Yoda : Sombre rencontre, de Sean Stewart
J'ai particulièrement apprécié le roman, qui porte d'ailleurs bien son nom : Yoda en est LA star.
Sean Stewart réussit le double exploit de ne pas s'opposer à la volonté de George Lucas de laisser au personnage son aura de mystère (on n'apprend en effet strictement rien concernant le passé ou les origines du vénérable Maître), sans pour autant frustrer le lecteur avide d'informations ! En revanche, et cela ne plaira peut-être pas à tout le monde, Yoda est ici plus proche du lutin facétieux mais plein de sagesse de la trilogie originale que du Grand Maître de l'Ordre, fin stratège, décrit dans la prélogie ou la série
TCW... et ça passe très bien, au point qu'on finit par se demander pourquoi Stewart est le seul à avoir caractérisé ainsi Yoda dans toutes ses apparitions UE-esques. Alors oui, certains me diront qu'avoir un Yoda déguisé en unité R2 pendant ¼ du roman ne correspond pas à ce qu'on aurait pu attendre d'un roman mettant en scène le personnage. C'est sans doute vrai, mais ces scènes m'ont pourtant fait rire ; j'imaginais parfaitement le Mâitre grommeler comme dans l'Empire contre-attaque...
Le style de Sean Stewart est sans doute pour beaucoup dans cette réussite globale : les descriptions sont détaillées, les anecdotes constantes sans être envahissantes... Le tout est captivant, et il est difficile de lâcher le roman une fois la lecture débutée. Et l'émotion est également présente : il suffit de lire la dernière scène où le droide Fidelis fait son apparition pour s'en convaincre. Quel dommage toutefois que certaines scènes attendues (comme la rencontre entre Whie et sa mère) aient lieu hors-champs !
Je passe toutefois rapidement sur Whie Malreaux, sa camarade Scout et leurs Maîtres Jedi respectifs. J'ai eu assez de mal à m'attacher à eux et à être affecté par leurs sorts ou leurs états d'âmes. Est-ce dû à la traduction ou non, j'ai eu une impression de schizophrénie concernant les Maîtres qui, à propos de Scout par exemple, ne sont pas d'accord entre eux, mais aussi avec eux-mêmes parfois. Assez curieux...
Enfin, le duo Anakin/Obi-Wan apparaît certes, mais leur apparition est savoureuse car finalement, en voulant jouer les sauveurs, ils apparaissent pourtant comme ceux qui font capoter la mission de Yoda... et ce, grâce à l'intermédiaire du Chancelier Palpatine qui a ses propres raisons pour s'inquiéter de voir Yoda et Dooku rester trop longtemps ensemble ! C'est assez finement joué de la part de l'auteur !
Face à Yoda, deux adversaires ne sont pas de trop : Asajj Ventress fait peur, elle tue du Jedi et elle l'assume, tranquille, en espérant devenir un jour l'apprentie Sith de Dooku tout en se faisant à l'idée que cela n'arrivera jamais. Et si son personnage est (enfin?) réussi, ce n'est rien à côté de la caractérisation du Comte Dooku : tour à tout manipulateur, mélancolique, terrifiant, séducteur ou pathétique, tiraillé entre les décisions qu'il a prises et l'enfant qu'il a jadis été, c'est une description parfait que nous livre Stewart. L'auteur a visiblement tout compris au personnage, lui faisant endosser le rôle du méchant qui se chute pour de bonnes raisons, assez fidèle au Dooku des films mais assez éloignés du Dooku « mwhahahah » du reste de l'
UE. Là encore, Stewart fait mouche, et nous le prouve au travers des nombreuses (et longues) scènes de dialogues impliquant le personnage. Dommage toutefois que la joute verbale tant attendue entre Yoda et Dooku n'arrive qu'à la fin du roman...
Il n'y a donc aucune raison de bouder ce
Yoda : Sombre rencontre, certes pas exempt de défauts mais qui sont balayés par ce concept simple : Yoda et Dooku se rencontrent.
Note : 83 %
PS : A noter qu'il n'y a aucun problème de continuité avec la série
TCW. Une raison de plus de découvrir le roman !