silhouette bleutée de l’Empereur se présenta à lui, et sa voix décharnée et grésillante s’éleva des enceintes :
- Vous avez réussi ?
- Trop facilement pour que ça devienne amusant. Tout va pour le mieux, cependant j’avoue avoir été très déçu par votre décision de libérer Natazeus.
La respiration rauque de l’Empereur crépita, et malgrès la liaison difficile, Nox perçut un léger sourire s’esquisser sur son visage flétri :
- J’en suis satisfait, au contraire, répondit l’Empereur. Les affaires traînaient trop et avec Natazeus dans la nature, vous avez accélérer le rythme. Il n’est plus d’aucune utilité aujourd’hui…
- Alors ne traînez pas trop pour le détruire, si vous ne voulez pas accueillir les rescapés du Projet Nine dans vos rangs à titre posthume…
- Sachez que rien au monde ne saurait me supprimer. Phoenix mourra dans quelques minutes, nous avons incéré une puce meurtrière sur son corps. Il ne sera plus qu’un lointain souvenir, et je serai bientôt plus puissant que personne ne saurait imaginer…
- Et moi le retraité le plus riche de la galaxie, jaugea Nox. Mais tant que je n’aurais pas de preuve de sa mort, l’échange sera compromis. A plus tard…
Il s’approcha lentement du globe et de ses mains spectrales, il le caressa et l’empoigna. La sphère argentine s’illumina alors, d’une vaste lumière diffuse, et les milliers d’Enfants de Babylone se réveillèrent, dans un frisson de métal.
Le premier d’entre eux s’agenouilla devant Nox.
- Que désirez-vous, Porteur de l’Orbe ? Quémanda sa voix métallique, caressant de lointains soupçons de gorge humaine.